En typographie, uneligature est la fusion de deux ou troisgraphèmes d’uneécriture pour en former un nouveau, considéré ou non comme uncaractère à part entière. C'est un des procédés possibles d’enrichissement du stock de graphèmes d’une langue.
La ligature peut donner naissance à undigramme. Dans uneécriture bicamérale, un digramme lié se distinguera d’un digramme simple par lamajusculisation : si les deuxcaractères doivent être en majuscule capitale et le reste enbas-de-casse, c’est bien une ligature (exemple :IJsselmeer ennéerlandais), sinon c’est un digramme simple (exemple :Château enfrançais).
Exemple de ligatures typographiques. Extrait d'une édition de 1980 deJésus-la-Caille deFrancis Carco. On peut y voir les ligatures esthétiques suivantes : pour "st", dans les mots "construction" et "attristant", et pour "ct", dans le mot "construction".
Il existe deux types principaux de ligatures :
les ligatures esthétiques, qui sont optionnelles et ne s’utilisent que pour améliorer la lisibilité d’un documenttypographié ;
les ligatures linguistiques, qui sont obligatoires.
Les ligatures sont parfois anciennes et pouvaient tenir à la nécessité du gain de place sur un matériau qui coûtait cher (pierre,marbre,papyrus,parchemin, etc.). EnEurope, lesmanuscrits médiévaux sont riches d’abréviations de natures diverses, parmi lesquelles de nombreuses ligatures. Il serait cependant faux de ne voir dans la ligature qu’une question d’économie : certaines sont purement esthétiques et ne font gagner aucune place.
Il existe d’autre part des caractères qui sont d’anciennes ligatures, esthétiques ou non, mais ne sont plus sentis comme tels :
dans les anciens manuscrits, deuxi consécutifs étaient, pour des raisons d’esthétique et de lisibilité, écrits ij. Lei ne nécessitant pas à l’époque depoint suscrit, la ligaturey pourij s’imposa plus tard en typographie ;
la ligature linguistique diteeszett, soitß, provient d’une ligature esthétique entreſ ets, donc uns long suivi d’uns rond (les long étant une anciennevariante contextuelle des) ou d’unz. Utilisée auparavant dans plusieurs langues d’Europe, elle ne se rencontre maintenant plus qu’enallemand ;
l’esperluette,&, est à l’origine une ligature esthétique deet servant d’abréviation. Elle est devenue un véritablelogogramme, au même titre que leschiffres dits « arabes » : selon sa langue, on la liraet,y,and ou encoreund ;
l’arobase,@, pourrait remonter à la graphieonciale de laprépositionlatinead liée pour servir d’abréviation, mais cette origine n'est pas attestée[1].
Enfin, on nomme, improprement,ligatures le fait que lescaractères d’une écriture s’adaptent selon leur place dans le mot. On préférera à cette expression celle devariante contextuelle, qui constitue un article séparé. De même, surtout dans lessemi-syllabaires indiens, les consonnes se modifient selon qu’elles portent ou non une voyelle.
De plus en plus depolices numériques, surtoutOpenType, sont proposées avec des ligatures, non seulement traditionnelles, mais aussi totalement nouvelles, entre des caractères qui se trouvent rarement proches. Le but de ces ligatures n’est pas utilitaire comme elles pouvaient l’être en typographie plomb, mais uniquement esthétique. Dans ce domaine,les professionnels[Lesquels ?] conseillent la plus grande prudence : si des ligatures donnent un certain charme à des typographies basées sur des modèles anciens, elles sont totalement injustifiées et vont à l’encontre desprincipes de caractères contemporains[Lesquels ?]. Il faut là encore rappeler que la typographie n’est pas qu’un ensemble de règles, mais aussi un art difficile.
N’étant pas obligatoires, elles sont surtout utilisées dans la production de documents d’abord manuscrits (elles sont fréquentes dans les manuscrits médiévaux, soit commeabréviations soit pour des raisons purement décoratives) puis imprimés, pour améliorer la lisibilité d’un texte ou simplement l’agrémenter.
Dans le premier cas, surtout en imprimerie, il s’agit de réduire nombre de collisions inesthétiques entre certains caractères. Les plus courantes portent sur les lettresf ets long (variante contextuelle des) suivis dei etl. Le point dui ou la hampe dul entrent en collision après lef ou les long, à moins qu’on ne les espace. Du temps de l’imprimerie au plomb, les collisions entre ces caractères pouvaient d’ailleurs entraîner leur rupture (c’est pourquoi on les appelle aussiligatures techniques). Enallemand, l’utilisation des ligatures esthétiques se doit de respecter des contraintesmorphologiques : en effet, les germanophones n’utilisent les ligatures enf que si les deux lettres appartiennent au mêmeradical du mot.
Des ligatures du type dect ne sont pas liées à des problèmes de collision entre caractères : elles sont purement esthétiques et, sûrement, imitent la graphie manuscrite cursive.
De toutes ces ligatures, seule celle dus long suivi d’uns rond a acquis le statut degraphème : c’est leeszett (ß) allemand.
Enfin, dans les textes latins imprimés, on emploie volontiers, ce que ne faisaient pas toujours les Romains de l’Antiquité, les ligaturesœ etæ. Leur utilisation ressortit surtout à la composition soignée.
LaFraktur allemande comprenait de nombreuses ligatures, surtout dans sa variante manuscrite, tracées d’un seul mouvement, parmi lesquelles :ch,ck,ſt,ſs /ſz (tracées toutes deuxß) ettz (ꜩ).
Legaélique irlandais, qui s’écrit avec l’alphabet latin, utilise « ⁊ » au lieu de « & ».
L’alphabet arabe connaît des ligatures esthétiques. Celles-ci sont optionnelles et se rencontrent surtout dans des compositions soignées. Ces ligatures ne doivent pas être confondues avec lesvariantes contextuelles ou la ligature linguistiquelâm ’alif, (voir plus bas) lesquelles sont toutes deux obligatoires. Voici ci-contre quelques ligatures possibles. L’arabe s’écrit de droite à gauche ; dans le tableau, les ligatures concernent, dans l’ordre, les lettreslâm,mîm etnûn formant ligature avec unjîm. Pour des raisons de lisibilité, on a ajouté unmîm final, qui ne fait pas partie de la ligature.
Les ligatures esthétiques ont pour effet de décaler vers le bas la ligne d'écriture. La convention étant que la ligne d'écriture doit servir de base à la dernière lettre du mot, une ligature esthétique conduit en pratique à élever la ligne d'écriture pour le début du mot. L'exemple le plus évident est celui des lettres de type Ha (ـحـ), qui se lient avec la lettre précédente, ce qui en écriture courante se fait à la base de la lettre. En ligature esthétique, la liaison se fait au sommet de la lettre, laquelle se traduit alors par un large retour en arrière.
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L’alphabet cyrillique a fait grand usage des ligatures.Ainsi, plusieurs voyelles se sont liées unemouillure précédente (notée ici і) :ю (historiquement іоу), ainsi que les lettres désuètesѥ (іе),ѩ (іѧ),ѭ (іѫ). Par contre,я n’est pas une ligature, bien que le cyrillique ancien ait disposé d’une ligature іа, introduite dans la version 5.1 d’Unicode (ꙗ). De même, il existe une ligature іѣ (UnicodeꙒ), extrêmement rare, puisqu'elle ne se rencontre que dans un document datant de 1073.
Le cyrillique ancien possédait encore deux ligatures :ѿ (ѡт, abréviation pourot) etꙋ (оу). Ce dernier est un calque du grec, qui notait — à l’instar du français — le son [u] par le digrammeου /ou. Le cyrillique n’ayant pas de son [y], le digramme оу s’est soudé, puis est devenu ꙋ (у surmontant un о)[2], et enfin y.
D’autres lettres utilisées dans les langues slaves sont d’anciennes ligatures :ы (ouꙑ ligature de ъі,à l’époque ь et ъ étaient parfois confondus[réf. nécessaire]),щ (шт),њ (нь),љ (ль).Les ligaturesserbes љ et њ pourraient posséder troiscasses, à l’instar de leurs équivalents en alphabet latin lj, Lj, LJ et nj, Nj, NJ. Néanmoins leur codage informatique ne possède que deux casses[réf. nécessaire].
D’autres ligatures ont été introduites pour noter les langues non slaves de Russie :ӕ (ае),ҥ (нг),ҵ (тц), ainsi que les désuètesԕ,ԗ,ԙ.
L’alphabet grec possède un certain nombre de ligatures, qui ne sont maintenant plus utilisées ou rarement.
La première que l’on peut citer est un caractère similaire à l’esperluette mais bien moins fréquent en grec imprimé que celle-là ne l’est dans l’alphabet latin. C’est une ligature ancienne (ce qui est contesté par certainsgrammatologues) et d’usage fréquent dans les textes papyrologiques et médiévaux pour laconjonction de coordinationκαὶ /kaì, « et », soit ϗ (en image, le caractère étant rarement inclus dans les polices :). La ligature est devenue un signe d’abréviation au même titre que le& latin. La forme actuelle de l’abréviation remonte à sa variante hellénistique : au cours de siècles, elle en était venue à prendre des tracés très différents. Cette ligature n’est quasiment pas utilisée dans l’impression : elle ressortit surtout aux usages informels et manuscrits. Contrairement au « & » latin, « ϗ » dispose d’une majuscule : « Ϗ ».
Les autres ligatures, d’emploi fréquent dans les textes médiévaux, sont généralement sorties des usages au cours duXVIIIe siècle, période à laquelle cet alphabet a acquis sa forme quasi définitive.
Lefrançais connaît une telle ligature, la lettreŒ /œ, dite « e dans l’o ». Il n’est pas possible de la considérer comme la réunion esthétique des deux lettresoe car son utilisation dépend entièrement de l’étymologie du mot et ne peut être considérée ni optionnelle ni systématique.
Il faut considérer séparément, pour des raisons historiques, deux types de mots contenant unœ :
les mots d’emprunt savants à orthographe étymologisante ;
Il existe un assez grand nombre de mots empruntés principalement aulatin et prenant unœ, qu’on ne peut prononcer que comme une voyelle unique, en l’occurrence /e/ (deblé ; cela entraîne donc la prononciation /s/ dec). C’est bien undigramme, que l’on doit opposer à la rencontre deo ete dans un mot commecoexistence. Voici quelques exemples de ces mots savants ou empruntés :
cœlacanthe /selakɑ̃t/ ; toutefois,célacanthe en nouvelle orthographe selon l'Académie française.
œnologie /enɔlɔʒi/ ;
Œdipe /edip/ (la ligature, encapitale, se traceŒ et nonOE, niOe, ce qui confirme son statut de graphème unique) ;
fœtus /fetys/ (dans ce mot, c’est une erreur car le mot latin ancien estfētus ; la graphie avecœ est postérieure auIIe siècle et s’explique parhypercorrection : en effet,œ etē se prononcent à l’identique), etc.
Dans une prononciation erronée, certains mots sont prononcés avec /ø/ (defeu) : c’est le cas pourœnologie etŒdipe. Considérée fautive par certains, cette prononciation est alternativement proposée dans de nombreux dictionnaires.
Étymologiquement, ces mots remontent le plus souvent à ladiphtonguelatineœ, qui se prononçait /oe/ ou, plus probablement, /oj/. À partir duIIe siècle de notre ère, elle s’estmonophtonguée en /e/, ce dont attestent des termes commeéconomie,fétide oupeine, qui proviennent du latinœconomia,fœtidus etpœna. Le maintien d’une graphie enœ prouve que les mots contenant la ligature sont des emprunts relativement récents ; leur orthographe est donc étymologisante. Pour l’anecdote, la diphtongue latineœ peut, c’est le cas dansœconomia, représenter la diphtongue grecqueοι /oi dans desemprunts augrec :οἰκονομία /oikonomía. On note également que les Allemands ont choisi la prononciation /ø/ :Ökonomie.
La notation au moyen du digramme liéœ est ancienne : les typographes français, citant des mots latins, ont respecté l’orthographe de l’époque, qui prévoyait la ligature. Du reste, les mots n’étaient pas forcément sentis comme français. Aux premiers temps,œ n’était donc pas une lettre française.
oeuure chezÉtienne Dolet dansLa maniere de bien traduire d’une langue en aultre : d’aduantage de la punctuation de la langue Francoyse, plus des accents d’ycelle de1540 ;
œuvre chezThomas Sébillet dans sonArt pöétique François pour l’instruction dés ieunes studieus, & et encor peu avancéz en la Pöésie Françoise de1548 ;
mais…euuvres chezLouise Labé dans l’édition de ses œuvres de1556 (cependant, la typographie de cette édition laisse à désirer par un certain manque de cohérence ; on en voit d’autres exemples danscédille).
La graphie ne se fixe surœu avec la ligature (etœi pour le motœil) qu’auXVIIe siècle. Les mots concernés proviennent de mots latins qui contenaient uno (soror →sœur,opus →œuvre,oculus →œil,bos →bœuf, etc.). Pourtant, des mots commepeuple (latinpopulus) oumeuble (latinmobilis) n’ont pas été concernés et sont restés sureu. On avance souvent comme argument justifiant le maintien de cette ligature dans l’orthographe la volonté de garder la proximité entre mots issus d’un même radical latin : ainsi, leœ desœur rappelle leo desororal, celui d’œuvre leou d’ouvrier,ouvrage,ouvrable, tandis quebœuf reste lié àbouvier,cœur àcordial,mœurs àmoral,vœu àvouer,œuf àovaire,ove,ovale, etc. L’argument est spécieux en ce sens qu’on devrait dans ce cas écrirepœuple carpopulaire ou encoremœuble carmobilier,sœul carsolitude, etc. On le voit : l’utilisation de ce digramme est arbitraire et ne se justifie pas.
En conclusion, vu queœu eteu notent le même phonème et que la distinction entre les deux graphies est tout artificielle, il convient de reconnaître que tous deux sont desdigrammes (ou destrigrammes si l’on compte deux caractères pourœ), c’est-à-dire des groupes de deux lettres servant à noter un unique phonème. On ne peut donc pas écrireoeu à la place d'œu dans les mots qui réclament la ligature caroe n’est pas un digramme mais une suite de voyelles et l’on ne peut jamais substituerœ àoe. Les deux graphies n’ont donc aucun rapport et doivent être différenciées.
Dans de rares mots d’emprunt à l’allemand,œ français représente unö (o umlaut). On prononce comme en allemand :lœss /løs/,rœsti /ʁøʃti/ ou /ʁøsti/ (rösti est aussi attesté). L’utilisation de la ligature ne se justifie pas : en effet, si leo umlaut allemand remonte bien àoe et s’il est parfois encore écrit ainsi, il n’est, dans les pays germanophones, jamais lié aue. D’ailleurs, un mot commefoehn /føn/, emprunté à l’allemand, n’est pas proposé sous la graphie*fœhn par lePetit Robert (édition électronique de 2001), lequel écrit pourtant bienlœss etrœsti. Il y a là un manque de cohérence patent.
Par opposition à ces mots enœ, il en existe d’autres dans lesquelso ete se suivent naturellement et sont prononcés différemment :coexistence /koɛgzistɑ̃s/,moelleux /mwalø/,coercitif /koɛʁsitif/, etc.
En conclusion, il n’est pas possible d’affirmer que le digramme liéœ n’est pas un graphème unique car son emploi n’est pas prévisible. Pourtant, il n’a pas de place particulière dans leclassement alphabétique : on le confond avec les mots enoe, à la manière des autres digrammes (ch,ge,gn, etc.).
À part dans de rares documents, les Romains n’ont pas utilisé la ligatureœ pour noter leur diphtongue (on trouve quelques ligaturesŒ en fin de ligne dans laquadrata). L’usage d’une ligature s’est développé, d’abord sporadiquement, dans des textes médiévaux puis, plus souvent, dans des éditions postérieures de textes latins, sous l’influence de la prononciation monophtonguée ; en sorte, la ligatureœ est déjà fréquente dans les éditions imprimées de textes latins ou pour les mots sentis comme latins avant qu’elle ne soit utilisée dans certains mots français pour noter /œ/ et non /e/ (c’est d’ailleurs particulièrement visible auXVIe siècle).
EnAPI, le symbole /œ/ note lavoyelle mi-ouverte labialisée depeur. Il existe une petite capitale, /ɶ/, représentant unevoyelle ouverte labialisée qui s’entend en allemand d’Autriche dans un mot commeSeil, « corde », prononcé /sɶː/ (d’après leHandbook of the IPA, Cambridge University Press).
La pseudo-ligature, parfois vue sur des enseignes, entre unO initial majuscule suivi d’une minuscule (comme dansMaître d’Oeuvre [sic]) est typographiquement fantaisiste et fautive[3].
La ligature ne doit pas être utilisée dans des noms propres qui ne la prennent pas dans la langue d'origine, p. ex. pour les deux noms germaniquesGoethe (variante graphique Göthe) etSchoenberg (variante Schönberg), ou encore dans un autre patronyme, anglais celui-là,Monroe.
En français, comme pour œ, cette ligature ne peut être considérée comme esthétique. Quelques rares mots savants ou expressions latineslexicalisées se servent deæ, prononcé /e/ (commeœ, du reste) :
Cæcum /sekɔm/.
(ad vitam) æternam /etɛʁnam/.
(Curriculum) Vitæ /vite/.
Ex æquo /ɛgzeko/ ;
Et cætera /ɛt setera/ (c’est une graphie concurrente d’et cetera, issue, commefœtus, d’unehypercorrection), etc.
Bien que relativement rare, la ligatureæ ne doit pas être confondue avec la suite de lettresae, présente dans des mots commemaestro etpaella et dans un nom propre commeHaendel (mot prononcé sur deux syllabes seulement car le digrammeae, ici d'origine germanique, n'est que la décomposition de la lettreä et n'est donc qu'une simple graphie alternative de cette lettre).Michael (lorsqu'il est pris comme nom germanique) est prononcé sur trois syllabes. Il convient donc, dans une composition typographique soignée, de bien différencier les deux. Elle n’a cependant pas de place particulière dans l’ordre alphabétique : on la classe en même temps que les mots enae, à la manière des autres digrammes (ch,ge,gn, etc.). On voit donc bien que cette ligature n’est pas réellement linguistique en français. Elle est presque purement esthétique et s’utilise surtout dans les textes latins tels que présentés actuellement.
Elle devrait être évitée pour les pluriels du typesupernova /supernovæ : en effet, ce terme estlexicalisé depuis assez longtemps pour que l’on se passe d’un pluriel latin. De fait,supernovas est bien plus cohérent.
Notes :
À part dans de rares documents, les Romains n’ont pas utilisé la ligatureæ pour noter leur diphtongue (elle apparaît cependant un peu plus souvent queŒ dans laquadrata en fin de ligne). Cet usage s’est surtout développé, d’abord sporadiquement, dans des textes médiévaux puis, plus souvent, dans des éditions postérieures de textes latins, sous l’influence de la prononciation monophtonguée. Commeæ n’a servi, pour le français, que dans quelques rares mots empruntés au latin, son introduction dans l’orthographe française est antérieure à celle duœ français debœuf.
EnAPI, le symbole [æ] note lavoyelle de l’anglaiscat.
C’est ennéerlandais queIJ etij forme une ligature au statut de graphème, qui sert à noter la diphtongue /ɛi/ (ou /ə/ en position atone). À la différence du digrammeei de même valeur phonétique actuellement (ce qui n’a pas été toujours le cas),ij est bien une ligature, ce que l’on peut constater par les règles de majusculisation : il convient en effet d’écrireIJsselmeer et nonIjsselmeer, alors qu’on ne mettra en majuscule que la première lettre deei :Ei. Cependant comme un digramme, il prend deux accents aigus lorsqu’il indique une syllabe emphatique, par exemplezíj́n et nonzı́ȷn mais la formezíjn (avec l’accent aigu sur le i et le point sur le j) est admise pour des raisons techniques.
À l’origine leij notait en néerlandais (jusqu'auXIIIe siècle) uni long. La lettrej étant à l’époque une variante dui, on peut considérer leij comme un doublei. C’est donc à l’origine undigramme qui prend plus tard le statut de ligature. Écrite à la main de manière cursive, celle-ci prend la forme d’unÿ. Enafrikaans, l’évolution graphique s’est poursuivie et on écrit simplementy (mais dans aucun des cas on n’utilisera la lettreÿ en remplacement deij dans un texte dactylographié ou imprimé). D’un digramme, on est donc passé par l’intermédiaire de la ligature à une lettre simple se confondant avec la lettrey déjà présente. On peut comparer cette évolution avec celle du digrammeuu (voir plus bas).
Enlituanien moderne, lei long est noté par la lettrey, provenant également d’une ligatureij.
Bien qu’aujourd’hui ce graphème soit une lettre simple, c’est bien, historiquement, une ancienne ligature, d’où son nom, « doublev ». La réunion de deuxv (ou de deuxu puisqu’il faut attendre leXVIe siècle pour que l’on commence à distinguerv etu, la première étant normalement unecapitale, la seconde une minuscule) semble être une invention des scribes médiévaux anglais, lesquels n’avaient pas de graphème pour noter le /w/ de leur langue (levieil anglais, en l’occurrence). En effet,u servait déjà à la voyelle /u/ (on remarque que les Romains n’ont pas eu ces scrupules puisque /u/ et /w/ s’écrivaient dans leur langue au moyen de la même lettre,V).
La lettreƿ, plus fréquente en vieil anglais quew, n’a cependant cessé d’être employée enmoyen anglais qu’auXIVe siècle, définitivement remplacée parw. Actuellement, on utilise mêmew à la place deƿ dans latranscription traditionnelle.
L’exemple le plus probant de ce type de ligature se rencontre dans l’alphabet arabe. Outre ses nombreusesvariantes contextuelles, il connaît en effet une ligature linguistique, donc obligatoire, qui ne conduit pas à la création d’une nouvelle lettre. Il s’agit de la ligaturelâm ’alif : quand la lettrelâm est suivie d’un’alif, l’ensemble doit nécessairement s’écrire avec la ligature et non les variantes contextuelles attendues. Pourtant, cette ligature ne constitue pas une lettre. Dans le tableau ci-dessous, la seconde ligne montre un exemple de tracé incorrect au moyen de la variante contextuelle. Seul le premier tracé est admis (l’arabe se lit de droite à gauche, soit respectivement :lâm + ’alif →résultat) :
D’autres ligatures existaient, ou existent encore dans des compositions typographiques soignées. Elles ne sont cependant pas obligatoires mais seulement esthétiques (voir plus haut).
Les claviers pourfrancophones n'affichent généralement qu'une seule ligature sur leurs touches : l'esperluette. Des pilotes de clavier et combinaisons de touches permettent de taper d'autres ligatures.
EnHTML, les ligatures les plus courantes s’obtiennent comme suit :
œ → œ ;
Œ → Œ ;
æ → æ ;
Æ → Æ ;
ß → ß ;
& → &.
Unicode possède quelques ligatures supplémentaires pour des raisons historiques : ff, fi, fl, ffi, ffl, ſt, st dans satable des formes de présentation alphabétiques. En général, Unicode considère les ligatures comme des variantes stylistiques et non sémantiques, ces ligatures sont donc codées uniquement par compatibilité avec d’anciens codages.
Les logiciels de composition telsroff ouTeX rétablissent automatiquement les ligatures lors de lacompilation d'un texte, à la différence des logiciels de traitement de texteWYSIWYG commeMicrosoft Word ouOpenOffice Writer de la suiteLibreOffice, où il faut modifier explicitement la configuration pour que ça se produise.
Certains logiciels permettent d’accéder aux fonctionsOpenType automatiques ou optionnelles de ligatures disponibles dans certaines polices d’écriture. Les dernières versions de certains logiciels de traitement de texte, de PAO ou même les navigateurs web peuvent accéder à ces fonctions de ligature.
↑avant Unicode 5.1, le digramme оу et le monogramme ꙋ étaient tous les deux représentés par un seul caractère ambigu ѹ, variant entre digramme et monogramme selon la police de caractère