Pour la personnalité romaine, voirMécène.

Lemécénat désigne le fait d'aider et peut être par la suite de promouvoir desarts et deslettres par des commandes ou des aides financières privées, que lemécène soit une personne physique ou une personne morale, comme uneentreprise. Dans une acception plus large, il peut s'appliquer également à tout domaine d'intérêt général : recherche, éducation, environnement, sport, solidarité, innovation, etc.[1],[2].
Au cœur du mécénat se développe de plus en plus le mécénat d’entreprise[3] qui se définit comme un soutien financier, humain ou matériel apporté sans contrepartie directe par une entreprise, mais aussi grâce à la générosité de certains milliardaires[4]. En fiscalité et en comptabilité, il est considéré comme un don. Concrètement, le mécénat bénéficie d'un régime fiscal avantageux dans la mesure où il existe une disproportion marquée entre le versement et les contreparties reçues. Le mécénat n'est cependant pas à confondre avec le parrainage car il ne demande pas — à l'inverse du parrainage — une contrepartie.
Le mot « mécénat » se réfère au personnage deCaius Cilnius Mæcenas, protecteur des arts et des lettres dans laRome antique. Il s'est progressivement élargi pour désigner dans le langage courant une personne physique oumorale qui soutient par son influence ou par des moyens financiers un projetculturel ou unartiste. Au cours de l'histoire le mécénat a connu une importance variable et fut marqué par des personnalités : on parle ainsi du mécénat des princesses médiévales commeMahaut d'Artois ouIsabeau de Bavière dont les commandes faisaient vivre plusieurs artistes[5].

L'âge d'or du mécénat correspond à laRenaissance italienne. LesArti àFlorence, qui protègent leurs corporations marchandes, financent également les beaux-arts et leurs artistes en commanditant des œuvres pour les édifices religieux (particulièrement l'Arte di Calimala). LesMédicis, notammentLaurent le Magnifique, sont connus pour répandre leurs bienfaits envers les artistes dont ils permettront ainsi la renommée ; amateur éclairé, Laurent de Médicis prit sous sa protection de nombreux artistes commeMichel-Ange,Andrea del Verrocchio, les architectesGiuliano da Maiano etGiuliano da Sangallo ou des humanistes ou savants commePic de la Mirandole. ÀFerrare,HerculeIer d'Este eut un rôle comparable. Le banquiersiennoisAgostino Chigi soutint financièrement des artistes et des écrivains tels queLe Pérugin,Giovanni da Udine,Giulio Romano,Baldassarre Peruzzi,Sebastiano del Piombo,Le Sodoma,Raphaël etL'Arétin.
À la même époque, le cardinal et ministreGeorges d'Amboise, grand mécène, fut l'un des principaux introducteurs de la Renaissance en France. Le roiFrançoisIer ainsi que le connétable de France,Anne de Montmorency, furent aussi de grands mécènes. Le roi se servit du mécénat afin de montrer sa puissance. On peut citer l'exemple duchâteau de Fontainebleau qui accueillit de nombreux artistes italiens et français, etLéonard de Vinci queFrançoisIer ramena d'Italie en 1516 et installa à Amboise, auClos Lucé.
L'empereurRodolpheII fut également un grand mécène, confirmant en 1595 les privilèges de la corporation des peintres et acquérant de nombreux tableaux duTitien, d'Albrecht Dürer ou desBrueghel qu'il installe auChâteau de Prague. L'ItalienGiuseppe Arcimboldo le peignit envertumne et reçut le titre de comte palatin[6].
D'autres mécènes notables de la Renaissance furent en France lesGuise et lesMontmorency, qui apportèrent un soutien actif à l'art et à l'architecture de style nouveau. En ScandinavieHenrik Rantzau, gouverneur du Holstein, fit construire ou reconstruire pas moins de vingt-cinq demeures et rassembla plus de six mille livres. Dans la Renaissance tchèque,Peter Vok de Rozmberk joua un rôle important, ainsi que son frère Vilem. En Espagne, il y eutDon Diego Hurtado de Mendoza. En Pologne, il y eut le chancelierJan Zamoyski. En Angleterre,Robert Dudley fut un important mécène des lettres. Il y eut surtoutAlexandre Farnèse, qui fit construire lePalais Farnèse à Rome, lecardinal Granvelle, important ministre dePhilippeII, etWilliam Cecil en Angleterre[7].

L'Italie duXVIIIe siècle connut plusieurs importants mécènes, tels queFerdinandIII de Médicis ou les cardinauxPietro Ottoboni etBenedetto Pamphilj ou Niccolò Gaetani d'Aragona et sa femmeAurora Sanseverino[8].
En France, la reineCatherine de Médicis, héritière des goûts desMédicis, est considérée comme l'une des plus grands mécènes duXVIe siècle français[9]. Elle aimait s'entourer d'artistes, de poètes, d'hommes de lettres, demusiciens et d'architectes qu'elle faisait venir à la cour et pensionnait à son propre service, ce qu'aucune reine de France n'avait fait avant elle[10]. Au siècle suivant, leCardinal de Mazarin fit construire leCollège des Quatre-Nations et présentaCharles Le Brun au roiLouisXIV.Madame de Pompadour etJoseph Paris Duverney financèrent la construction de l'École militaire (1751-1756).
LaRussie connut plusieurs mécènes auxXVIIIe et XIXe siècles et début duXXe siècle, dontIvan Chouvalov,Pavel Tretiakov,Savva Mamontov,Savva Morozov,Ivan Morozov,Margarita Morozova, etc.
Mais auXIXe siècle, le peintreGustave Courbet, ami deProudhon, bouleversa la donne en faisant émerger la figure de l'artiste libre, et revendiqua à titre personnel son autonomie, dans ses choix artistiques, par rapport aux mécènes, qu'ils soient issus du pouvoir économique ou du pouvoir politique[11]. Un de ses tableaux,La Rencontre, symbolisait ses convictions, représentant le peintre rencontrant un de ses acheteurs et de ses soutiens les plus fidèles,Alfred Bruyas, sans aucune trace de cette déférence convenue habituellement entre un artiste et ses mécènes[12],[13].
LeXXe siècle a marqué une période de renouveau auxÉtats-Unis et enEurope. Parmi les grands noms de l'époque on peut citer Charles etMarie-Laure de Noailles, lafamille Rothschild,Alexis de Redé,Peggy Guggenheim, lemarquis de Cuevas, Marcellin etMadeleine Castaing,Francine Weisweiller,Pierre Cardin,Pierre Bergé etYves Saint Laurent.
En France, auXXIe siècle, quelques personnalités méritent d'être signalées, en particulier pour leur activité de mécénat en faveur de l'art contemporain[14] :Antoine de Galbert, homme d'affaires et créateur de laMaison rouge, fondation promouvant les différentes formes de la création actuelle ;Ariane de Rothschild, qui gère diverses fondations, et a donné son nom auPrix Ariane de Rothschild, récompensant chaque année un artiste contemporain ;Alain-Dominique Perrin, ancien président du directoire deCartier SA, et fondateur de laFondation Cartier pour l'art contemporain ;Bernard Arnault, homme d'affaires et PDG de LVMH avec la fondation d'entreprise Louis Vuitton.
Une nouvelle tendance qui semble se renforcer en ce début deXXIe siècle est la création par des fondations de lieux d'expositions, voire la privatisation momentanée de lieux publics. C'est àParis, l'expositionBulgari auGrand Palais en 2013 puis l'expositionCartier en ce même lieu en 2014. Ce sont des expositions nomades, comme celles de la Petite Veste Noire, deChanel, se déplaçant deParis etLondres puis vers les grandes villes d'Asie. Et c'est auPalais de Tokyo à Paris, l'exposition des souliersRoger Vivier puis l'exposition consacré au parfumNo 5 de Chanel, perçue par certains visiteurs comme une location d'espace[15].
De plus en plus de services ou d’établissements publics, culturels ou non, ont pour projet de recourir au mécénat ditparticipatif pour financer des projets d'intérêt général. Ils s’interrogent sur le meilleur moyen de toucher les donateurs potentiels : passage par une plate-forme de financement participatif généraliste ou plus spécialisée, ou encore sollicitation directe des internautes depuis le site Internet, voire du public directement sur les lieux mêmes de l’établissement[16].
En France, de la monarchie à la République, en passant par l'Empire, l'art a longtemps été avant tout une affaire d'État. Selon Guy de Brébisson, aujourd'hui, la légitimité du mécénat demeure moindre enFrance qu'auxÉtats-Unis, même si les mentalités ont nettement évolué depuis les années 1980[17]. Il reste majoritairement une pratique des grandes entreprises, mais la participation desPME n'est plus négligeable au niveau local et régional. Les entreprises de province ne représentaient que 12,5 % des entreprises-mécènes en 1985, mais 41 % au début des années 1990[17].
En1994, le poids du mécénat d'entreprise en France était évalué à 800 millions de francs, alors que le budget duministère de la culture, hors grands travaux, s'élevait à 13 milliards et demi de francs (1 % environ du budget de l'État). Les dépenses des collectivités locales représentent près du double[17].
En2008 en France, les actions de mécénat des entreprises de plus de 20 salariés étaient évaluées à 2,5 milliards d'euros[18]. Cette somme était répartie entre laculture (40 %), la solidarité (32 %), l'environnement (15 %), la recherche (9 %) et lesport (5 %). La part apportée par les entreprises à la culture (près d'un milliard d'euros) représente donc 44 % des contributions financières du ministère de la Culture en 2008.
La taille de l'entreprise a une influence sur le mécénat, 60 % des grandes entreprises soutiennent des associations, contre seulement 36 % desPME et 20 % desTPE[19].
Le mécénat environnemental se développe depuis les années 1990, notamment dans le cadre du verdissement des entreprises, avec des risques d'écoblanchiment. Une MissionMécénat d’Entreprise[20] existe au ministère chargé de l'écologie, qui a publié un guide pratique, juridique et fiscal du mécénat environnemental a été publié par leCommissariat général au développement durable[21].
En 2010, leministre français de la Culture de l'époqueFrédéric Mitterrand souligne que « la responsabilité de l'État et des pouvoirs publics en général n'est pas seulement de financer la vie culturelle, mais d'encourager les initiatives de la société civile »[22].
Le mécénat d'entreprise passe généralement par la création defondations, en particulier dans les pays anglo-saxons. AuxÉtats-Unis, il existait en 2006, 62 000 fondations qui investissent chaque année 3,6 milliards de dollars dans la culture[23]. Les deux plus importantes dans ce domaine sont lafondation Ford (environ 80 millions de dollars par an) et la fondation Reynolds (58 millions de dollars par an)[23]. EnFrance on en comptait la même année 2 100, contre 14 000 auDanemark, 10 000 enAllemagne, 8 800 auRoyaume-Uni ou 3 300 enItalie[24].
Un rapport de l'Inspection Générale des Finances d' considérait que les actifs détenus par les fondations françaises s'élevait à 22 milliards d'euros tandis que les fondations allemandes en détiendraient 100Mds€ et les fondations britanniques 70Mds€[25]. Le même rapport indique que « plusieurs pays permettent aux fondations d’avoir un objet commercial, si bien qu’elles y sont utilisées comme outil de détention et de protection d’entreprises – 54 % de la capitalisation boursière danoise serait détenue par des fondations. Des groupes d’ampleur mondiale tels que Carlsberg, Rolex ou Lego sont détenus par des fondations ».
Le champ d'action des fondations peut être vaste, de la peinture à la photographie, en passant par les lettres ou l'architecture. LaFondation du patrimoine a ainsi pour but de financer la restauration du patrimoine local qui ne sera jamais classé. LeFonds mondial pour les monuments, financé par des mécènes américains, a payé la restauration de 450 monuments dans 90 pays, comme lecloître de Saint-Trophime àArles ouPreah Khan auCambodge[24].
Les fondations américaines, comme lesassociations à but non lucratif, sont régies par l'alinéa501c3 du code des impôts américain. Elles sont par conséquent semi-publiques (car elles visent à l'intérêt général et n'obéissent pas aux règles dumarché), et semi-privées (par leur capital, leur fonctionnement et leurs méthodes)[26].
EnFrance, plusieurs lois depuis les années 1990 ont fait évoluer le cadre du mécénat et desfondations, la dernière en date étant laloi du de modernisation de l'économie, instaurant une nouvelle structure, lefonds de dotation. La précédente était laloi Aillagon de 2003 qui permet 60 % de déductibilité fiscale des dons effectués pour le mécénat d'entreprise, voire de 90 % dans le cas d'une aide à l'acquisition d'un « trésor national ». De cinq fondations créées en 2003 sous l'égide de laFondation de France, on est passé à 24 en 2005, 77 en 2006[24] et 828 fonds et fondations en 2016[27]. Cependant seule une partie a pour champ d'intervention le mécénat artistique et elles restent petites à l'échelle mondiale selonYves Sabouret, président de la Fondation de France. LaLoi TEPA a par ailleurs augmenté la déductibilité de l'ISF des dons à des fondations reconnues d'utilité publique.
Pour les entreprises, le mécénat offre 60 % de réduction d'impôt, plafonné à 0,5 pour cent du chiffre d’affaires, toutefois, si excédent il y a, il pourra être reporté au titre des cinq exercices suivants. Il existe également des règles spécifiques concernant la valorisation des différents types de mécénat (de compétence, en nature, en contreparties), définies par lecode général des impôts[28].
Le mécénat d'entreprise en France, résultats de l'étudeADMICAL - CSA ()[29]
Différentes formes
Plates-formes web notables qui proposent de mettre en relation des associations et des entreprises
En2001, jusqu'en2004, l'entrepriseTotal finance les travaux de restauration de lagalerie d'Apollon du Louvre, à hauteur de 4,5 millions d’euros, sur un budget total de 5,2 millions d’euros[30]. En, l'ancien président-directeur du musée,Henri Loyrette, précisait que 57 % des recettes du Louvre provenaient des subventions publiques et 43 % des ressources propres (billets, mécénat et dons privés)[31]. Les expositions temporaires du musée du Louvre sont en grande partie financées par des entreprises : en2004, l'exposition consacrée au maître de l'École de FontainebleauLe Primatice reçoit le soutien financier de la sociétéMorgan Stanley. D'autre part, le site web du Louvre est soutenu parAccenture etLCL[réf. nécessaire].
À l'occasion de la signature de l'accordLouvre Atlanta, plusieurs mécènesaméricains donnent des fonds pour rénover les salles des objets d'art duXVIIIe siècle[32].
Le mécénat de la société japonaiseNippon Television Network a pris en charge le coût des travaux (4,81 millions d’euros) de la salle contenantLa Joconde.

Avec l'aide de laSociété des amis du Louvre[33], le Musée du Louvre, œuvre depuis plusieurs années, pour tenter de rassembler lesJoyaux de la Couronne de France, depuis la vente par l'État, des bijoux de la Couronne, du 12 au[34], et y sont exposés, en particulier :
En2006, l'entrepriseGeneral Electric s'associe auxEurockéennes de Belfort pour permettre la rencontre du groupeDionysos avec les musiciens de l'école nationale de musique de Belfort. Un projet européen de création musicale réunissant le festival desNuits Botanique à Bruxelles, le Spot festival à Aarhus – Danemark, les Eurockéennes de Belfort et leFestival international de Benicàssim ainsi que le programme culture 2000 avait pour ambition de réunir un groupe de musique actuelle de chaque pays avec un orchestre de musique classique. Les Eurockéennes de Belfort avaient choisi le groupe Dionysos comme représentant français du projet. C’est à ses côtés, et sous la direction de Jean-Jacques Griesser, directeur de l’École nationale de musique et de danse deBelfort, que l’ensemble Synfonietta de l’ENM, constitué de 50 élèves-musiciens, a travaillé à la réorchestration des morceaux du combo valentinois. Pour la première fois dans l’histoire du festival, la grande scène, habituellement dévolue auxheadliners, accueillait une création des Eurockéennes, mettant en scène une formation française et de jeunes musiciens classiques belfortains. La création a aussi été présentée au Zénith de Paris la même année. Philippe Pelletier, responsable des ressources humaines pour l'Europe chez GE Energy s'est réjoui de ce projet :« Financer la Synfonietta avec Dionysos nous a permis de cibler des jeunes de la région. Nous y gagnons en visibilité et en dynamisme »[42].
À Versailles, l'entrepriseVinci finance les travaux de restauration de lagalerie des Glaces, la restauration s'est terminée en2007. L'opération coûte au total 12 millions €[43] (voirMécénat au domaine de Versailles). Le mécénat international prend aussi toute sa place, deux fondations américaines « The American friends of Versailles »[44] et « The Versailles foundation »[45] permettent la réalisation de projets tels que la restauration duBosquet des Trois fontaines en2006 et de financer l'actuelle restauration dupavillon frais dans les jardins du Petit Trianon.The Versailles foundation, fondation plus ancienne permet dans lesannées 1970, un remeublement important du château et des Trianons. En2008, cette fondation est à la tête d'un projet de restauration et de protection des statues du parc et en particulier celui dubosquet des Bains-d'Apollon. Lasociété des amis de Versailles œuvre beaucoup également dans la mise en œuvre de ces projets et dans le relationnel entre les différentes fondations et entreprises françaises et internationales.
La marque suisse de montresBreguet finance les travaux de restauration duPetit Trianon entre 2007 et 2008 à hauteur de 5,3 millions d'euros, permettant l'ouverture au public des étages supérieurs du Petit Trianon et l'aménagement d'une salle audiovisuelle pour une visite virtuelle du château[46].


La Fuite en Égypte, deNicolas Poussin, est acheté par leMusée des beaux-arts de Lyon en 2008, grâce à l'aide financière de 18 mécènes, pour un prix de 17 millions d'euros[24].
En, ledais deCharlesVII, ou plus exactement un dosseret, a été acquis par le Musée du Louvre pour un montant total de 5,6 millions d'euros et a rejoint le département des objets d'art grâce au mécénat de la Société des amis du Louvre, qui a apporté 2,8 millions d'euros (avec une participation du Fonds du patrimoine et des fonds propres du Louvre). Il s'agit d'un objet majeur pour le Louvre mais aussi pour l’histoire de l’art français, classétrésor national, dont personne ne soupçonnait l’existence avant.
Le, laBibliothèque nationale de France acquiert, grâce à un mécénat d'une entreprise financière, le manuscrit original deHistoire de ma vie, deGiacomo Casanova, pour 7 millions d’euros, auprès d'un membre de la famille de l’éditeur allemandFriedrich Arnold Brockhaus[47].
En, le Musée du Louvre acquiert, grâce à un mécénat exceptionnel d'entreprises, de donateurs particuliers (Opération « Tous Mécènes ! ») et la participation de la Société des amis du Louvre, latable de Teschen (ou table de Breteuil), pour un montant de 12,5 millions d'euros, meuble d’orfèvrerie unique au monde, chef-d’œuvre en 1779 deJohann Christian Neuber, joaillier de lacour deDresde[48].
Dans les années 2010, le mécénat individuel reste très à la marge en France par rapport aux pays anglo-saxons. LeMusée d'art moderne de la ville de Paris est le premier musée d’art moderne à accepter de renommer d’une de ses salles d’exposition permanente du nom du père de l’un de ses mécènes, Maurice A. Amon[49],[50].
En 2018, leGroupe LVMH finance à 80 % les 10 millions de l'acquisition duLivre d'Heures deFrançoisIer. Le reste est obtenu auprès de donateurs particuliers dans le cadre d'une nouvelle opérationTous mécènes.
Le mécénat n'est généralement pas un don sans contrepartie. Le mécène en attend un bénéficeen termes d'image et de reconnaissance.Mario d’Angelo retient le concept de « retour sur investissement d’image », ROIm, en faisant un parallèle avec le ROI (Return On Investment) qui renvoie à la motivation de l’investisseur financier[51].
Le mécénat sert à façonner l'image du mécène - souvent une entreprise ou une marque- en soutenant des artistes ou des disciplines ciblées.
Cet aspect contraint l'entreprise à une certaine rigueur, pour ne pas être accusée de confondre mécénat etsponsoring. Cela n'empêche pas le mécénat de toucher également ce qui touche à la création et non uniquement aux artistes reconnus : selon Guy de Brébisson, l'aide à la création est aussi répandue que l'aide à la diffusion d'artistes connus. Il estime cependant que la banque et l'assurance privilégient la deuxième fonction, afin de toucher un large public. Exemple de soutien de la création, laFondation HSBC pour la photographie, créée en 1995, organise chaque année un concours pour faire connaître deux photographes par la publication d'une monographie sur chacun d'eux avecActes Sud. Elle construit également une collection de photographies.
La logique fiscale est également importante dans le mécénat, grâce à la déductibilité totale ou partielle des montants engagés pour ces opérations. Par conséquent le mécénat intéresse théoriquement davantage les entreprises les plus riches, car ce sont celles pour lesquelles le mécénat coûte le moins cher. Françoise Benhamou remarque ainsi que lorsqueRonald Reagan réduisit en 1986 le taux de l'imposition des bénéfices des sociétés américaines, les entreprises revirent leurs dons à la baisse[52][réf. souhaitée].
Les entreprises s’engagent dans le mécénat pour l’une de ces cinq raisons :
Pour ce faire le type de mécénat les plus utilisés sont :
La notion restreinte du mécénat se réfère à la volonté des entreprises d'avoir des comportements socialement responsables. Si cette responsabilité sociale ou sociétale s'inscrit aussi dans une logique de communication et d'image ainsi qu'une logique fiscale, il n'en demeure pas moins qu'un mécénat d'entreprise important est un indicateur du bon rapport entre le monde économique et le monde des arts, du patrimoine et de la création.
Cependant, force est de constater que dans la plupart des pays, le mécénat d'entreprise représente une des ressources les plus faibles du secteur culturel. Même aux États-Unis, elle ne dépasse pas 2,5 % de l'ensemble des ressources du secteur culturel[réf. souhaitée]. Plus important que le mécénat d'entreprise, on trouve l'engagement des individus et le mécénat individuel qui se concrétise par les donations, les dons, les legs. Or, les pays où le mécénat d'entreprise et le mécénat individuel sont les plus élevés sont aussi ceux qui ont dans le domaine des arts et du patrimoine une proportion élevée d'organisations en gestion privée non commerciale indépendante des autorités publiques comme l'a vérifié une étude européenne publiée en 2018[53]. Dans la typologie proposée dans cette étude, ce sont plus particulièrement les types Conventionné et Indépendant qui présentent ces caractéristiques, à condition qu'il y ait un contexte favorable dans le pays : reconnaissance de l'utilité publique par des dispositions fiscales et volonté de l'autorité publique de "jouer le jeu" de non-intervention dans les choix de contenus et de programmation. Ces modèles de gestion et le mode de gouvernance qui leur est lié se retrouve aussi bien dans le domaine de la musique ou du théâtre, que des musées ou des monuments historiques[54].
Dans le rapport ADMICAL et CSA « le mécénat d’entreprise en France » daté de 2012, il ressort également que près de la moitié des entreprises mécènes dans le domaine de la culture font du sponsoring. Ces deux démarches sont complémentaires pour l’entreprise : elle assoit son influence aussi bien via des actes de « charité » et que via des partenariats sur lesquels elle appose son logo.
D’une manière générale, le mécénat de proximité est privilégié avec des impacts locaux dans 83 % des cas pour plus de lisibilité. Les investissements en termes d’exposition et de musées (19 %) viennent se placer en seconde place derrière la musique (39 %).
Par ailleurs les entreprises interviennent plus dans la diffusion, la circulation de la culture que sur la création par exemple. En effet, cela serait un investissement plus lourd et moins visible. De plus, il est plus facilement lié à l’idée de solidarité. Toujours dans l’optique de rentabilité les entreprises ont tendance à s’associer à des expositions dites « blockbusters » telles que Picasso et les maîtres (Grand-Palais en 2008) et celle deClaude Monet (Grand-Palais en 2010). Ces expositions se caractérisent par un accès grand public, des lourds moyens mis en place, un commissaire d’exposition renommé ainsi qu’un thème longtemps inexploité. Ainsi, l’exposition sur Picasso a engrangé 1 million d’euros et il n’y avait pas eu d’exposition manifeste sur Monet depuis près de 60 ans.
Investir dans l'art c'est donc réaliser un placement original dans un actif prestigieux mais aussi un placement judicieux dans un actif qui n'est pas exposé aux risques de volatilité des changements économiques.
Néanmoins, le financement des grands groupes dans les milieux artistiques dans le but de soigner leur image est de plus en plus critiqué et qualifié d'Art Washing (blanchiment d'image par l'art). Le mécène se doit désormais d'être cohérent dans la cause qu'il finance ; et financer une exposition ou un musée ne suffit plus. Les organismes n'hésitent plus à refuser les donations si leur image peut être en parallèle altérée.
Liste indicative et non limitative d'institutions apportant des aides financières pour la préservation du patrimoine bâti, mobilier, naturel et pour des actions en faveur de la flore, la faune, les paysages, etc. :