Cette liste recense lesélections organisées durant l'année1976. Elle inclut les élections législatives[1] et présidentielles nationales dans lesÉtats souverains, ainsi que lesréférendums.
En 1970, le monde demeure sous l'emprise de laguerre froide. Dans l'Union soviétique deLéonid Brejnev (juin) et en Europe de l'Est, les élections sont une pure façade, les partis communistes n'acceptant aucune candidature d'opposition. En Amérique latine, les dictatures militaires de droite et d'extrême-droite, farouchementanti-communistes et soutenues activement par le gouvernement américain deRichard Nixon, se maintiennent au pouvoir par des élections dans un climat de violence et de répressions à l'encontre des dissidents de gauche : massacres, enlèvements, disparitions forcées et usage d'escadrons de la mort. Au Guatemala (mars), l'arrivée au pouvoir de l'extrême-droite conforte l'emprise violente de l'armée sur le pays. Au Salvador (mars), le régime militaire truque les élections et conserve le pouvoir. Au Brésil et en République dominicaine, les élections sont conçues pour légitimer le régime militaire pro-américain et anti-communiste, dans un climat de violence. Au Chili, la victoire de la gauche (septembre) n'est pas acceptée par les États-Unis, qui somment en vain le Congrès chilien de refuser l'investiture au présidentSalvador Allende, puis soutiendront en 1973 lecoup d'État qui le renverse.
La décolonisation de l'Afrique est quasi-achevée. Mais sur les onze pays d'Afrique subsaharienne qui organisent des élections en 1970, seuls cinq le font de manière démocratique. Au Lesotho, seul État africain où le parti au pouvoir est battu par le verdict des urnes, celui-ci refuse de reconnaître sa défaite, et se maintient au pouvoir par un coup d'État. Cinq pays africains ayant des élections (de façade) en 1970 sont des États àparti unique - généralement de droite, sauf en Tanzanie où le présidentJulius Nyerere se présente en modèle dusocialisme africain. En Afrique du Sud et en Rhodésie (avril), États nommément multipartites, la minorité blanche dispose constitutionnellement d'un monopole sur le pouvoir ; les partis de droite ou d'extrême-droite se maintiennent au pouvoir en excluant de la vie politique la majorité noire de la population. À cette date, ces deux États sont au ban de la communauté internationale. L'Afrique du Sud maintient par ailleurs son emprise sur la Namibie voisine, où des élections réservées aux blancs (avril) sont censées légitimer une occupation condamnée par l'Organisation des nations unies.
Le Pakistan (décembre) fait pour la première fois l'expérience de la démocratie. Le parlement qui en résulte est fragmenté ; le pays se déchire, entraînant laguerre d'indépendance du Pakistan oriental.
En Europe de l'Ouest, enfin, l'Autriche (mars) et le Royaume-Uni (juin) connaissent une alternance au pouvoir, au moyen d'élections démocratiques.
Premières élections depuis l'indépendance du pays en 1966, les précédentes ayant eu lieu en 1965.
Alternance. LeParti du Congrès du Basutoland (gauche), jusque-là principal parti d'opposition, remporte une majorité absolue des sièges. LeParti national du Basutoland, au pouvoir, refuse de reconnaître sa défaite, et orchestre un coup d'État, annulant le résultat des élections et abrogeant le Parlement. Le roiMoshoeshoe II, qui s'oppose au coup d'État, est contraint à l'exil. Le Premier ministreJoseph Leabua Jonathan dirige le pays sans élections pendant les quinze ans qui suivent.
Alternance. LeParti de la libération nationale (social-démocrate) conserve une majorité absolue des sièges au Parlement, et remporte aussi la présidence de la République, qu'il ne détenait pas.José Figueres Ferrer est élu président avec 54,8 % des voix.
Il n'existe pas de partis politiques à cette date. Seuls lesmatai (chefs de famille traditionnels autochtones) et la minorité de citoyens non-autochtones ont le droit de vote.
Alternance.Parlement sans majorité. LeParti socialiste (SPÖ, gauche) frôle la majorité absolue des sièges, dépassant leParti populaire (conservateur) au pouvoir.Bruno Kreisky (socialiste) est nommé chancelier et forme ungouvernement minoritaire. C'est le premier gouvernement dirigé par un socialiste depuis 1920, et le premier gouvernement entièrement de gauche dans l'histoire du pays.
Les élections de déroulent dans un contexte de violences. L'armée, largement indépendante du gouvernement, réprime et massacre les activistes autochtones, les syndicalistes et intellectuels de gauche, les journalistes indépendants… Avec l'appui de groupes paramilitaires, l'armée provoque de milliers dedisparitions forcées.
Alternance. L'Alliance duParti institutionnel démocratique (droite, à dominante militaire) et duMouvement de libération nationale (extrême-droite, fasciste, se réclamant « parti de la violence organisée » et associé à l'escadron de la mortMano Blanca) remporte une majorité absolue des sièges au Congrès, devant leParti révolutionnaire (centre-gauche) au pouvoir. Pour la présidentielle, le colonelCarlos Arana (MLN) remporte une majorité relative des suffrages populaires, puis est formellement élu président par le Congrès. La défaite du gouvernement de centre-gauche et le retour au pouvoir des militaires d'extrême-droite marque le début d'une douzaine d'années de dictature militaire extrêmement violente.
Le Cameroun à cette date est un État àparti unique. Il y a un seul candidat.
À l'issue d'un vote purement formel, mais avec un taux de participation officiel de 99,4 %,Ahmadou Ahidjo (Union nationale camerounaise, droite) est réélu mécaniquement avec 100 % des voix.
Premières élections depuis la déclaration d'indépendance en 1965. De par la nouvelle Constitution, la minorité blanche dispose de cinquante sièges au Parlement, les seize sièges restants revenant à la majorité noire (dont huit députés élus, et huit nommés par les chefs tribaux). La communauté internationale ne reconnaît pas le gouvernement blanc rhodésien comme légitime. Pour les électeurs blancs comme noirs, l'élection se déroule ausuffrage censitaire, privant la majorité des noirs du droit de vote.
LeFront rhodésien (droite), au pouvoir, remporte la totalité des cinquante sièges « européens », devançant notamment leParti centriste (multi-ethnique, progressiste). Le Parti centriste remporte à l'inverse sept des huit sièges alloués aux députés élus par la majorité noire.Ian Smith (Front rhodésien) demeure premier ministre.
La Colombie à cette date n'est pas une démocratie au sens ordinaire. L'accord de 1957 mettant fin à laguerre civile qui durait depuis 1948 instaure le régime dit du « Front national » : les deux principaux partis (conservateurs et libéraux) obtiennent automatiquement la moitié des sièges chacun au Parlement, et alternent à la présidence de la République. Les autres partis, tels que leParti communiste, sont exclus de la vie politique du pays. Pour les législatives, les électeurs sont invités à départager les candidats de différentes factions de chacun des deux partis ; pour la présidentielle, ils choisissent entre plusieurs candidats d'un seul et même parti.
LeParti conservateur et leParti libéral obtiennent mécaniquement la moitié des sièges chacun au Parlement. En vertu de l'accord, seuls des candidats du Parti conservateur se présentent à l'élection présidentielle, qui est remportée parMisael Pastrana avec 40,7 % des voix.
La Gambie à cette date est unroyaume du Commonwealth. Les citoyens sont invités à se prononcer pour ou contre l'instauration d'une république.
La proposition de république est approuvée par 70,5 % des votants, et est appliquée immédiatement. Le premier ministre SirDawda Jawara devient le premier président de la Gambie.
Le pays à cette date est une dictature. L'élection du présidentJuan Bosch (gauche) en 1963 avait été annulée par un coup d'État militaire, aboutissant à une guerre civile, puis à une période d'occupation de la République dominicaine par les États-Unis afin d'instaurer un gouvernement anti-communiste. De 1965 à 1974, une dictature de droite se maintient au pouvoir par la violence.
LeParti réformiste (droite) conserve la majorité absolue des sièges au Congrès.Joaquín Balaguer (Parti réformiste) est réélu président avec 57,2 % des voix.
Le Cameroun à cette date est un État àparti unique. Les autorités présentent autant de candidats qu'il y a de sièges à pourvoir, et aucun candidat d'opposition n'est autorisé.
À l'issue d'un vote purement formel, mais avec un taux de participation officiel de 94,8 %, l'Union nationale camerounaise (droite) remporte mécaniquement tous les sièges.
Les citoyens sont invités à se prononcer pour ou contre la proposition de nouvelle Constitution. Celle-ci vise à restaurer une démocratie multipartite, après quatre ans de régime militaire. La Constitution prévoit néanmoins un régime présidentiel fort, et permet àSangoulé Lamizana, auteur du coup d'État de 1965, de rester au pouvoir jusqu'en 1974.
La proposition est approuvée par 98,6 % des votants. En conséquence, des élections législatives ont lieu en décembre.
L'URSS est un État àparti unique. Les autorités présentent un seul candidat pour chaque siège. Les citoyens sont invités à voter pour ou contre le candidat proposé.
Les candidats sont élus, avec un taux d'approbation général de 99,7 %. LeParti communiste obtient 72 % des sièges, les autres étant alloués à des candidatssans étiquette mais approuvés par le parti.
Les élections se déroulent durant la période de la « Guerre sale » : face aux protestations étudiantes réclamant davantage de démocratie et de justice sociale, l'armée commet enlèvements, meurtres, actes de torture etdisparitions forcées. Le scrutin a lieu deux ans après lemassacre de Tlatelolco.
LeParti révolutionnaire institutionnel (centriste) conserve la majorité absolue des sièges à la Chambre des députés, et la totalité des sièges au Sénat.Luis Echeverría (PRI) est élu président avec 86 % des voix.
Les citoyens sont invités à approuver ou non lanouvelle Constitution. Elle vise à restaurer un parlement, après cinq ans de « régime d'exception » et de pouvoir absolu du roiHassan II.
La Constitution est approuvée par 98,8 % des votants. En conséquence, des élections législatives ont lieu au mois d'août.
Les élections font suite à l'adoption d'une nouvelle Constitution. Seuls 90 des 240 députés sont élus par l'ensemble du peuple ; les autres sont élus au suffrage indirect, ou bien par des collèges socio-professionnels.
Élection du Sénat. Les élections se déroulent durant laguerre du Viêt Nam. Le Viêt Nam du Sud, soutenu par les États-Unis, est une dictature dirigée par le généralNguyễn Văn Thiệu. Le système électoral prévoit que les trois listes de candidats arrivées en tête au niveau national obtiennent un tiers des sièges chacun, toutes les autres listes n'en obtenant aucun.
Les listes dénommées « le Peuple », « le Soleil » et « Bien public et justice sociale » obtiennent un tiers des sièges chacune.
L'Albanie à cette date est un État àparti unique. Les autorités présentent un seul candidat par circonscription, et il n'y a pas de candidats d'opposition.
L'élection fait suite à la mort du présidentGamal Abdel Nasser. Elle prend la forme d'unplébiscite pour son successeur désigné, unique candidat.
Anouar el-Sadate (Union socialiste arabe) est élu avec 90 % de suffrages favorables. Sous sa présidence, l'Égypte entame une transition vers une démocratie multipartite.
La Tanzanie à cette date est un État àparti unique. Plus précisément, deux partis alliés existent : l'Union nationale africaine (socialisme africain) pour la partie continentale du pays, et leParti Afro-Shirazi (marxisme-léninisme) pour l'île deZanzibar. Pour les législatives, les autorités proposent deux candidats, du même parti, dans chaque circonscription ; les citoyens sont invités à élire l'un des deux. Pour la présidentielle, les électeurs votent pour ou contre l'unique candidat.
Le présidentJulius Nyerere (Union nationale africaine) est réélu avec 96,7 % de suffrages favorables. Le gouvernement conserve mécaniquement la totalité des sièges au Parlement.
La RDC à cette date est une dictature militaire,Joseph Mobutu ayant pris le pouvoir par un coup d'État en 1965. L'élection est unplébiscite : les électeurs sont invités à voter pour ou contre son maintien au pouvoir.
D'après les chiffres officiels, seules 157 personnes (0,002 % des votants) votent « non ». Joseph Mobutu (Mouvement populaire de la Révolution) est réélu officiellement avec 100 % des voix - en pratique, 100,3 %, le nombre de suffrages exprimés étant supérieur au nombre d'électeurs inscrits.
Le Brésil à cette date est unedictature militaire, où l'armée, appuyée par desescadrons de la mort, se maintient au pouvoir par la violence et la peur, les arrestations arbitraires, la torture et lesdisparitions forcées. Ce sont les « années de plomb ». En principe, un parti d'opposition (leMouvement démocratique du Brésil) est autorisé ; en pratique, le Brésil fonctionne comme un État à parti unique, la notion d'alternance n'étant pas admise par l'armée.
La RDC à cette date est une dictature militaire et un État àparti unique. Les électeurs sont invités à voter pour ou contre les candidats sélectionnés par les autorités.
LeMouvement populaire de la Révolution (dont la seule fonction est de soutenir le présidentJoseph Mobutu) remporte la totalité des sièges, avec officiellement un taux d'approbation d'ensemble de 99,1 %.
Sénat sans majorité. LaCoalition, union de partis de centre-droit au pouvoir, perd sa majorité absolue des sièges, se retrouvant à égalité avec leParti travailliste (centre-gauche).
La Côte d'Ivoire à cette date est un État àparti unique. Les autorités présentent autant de candidats qu'il y a de sièges à pourvoir au Parlement, et un seul candidat pour l'élection présidentielle.
Premières élections législatives au suffrage direct depuis l'indépendance du pays en 1947.
Alternance. LaLigue Awami (socialiste) remporte une majorité absolue des sièges. Ses bons résultats proviennent principalement duPakistan oriental, tandis qu'auPakistan occidental c'est leParti du peuple pakistanais (PPP, socialiste) qui arrive en tête. LaLigue musulmane (conservatrice), au pouvoir jusque-là, est balayée. Le PPP boycotte l'Assemblée dirigée par la Ligue Awami, refusant de reconnaître sa légitimité à gouverner l'ensemble du Pakistan.Sheikh Mujibur Rahman, chef de la Ligue Awami, en vient à proclamer l'indépendance du Pakistan oriental, qui devient leBangladesh avec l'aide militaire de l'Inde. C'est latroisième guerre indo-pakistanaise.