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Luxembourgeois

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Cet article concerne la langue. Pour le peuple, voirLuxembourgeois (peuple).

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« Francique luxembourgeois » redirige ici. Pour les autres significations, voirFrancique.

Luxembourgeois
Lëtzebuergesch
PaysAllemagne,Belgique,France,Luxembourg
Régionpays d'Arlon,pays de Saint-Vith,pays des Trois Frontières, pays deBitburg, pays dePrüm
Nombre de locuteursenviron 400 000
Nom des locuteursluxembourgophones
TypologieSOV +V2,flexionnelle,accusative,accentuelle,à accent d'intensité
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielleDrapeau du LuxembourgLuxembourg (langue nationale et administrative)
Codes de langue
IETFlb
ISO 639-1lb
ISO 639-2ltz
ISO 639-3ltz
ÉtendueLangue individuelle
TypeLangue vivante
Linguasphere52-ACB-db
WALSlux
Glottologluxe1241 – francique mosellan
luxe1243 – luxembourgeois
Échantillon
Article premier de laDéclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français) :

Artikel 1

All Mënsch kënnt fräi a mat deer selwechter Dignitéit an deene selwechte Rechter op d'Welt. Jiddereen huet säi Verstand a säi Gewësse krut a soll an engem Geescht vu Bridderlechkeet deenen anere géintiwwer handelen.
Carte
Image illustrative de l’article Luxembourgeois
Aire géographique du luxembourgeois.
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Leluxembourgeois (autonyme :Lëtzebuergesch) est unelangue indo-européenne de la famille deslangues germaniques parlée essentiellement auLuxembourg, ainsi que dans quelques communes limitrophes enBelgique[1], enFrance[2], sous la forme duluxembourgeois de Lorraine, et enAllemagne. Plus précisément, il est undialecte dufrancique mosellan[3].

Leslangues administratives du pays sont le luxembourgeois, lefrançais et l'allemand (première langue d'alphabétisation)[4]. Comme décrit dans la loi, le Luxembourg n'a pas delangue officielle.

Primitivement, l'appellatif « luxembourgeois » ne concerne que lesvariétés dumoyen allemand occidental qui sont parlées au Luxembourg. L'orthographe du luxembourgeois est officiellement standardisée en 1976. En 1984, la langue obtient le statut de seulelangue nationale du Luxembourg. Elle n'est cependant pas une deslangues officielles de l'Union européenne. La singularité de la langue luxembourgeoise est clairement identifiable à la fois morphologiquement, symboliquement et sociologiquement[5].

La langue luxembourgeoise ne doit pas être confondue avec undialecte de l'Eifel (de), comme celui deBitburg, même s'ils appartiennent tous deux à l'aire linguistique dufrancique mosellan. Les apports romans et français y sont moins fréquents, une différence d'accent et l'influence de l'allemand standard s'entendent le plus souvent. Le dialecte de l'Eifel ne bénéficie pas d'une grammaire rigoureuse ni de véritables dictionnaires, contrairement à la langue luxembourgeoise. Depuis la seconde moitié duXXe siècle, le terme « Luxembourgeois » désigne par extension unezone linguistique[n 1] qui est délimitée par lefrancique ripuaire (isoglosse dorp/dorf), lefrancique mosellan (isoglosse op/of) et deuxlangues d'oïl (lewallon et lelorrain).

Classification et extension

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Comme pour toute langue récemment normalisée, il faut faire la distinction entre luxembourgeois « standard » ou « normé » et luxembourgeois « local » ou « régional ». Le luxembourgeois standard, également appelékoinè pour ce qui est des aspects phoniques, existe officiellement au Luxembourg depuis 1976, à la suite d'un arrêté ministériel du portant réforme du système officiel d'orthographe luxembourgeoise[n 2].

Depuis la seconde moitié duXXe siècle, le terme « luxembourgeois » est ambigu, car les limites de sazone linguistique varient selon les interprétations, il y a néanmoins trois interprétations principales :

  • au sens premier, le luxembourgeois ne concerne que le Luxembourg, étant donc délimité par lesfrontières du pays ;
  • au sens un peu plus large, il concerne également le nord-ouest de laMoselle en France (on parle d'ailleurs de francique luxembourgeois aujourd'hui et auparavant de francique thiois, du « pays de Thionville » donc, cela pour le distinguer des autres variantes du francique de Moselle, que sont le francique mosellan et le francique rhénan), les pays d'Arlon et deSaint-Vith en Belgique, ainsi qu'une zone limitrophe en Allemagne dont les limites nord et est sont floues, avec les mêmes variantes qu'en Moselle ;
  • au sens le plus large, il correspond au territoire appelénördliches Moselfränkisch d'après leRheinischer Fächer deGeorg Wenker publié en 1877. Ce territoire est délimité par l'isoglosse dorp/dorf à l'ouest et par l'isoglosse op/of à l'est.

Le francique luxembourgeois[6],[7] ou luxembourgeois (Lëtzebuergesch en luxembourgeois,Luxemburgisch enallemand) est une langue du groupegermanique occidental au même titre que l'allemand et lenéerlandais. C'est une des nombreuses variantes régionales ou locales dumoyen-francique. Certaines classifications le rattachent aufrancique mosellan (Moselfränkisch en allemand). Avec lefrancique ripuaire et lefrancique rhénan, lefrancique mosellan constitue l'aile occidentale du groupe desdialectes moyen-allemands. Bien que très similaire, cette langue n'est pas considérée par certains scientifiques comme de l'allemand standard, et a ses particularités propres, tant au niveau du vocabulaire que de lasyntaxe. De plus, elle a largement subi l'effet d'unsuperstrat roman : environ 5 000 mots d'origine française ont été intégrés au luxembourgeois.

La limite orientale du domaine dialectal luxembourgeois est l'isoglosseop/of (mutation consonantique en finale qui sépare le francique luxembourgeois dufrancique mosellan), autrement appeléeBad Hönninger Linie ou encoreVinxtbach-Linie[8]. Au sud et à l'ouest, le luxembourgeois est voisin deparlers romans (lorrain etwallon).

On estime que près de 400 000 personnes dans le monde parlent cette langue[9]. Son aire de pratique s'étend, outre sur l'ensemble du Grand-Duché de Luxembourg, sur les communesbelges limitrophes depuisTintange jusqu'àAthus (formant lePays d'Arlon), avec la ville largement francisée d'Arlon (où la variante locale est appelée arlonais ouareler), ainsi que sur le territoire deBeho.
Le luxembourgeois est aussi parlé en France, dans l'arrondissement de Thionville et enAllemagne, dans les arrondissements deBitburg et deVulkaneifel, ainsi que dans une partie de lavallée de la Moselle.

Le luxembourgeois, au sens large du terme, a ci-dessus leno 4.

À la suite d'une forte émigration auXIXe siècle et au début duXXe siècle[10], « eis Sprooch », « notre langue », est également parlée enAmérique du Nord, notamment au nord desÉtats-Unis[10] (Wisconsin,Illinois...) et dans quelques endroits duCanada.

Dans les zones françaises limitrophes du Grand-Duché, il a été affaibli par opposition aupangermanisme qui a eu pour conséquence les deux annexions de l'Alsace-Lorraine et les deux guerres mondiales. Il a été en revanche utilisé au Reichstag avec lesarrois (francique mosellan) et l'alsacien lors de la première annexion par les députés protestataires pour exprimer leur opposition à l'annexion et leur attachement au souvenir français. Les autres députés de l'Empire ne pouvaient alors pas les comprendre. De même il a été au Luxembourg un ciment national, un moyen d'identification et de résistance (ainsi, la population a refusé de considérer l'allemand comme sa langue, malgré la pression nazie, lors d'un recensement de l'Occupant en1941). Il suffit de penser à la devise nationale, gravée p. ex. au fronton de l'Hôtel de Ville d'Esch-sur-Alzette (Esch-Uelzechten luxembourgeois) :Mir welle bleiwen wat mer sinn (= « Nous voulons rester ce que nous sommes » ; notons qu'en luxembourgeois codifié depuis, on écriraitMir wëlle bleiwe wat mir sinn). Cette même phrase se retrouve notamment sur une façade du centre historique deLuxembourg-Ville, rue de la Loge, mais avec une graphie légèrement différente : « Mir wölle bleiwe wat mir sin » (en fait, leö n'existe pas en luxembourgeois, sauf exception rarissime ; on utilise leë).

Il fut un temps où les Luxembourgeois appelaient cette langue « notre allemand » (onst Däitsch), « l'allemand luxembourgeois » ou « l'allemand du Luxembourg »[11], ainsi que « dialecte allemand luxembourgeois » auXIXe siècle[12].

Langue nationale du Grand-Duché

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Articles détaillés :Multilinguisme au Luxembourg etLangues au Luxembourg.
Façade dite "Tiirmchen",4, rue de la Loge,Luxembourg :Mir wölle bleiwe wat mir sinn (« Nous voulons rester ce que nous sommes »).

En, par décret, le luxembourgeois est devenu, avec le français et l'allemand, la troisième langue administrative du Grand-Duché. Le, a été promulguée (en français) la loi suivante :

  1. La langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois ;
  2. Les textes légaux sont rédigés enfrançais ;
  3. Les langues administratives sont, au choix, le luxembourgeois, l'allemand ou le français ;
  4. Dans l'administration, il doit être, dans la mesure du possible, répondu par le fonctionnaire au demandeur dans la langue que ce dernier a utilisée : français, allemand ou luxembourgeois.

Le luxembourgeois est de ce fait une langue nationale et reconnue, quoiqu'on puisse discuter[C'est-à-dire ?] le fait que la loi parle de « langue » (ce sont les linguistes qui déterminent si l'on est en présence d'une langue, d'un dialecte ou d'un patois). Cela dit, les Luxembourgeois entre eux ne parlent que le luxembourgeois, et cela à tous les niveaux et dans toutes les situations, ce qui revient pour eux à parler ce qui est, de fait, « leur langue ». Des efforts sont par ailleurs faits, partout dans le pays, pour la codifier et l'unifier davantage. La presse nationale, par exemple les quotidiensLuxemburger Wort,Tageblatt,Lëtzebuerger Journal, sont rédigés majoritairement en allemand et partiellement en français, sans que l'article soit traduit dans l'autre langue. On y trouve aussi quelques lignes rédigées en luxembourgeois : le courrier des lecteurs, les annonces personnelles ayant trait à la vie privée (nécrologies, faire-part divers…). Pour les francophones (non autochtones), il existe aussi des quotidiens et hebdomadaires monolingues en français (Le Quotidien,L'Essentiel,Le Jeudi).

Au sein de laCommunauté française de Belgique, le luxembourgeois bénéficie dudécret sur la protection des langues régionales endogènes.

Cela dit, le luxembourgeois n'est pas une langue officielle de l'Union européenne. Le Luxembourg ayant choisi le français comme langue officielle vis-à-vis de l'Union.

Entre 2000 et 2002, le linguiste luxembourgeoisJérôme Lulling a développé une banque de données de 125 000 formes de mots luxembourgeois pour le premier correcteur orthographique informatique appliqué à la langue luxembourgeoise (projet C.ORT.IN.A)[13]. Le développement d'un tel instrument a constitué une étape importante dans l'informatisation de la langue luxembourgeoise, en même temps que le lancement en 2004 de laWikipédia en luxembourgeois, qui compte en 2025 plus de 64 000 articles.

Les gouvernements successifs ont poursuivi depuis les années 1990 une politique de promotion de la langue luxembourgeoise, notamment par la création en 1998 duConseil permanent de la langue luxembourgeoise (CPLL), organe consultatif, et duCentre pour le luxembourgeois (ZLS), institution visant à la standardisation du luxembourgeois écrit et à l'étude de l'histoire et de la dialectologie de la langue, en 2018[14],[15],[16]. Ce dernier est également chargé de la création d'outils facilitant l'enseignement et la promotion du luxembourgeois, notamment le dictionnaire en ligneLOD, créé en 2007 et modernisé en 2022, laplateforme d'apprentissage en ligne LLO.lu en 2022, et l'outil desynthèse vocale et dereconnaissance automatique de la parole Sproochmaschinn.lu en 2025[17],[18],[19].

Alors que l'allemand standard est à la fois unelangue par élaboration et uneLangue-toit, le luxembourgeois standard est une langue par élaboration[20]. En effet, les variations dialectales régionales, en se centrant sur leLuxembourg, permettent un niveau relatif d'intercompréhension qui ne nécessite pas le recours à une langue-toit, à l'exception toutefois des zones excentrées au delà deTrèves ou au sud deMerzig, par exemple. Alors que l'élaboration de la langue allemande date duXIXe siècle, celle du luxembourgeois standard date, principalement, de la deuxième moitié duXXe siècle. LeXXIe siècle connait une transition du couple dialecte luxembourgeois à l'oral avec l'allemand standard à l'écrit vers le couple luxembourgeois standard à l'oral et à l'écrit, à la fois. L'élaboration du luxembourgeois standard s'est appuyée sur la rigueur et la méthodologie de celle de l'allemand standard, on parle alors de germanisation de la langue luxembourgeoise[21]. Cette germanisation a su maintenir les différences notables entre l'allemand standard et le luxembourgeois standard. Pour appréhender, à l'écrit, à la fois les différences et les ressemblances, il est possible, par exemple, de partir d'une phrase écrite en allemand standard soutenu, non pas d'une phrase dialectale pour arriver à son adaptation écrite en luxembourgeois standard. Cette phrase conservera l'ordre exact de ces mots, le plus souvent. Les mots allemands seront modifiés un à un selon les règles suivantes et finalement on appliquera les règles d'accord grammaticaux du luxembourgeois standard, telle que définis par leministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse[22]. Les mots allemands seront modifiés de la façon suivante :

  • la règle générale consiste à modifier les mots allemands pour retranscrire à l'écrit la prononciation des voyelles allemandes selon une déformation mécanique (par exemplebringen devientbréngen,Freiheit devientFräiheet). Cette déformation est standardisée, elle connait peu d'exception et elle est définie par le dictionnaire luxembourgeois LWB pour la plupart des mots allemands. On ne modifiera pas les noms issus de l'anglais (par exemple :President, à la majuscule près) ;
  • certains mots allemands seront traduits, le plus souvent par souci de simplification ou de raccourci mais aussi par préférence personnelle, par un mot français déformé ou non par la prononciation luxembourgeoise (Entschlossenheit se traduit en détermination qui donneDeterminatioun). Cette déformation est peu standardisée et elle est définie par le dictionnaire luxembourgeois LWB[23] ;
  • les mots les plus basiques (par exemple les pronoms personnels, les verbes auxiliaires et de mode), les mots les plus courants et les préfixes seront remplacés par leur équivalent ou traduction en luxembourgeois dialectal tel que définis par le dictionnaire luxembourgeois LWB et par la grammaire officielle[24] du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. (Par exemplebin devientsinn,Bilder devientBiller). Il s'agit d'une traduction avec la recherche de la plus grande similitude et d'une étymologie commune, le mot traduit allemand ressemblera assez fortement au mot luxembourgeois dialectal.

En résumé, il s'agit de déterminer mot à mot, en référence au dictionnaire luxembourgeois LWB :

  • si l'on conserve le mot allemand (il sera alors écrit différemment) ;
  • si on lui substitue un mot français  ;
  • s'il s'agit d'un mot parmi les plus basiques ou un préfixe, il sera alors repris du luxembourgeois dialectal.

Par exemple, le texte en luxembourgeois standard suivant :

Ech sinn déif besuergt iwwer d‘Biller déi eis vu Washington erreechen. Et ass eng Attaque op Demokratie an op Pressefräiheet. Ech gleewen un d‘Fundamenter vun eise gemeinsame Wäerter an un d’Determinatioun vum President-elect @JoeBiden d’Land a seng Leit nees zesummen ze bréngen.

est issu directement du texte allemand suivant par application de cette méthode, en respect du dictionnaire luxembourgeois LWB.

Ich bin tief besorgt über die Bilder, die Washington uns erreichen. Es ist ein Angriff auf die Demokratie und die Pressefreiheit. Ich glaube an die Fundamenten von unserer gemeinsamen Werte und an die Entschlossenheit des gewählten Präsidenten @Joe Biden Land und Leute wieder zusammen zu bringen.

Le luxembourgeois standard est une langue vivante. Par exemple, le mot Loyersubventioun ne figure pas encore dans les dictionnaires officiels mais est déjà employé par la communication officielle de l'État. Ce nouveau mot présente l'avantage d'être compréhensible par les francophones tout en s'inscrivant dans la langue luxembourgeoise standard. Le mot composé Loyer-Subventioun qui s'inscrit aussi dans la langue luxembourgeoise standard peut s'y substituer selon les préférences du locuteur. De même, on notera l'expression « D'Gestes barrières ». On a pu voir aussiGaston Thorn, alors Premier-Ministre, dans une interview en luxembourgeois, insérer le mot qui exprimait sa pensée au mieux :« d'fil-à-couper-le-beurre ».

Le luxembourgeois en France

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Article détaillé :Francique luxembourgeois de Lorraine.
Panneau d'entrée bilingue deRoussy-le-Bourg (Moselle, France).

Langue anciennementvernaculaire dans le Nord de laMeurthe-et-Moselle et dans le Nord-Ouest de laMoselle, le luxembourgeois traditionnel deLorraine (on l'appelle aussi francique thiois) est différent du luxembourgeois standard sur plusieurs points qui sont développés dans l'article détaillé ci-dessus.

Le luxembourgeois en Belgique

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Plaque bilingue français / luxembourgeois àMartelange (Belgique).

LeGrand-Duché de Luxembourg prend son indépendance en 1839. La Belgique conserve néanmoins lapartie romane ainsi que, pour des raisons stratégiques, lepays d'Arlon dont la langue locale est leluxembourgeois arlonais.

Lepays de Saint-Vith, situé au nord du Grand-Duché, représente la partie de lacommunauté germanophone de Belgique dans laquelle le luxembourgeois est la langue vernaculaire.

En 1976, sous l’impulsion de l'instituteur Gaston Mathey, est fondée l’ALAS : « Arelerland a Sprooch »[25], ayant pour but la promotion de la langue et de la culture luxembourgeoise du pays d'Arlon.

Le luxembourgeois standardisé fait progressivement son retour dans l'enseignement et les formations grâce au développement économique du Grand-Duché et l'importance grandissante de cette langue dans le monde du travail[26].

Langues exclusivement connues :

Construction du luxembourgeois

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Un locuteur en luxembourgeois.

Même si chaque région du Grand-Duché possède son dialecte, de même que la Belgique possède des formes locales du luxembourgeois dans les pays d'Arlon et deSaint-Vith ; il est possible de donner un aperçu des caractéristiquesstandard de la langue. Le Luxembourg compte (ou comptait) cinq régions dialectales[27]: le nord (Ösling / Éislek), l'est (Région de la Sûre (Sauer) et de la Moselle), le centre autour de Luxembourg-ville, le sud et l'ouest autour de Redange-sur-Attert (Redingen-Attert / Réiden-Attert). Dans la vidéo ci-jointe, le locuteur s'exprime en luxembourgeois standard avec l'accent du centre autour de Luxembourg-ville. Cette façon de s'exprimer tend à se généraliser[28], plus particulièrement chez les plus jeunes et les locuteurs dont la langue maternelle n'est pas le luxembourgeois, mais aussi dans le cadre d'un langage plus soutenu, plus formel et moins familier. Cette façon de s'exprimer est celle de l'enseignement de la langue luxembourgeoise et du corps enseignant, le plus souvent.

Historique

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Le plus ancien des textes rédigés en luxembourgeois étant connu à ce jour (1999), est celui deYolande de Vianden ouCodex Mariendalensis (XIIIe siècle)[29].

Antoine Meyer (1801-1857), originaire de Luxembourg-ville, a tenté de donner une grammaire et une orthographe au luxembourgeois[30]. Son ouvrage de 1829 intituléE' Schrek ob de lezeburger Parnassus (Un pas sur le Parnasse luxembourgeois), inclut des remarques sur la grammaire et les méthodes qu'il a suivies dans la fixation de l'orthographe[31].

Par la suite, M. Gloden fit paraitre en 1845 dans l'ouvrage de Meyer intituléLuxemburgische Gedichte und Fabeln, une introduction grammaticale et l'explication des mots plus ou moins propres au dialecte[32].

L'orthographe de cette langue, qui fut longtemps flottante, a été fixée officiellement en 1976[33]. Celle-ci fut à nouveau remaniée via le Règlement grand-ducal du.

Alors que lagermanistique et la linguistique allemande privilégient la filiationproto-germanique de la langue allemande, la langue luxembourgeoise s'inscrit plus volontiers dans la continuité des prestigieuses abbayes d'Echternach et deTrèves et de leur aire linguistique commune, celle du vieux francique moyen (Altmittelfränkisch) rattaché auvieux haut allemand (Althochdeutsch). Ces deux abbayes étaient des centres importants de diffusion linguistique par leurs rôles religieux, administratifs et culturels.

Si l'on peut caractériser et distinguer les languesnéerlandaise etallemande à partir duXVe siècle, c'est à partir duXIXe siècle que la langue luxembourgeoise s'affirmera comme une langue distincte de la langue allemande : on passe alors d'une variété dialectale de l'allemand à une langue.

Laseconde mutation consonantique s'affirme pleinement pour la langue allemande et elle est partielle pour la langue luxembourgeoise, ce qui contribue à les différencier. Par exemple, on ditop en langue luxembourgeoise etauf en langue allemande. En effet, cette seconde mutation consonantique a une origine géographique plus au sud, approximativement vers la limite sud de l'aire germanique actuelle.

On rencontre aujourd'hui des textes en luxembourgeois standard qui suivent à la lettre les règles officielles avec cependant un taux d'import de mots français plus important que jadis, par exemple :

« D'Europadeputéiert vun der DP, d'Monica Semedo, gëtt vum Europaparlament wéinst Harcèlement psychologique par rapport zu hiren dräi Assistente bestrooft. Si haten eng Plainte agereecht an et gouf eng intern Enquête gemaach. Gëschter huet de Parlamentspresident David Sassoli annoncéiert, déi Lëtzebuerger Deputéiert géif fir 15 Deeg suspendéiert ginn[34]. »

Construction des mots

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La construction des mots est basée le plus souvent sur une modification systématique des tonalités dans ceux-ci par rapport aux langues française et allemande. Ceci est dû à l'accent du pays. Par exemple, le suffixe-heit (die Schönheit, la beauté) de l'allemand est automatiquement remplacé par-heet (d'Schéinheet) en luxembourgeois. Il en est exactement de même avec certaines terminaisons françaises comme-ion (Direction), qui devient-ioun (Directioun).

Articles et genres

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En règle générale, le genre grammatical est le même qu'en allemand, mais de nombreux contre-exemples existent. Exemples de divergences :l'all.die Brille (les lunettes) devient en lux.de Brëll (donc, fém.→ masc.) ; idem pourdie Ecke (le coin) qui devientden Eck (fém. → masc.). Le mot all.das Bier (la bière), qui est neutre, devient masculin en lux. :de Béier.

Les articles luxembourgeois sont analogues aux allemandsder,die,das,ein,eine, etc.

TypeMasculinFémininNeutre
Définide(n)d'd'
Indéfinie(n)enge(n)

Au masculin, l'article défini masculinden et l'article indéfini (masculin et neutre)en perdent leur-n final si le mot qui suit commence par uneconsonne différente deh,n,d,t etz. Si le mot commence soit par unevoyelle, soit par une de ces cinq consonnes, le-n est conservé. Il en est de même avec les formes verbales.

Exemples : den Alphabet (l'alphabet), en Elefant (un éléphant), den Hammel (le mouton), en Duerf (un village) / e Lamm (un agneau), de Bierg (la montagne), e Paërd (un cheval)…

Verbes

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Verbes réguliers

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Les formes verbales luxembourgeoises sont très similaires aux formes allemandes. Le verbe reste inchangé par rapport à l'infinitif dans de nombreux cas.

personneterminaison
ech (je)sans changement
du (tu)-s
hien, si, hatt (il, elle, +neutre)-t
mir (nous)sans changement
dir (vous)-t
si (ils, elles)sans changement

Deux verbes luxembourgeois conjugués :

wunnen (habiter)drénken (boire)
echwunnendrénken
duwunnsdrénks
hien, si, hattwunntdrénkt
mirwunnendrénken
dirwunntdrénkt
siwunnendrénken

Verbes irréguliers

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sinn (être)hunn (avoir)
echsinnhunn
dubasshues
hien, si, hattasshuet
mirsinnhunn
dirsiddhutt
sisinnhunn

Comme pour les articles, si le mot suivant le verbe commence par une consonne différente deh,n,d,z, out, len final disparaît.

Exemples

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FrançaisAllemandNéerlandaisLuxembourgeoisPrononciation standard
la terredie Erdede aarded'Äerdɛət
le cielder Himmelde hemelden Himmelˈhɪməl
l'eaudas Wasserhet waterd'Waasserˈvaːsɐ
le feudas Feuerhet vuurd'Feierˈfaiɐ
l'homme (au sens de masculin)der Mannde mande Mannmɑn
la femmedie Fraude vrouwd'Frafʁaː
mangeresseneteniessenˈiəsən
boiretrinkendrinkendrénkenˈdʁeŋkən
grandgroßgrootgroussgʁəus
petitkleinkleinklengklɛŋ
la nuitdie Nachtde nachtd'Nuechtnuəɕt
le jourder Tagde dagden Dagdaːx
  • Moien - Bonjour
  • Äddi - Au revoir
  • Wann ech g(e)lift - s'il te/vous plaît (on dit aussiglift de façon moins formelle)
  • Merci - Merci
  • Lëtzebuerg - Luxembourg
  • lëtzebuergesch - luxembourgeois
  • Trottoiren - trottoirs

Notes et références

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Notes

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  1. Cette zone linguistique, dont les limites varient selon divers points de vue, correspondgrosso modo à celle qui est appelée en allemandnördliches Moselfränkisch d'après leRheinischer Fächer deGeorg Wenker publié en 1877.
  2. L'arrêté ministériel du 10 octobre 1975 est abrogé par le règlement grand-ducal du 30 juillet 1999, qui porte également réforme du système officiel d'orthographe luxembourgeoise.

Références

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  1. « La langue luxembourgeoise en Belgique », surluxembourg.public.lu,.
  2. « La langue luxembourgeoise en France », surluxembourg.public.lu,.
  3. « Une intro au Lëtzebuergesch », surluxembourg.public.lu,(consulté le)
  4. (de)Luxemburger Lexikon - Das Großherzogtum von A-Z.
  5. Nicolas Lefrançois, « Gestion du plurilinguisme au Grand-Duché de Luxembourg (Thèse de docotorat) », surtel.archives-ouvertes.fr,(consulté le).
  6. Ernest Berthet,Langue dominante, langues dominées, Edilig, 1982,p. 84
  7. Henri Giordan et Gilles Verbunt,Par les langues de France, Centre Georges Pompidou, 1984
  8. (de) Józef Grabarek,Zur Geschichte der deutschen Sprache im 20. Jahrhundert, Peter Lang(ISBN 9783653030594),p. 13
  9. « Une enquête sur un marché linguistique multilingue en profonde mutation », uni.lu.
  10. a etb« La langue luxembourgeoise aux États-Unis », surluxembourg.public.lu,.
  11. Rosemarie Kieffer,Littératures luxembourgeoises ?, 1990.
  12. Théodore de la Fontaine, « Essai étymologique sur les noms de lieux du Luxembourg germanique : troisième division, Luxembourg français »,Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, Luxembourg, V. Buck,vol. XVIII,‎
  13. « Projet Cortina »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
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  17. Patrick Jacquemot, « Le grand succès du petit dictionnaire luxembourgeois », surlesfrontaliers.lu,
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  26. Philippe Descamps et Xavier Monthéard, « Comment s’invente une langue : Le laboratoire luxembourgeois »,Le Monde diplomatique,‎(lire en ligne)
  27. (de) Peter Gilles, « Sprache im Minette (en français : langue dans la région Minette) », surorbilu.uni.lu,(consulté le1er avril 2010).
  28. Fernand Fehlen,« Une enquête sur un marché linguistique multilingue en profonde mutation »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), surcefis.lu,(consulté le1er février 2019).
  29. (de)Andrea Rapp,Yolanda von Vianden: Der älteste luxemburgische Text, 1999
  30. Philippe Vandermaelen,Dictionnaire géographique du Luxembourg, 1838.
  31. Dictionnaire des hommes de lettres, des savans et des artistes de la Belgique ; présentant l'énumération de leurs principaux ouvrages, Bruxelles, 1837
  32. Félix Thyes,Essai sur la poésie luxembourgeoise, 1854 (lire en ligne).
  33. Malcolm Offord,A reader in French sociolinguistics, 1996.
  34. (lb) « EU-Parlament sanktionéiert Monica Semedo », sur100komma7.lu,

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Le Parler luxembourgeois en Lorraine, extraits de textes publiés dans la revuePasserelles, 1995 (lire en ligne)
  • Francis André-Cartigny,Petite Grammaire Luxembourgeoise, 1996 (lire en ligne)
  • Luxemburgischer Sprachatlas, 1963 (lire en ligne
Dictionnaires
  • J. F. Gangler,Lexicon der Luxemburger Umgangssprache mit hochdeutscher und französischer Uebersetzung und Erklärung, V. Hoffmann,(lire en ligne)
  • Wörterbuch der luxemburgischen Mundart, M. Huss,(lire en ligne)
  • Luxemburger Wörterbuch, 1950-1977 (lire en ligne)
  • Jérôme Lulling et François Schanen,Luxdico : Dictionnaire bilingue, lëtzebuergesch-franséisch, français-luxembourgeois, Schortgen (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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