Station de métro « Parc » àCharleroi : « L'homme qui tire plus vite que son ombre ». Œuvre réalisée en 1996 à l'occasion du cinquantenaire de la série.
La série met en scèneLucky Luke,cow-boy solitaire auFar West, connu pour être « L'homme qui tire plus vite que son ombre », accompagné par son chevalJolly Jumper et de temps en temps par le chienRantanplan. Lors de ses aventures, il doit rétablir la justice dans leFar West en pourchassant des bandits dont les plus connus sont lesfrères Dalton. La série est truffée d'éléments humoristiques qui parodient les œuvres dewestern.
En 2021, la série comptait déjà80 albums, parus tout d'abord aux éditionsDupuis puisDargaud et enfinLucky Comics. Chaque histoire a aussi été pré-publiée dans un journal : entre 1946 et 1967 dansSpirou, entre 1967 et 1973 dans le journalPilote, entre 1974 et 1975 dansLucky Luke, de 1975 à 1976 dans l'édition française deTintin, puis dansSpirou etPif Gadget, et aussi dans des magazines commeParis Match ouVSD.
Il s'agit d'une des bandes dessinées les plus connues et lesplus vendues en Europe, traduite dans de nombreuses langues. Les albums de ses aventures se sont écoulés à plus de 300 millions d’exemplaires dans le Monde[1]. La série a aussi été adaptée sur de nombreux supports, en longs-métrages d'animation et séries animées pour latélévision, en films, jeux vidéo, jouets et jeux de société. Le terme « Lucky Luke » est depuis devenu dans les sociétésfrançaise etbelge synonyme de rapidité.
La série met en scène le personnage deLucky Luke, connu pour être« L'homme qui tire plus vite que son ombre », accompagné de son chevalJolly Jumper. Il fait régner la loi dans l'Ouest américain et affronte des bandits historiques ou inventés dont les plus connus sont lesfrères Dalton[2].
Lucky Luke est publié pour la première fois en 1946 dans l'Almanach 47 du journalSpirou avec l'histoireArizona 1880[3]. Le graphisme de la série est alors inspiré de celui desdessins animés de cette époque, avec des traits ronds pour les personnages[c 1]. Le scénario est simplement constitué d'une série de rebondissements faciles[4] et de gags graphiques[5].
SiMorris choisit le journalSpirou pour publier ses bandes dessinées plutôt queTintin, c'est parce qu'il trouveSpirou plus ouvert et plus fantaisiste que son concurrent très marqué par le style d'Hergé. En outre, il travaille déjà pour le studio de dessins animés des éditionsDupuis et a dessiné quelques cartoons pour le journalLe Moustique, alors propriété de Dupuis. Sur conseil de son éditeur, il part habiter chezJijé, seul auteur belge de l'époque à faire sérieusement de la bande dessinée selon les propres propos de Morris. Il y retrouveAndré Franquin, qui vient de reprendre la sérieSpirou et Fantasio, et un peu plus tardWill, qui reprendTif et Tondu. Au contact de Jijé, il apprendra beaucoup de techniques de la bande dessinée, notamment le dessin d'uncroquis d'après nature, grâce à plusieurs séances par semaine surmodèle vivant[c 1].
Pour Morris, ce voyage est plutôt motivé par l'envie de découvrir les décors et les méthodes de travail des auteurs aux États-Unis, qu'il considère comme le pays de la bande dessinée[c 2]. En juin1949, après plusieurs mois passés auMexique, ses compagnons de voyage repartent vers l'Europe[7]. Morris reste aux États-Unis, d'où il continue d'envoyer régulièrement des planches au journalSpirou. En1949 sortLa Mine d'or de Dick Digger (pré-publiée dansSpirou en 1947), premier album de la série[4] et réalisée sur un scénario de son frère, Louis De Bevere[8]. Il travaille aussi pour divers magazines de bande dessinée américains et illustre des livres pour enfants. Durant son séjour qui dure six ans, il fait la connaissance deHarvey Kurtzman, alorsrédacteur en chef du magazine de bande dessinéeMad. Ces contacts avec les auteurs de bande dessinée américains auront un impact important sur son travail[c 2]. C'est d'ailleurs sous l'influence des collaborateurs deMad qu'il fait deLucky Luke une véritableparodie[9]. C'est aussi pendant son séjour aux États-Unis que Morris donne naissance auxDalton, s'inspirant des véritablesfrères Dalton[c] sur lesquels il se documente à labibliothèque de New York[c 2].
Les transmissions avec l'Europe étaient parfois difficiles, au point que pour économiser destimbres sur ses courriers, Morris dessine pendant quelque temps ses planches recto-verso. De ce fait, une planche n'est pas parue, ni dans le journal ni en album, les photograveurs des éditions Dupuis ne s'étant pas aperçus que le verso avait aussi été utilisé[5].
Ce voyage a "sans doute provoqué une certaine désillusion" chez l’auteur de Lucky Luke, faisant ensuite place à un "désenchantement" qui apparaît dès les débuts de la série, notamment dans « La Ruée vers l’or de Buffalo Creek », une courte histoire extraite du deuxième album, Rodéo (1949)[10].
Aux États-Unis,Morris a fait, par l'intermédiaire de Jijé, une rencontre capitale, celle du FrançaisRené Goscinny, qui travaille à l'époque à la chaîne dans une entreprise de cartes postales fabriquées à la main. Trouvant remarquable le scénario écrit par René Goscinny pour un film d'animation dont Jijé avait le projet, il fait appel à lui pour écrire le scénario d'unLucky Luke. Morris souhaite alors à la fois se concentrer uniquement sur l'aspect graphique, mais aussi donner du sang neuf à la série[c 2]. Avec Goscinny, les scénarios de la série commencent à avoir une véritable épaisseur. Il crée la routine de la chanson de fin[11] et ajoute de nouveaux personnages secondaires comiques pour faire pendant à Lucky Luke, qu'il ne trouve pas suffisamment drôle[5].
En1957, à la suite de nombreuses lettres réclamant le retour desfrères Dalton, pendus après une attaque de banque dans l'histoireHors-la-loi (ou tués par Lucky Luke selon une autre version du dénouement), de nouveaux personnages, cousins fictifs des véritables hors-la-loi, sont créés dans l'histoireLes Cousins Dalton[d]. Ils sont prénommésJoe, William, Jack et Averell.
Cette option a été préférée à l'idée de faire revenir d'outre-tombe les fameux bandits. Se différencier de leur véritable histoire permet au scénariste René Goscinny de mettre plus de fantaisie dans les personnages des Dalton. Deux ans plus tard, sur une idée de Morris d'introduire un nouveau personnage pour la série,Rantanplan, un chien stupide, parodie deRintintin, fait son apparition dans l'histoireSur la piste des Dalton[c 3].
Morris, considérant queDupuis fait du mauvais travail pour la diffusion sur le marché français, préfère alors se tourner vers un éditeur français ; à la fin des années 1960,Lucky Luke abandonne les pages du journalSpirou et les éditions Dupuis pour celles dePilote et les éditionsDargaud. Avec ce changement d'éditeur, la popularité et les ventes d'albums deLucky Luke s’accroissent considérablement[c 2]. La sérieLucky Luke fait sa dernière apparition dans le journalSpirou duno 1537 auno 1556 avec l'histoireLe Pied-Tendre[3]. Contrairement à la rumeur, Morris n'a quitté Dupuis ni à la demande de René Goscinny qui souhaite réunir ses séries dansPilote, ni parce que Dupuis aurait refusé d'imprimerLucky Luke sur des albums cartonnés[12].
La présence régulière deLucky Luke dans le journalPilote ne durera que cinq ans. Constatant que le journal a changé de visage et de public, Goscinny et Morris estiment que la série n'y a plus sa place.Lucky Luke fait donc sa dernière apparition en1973 dans leno 736 dePilote avec la fin de l'histoireL'Héritage de Rantanplan. Dès lors, la série devient errante. Elle est présente parfois dans des journaux de bande dessinée commeTintin,Spirou[3] où elle fait son retour, et parfois dansPif Gadget[15], mais aussi dans des journaux généralistes commeLe Nouvel Observateur etParis Match[14]. Entre-temps est créé le journalLucky Luke sur une idée des éditions Dargaud qui pensaient que la série avait l'envergure pour être la vedette d'un périodique[c 4]. Le journal, lancé en1974 alors que les journaux de bande dessinée entrent dans une période de crise, ne paraît que l'espace d'une année et de 12 numéros[16].
En1971, Lucky Luke devient un héros dedessin animé avec le filmLucky Luke, diffusé dans les cinémas, renommé plus tardDaisy Town, du nom de la ville champignon au centre de l’histoire, dont Goscinny écrit le scénario et Morris lescénarimage.
Lucky Luke sur un mur deMiddelkerke. Fresque murale réalisée en octobre 2016 par Art Mural a.s.b.l.
Goscinny disparu, Morris fait alors appel à divers scénaristes, mais tous ont du mal à prendre la suite de René Goscinny. En parallèle, les studios Dargaud produisent des histoires courtes sur des scénarios deBob de Groot,Greg etVicq. Morris tenait en revanche à dessiner entièrement les histoires longues destinées aux albums[c 4].Jean Léturgie etXavier Fauche seront, pour Morris, les scénaristes qui vont le plus se rapprocher du style à plusieurs niveaux de René Goscinny (premier degré pour les enfants, et second degré pour les adultes)[17]. Mais la collaboration se termine mal entre Morris et les deux scénaristes. Ceux-ci l'attaquent en justice, puis créent une série similaire intituléeCotton Kid[18]. En1984, les studiosaméricainsHanna-Barbera Productions produisent unesérie animée[19], mais la série ne rencontre pas de succès aux États-Unis, mais bien enEurope. En1991 les studiosfrançaisIDDH prennent lasuite du dessin animé[20]. Durant cette période, Morris cède les droits patrimoniaux de la série à la société Beechroyd qui ensuite lui redistribue les sommes en fonction des ventes. En1991, la série quitte les éditionsDargaud pour rejoindre les éditionsLucky Productions, une société qui ne gère que cette série, créée enSuisse par des amis de Morris et de sa femme. Deux ans plus tard est créée une nouvelle société pour gérer lesproduits dérivés, appelée Lucky Licensing[21].
Devant le succès du personnage deRantanplan, Morris crée unesérie dérivée où n'apparaît pasLucky Luke. La sérieRantanplan rencontre le succès, ce qui motive la création d'une autre série parallèle intituléeKid Lucky, qui raconte la jeunesse de Lucky Luke. Les séries dérivées sont confiées à des assistants sans pour autant qu'un studio soit créé par Morris[22]. Au bout de deux albums, malgré de bons chiffres de vente,Kid Lucky est interrompu par Morris, qui estime que la série n'a pas le potentiel nécessaire pour continuer[21]. Par la suite, les éditions Lucky Productions, qui éditent toutes ces séries, rejoignent les éditions Dargaud pour créerLucky Comics qui publie désormais les anciens albums Dargaud et Lucky Productions, ainsi que les nouveaux albums et ceux de la sérieRantanplan[21].
Laurent Gerra qui a scénarisé quatre albums de la série après la mort deMorris.Achdé qui a repris le dessin de la série après la mort deMorris.
Après la mort de Morris en2001, la série est reprise parAchdé au dessin et parLaurent Gerra au scénario sous le titre générique deLes aventures de Lucky Luke d'après Morris et avec une nouvelle numérotation, afin de marquer la différence avec les albums dessinés par Morris et ceux dessinés par Achdé. Morris avait découvert Achdé grâce à une planche dessinée par celui-ci dans un album hommage au créateur de Lucky Luke. Achdé fait un essai sur la sérieRantanplan sous forme destrips et fait la connaissance de Philippe Ostermann, le directeur éditorial de Dargaud. Ce dernier lui propose de reprendreLucky Luke, un an après la mort de Morris. Achdé fait alors un essai sur un album en petitformat à l'italienne intituléLe Cuisinier français. Le style graphique que s'impose Achdé est celui de la série qui va de l'histoireCalamity Jane à l'histoireLe Fil qui chante[23]. Pour ses scénarios, Laurent Gerra met de côté son esprit méchant présent dans ses spectacles[24]. Les albums de Gerra étant publiés une à deux fois tous les deux ans, il est annoncé en 2009 qu'une seconde équipe de scénaristes a été mise sur pied afin de favoriser des sorties d'albums plus rapprochées. Ainsi,Tonino Benacquista etDaniel Pennac, toujours avec Achdé au dessin, sont embauchés pour écrire de nouveaux albums, en alternance avec Laurent Gerra[25].
Fin 2011, les éditions Lucky Comics décident de reprendre la sérieKid Lucky dans le même esprit queLes aventures de Lucky Luke sous le nom deLes aventures de Kid Lucky d'après Morris. Achdé reste au dessin et écrit lui-même le scénario pour les deux premiers albums,L'apprenti cowboy etLasso périlleux[26].
En, le créateur et auteur de la sérieSilex and the City, le françaisJul, est annoncé comme le nouveau scénariste de la série, pour un premier album prévu pour[27]. Achdé continue à assurer le dessin.
Après l'albumLa Terre promise en 2016 sur l'escorte d'une famille de juifs d'Europe de l'Est à travers le Far-West[34] et l'albumUn cow-boy à Paris en 2018 sur la protection de la future Statue de la liberté en France pour le premier voyage hors-amérique de Lucky Luke[35], Jul et son dessinateur, Achdé, décident de parler en 2020 de la ségrégation raciale dans un album intituléUn cow-boy dans le coton[36], en 2022 de la maltraitance animale, des mouvements animalistes et de leurs dérives dansL'Arche de Rantanplan[37] et en 2024 des tensions entre syndicalistes marxistes et barons industriels de la bière dansUn cow-boy sous pression[38].
À la création de la série, et ce pour les quatre premiers albums deLucky Luke,Morris reconnaît avoir été fortement influencé par ledessin animé. En effet, les premières planches présentent les caractéristiques du genre, tel qu'il était à l'époque, à savoir un trait rond, des personnages simplifiés, des têtes disproportionnées ou encore des mains à quatre doigts. Cela s'explique par le fait que l'auteur a commencé sa carrière dans un petit studiobelge d'animation, dont la fermeture l'a par ailleurs poussé à se lancer dans la bande dessinée, à un moment où il estimait que le dessin animé et la bande dessinée se rapprochaient l'un de l'autre. Toutefois, après les quatre premiers albums, il se rend compte des différences qui existent entre les deux procédés et modifie son graphisme[39].
La série contient un nombre considérable deplongées etcontre-plongées avec souvent de grandes images qui occupent, sous cet angle de vue, les deux tiers d'une demi-planche. Ceci permet de faire un plan d'ensemble d'une scène, par exemple un camp de chercheur d'or, ou l'intérieur d'unsaloon, ou encore la rue principale d'une ville, tout en glissant plusieurs éléments humoristiques dans l'image.Morris utilise ce procédé cinématographique qu'est la plongée de différentes manières. La plongée stabilisée, comme dans l'histoireLes Dalton courent toujours, permet de suivre lesDalton sous terre au fur et à mesure qu'ils creusent pour trouver la banque déplacée sans arrêt parLucky Luke. La plongée dynamique en avant, comme dans l'histoireCanyon Apache entraîne le lecteur avec la cavalerie américaine, fonçant tête la première dans le piège tendu par lesApaches. L'envolée arrière, présente par exemple dans l'histoireDes barbelés sur la prairie qui se moque de l'optimisme du fermier d'être « enfin libre ! » après avoir entouré sa propriété defil de fer barbelé[c 5].
Morris s'en sert aussi pour représenter des cercles comme le cercle à dynamique rayonnante de l'histoireLes Dalton se rachètent qui montre unJoe Dalton furieux, bondir des quatre coins du saloon. Le cercle dynamiquecentripète comme dans l'histoireL'Escorte quand lesamérindiens attaquent unediligence déjà sous le feu des bandits voulant délivrerBilly the Kid. Le cercle dynamiquecentrifuge, comme dans l'histoireLucky Luke contre Pat Poker avec la fuite devant lamouffette, le cercle dynamique rotatif, comme dans l'histoireLe Juge où Lucky Luke, attaché à un arbre, doit courir pour éviter l'ours deRoy Bean. Le cercle dynamique rotatif simple ou concentrique repris dans plusieurs albums de la série avec les Amérindiens qui tournent autour d'un chariot[c 5].
La plongée verticale est un angle de vue plus rarement utilisé dans la série, mais dont la particularité permet à elle seule de faire un gag. On la trouve dans la tournée générale de l'histoireLucky Luke contre Joss Jamon, la partie debras de fer de l'histoireCalamity Jane, l'effondrement de Joe Dalton dans l'albumSur la piste des Dalton, la roulette dans l'histoireDalton City, la séance depsychanalyse avec les Dalton dans l'histoireLa Guérison des Dalton, la partie depoker dans l'histoireLes Cousins Dalton qui montre la tricherie des Dalton. Cette dernière utilisation permet de montrer qu'il y a quand même une explication au gag, dans cet exemple les Dalton montrent chacun en même temps un carré d'as[c 5].
Lucky Luke est une série de bandes dessinées caricaturale, de ce fait, tout l'environnement est exagéré aussi bien au niveau des attitudes que du physique des personnages comme l'utilisation degros nez.Morris caricature aussi les couleurs. Au lieu de colorer le ciel en bleu, les couleurs sont fantaisistes. Un personnage peut ne pas être de couleur chair avec des habits colorés, mais d'une couleur unie des pieds à la tête. Ainsi dans une scène d'incendie, la planche est colorée pratiquement entièrement en rouge vif. L'ensemble donne un aspect humoristique, voirepop art, aux couleurs de la série[40]. Pour Morris, ces coloriages donnent un aspectcinéma à la série. Cela pose des problèmes à l'imprimerie, où les couleurs sont appliquées par des chromistes, qui ne respectent pas toujours les couleurs indiquées par Morris sur lescalques posés sur les planches[41].
DansUn cow-boy à Paris, Achdé et Jul suggèrent que les couleurs noire, jaune et rouge respectivement du gilet, de la chemise et du foulard de Lucky Luke seraient une référence directe aux couleurs dudrapeau belge lorsque le personnage de Clara, présidente d'honneur de l'association pour l'amitié franco-américaine, demande à Luke si ses vêtements seraient le signe d'origines belges[42]. Plusieurs autres personnages secondaires parisiens prennent à leur tour Luke pour un Belge dans le reste de l'album.
Les décors de la série sont très épurés. PourMorris la lisibilité d'une image est très importante pour que le lecteur comprenne au premier coup d'œil ce qui s'y passe. Une charge de cavalerie est alors représentée par trois ou quatre soldats plus desombres chinoises, un décor duGrand Nord par de laneige et quelques silhouettes desapins. Morris va même jusqu'à supprimer le décor quand il n'est pas essentiel à l'action, en représentant seulement le décor dans la première case de l'action et en l'omettant dans les cases suivantes. Cette technique permet de rendre plus simple l'action des personnages[43].
La série se déroule sur une période de40 ans, de 1861 (juste avant laguerre de Sécession qui débute en avril) jusqu'à la fin du siècle. La majorité des histoires se déroulent vers les années 1880. Lesfrères Dalton sont les premiers personnages historiques à apparaître dans l'histoireHors-la-loi (1951). Suivront de grandes figures du Far-West comme le jugeRoy Bean dansLe Juge, les frères Earp et en particulierWyatt Earp dansO.K. Corral,Soapy Smith dansLe Klondike ou encoreJesse James,Billy the Kid etCalamity Jane qui apparaîtront comme personnages principaux de plusieurs épisodes de la série[44].
Représentation du croque-mort et de son vautour au parcHarikalar Diyarı àAnkara.
La série parodie souvent l'univers deJohn Ford[45]. Ainsi,La Diligence est une transposition deLa Chevauchée fantastique etLe20e de cavalerie une version humoristique du filmLe Massacre de Fort Apache. Morris et Goscinny pastichent égalementCecil B. DeMille dansDes rails sur la prairie (Pacific Express),Leo McCarey dansLe Pied-Tendre (L'Extravagant Mr Ruggles)[46] et l'univers deSergio Leone dansChasseur de primes.La série représente un univers dewestern qui insiste moins sur le côté réaliste (caractéristique deJerry Spring, autre série du journalSpirou créée en1954 parJijé), que sur le côté humoristique : elle est tout de même réaliste car la grande majorité des histoires est fondée sur des faits réels et des personnages ayant existé, mais aussi humoristique car la série est traitée avec humour et ne se prend pas trop au sérieux. Il faut noter que dans les débuts de la série, l'univers est entièrement humoristique et c'est unFar West totalement inventé par Morris qui est représenté. Le changement interviendra très vite après le voyage de Morris auxÉtats-Unis. Ainsi le héros, Lucky Luke, présenté comme uncow-boy, est montré à plusieurs reprises en train de garder lesvaches dans les grands espaces américains, les stéréotypes du cow-boy sont caricaturés quand il est aussi présenté comme un défenseur sans faille de la veuve et de l'orphelin qui tire plus vite que son ombre et peut boire ausaloon aussi bien duwhisky que duCoca-Cola. Pour son personnage, Morris s'inspire initialement de plusieurs acteurs de western américains,Tom Mix,William S. Hart et surtoutGary Cooper pour son côté élancé, un peu dégingandé. Dans l'image finale de chaque épisode il y a même un rappel descow-boys chantants(en), telsRoy Rogers ouGene Autry[47]. Soncheval,Jolly Jumper, présenté comme le plus rapide de l'Ouest, est indépendant. Il est capable aussi bien de faire lecafé que de jouer auxéchecs avec son cow-boy. Il accourt chaque fois que Lucky Luke a besoin de lui. Les saloons sont emblématiques de la série, c'est dans cet endroit que l'ambiance western est la plus visible. Remplis de joueurs depoker, danseuses (depuisDalton City puisqu'elles étaient censurées auparavant),pianistes plus ou moins doués et unbarman qui cache une arme de dissuasion sous son comptoir et craint pour son miroir à chaque bagarre. Pratiquement chaque saloon de la série voit passer une bagarre qui le démolit. Lecroque-mort est caricaturé comme un homme sans scrupule qui souhaite la mort de son prochain pour faire de l'argent, il est souvent représenté en vieil homme chauve vert pâle vêtu de noir et accompagné d'unvautour[c 6].
Les faits historiques sont aussi traités avec humour et caricaturés. L'arrivée descolons à l'Ouest, dutrain et dutélégraphe sont traités de la même manière que les grands évènements que sont laruée vers l'or ou l'exploitation dupétrole. La série tourne en dérision la cupidité de cespionniers prêts à prendre tous les risques et à tout quitter sur la simple rumeur qu'on pouvait faire fortune ainsi que lesvilles champignons qui poussent en une nuit et meurent presque aussi vite, ainsi que la violence du Far-west, où les bagarres, fusillades, attaques de bandits ou d'indiens sont vus comme des événements banals et les pendaisons comme un divertissement. La figure de Lucky Luke est aussi traitée avec humour lors de ces évènements ; quoi qu'il arrive il n'y participe jamais pour s'enrichir, mais simplement pour protéger les plus faibles ou rétablir la justice. Renversant les clichés des œuvres de western, lacavalerie est montrée comme stupide, incompétente, voire dangereuse pour la paix, alors que lesAmérindiens, bien que n'échappant pas à la caricature (usant notamment d'un langage très stéréotypé) ne sont pas montrés comme des sauvages, mais comme des victimes, de la trahison d'un des leurs, de la civilisation ou même de l'alcool. Les bandits présents dansLucky Luke ont pour la plupart véritablement existé (hormis dans les premières histoires, jusqu'àHors-la-loi). Ils sont montrés comme des parodies de leur propre légende.Billy the Kid reçoit des fessées comme un enfant pour ses méfaits,Jesse James est caricaturé comme unRobin des Bois de l'Ouest dénué de scrupules, qui vole non seulement les riches, mais tout le monde, pour son propre profit puisqu'il se désigne lui-même comme étant « un pauvre »[c 1]. Le jugeRoy Bean est montré comme un personnage folklorique. Lefolklore de l'Ouest est souvent dépeint dans les différentes histoires, de la caricature descharlatans qui vendent des boissons miracles, aucirque qui parcourt l'Ouest en passant par les chasseurs de bisons ou deprimes, les villes entièrement contrôlées par les bandits et même les problèmes d'intégration des étrangers arrivés dans le pays[c 1].
Les danseuses decancan sont un exemple d'autocensure dans la série.Morris ne va les dessiner qu'à partir des années 1970.
La série fut plusieurs foiscensurée, en particulier enFrance, très tôt, peu après la seconde guerre mondiale, en 1949[1]. C'est l'époque où une loi française sur les publications jeunesse est votée par le parlement français pour limiter l’invasion des BD américaines[1]. Ces BD venues du Nouveau Monde sont alors soupçonnées d’encourager la délinquance juvénile[1], et la nouvelle loi exige qu'elles soient morales[1].
La censure se manifeste à nouveau à partir de 1955 en Belgique où le gouvernement accuse la bande dessinée de pervertir la jeunesse. Ainsi la fin de la douzième histoireHors-la-loi a été changée, car jugée trop sanglante. Dans la fin classique de l'histoire,Bob Dalton est arrêté parLucky Luke, puis on découvre après qu'il est mort, mais il n'est pas dit que c'est Lucky Luke qui l'a abattu. La fin de l'histoire présente dans la réédition de la collection « Gag de poche » de1964 est complètement différente puisqu'on voit Bob Dalton mourir après qu'une balle — que l'on suppose tirée par Lucky Luke — lui a traversé la tête. Cette fin explique mieux la haine, dans l'histoireLes Cousins Dalton, des frères Dalton, cousins des Dalton de l'histoireHors-la-loi, envers Lucky Luke. C'est la fin censurée qui sera publiée dans le journalSpirou en1952[49]. L'histoireBilly the Kid fut elle aussi censurée. Une planche où l'on voyaitBilly the Kid alors bébé sucer unrévolver, fut censurée par le comité français au nom de la moralité et du bon goût[c 3]. Il faudra attendre1981 pour que le dessin original soit rétabli dans l'album[d 2].
Lors de l'adaptation de la série en dessin-animé par les studiosaméricainsHanna-Barbera Productions, certaines caractéristiques de la série vont être supprimées, à commencer par lacigarette remplacée en 1983[e].
Le héros cesse ainsi de fumer la cigarette, qu'il remplace par un brin de paille[1], car la société d’animation, qui produit Tom et Jerry et Scoubidou, propose une version pour la télé américaine et il faut tenir compte de l'influence des associations anti-tabac dans ce pays[1] et autre lobbies américains[50].
Cinq ans après, en 1988, l’OMS salue cette initiative à l’occasion de la journée mondiale sans tabac[1].
Parfois, par peur de la censure, les éditeurs s'autocensurent, d'autant plus que le journalSpirou dispose d'un « conseiller » religieux, en la personne du jésuite Philippe Sonnet[51]. Ainsi le dessinateurMorris, dut recommencer quatre ou cinq fois la couverture de l'albumLes Rivaux de Painful Gulch[c 3], les éditeurs trouvant les différentes couvertures beaucoup trop violentes (les deux protagonistes de l'histoire se tiraient dessus ou de l'alcool était visible au premier plan)[52]. Les auteurs aussi s'autocensurent : les danseuses decancan n'apparaissent qu'au début des années 1970 ; lors des scènes dependaison lacorde est cachée ; les tableaux des saloons avec des femmes légèrement vêtues sont remplacés par des caches noirs[52].
Cette censure, constituant selonFrancis Lacassin une« négation même du western », pesait assez lourdement sur Morris, qui en a dessiné pour le journal étudiant belgeLe Point une planche où Lucky Luke boit duwhisky à gogo, tue ceux qui l'ennuient, et passe une nuit torride avec une danseuse de cancan, ce qui suscite la colère de Jolly Jumper :« Il sent encore l'alcool et le parfum ! C'est comme ça tous les jours quand on ne travaille pas chez Dupuis ! À quoi ça sert de gagner de l'argent si c'est pour le dépenser comme ça ! » Cette planche a été reproduite à plus grande échelle en août1966 dansGiff-Wiff[53].
Quand Morris quitteDargaud pourLucky Productions en1990, il en profite pour refaire le dessin du quatrième de couverture des albums. Lucky Luke qui jusque-là tirait avec un revolver dans l'estomac de sonombre, désormais tire avec deux armes en pleincœur de son ombre[f], la fumée sortie des revolvers est aussi gonflée pour rendre l'image plus impressionnante. En revanche, lacigarette disparaît, remplacée une fois de plus par un brin d'herbe[54].
Une des figures de l'Ouest qu'on retrouve le plus dansLucky Luke est leshérif. Personnage discret, voire peu malin ou tout aussi pleutre que les citoyens qu'ils sont censés protéger, afin de ne pas faire d'ombre au héros, il porte toujours la barbe ou la moustache et se trouve être soit très gros, soit très maigre. Chargé de faire respecter la loi, il est souvent débordé, ce qui permet l'entrée en scène de Lucky Luke[c 7].
Ausaloon se rencontrent d'autres personnages récurrents. Le joueur depoker, habillé élégamment et affublé d'un chapeau, a le regard fourbe du tricheur ; il fréquente les tables de jeux et se retrouve fréquemmentcouvert de goudron et de plumes porté sur un rail par les habitants du village. Le plus célèbre d'entre eux dans la série est sans aucun doute Pat Poker. Lebarman est pourvu d'un gros ventre et d'une belle moustache ; son activité principale est de servir les verres et de protéger le grand miroir derrière son comptoir lors des bagarres. Ladanseuse decancan est présente dans les saloons de la série depuis la libération des mœurs, sous les traits d'une jolie fille ; son autre activité, qui est laprostitution, jamais avouée, saute tout de suite aux yeux des lecteurs plus âgés. Lepianiste, toujours inébranlable malgré les bagarres et les fusillades qui l'entourent, est une dernière figure récurrente du saloon[c 7].
En dehors du saloon, se trouvent des personnes telles que lecroque-mort, vêtu de noir, présent dès qu'un homme s'effondre, et qui parcourt de sa sombre allure les rues des villages à bord de soncorbillard tiré par un cheval noir squelettique, souvent complice des bandits par intérêt commercial et se lamentant en cas de baisse ou absence de criminalité. Le grand-père sur sonfauteuil roulant, qu'il manie habilement, et bien souvent armé d'un vieuxfusil. Leblanchisseur toujours de petite taille et d'originechinoise, est discret, modeste et parle un langage incompréhensible composé de figures de styles stéréotypées. Le banquier et samontre à gousset, les dames de la hautebourgeoisie armées de leurombrelle, l'agent dutélégraphe toujours distrait, lesvautours sans cesse aux aguets apparaissent également de manière récurrente[c 8].
Une constante à la fin d'une histoire est le départ du héros sur son cheval, face au soleil couchant et chantant :
« I'm a poor lonesome cow-boy and a long long way from home. »
(Je suis un pauvre cow-boy solitaire et bien loin de ma maison.)
C'est dans l'histoireLucky Luke contre Cigarette Cæsar présente dans l'albumno 3Arizona qu'il interprète pour la première fois sa chanson, (en suivant l'ordre de la parution des histoires dansSpirou) mais c'est à partir de l'histoireDes rails sur la prairie dans le neuvième album qu'elle revient à chaque fin d'aventure[55]. Dans les albums, cette chanson apparait parfois en début d'aventure, comme dansLa ruée vers l'or de Buffalo Creek (en suivant cette fois l'ordre des albums, c'est la première apparition de la chanson), deuxième histoire deRodéo, le deuxième album parus chez Dupuis ; ou encore dansLa diligence, premier album parus chez Dargaud, ou, chose assez rare, la chanson est chantée à la fois en début et en fin d'aventure. Cette ritournelle est détournée à plusieurs reprises comme dans l'histoireLa Fiancée de Lucky Luke, oùLucky Luke chante une version plus longue, parlant de ses pensées sur les femmes ou encore à la fin de l'histoireÀ l'ombre des derricks, où Lucky Luke s'écrie« Et à nous le Texas, où il n'y a pas de pétrole ! ». Goscinny n'aura pas résisté à la tentation de placer un gag. Le mot « Fin » qui fait lui aussi partie du tableau de la dernièrecase est parfois modifié comme dans l'histoireMa Dalton où il est écrit enpoint de croix et dans l'histoireLe Grand Duc où le mot est écrit enrusse[56].
La série oppose lebien aumal. Il s'agit même d'une des premières séries debandes dessinées franco-belges de ce genre. Elle a participé à l'élaboration des règles et caractéristiques qui sont devenues par la suite des classiques de ce style de bande dessinée[57].
Le bien est représenté par laloi, qui est défendue par Lucky Luke, héros-type des séries de ce genre. Solitaire, il est toutefois accompagné d'un ami fidèle : le chevalJolly Jumper, qui lui donne la réplique de manière souvent comique. Il n'a pas de personnalité puisqu'il est parfait et qu'il représente la loi et lamorale ; il doit alors ne pas prêter à rire et parfois être le seul personnage sérieux[g]. Graphiquement il est assez simple, ni beau, ni laid en évitant d'être ridicule[57].
Le mal est essentiellement représenté dans la série par les bandits de l'Ouest. Leur méchanceté n'a pas d'explication psychologique, c'est la nature qui les y pousse. Leméchant est laid, par opposition à la neutralité graphique de la figure du bien. La codification est même poussée pour qu'un lecteur voie de la sournoiserie chez un petit ou de la bêtise chez un gros, mais dans la série la codification graphique n'est pas systématique. Si les bandits de l'Ouest américain et leursstéréotypes sont les méchants les plus représentés dans la série, celle-ci aborde également d'autres couches sociales : leshommes politiques, lesnotables, lesfermiers, ou encore lesbourgeois, mais leurs rôles sociaux ne déterminent pas leurs caractéristiques antagonistes. Lesfaire-valoir des méchants principaux sont eux représentés de manière totalement stupide et manipulés par l'intelligence supérieurement diabolique de leur patron. Lesfrères Dalton sont eux des méchants à part dans la série ; graphiquement ils ont un visage identique maisJoe semble respirer la haine et Averell la bêtise. Pour être drôle, chaque apparition des Dalton doit être une surenchère dans le mal, Joe doit être encore plus haineux et Averell encore plus bête. Le comique repose sur la répétition et pour le comprendre, le lecteur doit déjà connaître les habitudes de la série[57].
Héroséponyme de la série,Lucky Luke est uncow-boy solitaire réputé être « l'Homme qui tire plus vite que son ombre ». Mince, il est coiffé d'une grande mèche noire. À quelques exceptions près, il porte toujours une chemise jaune, un gilet noir, un foulard rouge, un pantalon bleu, des bottes marron et un chapeau blanc. Son nom, inventé parMorris, vient de « Luck » qui signifie « chance » et de « Lucky », « chanceux »[d 3].
Au début de la série, Lucky Luke est violent, rustre et vulgaire. Il n'hésite pas à abattre Mad Jim dans l'histoireLe Sosie de Lucky Luke, Phil Defer et les frères Dalton dansHors-la-loi[d 4]. Avec l'arrivée de René Goscinny comme scénariste, sa personnalité change : il devient habile avec son arme et il ne tue plus, mais se sert de son talent de tireur pour désarmer ses adversaires[d 5]. Il devient un serviteur de la justice[d 6], dont les principales missions consistent à rattraper les Dalton, escorter ou surveiller les prisonniers dangereux et mettre les bandits hors d'état de nuire[d 7]. Il peut aussi, à certaines occasions, êtrecow-boy et mener les troupeaux à travers l'Ouest, conduire les caravanes depionniers[d 3], escorter une personnalité et des délégations étrangères, être mandaté par le gouvernement notamment par lebureau des affaires indiennes, voire par leprésident des États-Unis en personne. Employé à la protection d'entreprises privées dans les domaines de la communication (télégraphie,messagerie expresse) et des transports (compagnie de chemins de fer,diligence,transport maritime,transport de fonds), il peut aussi assurer les fonctions deshérif et demaire quand les notables locaux ont fui[d 7].
Il possède plusieurs qualités, comme lagalanterie puisqu'il enlève son chapeau pour saluer les femmes, la courtoisie, le respect, la séduction (il est courtisé par plusieurs femmes). Non violent (à partir de l'arrivée deRené Goscinny comme scénariste), il est toujours prêt à secourir les plus faibles, ignore la peur[d 5], possède des nerfs d'acier, défend les biens d'autrui de manière désintéressée puisqu'il refuse à plusieurs reprises de toucher une récompense[d 6]. Il est aussi très solitaire et l'on ne sait rien de sa famille, sauf lorsqu'il parle à deux reprises seulement de son grand-père dansLa Ruée vers l'or de Buffalo Creek etPhil Defer[d 4]. Son domicile est inconnu, bien qu'il l'évoque dans la chanson de fin ; on sait toutefois qu'il reçoit la plupart de ses messages dans la ville de Nothing Gulch[h],[d 3].
DesAppaloosa, la race de cheval qui a inspiré Jolly Jumper.
Jolly Jumper est lecheval deLucky Luke. Présent dèsArizona 1880, la première histoire de la série, il est de couleur blanche, avec une crinière blonde et des taches marron sur la croupe. Si, au début de la série, il n'exprime que rarement ses opinions, à partir de la trentième histoireSur la piste des Dalton il devient sous la plume deRené Goscinny un commentateur de l'action. Ses commentaires se font par l'expression de ses pensées, pour regretter une situation ou pour en souligner l'absurdité, prenant souvent le lecteur à témoin. Il ne dialogue jamais avec Lucky Luke, même s'il comprend ce que ce dernier dit, ce dont Lucky Luke a conscience. Il lui arrive parfois de converser avec ses congénères, qu'il prend d'ailleurs souvent de haut, se montrant même grossier avec leschevaux d'attelage[d 8].
Cheval rapide (on dit même qu'il est le plus rapide de l'Ouest), il n'a pas peur du danger et sauve Lucky Luke à plusieurs reprises dans la série. Il possède plusieurs qualités assez inhabituelles pour un cheval, puisqu'il peut tenir en équilibre sur un fil avec unpiano sur le dos, monter auxarbres, compter, forcer lesserrures et jouer auxéchecs, battant même souvent Lucky Luke à ce jeu. Excellent compagnon, il lui arrive de faire la lessive, le ménage et la cuisine pour Lucky Luke. Très susceptible, il peut se vexer lorsque soncow-boy lui adresse une remarque désagréable. Il détesteRantanplan et ne manque jamais une occasion de le critiquer[d 8].
Rantanplan est un chien spécialisé dans la garde des prisons. Il apparaît pour la première fois dansSur la piste des Dalton la trentième histoire de la série, publié pour la première fois en1960. Il « travaille » dans la prison duTexas où sont emprisonnés lesfrères Dalton. Il apparaît presque toujours avec eux, les suivant à la trace chaque fois qu'ils s'évadent dupénitencier. Physiquement il possède un pelage marron, une grosse truffe noire et des oreilles pointues[d 9].
Rantanplan est une parodie du chienRintintin et à la différence de ce dernier, Rantanplan est stupide[c 3]. CommeJolly Jumper, il sait s'exprimer par des pensées, mais les siennes sont ineptes et seul le lecteur en a connaissance. Incapable de flairer une piste, de nager, de chasser et de survivre seul, il est plusieurs fois sauvé par des quidams ou parLucky Luke[d 10]. De sa famille on connaît l'existence d'un frère cadetpékinois et de parents qu'il n'a jamais revus depuis sa première sortie seul[d 9].
Son nom peut être orthographié de différentes manières. Ainsi, lors de sa première apparition, son nom est écrit « Ran-tan-plan », lors de la deuxième son nom devient « Ran-Tan-Plan » puis « Ran Tan Plan ». En1987, quand il devient le héros de sa propre série de bande dessinée, il devient « Rantanplan »[d 9].
Deux des véritablesfrères Dalton (au centre) dont lesDalton de la série sont les cousins fictifs.Représentation desfrères Dalton au parcHarikalar Diyarı àAnkara.
Les frères Dalton sont une fratrie composée de quatre bandits prénommés Joe, Jack, William et Averell. Ils sont les cousins imaginaires des véritablesfrères Dalton, des hors-la-loiaméricains qui ont sévi auXIXe siècle. Ils font leur première apparition dans l'histoireLes Cousins Dalton où ils promettent d'abattreLucky Luke pour venger la mort de leurs cousins tués quelque temps auparavant par le cow-boy solitaire. Ils vont alors devenir des personnages récurrents de la série, comme premiers ou seconds rôles[d 11].
Pour donner un aspect comique à ses personnages,Morris leur donne des tailles en escalier, le plus petit étant Joe, suivi de William et Jack, Averell étant le plus grand. Leur taille est la seule façon de les différencier, car ils ont le même aspect physique : nez rond, menton en avant et fine moustache[d 12].
Si leur physique est identique, ils sont différents par leurs caractères.Joe est le chef de la bande. Rancunier, il a envers Lucky Luke une très grande haine. Il est le cerveau de la bande, bien que ses plans toujours stupides ne fonctionnent jamais. Doté d'une forte personnalité, il impose ses décisions à ses trois frères, qui malgré tout le vénèrent. Très colérique, il est souvent dominé par ses humeurs ; ses frères tentent alors de le calmer d'un « Du calme…Joe ! ». Il s'énerve souvent contre Averell, qu'il menace d'étriper[d 13]. Il possède malgré tout un caractère émotif : il pleure dans les bras de sa mère ou tombe amoureux de la danseuse Lulu Carabine. Il a aussi le sens de la famille, car jamais il n'envisage d'abandonner un de ses frères[d 14].
Le suivant par la taille est en généralWilliam. Comme son frère Jack, il n'a pas de caractère particulier[d 14] et il est d'ailleurs fréquent que les auteurs inversent leurs prénoms[d 15] entre deux albums, voir au sein d'un même album. Il ne prend que quelques initiatives au cours des aventures où il apparaît[d 14]. Sa principale intervention au cours des aventures est, dans l'histoireDalton City, de tomber amoureux en même temps que son frère Joe de Lulu Carabine, s'engageant alors entre les deux frères une bataille amoureuse[d 15]. Mais aussi William est le seul des Dalton à savoir lire. On apprend qu'il confond les B et les G dansMa Dalton. On sait dansLa Guérison des Dalton que petit son père dit « Pa » lui a interdit de retourner à l'école pour un bon point en comportement.
Jack est le troisième Dalton par la taille. Comme son frère William, il est souvent utilisé comme faire-valoir au cours des aventures[d 16]. Sa principale particularité est de souvent finir les phrases de son frère William[d 13].
Le plus grand des frères Dalton estAverell. Il a la particularité d'être aussi le plus bête, sa phrase fétiche étant « Quand est-ce qu'on mange ? ». Cette obsession est propice à de nombreux gags dans la série[d 12]. Stupide, il est toujours à côté du sujet quand il parle. Il est souvent le souffre-douleur de ses trois frères, et surtout de Joe. Il est le chouchou de Ma Dalton, leur mère. C'est le seul des quatre qui soit un peu sympathique. Dans l'histoireLa Guérison des Dalton, il révèle une nature honnête après la thérapie du docteur Otto von Himbeergeist, mais naïf et paresseux il se laisse entraîner par ses frères[d 16].
Leur mère, Ma Dalton, apparaît pour la première fois dans l'histoire qui porte son nom, avant de réapparaître par la suite dans les histoiresL'Amnésie des Dalton etBelle Starr. Elle aide à plusieurs reprises ses fils à s'évader de prison, voire les appuie dans leurs méfaits[d 17].
Tout comme Billy the Kid,Calamity Jane fait ses premières apparitions dansHors-la-loi et dansLucky Luke contre Joss Jamon. On nous la présente alors comme un bandit, ce qu'elle n'était ni dans la réalité, ni plus tard dans la série. Son physique à elle aussi est différent de celui qui lui sera attribué plus tard dans la série. C'est dans l'histoire qui porte son nom qu'elle trouvera son physique et sa personnalité standard[d 20]. Elle sera le personnage principal d'une deuxième histoire :Chasse aux fantômes. Elle apparaîtra aussi brièvement dans d'autres histoires. Dotée d'un physique et d'une force masculines, elle rêve malgré tout d'une vie tranquille et Lucky Luke tentera de lui apprendre les bonnes manières[d 21], mais l'appel de l'aventure sera plus fort[d 20].
Le jugeRoy Bean fait sa seule véritable apparition dans l'histoireLe Juge qui lui est dédiée[d 22], mais on peut noter que son portrait figure sur une affiche intitulée "Mon maître" dans la cellule du juge Biglard qui fera remarquer aux Dalton dansLa Corde au cou qu'ils peuvent se marier pour ne pas être pendus. Il exerce son métier de juge dans le saloon deLangtry auTexas où il terrorise les habitants avec des amendes qu'il encaisse lui-même. La série reste fidèle à la réalité historique de ce personnage[d 23].Buffalo Bill apparaît pour la première fois dans le préambule de l'histoireLe Fil qui chante, puis il réapparaît dansLe Pony Express,Belle Starr etLa Légende de l'Ouest[d 24].Jesse James, se prend pour leRobin des Bois de l'Ouest, mais est surtout un voleur méchant et sans foi ni loi. Il apparaît principalement dans l'histoire à son nom où apparaissent aussi son frère ainé et complice Franck[d 25] et son cousinCole Younger[d 26], puis seul dansBelle Starr. Avant cela, il apparaît trois fois dans la série avec une personnalité et un physique différents de ceux qu'il aura par la suite[d 27].
Abraham Lincoln, président desÉtats-Unis entre 1861 et 1865, qui va être représenté à plusieurs reprises pour confier des missions àLucky Luke.
Hank Bully est conducteur dediligence pour la sociétéWells Fargo. Il sait manier lefouet avec une grande précision. Physiquement il est la caricature de l'acteurWallace Beery, habillé négligemment au contraire de la réalité où les conducteurs de la société Wells Fargo sont soucieux de leur apparence. Il apparaît dans la plupart des albums où se déroule un grand trajet à travers lesÉtats-Unis, ainsi il fait sa première apparition dans la quarante-septième histoire,La Diligence, puis il revient dansLe Fil qui chante,La Fiancée de Lucky Luke etBelle Starr. Il apparaît aussi de manière anecdotique dans d'autres histoires de la série[d 31]. Dans l'histoireLe Pied-Tendre, Lucky Luke accompagne unaristocrateanglais nommé Waldo Badmington qui vient d'hériter d'une terre dans la ville de Dry Gulch. Il est accompagné par ses domestiques Jasper et Sam l'Indien, ces deux derniers personnages reviennent dans l'histoireLa Belle Province[d 42]. Erasmus Mulligan, propriétaire du Western Circus dans l'histoire dumême nom est protégé par Lucky Luke contre Corduroy Zilch, organisateur derodéo qui voit d'un mauvais œil la concurrence ducirque[d 43]. DansChasseur de primes, il aide leCheyenne Tea Spoon soupçonné d'avoir volé Lord Washmouth III, un cheval de compétition[d 44]. Dans la quatre-vingt-septième histoire,La Fiancée de Lucky Luke, Lucky Luke doit protéger un convoi de femmes et particulièrement Jenny dont le fiancé est en prison et qui va vivre avec Lucky Luke[s 11]. Dans l'histoireLes Dalton à la noce, Samuel Parker, ami de Lucky Luke, veut s'occuper des Dalton avant son mariage[s 12]. Marcel Dalton présent dans l'histoire du même nom est l'oncle des Dalton, banquier enSuisse il est le seul membre honnête de la famille et va engager ses neveux dans une banque qu'il ouvre auxÉtats-Unis[s 13].
L'histoireDes rails sur la prairie est la première scénarisée parRené Goscinny. Les ennemis créés pour l'occasion sont Black Wilson, un membre du conseil d'administration de laTranscontinental Railway et ses trois hommes de main chargés d'empêcher les travaux de la ligne de chemin de fer entre Ox Gulch etSan Francisco[d 45]. Dans l'histoire suivante,Alerte aux Pieds-Bleus, les ennemis sont Pedro Cucaracha, les Pieds-Bleus, les Pieds-Verts et les Pieds-Jaunes[s 10]. DansLucky Luke contre Joss Jamon, les ennemis sont Joss Jamon, le chef d'une bandede confédérés, qui terrorise l'Ouest avec ses complices Pete l'Indécis, Jack le Muscle, Joe le Peau-Rouge, Sam le Fermier et Bill le Tricheur[d 46]. La vingt-septième histoire,Ruée sur l'Oklahoma met en scène Coyote Will qui cherche à prendre le contrôle de Boomville[d 47]. Le Capitaine Lowriver apparaît dans la vingt-neuvième histoire,En remontant le Mississipi : il dirige l'« Asbestos D. Plower » qui navigue sur leMississippi et affronte son rival, le Capitaine Barrow, dans une course de bateaux[d 48].Les Rivaux de Painful Gulch, la trente-deuxième histoire, voit s'affronter deux familles au détriment de la ville de Painful Gulch, les O'Hara composés de Josuah, Mammy, Nathaniel[d 49], Pappy et Zacharias[d 50] et les O'Timmins, composés de Bigelow, Bobonne, Montgomery[d 51] et d'Old Timer. À la fin Lucky Luke va réussir à réconcilier les deux familles[d 52]. Dans l'histoireLes Collines noires, l'ennemi est Bull Bullets, un homme de main du sénateur Orwell Stormwind qui doit saboter l'expédition[d 53]. La trente-neuvième histoire,La Ville fantôme, met en scène le tricheur professionnel Denver Miles et son souffre-douleur Colorado Bill qui tentent de prendre le contrôle de la mine d'or du vieillard Powell[d 54]. Dans l'histoireLe 20e de cavalerie, Luke affronte les indiensCheyennes dont le chef Chien Jaune est manipulé par le traitre Derek Flood qui le pousse à l'affrontement avec le20e de cavalerie[d 55]. Le bandit inventé dans l'histoireL'Escorte est Bert Malloy, le voisin de cellule deBilly the Kid qui va promettre de l'aider à s'évader contre une partie de son magot[d 56]. Le roi du bétail Cass Casey est l'ennemi de l'histoireDes barbelés sur la prairie qui va entrer en guerre avec d'autres éleveurs contre les fermiers[d 57]. La quarante-cinquième histoire,Tortillas pour les Dalton, met en scène un chef de bandemexicain du nom d'Emilio Espuelas qui enlève les Dalton avant d'être manipulé par Joe[d 58].
Dans l'histoireLe Pied-Tendre, le bandit qui tente de s'emparer des terres héritées par Waldo Badmington, est Jack Ready[d 59]. Corduroy Zilch, organisateur de rodéo dans la cinquante-cinquième histoire,Western Circus, voit d'un mauvais œil l'arrivée du cirque à Fort Coyote[d 60]. DansCanyon Apache, on assiste à une guerre entre le colonel O'Nollan qui veut se venger desApaches qui ont enlevé son fils, Patrick, et le jeune chef Apache, Patronimo[d 61]. Elliot Belt est un chasseur de primes dans l'histoire dumême nom que tout le monde déteste pour sa vocation à la délation. Dans l'histoire, il veut capturer Tea Spoon soupçonné d'avoir volé un cheval de compétition à Bronco Fortworth[d 62]. Dans la soixante-huitième histoire,Le Cavalier blanc, l'affrontement a lieu avec Whittaker Baltimore, directeur d'une troupe de théâtre qui joue la pièceLe Cavalier Blanc, mais desbraquages ont lieu dans chaque ville où se produit la troupe[d 63]. DansLa Guérison des Dalton, le professeur Otto Von Himbeergeist, qui vient d'Europe pour guérir les Dalton grâce à une nouvelle science appelée lapsychanalyse, va tourner casaque à leur contact[d 64]. Buck Ritchie dansL'Empereur Smith tente de manipuler l'Empereur pour utiliser son armée à des fins malhonnêtes[d 65].
Fingers présent dans l'histoire du même nom est unmagicien dont les mains volent sans qu'il puisse les contrôler ; il va aider les Dalton à s'échapper dupénitencier, puis va être placé sous la responsabilité de Lucky Luke[s 14]. Dans la cent-deuxième histoire,Le Pont sur le Mississipi, les frères Bat et Dick Cayman, dont l'aîné est maire des deux villes que doit relier le pont, sabotent sa construction pour ne pas perdre leur puissance[s 15]. Dans l'histoireLe Prophète, Lucky Luke doit rattraper les Dalton et le prophète Dunkle qui a embrigadé Averell Dalton[s 16].
Beaucoup de ses collègues de la bande dessinée sont eux-mêmes représentés dans la série.André Franquin, grand ami deMorris, est présent à plusieurs reprises notamment comme adjoint dushérif[62] ou comme guitariste[63]. Aux détours d'une case, on croiseWill,Eddy Paape[64],Victor Hubinon, René Goscinny, principal scénariste de la série, qui est caricaturé en Pete l'Indécis de la bande àJoss Jamon[65] ou encorePaul Dupuis, l'un des éditeurs deSpirou qui devient le patron duFort Weakling Clarion dans l'histoireBilly the Kid.Jerry Spring et son ami Pancho, ainsi queRed Ryder et son aide Petit Castor, autrescow-boys du journalSpirou ont aussi droit à leur caricature[66].Albert Uderzo a cru que le personnage dupied-tendre est une caricature de lui-même, mais Morris affirme plus tard qu'il ne s'agit que d'une coïncidence[65].
En 1999 est créée la maison d'éditionLucky Comics, née d'un partenariat entre Lucky Productions et Dargaud. Tous les albums de Lucky Luke qui ont été publiés par ces deux maisons d'édition le sont désormais par cette nouvelle entité. Le premier album publié par Lucky Comics paraît en2000 et est intituléLe Prophète, sur un scénario dePatrick Nordmann[69]. L'année suivante sortL'Artiste-peintre, scénarisé par Bob De Groot. En2002 est publiéLa Légende de l'Ouest, sur un scénario Patrick Nordmann. Il s'agit de la dernière histoire deMorris qui est décédé l'année précédente[71].
Avec le décès deMorris, et conformément à sa volonté, Lucky Luke poursuit ses aventures avec un nouveau dessinateur,Achdé. Un nouveau scénariste attitré à la série est aussi désigné en la personne de l'humoristeLaurent Gerra. Pour l'occasion, la série est renomméeLes Aventures de Lucky Luke d'après Morris. Après un essai pour Achdé avec l'histoire courteLe Cuisinier français, sur scénario deClaude Guylouis dont l'album est offert pour l'achat d'un album de la série, sort en2004 la première histoire de ce nouveau duo,La Belle Province.La Corde au cou est éditée en2006[71].L'Homme de Washington est publiée en2008[72]. Après une longue absence, la série revient dans le journalSpirou en2010 avec l'histoire à suivreLucky Luke contre Pinkerton publiée duno 3779 auno 3784[3], puis en album la même année. Pour cet album, Laurent Gerra laisse le scénario au duoDaniel Pennac etTonino Benacquista[73] qui reviendront pour l'album suivant,Cavalier seul, paru en 2012. Gerra reviendra au scénario pourLes Tontons Dalton, avec l'aide deJacques Pessis, en 2014[74].
Depuis1947, les albums de la série ont été vendus à plus de 300 millions d'exemplaires[21]. Au, les trente-et-un premiers albums de la série ont été vendus à 24 677 000 exemplaires cumulés ce qui en fait la meilleure vente des éditionsDupuis[76]. À l'étranger, la série est traduite dans plus de vingt langues[21] et connait principalement un grand succès auxPays-Bas, enAllemagne et enScandinavie[c 9]. Au totalLucky Luke est une des séries de bandes dessinées les plus vendues au monde avecTintin etAstérix[77] et chaque nouvel album prend la tête des classements des meilleures ventes de livres toutes catégories confondues[78].
Le premierfilm en prises de vue réelles inspiré de la série estLe Juge du réalisateurJean Girault sorti en1971. Il s'agit d'une adaptation de l'histoire dumême nom avecPierre Perret dans le rôle du jugeRoy Bean. En revanche,Lucky Luke est purement et simplement absent du film, remplacé par le second rôle Buck Carson. L'absence du héros de la série dans ce film n'est pas tellement ressentie puisqu'il joue un rôle secondaire dans l'intrigue de l'histoire originale publiée en1959[s 17].
Le premier film en prise de vue réelle où l'on voit apparaître le personnage de Lucky Luke sort en1991 et porte simplement le titre deLucky Luke. L'acteurTerence Hill, vedette duwestern comique italien, l'a mis en scène tout en incarnant le personnage titre. Il a contactéMorris après avoir lu l'ensemble des albums de la série. Après une grosse hésitation de Morris à cause de la non-ressemblance de l'acteur avec Lucky Luke, les contrats sont signés et le film est tourné. Il s'agit d'une adaptation pratiquement conforme du premier dessin animé intitulé simplementLucky Luke (puis renomméDaisy Town par la suite) sorti en1971. La ville de Daisy Town est entièrement construite en six mois.Dix courts-métrages ont aussi été réalisés par la même équipe, pour la télévision. Basés sur les albums de la série, chacun comprend un invité vedette[79]. Le Lucky Luke incarné par l'acteur ne ressemble pas physiquement au Lucky Luke de la bande dessinée puisqu'il porte un longcache-poussière blanc et un chapeau à bords plats, en revanche, les caractéristiques du héros sont conservées[s 17].
LeshumoristesÉric et Ramzy ont repris le flambeau en écrivant et jouant une nouvelle adaptation cinéma en prise de vue réelle :Les Dalton. Réalisé parPhilippe Haïm, le film est sorti pour les fêtes de Noël2004. Les personnages principaux en sont lesDalton. Lucky Luke, s'il n'est pas absent du film, n'est présent que dans quatre ou cinq scènes. En revanche, il est représenté physiquement comme dans la bande dessinée. C'est l'AllemandTil Schweiger qui interprète son rôle[s 17]. Bien que les deux humoristes aient prétexté un hommage à l'œuvre de Morris, le film regorge d'accessoires loufoques comme unsombrero magique, ce qui est totalement hors de l'esprit de la bande dessinée d'origine. Une grande partie des médias, surtout enBelgique d'où est originaire le dessinateur, a fustigé le duo comique en les accusant d'exploiter de très mauvaise manière un patrimoine de la culture belge et par extension francophone à des fins uniquement financières[80].
Le premier long-métrage d'animation adapté de la série sort en1971 avec simplement pour titreLucky Luke (rebaptiséDaisy Town en 1983). Il est réalisé par les studios belgesBelvision sur scénario original deRené Goscinny,Morris etPierre Tchernia. Il s'agit d'une parodie d'unWestern spaghetti. Cinq ans plus tard, la même équipe produitLa Ballade des Dalton avec lesstudios Idéfix (créées par Goscinny etUderzo pour réaliserLes Douze Travaux d'Astérix). René Goscinny décède en1977 avant que le film ne soit fini. En1984, les studiosaméricainsHanna-Barbera Productions produisentune série animée éponyme. Ils exigent quelques changements dans les codes de la série, ainsiLucky Luke est contraint d'arrêter de fumer, il doit aussi se modérer sur l'utilisation des armes à feu, les stéréotypes parodiques sur les minorités sont à éviter, du coup les blanchisseurschinois, lesMexicains qui font la sieste et les domestiques noirs passent à la trappe. Un compagnon de « couleur » a même failli être adjoint à Lucky Luke. La série animée fera vingt-six épisodes d'une demi-heure adaptée d'un album. Avant la série animée est sorti, l'année précédente, un long-métrage intituléLes Dalton en cavale réalisé par le même studio américain[19]. Si la série connut le succès enEurope, elle fut un échec aux États-Unis et Hanna-Barbera se retire de la production dès la première saison. La sociétéfrançaise deIDDH continue seule l'aventure et produit uneseconde série en1991 débarrassée des contraintes américaines, mais moins réussie au niveau de l'animation, le budget étant plus modeste avec le départ des Américains[20].
En2001, la société française de productionXilam réalise une nouvelle série animée intituléeLes Nouvelles Aventures de Lucky Luke. Cette série se démarque des autres avec des scénarios totalement inédits, tout en respectant l'univers graphique de Morris et la patte de René Goscinny dans les scénarios. Composée de cinquante-deux épisodes, elle connut un grand succès du fait de sa diffusion le dimanche soir[84]. En2007, la même société d'animation sort un long-métrage d'animation intituléTous à l'Ouest, réalisé parOlivier Jean-Marie. Les voix sont réalisées par plusieurs acteurs célèbres commeLambert Wilson pour Lucky Luke ouClovis Cornillac pourJoe Dalton[s 19]. Le film est inspiré de l'albumLa Caravane, dont le scénario a été adapté pour tenir quatre-vingt-dix minutes à l'écran[85]. Les critiques de la presse sont moyennes concernant le film[86], mais 444 035 spectateurs voit le film en salle enFrance[87]. Xilam va aussi produire deux séries d'animations liées à l'univers de la série. La première, sortie en2006, met en scène le chienRantanplan dans des petits épisodes de deux minutes[88] et la seconde en2010 met en scèneLes Dalton dans des épisodes de sept minutes aux scénarios totalement inédits[89].
À partir de mars1974, la série va avoir son propre journal. Il est fondé parRené Goscinny qui occupe le poste de directeur de la publication etMorris au poste de directeur artistique. Ils adjoignentClaude Moliterni au poste de rédacteur en chef.
En plus des histoires deLucky Luke présentes dans chaque numéro, il y avait les sériesMac Coy, un cow-boy deJean-Pierre Gourmelen et d'Antonio Hernández Palacios,Valentin le vagabond deJean Tabary,Agar une série de science-fiction de Claude Moliterni et deRobert Gigi ou encoreVik le Viking de Claude Le Gallo. De plus il contenait de nombreuses rubriques sur l'information ou les loisirs, une fausse première page d'un journal intituléles Échos de Nothing Gulch qui compilait de fausses nouvelles humoristiques, les mémoires deRantanplan et d'Old Timer qui racontaient les grands évènements du Far West chacun à leur manière, ou encore une rubrique intituléeLes Télex du monde entier avec des jeux, le courrier des lecteurs, des posters et une illustration d'un comédien de western par des dessinateurs célèbres commeJean Giraud ouEnki Bilal. Le journal ne dure qu'un an et douze numéros, malgré un tirage à 98 000 exemplaires par mois. La raison invoquée pour cet arrêt est la difficulté qui pèse sur le monde de l'édition[90].
En1994, à nouveau, Lucky Luke a son propre périodique (mensuel), cette fois chezSemic, qui ne dure encore que quelques numéros, du numéro 1 (juin1994) au numéro 8 (janvier1995)[91],[92].
Fin, le groupe de presseMondadori lance un nouveau magazine en France : « Le journal de Lucky Luke », un trimestriel qui propose des bandes dessinées du héros, ainsi que des jeux.
LaSuper Nintendo, console sur laquelle est sorti l'un des premiers jeux issus de la série.
Le premierjeu vidéo basé sur l'univers de la série sort en1987 surAmstrad CPC.[réf. nécessaire] Il s'agit d'une adaptation de l'albumNitroglycérine sorti la même année[93]. En1996, sortent deux jeux, un surCD-i, édité parPhilips et l'autre surGame Boy édité parNintendo[94]. En1997 sort une autre adaptation surSuper Nintendo, éditée et développée parInfogrames. Il s'agit d'unjeu de plates-formes dont le but est de ramener lesDalton aupénitencier. Le jeu est bien accueilli à sa sortie, ses points forts mis en avant sont les graphismes, legameplay, ainsi que la bande-son tirée du dessin animé et ses points faibles la maniabilité et la durée de vie car il ne contient qu'une dizaine de niveaux[s 20]. La même année sort surPC etMac le jeuJe crée ma BD ! : Lucky Luke qui permet de créer sabande dessinée avec Lucky Luke comme héros[s 21]. Le jeuLucky Luke : Sur la piste des Dalton sort surPlayStation et PC en1998, il est édité parOcean Software et le but est de ramener les Dalton qui se sont échappés. Il s'agit du premier jeu en 3D mettant en scène Lucky Luke[s 22]. En1999, Infogrames porte le jeu Game Boy surGame Boy Color. En2000, sort sur la même consoleLe Train des desperados, dans lequel il faut récupérer le contrôle d'un train détourné par des bandits. L'année suivante sort le jeuLa Fièvre de l'ouest sur PC et Playstation,mais le jeu est raté à cause d'une réalisation et d'unejouabilité insuffisantes[non neutre]. La même année sortWanted surGame Boy Advanceplus réussi que le précédent[non neutre], il permet de jouer à deux joueurs. En2004, sortLe Fil qui chante basé sur l'album du même nom, l'humour de René Goscinny et les graphismes de Morris sont très présents, mais réservé aux plus jeunes par sa facilité[94]. Un des jeux sur CD-Rom créés par Infogrames est offert comme cadeau dans les boites de céréales de Kellogg's dès[95].Outlaws, sortie en2005 est le premier jeu de la série à sortir sur mobile. Édité par The Mighty Troglodytes, le but est de capturer les Dalton qui ont dévalisé un train transportant l'or de labanque fédérale[s 23]. Pour accompagner la sortie du film d'animationTous à l'Ouest, sont édités sur PC,Wii etNintendo DS des jeux tirés du film dont les graphismes et l'humour sont fidèles à la bande dessinée[s 24]. En2008, sort sur Nintendo DS un jeu intituléLes Dalton, qui propose de prendre le contrôle des Dalton à travers desmini-jeux[s 25].
En 2010, les éditions Dupuis etAnuman Interactive adaptent les tomes de la BD Lucky Luke en livre numérique, consultable grâce à l’application BD Touch[96]. Trois ans plus tard, les éditeurs annoncent le développement du jeu de Time ManagementLucky Luke : Transcontinental Railroad sur PC, Mac,iOS etAndroid[97].
En1974, sort unjeu de domino à l'effigie des personnages de la série[s 26]. La même année sort un jeu depuissance 4 intituléLes cinq Dalton à l'effigie desfrères Dalton[s 27]. En1980, sort unjeu de sept familles avec les personnages de la série[s 28]. La même année sortent deuxjeux de plateau intitulés pour l'unLa ballade des Dalton inspiré duMonopoly[s 29] et pour l'autreLucky Luke le cheval de fer[s 30] L'année suivante, sort unjeu de 52 cartes à l'effigie des personnages de la série[s 31]. En2002, sort unjeu de carte inspiré de lascopa intituléLucky Luke, la bataille contre les Dalton[s 32]. La même année sort un jeu intituléLucky Luke Wanted où il faut rechercher des bandits[s 33]. L'année suivante, sort un jeu intituléLe jeu du tricheur, un jeu de 52 cartes avec un filtre rouge pour pouvoir lire la carte quand elle est retournée[s 34]. En2007, sort un jeu de carte intituléTop Trumps[s 35].
ÀWalibi Belgium,Lucky Luke City ouvre en 1998. Ce quartier réunit attractions, point de restauration et d'autres services dans la thématique du cow-boy. Il est le dernier plan d'investissement de l'équipe d'Eddy Meeùs, le fondateur du parc : 200 millions defrancs belges (4,9 millions d'euros) pour la transformation complète de la zonePancho Villa. Les bâtiments existants sont rasés pour laisser place à un nouveau village de 15 000 m2 représentant en détail plusieurs éléments clés de la sérieLucky Luke. Morris et ses collaborateurs participent d'ailleurs activement à la création de ce projet dans lequel le promeneur retrouve un saloon (un nouveaurestauration rapide), le bureau du Shérif, la prison ou encore la banque qui constituent la file d'attente d'une nouvelle attraction[100],[101]. Cettetour de chute qui revient à elle seule à 125 millions de francs belges (3 millions d'euros) se nommeDalton Terror. D'une hauteur de 77 mètres, elle est le jour de son inauguration la première de son genre en Belgique et la plus haute du monde[102]. Afin de l'insérer dans la thématique Lucky Luke, l'attractionColorado est rebaptiséeCalamity Mine, en référence àCalamity Jane, un personnage queRené Goscinny introduit dans les histoires de Lucky Luke en 1958.Jolly Jumper est le thème retenu pour agrémenter l'aire de l'attractionLes Poneys. Les entreprises Space Leisure, P&P Projects et Giant concrétisent ce projet en réalisant divers éléments du décorum pour plonger le public dans cet univers[103],[104],[105]. En2014, la licence Lucky Luke est arrêtée, toute décoration en rapport avec le personnage de bande dessinée doit disparaître.
Dans le parc spécialisé en spectacles de cascadesHigh Chaparral, le public assiste aux représentations duLucky Luke Show depuis 2000. Cette exhibition met en scène le célèbre cow-boy, lesDalton ou encore Ma Dalton.
Les montagnes russes junior deZiererWanted by Lucky Luke, rebaptiséesWanted Dalton, ouvrent en 2018, comme le reste duparc Spirou. À celles-ci s'ajoute l'année suivanteLucky River, attraction de typebûches du manufacturierHafema.
Le parc de vacances néerlandais Ponypark City propose depuis 2008 des spectacles avec ses mascottes Lucky Luke et Jolly Jumper[106],[107].
Le parc indoorComics Station (2017-2019) situé dans la ville belge d'Anvers propose une section Lucky Luke. Le cinéma interactif-galerie de tir d'Alterface Projects nomméLucky Luke Express et lecinéma 4-D sont les principales des huit attractions et animations Lucky Luke[108],[109].Studio 100 reprend le parc fin 2019[110],[111]. Cette section est à nouveau disponible depuis 2021, lors de la réouverture du parc nommé dorénavantPlopsa Station Antwerp.
ÀFraispertuis-City, Lucky Luke est la première mascotte du parc dans les années 1960. Elle est représentée sous forme de fresques peintes ou d'enseignes sur les bâtiments. Les gérants du parc développent leur propre mascotte inédite depuis 1987[112].
Le succès de la série en fait une référence pour plusieurs générations. À commencer par la formule« L'homme qui tire plus vite que son ombre », inventée parRené Goscinny, qui est devenue très célèbre dans lemonde francophone[d 1] et même synonyme de rapidité.
Du côté de la bande dessinée, quelques auteurs se sont réclamés de la série commeZep, l'auteur deTiteuf[113],[114], ou encoreChristophe Blain[113], qui dit avoir appris à lire avecLucky Luke[115].
Plusieurs personnes publiques ont été surnommées, par les médias, du nom de personnages issus de la série. Le footballeurBruno Bellone est surnommé « Lucky Luke », même surnom pourPierre Lescure, l'ancien directeur deCanal+, ou encore lemafieux Franck Perletto. Les frères Willot, industriels dutextile dans ledépartement Nord de la France, sont surnommés les Dalton, le syndicalisteFrançois Chérèque est surnommé « Lucky Luke, l'homme qui fume plus vite que son ombre », à cause de sa passion pour les cigarettes et le philosopheLouis Althusser est lui aussi surnommé « Lucky Luke »[113].
Certains personnages publics vont se déguiser en Lucky Luke, ainsi le patineur artistiquePhilippe Candeloro fait un spectacle en costume de Lucky Luke.Alain Bashung pose en costume de Lucky Luke pour le magazineLes Inrockuptibles de etLaurent Gerra a posé habillé en Lucky Luke pour l'affiche de son spectacleLaurent Gerra flingue la télé[113].
La publicité se sert elle aussi de l'image de la série. Ainsi, un promoteur immobilier utilise l'image de Lucky Luke pour ses campagnes publicitaires dans les années 1970 et le quotidienSud Ouest a utilisé l'image de Lucky Luke pour vendre des abonnements en 2001[113].
Dans le cadre duParcours BD de Bruxelles, une fresque murale de Lucky Luke, créée par Morris et réalisée par l'association « Art Mural », est inaugurée en 1992 dans une rue du centre-ville de Bruxelles (rue de la Buanderie)[118].
En 2003, une illustration de Lucky Luke et Jolly Jumper est réalisée pour illustrer le ski dans les couloirs duCentre sportif de Blocry àLouvain-la-Neuve, qui contient nombre de dessins évoquant le sport dans la bande dessinée[119].
Lors de la troisième Quinzaine de la BD, en 2006, une trentaine de rues du centre de Bruxelles ont reçu un surnom en hommage à des personnages de bande dessinée[120]. La rue des Pierres a ainsi temporairement été surnomméerue Lucky Luke[121].
↑Morris met tout d'abord en scène les véritables Dalton dans l'albumHors-la-loi, mais Lucky Luke les tue à la fin de l'histoire. Les Dalton reviendront plus tard, sur idée deRené Goscinny dans l'albumLes Cousins Dalton, pour ensuite devenir des personnages récurrents.
↑Les cousins des frères Dalton ont fait une précédente apparition dans l'albumLucky Luke contre Joss Jamon ; où l'on remarque qu'il n'est alors pas question de William Dalton, amis d'un Bill Dalton, (voirp. 23), et 33, 24, 35.
↑Morris sera d’ailleurs récompensé par l’OMS en 1988 à l’occasion de la premièreJournée mondiale sans tabac, son prix de 30 000 francs suisses étant attribué par le cigarettierPhilip Morris.
↑Dans la bande dessinée, il ne tire toujours qu'avec une seule arme
↑Il lui arrive quand même d'être dans des situations comiques comme dans l'histoireUn desperado à la dent de lait où il doit amener un enfant chez le dentiste ou encore dans l'histoireL'hospitalité de l'Ouest où il est obligé de voter pour la plus belle fille de la soirée
↑"Lucky luke et l’ombre de l’histoire" par Nicolas Tellop, article deJanvier 2016, Musée de la BD[1]
↑Hors-série Le MondeLucky Luke de A à Z, 2021, Jean-Marc Fustier, pages 16, 17, citation : « Il faut attendre la cinquième histoire,Lucky Luke à Desperado City, [...], pour "entendre" Lucky Luke Chanter pour la première foisI'm a poor lonesome cowboy. [...] À partir de l'histoireDes rails sur la prairies, René Goscinny place la chanson à la fin de chaque aventure. »
↑Jean-Michel Renault,Censure et caricatures. Les images interdites et de combat de l'histoire de la presse en France et dans le monde, Montpellier, Pat à Pan,, 238 p.(ISBN2-9524050-3-4),p. 147.
↑Philippe Delisle,Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique ?,éditions Karthala,,p. 39.
La version du 2 mars 2012 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.