Il y est éduqué dans une famille dirigeante locale: par sa mére, Zanaib, il est le petit-fils du gouverneur turc de la ville, Husain Agha. Son père, Ibrahim Agha, est un marchand turc de tabac venu deKonya, nommé commandant du contingent d'irréguliers de la ville. Au décès de son père, Mehmet Ali, enfant, est élevé par son oncle et ses cousins. On lui attribue la réputation ⁹de travailleur acharné. Son oncle le promeut au rang deBölükbaşı(en) afin qu'il puisse collecter les impôts dans sa ville de Kavala. Il s'acquitte de cette tâche avec succès et s'élève au rang de second commandant, sous les ordres de son cousin Sarachesme Halil Agha, dans le contingent des volontaires de Kavala qui sont envoyés afin de réoccuper l'Égypteaprès le retrait deBonaparte.
Il épouse la fille du riche Ali Agha, Emine Nosratli, veuve d'Ali Bey (sultanmamelouk d'Égypte de 1760 à1772). L'expédition arrive àAboukir au printemps1801.
Le retrait français avait laissé la province ottomane sans dirigeant. Lesmamelouks affaiblis, tentaient de réimposer leur pouvoir, qui avait duré 600 ans. La population locale, sous la direction de ses oulémas y était hostile. Le sultan Ottoman profite de cette faiblesse pour tenter de rétablir son contrôle sur la région grâce en particulier au contingent d'Albanais où sert Mahmet Ali.
Au cours de cette période d'anarchie, Méhémet Ali utilise ses troupes albanaises pour affirmer son prestige puis pour conquérir le pouvoir.
Entre 1801 et 1805, pendant les combats entre Mamelouks et Ottomans, il veille à s'attirer un soutien populaire. En 1805, le peuple, lassé par l'instabilité chronique, se révolte, dirigé par lesoulémas. Un groupe de notables égyptiens demande la démission duWali (gouverneur),Ahmad Kurshid Pacha, et la prise du pouvoir par Méhémet Ali. Le sultan ottomanSelim III n'étant pas en mesure de s'opposer à l'ascension de Méhémet Ali, accepte de consolider la position de ce dernier. En se positionnant comme le protecteur du peuple contre les Mamelouks, Méhémet Ali réussit à contenir l'opposition populaire jusqu'à l'affermissement de son pouvoir.
Après leurs défaites, les mamelouks, planifient à terme l'assassinat de Mehmet Ali. En1811, il invite tous les dirigeants mamelouks à un festin à la citadelle duCaire en l'honneur de son filsToussoun Pacha(en) (père d'Abbas Ier Hilmi), qui venait d'être nommé pour une expédition enArabie. Lors du repas, les mamelouks sont emprisonnés puis assassinés, laissant à Méhémet Ali le pouvoir sur l'Égypte.
L'ambition de Méhémet Ali est alors de transformer l'Égypte en une puissance régionale qu'il voit comme le successeur naturel de l'Empire ottoman en décomposition. Méhémet Ali résume ainsi sa vision de l'Égypte:« Je suis bien conscient que l'Empire ottoman va chaque jour vers sa destruction […]. Sur ses ruines, je vais fonder un vaste royaume […] jusqu'à l'Euphrate et auTigre. »
La mosquée de Méhémet-Ali (1830-1848), dans la citadelle qui domine la ville duCaire.
A cet effet, le vice-roi introduit de vastes réformes en Égypte : il met sur pied unearmée deconscription à base depaysans égyptiens, qu'il utilise ensuite pour repousser les frontières de l'Égypte. Il engage d'importants travaux d'infrastructure, tels que des routes et des canaux en mobilisant plus de 300 000 cultivateurs, hommes, femmes, enfants, arrachés de leurs foyers et au prix de nombreuses vies volées par les maladies, les privations et les mauvais traitements. Il envisage également la construction d'une voie ferrée du Caire àSuez ainsi que le creusement d'uncanal reliant lamer Méditerranée à lamer Rouge, deux projets qu'il n'a pas le temps de réaliser mais qui seront menés à bien par ses successeurs. Il fait du pays l'un des principaux producteurs mondiaux decoton. Il se signale aussi par des réformes sociales, et la création d'écoles modernes.
Il utilise l'État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d'État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupait le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d'habitant[9].
En signe de bonne entente avec la France, et avec l'accord dubaron Taylor puis deJean-François Champollion, il offre àCharlesX et à laFrance, au début de 1830, les deux obélisques érigés devant letemple de Louxor. Seul celui de droite (en regardant le temple) est abattu et transporté vers la France par l'amiralCharles Jaurès.
Il demeura officiellement pendant son règne unvassal dusultan ottoman, mais en réalité n'hésita pas à mener une politique indépendante. Il réprima pour le compte de celui-ci une révolte deswahhabites enArabie, de1811 à1818, puis lui vint en aide dans laguerre d'indépendance grecque entre1824 et1828, en échange de divers territoires ; cette dernière opération provoqua la destruction de sa flotte à labataille de Navarin. Il obtient peu après que ses fils lui succèdent à son poste.
Par ailleurs,en vue d'accaparer les ressources[réf. nécessaire]mythiques[pas clair] de l'Afrique (ivoire,or…), Méhémet Ali conquiert laNubie et le bassin supérieur duNil. Il fonde à la pointe duNil Blanc et duNil Bleu une ville dénommée Ras el-Khartoum. Là va s'établir le gouverneur de la nouvelle colonie égyptienne, dénomméeSoudan (enarabe, le « pays desNoirs »).
Il se brouilla avec le sultan et entra en guerre contre lui en1831. Sous la direction de son filsIbrahim Pacha, les armées de Méhémet Ali s'emparèrent de laPalestine et de laSyrie, et s'approchèrent jusqu'à quelques jours de marche deConstantinople. Le, une armée égyptienne de 15 000 hommes vainquit l'armée turque de 54 000 hommes durant labataille de Konya. Une intervention diplomatique franco-britannique conduisit à une solution négociée en1833, laconvention de Kütahya laissait le contrôle de laSyrie et de laPalestine à l'Égypte.
En1839, le sultanMahmoud II reprit laguerre, mais subit une défaite décisive aux mains d'Ibrahim àNisibe le. Il mourut peu après et les armées égyptiennes se rapprochèrent une nouvelle fois dangereusement de Constantinople.
La Grande-Bretagne envoya sa flotte de guerre pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur l'Égypte, bombardant les ports libanais contrôlés par les Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En1841, Méhémet Ali et Ibrahim durent céder le contrôle de la Syrie par letraité de Londres. L'Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques.Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre [...] pourrait paraître injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieurs de l'Europe requièrent que nous le soyons[9]. »
Hussein Bey, commandant militaire ayant participé aux opérations de la guerre d'indépendance grecque (reconquête de laCrète, prise deKassos, invasion duPéloponnèse), mort au combat en avril1826 au cours dusiège de Missolonghi ;
Moharrem Bey, amiral de la flotte égyptienne notamment àNavarin.
Arbre généalogique de la dynastie (en gras, personnes ayant effectivement régné) :
Caroline Gaultier-Kurhan,Mehemet Ali et la France : histoire singulière du Napoléon de l'Orient, éditions Maisonneuve & Larose, Paris, 2005,267 p.(ISBN978-2-7068-1910-0).
Prince Osman Ibrahim, Caroline (Gaultier-Kurhan) et Ali Kurhan,Méhémet Ali le grand : mémoires intimes d'une dynastie, éditions Maisonneuve & Larose, Paris, 2005,127 p.(ISBN2-7068-1858-1).
Louis Toucheboeuf-Clermont,Mille et unième calomnie de la contemporaine, 1834.
↑« l'officier ottoman d'origine albanaise qu'était Méhémet-Ali et que l'on considère à juste titre comme le fondateur de l'Égypte moderne »,Dominique Sourdel,Histoire des Arabes, P.U.F., 1976, p. 109.
↑« Beaucoup d'historiens pensent qu'il était d'origine albanaise […] on peut le considérer comme le fondateur de l'Égypte moderne »,Encyclopédie Larousse, Librairie Larousse, 1978, T. 17, Renan-Science, p. 7829.