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De son propre aveu, le jeune souverain est peu préparé à l'exercice du pouvoir royal, d'autant moins que s'il est extrêmement pieux, il est de nature triste et molle, maladroit, naïf et velléitaire mais aussi obstiné, autant de traits qui le poussent dès le début de son règne à commettre plusieurs erreurs politiques qui entament son prestige et son autorité[5].
Le caractère du roi s'accorde mal avec celui d'Aliénor. Cependant les dix premières années se passent sans réelle mésentente, à part des différends entre la nouvelle reine et l'ancienne, Adélaïde de Savoie. Louis écarte alors sa mère de la cour, mais garde les conseillers de son père, dont l'abbé de Saint-Denis,Suger. Il poursuit la politique de son père, il met en valeur le domaine royal, rénove et transforme labasilique Saint-Denis. Conseillé habilement par Suger, il fait de multiples concessions aux communautés rurales, encourage les défrichements et favorise l'émancipation desserfs. Il prend appui sur les villes et leur accorde des chartes de bourgeoisie (Étampes,Bourges) ou les encourage lorsqu'elles sont hors de son domaine (Reims,Sens,Compiègne,Auxerre). Il soutient enfin l'élection d'évêques dévoués au pouvoir royal.[réf. nécessaire]
À cette époque, le jeune couple royal (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées. Certains n'hésitent pas à les mettre au crédit de la reine, dont l'influence sur le roi semble importante. Ainsi, en1138 le roi mate la tentative de création de lacommune autonome dePoitiers, fief de la reine Aliénor, et n'hésite pas à prendre en otage les enfants des nobles de la cité, ce a quoi il renoncera sur l'instigation de Suger, qui appelaient les bourgs et villes voisins à former une ligue. Il soumet le seigneur Guillaume deLezay, qui a refusé l'hommage. À la demande de la reine, l'abbé Suger est écarté du conseil, car il est intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages.[réf. nécessaire]
Le 15 juin 1147 àMetz, ville impériale, l'armée —dont300 chevaliers — est rassemblée pour ladeuxième croisade[1] ; en route, ils sont progressivement rejoints par des dizaines de milliers de pèlerins. Aliénor est présente.[réf. nécessaire] Le roi laisse le gouvernement du royaume dans les mains deSuger abbé de Saint-Denis, de son frère Henriarchevêque de Reims et de son cousin Raoul comte de Vermandois[1].
Forçant Aliénor à le suivre, Louis VII quitteAntioche, gagneJérusalem où il accomplit le pèlerinage qu'il s'est imposé, puis en il tente de prendreDamas, devant laquelle son armée est repoussée. Le couple royal séjourne encore une année enTerre sainte avant de revenir enFrance, s'embarquant sur deux navires différents. La flottille française est prise sur le trajet dans un combat entre les Normands de Sicile et les Byzantins. Les navires ayant été séparés pour une raison inconnue, le roi débarque enCalabre le tandis que la reine arrive àPalerme.[réf. nécessaire] Louis séjourne dans leroyaume de Sicile où il attend trois semaines l'arrivée de la reine. Il rejoint ensuitePotenza où, durant trois jours, il est l'hôte du roinormandRoger II de Sicile. Sur le chemin du retour, les époux s'entretiennent, àTusculum (aujourd'huiFrascati), avec le papeEugène III (-)[18] en vue d'une conciliation sur le mariage royal qui commence à présenter quelques troubles. Le pape parvient à leur faire reprendre la vie commune[19]. Il discute aussi avec Roger de Sicile et avec le pape sur le lancement d'une nouvelle croisade pour une revanche sur Byzance, maisConrad III roi de Germanie contracte une alliance avec l'empereurManuel Ier et ne donne pas son soutien à ce projet, qui est abandonné[20].
Louis VII est le premier roi en Europe à mener une croisade et y gagne un certain prestige[1], fortement mitigé cependant. Carcettedeuxième croisade est lourdement préjudiciable à l'avenir du royaume, avec l'expédition soldée par l'échec sur différents plans. D'abord sur le plan financier, car l'expédition appauvrit considérablement le trésor royal ; sur le plan politique, car le roi ne s'est pas occupé directement du royaume pendant deux années d'absence et a donc relâché son emprise sur les grands féodaux ; sur le plan militaire, car la croisade est une succession d'échecs ; de plus, une partie de sa chevalerie et une grande armée ont été sacrifiées ; sur les plans dynastiques, patrimoniaux, territoriaux et stratégiques car la croisade provoque le début de la rupture du roi avec Aliénor. Le risque, en cas de séparation, est que la reine récupère lesfiefs qu'elle avait apportés en dot, ce malgré la naissance de leur filleMarie de France (1145-), née avant le départ en croisade.[réf. nécessaire]
Après le décès deSuger, le 13 janvier1151, l'idée d'une séparation, par consentement mutuel cette fois, s'impose à nouveau. L'incapacité apparente d'Aliénor à lui donner un héritier décide finalement Louis à demander la dissolution de son mariage[21]. Lesecond concile de Beaugency trouve finalement une faille pour prononcer l'annulation du mariage le, au motif que l'arrière-grand-mère d'Aliénor,Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille deRobert le Pieux, arrière-arrière-grand-père de Louis VI (cousinage au9e degré civil, mais au 4e, 5e et 6e degréscanoniques). Aliénor reprend sa dot, et moins de deux mois plus tard, le, épouse en secondes nocesHenri Plantagenêt,comte d'Anjou et duc de Normandie, qu'elle a rencontré pour la première fois à la cour de France en septembre 1151. Il a avec elle un degré de parenté encore plus proche que Louis. Aliénor est alors âgée d'environ 29 ans, et le prétendant au trône d'Angleterre de seulement19 ans[22],[23].
Par ce mariage, Aliénor apporte d'immenses territoires à un vassal déjà plus puissant que le roi. Les droits de l'époux d'Aliénor sur le trône d'Angleterre font peser le risque d'une extension de son pouvoir des deux côtés de la Manche. Cela se produit au moment du couronnement d'Henri Plantagenêt commeroi d'Angleterre en1154. Le roi qui devientHenri II d'Angleterre règne désormais sur un territoire qui s'étend de l'Écosse auxPyrénées, du fait du mariage avec Aliénor. Ses États comprennent l'Angleterre, l'Anjou, leMaine, laNormandie, l'Aquitaine et laBretagne. Toutefois, jamais l'ensemble de ces territoires ne formera un ensemble cohérent et administré de façon unique. L'erreur politique du divorce s'ajoute à la rivalité historique entre les rois de France et d'Angleterre, qui a débuté sous le règne deHenri Ier de France, pour se terminer au milieu duXIIIe siècle[réf. nécessaire]. Beaucoup d'historiens médiévistes considèrent que la séparation est à l'origine d'une « première guerre de Cent Ans »[24].
Vers 1150,Geoffroy d'Anjou, dit Plantagenêt, est alors un des principaux vassaux du roi des Francs. Fin stratège, il se marie avecMathilde, petite-fille deGuillaume le Conquérant. En plus de l'Anjou, il pourra alors revendiquer la Normandie et le trône d'Angleterre, si le roi Étienne de Blois venait à mourir sans descendance. Geoffroy conquiert progressivement la Normandie, mais il meurt en 1151, laissant derrière lui trois fils. L'aîné,Henri se marie avec Aliénor d'Aquitaine, après son divorce du roi de France, en 1152. Ce mariage lui ouvre alors un domaine plus grand que celui de son suzerain, domaine qui s'agrandit avec la mort d'Étienne, qui le désigne successeur à la couronne d'Angleterre, en 1153, lors dutraité de Wallingford. Par ce traité, Henri est couronné roi d'Angleterre, en1154.
En1177, le pape impose à Henri II la conclusion dutraité d'Ivry, signé le, et par lequel les deux rois se jurent amitié ; traité suivi, le, par la signature d'un pacte de non-agression, letraité de Gisors. Il marque la fin de cette série de guerres continuelles entre le Capétien et le Plantagenêt.
À la suite de l'abandon de l'abbaye de Barbeau,Louis XVIII fait transporter les cendres de Louis VII à labasilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, le. Il est, de fait, le seul roi de France antérieur à la Révolution à reposer réellement dans le tombeau qui porte son nom à Saint-Denis[27].
il consolide le pouvoir royal dans les provinces sous son influence et combat le pouvoir féodal ;
il s'entoure de conseillers de qualité et promulgue des ordonnances importantes pour la gestion du royaume comme celle de la paix de 1155 :
« Moi, Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Afin de réprimer la fièvre des méchants et d'arrêter les mains violentes des pillards, à la demande du clergé et avec l'accord du baronnage, nous décrétons la paix dans tout le royaume. Pour cette raison, l'année du Verbe incarné 1155, le 4 des ides de juin, nous avons réuni un concile à Soissons. Y furent présents lesarchevêquesde Reims etde Sens, ainsi que leurs suffragants, tout comme les barons, les comtesde Flandre,de Troyes etde Nevers, et d'autres très nombreux, et leduc de Bourgogne. Par leur volonté, nous prescrivons qu'à partir de la prochaine fête dePâques, et pour dix ans, toutes les églises du royaume et l'ensemble de leurs possessions, tous les paysans, le gros et le petit bétail également, et, pour ce qui est de la sécurité des chemins, tous les marchands où qu'ils se trouvent et tous les hommes quels qu'ils soient — tant qu'ils seront prêts à venir en justice devant ceux qui doivent leur rendre justice —, aient absolument tous la paix et pleine sécurité. Nous avons dit en plein concile et devant tous, par le verbe royal, que nous observerions cette paix sans la briser et que, s'il s'en trouvait pour violer la paix prescrite, nous ferions justice d'eux selon notre pouvoir. Ont juré cette paix le duc de Bourgogne, le comte de Flandre, le comte Henri [de Troyes], le comte de Nevers, le comte de Soissons et le reste du baronnage présent. Le clergé également, les archevêques et les évêques, les abbés ont promis, devant les reliques sacrées et au vu de tout le concile, d'observer cette paix, de leur côté, de toutes leurs forces ; et pour que justice soit faire des violences, ils ont promis de nous aider selon leur pouvoir et ils ont proclamé dans la stabilité de la parole consacrée. Pour que la chose soit entendue plus largement et qu'on n'en perde pas le souvenir, j'ai confié à la mémoire des lettres la stipulation de la chose faire et la teneur de la paix, et nous avons ordonné de les fortifier de l'autorité de notre sceau[28]. »
il montre une relative tolérance envers lacommunauté juive, à l'exception des Juifs convertis puisrelaps, vis-à-vis desquels il fait preuve d'une extrême dureté[29] ;
sous son règne, le royaume de France s'enrichit, l'agriculture se transforme et gagne en productivité, la population augmente, le commerce et l'industrie se développent, une véritable renaissance intellectuelle apparaît et le territoire se couvre de châteaux forts construits en pierre.
Cependant, ladeuxième croisade fut calamiteuse, et la séparation d'avec Aliénor d'Aquitaine est une erreur lourde de conséquences, car elle fournit à un vassal mineur l'opportunité de s'imposer, en plaçant le roi des Francs en infériorité territoriale pendant près d'un demi-siècle. Il fallut l'action de trois rois illustres,Philippe Auguste,Louis VIII le Lion etLouis IX, dit Saint Louis, pour redresser la situation et réduire les conséquences de cette décision.
La monarchie, jusque-là itinérante, s'est fixée à Paris car la présence du roi dans tout son domaine n'est plus nécessaire. Un embryon d'administration centrale et locale s'est formé. Autour de lui, des familiers lui ont donné des conseils politiques, et vont former leConseil du roi, les services centraux de la monarchie regroupent les chefs des services domestiques du palais. En province, desprévôts ont été chargés par le roi de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre la justice. Comme son père, le roi va soutenir le mouvement d'émancipation des communes, va accorder des privilèges aux communautés rurales et émanciper des serfs.
↑JuliaExarchos,« Lesordine pour le couronnement du roi et l'empereur dans la province ecclésiastique de Reims et leur dimension locale auxXIe et XIIe siècles », dans Jean-François Gicquel, Catherine Guyon et Bruno Maes (dirs.),Sacres et couronnements en Europe : Rite, politique et société, du Moyen Âge à nos jours, Presses universitaires de Rennes,(ISBN978-2-7535-9414-2),p. 38.
Jean Yves Copy,La Revendication bretonne du trône de France. 1213-1358, Paris, Alain Baudry, 2016, 310 p.- Extr. de Thèse d'Etat : Histoire de l'art, Rennes 2, 2010,présentation en ligne.