Le logarithme naturel ou népérien est dit de basee carln(e) = 1.
Le logarithme népérien d'un nombrex peut également être défini comme la puissance à laquelle il faut élevere pour obtenirx. La fonction logarithme népérien est donc labijection réciproque de lafonction exponentielle. C'est également laprimitive définie sur les réels strictement positifs et qui s'annule en 1 de lafonction inversex ↦1/x.
Table des logarithmes naturels de 0,01 à 100 avec cinq chiffres après la virgule.
Ce logarithme est appelé népérien, en hommage au mathématicien écossaisJohn Napier qui établit les premièrestables logarithmiques (lesquelles ne sont en fait pas des tables de logarithmes népériens[10]). On date en général l'origine des logarithmes népériens en 1647, lorsqueGrégoire de Saint-Vincent travaille sur laquadrature de l'hyperbole et démontre que la fonction obtenue vérifie la propriété d'additivité desfonctions logarithmes. Saint-Vincent ne voit cependant pas de lien avec les logarithmes de Napier, et c'est son discipleAlphonse Antoine de Sarasa qui l'expliquera en1649[11]. Le logarithme népérien s'est tout d'abord appelé « logarithme hyperbolique », en référence à l'aire sous l'hyperbole qu'il représente[12]. L’appellation « logarithme naturel », due àPietro Mengoli en 1659[13], est reprise en 1668 dans une note deNicolaus Mercator sur la série qui porte son nom[14]. Cette série, exploitée parNewton en 1671[15], permet de calculer assez simplement les valeurs du logarithme de Grégoire de Saint-Vincent[16]. Le calcul des autres logarithmes apparaît alors bien compliqué et, naturellement, celui de Grégoire de Saint-Vincent devient alors le logarithme le plusnaturel.
Pour tout réel a > 0, ln(a) peut être défini comme l'aire du domaine délimité par la courbe représentative de la fonction x↦1/x, l'axe des abscisses et les droites d'abscisses 1 et a.
La fonction logarithme naturel comme primitive de la fonction inverse
La fonctioninversex ↦1/x estcontinue sur]0, +∞[. Elle admet donc desprimitives dont une seule s'annule en 1. Cette primitive est appelée logarithme naturel et est donc définie par :
La fonction logarithme naturel est définie etdérivable (donc continue) sur]0, +∞[ et pour tout réelx strictement positif, on a par définition :
Puisque cette dérivée est strictement positive, le logarithme naturel est strictementcroissant.
Puisque cette dérivée est strictement décroissante (la dérivée de la fonction inverse est strictement négative), le logarithme naturel est strictementconcave.
Les limites de la fonction aux bornes de son intervalle de définition sont :
Le logarithme naturel vérifie la mêmeéquation fonctionnelle que toutefonction logarithme. C'est une fonction continue vérifiant, pour tous réelsx ety strictement positifs,
En effet, poury > 0 fixé, la fonctionx ↦ ln(xy) (définie sur]0, +∞[) a la même dérivée que le logarithme naturel, donc en diffère d'une constante réellek :ln(xy) = ln(x) +k, aveck = ln(y) puisqueln(1y) = ln(1) +k =k.
De cette propriété algébrique, on déduit les suivantes, pour tous réelsa etb strictement positifs :
Puis par continuité
Le fait que toutes les fonctions logarithmes soient proportionnelles entre elles permet d'obtenir, pour tout réela strictement positif, lelogarithme de basea en fonction du logarithme népérien :
La fonction logarithme naturel comme réciproque de la fonction exponentielle
L'étude de la fonction logarithme naturel a montré que c'est unebijection de]0, +∞[ dans ℝ. Sabijection réciproque, de ℝ dans]0, +∞[, coïncide avec lafonction exponentielle, puisqu'elle est sa propre dérivée et prend la valeur 1 en 0. Ceci fournit une définition possible de la fonction exponentielle à partir du logarithme. Inversement, on aurait pu définir le logarithme comme la bijection réciproque de l'exponentielle et vérifier alors sacaractérisation ci-dessus.
Démonstration
Soientf : ]0, +∞[ → ℝ etg : ℝ → ]0, +∞[ deux bijections, réciproques l'une de l'autre. On a bien sûr :f(1) = 0 si et seulement sig(0) = 1. Montrons, grâce au théorème sur ladérivée d'une bijection réciproque, quef est une primitive dex ↦1/x si et seulement sig est sa propre dérivée.
Sif est dérivable et si pour tout réelx > 0,f' (x) =1/x, alorsg est dérivable et
Réciproquement, sig est dérivable et si pour tout réely,g' (y) =g(y), alorsf est dérivable et
Autrement dit :
ce qui se résume en :
et permet de résoudre des équations dans lesquelles l'inconnue apparaît en exposant.
La fonction logarithme naturel et son approximation par les premiers termes de la série de Mercator.La fonction logarithme naturel et son approximation par les premiers termes de la série
La fonction n'admet pas de développement en série deTaylor, ni même deLaurent autour de.
D'autre part, notons queLeonhard Euler a hardiment appliqué ce développement àx = –1[18]. Sans se soucier de la convergence, il montre que la série harmonique est le logarithme naturel de1/1 – 1, c'est-à-dire de l'infini. Aujourd'hui on formalise cette remarque d'Euler par :« la série harmonique tronquée enN est proche du logarithme deN lorsqueN est grand » ; plus précisément, les différences entre somme partielle de la série harmonique et logarithme naturel convergent vers laconstante d'Euler-Mascheroni.
Pour calculer avec précision, le logarithme népérien d'un réelx, l'approche de la série de Taylor n'est pas efficace car la convergence est lente. Surtout six est proche de 1, une bonne alternative est d'utiliser laméthode de Halley ou laméthode de Newton pour inverser la fonction exponentielle, car la série définissant la fonction exponentielle converge plus rapidement. Pour trouver la valeur dey dans l'équation en utilisant la méthode de Halley, ou de manière équivalente pour exprimer en utilisant la méthode de Newton, l'itération se simplifie en qui a uneconvergence cubique[19],[20] vers.
Pour toute fonction réelle dérivableu, lafonction composéeln∘|u| (définie en tout point oùu ne s'annule pas) est dérivable, de dérivée
Cette dérivée s'appelle ladérivée logarithmique de la fonctionu. Elle représente une variation instantanée relative. C'est donc une mesure utile tant en économie qu'en calcul d'erreur. Elle permet d'autre part un calcul plus simple de la dérivée de fonctions données sous forme de produits, quotients ou puissances.
On peut cependant définir le logarithme d'un nombre négatif en posant, pour tout réela strictement positif,ln(–a) = ln(a) +iπ, mais la fonction ainsi définie n'a pas les propriétés algébriques de la fonction logarithme népérien réelle. On peut la rencontrer lorsqu'on travaille avec une calculatrice traitant lesnombres complexes : si l'on étudie la fonctionx ↦ |ln(x)|, la calculatrice peut être amenée à définir cette fonction sur ℝ* en interprétant lavaleur absolue comme un module :
↑Voir par exemple(la)Leonhard Euler, « Variae observationes circa series infinitas »,Commentarii academiae scientarum Petropolitanae,vol. 9,,p. 160-188 ; aussi dansOpera Omnia, Series Prima, Opera Mathematica, Volumen Quartum Decimum, Teubner, 1925.
↑Jean-Pierre Le Goff, « De la méthode dite d'exhaustion - Grégoire de Saint Vincent », dansLa démonstration mathématique dans l'histoire,IREM de Besançon.
↑S. Balac et L. Chupin,Analyse et algèbre : cours de mathématiques de deuxième année avec exercices corrigés et illustrations avec Maple,PPUR,(lire en ligne),p. 56.
« Poser la modélisation comme question épistémologique pour l’introduction des propriétés des exponentielles dans les classes », conférence deJean Dhombres : parties1,2 et3