Lalinguistique est unediscipline scientifique s'intéressant à l'étude dulangage. Elle n'est pas prescriptive mais descriptive. La prescription correspond à lanorme, c'est-à-dire ce qui est jugé correct linguistiquement : cela est l'apanage desacadémies et desgrammairiens. À l'inverse, la linguistique se contente de décrire la langue telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être.
Le travail descriptif de la linguistique peut se faire selon trois axes principaux :
études ensynchronie et diachronie : l'étude synchronique d'une langue s'intéresse seulement à cette langue à un moment donné de son histoire, à un seul de ses états, tandis que l’étude diachronique s'intéresse à son histoire, à son évolution, la situe dans unefamille de langues, et décrit les changements structurels qu'elle a subis dans le temps ;
études théoriques et appliquées : la linguistique théorique étudie la création de structures permettant la description individuelle de langues ainsi que les théories cherchant à dégager desinvariances ou dessymétries ;
études contextuelles et indépendantes : l'étude contextuelle avec la sociolinguistique indique qu’on s’intéresse aux interactions et aux relations entretenues entre le langage et le monde, tandis que l'étude indépendante indique qu’on considère le langage pour lui-même, indépendamment de ses conditions extérieures.
Lalinguistique théorique est souvent divisée en domaines séparés et plus ou moins indépendants, qui correspondent à différents niveaux d'analyse du signal linguistique :
Alors que la linguistique synchronique s'attache à décrire les langues à un moment donné de leur histoire (le plus souvent le présent), la linguistique diachronique examine comment les langues évoluent au cours du temps — que ces changements concernent la prononciation (on parle alors dephonétique historique), le sens et l'histoire des mots (c'est là l'étymologie qui est concernée), voire plusieurs aspects — parfois à travers plusieurs siècles. Le premier à avoir distingué ces deux types d'études estFerdinand de Saussure[4]. Lalinguistique historique jouit d'une longue et riche histoire. C'est d'ailleurs de cette branche de la linguistique que sont nées les autres approches. Elle repose sur des postulats théoriques jugés solides (comme les lois phonétiques).
Une discipline comme lalinguistique comparée repose principalement sur une optique historique.
La linguistique peut s'attacher à une langue en particulier (par exemple au français, et on parle alors de linguistique française) ou à un groupe de langues (exemples : linguistique romane, linguistique germanique, linguistique finno-ougrienne, linguistique indo-européenne) ou à des langues géographiquement groupées (exemples : linguistique balkanique, linguistique africaine).
Plusieurs approches linguistiques sont possibles selon l'étendue de l'objet d'étude : certaines analysent la langue d'un locuteur donné, d'autres des développements généraux sur la langue. On peut aussi étudier la langue d'une communauté bien précise, comme l'argot des banlieues, ou bien rechercher les caractéristiques universelles du langage partagées par tous les hommes. C'est cette dernière approche, lalinguistique générale, dont le pionnier a étéFerdinand de Saussure, qui a été retenue parNoam Chomsky et qui trouve des échos enpsycholinguistique et dans lessciences cognitives. On peut penser que ces caractéristiques universelles sont susceptibles de révéler des éléments importants concernant la pensée humaine en général. Voir par exemple lesfonctions du langage.
La linguistique contextuelle est un domaine dans lequel la linguistique interagit avec d'autres disciplines. Elle étudie par exemple comment le langage interagit avec le reste du monde.
De même, l'analyse critique du discours est un point de rencontre entre larhétorique, laphilosophie et la linguistique. Il est ainsi possible de parler d'unephilosophie du langage.
Enfin, appartiennent aussi à la linguistique contextuelle des domaines de recherches comme l'acquisition du langage, la linguistique évolutionniste, la linguistique stratificationnelle ainsi que les sciences cognitives.
Lacréolistique qui s’est donné la tâche d’étudier les langues issues du colonialisme (exemples :papiamentu deCurazao, la langue deCap-vert) devient de plus en plus importante.
Les linguistes utilisent une démarche purement descriptive lors de leurs recherches. Ils cherchent à décrire la langue telle qu’elle est utilisée et expliquer la nature du langage, sans porter de jugements[6]. Les dimensions pour décrire la linguistique incluent laphonétique, laphonologie, lasyntaxe, lalexicologie et lasémantique[7]. C’est ce qui est utilisé pour déterminer les différences entre les accents etdialectes régionaux d’une mêmelangue.
La démarche prescriptive ou normative cherche à décrire comment une langue doit être utilisée, son« bon usage »[8]. Cela inclut l’application des règles et conventions linguistiques et grammaticales pour déterminer si une langue est bien utilisée ou non[6]. La linguistique prescriptive/normative est la langue qui est enseignée lorsqu’une personne apprend une langue, c'est considéré comme le « standard » de la langue[9]. La prescription est souvent appliquée à l’écriture, mais peut aussi être utilisée pour la parole. La linguistique prescriptive pourrait aussi analyser un accent ou dialecte régional et le comparer à la langue « standard », pour déterminer ce que le locuteur fait d’incorrect dans la parole. Lorsqu’il y a une correction d’un texte écrit, ces corrections sont aussi un exemple de linguistique prescriptive.
Par exemple, avec la phrase « il veux pas que tu va rendre visite lui », la linguistique descriptive décrira cette phrase avec les sons, les terminaisons, les mots et la structure de la phrase utilisée[7]. Les grammairiens descriptifs décriront la démarche mentale d’une personne écrivant cette phrase[6]. La linguistique prescriptive aurait plus de jugements, en indiquant qu'il y a plusieurs erreurs grammaticales et syntaxiques présentes[9]. Les grammairiens prescriptifs diraient que la phrase estagrammaticale et donneraient probablement la version corrigée de la phrase « il ne veut pas que tu ailles lui rendre visite »[6].
La plus grande différence entre les deux démarches est que l’une observe une langue de façon objective et sans porter de jugement pendant que l’autre observe une langue de façon subjective, en déterminant ce qui est bien écrit ou non[10].
La plupart des travaux en linguistique,à l'heure actuelle[Depuis quand ?], partent du principe que la langue parlée est première, et que la langue écrite n'en est qu'un reflet secondaire.
l'apprentissage de la langue parlée est bien plus aisé et rapide que celui de la langue écrite[réf. nécessaire] ;
nombre de scientifiques des sciences cognitives pensent qu'il existe dans le cerveau unmodule du langage qu'il n'est possible de connaître qu'à travers la langue parlée.
Bien sûr, les linguistes reconnaissent que l'étude de la langue écrite est loin d'être inutile. L'étude de corpus écrits, à cet égard, est primordiale enlinguistique informatique, lescorpus oraux étant difficiles à créer et à trouver. D'autre part, l'étude dessystèmes d'écriture, ougrammatologie, ressortit pleinement à la linguistique. Enfin, les langues dotées d'une tradition écrite ancienne ne sont pas imperméables à des effets rétroactifs de l'écrit sur l'oral : le mot françaislegs, par exemple, dans lequel leg n'est pas étymologique, est le plus souvent prononcé /lεg/, par influence de la graphie, alors qu'à l'origine on disait /le/.
Il existe de nombreuses méthodes utilisées pourtranscrire par écrit la parole, comme l'Alphabet phonétique international de l'Association phonétique internationale, ouAPI, méthode la plus communeactuellement[C'est-à-dire ?]. Celles-ci peuvent tendre à une extrême précision (on parle detranscription fine) et tenter de représenter les particularités phonétiques d'un locuteur précis, ou bien ne décrire que très généralement les oppositions fondamentales entre phonèmes d'une langue ; il s'agit là de transcription phonologique (ouphonétique large).
En France, d'autres systèmes existent, comme lanotation de Bourciez, propre à laphonétique historique dufrançais et, plus généralement, deslangues romanes. Chaque pays doté d'une tradition linguistique a pu développer ses systèmes de transcription. C'est pourtant l'API qui, aujourd'hui, prédomine dans la recherche.
Lorsqu'il n'est pas possible d'utiliser l'API pour des raisons techniques, il existe plusieurs méthodes permettant de transcrire l'API dans un système n'utilisant que des caractères présents dans tous lesjeux de caractères, comme leSAMPA.
Les recherches linguistiques sur legenre recouvrent une grande diversité de travaux ensciences humaines et sociales et en sciences du langage. Le foisonnement des travaux sur le langage, la langue, le discours, le genre, le sexe et les sexualités donne une visibilité et une légitimité à ce champ de recherche : langage et genre[11].
Les études sur le genre et le langage se sont développés dans le sillage dessociolinguistiques américaines. Les premiers travaux étudient la pratique de la langue par les femmes ; leur vocabulaire serait moins important que celui des hommes, les hommes et les femmes ne parleraient pas la même langue. La langue des hommes serait la langue de référence et celle des femmes la langue dite « faible », les femmes présentant un déficit cognitif et linguistique. Ce paradigme sexiste perdure jusque dans les années 1970[11].
Il est remis en cause par l'anthropologie linguistique etculturelle qui s'intéresse à la domination exercée par les hommes sur les femmes à travers le langage. L'étude des genres et des styles discursifs dans des sociétés non occidentales permet de souligner que les parlers masculin et féminin relèvent de stéréotype sexistes[11].
De même, dès les années 1940, des recherches ont tenté d'identifier un parlergay etlesbien. Ces recherches présupposaient l'existence d'une identité homosexuelle universelle. Déborah Cameron et Don Kulick en font une critique sévère dans leur ouvrageThe language and sexuality reader publié en 2006[11].
C'est finalement l'ouvrage de Robin Lakoff,Language and women's place, publié en 1975 qui marque la naissance des études sur le genre et le langage auxÉtats-Unis. Il appréhende les pratiques linguistiques des femmes comme effets de ladomination masculine[11].
Les recherches linguistiques sur les styles de communication et interactionnels attribuent les différences à des socialisations différenciées. Les compétences communicationnelles féminines sont valorisées. Ce paradigme rencontre un large public avec le succès de l'ouvrageDécidément, tu ne me comprends pas! deDeborah Tannen publié en 1993[11].
Dans le même temps, de nombreux travaux francophones analysent lesexisme de la langue française. Des travaux féministes questionnent les liens entre langue, sexage, sexisme et sexualité. En 1978,Marina Yaguello étudie l'aliénation des femmes dans et par la langue, dans son essaiEssai d'approche sociolinguistique de la condition féminine[11].
AuQuébec, puis enSuisse et enBelgique les premières recommandations pour la féminisation des noms de métiers et fonctions sont publiées. En France, le débat se cristallise, dès les années 1980.
L’ouvrageParlers masculins, parlers féminins ? de Verena Aebischer et Claire Forel, publié en 1983, interroge les stéréotypes linguistiques et les stratégies conversationnelles et propose de dépasser la perspective différentialiste[12]. Des travaux desémiologie, desémantique, delexicologie mettent au jour les dissymétries lexicales, les désignations péjorantes des femmes, l'occultation des femmes par le masculin dit « générique ». Ces travaux font le parallèle entre la dévalorisation et l'invisibilisation du féminin dans la langue et les femmes dans la société[11].
Trois ouvrages marquent une étape importante pour la recherche linguistique sur le genre en France. Il s'agit deLangage, genre et sexualité sous la direction d'Alexandre DuChêne et Claudine Moïse[13], publié en 2001,Intersexion : langues romanes, langues et genre de Fabienne Baider[14] en 2011 et deLa face cachée du genre. Langage et pouvoir des normes deNatacha Chetcuti et Luca Gréco en 2012[15].
Ces recherches rejoignent parfois la linguistiquequeer qui remet en cause la binarité de sexe et les systèmes de catégorisations. Il ne s'agit plus d'étudier le parler des hommes, des femmes, des gays, des lesbiennes mais comment les normes sont construites et inscrites dans la langue et comment les personnes les construisent ou les déconstruisent dans le discours[11].
La recherche linguistique sur le genre, en montrant l'inscription des normes dans la langue et en remettant en cause leur immuabilité, participe à la déstabilisation de ces normes[11].
Edward Sapir, linguiste et anthropologue américain, contemporain de F. de Saussure, développa, au début duXXe siècle, sa théorie dite du relativisme linguistique. Celle-ci démontre que le langage n'est pas qu'un moyen de communication. Il peut aussi servir de représentation symbolique des objets. Sapir, par ce biais, donne au langage une fonction expressive et symbolique.
Gustave Guillaume, s'opposant à Saussure, étudie la langue d'un point de vue plus phénoménologique (Temps et verbe, 1929). De nombreux adeptes perpétuent ou redécouvrent aujourd'hui sa théorie.
Sur les applications encommunication, il faut noter les travaux deRoman Jakobson, qui a établi un modèle linguistique de communication, composé de six fonctions associées à desagents de communication.
Premier contact (Arrival), film deDenis Villeneuve sorti en 2016 ; dans ce film, une linguiste, Louise Banks, dirige une équipe d'experts qui tente de comprendre les intentions de mystérieux vaisseaux extraterrestres apparus en douze points du globe[16]. Elle tentera d'appréhender leur langue grâce à ses compétences. Le film utilise lathéorie de Sapir-Whorf.
↑NatachaChetcuti et LucaGreco,La face cachée du genre : langage et pouvoir des normes, Paris, Presses Sorbonne nouvelle,, 157 p.(ISBN978-2-87854-568-5,OCLC810651259).
Normier, Bernard, 2007,L'apport des technologies linguistiques au traitement et à la valorisation de l'information textuelle, Éditions ADBS(ISBN978-2-84365-092-5)