LesLoutres (Lutrinae) sont unesous-famille demammifèrescarnivores de lafamille desMustélidés. Il existe plusieursespèces de loutres, caractérisées par de courtes pattes, des doigts griffus et palmés (aux pattes avant et arrière) et une longue queue.
Dans de nombreux pays, les loutres ont intégralement ou partiellement disparu de leuraire de répartition, de même que lescastors qui partageaient leur milieu de vie. Ces deuxespèces-clé font l'objet, depuis un siècle environ, de protection et de programmes ou projets deréintroduction[2] ou confortement de populations partranslocation[3]. La loutre étant particulièrement discrète elle fait souvent l'objet d'un suivi par recherche d'indice (poils, marquage de territoire,pièges photographiques) et d'un suivi télémétrique par puce électronique[4],[5].
Grâce à de puissantes pattes palmées (avant et arrière), la loutre est une excellente nageuse, mais elle se déplace aussi volontiers à terre, le long des berges ou à proximité.
La fourrure de la loutre se compose de poils qui s'emboîtent les uns dans les autres[6].
Contrairement à l'ours blanc ou audauphin, la loutre ne dispose pas d'une épaisse couche de graisse sous la peau. C'est son pelage, composé de poils courts et longs emboîtés qui l'isole du froid. Une étude thermographique a montré que par température excessive, laloutre d'Europe dissipe sa chaleur plutôt par les pattes, alors que laloutre géante le fait par tout le corps et notamment la queue[7].
Elle peut vivre jusqu'à vingt ans en captivité. Mais en milieu naturel son espérance de vie varie entre cinq et dix ans. La loutre est un animal souvent solitaire. Les loutrons restent avec leur mère huit mois en moyenne et parfois jusqu'à dix-huit mois[8].
La loutre peut rester enapnée jusqu’à huit minutes sous l’eau.
La plupart des espèces vivent principalement eneau douce. Cependant, laloutre de mer vit, comme son nom l'indique, dans l'eau salée bien qu'elle ait besoin d'eau douce pour le toilettage et l'entretien de sa fourrure[réf. souhaitée].
La loutre est unmammifère majoritairementpiscivore. Son régime alimentaire est constitué de 50 % à 90 % de poissons, le reste se composant debatraciens, petits mammifères,crustacés et parfois même d'oiseaux. La loutre pêche principalement en solitaire même si de temps à autre elle chasse en bande. Les jeunes loutres mangent jusqu'à 700 grammes de nourriture par jour[réf. souhaitée], et les adultes jusqu'à 1 kg par jour.
En région tempérée, la loutre n'hiberne pas. Dépourvue de réserves importantes de graisse, elle doit aussi chasser en hiver.Loutre de mer et son petit (Morro Rock, États-Unis).
C’est un animal très joueur qui s’amuse souvent avec ses proies. Il les entraîne dans de petites baies peu profondes pour en venir à bout. En plongée, les oreilles et les narines obstruées, elle perd l'odorat et l'ouïe, ce qui handicape sa chasse. Cependant, elle est dotée devibrisses (moustaches rigides) fort sensibles aux vibrations. Elles lui permettent de détecter une proie aux ondulations que provoque sa fuite dans l’eau[réf. souhaitée].
La loutre n’a pas de responsabilité dans la raréfaction du poisson car elle ne s’attaque généralement qu'aux proies malades ou les plus abondantes[9]. La loutre de mer se sert de galets ou pierres comme outil pour briser les coquillages trop résistants en les frappant sur son abdomen. Cela en fait l'un des raresanimaux à se servir d'outils pour se nourrir.
Les loutres de mer dorment sur le dos dans l'eau. En groupe, elles se donnent souvent la main en dormant pour ne pas dériver et rester ensemble[10].
La population des loutres connaît une très forte régression sur la presque totalité de sonaire de répartition et, pour cette raison, elle bénéficie du statut d'espèce protégée dans la plupart des pays.
La loutre a régressé puis disparu d'une très grande partie de son aire de répartition à cause de lachasse et dupiégeage, safourrure étant, comme celle ducastor, particulièrement recherchée. Chassée envénerie à pied avec des chiens, elle se réfugie sur les berges des rivières où les chasseurs la capturent avec une fourche ou grâce à leurs chiens. Parfois, elle s'attrappe avec des filets tendus autour de son terrier (aussi appelé vulgairementcatiche) ou avec divers pièges en métal placés autour de son terrier et appâtés avec des poissons[11].
Bien que l'animal soit protégé, ses populations continuent à diminuer ou peinent à se stabiliser.
AuxPays-Bas, une surveillance par collier radio-émetteur a montré que la première cause de mortalité des loutres dans ce pays était la route ; les loutres sont souventtuées ou blessées par des véhicules en traversant une route. Elles sont également victimes de lapollution de l'eau et/ou destoxiquesbioaccumulés dans leursproies, ainsi que de la réduction deszones humides. Cela a été démontré auDanemark par l'analyse de la présence decadmium dans leurspoils[12]. L'évaluation du degré de contamination de leur nourriture peut aussi être pratiquée par l'analyse chimique de leursexcréments, comme cela a été fait par exemple enSlovaquie pour le cadmium et lemercure, deux produits très toxiques, pour les reins notamment[13].
↑Kuhn R.A & Meyer W (2009)Infrared thermography of the body surface in the Eurasian otter Lutra lutra and the giant otter Pteronura brasiliensis. Aquatic Biology, 6, 143-152 (résumé)
↑Jacques Luquet,La chasse dans le sud-ouest autrefois, Sud-Ouest,, 189 p.
↑Madsen, A. B., & Mason, C. F. (1987).Cadmium, lead and mercury in hair from Danish otters Lutra lutra. Natura Jutlandica, 22.
↑Belansky, P., Juraskova, A; Kantikova, M. (1998)Cadmium, mercury and lead contents in the otter excrements in the Studeny potok and Orava streams [Slovak Republic] ; (résumé, avec AGRIS FAO)
(fr)Thierry Lodé 1999. « Grand Lieu : un refuge pour la loutre d'Europe »,Le courrier de la nature,no 175.
(en)Thierry Lodé 2005. « Efficiency of conservation shortcuts: an investigation with otters as umbrella species »,Biological conservation, 126:523-527
Atlas Nature 2005. « Le régime alimentaire de la Loutre Européenne », « Le royaume des animaux »,p. 48.
Nicolas Dupieux, « La loutre, un témoin des rivières vivantes - L'exemple des Monts d'Ardèche : dans cahier consacré à l'eau en Ardèche... ses usages, ses enjeux, ses contraintes »,Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent,no 90,