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Louis-Sébastien Mercier

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Pour les articles homonymes, voirMercier etLouis Mercier.

Louis-Sébastien Mercier
Portrait de Mercier député à la Convention Nationale parBonneville (1797).
Fonctions
Membre du Conseil des Cinq-Cents
Député de la Convention nationale
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Mercier(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Rédacteur à
Conjoint
Louise Marie Anne Machard(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Mouvement
Siècle des Lumières, Bohème Littéraire
Œuvres principales
signature de Louis-Sébastien Mercier
Signature
Sépulture de Mercier auPère-Lachaise.

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Ouvrage de Louis-Sébastien Mercier, interdit en France - Londres 1772.

Louis-Sébastien Mercier, né le àParis et mort dans la même ville le, est unécrivainfrançais du mouvement desLumières, à la foisromancier,dramaturge,essayiste,philosophe,critique littéraire etjournaliste.

Auteur prolifique, il est l’un des hommes dont la vie littéraire a été la plus active auXVIIIe siècle, qui s’appelait lui-même« le plus grand livrier de France » ; il reste essentiellement connu aujourd'hui pour son roman d'anticipationl’An 2440 (1771) et pour sonTableau de Paris (1781), publiés avant laRévolution. Il est également l’auteur d'une trentaine de pièces de théâtre, de dizaines de pièces en vers et de nombreux essais critiques, et le fondateur desAnnales patriotiques et littéraires.

Biographie

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Sa famille

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Louis-Sébastien Mercier était issu d’une famille de la petite bourgeoisie, Mercier naquit le à Paris, quai de l’École, entre lePont Neuf et leLouvre, où son père, Jean-Louis Mercier, tenait boutique de marchandfourbisseur, et baptisé deux jours plus tard en l’église Saint-Germain l’Auxerrois.

Originaire deMetz et veuf d’une première femme, Claude Galloy, Jean-Louis Mercier signa le un contrat de mariage avec Élisabeth Andrée Le Pas, fille de feu Martin Le Pas, maître maçon, et l'épousa le lendemain en l'église Saint-Sauveur de Paris. Louis-Sébastien naquit l'année suivante. Un cadet, Charles André, qui devait plus tard tenir l’hôtel des Trois-Villes,rue de Tournon, vit le jour en 1741. Un troisième enfant, Jean-Baptiste, mourut au berceau. Sa mère mourut à son tour le, et son père se remaria une troisième fois, le1er juin 1744 en l'église Saint-Eustache de Paris, avec Charlotte Spol, qui lui donna une fille, Anne Charlotte[1],[2].

Ses études

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Après avoir appris quelques rudiments de latin d’un maître de pension, Louis-Sebastien Mercier entra comme élève externe aucollège des Quatre-Nations en 1749. Ayant découvert en 1757 leThéâtre-Français[1],[2], son goût pour le théâtre et les romans, ainsi que son amitié avecCrébillon fils, le décidèrent vers 1765, à vivre de sa plume. Il publia d’abord deshéroïdes qui eurent un succès discret, ce qui l'amena sans doute à préférer plus tard laprose auxvers. Il écrivit alors quelques essais critiques sur le milieu littéraire et des récits.

Les débuts professionnels et littéraires

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Journal de Louis-Sébastien MercierLes Annales Patriotiques, du 11 avril 1793.

En, alors qu’il n’était pas maître ès arts, il fut nommé régent de cinquième au collège de la Madeleine, àBordeaux, avec millelivres d’appointements, après l’expulsion des Jésuites, prononcé par un arrêt duParlement de Bordeaux le. Ses obligations lui laissèrent assez de loisirs pour écrire des vers, publiés dansl’Iris de Guyenne, un journal éphémère fondé à Bordeaux en imitation duMercure de France. Ayant quitté cette place, il revint à Paris et forma en 1765 le projet de se rendre enRussie. Toutefois, son passeport lui fut refusé, et une visite auduc de Choiseul n’y changea rien[1],[2]. Il fit des romans et des traductions qui restèrent dans l’obscurité, et il ne commença à acquérir quelque réputation que par desdrames imités en partie de l’anglais et de l’allemand. LeThéâtre-Français ayant ajourné la représentation d’une de ses pièces, intituléeNatalie, il rédigea un factum, à la suite duquel ses entrées lui furent retirées. Il poursuivit alors les comédiens devant les tribunaux et, pour soutenir lui-même sa cause, se fit recevoir avocat. Ses adversaires trouvant le moyen d’entraver la procédure, le procès n’aboutit pas et Mercier dut faire imprimer ses pièces qui furent alors pour la plupart jouées en province et avec succès ; elles revinrent ensuite auThéâtre-Italien, où quelques-unes d’entre elles obtinrent une grande vogue.

En1770, la publication de l’uchroniel’An 2440 (Amsterdam, 1770, in-8°,1786, 3 vol. in-8°), est la réalisation des utopies dont rêvait Mercier en matière d'éducation, de morale et de politique. On reconnut de la verve dans cet ouvrage d’anticipation, mais on le traita de folie ; et cependant laRévolution allait bientôt réaliser plusieurs des prophéties de Mercier. Dans cet ouvrage, Mercier défend les idées des Philosophes et déclare dans son avant-propos :

« Désirer que tout soit bien est le vœu du Philosophe. J’entends par ce mot dont on a sans doute abusé, l’être vertueux et sensible qui veut le bonheur général. Le mal fatigue les regards du sage ; il s’en plaint et il sait que le mal abonde sur terre… Pourquoi nous serait-il défendu d’espérer qu’après avoir décrit ce cercle extravagant de sottises autour duquel s’égarent les passions de l’homme, il ne revienne à la lumière pure de l’entendement ?... Oh ! Mes chers concitoyens ! Vous que j’ai vu gémir si fréquemment sur cette foule d’abus dont on est las de se plaindre, quand verrons-nous nos grands projets, quand verrons-nous nos songes se réaliser ? … »

Il publia ensuite de nombreuses pièces de théâtre, drames historiques ou bourgeois, dont quelques-unes eurent un certain succès, notamment provincial. Dès lors, ses essais se firent plus polémiques.

En1781, Mercier commença la publication, sans nom d’auteur, des deux premiers volumes de sonTableau de Paris, document irremplaçable et témoignage pittoresque sur les mœurs de l’époque. Quelques personnes ayant été inquiétées à ce sujet par la police, il alla se déclarer lui-même au lieutenant généralLenoir, puis il quitta Paris le et se réfugia dans laprincipauté de Neuchâtel, enSuisse, où il arriva le et séjourna, de crainte d’être poursuivi en justice, de 1781 à 1785. D’abord installé chezSamuel Fauche, il se brouilla avec lui à la fin d’. En septembre, il signa un traité avec la Société typographique deNeuchâtel, qui prépara l’impression d’une seconde édition duTableau de Paris[2]. Mercier y travailla à sonTableau, dont les derniers volumes furent publiés en1788, et qui comptèrent finalement plus de mille chapitres en douze volumes. Dans l’intervalle, il fit encore paraître plusieurs ouvrages dramatiques et politiques, entre autresMon bonnet de nuit, etMon bonnet du matin, ouvrages composites qui mêlent les rêveries philosophiques aux morceaux critiques principalement portés contre la littérature ancienne et contre lesécrivains français duXVIIe siècle.

Malade, il entreprit après son rétablissement un voyage qui le conduisit à Paris en 1782, avant de retrouver la Suisse en novembre. Reçu le dans la Compagnie des mousquetaires, société neuchâteloise, il séjourna durant l’année àGenève etLausanne, visitaBerne,Lucerne,Soleure etZurich[2]. En automne 1787, il entreprend un voyage en Allemagne; dans le Palatinat d'abord pour rendre visite à la fille de son éditeur Osterwald qui dirige un institut pour jeunes filles à Frankenthal, le "Kurfürstliche Erziehungshaus" de Frankenthal et puis très probablement pour entrer en contact avec son traducteur Carl Friedrich Cramer de Kiel.

De retour à Paris fin 1785 ou début 1786, Mercier collabora, au commencement de laRévolution, à plusieurs journaux, leSpectacle national, laTribune des hommes libres ouLa Sentinelle deJean-Baptiste Louvet de Couvray. En, il fonda avecJean-Louis Carra lesAnnales patriotiques, destinées à propager les idées révolutionnaires, qu’il rédigea jusqu’en 1791. Il fut l’ami deFrançois de Pange.

Bientôt, rompant avec lesJacobins, il ne craignit pas de les attaquer dans la feuillegirondinela Chronique du mois éditée par leCercle social.

Madame Mercier (parJean-Baptiste Greuze).

En 1792, Mercier se lie à Louise Marie Anne Machard, née le 18 juillet 1768, qu'il épouse en 1814. De leur union naissent Héloïse en novembre 1792, et Sébastienne en pluviôse an II (février 1794)[3].

En septembre 1792, lors des élections à laConvention nationale, Louis-Sébastien Mercier est élu député du département de la Seine-et-Oise, le onzième sur quatorze, et député suppléant duLoir-et-Cher, le premier sur cinq. Il opte pour la Seine-et-Oise[4]. Dès le début de son mandat, il entre auComité d'instruction.

Mercier siège sur les bancs de laGironde. Lors duprocès de Louis XVI, il vote « la détention perpétuelle », rejette l'appel au peuple mais vote en faveur du sursis à l'exécution[5]. En avril 1793, il vote en faveur de la mise en accusation deJean-Paul Marat[6], qui le dénonce un mois plus tard dans son journal comme « membre de la faction des hommes d’État ». À la fin du même mois, il vote en faveur du rétablissement de laCommission des Douze[7]. En octobre, pour avoir signé, ainsi que soixante-douze de ses collègues, une protestation contre l'arrestation des députés girondins le 2 juin, Mercier est décrété d'arrestation sur motion d'Amar, membre duComité de Sûreté générale[8]. Ils sont libérés et réintégrés à la Convention en frimaire an III (décembre 1794)[9].

Le23 vendémiairean IV, il fut élu auConseil des Cinq-Cents par lesCôtes-du-Nord par235 voix sur369 votants et leNord par302 voix sur561 votants. Optant pour le second département, il s’opposa au décret qui décernait les honneurs duPanthéon àDescartes, qu’il accusait d’erreurs et dont il avait pourtant publié un éloge dans sa jeunesse. Il considère que Descartes, en inventant la liberté de pensée, est à l’origine des courants révolutionnaire et contre-révolutionnaires et donc coupable de laTerreur[10]. Il s’emporta aussi contreVoltaire, qu’il accusa d’avoir détruit la morale en attaquant la religion. Enfin, dans une autre occasion, il fit le procès à la philosophie et s’éleva contre la diffusion de l’instruction dans les masses, ce qui lui valut le surnom de « singe de Jean-Jacques ». À partir de 1798, il se tint à l’écart de la politique.

Ces contradictions ne furent pas les seules de Mercier : alors qu’il avait écrit contre la loterie, lorsqu’elle fut rétablie, il accepta, en 1797, une place de contrôleur de cette administration. Il s’en tira par un mot spirituel : « Depuis quand, dit-il, n’est-il plus permis de vivre aux dépens de l’ennemi ? » Il avait également écrit des diatribes contre les cercles et les académies et n’en devint pas moins membre de la seconde classe de l’Institut (Sciences morales et politiques) lors de sa création, aux côtés de l'abbé Grégoire et deBernardin de Saint-Pierre. Ayant autrefois critiqué le formalisme stérile de l’Académie française d'Ancien Régime, il accueillit avec bienveillance la formation de cette section appelée à travailler à l'élévation morale de la nation. « Placé plus haut, disait-il, j’y vois mieux. ». Mais lors de la réorganisation de l’Institut, en 1803, la classe de Morale, jugée subversive par le régime bonapartiste, fut dissoute et Mercier fut placé dans laclasse d’histoire et de littérature ancienne. Il disait que lepremier consul l’y avait déporté.

En sortant du Conseil des Cinq Cents, le, il fut nommé professeur d’histoire auxécoles centrales. Il s’y occupa surtout de littérature et se plut à reproduire toutes les attaques qu’il avait dirigées autrefois contre les classiques.Locke,Condillac et leurs disciples devinrent aussi le sujet de ses attaques, appelant lesidéologues (le parti deDaunou) lesidiots rogues ou lesidiologues. Les découvertes physiques ne lui inspiraient pas plus de respect : irrité contre le dogmatisme scientifique, il attaqua même le système astronomique deCopernic et deNewton, prétendant avec ironie qu'il valait mieux que la Terre fût ronde et plate et que le Soleil tourne autour de ce plateau comme un cheval de manège, plutôt que ce soit la Terre qui pivote, pareille à un « dindon en broche » comme le voulaient les partisans de Newton. Il dénigra, dans les arts, ceux qui corrompaient les mœurs par le spectacle de la lascivité, tels que la gravure ou la sculpture, appelant les statues des poupées de marbre. Il aurait voulu supprimer jusqu’au nom desRaphaël, desCorrège, desTitien, dont les œuvres, prétendait-il, avaient été si pernicieuses pour les mœurs. Il attaqua, pour comble de paradoxe, le rossignol, à qui il dit : « Tais-toi, vilaine bête » et exalta la fauvette. Il se mêla aussi dephysiognomonie, et comme jaloux de la gloire deLavater, il avança, pour le tourner en dérision, un système selon lequel on pouvait arriver à la connaissance de l’homme par la seule inspection des pieds. Il avait imaginé une bibliothèque française, où il plaçaitMarmontel etLe Tourneur, mais d’où il excluaitMalebranche,Les Provinciales et toutBossuet, « dont l’Histoire universelle n’est qu’un squelette chronologique sans vie et sans couleur ». Il n’aimait pas non plus les livres reliés et, lorsqu’il en achetait qu’il n’avait pu se procurer autrement, il leur cassait le dos et en faisait des brochures en les dépouillant des cartons qui les protégeaient.

En1798, Mercier donna une suite à sonTableau de Paris,Le Nouveau Paris (6 vol. in-12), un ouvrage qui présente des détails intéressants sur les mœurs de laRévolution. En1801, Mercier fit paraître saNéologie, vocabulaire de mots nouveaux ou à renouveler, dans lequel il s’élève contre le choix restreint des mots. « C’est la serpe académique, instrument de dommages, dit-il, qui a fait tomber nos antiques richesses ; et moi j’ai dit à tel mot enseveli : Lève-toi, et marche ! Quand Corneille s’est présenté à l’Académie avec son motinvaincu, on l'а mis à la porte. Mais moi, qui sais comment on doit traiter la sottise et la pédanterie, je marche avec une phalange de trois mille mots, infanterie, cavalerie, hussards. S’il y a beaucoup de morts et de blessés dans le combat, eh bien, j’ai une autre armée en réserve, je marche une seconde fois ; car je brûle de culbuter tous ces corps académiques qui n’ont servi qu’à rétrécir l’esprit de l’homme. » Toujours acharné après les poètes duXVIIe siècle, il conseillait aux littérateurs d’abandonner les vers pour la prose, dont la marche, plus libre, lui paraissait mieux se prêter aux inspirations poétiques. Il conseillait également aux écrivains de donner plus de liberté à la prose et de créer hardiment des mots nouveaux toutes les fois que ceux consacrés par l’usage leur paraîtraient insuffisante. Ce n'est que bien plus tard que la postérité littéraire osera suivre Mercier en reconnaissant à la prose sa valeur poétique à l'égal du vers. C’est encore à Mercier queChateaubriand s'adresse lorsqu’il écrit en 1801, dans la préface d’Atala, que« des volumes entiers de prose descriptive ne valent pas cinquante beaux vers d'Homère, de Virgile ou de Racine ».

L’Empire

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Constant dans ses opinions républicaines, Mercier manifesta peu de goût pour le régime impérial. Ardent défenseur de la paix, il fut blessé de voir le pouvoir tomber dans les mains d’un chef de guerre qui mettait l'Europe à feu et à sang. Larestauration de la noblesse, l’institution d’un régime dedictature policière, leretour en force du crime politique furent autant de déceptions pour Mercier qui voyait définitivement partir en fumée tous les espoirs de 1789. « Je ressemble au sicambre Clovis, écrivait-il àDelisle de Sales, dans un moment de découragement ; aujourd’hui que mes rêves politiques se sont évanouis, je suis tenté de brûler ce que j’ai adoré, et d’adorer ce que j’ai brûlé. » Il admirait le génie de Napoléon, mais il ne lui pardonna pas lecoup d'État du 18 Brumaire et l’Empire, et s’exprima plusieurs fois à ce sujet avec une liberté de langage qui lui valut les admonestations du ministre de la policeSavary. C’est ainsi qu’il avait appelé l’empereur « un sabre organisé ». On raconte dans lesMémoires publiés sous le nom de l’acteurFleury une altercation entre Mercier et Savary, dans laquelle le ministre menaça de faire mettre l’écrivain àBicêtre, ce dont Mercier le défia. « Je ne vis plus que pour voir comment tout cela finira » dirait-il. Mercier vit effectivement la fin de l’Empire, mais il mourut quelques jours après le retour desBourbons. Il avait encore fait partie de la députation de l’Institut qui alla complimenter lecomte d’Artois. Marié le avec Louise Machard, acte par lequel il légitimait ses trois filles (Héloïse née en 1792, Sébastienne née en 1794 et Pauline née en 1796), Mercier déclara, lorsqu’il tomba malade, qu’il allait rendre son corps à la nature. Il fut inhumé aucimetière du Père-Lachaise (11e division).

Œuvre

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Style

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Les idées et le style de Mercier, esprit enthousiaste, original, ingénieux et féru deparadoxe, associent chaleur et violence, finesse et étrangetés, éloquence et emphase, vues justes et hypothèses discutables. L’ouvrage qui a le plus servi à maintenir sa réputation est sonTableau de Paris (Neuchâtel et Amsterdam,1781-1790, 12 vol. in-8°), peinture des mœurs, des routines, où sont notés et stigmatisés les abus, les excès, les vices. C’est leXVIIIe siècle non des salons de la haute société ou des maisons de la bourgeoisie, que dépeint Mercier en moraliste et en observateur aigu, mais surtout du petit peuple sous toutes ses faces.Rivarol traita leTableau de Paris d’« un ouvrage pensé dans la rue et écrit sur la borne; l’auteur a peint la cave et le grenier en sautant le salon. » Le succès en fut extraordinaire non seulement en France, mais aussi enAllemagne, où Mercier fut regardé comme un écrivain de premier ordre. Des éditions abrégées en furent publiées (Paris,1853 ;1862, 2 vol. in-18). SuivantMonselet « tout le dix-huitième siècle est contenu dans leTableau de Paris, surtout le dix-huitième siècle de la rue ; il y a de tout, de tout ce qu’on ne voit pas ou tout ce qui fait détourner la tête. Aussi Mercier avait-il pour habitude de dire qu’il avait écrit avec ses jambes. » Mercier disait queGreuze et lui étaient deux grands peintres ; Greuze avait mis le drame dans la peinture, et lui la peinture dans le drame. « Indépendamment de mes pièces de théâtre, qui sont des peintures morales, ajoutait-il, j’ai fait le plus large tableau qui soit dans le monde entier. » SelonRatisbonne, « l’ouvrage de Mercier ne méritait ni l’enthousiasme ni le mépris, ni le bruit ni l’oubli. L’observation, les traits fins y abondent ; malgré sa prolixité, il est intéressant et curieux à plus d’un titre. » Ce n’est pas un panorama pittoresque, tant s’en faut, et c’est plutôt le guide d’un moraliste que le vademecum d’un voyageur. L’archéologue et l’antiquaire y chercheraient vainement des documents […] ce n’est pas en historien, encore moins en architecte qu’il en parle, c’est en philosophe. Les mœurs, les coutumes, les contrastes, les extravagances, les excès, les abus, voilà l’inépuisable sujet que s’était proposé Mercier. »

Une production diversifiée

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Les principaux ouvrages dramatiques de Mercier, dans lesquels il tâcha de mettre en pratique ses idées sur le théâtre, sont :Jenneval, ou le Barnevelt français ;L’Habitant de la Guadeloupe(lire en ligne sur Manioc.org) ;la Brouette du vinaigrier ;Le Déserteur[N 1] ;L'Indigent ;La Maison de Molière ;Jean Hennuyer, évêque de Lisieux ;Louis XI ;Natalie ;Olinde et Sophronie ; etc. Ses pièces ont été réunies sous le titre deThéâtre (Amsterdam,1778-1784, 4 vol., in-8º).

Il faut encore citer à part, comme faisant la physionomie littéraire de Mercier, l’Essai sur l’art dramatique, composé au moment où ses pièces n’avaient pas encore de succès ; c’est une attaque contre l’ancien théâtre et principalement contreRacine, une tentative de poétique nouvelle, tendant à rejeter les fables et les règles anciennes, à produire sur la scène la société vivante, le peuple, la vie ordinaire. Présentées sous une forme violente et bizarre, ces idées soulevèrent toute la critique contre leur auteur[12].

On a encore de Mercier :l’Homme sauvage (Amsterdam,1767, in-8º), roman qu’il prétendit plus tard avoir été imité parChateaubriand dansAtala ;Songes et visions philosophiques (Paris,1768, in-12 ;1789, 2 vol., in-18);Éloges et discours philosophiques (Amsterdam,1776, in-8º);Mon bonnet de nuit (Neuchatel,1784, 4 vol. in-8º) ;Portraits des rois de France (Ibid.1785, 4 vol. in-8º), réimpr. sous le titre d’Histoire de France (Paris,1802, 6 vol. in-8º) ;Fragments de politique, d’histoire et de morale (Paris,1793, 3 vol. in-8º);Néologie, ou Vocabulaire de mots nouveaux, à renouveler, ou pris dans des acceptions nouvelles (Paris,1801, 2 vol. in-8º) ;Jeanne d’Arc, drame traduit de l’allemand deSchiller (1802, in-8º) ;Satire contre Racine et Boileau (1808); etc. Mercier a annotéJean-Jacques Rousseau (Paris,1788-1793, 38 vol. in-8º) et ajouté, commepastiche littéraire, àla Nouvelle Héloïse, une lettre écrite par M. de Volmar après la mort de Julie.

L’éditeur

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En collaboration avecGabriel Brizard, François Henri Stanislas de L’Aulnaye (1739-1830) et Pierre Prime Félicien Le Tourneur (1737-1788), il publie, de 1788 à 1793, les Œuvres complètes deJean-Jacques Rousseau en 37 volumes :

t. 1-4 :Julie ou la Nouvelle Héloïse ; Les amours de Milord Edouard Bomston.t. 5-6 : Lettres élémentaires sur la botanique ;Fragments pour un dictionnaire des termes d’usage en botanique.t. 7-9 : Politique.t. 10-13 :Émile ou De l'éducation ;Émile et Sophie ou Les solitaires.t. 14 : Émile, ou De l’éducation ou Pièces relatives à l’Émile.t. 15-17 : Sciences, arts et belles-lettres.t. 18 : Théâtre et poésies.t. 19-22 : Écrits sur la musique.t. 23-26 : Les Corbeaux ;Les Rêveries du promeneur solitaire.t. 27 : Contestation entreHume et Rousseau avec les pièces justificatives.t. 28 : Pièces diverses relatives aux calomnies publiées contre Rousseau.t. 29-30 : Philosophie.t. 31-35 : Lettres sur divers sujets de philosophie, de morale et de politique.t. 36-37 : Recueil des œuvres de musique de J.-J. Rousseau ; Les consolations des misères de ma vie ou recueil de romances.t. 38 : Recueil de plantes coloriées pour servir à l’intelligence des lettres élémentaires sur la botanique de J.-J. Rousseau. Paris, Poinçot, 1789.

Postérité

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Mercier, de son vivant, fut plus apprécié en Allemagne qu'en France. Il fut, avantGermaine de Staël, le premier Français à prendre une part au pré-romantisme allemand. Très lié àAuguste Schlegel auquel il dédie, en 1808, sesSatyres contre Racine et Boileau, il fut très lu parSchiller etGoethe dont on sait qu'il fut une des principales sources d'inspiration. On mit plus longtemps à reconnaître son rôle de précurseur en France. On a écrit plus tard que tout ledrame romantique était déjà en gestation dans son art poétique publié en 1773, leDu théâtre ou Nouvel essai sur l’art dramatique : on y retrouve théorisé, un demi-siècle plus tôt, tout ce queVictor Hugo etAlfred de Musset ont mis à l’œuvre dans leurs pièces.Senancour fut un des premiers à reconnaître en Mercier un grand nom de la littérature française[13],[14]. Aujourd'hui étudiée dans les classes et à l'université, l’œuvre de Mercier, qui fait l’objet de nombreux travaux et rééditions scientifiques, est considérée à bon droit comme celle d'un auteur de premier plan, entreRousseau etChateaubriand, dans la période féconde qui fut la charnière entre les Lumières et le dix-neuvième siècle.

Liste des œuvres

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Sources

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Notes et références

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Notes

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  1. a etbLa paternité de l’intrigue de la pièce est également revendiquée parJoseph Patrat qui est l’auteur du livret d’Adélaïde et Mirval, musique deTrial fils, comédie créée le au Théâtre-Italien (salle Favart)[11].
  2. Le texte est également publié dans lesAnnales patriotiques et littéraires le 31 décembre 1789.

Références

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  1. ab etcLéon Béclard,Sébastien Mercier sa vie, son œuvre, son temps, Paris, Champion, 1903, 810 p.(OCLC657057061).
  2. abcd eteVoir la chronologie de Louis-Sébastien Mercier,Nicolas Edme Restif de La Bretonne,Paris le jour, Paris la nuit, Paris, Robert Laffont, 1990,p. 1298-1327.
  3. Archives de Paris,état-civil reconstitué, V3E / N / 1595.
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 46 et p. 58.
  5. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI […] »Accès libre, surgallica.bnf.fr,(consulté le)
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 43.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 534.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 521.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 18 frimaire an III (8 décembre 1794), p. 213.
  10. François Azouvi,Descartes et la France : histoire d’une passion nationale, Paris, Éd. Fayard , 2002, 360p. (ISBN 978-2-21361-045-0).
  11. Réimpression de l'ancien Moniteur : depuis la réunion des États-Généraux jusqu'au Consulat (mai 1789-novembre 1799) (notes explicatives parLéonard Gallois),vol. 4, Paris,Plon frères,, 750 p., 32 vol. ; 28 cm(lire en ligne), « Mercredi »,p. 689col. 3.
  12. Raymond Gay-Crosier, « Louis-Sébastien Mercier et le théâtre »,Études littéraires,vol. 1,no 2,‎,p. 251–279(lire en ligne).
  13. Étienne de Senancour, « Remarques sur deux notices relatives à Louis-Sébastien Mercier »,Mercure de France,‎,p. 340-343
  14. Étienne de Senancour, « Sur L.-S. Mercier »,Mercure du dix-neuvième siècle,t. VI,‎,p. 461-470(lire en ligne)

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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