Le motméritocratie (du latinmereo, « gagner, mériter »[1], et du grecκράτος /krátos, « domination, puissance souveraine »[2]) signifie littéralement « la domination des méritants ». Plusieurs significations pouvant être données au motmérite ou à celui depouvoir, le terme est ditpolysémique[n 1]. Le mot« méritocratie » peut ainsi : être intériorisé comme un principe dejustice[3] (parfois qualifié d'utopique) ; et être, en même temps, critiqué comme l'outil idéologique permettant de légitimer unsystème politique inégalitaire[4],[5]. Le terme est apparu pour la première fois en 1958 sous la plume deMichael Young(en) dans l'ouvrage dystopiqueThe Rise of the Meritocracy(L'ascension de la méritocratie).
Pour la plupart des chercheurs, la véritable méritocratie, qui offrirait à chacun ce qu'il s'est montré digne d'obtenir, n'a jamais existé, faute par exemple d'avoir prévu suffisamment de mesures efficaces pour compenser le désavantage des individus défavorisés. Leséconomistes aussi ont travaillé sur la question, notammentThomas Piketty qui a proposé d'attribuer à chaque jeune de 25 ans un héritage minimal de 120 000 euros, avec des contraintes, afin de créer les conditions d'une réelle « égalité des chances », financé par unimpôt beaucoup plus élevé sur les successions[7]. Cependant, le modèle « d'égalité des chances » méritocratique, quand bien même il existerait, a été critiqué comme relevant d'uneroulette russe ou d'une loterie : soit d'un système inégalitaire et injuste qui s'oppose à la recherche de l'égalité réelle au profit d'une simple égalité "des chances".
Le mot de méritocratie est employé pour la première fois par Michael Young en 1958 dans son ouvrageThe Rise of the Meritocracy (L'ascension de la méritocratie)[10],[11]. L'auteur de cette« sociologie-fiction » l'utilise« pour dénoncer les effets pervers du système d’éducation anglais[12] » et développe l'idée que loin d'être un idéal, ce modèle poussé à ses limites engendrerait« des situations invivables pour les « non-méritants », responsables alors de leur propre sort »[13]. Michael Young décrit une société dans laquelle les individus situés au bas de lapyramide sociale deviennent incapables de se protéger contre les abus d'une éliteautocratique. L'application intégrale du modèle méritocratique ayant créé« une société cauchemardesque pour la population et nuisible pour le lien social »[14]. Il était tout à fait désespéré que le terme qu'il avait inventé soit finalement utilisé à l'envers de ce qu'il voulait dénoncer. En effet, le succès de son livre (500 000 exemplaires vendus en quelques années) fait rapidement entrer le terme dans le langage courant[15]. Il avait prédit que les masses se révolteraient en 2033.
Le concept est discuté par de nombreuses personnalités.
Agnès van Zanten, sociologue spécialiste des questions d'éducation — Directrice de recherche auCNRS — analyse ainsi la signification et la portée de l'expression :
« Si l’on entend par méritocratie un système dans lequel les positions sociales sont attribuées exclusivement en fonction de la valeur de chacun, celle-ci étant mesurée de façon objective par des instances et des acteurs incontestables que seraient, dans les sociétés où s’est imposé la forme scolaire, l’école et les enseignants, il est évident que la méritocratie n’a jamais existé ni en France, ni dans d’autres contextes nationaux. Toutefois, si l’on considère de façon moins abstraite et plus sociologique que la méritocratie est principalement un principe de justification et un ensemble de dispositifs au travers desquels l’école en tant qu’institution et les enseignants en tant que groupe professionnel visent à exercer un pouvoir important sur la société en jouant un rôle important dans la sélection des meilleurs, il est possible d’étudier alors empiriquement l’étendue de son influence[16],[17]. »
Pour Vincent Dupriez, professeur de sciences de l'éducation à l'Université de Louvain, la notion générale de méritocratie« [renvoie] au principe qu’une société juste est une société qui octroie à chacun la place qu’il mérite, en fonction de ses efforts et de ses talents, plutôt qu’une place abusivement héritée »[18].
Élise Tenret, sociologue, note — dansLes 100 mots de l'éducation — que le« modèle méritocratique apparaît particulièrement valorisé dans les sociétés modernes dans la mesure où il est censé permettre une meilleure allocation des postes en fonction des compétences des prétendants. », elle relève qu'une utilisation idéologique du terme a pu être soulignée, qui« permettrait aux sociétés démocratiques et inégalitaires, de justifier les inégalités sociales […] En effet, si les meilleures places sont occupées par les plus méritants, cela implique que ceux qui n'y parviennent pas doivent assumer la responsabilité de leur échec »[19].
Pour le sociologuePierre Michel Menger:« La méritocratie est donc un système social problématique qui reproduit, légitime et naturalise l'inégalité parce que ce système postule que les personnes douées et peu soucieuses d'autrui méritent un statut social, un niveau d'éducation, une profession et un revenu plus élevés en vertu de dons naturels »[9].
Frédéric Gonthier[n 2] s'interroge sur la cohérence de l'articulation entreégalitarisme etméritocratie — ainsi que sur la validité interne de l'expression, proposée par François Dubet (2004), d'« égalité méritocratique des chances » —, et se demande si« la combinaison entreégalité des chances sociales et mérite » est« susceptible de composer un modèle normatif intrinsèquement cohérent ? »[20]. Georges Felouzis[n 3] considère, pour sa part, que l'égalité des chances est une composante essentielle du mérite, auquel elle ne s'oppose pas[21].
SelonMarie Duru-Bellat[n 4],« la méritocratie […] s’est progressivement imposée comme principe dejustice central, notamment à l’école où elle est au cœur de son fonctionnement. » Le succès et le caractère« consensuel » de la notion de mérite est dû en partie à sa« capacité à concilier l'idéalégalitaire des sociétés démocratiques et lesinégalités de fait des positions sociales ». L'auteure — observant les insuffisances et notant qu'il demeure un lien causal fort entre milieu social et réussite scolaire —, considère que l’égalité des chances n'est pas suffisamment valorisée, et que des mesures comme ladiscrimination positive« ne corrigent le système qu'à la marge et nient l’existence d’inégalités sociales fortes ayant un impact important sur le développement des enfants »[22]. Marie Duru-Bellat conclut« qu’il ne faut pas rejeter la méritocratie, mais l’usageexclusif ouexcessif du mérite comme principe de justice. Il s’agit de l’articuler avec d’autres logiques, moins individualisées, comme celle d’égalité[22] ». Soutenant que l’absence de la notion de mérite dans le système éducatif risquerait de nourrir un« sentiment d’injustice », elle propose d'adopter une position de compromis entreégalité etmérite et note :« Ainsi, il ne faut pas une trop grande égalité car cela reviendrait à ignorer les mérites de chacun, pas plus qu’il ne faut laisser trop d’influence au mérite, car alors c’est une lutte sans merci qui l’emporte, trop cruelle pour les plus faibles »[23],[21].
D'après le psychologue de l’orientation, professeur émérite ensciences de l'éducationFrancis Danvers, qui écrit qu'« aucune société humaine dans l'histoire n'est véritablement méritocratique »,« L'utopie de confier le pouvoir aux plus compétents trouve sa source chezPlaton, avec la théorie duphilosophe roi »[24]. L'idée que l'on se fait actuellement de ce terme y est alors rendue par le mot « aristocratie », enGrec ancienἀριστοκρατία /aristokratía, deἄριστοι /áristoi, « les meilleurs », etκράτος /krátos, « domination, puissance souveraine » : « le pouvoir aux meilleurs », sans notion d'hérédité.
EnFrance, le recrutement parconcours dans lafonction publique et lesgrandes écoles est inspiré du système des examens impériaux, ramené de Chine par lesJésuites, qui l'avaient adopté dans leurs écoles[25]. De 1704 à 1711,Voltaire est élève chez les jésuites, au collègeLouis-le-Grand. Il écrit en 1770 :« l’esprit de l’homme ne peut imaginer un meilleur gouvernement que celui de la Chine où tous les pouvoirs sont entre les mains d’une bureaucratie dont les membres ont été admis après de très difficiles examens » ;« la Chine est un pays qui récompense la vertu et qui encourage le mérite : un honnête et pauvre paysan y est fait Mandarin ». Pour Murat Lama, auteur de l'ouvrageLee Kuan Yew, Singapour et le renouveau de la Chine (2016), c'est par son attachement à la méritocratie mandarinale que Voltaire a le plus influencé la révolution française[26]. En 1794 s'ouvrent leConservatoire national des arts et métiers, l'École normale, et l'École polytechnique, créée par laConvention pour« le recrutement par concours sur la base des mérites individuels ». Afin d'être« conforme à l'idéal républicain[26] ».
Benjamin Elman — professeur d'histoire de l'Asie de l'Est[27] —, s'inspirant de l'analyse de Bourdieu et Passeron, commente la méritocratie impériale chinoise, comme les sociologues l'ont fait pour la période contemporaine :« [elle] était aussi la source de profondes inégalités sociales ». Dans la présentation de l'ouvrage de B. Elman (Civil Examinations and Meritocracy in Late Imperial China[28]), Pablo Ariel Blitstein écrit :« derrière une façade institutionnelle d’égalité de chances, l’inégalité de capital culturel et symbolique faisait de la méritocratie de l’empire chinois un simple mécanisme de reproduction sociale […] une forme particulière de complicité aristocratique »[12].
Étymologiquement, « aristocratie » est unquasi-synonyme de « méritocratie »[n 6]. Toutefois, historiquement et politiquement, l'aristocratie renvoie à unsystème d'ordre privilégié de naturehéréditaire qui diffère de l'origine individuelle de la réussite méritocratique telle qu'on l'imagine couramment.
Cette différence vient du fait que très rapidement, si ce n'est dès le début, les « aristocrates » jugèrent leurs héritiers aussi capables qu'eux et introduisirent lenépotisme au système.
Le terme de « méritocratie » reprend ainsi la notion que le mot « aristocratie » avait à l'origine. Toutefois, l'auteur du mot « méritocratie » décrit bien un système reproduisant héréditairement les inégalités sociales qu'il cautionne du coup, en culpabilisant les déshérités[10]
L'homo novus à Rome, qui crée sa place par lecursus honorum s'intègre dans l'ordre sénatorial déjà pré-constitué par les lignées de lanobilitas.
Dès l'Antiquité, le souverain royal peut agréger à l'aristocratie des individus de mérite pour le bien de son service (Jules Mazarin,Colbert étaient des roturiers). C'est la fonction de l'anoblissement.
SousLouis Philippe, lachambre des pairs intégrait des hommes de talent, de même l'actuel système de lachambre des lords intègre les anciens premiers ministres par exemple. Dans le langage courant et historique, la notion d'aristocratie renvoie donc à un ordre plus ou moins fermé issu dusystème féodal et de l'ancienrégime des privilèges.
Toutefois, dans l'aristocratie, la notion de mérite existe : vivre noblement passe en effet par la vertu du « mérite ». Les moralistes de cour (Saint-Simon,François de La Rochefoucauld…) insistent sur le couple mérite/envie. Les mérites (le plus souvent au pluriel) sont les vertus et les actes personnels qui permettent d'ajouter de l'honneur à sa lignée. Leur reconnaissance est source de gloire pour le titré, et de promotion pour le roturier. Leur absence est source de « bassesse ». C'est justement au nom du mérite qu'est contestée l'aristocratie (notamment par la bourgeoisie vue comme une classe d'initiative parKarl Marx). C'est le sens de la tirade duFigaro deBeaumarchais :
« Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie !… Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela vous rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ; du reste homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de sciences et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes. »
Déclaration des droits de l'Homme, et articles de Constitution
Ladéclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 affirme que « Tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».
Cette égalité de principe ôte à l'ordre aristocrate le privilège héréditaire du rang, et passe à un système théorique qui affirme l'égalité des chances à la naissance et la possibilité d'atteindre par le mérite individuel les places dominantes donnant du pouvoir.Pour les tenants de la méritocratie[Qui ?], une fois mise en place l'égalité des chances par l'égalité des droits, la hiérarchisation sociale est organisée en fonction du mérite (de l'effort des individus), et produit ainsi un système hiérarchique donc inégalitaire mais équitable[réf. nécessaire].
Après la révolution,NapoléonIer essaye d'instaurer une méritocratie enEurope. Mais, en réalité, il s'agit de fusionner l'ancienne aristocratie et l'idée nouvelle d'égalité et de mérite en particulier en créant l'Ordre national de la Légion d'honneur.
Walter Benn Michaels considère qu'un certain nombre de« faux débats » masquent celui qui doit porter avant tout sur les inégalités de revenus et de patrimoine. Il écrit par exemple :« le problème de ladiscrimination positive, ce n'est pas qu'elle viole (comme on le dit souvent) les principes de la méritocratie ; le problème c'est qu'elle génère l'illusion qu'il existe vraiment une méritocratie »[29].
François de Closets note que« tous les mécanismes par lesquels les puissants consolident leur position et se mettent à l'abri de la concurrence se dissimulent derrière les procédures méritocratiques »[31].
Thomas Piketty dansLe Capital au XXIe siècle écrit« L’extrémisme méritocratique peut ainsi conduire à une course poursuite entre les super-cadres et les rentiers, au détriment de tous ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre »[32].
PourRaymond Aron, toute société à hiérarchie technico-administrative se veut théoriquement méritocratique mais n'atteint jamais cetidéal[35],[36], car les inégalités sociales sont pour lui« inévitables »[37].
Yves Michaud étudie les métamorphoses de la notion, dans son ouvrageQu'est-ce que le mérite ?. Pour l'auteur, la méritocratie — un concept« épais », complexe, alourdi par« certains des problèmes philosophiques les plus difficiles, comme ceux de laliberté, de laresponsabilité ou de lachance » — établit une relation entre la valeur individuelle et l'attribution d'une position sociale, et les idéaux égalitaires, qui ont suivi la Révolution française, en ont assuré la promotion sur la base de la reconnaissance desvertus et des talents. Il écrit :« Sous la méritocratie généralisée, on trouve le fantasme de la société parfaite[38] ». Pour lui — selon Nour el houda Ismaïl-Battikh qui présente son ouvrage —, le mérite n’est plus lié aux valeurs de la république (« res publica » : « chose commune ») mais à celles de l’utilitarisme ou dunéolibéralisme : la notion de mérite a subi une« dénaturation » ; elle s'est transformée et les sociétés libérales, plutôt qu'à évaluer les actes vertueux ou les qualités personnelles d'exception, cherchent à mesurer la performance ou le rendement[39].
Pour Martine Lucchesi[n 7],« Michael Young n'avait donc pas tort de dénoncer la logique substantialiste et totalitaire de la méritocratie puisque tout en s'appuyant sur la liberté, elle n'a de cesse de la nier »[41], elle écrit en 1996 :« mises bout à bout, les objections contre la méritocratie peuvent conduire à bannir le critère du mérite de toute considération sur la justice sociale »[42].
Raphaël Verchère[43] insiste quant à lui sur le rôle essentiel du sport dans la diffusion de l'idéal méritocratique. Il faut distinguer selon lui entre le « mérite rétributif » (le méritif) qui désigne le fait de posséder certaines compétences indépendamment des efforts réalisés pour les maîtriser, et le « mérite moral » (le mérital) qui désigne le fait de déployer des efforts pour atteindre un certain niveau de compétence, sans qu'on y parvienne toujours. Il est possible d'être très compétent sans pour autant avoir travaillé pour cela (mérite rétributif) tout comme il est possible d'avoir beaucoup travaillé sans pour autant être compétent (mérite moral) : dans les deux cas, il y a mérite, même s'ils désignent des réalités presque opposées. L'idéologie méritocratique noue pourtant ces deux facettes ensemble, en posant sommairement que le travail paye, et que, réciproquement, qui est payé a travaillé. Le sport joue un rôle prépondérant pour faire admettre cette idée. Dans l'explication de la réussite sportive, on observe historiquement, selon Verchère, un passage du mérite rétributif à la fin du XIXe siècle où le champion était quelqu'un de bien né, à un mérite moral à partir des années 1960 où le champion est quelqu'un de travailleur. L'effet de pouvoir de cette idée est de favoriser l'ordre social, la soumission à celui-ci, de pousser au travail et à la production de performance. Dans le même temps, cette idée crée des mécanismes de résistance, parmi lesquels la triche, la corruption, le dopage.
Pierre Bourdieu et de nombreuxsociologues critiquent fortement le concept de méritocratie, en introduisant les notions decapital économique,capital social,capital culturel sous les trois formes bourdieusiennes etcapital symbolique dont sont inégalement dotés les individus, les familles et les réseaux. Pour Bourdieu, le« méritocratisme » est un principe de légitimation, associé à la croyance aux dons qui participe à la reproduction des positions sociales des familles les mieux dotées. En expliquant et en justifiant l’organisation de la société bourgeoise (unesociodicée des dominants), la méritocratie lui assure une relative stabilité[4].
Choukri Ben Ayed[n 8] adopte une analyse comparable :« Dans les faits ce principe a été fortement critiqué par les sociologues. Le mérite ne dissimule en effet que très difficilement la réalité des ressources différentielles initiales de l'héritage culturel et des modalités de reproduction sociale par le biais de l'école (Bourdieu et Passeron 1964). La méritocratie ne serait qu'unemystification qui participe ouvertement à la logique de domination[45]. »
Pour Elise Tenret :« Bourdieu et Passeron ont plus critiqué la méritocratie dans son application que dans son principe même […] », les inégalités sociales toujours prégnantes à l’école n'autorisant pas une réelleégalité des chances. L'auteure écrit, dans sa thèse de sociologie[46] ;« Ils ne suggèrent pas cependant que la méritocratie ne soit pas un principelégitime ou qu’elle doive se faire autrement que par l’école (à condition que l’école récompense des qualités réellement méritoires, et non des qualités sociales)[5] »,« Bourdieu et Passeron manifestent à leur façon un attachement très fort à l'idéal méritocratique quand il est associé à l'égalité des chances devant l'école. Ces premières observations nous montrent également lapolysémie du terme de méritocratie, qui tantôt désigne une société basée sur la récompense de l'effort et du travail […] tantôt une société fondée sur la reconnaissance des capacités. En réalité c'est la notion même de mérite qui paraît polysémique »[47]. Élise Tenret cherche à rompre avec le sens commun de la méritocratie et dévoile une« inépuisable polysémie » dans l'abondance de l'acception du terme par les individus[48].
Selon Philippe Besnard[n 9], le terme« équivoque » est« d'un usage peu fréquent » et se fonde sur ce proverbe :à chacun selon ses dons et ses mérites. Une méritocratie parfaite (avec pourpostulat : l'égalité des chances) est« uneutopie »[50].
PourPhilippe Coulangeon, auteur deLes métamorphoses de la distinction. Inégalités culturelles dans la France d'aujourd'hui (Grasset, 2011),« L'humeur portée par [le] divorce des élites du savoir et des élites du pouvoir, alimente ainsi çà et là, une étrange nostalgie pour une méritocratie dont on avait pourtant plutôt l'habitude de souligner les mystifications idéologiques »[51]. PourMichel Pinçon etMonique Pinçon-Charlot, la méritocratie et l'égalité sont des mythologies républicaines[52].
Alain Caillé et Philippe Chanial[n 10] écrivent :« les fondements symboliquesutilitaristes et méritocratiques de la démocratie se retournent contre elle à mesure qu'ils triomphent en évinçant tout autre principe de légitimité démocratique » ; et« Il faudrait faire l'histoire de la dégradation de l'idéal démocratique qui a résulté de sa réduction à sa seule composante méritocratique »[54].
Dans une chronique, Brice Couturier deFrance Culture, s'appuyant sur l'ouvrage de Daniel A. Bell, estime :« Dans la propagande du régime, les fameuses « valeurs asiatiques » - méritocratie confucéenne comprise – servent surtout à légitimer le monopole du parti unique sur le pouvoir […] Le véritable modèle méritocratique asiatique est bien mieux incarné par le régime installé parLee Kuan Yew àSingapour. Il est généralement crédité d’avoir combiné autoritarisme mesuré et bonne gouvernance, stabilité politique et efficacité économique »[57].
En 2015,Evan Osnos(en) note :« De plus, l'écart qui existe entre le mythe de la société méritocratique et la réalité quotidienne d'une société oligarchique devient de plus en plus évident »[58].
PourMinxin Pei(en), en 2012, les scandales politiques comme l'affaireBo Xilai provoquent l'effondrement du mythe selon lequel les règles duParti communiste chinois« reposeraient sur la méritocratie »,« c’est le favoritisme, et non le mérite, qui est devenu le facteur le plus essentiel dans le processus des nominations ». La presse officielle chinoise est remplie de scandales de corruption, avec par exemple« l'achat de poste ». Peu de Chinois« croient encore être gouvernés par les grands de ce monde. Pourtant, étrangement, le mythe de la méritocratie chinoise demeure très présent chez les occidentaux ayant rencontré des responsables aux parcours académiques impressionnants, comme Bo. Il est grand temps aujourd’hui d’enterrer cette légende »[59].
Le Général de Gaulle créé, en 1963, l'Ordre national du Mérite qui récompense les « mérites distingués »[n 11]. Est ainsi institué le second ordre national après laLégion d'honneur. Il a une triple vocation :« Traduire le dynamisme de la société » ;« Donner valeur d’exemple » ;« Reconnaître la diversité »[61].
Michel Pébereau déclare :« Je suis fondamentalement favorable à la méritocratie. Et j’ai essayé de la promouvoir dans toutes mes responsabilités. L’égalité des chances est indispensable à l’école. Une des faiblesses de notre école aujourd’hui est de ne plus donner le sentiment de l’assurer »[62].
Pour le sociologue François Dubet, la méritocratie est une« fiction nécessaire ». Une fiction, ajoute Maryline Baumard, duMonde, qui autorise les enfants de milieux défavorisés à rêver d'un avenir meilleur. Régulièrement des personnalités se définissent comme étant des« purs produits de l'élitisme à la française » ou de l'école républicaine, par exempleClaude Bartolone ouNajat Vallaud-Belkacem[63]. Jules Naudet exprime son point de vue :« Il est donc fascinant de voir que les quelques personnes qui passent à travers les mailles du filet servent d’alibi pour entretenir le mythe selon lequel nous vivons dans une société méritocratique, une société dans laquelle “quand on veut, on peut” »[64].
Pierre Bataille (Laboratoire de Sociologie, Lausanne) distingue deux grandes tendances dans les travaux critiques sur le système méritocratique français : alors qu'un axe de recherche s'inspire de l'analyse marxiste, et s'attache à relever la reproduction des inégalités sociales ; une autre tendance, d'orientation plutôtlibérale,« pointe » l'incapacité du modèle — jugé tropégalitariste — à« déceler et faire émerger les talents individuels »[65].
Marie-George Buffet, candidate à l'élection présidentielle de 2007, déclare lors de sa campagne :« Soit on va vers une société de pleine précarité, une société du « mérite », soit on va vers une République des droits, de l'égalité et de la fraternité ! »[n 12],[66].
Sous la présidence deNicolas Sarkozy qui a suivi (2007-2012), les convictions libérales façonnent l'idée méritocratique et les« internats d'excellence » servent à offrir un cycle d'étude privilégié aux quelques élèves travailleurs repérés et« extraits » des collège défavorisés, sans pour autant que l'enseignement général soit amélioré. Le député socialisteJérôme Guedj centre son propos sur l'égalité des chances, et affirme :« il ne faut pas oublier la différence d’approche essentielle entre la droite et la gauche : la droite fait du mérite le point cardinal de sa politique et oublie la lutte contre les inégalités. La gauche, elle, tente de mener les deux combats de front. C’est tout à fait possible : l’un n’est pas exclusif de l’autre »[63].
Depuis 2012, l'évolution du système éducatif est fondée sur le principe de l'égalité des chances. Marie Duru-Bellat estime que la gauche œuvre dans la bonne direction en s'attardant sur les premières années d'étude :« On sait [que les inégalités] s’installent très tôt, souligne-t-elle. En mettant l’accent sur le primaire, le gouvernement travaille ce sujet en profondeur. Il part du principe que l’égalité des chances n’est pas réelle et qu’en intervenant précocement, on peut l’améliorer ». Le problème explique Maryline Baumard, duMonde, c'est que les moyens n'ont pas été à la hauteur et que« beaucoup d’espoirs ont été déçus »[63].
PourRaymond Boudon, en 1973, les familles d'origine sociale élevée favorisent les études longues et donc la position sociale : « l'effet de dominance » est supérieur à « l'effet de méritocratie » lié aux diplômes[67].
Synthétisant la sociologie française de l'éducation,François Dubet etDanilo Martuccelli écrivent (en 1996) :« le principe méritocratique, faux dans les faits, opère comme un principe de légitimation des positions sociales, la politique des "dons" permettant de masquer tout ce que les positions "acquises" doivent aux positions "transmises" »[68].
Patrick Champagne note :« En dépit des discours «méritocratiques» et des idéologies généreuses qui font de l'école de la République un instrument majeur de promotion sociale, force est de reconnaître que l'école, en fait, occupe une place centrale dans les mécanismes dereproduction sociale »[69].
Philippe Watrelot, recensant en 2006 un livre deMarie Duru-Bellat[70] écrit :« Il remet en effet en question un des mythes fondateurs de notre démocratie : l’idéal méritocratique et le mythe de l’égalité des chances »[71].
« Selon Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, le discours méritocratique porté par l'école n'est qu'une «idéologie» et l'ordre social légitimé ne correspond pas à une véritable méritocratie »[72].
Elise Tenret note que si la méritocratie scolaire est bien une composante de la méritocratie systémique globale, elle ne doit pas être confondue avec elle[73].
SelonDenis Kambouchner, auteur deL’école, question philosophique (2013),« Mais, dans l'ordre scolaire, […] "la méritocratie" n'a jamais eu qu'une existence très problématique. Elle n'a pu en avoir une que comme idéologie institutionnelle plutôt que comme régime effectif ; et cette idéologie est depuis longtemps caduque »[74].
Béatrice Mabilon-Bonfils note que« l'école est politique » et que les sciences sociales ont une« mission de désacralisation de la méritocratie »[75].
Christian Maroy (chercheur canadien en politiques éducatives), discutant d'un ouvrage de Marie Duru-Bellat (Le Mérite contre la justice[76], 2009), considère que la visée principale du livre est de« relativiser ce discours du mérite et de montrer, dans le domaine scolaire comme dans le domaine professionnel, qu’un principe de justice méritocratique est non seulement loin d’être réalisé pratiquement mais qu’il est, sur le plan de la philosophie et de la pratique politique, clairement insuffisant, voireconservateur ». Pour lui, l'auteure« nous invite à accepter la méritocratie (comme une sorte de mal nécessaire) tout en la modérant » par une attention accrue aux vaincus du système, par l'obligation de moins lier le monde du travail à l'éducation, en limitant l'emprise du diplôme sur l'accès aux responsabilités. Pour lui,« la charge contre la méritocratie de Marie Duru-Bellat prend sens dans un contexte politique et scolaire français » fragmenté. Il pense qu'« en définitive, on peut se demander si la charge contre la méritocratie est encore le chantier prioritaire à mener, à partir du moment où, de facto, on voit des pans entiers de la politique éducative s’en distancier » et que« la lutte pour lajustice passe d’abord par une réduction desinégalités sociales dans la société en général […] quel que soit d’ailleurs le principe de justice dont elle s’inspire : méritocratie, égalité des acquis de base, inclusion sociale, capabilités »[3].
PourCamille Peugny, le système éducatif reste très élitiste ; avec des conditions initiales (naissance, patrimoine, groupe social, etc.) qui déterminent trop tôt le destin des individus, il ne parvient pas à diminuer le phénomène dereproduction sociale[n 13]. Le sociologue considère que« Pour parvenir à desserrer l’étau de la reproduction sociale, il faut en terminer avec le mythe d’une école « méritocratique » et rendre l’école plus démocratique »[78]. Estimant que l'origine sociale complexifie la relation entreniveau de diplôme etaccès à l'emploi, il ajoute :« Même une démocratisation parfaite ne transformerait pas la société française en un paradis de la méritocratie et de lafluidité sociale[79] ».
Les inégalités scolaires offrent donc un outil de compréhension des expressions populistes dans les pays riches, telles que les Gilets jaunes. Comme le montreMichael Sandel le sentiment d'humiliation face à des élites se pensant légitimes attire nombre de citoyens vers des formes politiques contestataires remettant en cause l'expertise. L'école redevient ainsi un enjeu majeur dans la réflexion sur les fondements du vivre ensemble[80].
À partir de laTroisième République,« l'élitisme républicain » — ou le “républicanisme méritocratique” —, qui n'est pas encore la méritocratie dite "républicaine", met en place des examens, concours et bourses afin de donner une base un peu élargie au recrutement de l'élite.
LaFrance, avec son système de concours d'entrée dans les Grandes Écoles, lafonction publique et lescorps de l'État, est un des pays qui ont mis en place relativement tôt une première et timide logique de méritocratie dans leurs institutions.
Le résultat fait cependant largement débat un siècle et demi plus tard. Ainsi, P. Cabin note :« Ainsi, derrière le mythe de la méritocratie, les grandes écoles sont instrumentalisées au service des stratégies de reproduction des dominants »[81].
La sociologue Monique Dagnaud écrit« L’élite dirigeante qui, de manière générale, a bénéficié pour elle-même et souvent pour ses propres enfants de cette sélection dans le secondaire, pense que ce système est le meilleur, le plus méritocratique, l’incarnation des vertus républicaines. Les réformes qu’elle pose sur la table, constituent alors plutôt des inflexions correctrices […] qu’un dynamitage de la logique dominante de l’école. En entretenant dans toutes les familles l’espoir de voir son enfant dans « une classe préparatoire » (à un avenir radieux), elle est ainsi prosélyte de sa propre cause. Aux 90 % autres jeunes qui n’appartiennent pas à ce sérail de se débrouiller au mieux »[82].
Pour Daniel Frandji, l'un des acquis de la sociologie de l'éducation est« d’avoir mis l’accent sur les effets délétères et laviolence symbolique (Bourdieu & Passeron, 1964, 1970) qu’installe cette école méritocratique : une école qui « privatise les biographies » (Terrail, 1997), et qui irait même jusqu’à contribuer, bien plus qu’à la simple reproduction des inégalités sociales, à la « destruction des subjectivités » (Dubet & Martucelli, 1996) »[83].
Frédéric Blondel, Vincent de Gaulejac et Isabel Taboada-Leonetti notent que« La violence symbolique accentue sa force d'aliénation chez les individus historiquementsocialisés à la culture de la méritocratie et qui s'appliquent à eux-mêmes l'idéologie de la responsabilité individuelle. »[84].
Aux pays durêve américain, la notion de méritocratie reste une idée forte ; un sondage, réalisé en 2012, révèle que 58 % de la population interrogée estime que« les riches méritent leur patrimoine »[85]. Dans le secteur éducatif, le taux de réussite aux tests et l'accès aux études supérieures sont de plus en plus déterminés par l'origine sociale, et« selon certaines études récentes, l’idée d’une réelle méritocratie aux États-Unis tiendrait plus du mythe que d’une quelconque réalité »[86].
Selon l'« idéologie du rêve américain », la progression individuelle est fondée sur le mérite, considéré comme la combinaison de différents facteurs (capacités innées, efforts, intégrité, etc.). Stephan J. McNamee et Robert K. Miller, de l'Association de sociologie de Caroline du nord, relèvent un écart entre le rêve et la réalité, constitutif de ce qu'ils appellentThe Meritocracy Myth (Le mythe de la méritocratie)[87]. Les auteurs soulignent qu'une grande variété de facteurs suppriment, neutralisent ou même annulent les promesses de la méritocratie ; les ressources ne sont pas distribuées en fonction du mérite individuel, mais réparties par l'effet de facteurs d'inégalité — comme l'héritage, les déséquilibres socioculturels, le système éducatif, la structure changeante des possibilités d'emploi et la discrimination sous toutes ses formes. L'observation de cette réalité sociologique les amènent à soutenir que« le mythe de la méritocratie » est devenu« nuisible » en ce qu'il entretient les causes de l'inégalité et conduit à« l'exaltation injustifié des riches et la condamnation injustifiée des pauvres »[88].
Plus de cinquante ans après que Michael Young a averti, dans son essai de« sociologie-fiction », que le principe de méritocratie poussé à l'extrême pouvait avoir des effets pernicieux, des penseurs et universitaires de gauche arrivent à des conclusions semblables et s'inquiètent de l'auto-perpétuation d'une élite issue des classes privilégiées.Lani Guinier(en), enseignante à lafaculté de droit de Harvard[89], résume le sentiment de beaucoup d'entre eux en parlant de latestocracy — une forme de gouvernance dominée par ceux qui ont le plus detestostérone — qui régit les États-Unis[90].
En ce qui concerne lesystème judiciaire, leNational Center for State Court (Centre National pour la Cour d'État) — considérant que les nominations par les gouverneurs ou le système électif n'offrent pas suffisamment de garanties d'indépendance —« soutient fermement » un système de sélection au mérite des juges d'État. L'association affirme ainsi travailler à« maintenir l'indépendance et l'intégrité des tribunaux et accroître la compréhension du public dans le système judiciaire[91] »[92].
D'aprèsBen Bernanke, si le « système méritocratique est probablement le meilleur » il connaît plusieurs limites. Ainsi il affirme qu'« une méritocratie est un système dans lequel les personnes les plus chanceuses, en termes de santé physique, de patrimoine génétique, de soutien familial et de revenus, les plus chanceuses en termes d'éducation et d'opportunités de carrières, en retirent le plus de bénéfices »[93]. Ces bénéfices sont considérables, comme le montreMichael Sandel[94] s'appuyant notamment sur les travaux deThomas Piketty. La nouveauté est que, selon lui, les perdants du système se retournent contre l'injustice doublée d'une humiliation que représente cette méritocratie. Ils seraient à l'origine de l'accession au pouvoir de Donald Trump (ou de Boris Johnson au Royaume-Uni).
Pour le quotidien laTribune de Genève ;« la méritocratie reste relative en Suisse : l'ascenseur social ne fonctionne pas aussi bien que l'on pourrait penser ». Les analyses de la sociologue Julie Falcon, s’appuyant sur plusieurs enquêtes réalisées entre 1972 et 2013, révèlent que« même si l’expansion du système éducatif a favorisé l’égalité d’accès à l’éducation »[95], les inégalités sociales demeurent et risquent de s'aggraver. Pour les personnes nées entre 1965 et 1978 : une femme sur trois de la classe moyenne supérieure est allée à l'université, contre 11 % de la classe intermédiaire, et 5 % de la classe populaire ; en ce qui concerne les hommes, ces pourcentages sont de 39 % pour la classe moyenne supérieure, 14 % pour la classe intermédiaire et 9 % pour la classe populaire.« Le système éducatif reste très sélectif, relève la sociologue. Et le système des bourses, par exemple, n'est pas très développé ». La chercheuse évoque la Suède, où les résultats sont plus satisfaisants ;« Les inégalités entre les habitants sont moins fortes au départ. Et les enfants vont tôt à la crèche, ce qui permet un travail en amont, gommant ainsi les écarts culturels »[96].
La méritocratie était dans leVenezuelachaviste de 2001, un groupe d'agitation politique de droite lié à l'industrie pétrolière et à laCIA (et aux intérêts desÉtats-Unis)[97].
↑Marie Duru-Bellat est professeure de sociologie à Sciences Po Paris, chercheur à l’Observatoire Sociologique du Changement et à l’Institut de Recherche en Education[22].
↑Eric Charbonnier est analyste à la Division des indicateurs et analyses de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)[22].
↑« Aristocratie », du grec ancien signifiant : gouvernement des meilleurs ; et« méritocratie » : gouvernement des méritants.
↑Carole Daverne‑Bailly, « A propos de Elise Tenret, L'école et la méritocratie »,Sociologie-Comptes rendus,(lire en ligne)
↑"Thomas Piketty : « Historiquement, c’est le combat pour l’égalité qui a permis la prospérité » dansL'Obs le 19 août 2021[1]
↑Propos recueillis par Gaïdz Minassian, « François Dubet : "L'égalité des chances, le pire des systèmes, mais il n'y en a pas d'autres" »,Le Monde,(lire en ligne).
↑Vincent Dupriez, « Notes critiques : Élise Tenret, L’école et la méritocratie »,Revue française de pédagogie,no 180,,p. 151-176(lire en ligne, consulté le)
↑Jean-Pierre Duteil,Le Mandat du ciel : le rôle des jésuites en Chine, de la mort de François-Xavier à la dissolution de la Compagnie de Jésus, 1552-1774, Paris, Arguments, 1994.(ISBN9782909109114)
↑Le mérite et la république. Olivier Ihl, éditions Gallimard, Paris, 2007, page 309
↑Toujours plus ! François de Closets, Grasset, Paris, 1982, p. 192
↑Le Capital au XXIe siècle, Thomas Piketty, le seuil, Paris, 2013, chapitre 11, sous-partie : « L'extrémisme méritocratique» , la citation est page 664
↑« Les Désillusions du progrès: Essai sur la dialectique de la modernité », Raymond Aron, Calmann-Lévy, 1994 : passage sur la comparaison entre idéal méritocratique soviétique et occidental
↑L'opium des intellectuels, Raymond Aron, postface à édition russe, 1979
↑Politique française Articles 1944-1977. Raymond Aron, Éditions de Fallois, 2016
↑Voyage en grande bourgeoisie: Journal d'enquête. Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon. Presses Universitaires de France, Paris, 2005. chapitre : des richesses multiformes - ailleurs dans le même livre (partie : objet illégitime et fascination), ils dénoncent« l'illusion méritocratique » -« Dans quelle mesure ne s'agit il pas d'une pénétration de l'illusion méritocratique au sein d'un milieu qui doit l'essentiel de sa position à l'école et à son idéologie de la récompense du travail et de la persévérance ? »
↑La société du mérite. de Dominique Girardot, Lormont, éditions Bord de l'eau, 2011 - préface par Caillé et Chanial, première citation page 11, seconde page 13.
↑Maurice Lemoine,Les Enfants cachés du général Pinochet : Précis de coups d’états modernes et autres tentatives de déstabilisation, éditions Don Quichotte,(ISBN978-2-35949-406-8)