La princesse est la quatrième fille deRamsès II et la première fille de lagrande épouse royaleNéfertari[3]. Son rang parmi les princesses indique qu'elle est probablement née pendant le règne de son grand-pèreSéthi Ier. SelonChristian Leblanc, pourtant rien n'autorise à voir en elle l'aînée de lalignée maternelle, puisque sa position varie assez souvent dans les processions princières figurées dans le contexte des temples, mais ce chercheur voit en d'autres princesses des filles de Néfertari, ce que d'autres chercheurs réfutent[4].
La princesse devient épouse royale à une date indéterminée — mais avant queBentanat ne devienne elle-mêmegrande épouse royale —, puisgrande épouse royale à une date indéterminée également, mais pas avant l'an 34[3]. On ignore la date exacte du décès de la reine, mais ce ne fut pas avant la cinquième décennie du règne du roi[5].
La princesse est attestée par d'autres monuments :
elle est présente sur la façade dugrand temple d'Abou Simbel, à côté de la jambe droite du second colosse nord ; elle figure coiffée de la dépouille d'un vautour et de hautes plumes[6] ;
la princesse est également représentée à deux reprises sur la façade dupetit temple d'Abou Simbel construit pour samère, aux pieds des deux représentations de celle-ci, en tandem avec sa sœur cadetteHénouttaouy, Hénouttaouy étant systématiquement représentée à côté de la jambe la plus éloignée de l'entrée du temple, Mérytamon à côté de la jambe la plus près de l'entrée du temple, la princesse y porte le titre de « fille royale »[7] ;
la stèle rupestre duvice-roi de Koush Héqanakht, gravée dans une niche au sud dugrand temple, et souvent considérée - à tort - comme présentant l'inauguration destemples d'Abou Simbel, montre la princesse Mérytamon, désignée de « fille royale » et coiffée de deux hautes plumes et officiant derrière son père figuré en adoration devant une triade divine composée d'Amon-Rê, de Ramsès lui-même divinisé et deRê-Horakhty ; au registre inférieur, Héqanakht est représenté portant leflabellum et adresse une prière aux trois dieux précédemment mentionnés et à tous les dieux du temple afin qu'ils lui accordent une longue vie ; devant lui se tient la « grande épouse royale et épouse divine Néfertari Meretenmout » ; elle porte un sceptre floral d'une main et le signeânkh de l'autre, ce qui semble indiquer qu'elle était déjà décédée lors de la réalisation de la stèle[8] ;
dans le temple deRamsès II àEl Kab se trouve une représentation d'un prêtre, Iounmoutef, et des princessesBentanat et Mérytamon ; la scène comporte des cartouches et les princesses portent des baguettes ; Bentanat est appelée « fille royale » et « épouse royale », tandis qu'aucun titre n'est donné pour Mérytamon ; cela pourrait indiquer qu’à ce moment-là, Mérytamon ne portait pas encore le titre d’« épouse royale ». Cependant, elle se tient avant Bentanat[9], ce qui indique que son statut était considéré comme supérieur à celui de Bentanat, qu’elle fût « épouse royale » ou simplement « fille royale ». Les deux princesses ont toutes deux un modius sans pédoncule, secouent unsistre et portent une baguette à tête de gazelle ; elles font face àIounmoutef (« pilier de sa mère »), une divinité solaire souvent associée au prince héritier[10] ;
deux statues découvertes en 1915 au temple d'Hérishef àHéracléopolis présententBentanat à droite deRamsès II comme « épouse royale », tandis qu'à gauche se trouve Mérytamon qualifiée de « fille royale et épouse royale »[11] ;
un colosse dePi-Ramsès, aujourd'hui dans la zone centrale deTanis, associent également les princesses et reines Bentanat et Mérytamon avec le titre « d'épouse royale »[12] ;
deuxcolosses deRamsès II situés autemple de Louxor figurent la princesse pourvue du titre « d'épouse royale », l'un est le colosse le plus à l'ouest devant le pylône d'entrée, le second est un colosse usurpé d'Amenhotep III placé dans l'angle sud-est de la cour[3] ;
sur le colosse nord devant leIIepylône dutemple d'Amon àKarnak, elle est figurée sur le flanc gauche et est désignée comme la « fille royale et épouse royale »[3] ;
sur un colosse découvert àTanis et attestant également la reineMaâthornéferourê, elle est qualifiée à nouveau de « fille royale et épouse royale », ce qui permet de dire qu'elle n'a pas étégrande épouse royale avant l'an 34[3] ;
sur un colosse deRamsès II découvert en 1991 àAkhmîm et devant avoisiner les treize mètres de haut, la princesse et sa demi-sœur aînéeBentanat sont sculptées en ronde-bosse à l'avant du trône, derrière les jambes du roi, et sont désignées cette fois-ci avec le titre de « grande épouse royale » : concernant Mérytamon, « la fille royale, son aimée, la grande épouse royale Mérytamon, jeune (soit-elle) ! » et concernant Bentanat : « la fille royale de son ventre, son aimée, la grande épouse royale Bentanat » ; le colosse était dédié àHarsiesis[13] ;
toujours àAkhmîm, une porte exhumée en 1981 à cinquante mètres du colosse ci-dessus était encadrée par deux colosses dont il ne reste que la base et des fragments et qui appartenaient àRamsès II et à Mérytamon ; la graphie de latitulature royale est celle en usage entre les ans 42 et 56 ; la reine est enveloppée d'une longue robe plissée qui révèle une silhouette de style post-armanien, elle tient dans la main gauche le sceptre floral recourbé, elle est coiffée d'une perruque tripartite à mèches torsadées sous la dépouille d'un vautour et est surmontée d'un modius orné de cobras et de hautes plumes ; sur le socle était inscrit la désignation suivante : « la fille royale de son ventre, son aimée, la grande épouse royale [Mérytamon] » ; le pilier dorsal offre l'inscription suivante[14] :
« [...], celle dont le front est beau en portant l'uræus, la bien-aimée de son Horus, la supérieure des re[cluses d'Amon]-Rê, la joueuse de sistre de Mout, la joueuse de ménat d'Hathor, la chanteuse d'Atoum, la fille royale de l'Horus [...]. [celle dont] le visage est parfait, la belle dans le palais, la bien-aimée du Maître des Deux Terres, quand elle se tient à côté de son Horus comme Sothis à côté d'Orion. On se réjouit de (ses) paroles lorsqu'elle ouvre la bouche pour satisfaire le Maître des Deux Terres, la fille royale de l'Horus du palais, maître des grandes fêtes [...][15]. »
après comparaison avec la statue d'Akhmîm ci-dessus, une statue connue sous le nom de « reine blanche » ou de « reine à la ménat » et découverte dans unechapelle du nord-ouest duRamesséum a été attribuée à Mérytamon ; cette belle statue en calcaire, découverte parFlinders Petrie et préservée principalement dans sa partie supérieure (quelques fragments ont été aussi découverts), partage plusieurs titres avec la statue précédente, il y est en effet écrit sur le pilier dorsal : « [la supérieure des recluses] d'Amon-Rê, la joueuse de sistre de Mout, la joueuse de ménat d'Hathor, la chanteuse d'Atoum » et « [la ...de S]aou, la danseuse d'Horus »[5] ; cette statue est considérée comme un chef-d'œuvre de lastatuaire de laXIXe dynastie ;
une stèle découverte àDeir el-Médineh montre la reine agitant des sistres devant la reineAhmès-Néfertary et le roiAmenhotep Ier, tous deux divinisés en tant que protecteur de lanécropole thébaine ; la reine y est désignée en tant que « grande épouse royale »[5] ;
une base d'une statue conservée à Londres désigne la reine de la manière suivante : « prêtresse d'Hathor », « maîtresse de Haute et Basse-Égypte » et « grande épouse royale »[5] ;
un reçu [de vin] endommagé provenant de Deir el-Medina mentionne « [le do]maine de la Fille du Roi et Épouse du Roi, Mérytamon », sans doute en rapport avec son vignoble[16].
sa tombeQV68, située dans lavallée des Reines et commencée alors que la reine n'était encore qu'une simple « épouse royale », peut-être en même temps quecelle deBentanat qui a un plan similaire[17].
La reine Mérytamon telle que représentée dansQV68. Peinture d'après dessin de Lepsius.
Mérytamon est enterrée dans la tombeQV68 dans lavallée des Reines, située entre latombe de sa mèreNéfertari etcelle de sa demi-sœurBentanat. Bien que pillée à la fin duNouvel Empire et endommagée par un incendie au début de l'ère chrétienne, sa tombe conserve encore une partie de ses décors dans l'antichambre[5]. La tombe, orientée vers le nord, est composée d'une antichambre accessible depuis l'escalier d'entrée, d'un caveau accessible depuis l'antichambre, d'une niche au bout du caveau et de trois annexes accessibles depuis l'antichambre, une sur le mur est, une autre sur le mur ouest et enfin la troisième sur le mur sud, à l'ouest de l'entrée[18]. Les décors de l'antichambre montre la reine, désignée comme « grande épouse royale», devant de multiples divinités[5].
La tombe, accessible depuis longtemps, n'a été fouillée et restaurée qu'à partir des années 1970. Des débris de sarcophage en granite rose d'excellente facture avaient été observés parChampollion etLepsius auXIXe siècle[5].