Lion Feuchtwanger est issu d'une famille de la bourgeoisie juive assimilée de Bavière. Conservatrice, sa famille est libérale et attachée au culte de la petite patrie. Lion Feuchtwanger devint un maître du roman historique et connut une gloire mondiale en publiant en1925 :Le Juif Süss qui en fera l'un des auteurs germanophones les plus lus duXXe siècle.
Critique de théâtre, metteur en scène et dramaturge, il est l'un des fondateurs, en1908, du magazine culturelDer Spiegel (15 numéros). En1912, il épouse Marta Löffler. Le couple voyage enSuisse, enItalie puis dans le Sud de laFrance (1912-1913). En1914, Lion Feuchtwanger est surpris àTunis par la déclaration de laPremière Guerre mondiale. Il est fait prisonnier, réussit à s'échapper et rejointMunich. Après-guerre, il se range parmi lespacifistes etantimilitaristes. C'est un ami et collaborateur deBertolt Brecht dans leBerlin desannées 1920.
Lion Feuchtwanger, qui a rompu avec le judaïsme, dispose de nombreuses sources, en 1916, quand il commence à s'intéresser au personnage du Juif J. Süss-Oppenheimer, conseiller financier duWurtemberg au début duXVIIIe siècle, pour dénoncer l'antisémitisme. Il en fait d'abord un drame en trois actes, joué à Munich à partir d', qui reçoit une critique très défavorable[1]. Le romanLe Juif Süss, paru en1925, connaîtra au contraire un grand succès, sera traduit en une vingtaine de langues et sera adapté une première fois au cinéma. Lerégime nazi, sous l'impulsion deGoebbels, s'en empare à son tour et le pervertit en l'adaptant au cinéma en1940 à des fins de propagande antisémite.
En janvier1933, il est auxÉtats-Unis lorsque lesSA mettent à sac sa maison àBerlin, confisquent ses biens, le privent de sa nationalité, de son titre de docteur, et interdisent ses livres. Il s'exile enFrance, àSanary-sur-Mer[2]. AvecBrecht etBredel, il publie le journalDas Wort, la plus importante publication antifasciste des écrivains émigrés allemands.Pacifiste etantimilitariste, il devient l'un des chefs de file des intellectuels allemands en lutte contre le nazisme. Sa maison devient le point de rencontre de l'intelligentsia allemande en exil. En 1936, il publieLe Faux Néron,roman historique, une métaphore du nazisme.En 1936-1937, il réside une année auHôtel Métropol Moscou(en) (1889-1905), réputéDeuxième Maison des soviets en 1918-1930.
Il est incarcéré à deux reprises aucamp des Milles, près d'Aix-en-Provence, où les autorités françaises retiennent sans distinction tous les ressortissants d'Europe centrale qu'ils soient nazis ou antinazis. Cette période fait l'objet de son unique œuvre autobiographique,Le Diable en France. Il parvient à s'évader et à rejoindre lesÉtats-Unis à l'aide du journalisteVarian Fry, et deWaitstill etMartha Sharp.
En1940, il s'installe àPacific Palisades, enCalifornie, où il publieExil. Il y fait en 1943 l'acquisition de lavilla Aurora, où il accueille de nombreux intellectuels et artistes persécutés par le nazisme. En 1948, il demande la nationalité américaine qui lui sera toujours refusée pour ses relations avec le courant communiste. Il meurt, en1958, d'un cancer de l'estomac.
Il n'est jamais reparti des États-Unis où il est enterré. Il a soutenu le gouvernement communiste de laRépublique démocratique allemande (RDA, ancienne Allemagne de l'est) — d'où l'existence d'un timbre de la RDA émis à son effigie — et y a été considéré comme un héros antifasciste.
Robert Conquest juge que l'entretien entre Feuchtwanger etStaline est un exemple de l'aveuglement et de la naïveté de certains non-Russes face au dictateur.