Massif des Alpes et localisation des Préalpes de Digne
Le territoire se situe sur des formations calcaires provençales duJurassique supérieur et duCrétacé inférieur (roches sédimentaires issues d'un ancien océan alpin), entre trois formations géologiques majeures des Alpes[4] :
La commune est traversée par le Lauzon[15] et le Buès.
LaDurance[16] borde la commune à l'est. C'est une rivière dite« capricieuse » et autrefois redoutée pour sescrues (elle était appelée le3e fléau de la Provence[17]) aussi bien que pour sesétiages, la Durance est une rivière à la fois alpine et méditerranéenne à la morphologie bien particulière.
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Lecanton de Peyruis auquel appartient Lurs est en zone 2 (sismicité moyenne) selon la classification déterministe de 1991, basée sur lesséismes historiques[19], et en zone 4 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[20]. La commune de Lurs est également exposée à trois autres risques naturels[20] :
mouvement de terrain : plusieurs versants de la commune sont concernés par un aléa moyen à fort[21].
La commune de Lurs est de plus exposée à deux risques d'origine technologique :
risque de rupture de barrage : en cas de rupture dubarrage de Serre-Ponçon, toute la vallée de laDurance serait menacée par l'onde de submersion[22] ;
risque lié au transports de matières dangereuses, par rail, route et canalisations. Il s'agit du transport de matières premières à destination ou de produits finis en provenance des usines Arkema de Saint-Auban[23] :
l'autorouteA51 et lesdépartementaleRD 4096 (ancienneroute nationale 96) et RD12 peuvent être empruntées par les transports routiers de marchandises dangereuses[24] ;
La commune a été l'objet d'un arrêté de catastrophe naturelle en2003 pour effondrement de terrain[20]. En 1992, un poids lourd se renverse lors d'un accident de la circulation, sur l'autoroute A51 :9 000 litres de produits chimiques dangereux fuient dans la nature, une partie aboutissant dans laDurance[23]. Dans la liste qui suit, figurent les tremblements de terre fortement ressentis dans la commune. Ils dépassent une intensité macro-sismique ressentie de V sur l'échelle MSK (dormeurs réveillés, chutes d'objets). Les intensités indiquées sont celles ressenties dans la commune, l'intensité peut être plus forte à l'épicentre[28] :
le séisme du, d'une intensité ressentie à Lurs de VII et dont l'épicentre était situé àBussana Vecchia[29],
du, avec une intensité de VI et un épicentre situé à Lurs même[30].
Au, Lurs est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[31].Elle est située hors unité urbaine[32] et hors attraction des villes[33],[34].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (57,3 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (57,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (40,6 %), forêts (23,6 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (12,6 %), zones agricoles hétérogènes (11,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (6,5 %), cultures permanentes (5,1 %)[35].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
La localité apparaît pour la première fois dans les textes en964, sous la formecastri de Lurs. SelonCharles Rostaing, le nom est créé sur la racine oronymique (qui désigne une montagne) préceltique*Lor-, et qui serait probablement antérieure aux Gaulois[36],[37],[38] ; selonErnest Nègre, le nom dérive d’un nom propre romain,Lurius[39].
Sur la commune, les archéologues ont fouillé deux habitatsnéolithiques. Aux Clavelles, sur le chantier de l’autorouteA51, un habitat néolithique, proche de la grotte de l’Église à Baudinard, a été mise au jour. Cinq tombes néolithiques témoignent d’un « accident de parcours » : trois tombes sont celles d’enfants (de 2 à 8 ans) morts les uns après les autres, à quelque temps d’écart ; les deux autres sont celles d’adultes (15/18 et 20/25 ans), et sont encore postérieures[42]. Une nécropole gallo-romaine a aussi été découverte[43].
Dans l’Antiquité, le territoire de Lurs fait partie de celui desSogiontes (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud desBaronnies à laDurance. Les Sogiontiques sont fédérés auxVoconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à laprovince romaine deNarbonnaise. AuIIe siècle, ils sont détachés des Voconces et forment unecivitas distincte, avec pour capitaleSegustero (Sisteron)[44].
Unemutatio, relais sur lavoie domitienne, importantevoie romaine entre l'Italie et l'Espagne, était établi sur le site actuel de la chapelle et du château de Notre-Dame-des-Anges. L'abondance des preuvestoponymiques,épigraphiques etarchéologiques permet de savoir avec certitude que la ville antique d'Alaunium se situait à cet endroit, même sans fouilles approfondies[45].
Alors que le sud-est de la Gaule était une terreburgonde, le roi desOstrogothsThéodoric le Grand fait la conquête de la région entre laDurance, leRhône et l’Isère en510. La commune dépend donc brièvement à nouveau de l’Italie, jusqu’en526. En effet, pour se réconcilier avec le roi burgondeGondemar III, la régente ostrogotheAmalasonthe lui rend ce territoire[46]. À cette époque, il est possible que la chapelle Saint-Martin, en contrebas à l'ouest de la colline, ait été le centre d'un habitat[47].
La communauté est citée pour la première fois dans les chartes auIXe siècle, sous son nom actuel[3], à proximité durelaisgallo-romain,Alaunium (actuellement Notre-Dame-des-Anges). La tradition attribue sa fondation àCharlemagne, en 812-814, qui en aurait fait don à l’évêque de Sisteron Jean II[48]. La frontière avec la communauté voisine deLa Brillanne reste fixée sur le sommet de la colline du Pied d'Aulun, important repère visuel dans le paysage, et qui fut le siège d'un culte à l'époque gauloise, selon un processus courant[49].
Lesévêques de Sisteron sont propriétaires du village depuis au moins leIXe siècle[50], où ils ont leur résidence d’été, et y sontprinces de Lurs[51]. Le château, construit auXe siècle, est pris par lesvicomtes de Nice[52], qui le conservent jusqu’à la fin duXIe siècle[53].Alix de Forcalquier cède la moitié du château aux évêques en 1110 ;Tiburge d'Orange rend la seconde moitié du château dans les années 1125-1145[54]. Appartenant aux évêques, la communauté ne payait pas laqueste aux comtes de Provence (puis à leurs successeurs, les rois de France) jusqu'à la Révolution[55].
Lurs est chef-lieu ducanton de Lurs (Cantons supprimés à la suite du redécoupage cantonal de 1801) pendant la décennie révolutionnaire, avant d’être rattaché aucanton de Forcalquier (1801), puis àcelui de Peyruis (1802)[57].
Lecoup d'État du 2 décembre 1851 commis parLouis-Napoléon Bonaparte contre laDeuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression poursuit ceux qui se sont levés pour défendre la République : 22 habitants de Lurs sont traduits devant la commission mixte, la majorité étant condamnés à ladéportation enAlgérie[58].
Comme de nombreuses communes du département, Lurs se dote d’une école bien avant leslois Jules Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense uneinstruction primaire aux garçons, au chef-lieu[59]. La même instruction est donnée aux filles, laloi Falloux (1851) imposant l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants[60]. Lurs commune profite des subventions de la deuxièmeloi Duruy (1877) pour construire une école neuve[61].
Jusqu’au milieu duXXe siècle, lavigne était cultivée à Lurs. Plusieurs dizaines d’hectares produisaient unvin destiné à l’autoconsommation et à la vente sur les marchés locaux. Cette culture est aujourd’hui abandonnée[66].
C'est dans cette commune que s'est déroulée l’affaire Dominici survenue en 1952.
De par sa taille, la commune dispose d'un conseil municipal de 11 membres (article L2121-2 duCode général des collectivités territoriales[67]). Lors duscrutin de 2008, il n’y eut qu’un seul tour et Richard lafond a été réélu conseiller municipal avec le sixième total de 213 voix, soit 81,30 % des suffrages exprimés. La participation a été de 80,62 %. Il a ensuite été nommé maire par le conseil municipal[68].
L'élection du maire est la grande innovation de la Révolution de1789. De1790 à1795, les maires sont élus au suffrage censitaire pour 2 ans. De 1795 à 1800, il n’y a pas de maires, la commune se contente de désigner un agent municipal qui est délégué à lamunicipalité de canton.
En 1799-1800, leConsulat revient sur l'élection des maires, qui sont désormais nommés par le pouvoir central. Ce système est conservé par les régimes suivants, à l'exception de laDeuxième République (1848-1851). Après avoir conservé le système autoritaire, laTroisième République libéralise par la loi du l'administration des communes : leconseil municipal, élu au suffrage universel, élit le maire en son sein.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[81]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[82].
L'histoire démographique de Lurs est marquée par une période d'« étale » où la population reste stable à un niveau élevé. Cette période, courte, dure de 1831 à 1846. Elle est suivie d'un mouvement de diminution de longue durée. En 1911, la commune avait perdu la moitié de sa population de 1831[84]. Le mouvement s'est poursuivi jusqu'aux années 1970 (en 1975, la population de Lurs représente 22 % de celle de 1831). Depuis une quarantaine d'années, la population s'est remis à croître.
Chaque année au mois d'août depuis 1952, le village accueille lesRencontres Internationales de Lure — du nom de la montagne voisine — : observatoire, carrefour et forum de passionnés de la communication visuelle (typographie,graphisme…).
En 2009, la population active s’élevait à 163 personnes, dont 14 chômeurs[93] (17 fin 2011[94]). Ces travailleurs sont majoritairementsalariés (55 %)[95] et travaillent majoritairement hors de la commune (55 %)[95].
Fin 2010, lesecteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche) comptait 23 établissements actifs au sens de l’Insee (exploitants non-professionnels inclus) et quatre emplois salariés[96]
Le nombre d’exploitations professionnelles, selon l’enquête Agreste du ministère de l’Agriculture, est de 39 en2010. Il était de 57 en 2000[97], de 55 en 1988[98], soit une perte de 31 % des exploitations en dix ans. Actuellement, ces exploitants sont essentiellement tournés vers les cultures permanentes : arboriculture dont olivier et arbres à fruits (plus de la moitié des exploitants). Les grandes cultures et lapolyculture caractérisent la majorité des autres exploitations[97]. De 1988 à 2000, lasurface agricole utile (SAU) a légèrement augmenté, de 989 à1 021ha[98], avant de diminuer lors de la dernière décennie, mais reste à un niveau élevé, à865ha[97].
Parmi ces labels, ceux concernant levin (alpes-de-haute-provence (IGP) blanc, rouge et rosé et VDP de Méditerranée blanc, rouge et rosé) ne sont pas utilisés, lavigne n’étant pas cultivée pour une production commerciale dans la commune[66].
La culture de l’olivier est une des principales de la commune. La production d’huile d’olive était importante jusqu’au début duXXe siècle (avec 13 000 pieds), puis a connu un déclin relatif, moins important que dans le reste du département. Il restait 10 500 pieds en 1994[101]. Le renouveau de l’oliveraie, à partir desannées 1990 a étésubventionné par leministère de l'Agriculture[102]. Outre son rôle économique, l’oliveraie peut aussi jouer un rôle de limitation des incendies de forêt, en tenant le rôle depare-feu[103].
Fin 2010, lesecteur tertiaire (commerces, services) comptait 35 établissements (avec sept emploissalariés), auxquels s’ajoutent les cinq établissements du secteur administratif (regroupé avec le secteur sanitaire et social et l’enseignement), salariant sept personnes[104].
D'après l’Observatoire départemental du tourisme, la fonction touristique est d’une importance moyenne pour la commune, avec plus entre un et cinq touristes accueillis par habitant[106], l’essentiel de la capacité d'hébergement étant non-marchande[107]. Plusieurs structures d’hébergement à finalité touristique existent dans la commune :
Les résidences secondaires apportent un complément à la capacité d’accueil[111] : au nombre de 85, elles représentent plus du quart des logements. Parmi les résidences secondaires, six possèdent plus d’un logement[112],[113].
La maison la plus ancienne peut dater duXIVe ou duXVe siècle[120]. De nombreuses maisons duXVIIIe siècle offrent une façade agréable ou présentent une construction d’excellente qualité[121].Sur le Lauzon, se trouve un ancienmoulin à eau[122]. Sur le Lauzon également, le pont de Monnesargues est cité par Barruol, Autron et Ursch[123]. Enfin, le pont de l’A51 au-dessus de la voie ferrée Grenoble-Marseille, long de 187 mètres (portée maximale : 63,2 mètres), est le premier pont construit en France associant les techniques de construction avec éléments en béton préfabriqués, et béton précontraint. Le pont a été construit en posant des poutres d’acier sur les piles ; le tablier est formé dehourdis de béton préfabriquées ; ces éléments de béton sont ensuite précontraints par des câbles d’acier. Il a été mis en service en 1988[124].
Le palais épiscopal est en ruines (il a été abandonné après laRévolution française, après avoir dévasté[125]. L’ancien petitséminaire de l’évêché de Sisteron, créé dans lesannées 1680, se trouve à l’entrée du village[126].
Cependant, cette chapelle est construite sur une plus ancienne, qui peut remonter auXIe siècle[128]. Le domaine de Notre-Dames-d’Olon (Alaunium) appartenait à l’évêque de Sisteron, qui l’échange au milieu duXIIe siècle avec lesTempliers contreLa Brillanne[48].
Elle fait l’objet d’un pèlerinage après laPeste noire. En1660, laVierge Marie estapparuemiraculeusement, et la chapelle est agrandie l’année suivante. C’est un monument historique inscrit depuis le[132]. Elle contient de nombreuxex-voto classés au titre objet[133].
L’autel de la Vierge, en bois doré et peint, date duXVIIIe siècle et est classé[134],[135]. Le tableau desainte Delphine (il porte l’inscriptionsainte Dauphine), date duXVIIe siècle et est classé au titre objet[136],[137].
La chapelle abrite les sépultures desévêques de Sisteron, avec leursgisants, dont certains ont fait l’objet d’un classement :
celui de Pierre François Lafiteau (mort en 1764)[138] ;
La crèche compte 17santons de carton-pâte, daté d’entre 1855 et 1895[140],[141]. Enfin, deux plats de quête encuivre datant duXVIe siècle sont classés, dont un portant des inscriptions gothiques, et l’autre représentantsaintGeorges tuant le dragon[142].
La chapelle Notre-Dame-de-Vie est placée au bout du chemin de croix ditpromenade des Évêques[146] marqué par quinze oratoires, sur la colline du village[48]. Construite en 1552, elle est relevée en1662 après avoir été saccagée pendant lesguerres de religion. En 1864, on lui ajoute unclocher-mur et un porchenéo-classique assez inattendu, avec deux colonnes. Une statue de la Vierge en bois polychrome fait partie du mobilier de la chapelle[147].
La tour de l’Horloge coiffée d’un campanile abritant la plus vieille cloche de la région (1499) (Raymond Collier ne précise pas laquelle) date de 1499[148].
Maximilien Vox, graveur, dessinateur, illustrateur, éditeur, journaliste, critique d'art, esthéticien et historien de lalettre et de latypographie française, y est mort en1974.
Jean Giono, écrivain manosquin, fondateur avec Vox des "Rencontres de Lure" (1952).
Gaston Dominici, (1877-1965), a vécu dans cette même commune, en tant que berger, dans sa ferme du nom de la Grand'Terre, située toute proche du village.
Pierre Magnan (1922-2012) a fait de Lurs un des sites principaux de ses romansLa Maison assassinée (1984) etLe Mystère de Séraphin Monge (1990).
Parti d'azur à un lion d'or et d'argent à une aigle bicéphale le vol abaissé de sable chargée sur son estomac d'une fasce alésée d'or surchargée de cinq trèfles de sinople[152],[153].
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
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↑Jean-Christophe Labadie,Des Anges, Musée départemental d’art religieux, catalogue de l’exposition à la cathédrale Saint-Jérôme (5 juillet-30 septembre 2013), 2013,(ISBN978-2-86004014-3),p. 31.
Le patrimoine architectural et mobilier des communes sur le site officiel duministère français de la Culture (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région PACA]