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Luddisme

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Luddisme
Représentation figurée du chef des luddites (mai 1812).
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Page d’aide sur l’homonymie

Ne doit pas être confondu avecLudique.

Leluddisme est, selon l'expression de l'historien britanniqueEdward P. Thompson (1924-1993), un « violent conflit social »[1] qui, dans l'Angleterre des années1811-1812, a opposé des artisans — tondeurs ettricoteurs sur métiers à bras duWest Riding, duLancashire du sud et d'une partie duLeicestershire et duDerbyshire — auxemployeurs et auxmanufacturiers qui favorisaient l'emploi demachines (métiers à tisser notamment) dans le travail de lalaine et ducoton[2]. Les membres de ce mouvement clandestin, appelésluddites ouluddistes, sont considérés comme des « briseurs de machines ».

Étymologie

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Le terme trouve son origine dans le nom d'un ouvrier anglais,Ned Ludd, qui aurait détruit deux métiers à tisser en1779, bien qu'on ignore s'il a véritablement existé. Cependant, des lettres signées de ce nom ont été envoyées en1811, menaçant les patrons de l'industrie textile de sabotage. Ned Ludd est devenu le leader imaginaire d'un grand mouvement, dans un contexte où un leader déclaré serait tombé rapidement, victime de la répression.

Le terme « luddisme » est parfois utilisé pour désigner ceux qui s'opposent aux nouvelles technologies ou critiquent celles-ci (on parle même de « néo-luddisme »).

Origine du mouvement

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Article connexe :mécanisation.

Larévolution industrielle bouleverse l'Angleterre du début duXIXe siècle. Dans le milieu du textile, trois professions sont particulièrement menacées par l'apparition de métiers mécaniques : lestondeurs de draps, lestisserands sur coton et lestricoteurs sur métier. Ceux qui les pratiquent sont des artisans assez puissants, bien organisés malgré les lois de 1799 interdisant toute association en Angleterre (Combination Act), et mieux lotis que les ouvriers qui travaillent dans les usines. Ces métiers très techniques sont déterminants pour la qualité des draps ou des tissus : selon le travail d'un tondeur de draps, par exemple, le prix du produit fini peut varier de 20 %.

Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C'est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd'hui delibéralisme économique.

Révolte des luddites

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  •  : àNottingham, une manifestation syndicale de tondeurs de draps est sévèrement réprimée par les militaires. Dans la nuit, 60 métiers à tisser sont détruits par un groupe issu des manifestants.
  •  : le mouvement s'est organisé et certains leaders commencent à répandre la contestation. De nombreuses fabriques font l'objet de destructions « ciblées » puisque seuls certains métiers sont disloqués.
  • Hiver 1811-1812 : le mouvement s'étend encore et se structure. Les luddites attaquent en petits groupes, ils sont armés et masqués.
  • Dès, alors que le « Frame Work Bill » est adopté par le parlement britannique, les troubles diminuent dans leNottinghamshire et débutent dans leYorkshire et leLancashire.
  •  : dans le Yorkshire une attaque de luddites contre une fabrique à Rawfolds échoue, deux luddites sont tués. Le mouvement se radicalise.
  • Été 1812 : les actions armées se poursuivent, des collectes d'argent et d'armes s'organisent dans le Yorkshire. Une vraie conspiration prend naissance, avec pour objectif de renverser le gouvernement.
  • Fin 1812 : le mouvement se poursuit dans leLancashire, mais la révolte y est plus spontanée et moins organisée. La répression du gouvernement britannique se fait plus dure.

Des actions dans des fabriques se poursuivront sporadiquement avec, par exemple, des bris de machines àBlackburn en 1826.

Le mouvement s'est rapidement diffusé dans lesMidlands et une véritable guerre s'est engagée entre les luddites et le gouvernement britannique. On estime qu'à une certaine période, l'Angleterre avait mobilisé plus d'hommes pour combattre les luddites que pourcombattre Napoléon au Portugal.

Fin de la révolte

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En1812, les artisans du textile essaient d'emprunter la voie constitutionnelle : ils proposent auParlement d'adopter une loi pour protéger leur métier. Ils paient au prix fort des avocats, font un vrai travail delobbying (groupe de pression), mais la loi n'est pas adoptée.

Pendant ce temps, les luddites ont obtenu une satisfaction partielle : les salaires ont augmenté, la pression économique s'est un peu relâchée. Dans le même temps, les arrestations ont affaibli le mouvement.

En 1812, une loi instaurant la peine capitale pour le bris de machine est entérinée, malgré les protestations et les pamphlets deLord Byron[3], entre autres. Treize luddites sont pendus.

Si des luddites sont actifs jusqu'en1817, leurs destructions deviennent de plus en plus désespérées. En fait, les trois métiers mentionnés vont quasiment disparaître à l'aube des années 1820.

Si les luddites disparaissent en tant que tels, ils nourrissent cependant d'autres mouvements ouvriers du début duXIXe siècle. La contestation devient souterraine ou légale avant de ressurgir en force quelques années plus tard et mener auChartisme.

Notes et références

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  1. Edward P. Thompson,La formation de la classe ouvrière anglaise, éditions Gallimard/Le Seuil, coll. « Hautes études », 1988,p. 437.
  2. Edward P. Thompson,op. cit.,p. 471.
  3. Lord Byron a consacré son premier discours à laChambre des lords au début de l'année1812 aux troubles et revendications luddites, cf.Kirkpatrick Sale,La révolte luddite : briseurs de machines à l'ère de l'industrialisation, éditions L'échappée, coll. « Dans le feu de l'action », 2006,p. 124-127.

Annexes

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Bibliographie

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Ouvrages

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Articles

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Articles connexes

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Liens externes

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