Cette liste recense lesélections organisées durant l'année1980. Elle inclut les élections législatives et présidentielles nationales dans lesÉtats souverains, ainsi que les principauxréférendums[1].
Dans les États démocratiques, les élections nationales en 1980 produisent unealternance démocratique dans six pays. En Inde en janvier, le partiCongrès national indien, historiquement le parti deJawaharlal Nehru etMohandas Gandhi, retrouve le pouvoir sous la direction d'Indira Gandhi. Au Canada, les élections anticipées en février portent au pouvoir les libéraux menés parPierre Trudeau. Aux États-Unis en novembre,Ronald Reagan est élu président face au président sortantJimmy Carter, marquant l'avénement d'une nouvelle droitenéolibérale sur le plan économique etnéoconservatrice sur le plan des mœurs. Une alternance a également lieu dans trois États caribéens : à Saint-Christophe-et-Niévès (février), en Dominique (juillet) et en Jamaïque (octobre).
Ailleurs dans le monde démocratique, la droite menée parZenkō Suzuki conserve le pouvoir au Japon en juin, et le social-démocrateHelmut Schmidt demeure chancelier à l'issue des élections fédérales en Allemagne de l'Ouest en octobre.
Dans une grande partie du monde, toutefois, des semblants d'élections sont orchestrées par des dictatures pour légitimer leur pouvoir, et ne permettent pas aux électeurs de voter pour un changement. EnEurope de l'Est, des élections sans alternance possible se tiennent dans la Roumanienéo-stalinienne deNicolae Ceaușescu en mars, en Pologne en mars, et en Hongrie en juin. EnAfrique subsaharienne, il en va de même dans les dictatures à parti unique en Guinée (janvier), au Gabon (février), au Cameroun (avril), au Soudan (mai), à Sao Tomé-et-Principe (mai), en Angola (août), en Côte d'Ivoire (octobre et novembre), en Tanzanie (octobre), au Cap-Vert (décembre) et en Ouganda (décembre). Dans l'Irak deSaddam Hussein se tiennent en juin des semblants d'élections sans choix. Et au Chili, ladictature militaire d'Augusto Pinochet tente de se légitimer par un référendum frauduleux en septembre.
Élections anticipées, les gouvernements de coalition successifs deMorarji Desai (Janata Party : hétéroclite) puis deCharan Singh (branche dissidente de ce parti) s'étant disloqués.
Alternance. Le partiCongrès national indien (gauche socialiste laïque) remporte une majorité absolue des sièges.Indira Gandhi devient Première ministre, retrouvant le pouvoir qu'elle avait perdu en 1977.
Abolhassan Bani Sadr (sans étiquette) est élu avec 76,5 % des voix, face notamment à Ahmad Madani (Front national : centre-gauche social-démocrate ; 15,9 %). Le Front national est interdit en 1981.
Le pays à cette date est un territoire d'outre-mer autonome du Royaume-Uni. Ces élections produisent le gouvernement qui le mènera à l'indépendance.
Alternance. LeParti travailliste (centre-gauche social-démocrate), au pouvoir depuis vingt ans, recule mais conserve une majorité relative des sièges.Kennedy Simmonds (Mouvement d'action populaire : centre-droit conservateur) devient Premier ministre, formant un gouvernement de coalition avec leParti réformateur de Niévès (régionaliste). Le pays devient indépendant en 1983.
Le Gabon à cette date est une dictature à parti unique. Le parti présente aux électeurs une liste unique de candidats. Il n'y a pas de possibilité de voter contre.
LeParti démocratique (droite) remporte automatiquement 100 % des suffrages et tous les sièges.Léon Mébiame demeure Premier ministre.
La Roumanie à cette date est une dictature àparti unique. Le parti présente entre un et trois candidats par siège à pourvoir ; les électeurs ont la possibilité de déposer un bulletin « contre » tous les candidats dans leur circonscription[2].
Ces élections sont la mise en application desaccords de Lancaster House et visent à élire le gouvernement qui mènera le pays à l'indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Le ZANU-PF mène une campagne d'intimidations, de violences, de tortures et de meurtres, et déclare ouvertement qu'il plongera le pays dans une nouvelle guerre civile s'il ne remporte pas le scrutin[3].
LaRépublique populaire de Pologne est une dictature où les partis d'opposition ne sont pas autorisés. Les autorités répartissent par avance les sièges entre les partis, de manière approximative, et présentent aux électeurs 646 candidats pour les 460 sièges, laissant aux électeurs un choix restreint[4].
LeParti ouvrier unifié (marxiste-léniniste) conserve la majorité absolue des sièges, les autres revenant à des partis (ou à des candidats sans étiquette) qui lui sont inféodés.Józef Pińkowski (Parti ouvrier unifié) devient Premier ministre. Face aux manifestations et à la montée en popularité du syndicat d'oppositionSolidarnosc, il est toutefois remplacé début 1981 par le généralWojciech Jaruzelski.
Le Cameroun à cette date est une dictature à parti unique. Le président sortant est le seul candidat autorisé, et il n'est pas possible pour les électeurs de voter contre lui. Le bulletin favorable à son élection est le seul disponible.
Les militaires au pouvoir organisent des élections pour une Assemblée constituante après avoir interdit le Parti social-chrétien et le Parti communiste et tenté de ranimer leur alliance avec leParti national.
LeParti libéral (centre-droit conservateur, libéral en économie) arrive en tête, manquant de peu la majorité absolue des sièges. Ne parvenant pas à s'accorder pour élire un président de la république, l'Assemblée reconduit par intérim à cette fonction le généralPolicarpo Paz García et prévoit une élection présidentielle directe pour 1981.
Le QwaQwa est unbantoustansotho d'Afrique du Sud, créé en application de la politique d'apartheid. Seul un tiers des membres de l'Assemblée législative est élu, les autres sièges étant réservés à des représentants tribaux.
Le pays est à cette date un territoire d'outre-mer autonome du Royaume-Uni. Ces élections visent à produire le gouvernement qui le mènera à l'indépendance.
LeParti travailliste (centre-gauche social-démocrate) accroît sa majorité absolue des sièges.Vere Bird demeure Premier ministre. Le pays devient indépendant en 1981.
À la suite des manifestations étudiantes de 1979, le roiBirendra initie ce référendum, demandant à la population de choisir entre le maintien d'une monarchie absolue ou l'adoption d'une démocratie multipartite.
Les Népalais optent à 54,8 % pour le maintien de la monarchie absolue.
Premières élections après l'indépendance du pays en 1975. Sao Tomé-et-Principe à cette date est une dictature à parti unique. Le Parlement n'est pas composé de représentants de la population mais du bureau politique du parti, des ministres, ainsi que de représentants de comités régionaux et d'autres organisations affiliées au parti[5].
La Hongrie à cette date est une dictature. Les seuls partis autorisés sont soumis à la direction du Parti socialiste ouvrier au sein du Front patriotique populaire. Le Front présente un ou plusieurs candidats par siège à pourvoir ; les électeurs peuvent voter contre le ou les candidats qui leur sont soumis. Pour ces élections, il n'y a que quinze circonscriptions présentant un choix entre plusieurs candidats.
Élections anticipées, le gouvernement ayant perdu laconfiance du Parlement en raison d'une affaire de corruption. Le Premier ministre sortantMasayoshi Ōhira meurt d'une crise cardiaque résultant d'angoisse et d'épuisement durant la campagne électorale.
LeParti libéral-démocrate (droite nationaliste, conservatrice et néolibérale), au pouvoir, qui disposait d'une majorité relative des sièges dans les deux chambres, remporte cette fois la majorité absolue des sièges dans les deux chambres.Zenkō Suzuki devient Premier ministre.
Troisièmes élections en trois ans, entrecoupées de coups d'État militaires.
Congrès sans majorité. LeParti démocrate et populaire (gauche) obtient la majorité relative dans les deux chambres, devançant leMouvement national révolutionnaire - Alliance (centriste), qui subit un recul.Hernán Siles Zuazo, le candidat du PDP, est en tête à l'élection présidentielle, avec 38,7 % des voix, devant notamment le candidat du MNRA,Víctor Paz Estenssoro (20,2 %) etHugo Banzer (Action démocratique nationaliste : droite national-conservatrice et néolibérale ; 16,8 %). Aucun candidat n'ayant dépassé 50 % des suffrages, le Congrès doit les départager. Avant qu'il ne puisse le faire, un nouveau coup d'État militaire a lieu. Après cette dictature militaire, le Congrès élit Hernán Siles Zuazo président de la république en octobre 1982.
Après douze ans à la présidence,Kristján Eldjárn ne se représente pas.
Vigdís Finnbogadóttir (sans étiquette) est élue avec 33,8 % des voix face à trois autres candidats. Elle devient ainsi la première femme élue cheffe d'État d'un pays, bien que des femmes aient été élues cheffes de gouvernement de cinq pays (Sri Lanka, Inde, Israël, Royaume-Uni, Dominique).
Alternance. LeParti de la liberté (droite conservatrice) remporte une large majorité absolue des sièges.Eugenia Charles devient Première ministre. LeParti travailliste (centre-gauche social-démocrate), au pouvoir depuis dix-neuf ans, perd tous ses sièges.
Premières élections après l'indépendance du pays, ancienne colonie portugaise. L'Angola à cette date est une dictature à parti unique. Les électeurs élisent uncollège électoral qui élit les députés. Les élections se déroulent durant laguerre civile angolaise.
Le Panama est à cette date une dictature militaire. Les partis d'opposition sont autorisés pour ce scrutin, mais seul un tiers des membres du Conseil législatif est élu par les citoyens.
LeParti révolutionnaire démocratique, parti de la junte, remporte la majorité relative des sièges pourvus par élection. Le régime militaire contrôle de fait le Conseil législatif.
Parlement sans majorité. L'allianceCDU/CSU (centre-droit conservateur chrétien-démocrate) conserve la majorité relative des sièges auBundestag. Le gouvernement de coalition majoritaire duParti social-démocrate (centre-gauche) et duParti libéral-démocrate (centriste, social-libéral) est reconduit ;Helmut Schmidt (social-démocrate) demeure chancelier.
La Côte d'Ivoire à cette date est une dictature à parti unique. Le président sortant est le seul candidat autorisé, et il n'est pas possible pour les électeurs de voter contre lui. Le bulletin favorable à son élection est le seul disponible.
LaCoalition des partis de centre-droit conserve la majorité absolue des sièges à la Chambre des représentants, mais la perd au Sénat, ou elle conserve toutefois une majorité relative.Malcolm Fraser demeure Premier ministre.
Le scrutin fait suite à l'assassinat du dictateurPark Chung-hee. Les Sud-Coréens sont appelés à approuver une nouvelle république, présidée par le nouveau dictateurChun Doo-hwan.
La Constitution est déclarée approuvée par 91,6 % des votants, instituant laCinquième République.
La Tanzanie à cette date est une dictature à parti unique. Pour les élections législatives, le parti présente deux candidats pour chaque siège à pourvoir, et invite les électeurs à les départager. L'élection présidentielle est unplébiscite : Les électeurs sont appelés à voter pour ou contre le président sortant, seul candidat autorisé.
Dans un contexte de crise économique et sociale, la campagne électorale s'avère extraordinairement violente, avec plus de huit cent meurtres commis par les partisans de différents partis[6].
Alternance. LeParti travailliste (droite conservatrice, néolibérale et liée à des gangs criminels) remporte une large majorité absolue des sièges.Edward Seaga devient Premier ministre. Discrédité par la crise, leParti national populaire (gauche), parti du gouvernement sortant, perd la plupart de ses sièges.
Alternance.Ronald Reagan (Parti républicain : droite conservatrice et néo-libérale) est élu président avec 90,9 % des voix des grands électeurs et 50,7 % des suffrages populaires, face notamment au président sortantJimmy Carter (Parti démocrate : centriste, social-libéral, progressiste ; 9,1 % des voix des grands électeurs et 41,0 % des suffrages populaires). Le Parti républicain remporte par ailleurs une courte majorité absolue des sièges au Sénat, mais le Parti démocrate conserve une comfortable majorité absolue des sièges à la Chambre des représentants. L'aile droite des démocrates à la Chambre des représentants, issue principalement duSud des États-Unis, soutiendra toutefois souvent les projets de loi du gouvernement Reagan.
La Côte d'Ivoire à cette date est une dictature à parti unique. Le parti présente 649 candidats pour les 147 sièges à pourvoir, et les citoyens sont appelés à les départager, dans des élections à deux tours.
Avec un faible taux de participation (42,6 %), les électeurs votent très majoritairement contre les députés sortants, qui perdent presque tous leurs sièges. LeParti démocratique (centre-droit conservateur), seul autorisé, remporte néanmoins automatiquement tous les sièges.
La junte de ladictature militaire de l'Uruguay demande l'approbation d'une réforme constitutionnelle renforçant son autorité et affaiblissant celle du Parlement.
La proposition est refusée par 56,8 % des votants. Devenant président en 1981,Gregorio Álvarez amorce une transition démocratique.
Le Ciskei est unbantoustanxhosa créé par le gouvernement sud-africain en application de la politique d'apartheid. Les habitants du territoire sont appelés à approuver son indépendance, et donc son excision du territoire sud-africain.
L'indépendance est approuvée officiellement par 99,5 % des votants, et déclarée en 1981. Elle n'est pas reconnue par la communauté internationale. Le ministre-en-chefLennox Sebe devient président (et dictateur) du nouvel État.
Bien que Taïwan demeure une dictature àparti unique soumise à laloi martiale, ces élections marquent un premier pas dans la démocratisation du pays. Lemouvement tangwai, mouvement d'opposition, est autorisé à présenter des candidatssans étiquette contre ceux du parti.
LeKuomintang (droite) conserve une très large majorité absolue des sièges dans les deux chambres, mais l'opposition remporte quelques sièges.Sun Yun-suan (Kuomintang) demeure Premier ministre.
Le Cap-Vert à cette date est une dictature à parti unique. Le parti présente aux électeurs une liste unique de candidats ; les électeurs sont appelés à voter pour ou contre.
Premières élections depuis avant l'indépendance du pays en 1962, elles font suite au renversement de la dictature d'Idi Amin. Ce sont des élections multipartites.
LeCongrès populaire (centre-gauche) remporte une majorité absolue des sièges.Milton Obote (Congrès populaire) devient président de la république.
Singapour est unedémocratie illibérale. Les partis d'opposition peuvent présenter des candidats, mais ne peuvent faire campagne librement ni avec les mêmes moyens que le parti au pouvoir.
LeParti d'action populaire (centre-droit conservateur, libéral en économie) conserve la totalité des sièges.Lee Kuan Yew demeure Premier ministre.
Notes et références
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