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| Activité | Militante des droits civiques, suffragette |
| Conjoint | John Hope (professeur)(en) |
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Lugenia Burns Hope, née le àSaint Louis dans leMissouri et morte le àNashville dans leTennessee, est unemilitanteaméricaine engagée dans les réformes sociales et l'action sociale. Elle est notamment connue pour avoir fondé en 1908 l'Atlanta Neighborhood Union (en) qui a concouru à l'amélioration des conditions de vie desAfro-Américains d'Atlanta enGéorgie.
Lugenia Burns Hope est avec son époux,John Hope (en), une des figures majeures dumouvement américain des droits civiques de la première moitié duXXe siècle et dessuffragettes afro-américaines avecIda B. Wells.
Lugenia Burns Hope, née Lugenia D. Burns, est la cadette des sept enfants de Louisa M. Bertha et de Ferdinand Burns, deux Afro-Américains libres. Ferdinand Burns est un maîtrecharpentier prospère formé commeapprenti auprès de son père, William Burns, un industriel qui a fait fortune dans la fabrication decharrues et anciensecrétaire d'État duMississippi en1850, qui avait épousé une Afro-Américaine et bien que lesmariages mixtes soient prohibés, le couple vivait ouvertement son union àNatchez. Louisa M. Bertha est née à Natchez d'une famille qui avait quitté le Mississippi pour s'installer auCanada et a une ascendance française ; elle était intendante d'une plantation àLouisville dans leKentucky. Après la mort de son père en1880[2], Lugenia emménage àChicago avec sa mère. Elle y passe son enfance et son adolescence et peut suivre une scolarité qu'elle n'aurait pu avoir dans le Mississippiségrégationniste qui appliquait leslois Jim Crow. Sa vivacité d'esprit l'a fait surnommer « la Génie » par sa famille. Après avoir achevé ses études secondaires, elle est acceptée à l'École de l'Institut d'art de Chicago. Ses frères venant d'être licenciés, elle abandonne ses études pour aller travailler afin de subvenir aux besoins de sa famille. Elle va travailler commecomptable pour unemaison d'édition, puis commecouturière et enfin elle va être la première afro-américaine à devenir la secrétaire d'une association de bienfaisance de soins aux plus démunis lesKing’s Daughters de Chicago, et au centre d'œuvres sociales de laHull House, où elle côtoie une des figures éminentes de l’action sociale de Chicago,Jane Addams. Ces deux emplois seront ses premières expériences de l'action sociale et cela pendant une douzaine d'années[3],[4],[5],[6],[7],[8].


Lors d'un bal organisé dans le cadre de l'Exposition universelle de 1893, Lugenia Burns fait la connaissance de John Hope[9], un jeune étudiant enthéologie à l'Université Brown deProvidence (Rhode Island), c'est le début d'une idylle[10].
En 1894, John Hope achève ses études universitaires et trouve un emploi de journaliste au sein d'un journal de Providence, il est également recruté comme enseignant à l'université Roger Williams (en), Lugenia doit faire un choix entre le soutien matériel de sa mère et son fiancé. Elle ne manque pas de courtisans, bien plus fortunés que John Hope, qui lui proposent une vie loin du sud raciste, mais son choix est fait, elle épouse John Hope endécembre 1897 et le couple part s'installer àNashville (Tennessee). Le jeune couple est accueilli chaleureusement par le corps professoral de la Roger Williams University. Très rapidement, Lugenia Burns Hope noue des liens amicaux avec les étudiantes afro-américaines, et elle est recrutée en tant que professeure d'éducation physique[11]. Le couple Hope est invité à entrer dans le cercle de la bourgeoisie afro-américaine de Nashville et fréquente régulièrement le salon deJames Carroll Napier (en) et de son épouse Nettie, leaders de la communauté afro-américaine du Tennessee, salon où se tiennent régulièrement des soirées littéraires[12].
En 1898, John Hope est invité pour enseigner legrec et lelatin à l'Atlanta Baptist College, devenu leCollège Morehouse[13], un établissement intégrant à la fois enseignement secondaire[14] et enseignement universitaire ayant des cursus dethéologie et d'arts libéraux. Lugenia le rejoint, le couple s'installe à Graves Hall[15] la résidence des étudiants de l'université. John Hope devient très vite populaire auprès de ses étudiants et forme une équipe de football[16].
S'installer à Atlanta n'était pas évident pour le couple Hope car cette ville était la plus ségréguée des villes de la Géorgie. Les Afro-Américains y étaient soumis auxLois Jim Crow[17], ces lois désignent les différents dispositifs juridiques que les États du Sud ont mis en place pour entraver l'effectivité des droits constitutionnels des Afro-Américains, elles commencent en1877 et seront abolies dans la fin desannées 1960 avec l'adoption de différents lois fédérales mettant fin à la ségrégation raciale sur l'ensemble du territoire des États-Unis : leCivil Rights Act de 1964, leVoting Rights Act de 1965 et leCivil Rights Act de 1968. Ces lois dites Jim Crow limitent l'ensemble de la vie sociale, économique et politique des Afro-Américains de leur naissance jusqu'à leur mort. À la ségrégation, elles ajoutent des restrictions aux droits à la propriété, à établir son entreprise, à l'éducation, à se marier en dehors de sa "race" ; les interactions avec les Blancs sont limités au strict nécessaire professionnel. Ces lois imposent la ségrégation dans les transports en commun (bateaux, trains, diligences, etc.) et dans l'ensemble des espaces et des services publics comme les écoles, les restaurants, les toilettes, les hôpitaux, les églises, les bibliothèques, les manuels scolaires, les salles d'attente, les salles de spectacles, les logements, les prisons, les pompes funèbres, les cimetières, un peu partout dans le sud vont fleurir des panneauxFor White Only[18],[19],[20],[21],[22]. Ces lois s'appliquent d'autant plus facilement que les juges et les forces de polices sont des Sudistes acquis aux thèses racistes et ségrégationnistes qui invalident tout recours, toute contestation. Pour éliminer le poids du vote des Afro-Américains dans les élections, quand leterrorisme duKlan ou de laWhite League est jugé insuffisant, dans certains comtés une taxe est créée pour avoir le droit de vote, puis se généralisent lestests pour vérifier l'aptitude intellectuelle à voter. Les questions sont d'une difficulté inhabituelle comparées à celles posées aux Blancs, comme être capable de réciter la Constitution et ses différents amendements, ou bien les questions sont absurdes du genre« How many angels can dance on the head of a pin / » (« Combien d'anges peuvent-ils danser sur la pointe d'une épingle ? » ou« How many bubbles in a soap bar » (« Combien de bulles peut-on faire avec une savonnette ? ». Seule une minorité d'Afro-Américains arrive à voter et quand elle le fait, souvent, les représailles tombent, au mieux le fouet, au pire la pendaison sommaire ou l'exécution des votants et de leur famille[23],[24],[25],[26],[27].

Le couple Hope fait la connaissance deW.E.B. DuBois qui enseigne à laClark Atlanta University (en) depuis1897. John Hope et W.E.B. DuBois vont s'imposer non seulement en tant que brillants universitaires mais aussi et surtout en tant qu'ardent défenseur des droits civiques et de la justice sociale pour les Afro-Américains. W.E.B. DuBois s'intéresse aux actions que Lugenia a pu mener au sein de la Hull House de Chicago. Une des questions cruciales posées au sein de la communauté afro-américaine d'Atlanta est le sort des enfants qui ne sont pas encore atteint l'âge de la scolarisation et qui restent enfermés, livrés à eux-mêmes, errant dans les rues ou enfermés dans les appartements de leurs parents, pendant que ces derniers sont au travail. À la suite d'une conférence ayant pour thème le bien être des enfants noirs, où est présente Lugenia, plusieurs mères décident de créer un jardin d'enfants gratuit. Le bureau de la nouvelleGate City Free Kindergarten Association[28] compte parmi ses membres Lugenia Burns Hope qui accepte le poste destiné à la recherche de fonds pour financer le projet. Dans sa recherche de fonds, elle arrive à convaincreAlonzo Herndon (en) un Afro-Américain fondateur et président de l'Atlanta Family Life Insurance Company, à financer l'association, notamment en lui achetant un bâtiment en dur dans laWhite's Alley d'Atlanta qui servira d'école et d'aire de jeux pour les enfants et pendant des années il financera un poste d'enseignant et une distribution quotidienne de lait à destination des enfants[29].
Après la naissance de leur premier le, le couple Hope loue un plus grand appartement à la résidence Graves Hall. Quelques années plus tard, en pensant à l'avenir de son fils qui a cinq ans, elle constate qu'il n'y a rien pour les enfants afro-américains d'Atlanta, pas une seule aire de jeux, pas un parc. Parallèlement, Lugenia Burns Hope côtoie lesbidonvilles d'Atlanta, où la population afro-américaine est livrée à elle-même, et c'est ainsi que germe peu à peu en elle la nécessité d'organiser un groupe d'action sociale pour venir en aide à la population des bidonvilles afin de leur donner des moyens pour sortir de la misère et de leurs conditions de vie lugubres. En1906, John Hope est nommé président de l'Atlanta Baptist College, c'est le premier Afro-Américain à être nommé à cette charge, cela permet à la famille Hope de quitter la résidence de Graves Hall pour s’installer dans lelogement de fonction du président, un appartement de trois étages comprenant entre autres plusieurs salles de bains, quatre chambres à coucher, un grand salon, et une pièce de travail qu'utilisera Lugenia pour ses réunions ainsi qu'une chambre sans fenêtre qui sera utilisée comme chambre noire pour développer des photographies[30]. La nomination de John Hope est faite à un moment où Atlanta a vécu uneémeuteraciste où des dizaines d'Afro-Américains ont été assassinés et les quartiers occupés par des Afro-Américains ont été incendiés et où plusieurs familles afro-américaines se sont réfugiées sur le campus de l'Atlanta Baptist College. Le couple Hope a pleinement conscience de ses obligations pour rassurer et unifier la communauté afro-américaine d'Atlanta et de représentants de cette communauté auprès des autorités de la ville pour apaiser la situation et prévenir de futures violences. Sous l'impulsion de Lugenia, les étudiants vont apprendre que la moralité, la dignité, le respect de soi sont des valeurs qui priment sur des objectifs de carrière. Pendant les trente années de sa présence à l'Atlanta Baptist College (qui va devenir leMorehouse College en1913), Lugenia Burns Hope exhortera les étudiants à venir en aide à leurs frères dans le besoin[31].
En1908, avec un groupe d'Afro-Américaines, Lugenia Burns Hope fonde l'Atlanta Neighborhood Union (ANU)[32],[33],[34], Lugenia est élue présidente. La première action de l'ANU est de faire un recensement des différentes familles afro-américaines d'Atlanta et plus spécialement des femmes, lors de chaque visite, les femmes de l'ANU font un état des lieux de chaque appartement ou maison, du quartier afin d'évaluer les besoins, ainsi dans le quartier du West Side, la plupart des habitats sont insalubres, latuberculose, latyphoïde et ladysenterie sont monnaie courante, les familles sont dysfonctionnelles, les aires de jeu sont absentes, l'éclairage des rues est insuffisant, conditions qui exposent les jeunes à la délinquance. À la fin de l'année 1908, l'ANU aménage uneclinique à l'endroit où se situe l'actuelleUniversity School of Social Works dépendante de laClark Atlanta University (en). Puis l'ANU divise Atlanta en une douzaine de sections de l'ANU, avec chacune à sa tête, une responsable rémunérée. Les premières missions de chaque section de l'UNA sont de mener des campagnes d'hygiène, demédecine préventive, d'arts ménagers et d'accompagner les mères dans l'éducation et la scolarité de leurs enfants[35],[33],[36].
En1912, Lugenia Burns Hope embauche au poste de directeur de l'ANU, Garrie Moore, un jeune diplômé de laColumbia University School of Social Work (en) qui vient d'être recruté comme professeur desociologie auMorehouse College[37] qui est également rémunéré par laYoung Men's Christian Association (YMCA) pour intervenir auprès de la jeunesse délinquante d'Atlanta. L'ANU est également assistée par le professeur John Alvin Bigham qui tient des conférences à l'Université Clark d'Atlanta sur la criminalité des Afro-Américains, qui donnera des conseils pour lesvisiteuses de prison de l'ANU[33].
Lugenia Burns Hope développe un département consacré à l'éducation artistique, là aussi elle fait appel aux enseignants duMorehouse College, de l'université Clark, duSpelman College (en)[38] et de l'Université Tuskegee. Ce département ouvre divers ateliers demusique, depeinture, de lecture, decouture, decuisine, devannerie, debroderie, d'art floral, dechant, etc. ouverts à tous les jeunes de huit à vingt-deux ans. Et elle fait ouvrir une école primaire publique pour garçons et les filles afro-américains[39],[33].
En juin1914, Lugenia Burns Hope fait acheter par l'ANU une propriété, à proximité duSpelman College, pour y ouvrir une seconde clinique. La branche féminine de l'American Baptist Home Mission Society (en) verse une rente mensuelle de 50 $[note 1] à la clinique ce qui lui permet d'embaucher Carrie Bell Cole une travailleuse sociale venue de New York. Dès la première année la clinique a reçu quatre cents patients[36].
En1917, alors que Morehouse College fête son cinquantième anniversaire, les États-Unis entrent enguerre. John Hope part pendant neuf mois enFrance en tant que représentant de laYMCA auprès des troupes afro-américaines. Lugenia, de son côté se rend àCamp Upton (base militaire portuaire de l'United States Army ouverte en1917 situé àYaphank, dans lecomté de Suffolk surLong Island[40]), également comme représentante de la YMCA, pour former les femmes afro-américaines embauchées comme personnel administratif de la bases, pour accueillir les Afro-Américains qui vont servir sur le front français[41].


En1926, L'ANU inaugure une nouvelle clinique, y sont présentes la directrice de l'Université Tuskegee,Margaret Murray Washington (l'épouse deBooker T. Washington) et lapoète etdramaturgeGeorgia Douglas Johnson (en)[42] qui y tiennent des discours d'ouverture[36].
En1929, John Hope devient président de l'Atlanta University Center (en) qui permet une harmonisation entre les différents établissements universitaires afro-américains de la Géorgie (Clark Atlanta University, Spelman College et le Morehouse College) permettant également des passages d'un établissement à un autre pour les étudiants. En1932, la famille Hope emménage dans les nouveaux appartements du président. La même année, Lugenia devient la première vice--président de la branche locale de laNational Association for the Advancement of Colored People (NAACP) d'Atlanta[4].
En1933, alors que l'ANU fête son25e anniversaire, un banquet est tenu pour honorer Lugenia Burns Hope.
Le, âgée de64 ans, elle se retire de la présidence de l'ANU[43],[44].
Sous sa direction de nombreux projets de l'ANU, en dehors de ses réalisations propres, ont abouti comme le pavement des rues, l'éclairage des rues, mais d'autres sont restés en suspens comme l'embauche par la municipalité depoliciers afro-américains. Mais le plus grand succès a été de rendre visible la communauté afro-américaine auprès des autorités d'Atlanta[45].


Après le décès de son époux, le, Lugenia Burns Hope emménage àNew York et à partir de1937, tout en continuant ses activités au sein de la NAACP, elle devient la collaboratrice deMary McLeod Bethune qui est à la tête duNational Council of Negro Women (en) et directrice du programme duNew Deal, laNational Youth Administration, lancée par l'administration duprésidentFranklin Delano Roosevelt afin de développer l'enseignement scolaire des Afro-américains et de favoriser leur emploi[46],[4]. Elle continue de s’investir dans d'autres organisations telles que laCommission on Interracial Cooperation (en), laNational Association of Colored Women's Clubs, l'Association of Southern Women for the Prevention of Lynching (en), fondée parJessie Daniel Ames, laNational Association of Colored Graduate Nurses (en) et l'International Council of Women of the Darker Races. Usée par un emploi du temps chargé, à partir de1940, sa santé commence à décliner, régulièrement elle va se reposer chez ses enfants et c'est lors d'un séjour chez son fils Edward Swain Hope à Nashville qu'elle décède[3],[4].
Le, Lugenia Burns épouse John Hope[47].
Leur premier enfant Edward Swain Hope naît le[32], leur second enfant John Hope II, naît le[30].
Après ses funérailles, sa dépouille est incinérée et ses cendres sont répandues autour de la tombe de son époux John Hope située auMorehouse College d'Atlanta[48].
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