Textes des pyramides Sarcophage engrauwacke avec inscriptions hiéroglyphiques en relief autrefois doré sur la cuve et le couvercle Coffre àcanopes engranit avec couvercle engrauwacke Poteries et céramiques fragmentaires
Ses parents sont le roiPépi Ier et la reineÂnkhésenpépi Ire (aussi nomméeÂnkhnesmérirêIre). Une seule épouse lui est connue, la reineÂnkhésenpépi II (aussi nomméeÂnkhnesmérirêII), avec qui il a eu son successeurPépi II[3]. Il est également le père de la reineÂnkhésenpépi III, ainsi que peut-être de la reineIpout II (ou bien elle est la fille dePépiIer).
Bien que le règne de Mérenrê n'ait pas pu être très long, il y a une grande incertitude quant à sa durée exacte. Dans leCanon royal de Turin duNouvel Empire, la durée de règne qui lui est attribuée est très mal conservée. Seuls quatre traits sont clairement visibles, ce qui peut être lu comme un4. Devant eux, il y a encore plusieurs signes, qui ont été lus par différents chercheurs comme10,40 ou comme des signes de mots pourmois. Il y a donc trois lectures possibles : 44 ans, 14 ans et x années et 4 mois. Si la première possibilité est unanimement considérée comme irréaliste, les deux autres font l'objet de discussions assez controversées.Wolfgang Helck a proposé une lecture comme[6] ans et 4 mois[4] ce qui correspond aux déclarations du prêtre égyptienManéthon, vivant auIIIe siècle avant notre ère, qui attribua sept années de règne pour Mérenrê. La proposition de Helck est acceptée par Thomas Schneider[5] ouJürgen von Beckerath[6], par exemple.
Les dates contemporaines n'apportent aucune précision ici, puisque seules quatre ont survécu au total. L'inscription indiquant la plus longue durée de règne est uneAnnée après le5e recensement. Il s'agit durecensement national du bétail à des fins fiscales. Ce recensement était initialement effectué tous les deux ans (c'est-à-dire qu'uneAnnée du10e recensement était suivie d'uneAnnée après le10e recensement), mais plus tard, il se peut qu'il ait également eu lieu annuellement (uneAnnée du10e recensement était suivie d'uneAnnée du11e recensement). Le fait qu'il s'agit d'uneAnnée après le5e recensement indique que le recensement était probablement bisannuel pendant le règne de Mérenrê. Ainsi, ceci permet d'indiquer une durée de règne minimale de 11 ou 12[7]. Ceci est en accord avec le degré d'avancement de son complexe funéraire qui possédait à sa mort tous les éléments constitutifs nécessaires pour assurer le culte royal.
Il existe des preuves queMérenrêIer a fait faire des travaux sur le temple d'Osiris à Kom el-Sultan près d'Abydos. Cependant, seuls les fragments de plusieurs stèles privées retrouvés dans les fondations du temple, qui a été entièrement rénové au cours de laXIIe dynastie, en témoignent. On ne peut en déduire la nature et l'étendue des travaux du règne de Mérenrê[8]. Mérenrê est également attesté àÉléphantine, mais seulement par un naos[5].
Les seules représentations connues qui peuvent être attribuées avec certitude à Mérenrê sont deux petitssphinx d'origine inconnue. Le premier se trouve maintenant auMusée national d'Écosse à Édimbourg (Inv.-No. 1984.405). La pièce est faite d'ardoise et ne mesure que 5,7 × 1,8 × 3,2 cm. Le roi porte une barbe de cérémonie et une coiffenémès avec un serpenturæus sur le front. Au lieu de pattes de lion, les pattes avant se terminent en mains humaines, dans lesquelles Mérenrê tient devant lui deux pots sphériques. Sur la face inférieure du sphinx, le nom de Mérenrê est inscrit[9] Le deuxième sphinx se trouve auMusée Pouchkine de Moscou (Inv.-No.I.1.a.4951). Il est fait de pierre rouge ou d'ardoise[10].
On possède par ailleurs des objets qui sont directement reliés au roi et à son culte et apportent un éclairage sur son existence :
Un coffret en ivoire au nom de Mérenrê est conservé auMusée du Louvre. Ce mobilier assez bien conservé semble être destiné à abriter des effets personnels. Le cartel du Musée du Louvre indique comme provenance incertaine la ville deThèbes[12]. Il serait un témoin de l'antiquité de la présence royale dans cette cité promise a un grand avenir aux périodes suivantes de l'histoire du pays. Il porte sur son couvercle un grand cartouche qui intègre en une formule les principalestitulatures du roi[13].
On connaît plusieurs vaisselles au nom du roi. On citera notamment un grand vase cylindrique enalbâtre qui est conservé auMusée archéologique de Florence. Il provient probablement du mobilier rituel d'un temple ou plus spécifiquement du temple de culte du roi et de sa pyramide. Sur le flanc du vase, on trouve gravé dans la pierre un tableau présentant deux des cinq noms du roi. Lenom d'Horus, Ânkhkhaou inscrit dans unserekh, lenom de Nebty, Mérenrê inscrit dans uncartouche, le tout dans un cadre formé par une ligne de terre, supportant une frise de signes respectivement : Ouas, Ânkh, Di, Ânkh, Di, Djed,hiéroglyphes qui viennent qualifier chacune des titulatures. L'ensemble est encadré par deux longs sceptres ouas supportant un signe du ciel.
Ouni, enterré àAbydos, servant déjà sous le règne dePépi Ier et nomméChef de la Haute-Égypte sousMérenrêIer, mentionne une expédition dans son autobiographie, qui l'a conduit aux carrières d'albâtre deHatnoub, enMoyenne-Égypte, où il a fait faire une tablette d'offrandes[14],[15] Une autre expédition commandée par Mérenrê est attestée auouadi Hammamat afin d'en rapporter de lagrauwacke, pierre dure, certainement destinée à sculpter des statues le représentant[16].
Ouni dirigea également deux expéditions dans les carrières de Nubie. La première l'a conduit à Ibhat, d'où il a apporté le sarcophage et le pyramidion pour la pyramide du roi, et aux carrières de granit d'Éléphantine, où il a fait faire, entre autres, une fausse porte et une table d'offrandes. La deuxième expédition l'a emmené dans un endroit non spécifié en Nubie. De là, il apporta à nouveau du matériel de construction pour la pyramide royale. Pour éviter les rapides de la premièrecataracte du Nil,Ouni fit creuser cinq canaux et construire des bateaux de transport par desNubiens[17].
Sous le règne de Mérenrê, laNubie est devenue le centre des intérêts de la politique étrangère égyptienne. D'une part, deux inscriptions rupestres près d'Assouan, qui montrent que le roi accepte la soumission des princes de Basse-Nubie, en témoignent. La première est située sur l'ancienne route entre Assouan etPhilæ. Elle n'est pas datée, mais montre le roi debout sur un signe d'union, ce qui pourrait indiquer sa première année de règne[18] La deuxième inscription se trouve en face de l'île d'el-Hesseh et date de la5e année durecensement de Mérenrê[19],[20]. Une autre inscription royale se trouve à Tomâs en Basse-Nubie.
Un autre fonctionnaire important étaitHirkhouf, qui, aprèsOuni, a également accédé au poste deChef de la Haute-Égypte. Comme on peut le voir dans l'autobiographie de son tombeau àQubbet el-Hawa près d'Assouan, il a entrepris au total trois expéditions sous Mérenrê, qui l'ont emmené au plus profond de laNubie et du désert libyen pour y explorer les pays et faire du commerce. Le premier voyage qu'Hirkhouf a fait avec son père Iri a duré sept mois et l'a conduit auPays de Yam, qui n'a pas encore été localisé avec certitude. Le second voyage, mené par Hirkhouf seul, a duré huit mois et l'a conduit à travers plusieurs régions de Nubie. Le troisième voyage est décrit de manière très détaillée et s'est déroulé dans des conditions difficiles.Hirkhouf a rencontré le dirigeant duPays de Yam alors que ce dernier était en campagne militaire contre laLibye. Après un échange, le souverain de Yam lui fournit des soldats dont Hirkhouf a besoin pour pouvoir passer sans encombre les pays deSatjou et d'Irtjet sur son chemin de retour[21].
Seules quelques sources sont disponibles sur l'étendue exacte des réformes de l'administration de l'État introduites sous Mérenrê. Toutefois, on constate que la tendance à la décentralisation enÉgypte, qui a démarré depuis un certain temps, s'est poursuivie. Ceci est mis en évidence par le fait que lesnomarques deHaute-Égypte ne résidaient plus àMemphis, mais dans les provinces et que ces derniers s'y faisaient également enterrer pour la première fois. En outre, de nouvelles institutions ont été créées dans la résidence royale, qui étaient spécifiquement chargées de l'administration de la Haute-Égypte[22].
Un document essentiel renseigne sur la politique intérieure du roi, notamment religieuse. Il s'agit d'un texte typepierre de Palerme, retrouvé remployé comme couvercle du sarcophage d'Ânkhésenpépi III àSaqqarah, une reine qui a vécu la fin de laVIe dynastie. Cette pierre, dont la gravure a été intentionnellement effacée par les artisans qui s'attachèrent à restaurer la sépulture de la souveraine, présente une partie des annales des règnes de la dynastie. Celles concernant Mérenrê conservent partiellement les offrandes du roi aux dieux[23]. Certaines de ces offrandes consistent en bétail énuméré à la manière d'un recensement et offert à différentes divinités faisant partie de l'Énnéade d'Héliopolis, telsOuadjet ouSeth, ainsi qu'àPtah etNéfertoum deMemphis. On apprend aussi grâce à ces inscriptions que Mérenrê honora les dieux du pays depuis le delta commeKhentykhety, dieu d'Athribis, jusqu'enHaute-Égypte, en passant par les principaux sanctuaires deRê àHélopolis, d'Harsaphes d'Henensou ouHéracléopolis Magna, deKhentamentiou àAbydos. Le roi confirme ainsi la politique de ses prédécesseurs immédiats qui favorisent le développement des cultes locaux. Outre les dons de bétails et volatiles qui viennent alimenter les réserves de ces temples et cités, le roi offre des denrées rares comme du parfum, de l'encens ou des objets en métaux précieux comme l'or et l'argent.
Du règne de Mérenrê nous connaissons plusieurs dignitaires de rang élevé qui ont été particulièrement actifs au service du roi. On citera notamment :
Ouni, d'Abydos, ancienvizir de son père. Le roi le nomme « prince et gouverneur de Haute-Égypte » et le charge d'expéditions aux carrières d'Ibhat et de Hatnoub afin d'en rapporter le mobilier funéraire du roi, comme une grande table d'offrande en albâtre, ainsi que des éléments pour la construction de la pyramide, tels des linteaux, des herses, le sarcophage du roi et son couvercle et même le pyramidion du monument.
Sabou Tjéty,grand prêtre de Ptah, est un autre grand dignitaire du royaume déjà en fonction sous le règne dePépi Ier. À la tête du puissant clergé memphite, il est l'artisan du programme architectural du règne. Sa tombe qui a été retrouvée àSaqqarah a livré une stèle fausse-porte et un décret royal réformant le clergé du temple dePtah.
Ptahchepsès Impy, architecte du roi, lui-même fils d'architecte, dont le tombeau a été mis au jour parGeorge Andrew Reisner àGizeh. Il s'agit de l'un des rares tombeaux de cette période à avoir été retrouvé inviolé, livrant aux archéologues le mobilier intact du dignitaire constitué de vaisselle de bronze et divers ustensiles, de vaisselle de pierre et mobilier liturgique, du sarcophage intact et de son précieux contenu. Ptahchepsès œuvrait sous les ordres du vizir et a participé à la construction de la pyramide de Mérenrê àSaqqarah.
Djaou, frère de l'épouse principale du roi,Ânkhésenpépi II, succède probablement àOuni en tant quevizir du roi. Il est notamment connu par deux décrets pris en faveur deCoptos et d'Abydos, ce dernier témoignant des travaux effectués dans le temple du dieu sur ordre du roi. C'est sur l'une de ces stèles que la onzième année de Mérenrê est attestée.
Hirkhouf nomarque d'Assouan qui organise des expéditions enNubie afin d'en rapporter des biens précieux comme le bois, l'ivoire et de l'or. Ces expéditions avaient aussi pour objectif depacifier les tribus nubiennes et ainsi d'assurer la domination égyptienne sur cette région.
La pyramide deMérenrêIer, nomméeKhanéfer Mérenrê (La perfection de Rê est apparue), est édifiée dans la nécropole royale deSaqqarah sur un emplacement situé à peu de distance au sud-ouest de la pyramide de son prédécesseurPépi Ier. La pyramide fut explorée pour la première fois en 1880 parGaston Maspero.
Le complexe de la pyramide est également resté inachevé. Dès les années 1830, John Shae Perring a découvert un mur d'enceinte en briques de terre cuite et une chaussée qui fait un virage pour contourner la pyramide deDjedkarê Isési et qui relie un présumé temple de la vallée au temple funéraire. De ce dernier, il ne reste que le dallage en calcaire et quelques restes de murs. Comme les reliefs ne sont en partie disponibles que sous forme de dessins préparatoires, les travaux dans le temple semblent avoir été arrêtés prématurément après la mort précoce de Mérenrê[24].
↑Wolfgang Helck,Untersuchungen zu Manetho und den ägyptischen Königslisten (=Untersuchungen zur Geschichte und Altertumskunde Ägyptens. Band 18). Akademie-Verlag, Berlin 1956,p. 58.
↑a etbThomas Schneider,Lexikon der Pharaonen. Düsseldorf 2002,p. 78.
↑Jaromír Málek, Diana Magee, Elizabeth Miles,Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Statues, Reliefs and Paintings,BandVIII:Objects of provenance not known. Indices to parts 1 and 2. Statues. Griffith Institute, Oxford 1999,(ISBN978-0-900416-70-5),p. 7, (Volltext als PDF-Datei).
↑Alessandro Bongioanni, Maria Sole Croce (Hrsg.),Illustrierter Führer zum Ägyptischen Museum Kairo, White Star, Vercelli 2001,(ISBN88-8095-703-1),p. 84–85.
↑James Henry Breasted,Ancient records of Egypt. Historical documents from the earliest times to the Persian conquest,BandI, Chicago 1906,§ 323, (PDF ; 12,0 MB).
↑Rudolf Anthes,Die Felsinschriften von Hatnub (=Untersuchungen zur Geschichte und Altertumskunde Ägyptens. (UGAÄ) Band 9). Hinrichs, Leipzig 1928, Taf. 5VII.
↑James Henry Breasted,Ancient records of Egypt. Historical documents from the earliest times to the Persian conquest,BandI:The first to seventeenth dynasties, University of Chicago Press, Chicago 1906,p. 319–324, (PDF ; 12,0 MB).
↑Archibald Henry Sayce, « Gleanings from the land of Egypt », dans :Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes pour servir de bulletin à la Mission Française du Caire, Band. 15, 1893,p. 147 (Onlineversion).
↑Petra Andrassy, « Untersuchungen zum ägyptischen Staat des Alten Reiches und seinen Institutionen », dansInternetbeiträge zur Ägyptologie und Sudanarchäologie,BandXI). Berlin/ London 2008 (PDF ; 1,51 MB),p. 136.