All Mënsch kënnt fräi a mat deer selwechter Dignitéit an deene selwechte Rechter op d'Welt. Jiddereen huet säi Verstand a säi Gewësse krut a soll an engem Geescht vu Bridderlechkeet deenen anere géintiwwer handelen.
Primitivement, l'appellatif « luxembourgeois » ne concerne que lesvariétés dumoyen allemand occidental qui sont parlées au Luxembourg. L'orthographe du luxembourgeois est officiellement standardisée en 1976. En 1984, la langue obtient le statut de seulelangue nationale du Luxembourg. Elle n'est cependant pas une deslangues officielles de l'Union européenne. La singularité de la langue luxembourgeoise est clairement identifiable à la fois morphologiquement, symboliquement et sociologiquement[5].
Comme pour toute langue récemment normalisée, il faut faire la distinction entre luxembourgeois « standard » ou « normé » et luxembourgeois « local » ou « régional ». Le luxembourgeois standard, également appelékoinè pour ce qui est des aspects phoniques, existe officiellement au Luxembourg depuis 1976, à la suite d'un arrêté ministériel du portant réforme du système officiel d'orthographe luxembourgeoise[n 2].
au sens premier, le luxembourgeois ne concerne que le Luxembourg, étant donc délimité par lesfrontières du pays ;
au sens un peu plus large, il concerne également le nord-ouest de laMoselle en France (on parle d'ailleurs de francique luxembourgeois aujourd'hui et auparavant de francique thiois, du « pays de Thionville » donc, cela pour le distinguer des autres variantes du francique de Moselle, que sont le francique mosellan et le francique rhénan), les pays d'Arlon et deSaint-Vith en Belgique, ainsi qu'une zone limitrophe en Allemagne dont les limites nord et est sont floues, avec les mêmes variantes qu'en Moselle ;
au sens le plus large, il correspond au territoire appelénördliches Moselfränkisch d'après leRheinischer Fächer deGeorg Wenker publié en 1877. Ce territoire est délimité par l'isoglosse dorp/dorf à l'ouest et par l'isoglosse op/of à l'est.
La limite orientale du domaine dialectal luxembourgeois est l'isoglosseop/of (mutation consonantique en finale qui sépare le francique luxembourgeois dufrancique mosellan), autrement appeléeBad Hönninger Linie ou encoreVinxtbach-Linie[8]. Au sud et à l'ouest, le luxembourgeois est voisin deparlers romans (lorrain etwallon).
On estime que près de 400 000 personnes dans le monde parlent cette langue[9]. Son aire de pratique s'étend, outre sur l'ensemble du Grand-Duché de Luxembourg, sur les communesbelges limitrophes depuisTintange jusqu'àAthus (formant lePays d'Arlon), avec la ville largement francisée d'Arlon (où la variante locale est appelée arlonais ouareler), ainsi que sur le territoire deBeho. Le luxembourgeois est aussi parlé en France, dans l'arrondissement de Thionville et enAllemagne, dans les arrondissements deBitburg et deVulkaneifel, ainsi que dans une partie de lavallée de la Moselle.
Le luxembourgeois, au sens large du terme, a ci-dessus leno 4.
Dans les zones françaises limitrophes du Grand-Duché, il a été affaibli par opposition aupangermanisme qui a eu pour conséquence les deux annexions de l'Alsace-Lorraine et les deux guerres mondiales. Il a été en revanche utilisé au Reichstag avec lesarrois (francique mosellan) et l'alsacien lors de la première annexion par les députés protestataires pour exprimer leur opposition à l'annexion et leur attachement au souvenir français. Les autres députés de l'Empire ne pouvaient alors pas les comprendre. De même il a été au Luxembourg un ciment national, un moyen d'identification et de résistance (ainsi, la population a refusé de considérer l'allemand comme sa langue, malgré la pression nazie, lors d'un recensement de l'Occupant en1941). Il suffit de penser à la devise nationale, gravée p. ex. au fronton de l'Hôtel de Ville d'Esch-sur-Alzette (Esch-Uelzechten luxembourgeois) :Mir welle bleiwen wat mer sinn (= « Nous voulons rester ce que nous sommes » ; notons qu'en luxembourgeois codifié depuis, on écriraitMir wëlle bleiwe wat mir sinn). Cette même phrase se retrouve notamment sur une façade du centre historique deLuxembourg-Ville, rue de la Loge, mais avec une graphie légèrement différente : « Mir wölle bleiwe wat mir sin » (en fait, leö n'existe pas en luxembourgeois, sauf exception rarissime ; on utilise leë).
Il fut un temps où les Luxembourgeois appelaient cette langue « notre allemand » (onst Däitsch), « l'allemand luxembourgeois » ou « l'allemand du Luxembourg »[11], ainsi que « dialecte allemand luxembourgeois » auXIXe siècle[12].
En, par décret, le luxembourgeois est devenu, avec le français et l'allemand, la troisième langue administrative du Grand-Duché. Le, a été promulguée (en français) la loi suivante :
La langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois ;
Les langues administratives sont, au choix, le luxembourgeois, l'allemand ou le français ;
Dans l'administration, il doit être, dans la mesure du possible, répondu par le fonctionnaire au demandeur dans la langue que ce dernier a utilisée : français, allemand ou luxembourgeois.
Le luxembourgeois est de ce fait une langue nationale et reconnue, quoiqu'on puisse discuter[C'est-à-dire ?] le fait que la loi parle de « langue » (ce sont les linguistes qui déterminent si l'on est en présence d'une langue, d'un dialecte ou d'un patois). Cela dit, les Luxembourgeois entre eux ne parlent que le luxembourgeois, et cela à tous les niveaux et dans toutes les situations, ce qui revient pour eux à parler ce qui est, de fait, « leur langue ». Des efforts sont par ailleurs faits, partout dans le pays, pour la codifier et l'unifier davantage. La presse nationale, par exemple les quotidiensLuxemburger Wort,Tageblatt,Lëtzebuerger Journal, sont rédigés majoritairement en allemand et partiellement en français, sans que l'article soit traduit dans l'autre langue. On y trouve aussi quelques lignes rédigées en luxembourgeois : le courrier des lecteurs, les annonces personnelles ayant trait à la vie privée (nécrologies, faire-part divers…). Pour les francophones (non autochtones), il existe aussi des quotidiens et hebdomadaires monolingues en français (Le Quotidien,L'Essentiel,Le Jeudi).
Cela dit, le luxembourgeois n'est pas une langue officielle de l'Union européenne. Le Luxembourg ayant choisi le français comme langue officielle vis-à-vis de l'Union.
Entre 2000 et 2002, le linguiste luxembourgeoisJérôme Lulling a développé une banque de données de 125 000 formes de mots luxembourgeois pour le premier correcteur orthographique informatique appliqué à la langue luxembourgeoise (projet C.ORT.IN.A)[13]. Le développement d'un tel instrument a constitué une étape importante dans l'informatisation de la langue luxembourgeoise, en même temps que le lancement en 2004 de laWikipédia en luxembourgeois, qui compte en 2025 plus de 64 000 articles.
Les gouvernements successifs ont poursuivi depuis les années 1990 une politique de promotion de la langue luxembourgeoise, notamment par la création en 1998 duConseil permanent de la langue luxembourgeoise (CPLL), organe consultatif, et duCentre pour le luxembourgeois (ZLS), institution visant à la standardisation du luxembourgeois écrit et à l'étude de l'histoire et de la dialectologie de la langue, en 2018[14],[15],[16]. Ce dernier est également chargé de la création d'outils facilitant l'enseignement et la promotion du luxembourgeois, notamment le dictionnaire en ligneLOD, créé en 2007 et modernisé en 2022, laplateforme d'apprentissage en ligne LLO.lu en 2022, et l'outil desynthèse vocale et dereconnaissance automatique de la parole Sproochmaschinn.lu en 2025[17],[18],[19].
la règle générale consiste à modifier les mots allemands pour retranscrire à l'écrit la prononciation des voyelles allemandes selon une déformation mécanique (par exemplebringen devientbréngen,Freiheit devientFräiheet). Cette déformation est standardisée, elle connait peu d'exception et elle est définie par le dictionnaire luxembourgeois LWB pour la plupart des mots allemands. On ne modifiera pas les noms issus de l'anglais (par exemple :President, à la majuscule près) ;
certains mots allemands seront traduits, le plus souvent par souci de simplification ou de raccourci mais aussi par préférence personnelle, par un mot français déformé ou non par la prononciation luxembourgeoise (Entschlossenheit se traduit en détermination qui donneDeterminatioun). Cette déformation est peu standardisée et elle est définie par le dictionnaire luxembourgeois LWB[23] ;
les mots les plus basiques (par exemple les pronoms personnels, les verbes auxiliaires et de mode), les mots les plus courants et les préfixes seront remplacés par leur équivalent ou traduction en luxembourgeois dialectal tel que définis par le dictionnaire luxembourgeois LWB et par la grammaire officielle[24] du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. (Par exemplebin devientsinn,Bilder devientBiller). Il s'agit d'une traduction avec la recherche de la plus grande similitude et d'une étymologie commune, le mot traduit allemand ressemblera assez fortement au mot luxembourgeois dialectal.
En résumé, il s'agit de déterminer mot à mot, en référence au dictionnaire luxembourgeois LWB :
si l'on conserve le mot allemand (il sera alors écrit différemment) ;
si on lui substitue un mot français ;
s'il s'agit d'un mot parmi les plus basiques ou un préfixe, il sera alors repris du luxembourgeois dialectal.
Par exemple, le texte en luxembourgeois standard suivant :
Ech sinn déif besuergt iwwer d‘Biller déi eis vu Washington erreechen. Et ass eng Attaque op Demokratie an op Pressefräiheet. Ech gleewen un d‘Fundamenter vun eise gemeinsame Wäerter an un d’Determinatioun vum President-elect @JoeBiden d’Land a seng Leit nees zesummen ze bréngen.
est issu directement du texte allemand suivant par application de cette méthode, en respect du dictionnaire luxembourgeois LWB.
Ich bin tief besorgt über die Bilder, die Washington uns erreichen. Es ist ein Angriff auf die Demokratie und die Pressefreiheit. Ich glaube an die Fundamenten von unserer gemeinsamen Werte und an die Entschlossenheit des gewählten Präsidenten @Joe Biden Land und Leute wieder zusammen zu bringen.
Le luxembourgeois standard est une langue vivante. Par exemple, le mot Loyersubventioun ne figure pas encore dans les dictionnaires officiels mais est déjà employé par la communication officielle de l'État. Ce nouveau mot présente l'avantage d'être compréhensible par les francophones tout en s'inscrivant dans la langue luxembourgeoise standard. Le mot composé Loyer-Subventioun qui s'inscrit aussi dans la langue luxembourgeoise standard peut s'y substituer selon les préférences du locuteur. De même, on notera l'expression « D'Gestes barrières ». On a pu voir aussiGaston Thorn, alors Premier-Ministre, dans une interview en luxembourgeois, insérer le mot qui exprimait sa pensée au mieux :« d'fil-à-couper-le-beurre ».
Langue anciennementvernaculaire dans le Nord de laMeurthe-et-Moselle et dans le Nord-Ouest de laMoselle, le luxembourgeois traditionnel deLorraine (on l'appelle aussi francique thiois) est différent du luxembourgeois standard sur plusieurs points qui sont développés dans l'article détaillé ci-dessus.
En 1976, sous l’impulsion de l'instituteur Gaston Mathey, est fondée l’ALAS : « Arelerland a Sprooch »[25], ayant pour but la promotion de la langue et de la culture luxembourgeoise du pays d'Arlon.
Le luxembourgeois standardisé fait progressivement son retour dans l'enseignement et les formations grâce au développement économique du Grand-Duché et l'importance grandissante de cette langue dans le monde du travail[26].
Même si chaque région du Grand-Duché possède son dialecte, de même que la Belgique possède des formes locales du luxembourgeois dans les pays d'Arlon et deSaint-Vith ; il est possible de donner un aperçu des caractéristiquesstandard de la langue. Le Luxembourg compte (ou comptait) cinq régions dialectales[27]: le nord (Ösling / Éislek), l'est (Région de la Sûre (Sauer) et de la Moselle), le centre autour de Luxembourg-ville, le sud et l'ouest autour de Redange-sur-Attert (Redingen-Attert / Réiden-Attert). Dans la vidéo ci-jointe, le locuteur s'exprime en luxembourgeois standard avec l'accent du centre autour de Luxembourg-ville. Cette façon de s'exprimer tend à se généraliser[28], plus particulièrement chez les plus jeunes et les locuteurs dont la langue maternelle n'est pas le luxembourgeois, mais aussi dans le cadre d'un langage plus soutenu, plus formel et moins familier. Cette façon de s'exprimer est celle de l'enseignement de la langue luxembourgeoise et du corps enseignant, le plus souvent.
Antoine Meyer (1801-1857), originaire de Luxembourg-ville, a tenté de donner une grammaire et une orthographe au luxembourgeois[30]. Son ouvrage de 1829 intituléE' Schrek ob de lezeburger Parnassus (Un pas sur le Parnasse luxembourgeois), inclut des remarques sur la grammaire et les méthodes qu'il a suivies dans la fixation de l'orthographe[31].
Par la suite, M. Gloden fit paraitre en 1845 dans l'ouvrage de Meyer intituléLuxemburgische Gedichte und Fabeln, une introduction grammaticale et l'explication des mots plus ou moins propres au dialecte[32].
L'orthographe de cette langue, qui fut longtemps flottante, a été fixée officiellement en 1976[33]. Celle-ci fut à nouveau remaniée via le Règlement grand-ducal du.
Alors que lagermanistique et la linguistique allemande privilégient la filiationproto-germanique de la langue allemande, la langue luxembourgeoise s'inscrit plus volontiers dans la continuité des prestigieuses abbayes d'Echternach et deTrèves et de leur aire linguistique commune, celle du vieux francique moyen (Altmittelfränkisch) rattaché auvieux haut allemand (Althochdeutsch). Ces deux abbayes étaient des centres importants de diffusion linguistique par leurs rôles religieux, administratifs et culturels.
Laseconde mutation consonantique s'affirme pleinement pour la langue allemande et elle est partielle pour la langue luxembourgeoise, ce qui contribue à les différencier. Par exemple, on ditop en langue luxembourgeoise etauf en langue allemande. En effet, cette seconde mutation consonantique a une origine géographique plus au sud, approximativement vers la limite sud de l'aire germanique actuelle.
On rencontre aujourd'hui des textes en luxembourgeois standard qui suivent à la lettre les règles officielles avec cependant un taux d'import de mots français plus important que jadis, par exemple :
« D'Europadeputéiert vun der DP, d'Monica Semedo, gëtt vum Europaparlament wéinst Harcèlement psychologique par rapport zu hiren dräi Assistente bestrooft. Si haten eng Plainte agereecht an et gouf eng intern Enquête gemaach. Gëschter huet de Parlamentspresident David Sassoli annoncéiert, déi Lëtzebuerger Deputéiert géif fir 15 Deeg suspendéiert ginn[34]. »
La construction des mots est basée le plus souvent sur une modification systématique des tonalités dans ceux-ci par rapport aux langues française et allemande. Ceci est dû à l'accent du pays. Par exemple, le suffixe-heit (die Schönheit, la beauté) de l'allemand est automatiquement remplacé par-heet (d'Schéinheet) en luxembourgeois. Il en est exactement de même avec certaines terminaisons françaises comme-ion (Direction), qui devient-ioun (Directioun).
En règle générale, le genre grammatical est le même qu'en allemand, mais de nombreux contre-exemples existent. Exemples de divergences :l'all.die Brille (les lunettes) devient en lux.de Brëll (donc, fém.→ masc.) ; idem pourdie Ecke (le coin) qui devientden Eck (fém. → masc.). Le mot all.das Bier (la bière), qui est neutre, devient masculin en lux. :de Béier.
Les articles luxembourgeois sont analogues aux allemandsder,die,das,ein,eine, etc.
Type
Masculin
Féminin
Neutre
Défini
de(n)
d'
d'
Indéfini
e(n)
eng
e(n)
Au masculin, l'article défini masculinden et l'article indéfini (masculin et neutre)en perdent leur-n final si le mot qui suit commence par uneconsonne différente deh,n,d,t etz. Si le mot commence soit par unevoyelle, soit par une de ces cinq consonnes, le-n est conservé. Il en est de même avec les formes verbales.
Exemples : den Alphabet (l'alphabet), en Elefant (un éléphant), den Hammel (le mouton), en Duerf (un village) / e Lamm (un agneau), de Bierg (la montagne), e Paërd (un cheval)…
Les formes verbales luxembourgeoises sont très similaires aux formes allemandes. Le verbe reste inchangé par rapport à l'infinitif dans de nombreux cas.
↑Cette zone linguistique, dont les limites varient selon divers points de vue, correspondgrosso modo à celle qui est appelée en allemandnördliches Moselfränkisch d'après leRheinischer Fächer deGeorg Wenker publié en 1877.
↑L'arrêté ministériel du 10 octobre 1975 est abrogé par le règlement grand-ducal du 30 juillet 1999, qui porte également réforme du système officiel d'orthographe luxembourgeoise.
↑Théodore de la Fontaine, « Essai étymologique sur les noms de lieux du Luxembourg germanique : troisième division, Luxembourg français »,Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, Luxembourg, V. Buck,vol. XVIII,
↑Philippe Vandermaelen,Dictionnaire géographique du Luxembourg, 1838.
↑Dictionnaire des hommes de lettres, des savans et des artistes de la Belgique ; présentant l'énumération de leurs principaux ouvrages, Bruxelles, 1837
↑Félix Thyes,Essai sur la poésie luxembourgeoise, 1854 (lire en ligne).
↑Malcolm Offord,A reader in French sociolinguistics, 1996.