Pour les articles homonymes, voirPapineau.
| Louis-Joseph Papineau | ||
Louis-Joseph Papineau, vers 1852. | ||
| Fonctions | ||
|---|---|---|
| Chef duParti canadien, puis Parti patriote | ||
| – (23 ans) | ||
| Prédécesseur | James Stuart | |
| Successeur | Disparition du parti | |
| Seigneur deLa Petite-Nation | ||
| – (37 ans) | ||
| Prédécesseur | Joseph Papineau (son père) | |
| Successeur | Abolition durégime seigneurial | |
| Député à l'Assemblée législative de la province du Canada | ||
| – (6 ans) | ||
| Circonscription | Saint-Maurice | |
| Prédécesseur | François Lesieur Desaulniers | |
| Successeur | Joseph-Édouard Turcotte | |
| Député à laChambre d'assemblée du Bas-Canada | ||
| – (24 ans) | ||
| Circonscription | Montréal-Ouest n° 1 | |
| Prédécesseur | Étienne Nivard Saint-Dizier | |
| Successeur | Abolition du district | |
| – (6 ans) | ||
| Circonscription | Kent n° 1 | |
| Prédécesseur | François Viger | |
| Successeur | Noël Breux | |
| Biographie | ||
| Date de naissance | ||
| Lieu de naissance | Montréal (Province de Québec) | |
| Date de décès | (à 84 ans) | |
| Lieu de décès | Montebello (Québec,Canada) | |
| Nationalité | Canadienne | |
| Parti politique | Parti canadien (Parti patriote) | |
| Père | Joseph Papineau | |
| Conjoint | Julie Papineau | |
| Enfants | Amédée Papineau | |
| Famille | Napoléon Bourassa(gendre) Augustine Bourassa(petite-fille) Henri Bourassa(petit-fils) Talbot Mercer Papineau(arrière-petit-fils) | |
| Profession | Avocat | |
| Résidence | Montebello | |
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Louis-Joseph Papineau, né le àMontréal (province de Québec) et mort le àMontebello (Québec), est unhomme politique etavocatcanadien-français.Seigneur deLa Petite-Nation[1],[2], il est le fils deJoseph Papineau, le père d'Amédée Papineau, le beau-père deNapoléon Bourassa et le grand-père du journalisteHenri Bourassa.
Il fut député durant 28 ans et président de la Chambre d'assemblée duBas-Canada durant 22 ans. Dès 1815, il est à la tête duParti canadien (aussi appelé Parti patriote) qui lutte pour des réformes constitutionnelles fondées sur les principes britanniques. Il est de ce fait une figure centrale de larébellion des Patriotes. Lorsque sa tête est mise à prix par les autorités coloniales britanniques en1837, il s'exile auxÉtats-Unis, puis enFrance. Il ne revient au pays qu'après l'amnistie générale de1845.
Il est l'une des plus grandes figures dunationalisme canadien-français. De nombreuxnéonationalistes québécois se réclament encore de son héritage.

Louis-Joseph Papineau est né le àMontréal et il estbaptisé le même jour àl'église Notre-Dame de Montréal[3]. Il est le fils deJoseph Papineau,notaire ethomme politique, et de Rosalie Cherrier, fille de François-Pierre Cherrier,marchand et capitaine demilice[4]. Son parrain est Louis Payet, lecuré qui a célébré lebaptême, et sa marraine est Marie-Anne Cherrier, veuve de Toussaint Lecavelier. L'arrière-grand père paternel de Louis-Joseph Papineau, Samuel Papineau, est né àMontigny et arriva auCanada au tournant du 18e siècle en tant que soldat de la marine[5]. Il épousa Catherine Quevillon, dePointe-aux-Trembles, en 1705 à Montréal[5].
En 1802, le père du jeune Louis-Joseph devientseigneur en achetant laseigneurie de La Petite-Nation auséminaire de Québec. La famille entre ainsi dans la bourgeoisie canadienne-française. Une fois ses études primaires terminées, le jeune Louis-Joseph entre auCollège Saint-Raphael, dirigé par lesSulpiciens de Montréal, puis auPetit Séminaire de Québec. en 1802[4]. Il est décrit comme un élève doué mais peu porté sur ses études. Avide lecteur, il s'initie aux ouvrages dusiècle des Lumières grâce à la bibliothèque personnelle de son père et développe déjà ses talents d'orateur par le biais de discours devant ses compagnons de classe qui impressionnent ses professeurs[4].
Philippe Aubert de Gaspé, qui était au séminaire en même temps que lui, écrit : « La renommée du jeune Papineau l'avait précédé avant même son entrée au séminaire de Québec. Tout faisait présager, dès lors, une carrière brillante à cet enfant précoce, passionné pour la lecture et dont l'esprit était déjà plus orné que celui de la plupart des élèves qui achevaient leur cours d'études »[réf. souhaitée]. En 1804, il commence sa cléricature auprès deDenis-Benjamin Viger, son cousin[4]. En 1810, il complète des études en droit[4].
Suivant les traces de son père, il délaisse quelque peu la pratique du droit et s'implique enpolitique. Élu dans le comté de Kent à l'élection générale de 1808, il entre auParlement du Bas-Canada à l'âge de 22 ans[4]. Il se joint alors auParti canadien, qui est largement majoritaire en chambre et au sein duquel son père s'est beaucoup impliqué (il milite pour l'obtention d'une chambre d'Assemblée dans les années 1780 et est élu au premier parlement du Bas-Canada en 1792)[4]. Louis-Joseph Papineau peut également compter sur ses cousins Denis-Benjamin,Jacques et Louis Viger[4]. Ils sont parfois appelés la «clique Papineau» ou la «Vigerie»[4]. Il ne se fait pas énormément remarquer lors de son premier mandat comme député[4].
Lors de laguerre de 1812, opposant lesÉtats-Unis aux colonies britanniques d'Amérique du Nord, Louis-Joseph Papineau sert comme officier de milice du Bas-Canada[4]. Il passe la majeure partie du conflit dans un fort du Haut-Canada, à la frontière entre la colonie britannique et les États-Unis[4]. La guerre permet à Papineau d'afficher son loyalisme et facilite sa réélection au Parlement[4]. Le Parti canadien est alors persécuté par les autorités, qui fermentLe Canadien, l'organe de presse du parti, et emprisonnent son chefPierre-Stanislas Bédard[4].
Le, il est élu Orateur (speaker, c'est-à-dire président) de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada. La même année, il succède à Pierre-Stanislas Bédard et devient chef duParti canadien. Il poursuit la politique du parti qui lutte contre le favoritisme dans l'attribution des postes de fonctionnaires et dénonce les abus des conseils législatif et exécutif nommés par le gouverneur. C'est durant cette période, en, qu'il épouseJulie Bruneau (qui devient Julie Papineau), avec qui il aura 9 enfants[4]. Il tiendra une importante correspondance avec sa femme, notamment durant les longs mois d'hiver durant lesquels il est pris à Québec. Cette dernière offre une riche perspective sur la vie familiale du couple et les orientations politiques de Louis-Joseph Papineau[4]. En 1820, il refuse une place dans le conseil législatif formé par le gouverneurDalhousie.
Au début de sa carrière politique, Papineau est un monarchiste convaincu, adepte des thèses d'Edmund Burke, qui appuyait le système politique britannique et n'avait pas alors d'intérêt pour celui des États-Unis. À l'occasion de la mort du roiGeorgeIII en 1820, il prononça un discours contre la France deLouisXV et pour le régime britannique dont des copies circulèrent jusqu'en Angleterre[6]. Papineau y vante notamment certains mérites de laConquête de 1760, qui aurait permis aux Canadiens de vivre sous un régime leur permettant une liberté politique[4]. Il insiste toutefois sur la nécessité de rester indépendants et vigilants quant à de potentielles situations de corruption ou de tyrannie[4].

À l'automne 1822, un projet de loi, mis de l'avant par l'influent lobby des marchands bas-canadiens (à Londres et à l'insu de l'Assemblée législative), propose la fusion des colonies du Haut-Canada et du Bas-Canada[4]. Louis-Joseph Papineau et John Nelson sont alors désignés comme représentants du Bas-Canada auprès du gouvernement impérial et ont pour mandat de s'opposer à cette réforme législative[4]. L'opposition anti-unioniste, composée notamment de seigneurs, de réformistes et de membres du clergé canadien, s'organise alors et initie une pétition qui récolte plus de 60 000 signatures[4]. En, Papineau et Nelson vont présenter ce document au gouvernement impérial, à Londres[4]. Bien que le projet d'union soit abandonné face à la grogne du Bas-Canada, Papineau étire son voyage en Angleterre de plusieurs mois afin de s'assurer qu'un tel projet ne soit pas réitéré[4].
Le voyage en Angleterre marquera un tournant dans les idées politiques du jeune Louis-Joseph Papineau[4]. Il est marqué par lesinégalités de richesse qu'il observe dans les villes anglaises, dominées par l'aristocratie et la bourgeoisie marchande et terrienne, et outré par l'exclusion d'une vaste majorité de la population du suffrage (seuls 5 % des Anglais y ont accès)[4]. Cette constatation et la crise de l'union lui font prendre conscience du potentiel des colonies d'Amérique du Nord et amorcent chez Papineau une remise en question du système politique britannique[4]. Il développe d'ailleurs à l'époque une admiration pour le projet politique des États-Unis, qu'il considère comme étant supérieur à celui de la métropole britannique et destiné à un bel avenir[4].
Louis-Joseph Papineau rentre au pays à l'automne 1823[4]. Durant son absence, c'estJoseph-Rémi Vallières qui est devenu président de l'Assemblée[4]. Papineau est réélu à ce poste en 1825[4]. Il est également toujours chef du Parti canadien, dont les membres s'identifient désormais comme étant «Patriotes» (ce qui transforme le Parti canadien en «Parti patriote»)[4]. À l'époque, les réformistes créent deux nouveaux journaux,La Minerve (1826) et leIrish Vindicator (1827), afin de mettre de l'avant leurs idées de réforme et leur mécontentement quant au système politique bas-canadien[4].
Ce mécontentement se cristallise durant la «crise des subsides», durant laquelle les réformistes reprochent au gouvernement colonial sa gestion antidémocratique des fonds publics[4]. Dans diverses chroniques sous pseudonymes, Louis-Joseph Papineau critique avec véhémence les «bureaucrates», qu'il qualifie d'«oiseaux de proie» ou encore de «voleurs»[4]. Le gouverneur colonial,George Ramsay, comte de Dalhousie, est à l'époque farouchement opposé aux revendications des Patriotes[4]. Rejetant leurs demandes, il va jusqu'à dissoudre l'Assemblée mais ces derniers sont facilement réélus[4]. La résistance s'organise alors contre le gouverneur Ramsay[4]. Une pétition de 87 000 noms est présentée aux autorités coloniales de Londres et le pouvoir britannique désavoue le gouverneur. Ce dernier quitte son poste en 1828. Cette victoire assure à Papineau une influence et un prestige encore plus importants parmi les réformistes[4].
À la fin des années 1820, à la suite de la crise de l'union, de son voyage en Angleterre et de l'intransigeance du gouverneur Ramsay, Louis-Joseph Papineau adopte des positions idéologiques résolumentrépublicaines[4]. Inspiré par l'exemple desÉtats-Unis, il considère que les vieux principes aristocratiques européens freinent le développement de la démocratie au Bas-Canada[4]. Il plaide pour l'école laïque (il est inspiré par le système scolaire de l'État de New York), dénonce les privilèges et les monopoles, revendique une réforme du système dejurés et demande le contrôle des banques par l'Assemblée[4]. En 1831, il contribue, par son rôle prépondérant dans l'Assemblée, à faire voter uneloi garantissant l'égalité politique de tous lescitoyens, sans égard à lareligion. Ceci permit entre autres auxJuifs de tenir des registres civils dans le pays et d'accéder aux fonctions publiques. Cette loi fut un précédent dans l'histoire de l'Empire britannique.

Lelibéralisme de Papineau a toutefois ses limites. DansLa Minerve du, Papineau dénonce le fait que certaines femmes mariées utilisent unvide juridique de l'Acte constitutionnel de 1791 pour voter aux élections. Il écrit : « Il est odieux de voir traîner aux hustings des femmes par leurs maris, des filles par leurs pères souvent contre leur volonté. L’intérêt public, la décence, la modestie du sexe exigent que ces scandales ne se répètent plus »[7]. En 1849, le gouvernementLa Fontaine-Baldwin « corrige cette irrégularité historique en interdisant aux femmes de voter »[7].
La mise en place d'un Conseil législatif élu devient l'une des principales revendications des parlementaires à compter de 1833[8]. À l'automne 1834, sous la houlette de Louis-Joseph Papineau, leParti patriote remporte une écrasante majorité à la Chambre d'assemblée (77 des 88 sièges[4])[8]. En, Papineau fait adopter par la Chambre les92 résolutions (il participe également au comité de rédaction), un document d'inspiration républicaine qui exige de laGrande-Bretagne des réformes démocratiques: une refonte du système gouvernemental (inspiré des États-Unis), un gouvernement responsable, le contrôle des dépenses publiques par l'Assemblée ou encore une stricte égalité de tous devant la loi[9]. Le document est officiellement présenté aux autorités impériales, à Londres[4].
Le dépôt du document mène à une commission d'enquête dirigée par le nouveau gouverneur,Lord Gosford. L'enthousiasme est de courte durée: les demandes des 92 résolutions sont en majeure partie refusées par le pouvoir britannique, qui y répond par le biais des10 résolutions de Russell[9]. En plus de balayer les revendications des Patriotes, ces 10 résolutions vont même renforcer le pouvoir duConseil exécutif du Bas-Canada (nommé par le gouverneur) sur l'Assemblée (démocratiquement élue). Cette impasse politique suscite un vif émoi au sein des milieux réformistes[9], ce qui mène à des boycotts, un refus d'étudier de nouvelles législations, des démissions en masse de fonctionnaires sympathiques aux revendications patriotes (dont des juges de paix) et l'organisation de grandes assemblées de protestations entre mai et[10]. Selon l'historien Gilles Laporte, ces dernières ont pour objectif de «désavouer publiquement le gouvernement colonial et d’en appeler à la création d’institutions parallèles issues du consentement des gouvernés»[9].

Le plus important des rassemblements patriotes se déroule àSaint-Charles-sur-Richelieu les 23 et: c'est l'Assemblée des six-comtés[9]. Près de 5 000 personnes assistent alors à cette grande assemblée présidée parWolfred Nelson[9]. Plusieurs figures de proue du mouvement patriote (Papineau,Denis-Benjamin Viger,Louis Lacoste,Édouard-Étienne Rodier,Cyrille-Hector-Octave Côté, Édouard Mailhot,Thomas Storrow Brown,Amury Girod) s'adressent alors à la foule, présentant chacun ses perspectives quant aux moyens à adopter face à l'intransigeance du gouvernement colonial[9].Bien qu'il soit accueilli en héros par la foule, Papineau est porteur d'un discours qui contraste avec celui de ses camarades. Plus modéré, il veut éviter le soulèvement armé et favorise la désobéissance civile et le boycott économique comme moyens d'action[9]. Il espère aussi que les Britanniques, forts de leur expérience avec la colonie Américaine en 1776, agissent différemment avec le Canada[11]. Louis-Joseph Papineau se différencie également des plus radicaux de son parti en s'opposant à une abolition sans compensation du régime seigneurial. Cette position lui sera d'ailleurs reprochée plus tard par Robert Nelson: «Papineau nous a abandonnés, et cela pour des motifs personnels et familiaux concernant les seigneuries et son amour invétéré pour les vieilles lois françaises[12]».

Papineau ne parvient pas à modérer l'aile radicale de son parti[9]. Des bagarres de rue éclatent notamment à Montréal, le, alors que lesFils de la Liberté affrontent lesparamilitairesloyalistes duDoric Club[9]. Le même jour, ces derniers vont jusqu'à fracasser les vitres de la maison de Louis-Joseph Papineau[9]. Le, les autorités britanniques émettent des mandats d'arrêt contre 26 chefs patriotes en raison de leur participation à l'Assemblée des six-comtés[9]. Papineau quitteMontréal le. Il gagne alors la région du Richelieu où il est reçu chez des proches. Le, accompagné d'Edmund Bailey O'Callaghan, il quitte le Bas-Canada pour les États-Unis, à travers Alburg Springs (Vermont): c'est le début d'un exil qui durera 7 ans[4].

À son arrivée aux États-Unis, il est accueilli à la maison familiale de son ami, le jugeReuben Hyde Walworth, àSaratoga dans l'État de New York. Il s'affaire ensuite à faire passer sa femme et ses enfants aux États-Unis[4]. Son fils, Amédée Papineau, le rejoint en[4]. Il loge ensuite chez son ami James Porter, greffier à la cour de la chancellerie de l'État et ancien représentant démocrate à l'Assemblée de New York et auCongrès, àWashington[4]. Il continuera d'ailleurs de côtoyer les élites américaines durant son exil aux États-Unis. Son réseau de contacts contient notammentJohn Ellis Wool, général américain qui se montre favorable à la cause des Patriotes[4]. Julie Papineau ne pourra rejoindre son mari aux États-Unis qu'en, après 7 mois de séparation ponctués de rumeurs de décès ou de capture[4].
Au début de son exil, Papineau constate un certain intérêt pour la cause Patriotes chez ses voisins du sud. Il ne parvient toutefois pas à se procurer de l'argent ou des armes pour appuyer l'insurrection[4]. Pendant un certain temps, Louis-Joseph Papineau tente d'obtenir l'appui du président américainMartin Van Buren à travers ses contacts parmi les élites américaines, mais sans succès[4]. Les dirigeants étasuniens ne veulent pas risquer des représailles anglaises en cas d'appui aux Patriotes[4]. Le, le gouvernement des États-Unis promulgue même une loi interdisant à tout citoyen américain de participer à l'insurrection canadienne[4].
Malgré la politique de neutralité du gouvernement américain, certains Patriotes radicaux exilés aux États-Unis insistent sur la nécessité de la lutte armée[4]. En, ces derniers se réunissent en compagnie de Papineau à Middlebuy, au Vermont[4]. Ce dernier refuse alors l'insurrection armée, croyant peu aux chances de succès d'une telle campagne sans l'appui des Américains[4]. Les Patriotes plus radicaux accusent alors Papineau de lâcheté et certains insistent même pour l'écarter du mouvement[4]. L'historien Louis-Georges Harvey explique qu'il existe plusieurs interprétations historiographiques quant à l'attitude du chef patriote:
«Certains contemporains et certains historiens prétendent que Papineau aurait refusé de participer à cette nouvelle campagne parce que les radicaux avaient consigné l’abolition du régime seigneurial dans leur déclaration d’indépendance proclamant la république du Bas-Canada. Les interprétations récentes laissent croire que Papineau aurait accepté l’abolition du régime seigneurial si l’on avait prévu de compenser les seigneurs, mais surtout s’il avait cru aux chances de succès du plan d’invasion du Bas-Canada proposé par les radicaux[4].»
Le, il quitte New York pourParis, où il espère gagner l'appui de la France à la cause du Canada français. Il arrive en France le et constate rapidement le peu d'intérêt du gouvernement français pour la cause des Patriotes[4]. Ce n'est pas une grande surprise pour Papineau, puisqu'il avait été prévenu par l'ambassadeur français à New-York lors de son séjour aux États-Unis[4]. À l'époque, les Républicains ne sont pas au pouvoir et le gouvernement français ne veut pas risquer de provoquer les Anglais en appuyant les rébellions[4]. Malgré les sympathies de plusieurshommes politiques influents dontLamartine etLamennais, la France deLouis-Philippe reste neutre dans le conflit entre laGrande-Bretagne et ses colonies canadiennes. Certains historiens voient d'ailleurs le voyage de Papineau en France comme un geste désespéré ou même comme une stratégie des Patriotes radicaux pour l'écarter du mouvement[4]. Louis-Georges Harvey soutient quant à lui que les rebelles bas-canadiens cultivaient encore l'espoir d'un appui français ou d'une guerre entre les États-Unis et l'Angleterre[4].
Malgré les difficultés que rencontre sa mission diplomatique, Louis-Joseph Papineau ne reste pas les bras croisés en France. En, il publie l'Histoire de l'insurrection du Canada en réfutation du Rapport de Lord Durham dans la revueProgrès[4]. Comme l'indique son titre, cette publication se veut une réponse aurapport Durham (officiellement leRapport sur les affaires de l'Amérique du Nord britannique) de, qui recommande l'assimilation linguistique et culturelle des Canadiens français à la suite des Rébellions des Patriotes[4]. Dans sonHistoire de l'insurrection du Canada, Papineau présente le rapport Durham comme une preuve du despotisme du régime colonial anglais, critique les «agitateurs torys» (dontAdam Thom, éditeur duMontreal Herald) qui le supporte et donne des exemples de la tyrannie dont fait preuve le régime anglais (l'exécution de prisonniers politiques, par exemple)[4].
À la fin de l'année 1839, Louis-Joseph Papineau est rejoint par sa femme Julie (avec qui il garde un contact épistolaire) et ses enfants (sauf Amédée) à Paris[4]. Durant les années suivantes, la famille vit de grandes difficultés financières alors qu'elle est forcée à s'endetter pour subvenir aux besoins du quotidien[4]. Les Papineau se voient même forcés de vendre certaines de leurs propriétés à Montréal[4]. Julie et les enfants retournent au Bas-Canada en, alors qu'Amédée s'assure de louer une maison à Montréal[4]. Lactance, qui étudie la médecine en France, les rejoint à l'automne de la même année[4]. Louis-Joseph Papineau, après sept longues années d'exil, quitte la France pour retrouver sa patrie en 1845[4].

À son retour au pays, Louis-Joseph Papineau est confronté à un paysage politique qui s'est grandement métamorphosé: l'Acte d'Union de 1840 a provoqué la fusion des colonies du Haut-Canada et du Bas-Canada (créant alors le Canada-Uni)[4]. Cette fusion met en minorité les Canadiens français et cimente la domination politique des anglophones sur le territoire[4]. Papineau considère donc l'Acte d'Union comme un «arrêt de mort pour la nationalité canadienne» (pour reprendre les termes de Louis-Georges Harvey)[4].
En 1848, il est élu au nouveauParlement du Canada-Uni dans le comté deSaint-Maurice. En sérieux désaccord avec la politique du parti réformiste deLouis-Hippolyte La Fontaine, notamment parce Papineau veut défaire l'union, il rompt les rangs et se fait député indépendant. À l'époque, la stratégie de La Fontaine consiste en une alliance avec les réformistes du Haut-Canada afin de constituer une majorité parlementaire et exiger un gouvernement responsable[4].Républicain convaincu et inspiré par les républiques des États-Unis et de France, Louis-Joseph Papineau finit quant à lui par soutenir le mouvement revendiquant l'annexion aux États-Unis[4]. Pourtant, l'élan qu'il donnait au mouvement des Patriotes avant son exil allait plutôt dans le sens d'une indépendance du Bas-Canada, du moins à long terme. Mais devant l'imposition de l'Acte d'Union en 1840, il est d'avis que le statut d'État dans la fédération américaine serait préférable pour ses compatriotes de l'ancien Bas-Canada[4].
Toujours en rupture avec le parti mené par La Fontaine, Papineau participe à la création duParti rouge. Il est également en froid avec certains anciens compagnons de lutte, à l'image de Wolfred Nelson qui l'accuse d'avoir lâchement fui durant les rébellions de 1838[4]. Il s'isole encore plus alors qu'il continue de défendre le régime seigneurial, que plusieurs libéraux radicaux tentent d'abolir à l'époque[4]. Il est défait à l'élection de 1851, mais est toutefois élu lors d'élections partielles l'année suivante (il représente alors le comté deDeux-Montagnes). Il ne se présente pas comme candidat aux élections de 1854. Louis-Joseph Papineau se retire de la vie publique peu après et ne réapparaît que pour tenir une conférence à l'Institut canadien de Montréal en.


Louis-Joseph Papineau meurt d'une pneumonie à son manoir deMontebello, le[4]. Le manoir a été construit après son retour d'exil à New York et Paris, entre 1848 et 1850. Papineau y vit jusqu'à son décès ainsi que ses descendants jusqu'aux années 1920.
Les orientations idéologiques de Louis-Joseph Papineau ont fait par le passé et font aujourd'hui l'objet d'importants débats historiographiques. La pensée de Papineau est particulièrement intéressante de par les contrastes qui l'animent: une admiration initiale du système politique britannique puis la passion pour les États-Unis, le monarchisme des débuts et le républicanisme, la cohabitation d'une défense du régime seigneurial et de profondes convictions républicaines.

Papineau est resté comme l'une des grandes personnalités politiques québécoises duXIXe siècle.
Dans un livre publié en 2003, aux éditions du Septentrion :Mensonges et vérités dans les Souvenirs de Félix Poutré[13], Marc Collin démontre que l'image du Papineau des Rébellions qui part fut dénaturée dans cette pièce de théâtre (Échappé de la potence : souvenir d'un prisonnier d'État canadien en 1838[14]).
Philippe Aubert de Gaspé, traduisant un sentiment répandu chez les Canadiens français de l'époque, écrit au sujet de Papineau dans sesMémoires :« La vie politique de ce grand homme est gravée, par le burin de l'histoire, en caractères indélébiles ; les luttes qu'il a soutenues pour conserver intacte une constitution octroyée par la Grande-Bretagne, et dont l'oligarchie du Canada s'efforçait depuis longtemps d'arracher lambeaux sur lambeaux, sont inscrites en lettres de feu dans le cœur de ses compatriotes[15] ».
Au-delà de la vie politique, la réputation d'homme érudit de Papineau survit dans la culture populaire québécoise à travers l'expression « ça ne prend pas la tête à Papineau », signifiant que quelque chose est évident ou ne demande pas une grande intelligence[16].
Papineau a épouséJulie Bruneau (devenue Julie Papineau) à Québec le. Ensemble ils ont 9 enfants, dont 5 atteignent l'âge adulte:Amédée Papineau (1819-1903), Lactance Papineau (1822-1862), Gustave Papineau (1829–1851), Ézilda Papineau (1828-1894) et Azélie Papineau (1834-1869)[18].
Azélie est mariée au peintre et architecteNapoléon Bourassa (1827-1916); parmi leurs enfants, on compte le célèbre journalisteHenri Bourassa, fondateur du journalLe Devoir.
Un fonds d'archives de la Famille Papineau est conservé au centre d'archives de Montréal deBibliothèque et Archives nationales du Québec[38]. Il y a aussi une collection Famille Papineau àBibliothèque et Archives Canada[39].
Yvan Lamonde et Claude Larin ont produit une « Bibliographie chronologique des études sur Louis-Joseph Papineau » dans leur ouvrageLouis-Joseph Papineau. Un demi-siècle de combats. Interventions publiques, Montréal, Éditions Fides, 1998,p. 656-662. Cette bibliographie couvre toutes les études publiées entre 1871 et 1997[40].
Le site webLa bibliothèque indépendantiste présente également une bibliographie exhaustive de tous les écrits par et à propos de Louis-Joseph Papineau.
Article détaillé :Bibliographie sur les insurrections de 1837-1838 au Bas-Canada.
L’œuvre écrite de Papineau est pour une large part éditée notamment grâce au travail deGeorges Aubin,Renée Blanchet etFrançois Labonté. À noter que les imprimés anciens appartiennent au domaine public et qu'on les retrouve en ligne en libre accès en plusieurs endroits sur le Web (Wikisource, La Bibliothèque indépendantiste, BAnQ, Internet Archive).
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