Après des débuts précoces d'enfant prodige aux États-Unis, il connaît une carrière de chef d'orchestre aussi bien en Europe que sur le sol américain, en tant que directeur musical de certains orchestres et opéras parmi les plus prestigieux du monde, notamment l'Orchestre de Cleveland, l'Orchestre national de France, l'Orchestre symphonique de la radiodiffusion bavaroise et l'Orchestre philharmonique de New York. Malgré un caractère autoritaire et les reproches quant à son obsession du détail au détriment de la forme et de l'expression, il reste admiré pour sa mémoire infaillible, et pour l'activité qu'il a menée sans relâche jusqu'à un âge avancé. Il laisse également un important legs discographique couvrant essentiellement le répertoire orchestral romantique et post-romantique, ainsi que l'opéra, deMozart àPuccini.
Né enFrance en 1930, àNeuilly-sur-Seine, dans une famille de musiciens américains, il est élevé par ses parents Lincoln Maazel (chanteur et comédien, par exemple dans le film de 1977Martin) et Marion Shulman Maazel, àLos Angeles auxÉtats-Unis, où ils retournent en 1930[1]. Son grand-père Isaac Maazel, juif d'origine russe, est violoniste auMetropolitan Opera. Lorin reçoit ses premières leçons de violon à l'âge de cinq ans auprès deKarl Moldrem, et de direction orchestrale à l'âge de sept ans auprès deVladimir Bakaleïnikov(en), ami de la famille et chef associé de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles[1],[2].
Il poursuit des études à l'Université de Pittsburgh où il entre en 1946, à 16 ans, et étudie les langues, les mathématiques et la philosophie, tout en jouant comme violon au sein de l'orchestre symphonique de Pittsburgh, dont il devient aussi chef assistant en 1949. Il fonde à la même époque le Fine Arts Quartet of Pittsburgh[1],[3]. Il est également invité parSerge Koussevitzky pour se produire aufestival de Tanglewood, en 1951 et de nouveau en 1952.
Il bénéficie d'unebourse Fulbright qui lui permet d'achever sa formation enItalie à partir de 1951, pour étudier la musique baroque[1]. Résidant àMilan, il fait ses débuts de chef sur le sol européen àCatane, authéâtre Bellini où il remplace un chef souffrant, le.
Il obtient son premier poste permanent à laDeutsche Oper deBerlin en 1965, où il prend la succession deFerenc Fricsay, ainsi qu'à la tête de l'orchestre résident, leRadio-Symphonie-Orchester, avec lequel il crée l'opéraUlissedeLuigi Dallapiccola. Il permet aussi à la Deutsche Oper de se produire auKennedy Center deWashington, lors de sa dernière saison comme directeur musical, en 1975, pour une série de représentations deLohengrin dans une mise en scène deWieland Wagner.
Chef assistant (apprentice conductor) deOtto Klemperer auNew Philharmonia Orchestra (1970-1972), Lorin Maazel obtient bientôt un poste prestigieux, à la tête de l'orchestre de Cleveland, où il succède àGeorge Szell en 1972, après deux ans d'intérim dePierre Boulez.
Très respecté et admiré, notamment pour sa profonde connaissance du répertoire romantique et des œuvres deGustav Mahler,Jean Sibelius,Giacomo Puccini ou encoreRichard Strauss, dirigeant toujours de mémoire, il est successivement le directeur musical de certains des plus grands orchestres du monde. Il est aussi l'un des chefs les plus souvent invités par l'Orchestre philharmonique de Vienne, qu'il dirige notamment dans onzeconcerts du nouvel an, entre 1980 et 2005 (dont neuf fois en dirigeant du violon)[5].
Directeur musical duNew York Philharmonic à la suite deKurt Masur, entre 2002 et 2009, Lorin Maazel crée dès son entrée en fonction la pièceOn the Transmigration of Souls, composée parJohn Adams en hommage aux victimes desattentats 11 septembre. L'œuvre et l'enregistrement dont elle fait l'objet reçoivent leprix Pulitzer de musique et troisGrammy Awards (meilleure composition contemporaine, meilleur enregistrement orchestral et meilleur album de musique classique). Lorin Maazel fait de nouveau l'actualité avec l'orchestre new-yorkais en dirigeant un concert àPyongyang, enCorée du Nord, au cours d'une tournée asiatique, le. L'événement est présenté comme un acte de diplomatie culturelle, mais est fortement critiqué sur le sol américain[6]. Il quitte son poste au terme de la saison 2008-2009, et ne conserve que des postes permanents sur le sol européen, à l'Opéra de Valence et l'Orquestra de la Comunitat Valenciana, qu'il dirige depuis sa création en 2006, et à la tête de l'orchestre philharmonique de Munich de 2011 jusqu'à sa mort, en 2014.
Il connaît toutefois plusieurs conflits avec les musiciens sous sa direction, notamment à ses débuts auRoyal Opera House en 1978, pourLuisa Miller, et à l'Opéra d'État de Vienne, où son contrat de quatre ans est rompu après seulement deux ans, en 1984[1]. Son successeur à la tête de l'orchestre de Cleveland,Christoph von Dohnanyi, relaie également les critiques de ses musiciens, qui reprochent à Maazel son autoritarisme et son unique souci de battre la mesure au détriment du phrasé[1]. Mais sa plus grande déception concerne la succession d'Herbert von Karajan à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin, qu'il espérait, avant qu'elle n'aille dans une relative surprise àClaudio Abbado. Par suite, Lorin Maazel décide de ne plus se produire avec cet ensemble, qu'il dirigera néanmoins en 2000 lors d'un concert Wagner dont l'enregistrement est disponible dans les archives de la Philharmonie, et dont le programme est identique à celui d'un concert qu'il avait dirigé avec cet orchestre en 1987.
Ses interprétations sont également parfois critiquées, à partir des années 1980 surtout, pour un souci excessif du détail au détriment de la forme et de l'expressivité[1], reproches qui culminent notamment dans ses interprétations tardives de Mahler[8].
Au printemps 2014, en raison de son état de fatigue, Lorin Maazel est contraint de quitter son poste de directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Munich et annonce l'annulation de ses engagements pour la saison 2014-2015, afin de se reposer[9]. Il faut attendre une année entière pour que l'orchestre en question trouve un successeur. Lorin Maazel meurt le des suites d'une pneumonie, pendant lefestival de Castleton, fondé en 2009 par le chef et son épouse, dans l'ancienne ferme où ils résident, enVirginie[2]. Il avait dirigé quelques jours auparavant, le,Madame Butterfly deGiacomo Puccini, pour l'ouverture du festival.
Au cours de sa carrière, Lorin Maazel effectue plus de 300 enregistrements, consacrés notamment aux grands cycles symphoniques et œuvres orchestrales du répertoire, remportant de nombreuses récompenses, notamment dixGrands prix du disque[5].
Il enregistre également en tant que violoniste, notamment l'intégrale des cinq concertos deMozart, avec l'English Chamber Orchestra placé sous sa direction.
En 2001, en compagnie du philanthropeAlberto Vilar, Lorin Maazel fonde un concours pour les jeunes chefs d'orchestre, leconcours Maazel-Vilar, dont la première finale se déroule auCarnegie Hall deNew York en. Il est également le président du jury du concours Malko deCopenhague, en 2012[5].
Il fonde laChâteauville Foundation, et crée à travers elle en 2009 un festival qu'il accueille dans sa ferme de Castleton, enVirginie, de même qu'une académie pour les jeunes musiciens[5].
Également compositeur, Lorin Maazel enregistre ses concertos pour violoncelle, flûte et violon en 1996, en compagnie deMstislav Rostropovitch etJames Galway. Il adapte aussi à la scène le roman deGeorge Orwell,1984, créé le auRoyal Opera House deLondres, sous sa propre direction et dans la mise en scène deRobert Lepage. La production est ensuite reprise àLa Scala deMilan[2]. Il est critiqué autant pour avoir « acheté » l'ensemble de la salle pour la première, que pour le résultat superficiel et simpliste de son adaptation, peu fidèle à l'original[1].
Lorin Maazel se marie une première fois, en, avec la pianiste américano-brésilienneMiriam Sandbank, dont il a deux filles, Anjali Maazel et Daria Maazel-Steketee. Après un divorce, il se remarie avec la pianisteIsraela Margalit, dont il a une fille, Fiona Maazel romancière, et un fils, Ilann Maazel[14],[15].