Louis Daguerre fut d'abord peintre avant de se convertir au métier de décorateur de théâtre pour lequel il exécuta des tableaux remarquables (notamment les décorations d'Aladin ou la Lampe merveilleuse à l'Opéra). Il fut l'élève dePierre Prévost et contribua à réaliser despanoramas.
Il connaît son premier succès grâce au diorama, un spectacle conçu avec son associéCharles Marie Bouton en1822. Ces très grandes toiles translucides peintes entrompe-l'œil et animées par des effets d'éclairage variés donnent aux spectateurs une illusion de réalité. Selon l'éclairage, la scène, représentée sur une toile de vingt-deux mètres sur quatorze, passe du jour à la nuit, change de climat, etc.
Le diorama mis en place dans l'église deBry-sur-Marne (1842), seul subsistant encore aujourd'hui, est peint de cette façon. Lors des sermons du curé, les fidèles étaient parfois distraits de leur pieuse méditation lorsqu'un nuage passait devant le soleil et modifiait l'éclairage de la scène peinte. Excédé par cette concurrence, le curé le cacha en plaçant un rideau devant[7]. Après sept années de restauration, le diorama est de nouveau exposé dans l'église depuis 2013.
Daguerre et Bouton utilisent unechambre noire pour peindre ces immenses toiles de façon aussi réaliste que possible.
Daguerre fait la connaissance, grâce à leur ingénieur-opticien communVincent Chevalier, deJoseph Nicéphore Niépce, qui, après avoir reproduit photographiquement des gravures, a entrepris de réaliser des« points de vue » (il nous en reste, de1827, lePoint de vue du Gras). Intéressé, Daguerre écrit une première lettre à Niépce en janvier1826. Mondain, homme de théâtre, Daguerre impressionne, lors de leur première rencontre à Paris pendant l'été 1827, l'inventeur chalonnais. Ils se mettent à correspondre. Niépce est réticent à montrer les avancées de ses travaux « héliographiques », qui avaient débouché sur des premières images stabilisées. Cependant, l'entregent deVincent Chevalier conduit les deux hommes à signer, le à Chalon, un contrat d'association, dans le but d'améliorer le procédé de Niépce par les perfectionnements que Daguerre y apporterait. Ce contrat stipule que l'invention, objet du traité, est due àJoseph Nicéphore Niépce. Mais la mort subite de Niépce le laisse le champ libre à Daguerre, qui pourra un temps se laisser attribuer le mérite principal de l'invention de la photographie. De fait, en s'appuyant notamment sur les travaux deBernard Courtois sur les propriétés de l'iode, qu'il utilise comme agent sensibilisateur sur une plaque decuivre recouverte d'une couche d'argent, il met au point, entre 1833 et 1839, le procédé par lequel le monde prendra connaissance de la photographie et qu'il décide d'appelerdaguerréotype.
Après la mort de Niépce, en1833, Daguerre décide de poursuivre les recherches sur les propriétés photochimiques de l'iode. De1835 à1837, il va progresser sur les méthodes de développement et de fixation des images, en découvrant que la vapeur demercure agit comme révélateur de l'image. Avec le principe du développement de l'image latente, Daguerre apporte une contribution majeure en trouvant le procédé qui a pour conséquence pratique de raccourcir letemps de pose, jusqu'alors très long (plusieurs heures), à quelques dizaines de minutes seulement. En1837, il parvient à fixer ces images avec de l'eau chaude saturée desel marin. Ledaguerréotype est né, sans que le nom de Niépce y soit associé.
L’atelier de l'artiste, daguerréotype, 1837.
Daguerre fait la démonstration de son invention àFrançois Arago, homme politique et savant célèbre. Vivement intéressé, Arago perçoit le potentiel du nouveau procédé et annonce officiellement cette découverte par une communication à l'Académie des sciences, le. Durant l'été 1839, à l'instigation d'Arago, une loi est votée par laquelle l'État français acquiert le nouveau procédé contre une pension annuelle de 6 000 francs à Daguerre et de 4 000 francs à Isidore Niépce, le fils de Nicéphore, successeur de son père dans l'association formée avec Daguerre. Le, les détails techniques sont présentés devant les Académies des sciences et desbeaux-arts réunies[8].
L'engouement du public est immédiat. Le daguerréotype se répand rapidement dans toute laFrance, enEurope, puis dans lemonde entier. Le premier français à l'exporter aux États-Unis estFrançois Fauvel-Gouraud, commissionné parAlphonse Giroux en. Il connait un immense succès pendant une dizaine d'années, avant d'être détrôné par d'autres procédés. La commercialisation des chambres et du matériel nécessaire à ces images photographiques firent la fortune de Daguerre.
Avant sa mort, Daguerre avait exigé que fût gravé sur sa tombe « Daguerre, Artiste Peintre, Chimiste, Inventeur de la photographie », ce qui fut fait. Sa tombe se trouve aucimetière de Bry-sur-Marne. Il faudra quelques années pour que la paternité de l'invention, confisquée un temps par Daguerre, soit définitivement rendue à Niépce. Ceci grâce aux initiatives d'un archiviste deChalon-sur-Saône, Victor Fouque[9] qui voulut sans doute défendre la mémoire d'un compatriote.
ÀCormeilles-en-Parisis, sa ville natale, une souscription publique est décidée en août1880 pour élever un monument à la mémoire de Daguerre. La Société française des Archives photographiques, historiques et monumentales la prend en charge. Ce monument est inauguré trois ans plus tard, le, en présence d'un public nombreux[14],[15]. Sur un projet d'Alfred Leclerc, architecte en chef du château de Versailles, qui réalise le piédestal du monument, le buste en bronze est du sculpteurCharles-Romain Capellaro. Disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été restitué à l'identique en1957 grâce au travail du sculpteur Albert-Lucien Biard. Ce même buste a été restauré en2017 à l'occasion du 230e anniversaire de la naissance de Daguerre.
ÀCormeilles-en-Parisis, la rue Caroline prend le nom de Daguerre en1877. En1883, c'est tour du square entourant l'église Saint-Martin dans lequel est érigé le monument à Daguerre. Une plaque est apposée sur sa maison natale, 105 Grande Rue (aujourd’hui rue Gabriel Péri). En1937, le 150e anniversaire de sa naissance est célébré. Le premier collège de la ville est inauguré en1972 et baptiséJacques Daguerre. En1987, la ville de Cormeilles célèbre le 200e anniversaire de la naissance de Daguerre par une importante exposition : "Les miroirs qui se souviennent". En2017, les Musées Réunis de Cormeilles inaugurent un diorama à la façon de Daguerre, dû au peintreStéphane Belzère.
Un Boulevard deSaint Étienne porte son nom (anciennement Chemin de Tardy). Ce Boulevard a la particularité d'accueillir lesmaisons sans escalier.
Dans le jeu vidéoLife is strange, le professeur en photographie Mark Jefferson explique le procédé inventé par Louis Daguerre après avoir remarqué que le personnage principal, Maxine Caulfield, a pris un selfie.
- :Hommage à Daguerre magicien de l'image,Musée Adrien Mentienne, Bry-sur-Marne : exposition organisée dans le cadre de la célébration du 125e anniversaire de la mort de Louis Daguerre[17].
↑Pour les images dediorama incluses dans ce paragraphe, voir l'articleDidier Rykner, « Un diorama à Maastricht… », surLa tribune de l'art,(consulté le).
↑Exposition "le diorama de Daguerre" au musée Adrien Mentienne à Bry-sur-Marne, hivers 2013
↑ManuelBonnet et Jean-LouisMarignier,Niépce : correspondance et papiers, Saint-Loup-de-Varennes, Maison Nicéphore Niépce,, 1560 p.(ISBN2-9520921-0-9,lire en ligne)
↑Adrien Mentienne,La découverte de la photographie en 1839, Série The sources of modern photography, Arno Press, New York, 1979 (réimpr. de l'édition de 1892 publié par Imprimerie Paul Dupont, Paris),p. 126.Aperçu partiel sous Google Livres. Consulté le 17 mars 2010.
R. Colson (ed.),Mémoires originaux des créateurs de la photographie. Nicéphore Niepce, Daguerre, Bayard, Talbot, Niepce de Saint-Victor, Poitevin, Paris, 1898.
Helmut et Alison Gernsheim,L. J. M. Daguerre. The History of the Diorama and the Daguerreotype, Londres, 1956 (seconde édition augmentée en 1968).