Près de 20 millions de locuteurs (langue maternelle[1], essentiellement dans les villes de Kinshasa, Mbandaka, Kisangani et Brazzaville, nord de la république du Congo), et 25 à 30 millions en seconde langue essentiellement dans les autres grandes villes des deux Congo)[2],[3]
AuXIXe siècle, lebobangi était la langue véhiculaire sur les bords dufleuve Congo depuis l’embouchure de la rivièreKasaï à celle de l’Ubangi sur les deux rives du fleuve Congo actuelle république du Congo et république démocratique du Congo, le long de celui-ci jusqu’à l’embouchure de laNgiri. Après1880, la langue fut désormais appeléebangala par les Occidentaux et établie comme langue franc par le colonisateur dans laStation Bangala en 1884[4], qui est renommée Nouvelle-Anvers en 1890, aujourd’huiMakanza, l’un des premiers postes établis sur le fleuve par l’Association internationale africaine de l’État indépendant du Congo, à mi-distance entreLéopoldville (aujourd’huiKinshasa) et Stanleyville (aujourd’huiKisangani). Ces trois postes ont d’ailleurs été les premiers à accueillir au-delà duBas-Congo une mission catholique dès1899. Après1900, les missionnaires de Scheut (voirCongrégation du Cœur Immaculé de Marie) proposent le nomlingala au lieu debangala, proposition qui est généralement acceptée après quelques décennies[4]. Le nombangala est maintenant celui d’une autre langue plus à l’est, dans la province Orientale.
Le lingala est aujourd’hui largement répandu, en Congo-Kinshasa (RDC) et au Congo-Brazzaville, où il est devenu une langue régionale, largement utilisée dans les médias, l’armée, les discours officiels, mais également dans la chanson populaire. Outre lefrançais, c’est l’une des quatrelangues nationales du Congo-Kinshasa, à côté dukikongo ya leta, duswahili et dutshiluba. Le lingala a progressivement supplanté lekikongo ya leta à Kinshasa, où ce dernier était pourtant la langue véhiculaire. Au Congo-Brazzaville le lingala est une des langues nationales, tout juste à côté dukituba.
Le succès et l’expansion du lingala au cours de la seconde partie duXXe siècle, et en particulier à l’époque duZaïre, sont notamment dus au fait qu’il a été largement promu parMobutu Sese Seko, natif de la région lingalaphone. Le lingala fut notamment la langue principale de l’armée zaïroise, et aujourd’hui elle l’est aussi de l’Armée congolaise malgré leswahili apporté parLaurent-Désiré Kabila vers1997.
C'est aussi la langue dans laquelle chantent de nombreux artistes originaires ou installés à Kinshasa et Brazzaville, et exportant leurmusique internationalement, telsPapa Wemba,Koffi Olomidé,JB Mpiana,Werrason,Fally Ipupa, Roga-Roga, les bantous de la capitale, ou encoreFerré Gola.
Le lingala appartient à la famille deslangues bantoues. Le terme a désigné dès la fin duXIXe siècle unelangue véhiculaire, proche d’une langue dénomméelobangi oubobangi. La langue lingala est issue d’un mélange entre plusieurs langues parlées par les habitants de la région dufleuve Congo, dont la languebobangi qui est majoritairement la base lexicale du lingala[5],[6],[7], elle est donc généralement considérée comme langue inter-ethnique.
Linguistiquement, le lingala est un dialecte ou une variété du bobangi, un bobangi populaire ou commercial, c'est-à-dire, un bobangi lingua franca parlé par les non-natifs[8],[9]. Le lingala a aussi été désigné par les noms : « bad bobangi[10] », « sabir du bobangi[11]», « bobangi déformé et mélangé[12]», « bobangi de traite[13]», « patois du bobangi[14]», « la langue nouvelle des Bobangi[15] ».
La langue se fait appelermangála ou lingála, toutefois, dans la région d'origine de la langue il y a une préférence pour la formemangála[16],[17] oumangála má libɔkɔ[18]. En bobangi, tout comme en lingala, le nomlingála oumangála signifie langage, jargon, façon de parler, dialecte, lingua franca, parler, expression, parole, phrase, déclaration, proverbe, commentaire[19],[20]. Comme glossonyme, il provient de l'expressionmangála má libɔkɔ, aussilingála lí mabɔkɔ qui signifie le langage ou jargon du marché en bobangi tout comme en lingala[21],[22].
Le lingala est parlé comme langue maternelle dans les deux Congo, la majeure partie des locuteurs étant dans le Congo-Kinshasa. Avec son statut delangue véhiculaire, le lingala est aussi parlé enAngola (dans le nord du pays majoritairement dans la region de Uíge) et en République centrafricaine. Étant donné que lamusique congolaise est populaire en Afrique centrale, il est possible d’entendre des paroles en lingala des deux côtés de l’Afrique centrale, duKenya auCameroun.
Le lingala possède plusieurs dialectes, recouvrant un territoire linguistique large et divisé par des frontières administratives ou de longues distances.
Bokamba et Bokamba divisent les différents dialectes de lingala de la façon suivante :
lingala standard, dit classique ou littéraire, ou encore lingala de Makanza ;
lingala parlé, dit populaire ;
lingala de Kinshasa ;
lingala de Brazzaville ;
mangala oubangala — considéré comme langue dérivée car souvent mutuellement inintelligible avec les autres dialectes de lingala.
Il y a aussi différents argots :
indoubil, ancien argot des jeunes ;
lingala argot, oulingála ya bayankee, argot des jeunes de Kinshasa ;
Le lingala classique est la variété utilisée dans plusieurs institutions de l’éducation et d’informations tant au niveau national qu’au niveau régional. Cette variante provient des traductions, dont une de la Bible, et des efforts de standardisation de l’Église catholique. Le lingala classique se dénote des autres dialectes par son nombre de voyelles, sept voyelles [a], [e], [ɛ], [i], [o], [ɔ], [u], par uneharmonie vocalique obligatoire et par l’utilisation de tous les suffixes grammaticaux.
Le lingala parlé est une variante comptant autant de préfixes nominaux que le lingala classique, mais moins d’accord grammaticaux entre ceux-ci et les autres suffixes. L’accord sujet-verbe est maintenu mais réduit à 10 classes, tandis que l’accord substantif-adjectif est simplifié à 2 classes. Les sept voyelles sont aussi utilisées, mais l’harmonie vocalique n’est pas appliquée. Son développement est principalement dû aux différentes missions protestantes, dont une traduction de la Bible. Cette variante du lingala est probablement la forme la plus parlée à travers les régions lingalaphones des deux Congo, même dans leurs capitales. C’est la forme de lingala la plus parlée dans la vie de tous les jours. Bien que cette forme soit la plus répandue, le lingala classique conserve le titre de lingala standard. Les deux dialectes sont parfois utilisés dans des contextes différents. Par exemple le lingala classique est utilisé dans les réunions officielles, dans certains médias ou dans les situations formelles, mais le lingala parlé est utilisé dans les situations informelles. Une majorité des chansons populaires en lingala, entre 60 et 65 %, utilisent le lingala parlé. Au vu de l'histoire coloniale de laRDC, le lingala intègre dans son vocabulaire des mots de vocabulaire français, et néerlandais, les deux langues coloniales. Cependant, l'apport de mots français semble plus important. Dans le lingala, depuis une période plus récente, on y trouve aussi des mots issus de l'anglais, et dans une moindre mesure, du portugais, l'Angola étant frontalier.
Le lingala deKinshasa comme celui deBrazzaville est le dialecte utilisé au quotidien dans ces deux villes, souvent utilisé dans les divertissements à la télévision ou à la radio. Cette forme de lingala comporte beaucoup d’emprunts aufrançais et est parfois considérée comme uncréole mais ces emprunts peuvent aussi être desalternances codiques faites par des personnes bilingues. Par exemple :
Est-ce que likambo yangó ya sɔ̂lɔ́ tǒ lokúta ? (Mamou, chanson deFranco Luambo Makiadi)
Lebangala, parlé plus à l’est du territoire du lingala, est généralement considéré comme une langue à part entière.
Lefrangala, une forme de lingala répandue parmi la diaspora et dans certains centres urbains, ressemble fortement à une langue créole avec beaucoup de mots de vocabulaire du français, et est caractérisé par des accords grammaticaux limités à deux ou quatre classes nominales.
En1976, la Société zaïroise des linguistes a adopté unsystème d’écriture standardisé pour les langues zaïroises, dont le lingala. Ce système est basé sur l’Alphabet international africain (AIA), une orthographe presque phonétique, avec notamment les lettres ‹ ɛ › et ‹ ɔ › pour transcrire les voyelles [ɛ] et [ɔ], ainsi qu’une utilisation sporadique des accents pour indiquer les intonations. Malheureusement pour cette convention orthographique, il n’y a pas de système d’entrée, ni claviers ni machines à écrire, permettant d’utiliser les lettres ‹ ɛ › et ‹ ɔ ›, et les accents[24].Cette convention a standardisé l’usage des lettres dans les milieux académiques, mais laisse les intonations au bon vouloir des personnes. Le manque de standardisation dans l’accentuation n’est pas un problème majeur grâce au contexte des mots dans les phrases et paragraphes.
Les orthographes populaires ont pris un pied d’avance sur l’orthographe standardisée car elles peuvent être tapées sur n'importe quel clavier. Beaucoup de livres, de dissertations[Quoi ?], la traduction lingala de laDéclaration universelle des droits de l'homme et plus récemment, des forums, des listes de diffusion et des sites web, comme Google en lingala, n’utilisent pas les caractères propres au lingala (‹ ɛ › et ‹ ɔ ›).[réf. souhaitée]
Le lingala étant plus une langue orale qu’une langue écrite, ses locuteurs utilisent plusieurs systèmes d’écriture.La plupart sont non standardisés. Parce que l’ensemble des locuteurs lingalaphones a un bas taux d’alphabétisation en lingala, l’orthographe populaire est très souple et varie d’un Congo à l’autre — auCongo-Brazzaville, le taux d’alphabétisation en lingala comme langue maternelle est entre 10 % et 30 %, alors que celui du français est plus élevé[réf. nécessaire]. Assez souvent l’orthographe est influencée par l’orthographe française pour le choix desgraphèmes :
Un même mot peut se retrouver avec autant d’orthographes que les prononciations régionales, par exemple :nyonso,nyoso,nionso,nioso sont tous des orthographes populaires denyɔ́nsɔ.
L’alphabet lingala est organisé de façons différentes selon les écoles ou les linguistes.
Certains utilisent seulement les lettres monogrammes, d’autres reconnaissent pleinement lesdigrammes ettrigrammes en tant quegraphèmes à part.
Selon les linguistes duCentre de linguistique théorique et appliquée, les digrammes ont chacun un ordre spécifique, par exemple :mǐso doit être classé avantmba parce que le digramme ‹ mb › suit la lettre ‹ m ›.Les lettres ‹ r › et ‹ h › sont utilisées pour les mots empruntés. Les digrammes ‹ mv ›, ‹ mf › sont très rares.[réf. souhaitée]
Les accents indiquent lestons des voyelles auxquels ils s’attachent, l’accent aigu indique un ton haut, l’accent circonflexe indique un ton variant descendant et l’accentantiflexe (circonflexe inversé) indique un ton variant montant. Le ton bas n’est pas marqué.
Dans certains dialectes ou variations du lingala, les voyelles /ɛ/ et /ɔ/ sont sonorisées avec leurs formes fermées [e] et [o], le plus souvent sous l’influence des langues des locuteurs.
Les consonnescoarticulées /ɡ͡b/, /ⁿɡ͡b/ et /k͡p/ sont rares et proviennent peut-être d’emprunts ou de contacts avec les langues soudanaises. Celles-ci sont prononcées comme telles dans les dialectes des régions d’origine du lingala, mais sont souvent remplacées par /ɡʷ/, /ⁿɡʷ/ et /kʷ/ dans les autres régions. Par exemple le motengbunduka (train) est prononcé [eⁿɡ͡buⁿduka] à Makanza et [eⁿɡwuⁿduka] à Kinshasa. Cette transformation se retrouve aussi dans l’orthographe. La différence de prononciation est simplement la fermeture des lèvres : [ɡ͡b] est prononcé avec les lèvres initialement fermées tandis que [ɡʷ] les a initialement ouvertes.
Les consonnes /bʷ/, /mʷ/, /ᵐbʷ/, /ᵐfʷ/, /nʷ/, /ⁿdʷ/, /ⁿgʷ/, /ⁿkʷ/, /ⁿsʷ/, /ⁿtʷ/, /ⁿzʷ/, /pʷ/, /sʷ/, /zʷ/ sont des formes de consonnes prononcées avec les lèvres initialement arrondies.
En lingala classique, les mots suivent unsynharmonisme. Les voyelles semi-fermées /e/ et /o/ ne se trouvent pas dans des mots contenant les voyelles semi-ouvertes /ɛ/ et /ɔ/. Par exemple :ndɔbɔ (crochet de pêche) etndobo (attrape-souris) existent mais *ndɔbo et *ndobɔ n’existent pas. L’harmonie vocalique peut aussi s’appliquer aux préfixes morphologiques ; celle-ci n’est pas indiquée dans l’orthographe académique, le préfixe ne change pas d’orthographe.
Lorsqu’un préfixe nominal, et l’infinitif, sont attachés à un mot ils ne sont généralement pas soumis à cette règle, cependant l’harmonie vocalique est parfois appliquée aux préfixes de nom commun uniquement dans certains dialectes récents de lingala. Par exemplemokɔlɔ est prononcé [mɔkɔlɔ] dans ces dialectes, mais comme dans le lingala standard,komɔ́nɔ reste prononcé [komɔ́nɔ].
Les suffixes verbaux sont sujets à ce synharmonisme, le plus souvent entre le /a/ et /ɛ/. Par exemple, le suffixe -ákí, devient -ɛ́kí avec le verbekokɛndɛ et ɔ́kí avec le verbekomɔ́nɔ :
Bakɛndɛ́kí wápi ? — Où sont-ils partis ?
Bamɔ́nɔ́kí níni ? — Qu’ont-ils vus ?
La désinence de l’infinitif subit aussi cette harmonie vocalique, mais n’est pas toujours obligatoire. Par exemplekomɔ́nɔ etkomɔ́na, oukokɛndɛ etkokɛnda sont tous utilisés.
Sonagramme de [motaⁿɡo ma basodá]. La ligne bleue représente fréquence du ton.
En plus de l’accent tonique, les tons haut et normal, le lingala possède des accents dynamiques, de durée et d’intensité, qui sont bien marqués et tombent sur la première syllabe du radical. Lorsqu’il y a plus de deux autres syllabes après cette syllabe initiale du radical, la syllabe pénultième, l’avant-dernière, reçoit un accent accessoire.
Le lingala étant une langue ayant largement évolué au cours du siècle dernier, elle présente beaucoup de variations. En plus de son exposition à de nombreuses autres langues bantoues ou européennes, la langue évolue encore beaucoup à l’heure actuelle.
Le lingala parlé àKinshasa présente une mutation vocalique de voyelles semi-ouvertes vers des voyelles semi-fermées, [ɔ] devient [o], et [ɛ] devient [e]. Un Kinois prononcembɔ́tɛ [ᵐbóte] au lieu d’une prononciation plus traditionnelle [ᵐbɔ́tɛ] ce qui signifie « bonjour » en lingala.
La grammaire du lingala varie selon leregistre de langue utilisé. L’ordre grammatical est généralement le même entre les différents dialectes mais les accords varient selon le dialecte, ou le sociolecte.
Lelingala classique est la variation avec le plus de règles d’accords grammaticaux. Ces accords concernent la classe des noms et de leurs adjectifs ou des verbes dont ils sont les sujets, ou dont ils sont les objets en langage soutenu.
Le système de noms communs lingala est basé sur un ensemble de classes nominales organisées en paires singulier-pluriel, ou marquant des noms invariables de noms collectifs ou de noms abstraits.
mo-/ba- (1-2)
mo-/mi- (3-4)
li-/ma- (5-6)
e-/bi- (7-8)
n-/n- ou m-/m- (9-10)
lo-/n- (11-10)
bo-/ma- (14-6)
La classe 6 ma- est utilisée pour beaucoup de liquide ou de matière qui n’ont pas de forme singulier : mái, « eau », mafúta, « huile », etc.
Le préfixe nominal s’attache au nom commun ; le préfixe pronominal s’attache à l’adjectif accordé avec celui-ci ; le préfixe verbal s’attache au verbe ; l’infixe pronominal s’accroche directement au radical du verbe
Molakisi molái yangó abíkí. ‒ Ce grand instructeur est guéri.
La tendance actuelle est de simplifier le système de classes, beaucoup de formes de pluriel traditionnelles sont remplacées par l’usage du « ba- » de la classe 2. Par exemple, beaucoup de termes désignant des objets de la maison font partie de la classe 9 au singulier et 2 au pluriel, par exemple :lutu >balutu « cuillère »,mesa >bamesa « table »,sani >basani « assiette ».
Morphèmes des classes
classe
préfixe nominal
préfixe pronominal
préfixe verbal (sujet)
infixe verbal (objet)
exemple
traduction
1
mo-
o-
a-
-mo-
mokonzi
chef
1a
Ø
o-
a-
-mo-
diabulu
diable
2
ba-
ba-
ba-
-bá-
bakonzi badiabulu
chefs diables
3
mo-
mo-
mo-
-mo-
mokíla
queue
4
mi-
mi-
mi-
-mí-
mikíla
queues
5
li-
li-
li-
-li-
liloba
mot
6
ma-
ma-
ma-
-má-
maloba
mots
7
e-
e-
e-
-e-
elɔ́kɔ
chose
8
bi-
bi-
bi-
-bí-
bilɔ́kɔ
choses
9
n-/m-
e-
e-
-e-
ntaba
chèvre
10
n-/m-
i-
i-
-í-
ntaba
chèvres
9a
Ø
e-
e-
-e-
sánzá
lune, mois
10a
Ø
i-
i-
-í-
sánzá
lunes, mois
11
lo-
lo-
lo-
-lo-
lolému
langue
14
bo-
bo-
bo-
-bo-
bosɔtɔ
saleté
15
ko-
o-/e-
e-
-
kotála
regarder
Les infixes pronominaux ne sont quasiment pas utilisés en accord avec la classe en lingala parlé, mis à part dans certaines régions de la province de l’Équateur. Ils sont utilisés dans le lingala dit classique ou littéraire.
Les classes 9 et 10 ont un préfixe nasal, qui est en fait une pré-nasalisation de la consonne qui le suit, et donc peut être « m- » ou « n- », par exemplembata etntaba.
Les préfixes pronominaux e- pour le singulier et ba- ou i- pour le pluriel de non-animé sont couramment utilisés à la place de ceux indiqués dans ce tableau. Ceux présentés dans le tableau étant encore une fois limités au lingala classique ou littéraire.
L’infixe -mí-, pour indiquer le réflexif, est utilisé à la fois dans le lingala parlé et le lingala littéraire.
Le préfixe ko- est utilisé pour l’infinitif des verbes. Le lingala littéraire, possède un préfixe supplémentaire pour l’infinitif, no-, qui s’emploie comme complément circonstanciel de but. Par exemple :
Seul l’infixe réflexif « -mí- » est utilisé en lingala parlé. Il est utilisé indépendamment de la personne ou du nombre.
En lingala littéraire :
personne
infixe verbal (objet)
littéraire
parlé
traduction
1 sg.
-m-/-n-(1)
ambɛ́tí
abɛ́tí ngáí
elle me frappe
2 sg.
-ko-
akobɛ́tí
abɛ́tí yɔ̌
elle te frappe
3 sg. animé
-mo-
amobɛ́tí
abɛ́tí yě
elle le frappe
1 pl.
-ló-
alóbɛ́tí
abɛ́tí bísó
elle nous frappe
2 pl.
-bó-
abóbɛ́tí
abɛ́tí bínó
elle vous frappe
3 pl. animé
-bá-
abábɛ́tí
abɛ́tí bangó
elle les frappe
3 sg./pl. inanimé
(2)
-m- ou -n- en accord avec la consonne qui suit, par exemple :mb ound ; et -nz- devant unesemi-voyelle par exemple :yamba (recevoir, accueillir),banzambí (ils m’ont reçu, ils m’ont accueilli)
l’infixe est en accord avec la classe du mot, voir la table des classes.
Il y a plusieurs infixes sémantiques en lingala. Ceux-ci permettent de modifier le sens des verbes, et parfois le mode ou le temps de conjugaison. Ceux-ci s’attachent directement à la suite de la racine du verbe, précédant ainsi ladésinence. Par exemple le verbekokanga, « saisir, lier, fermer », à la racine-kanga (-kang- et la désinence-a) et sa forme réversive estkokangola, « délier, ouvrir », à la racine kokangola (-kang-, le réversif-ol- et la désinence-a).
Les verbes lingala se conjuguent en ajoutant des préfixes et suffixes à la racine. Certains suffixes de temps modifient le ton des préfixes du verbe, ou les suffixes sémantiques rattachés à celui-ci. Dans les tableaux qui suivent, les préfixes na- (1 sg.) ou ba- (3 pl.), et le suffixe -ak- (habituel) portent parfois le ton haut à la suite de l’inflexion.
En lingala classique, les suffixes sémantiques se rattachant au verbe, comme -ak- dans les tableaux, suivent uneharmonie vocalique avec la voyelle de la racine du verbe. Par exemple pour le verbe kokɛndɛ : ko + kɛnd + ak + a → ko + kɛnd + ɛk + ɛ = kokɛndɛkɛ, prononcé [kokɛⁿdɛkɛ]. En lingala parlé, la forme reste souvent [kokɛⁿdaka].
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