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Lubin Baugin

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Lubin Baugin
Naissance
Décès
Nationalité
française
Activités
Lieu de travail

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Lubin Baugin (né vers1612 àPithiviers ou àCourcelles-le-Roi - mort en1663 àParis) est unpeintre français duXVIIe siècle.

Biographie

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Un peintre de natures mortes

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Né à Pithiviers ou àCourcelles-le-Roi dans une famille aisée, Lubin Baugin se forme dans l'entourage despeintres de Fontainebleau, avant de rejoindre Paris dans les années 1628-1629.

Son origine provinciale lui interdit, dans un premier temps, d'entrer dans la confrérie des peintres parisiens et de pratiquer les sujets les plus élevés de lahiérarchie des genres. Aussi s'installe-t-ilrue du Cœur-Volant, dans l'enclos de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui accueillait les peintres provinciaux, à l'instar desfrères Le Nain ses contemporains, ou étrangers, notamment flamands, qui peignaient des tableaux destinés à la décoration des intérieurs privés. Il est reçu en 1629 maître peintre de la corporation de Saint-Germain-des-Prés. C'est pourquoi l'on suppose[1] que les quatre natures mortes qui sont parvenues jusqu'à nous, laNature morte à la coupe d'abricots, laNature morte à l'échiquier, leDessert aux gaufrettes et laCoupe de fruits datent de cette période des années 1630-1635. Une cinquième nature morte, diteau couteau ouau plat en étain ou encoreà la miche de pain[2] lui est attribué, de façon incertaine[3].

Le voyage en Italie

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Grâce à sa fortune familiale, Baugin se rend en Italie entre 1632 et 1640. Il y épouse une Romaine, Brigitte D’Asté (sœur du peintre Jean Baptiste d’Asté) dont il a deux enfants à Rome, et,deux autres a Paris en 1637 et 1640 1641 et 1642. S'il a longtemps été difficile de prouver ce séjour, les deux œuvresLes Saints Barthélemy et Mathias etLes Saints Philippe et Thaddée, achetée par lemusée des Beaux-Arts de Nancy en 2016, viennent témoigner en ce sens, en particulier d'un séjour enÉmilie, puisqu'elles sont des copies de la fresque de la coupole de l'église Saint-Jean-l'Évangéliste deParme[4]. Il revient en France chargé de l'influence des peintres italiens commeCorrège,Parmesan etRaphaël, vers lesquels son inspiration va désormais se tourner.

Le retour à Paris et la gloire

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De retour à Paris, Baugin s'installepont Notre-Dame. Titulaire d'un brevet de peintre du roi (vers 1641), il choisit désormais des sujets religieux, d'un rapport plus important que les natures mortes. Vers 1640-1642, il peint des huiles sur bois de petit format, où l'on reconnaît l'influence de Raphaël, comme dans le portrait de laSainte Famille conservé aumusée des beaux-arts de Dijon.

Le Christ mort pleuré par deux anges, huile sur toile, 150 × 178,5 cm,musée des beaux-arts d'Orléans

En 1643, c'est la consécration : il entre enfin dans la corporation des peintres parisiens, et peut à ce titre pleinement exercer son métier dans la capitale. Fort du titre de « maître peintre à Paris et peintre ordinaire du roi », il s'installerue Saint-Antoine, et peut, dans un style queJacques Thuillier a nommé l'atticisme parisien, pratiquer les genres les plus nobles, pour une clientèle officielle : grands tableaux de sujets mythologiques, retables et décors sacrés, notamment celui de la chapelle de la Congrégation des Nobles. Il reçoit également commande de plusieurs tableaux pour orner les chapelles de Notre-Dame de Paris. Il est alors au sommet de sa gloire et entre, en 1651, à l'Académie royale de peinture et de sculpture - et en est exclu quatre ans plus tard pour absentéisme.

La fin de sa carrière est marquée par un style plus dépouillé, mais qui fait toujours preuve de la même maîtrise technique et du même sens de la mise en scène, comme en témoigne sonChrist mort pleuré par deux anges, d'une sobriété toute pathétique, considéré comme son chef-d'œuvre[5].

Le lendemain de sa mort, le, il est enterré à l'église Saint-Sulpice, à Paris.

Périodes

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On a longtemps pensé que trois périodes ponctuent son œuvre :

Cependant, à partir de 1955, lorsqueMichel Faré défend la thèse d'une œuvre unique, les spécialistes s'y rallient progressivement, à mesure que s'affirme la connaissance de cette œuvre[6].

L'oubli et la redécouverte de l'œuvre

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Une longue période d'oubli commencée dès sa mort

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À sa mort, Lubin Baugin sombre rapidement dans l'oubli, sa manière étant jugée fautive par rapport auclassicisme triomphant de la fin duXVIIe siècle. L'arrêt définitif que donne sur son œuvre l'influent historiographeAndré Félibien en 1688, en raison de « certaines pratiques de peindre qui ne sont point naturelles », lui porte un coup fatal : « Lubin Baugin ne peut être mis au nombre des excellen[t]s peintres[7]. » Et le surnom de « petit Guide » qui lui fut attribué auXVIIIe siècle, en raison d'un rapprochement (malencontreux) avecGuido Reni fait par le collectionneur d'artPierre-Jean Mariette[8] et qui persiste encore de nos jours[9], confirma le dénigrement dont son œuvre fut victime, et eut pour conséquence de l'enterrer pendant près de deux siècles.

Une redécouverte auXXe siècle

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Comme peintre de natures mortes

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Lubin Baugin est redécouvert auXXe siècle, notamment par le biais de deux de sesnatures mortes (à l'échiquier età la chandelle), qui sont exposées lors de la fameuse exposition des « Peintres de la réalité en France auXVIIe siècle » organisée parPaul Jamot etCharles Sterling et qui se tint aumusée de l'Orangerie en 1934. Cette exposition (qui contribua à faire redécouvrir également un peintre commeGeorges de La Tour) le rapproche d'autres maîtres de natures mortes commeJacques Linard ouLouise Moillon. Cette exposition a donné lieu à une nouvelle exposition hommage, au musée de l'Orangerie, du au, intitulée « Orangerie, 1934 : les “peintres de la réalité” », et qui exposa les deux mêmes natures mortes de Baugin[10].

Mais la manière du Baugin peintre de natures mortes était tellement différente de celle du peintre des années parisiennes que certains historiens d'art, tels que Charles Sterling, purent émettre l'hypothèse de l'existence de deux peintres homonymes, qu'une exposition dumusée des beaux-arts d'Orléans, « Artistes orléanais duXVIIe siècle », confronta en 1958.

De son œuvre entier

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La pleine reconnaissance de son œuvre, en particulier de sa partie religieuse, est due en grande partie à un article deJacques Thuillier, intituléLubin Baugin, paru dans la revueL'Œil en 1963.

Depuis, l'intérêt porté à Baugin n'a fait que croître, pour preuve, l'expositionLubin Baugin (vers 1610-1663), un grand maître enfin retrouvé, qui s'est tenue aumusée des beaux-arts d'Orléans du au, puis aumusée des Augustins de Toulouse du au, et qui présenta au public treize toiles nouvellement mises au jour du maître[11]. À cette occasion fut publiée, sous la direction de Jacques Thuillier, la première véritable monographie consacrée au peintre, recensant ses 100 œuvres actuellement identifiées.

Style

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« Voici le peintre le plus charmant duXVIIe siècle français. Non pas le plus brillant (qui l'emporterait surSimon Vouet ?) ni le plus élégant (Eustache Le Sueur reste le premier) ; le plus profond, le plus savant, moins encore : il lui arrive de dessiner un pied trop menu, un profil trop sec, sans qu'on puisse toujours décider entre invention et négligence. [...] Son univers, tout pénétré d'une lumière fine et bleue qui enlève aux êtres leur pesanteur, qui livre des créatures idéales à un rêve de douceur et de tendresse, offre, dans ce siècle où la peinture hésite toujours plus ou moins entre le réalisme et la pompe, un refuge tout de délicate fiction. Regards voilés ; sourires graves, lointains à laVinci où tremble la silhouette d'un arbre grêle : comment ne pas s'attacher à cette poésie d'une qualité si subtile ? »

— Jacques Thuillier, historien d'art, texte de 1963 (Histoire de l'art – 2009.(ISBN 978-2081227767)).

Charmant et poétique, Lubin Baugin l'est assurément. Lorsque l'historien de l'art Jacques Thuillier écrivait ce texte, en 1963, Baugin venait à peine d'être redécouvert : trois ans auparavant,Charles Sterling avait révélé son talent dans l'exposition « Peintres de la réalité » où étaient présentées certaines de ses natures mortes. Le peintre excellait dans la représentation des objets inanimés : une économie de moyens, une qualité de silence qui annonçaient déjà l'œuvre deJean Siméon Chardin, un siècle plus tard, et dont on peine à comprendre qu'elles soient si longtemps restées dans l'oubli.

Œuvres

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Article détaillé :Liste des peintures de Lubin Baugin.

Les natures mortes

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Sujets mythologiques

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Sujets sacrés

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Postérité

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DansLa Vie Mode d'Emploi de Georges Perec

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DansLa Vie mode d'emploi[17] deGeorges Perec, paru en1978, laNature morte à l'échiquier fait partie des tableaux donnant lieu à des « Allusions et détails »[18], parfois très minces, qui se répartissent dans dix chapitres:

DansTous les matins du monde

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Le roman de Pascal Quignard

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Dans le roman dePascal Quignard publié en1991,Tous les matins du monde, le compositeurSainte Colombe est (en dépit de vraisemblance chronologique) un ami de Lubin Baugin, alors peintre de natures mortes, ce qui donne lieu à des allusions précises à laNature morte aux gaufrettes, et à laNature morte à l'échiquier:

  • Au chapitre VI, Sainte Colombe se retire dans la cabane de son jardin pour jouer de la viole, en souvenir de sa défunte femme : « Il posa sur le tapis bleu clair qui recouvrait la table où il dépliait son pupitre la carafe de vin garnie de paille, le verre à vin à pied qu'il remplit, un plat d'étain contenant quelques gaufrettes enroulées et il joua le Tombeau des Regrets[20] ». La visitation de sa femme lui fait alors commander à Baugin, au chapitre suivant, la commémoration de cet instant magique, par un tableau qui renvoie à laNature morte aux gaufrettes : « Il prit un crayon et il demanda à un ami appartenant à la corporation des peintres, Monsieur Baugin, qu'il fît un sujet qui représentât la table à écrire près de laquelle sa femme était apparue[21] ».
  • au chapitre XI, Sainte Colombe invite son élèveMarin Marais à se rendre chez le peintre en ces termes : « Je lui ai naguère passé commande d'une toile. C'est le coin de ma table à écrire qui est dans mon cabinet de musique. Allons-y[22]. » Une fois dans l'atelier du peintre, on relève l'ekphrasis suivante, de laNature morte à l'échiquier : « Le peintre était occupé à peindre une table : un verre à moitié plein de vin rouge, un luth couché, un cahier de musique, une bourse de velours noir, des cartes à jouer dont la première était un valet de trèfle, un échiquier sur lequel étaient disposés un vase avec trois œillets et un miroir octogonal appuyé contre le mur de l’atelier. » Sainte Colombe commente alors le tableau à Marin Marais en insistant sur la dimension devanité de l'œuvre : « Tout ce que la mort ôtera est dans sa nuit », souffla Sainte Colombe dans l'oreille de son élève. « Ce sont les plaisirs du monde qui se retirent en nous disant adieu. » Puis Sainte Colombe « demanda au peintre s'il pouvait recouvrer la toile qu'il lui avait empruntée: le peintre avait voulu la montrer à un marchand des Flandres qui en avait tiré une copie. Monsieur Baugin fit un signe à la vieille femme qui portait la coiffe en pointe sur le front; elle s'inclina et alla chercher les gaufrettes entourées d'ébène. Il la montra à Monsieur Marais, pointant le doigt sur le verre à pied et sur l'enroulement des pâtisseries jaunes[23]. »

L'adaptation filmique d'Alain Corneau

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Dans l'adaptation filmique du roman de Quignard parAlain Corneau, sorti également en1991, Lubin Baugin, joué parMichel Bouquet, peint les deux mêmes natures mortes, dont les modèles apparaissent à l'écran. Alain Corneau dit à ce propos : « J'ai tenté de reconstruire exactement le tableau [Les Gaufrettes] […] et puis avec un mouvement de fondu-enchaîné ça devient le tableau ; […] ce petit moment est un petit moment d'image musicale qui est pour moi l'équivalent de la musique[24]. »

Le récit de Sophie Nauleau

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La Main d'oublies, deSophie Nauleau, publié auxÉditions Galilée en 2007, est un récit qui tient à la fois de l’essai et de l’enquête quasi policière, et qui explore le rôle de la nature morteLe Dessert de gaufrettes dans le roman de Pascal Quignard et, à sa suite, dans le film d'Alain Corneau.

Notes et références

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  1. Jacques Thuillier, Annick Notter, Alain Daguerre de Hureaux, catalogue de l'expositionLubin Baugin, Orléans, musée des beaux-arts, 21 février-19 mai 2002, Toulouse, Musée des Augustins, 8 juin-9 septembre 2002, Réunion des Musées Nationaux, 2002,p. 39
  2. Nature morte au couteau, dite aussiau plat en étain età la miche de pain, huile sur toile, 49,5 × 42 cm, localisation actuelle inconnue.
  3. catalogue de l'expositionLubin Baugin,op. cit., 2002,p. 90-91
  4. Laroche, Sophie,,Pacot, Marion, etNancy (France). Musée des beaux-arts,,20 ans ! : dans les coulisses du museé des Beaux-Arts de Nancy(ISBN 978-94-6161-526-8 et94-6161-526-4,OCLC 1089218055,lire en ligne)
  5. Catalogue de l'expositionLubin Baugin, 2002,p. 232-33
  6. Laurence Bertrand Dorléac (sous la dir. de),Les choses. Une histoire de la nature morte, Paris, Lienart éditions,, 447 p.(ISBN 978-2-35906-383-7),p. 107
  7. André Félibien,Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, t. II, 1688,p. 661
  8. Pierre-Jean Mariette,Abecedario, t. 1, J.-B. Dumoulin, Paris, 1853-54,p. 85-86
  9. AnetteRobinson,Le Louvre, Paris, Scala,, 125 p.(ISBN 2-86656-120-1),p. 69
  10. catalogue d'expositionno 1 et 2
  11. Lasnier Jean-François, « Lubin Baugin, la preuve par treize », inLe Journal des Arts,no 101, 17 mars 2000
  12. Peintures françaises desXVIe,XVIIe et XVIIIe siècles du Musée des Beaux-Arts de Rennes: catalogue raisonné, Snoeck,(ISBN 978-94-6161-475-9), p.142
  13. Corentin Dury,Musées d'Orléans, Peintures françaises et italiennes,XVe – XVIIe siècles, Orléans, Musée des Beaux-Arts,, n°109
  14. Corentin Dury,Musées d'Orléans, Peintures françaises et italiennes,XVe – XVIIe siècles, Orléans, Musée des Beaux-Arts,, n°110
  15. Corentin Dury,Musées d'Orléans, Peintures françaises et italiennes,XVe – XVIIe siècles, Orléans, Musée des Beaux-Arts,, n°111
  16. Corentin Dury,Musées d'Orléans, Peintures françaises et italiennes,XVe – XVIIe siècles, Orléans, Musée des Beaux-Arts,, n°112
  17. La Vie mode d'emploi, Georges Perec, Hachette, 1978.
  18. Cahier des charges de La Vie mode d'emploi Georges Perec, présentation, transcription et notes par Hans Hartje, Bernard Magné et Jacques Neefs, coédition CNRS éditions-Zulma, 1993
  19. les numéros de pages correspondent à ceux de l'éditionprinceps citée ci-dessus, repris à l'identique dans la réédition du Livre de Poche.
  20. Pascal Quignard,Tous les matins du monde, Gallimard, coll. « Folio »,p. 36
  21. Pascal Quignard,op. cit.,p. 38
  22. Pascal Quignard,op. cit.,p. 55
  23. Pascal Quignard,op. cit.,p. 60
  24. Alain Corneau àBouillon de culture, présenté par Bernard Pivot, Antenne 2, émission spécialeTous les matins du monde, 15 décembre 1991.

Bibliographie

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Catalogues d’exposition

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Liens externes

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Lubin Baugin surCommons

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