Ne doit pas être confondu avecLibertaire.
Lelibertarianisme est uneidéologie etphilosophie politique développée auxÉtats-Unis autour d'un« groupe de théories qui donnent une priorité stricte à laliberté et audroit naturel, mettant l'accent sur laliberté de choix, l'individualisme et l'association volontaire sur d'autres valeurs telles que l'autorité, latradition et l'égalité »[1].
Les libertariens ont en commun de penser que l'État est une institution coercitive, illégitime, voire — selon certains — inutile ; et de valoriser la liberté individuelle et d'association volontaire[2]. Ils veulent s'appuyer sur unlibéralisme économique, s'exerçant dans le cadre d'uncapitalismedérégulé, et unÉtat minimal (minarchisme) ou une absence d'État (anarcho-capitalisme et ses variantes de gauche tel que l'agorisme et l'anarchisme de marché). Selon les libertariens, lelibre marché s'autorégulerait et suffirait pour efficacementallouer les ressources et assurer lacroissance économique. Le but étant de parvenir à une société qui respecterait au maximum, selon eux, laliberté individuelle[3] et plus particulièrement lapropriété privée[4].
C'est l'idéologie qui sous-tend la création duParti libertarien dans les années 1970 à la suite des publications deRobert Nozick qui prônent alors l'adoption duminarchisme en remplacement de l'anarcho-capitalisme originel du mouvement. Le libertarianisme repose sur une émancipation qui s'opposerait à l'assujettissement, d'où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chacun de jouir d'un maximum deliberté.
Les libertariens cherchent à maximiser l'autonomie et la liberté politique, et à minimiser l'empiétement de l'État sur les violations des libertés individuelles, mettant l'accent sur l'état de droit, lepluralisme, lecosmopolitisme, lacoopération, les droits civils et politiques, laliberté d'expression, laliberté de circulation et l'individualisme[5]. Les libertariens rejettent l'autoritarisme, l'étatisme, lenationalisme, lemilitarisme, lecorporatisme[6] et lecollectivisme, toutefois certains libertariens divergent sur la portée de leur opposition aux systèmes économiques et politiques existants, de ce sens, cela donne ainsi des factions telles que lelibertarianisme conservateur àdroite et lelibertarianisme de gauche.
En 2023,Javier Milei, élu président de l'Argentine, se présente comme le « premier président libertarien de l'histoire »[7] et se revendique comme étant un partisan de la penséerothbardienne[8].
Le motlibertarien est l'adaptation en français de l'anglaislibertarian, lui-même traduction anglaise du françaislibertaire[note 1].
Le termelibertaire a été créé parJoseph Déjacque en 1857 pour contester les idées deProudhon, notamment sur la misogynie et le conservatisme[11]. Déjacque, un militant anarchiste, voulait un terme qui incarne une vision de société égalitaire et sans autorité, utilisantlibertaire pour contrer le termelibéral. Il l'a également utilisé comme titre pour son journal à New York entre 1858 et 1861[12].
Le terme a été adopté par les socialistes anti-autoritaires pour désigner l'anarchisme à la fin duXIXe siècle[12].
Les termes « anarchiste » et « libertaire » ont été utilisés de manière interchangeable, comme lors de larévolution sociale espagnole de 1936 et laguerre d'Espagne, où la militanteMaría Silva Cruz était surnommée« María la Libertaire »[13],[14].
Le mot est rendu en anglais parlibertarian et est à l'époque peu utilisé dans cette langue en comparaison d'anarchism[15].
Le motliberal auxÉtats-Unis en étant venu à désigner les progressistes favorables à l'intervention de l'État dans l'économie, des libéraux américains ont repris à leur compte le motlibertarian, se faisant quant à lui le promoteur d'unmarché sans entrave au nom de laliberté individuelle.
Comme l'expliqueMurray Rothbard dansThe Betrayal Of The American Right :« Un aspect particulièrement gratifiant de notre accession à une certaine notoriété est que, pour la première fois de ma mémoire, nous, « de notre côté », avions réussi à nous approprier un terme crucial jusque-là aux mains de l'ennemi. Le mot « libertariens » [libertarians en anglais] avait longtemps servi de formule polie pour désigner des anarchistes de gauche, c'est-à-dire des anarchistes opposés à la propriété privée, qu'ils soient d'obédience communiste ou syndicaliste. Mais désormais, ce terme était passé sous notre bannière. » - traduction libre[16].
Ainsi, toujours en anglais, le motlibertarianism est devenu un terme se référant tantôt au libertarianisme, tantôt à l'anarchisme[17],[12],[18],[19], que l'anglais distingue en parlant deright-wing libertarian etleft-wing libertarianism.[note 2]Ce libertarianisme de droite est devenu la forme la plus courante du libertarianisme aux États-Unis depuis la fin du20e siècle[20]. Ce changement sémantique est par ailleurs considéré comme une victoire pour les libertariens modernes et une défaite pour les anarchistes[13],[21],[22],[23],[24],[14].
Dans les années 1970,Henri Lepage[25], en traduisant le termelibertarian, et en l'absence de littérature libertarienne francophone, n'a pas voulu risquer l'amalgame avec lesanarchistes socialistes, donc, sous sa plume, Lepage a donc préféré utiliser le terme « libertarien » plutôt que « libertaire »[26] (le mot était déjà employé par les Québécois francophones, ces derniers ont francisés le terme qui est phonétiquement proche de celui en anglaislibertarian[27]) :
« Même s'ils défendent une conception capitaliste d'organisation des rapports sociaux, les libertariens se distinguent des courants conservateurs complices du grand capital et du pouvoir des grandes entreprises. Comme les gauchistes, ils ne craignent pas de dénoncer les puissances d'argent et tout ce qui représente le capitalisme monopolistique, responsable à leurs yeux de la croissance du pouvoir d'oppression de l’État moderne. » - Henri Lepage,Demain le capitalisme, 1978[26]
En France, certains libertariens considèrent l'usage du terme comme un anglicisme et une erreur, car dans ce pays, le terme « libéral » ne prête pas à confusion, même s'il a pris un sens plus large. Selon eux, ceux qui s'en réclament défendent bien le libre-échange et la libre entreprise, et ceux qui s'y opposent le font sur cette base. Ils relèvent notamment la tradition de libéraux commeFrédéric Bastiat dont ils se réclament. Ils préfèrent donc se dire tout simplement libéraux.[réf. souhaitée]
Le libertarianisme est né aux États-Unis, au milieu duXXe siècle, des œuvres d'écrivains libéraux européens tels queJohn Locke,Friedrich Hayek etLudwig von Mises[28],[29]. Il est communément considéré être une continuation ou une radicalisation dulibéralisme classique[30],[31].
Les plus importants des premiers théoriciens du libertarianisme serontMurray Rothbard, promoteur de l'anarcho-capitalisme etRobert Nozick qui développera leminarchisme[32],[33],[34].
En politique, le libertarianisme s'inspire notamment d'auteurs duXIXe siècle commeWilhelm von Humboldt (Essai sur les limites de l'action de l'État),Herbert Spencer[35],[36],[37],[38],Lysander Spooner[39],[40],[41] etGustave de Molinari[42].
En économie, il s'inspire notamment d'idées exprimées auXVIIIe siècle par lesphysiocrates, notammentVincent de Gournay etTurgot, et développées entre autres parCondillac (Le commerce et le gouvernement considérés relativement l'un l'autre) etJean-Baptiste Say dans sonTraité d'économie politique. Il s'inspire aussi d'idées développées par l'école autrichienne d'économie, dont les auteurs principaux sontCarl Menger,Ludwig von Mises,Friedrich Hayek, etMurray Rothbard.
SelonDavid Boaz, en 1943, trois femmes« ont publié des livres dont on pourrait dire qu'elles ont donné naissance au mouvement libertarien moderne »[43].Le Dieu de la machine deIsabel Paterson,La Découverte de la liberté deRose Wilder Lane etAyn Rand'sThe Fountainhead promouvaient chacun l'individualisme et le capitalisme. Aucune des trois n'a utilisé le terme libertarisme pour décrire ses convictions et Rand a spécifiquement rejeté cette étiquette, critiquant le mouvement libertaire américain naissant en le qualifiant de « hippies de droite »[44]. Rand a accusé les libertariens de plagier des idées liées à sa propre philosophie de l'objectivisme et d'en attaquer pourtant vicieusement d'autres aspects[44].
Différentes personnalités ont aujourd'hui ce même rapport au libertarianisme, commeJimmy Wales, cofondateur deWikipédia, qui refuse l'étiquette de libertarien et se réclame objectiviste selon la conception d'Ayn Rand[45].
Une des spécificités de ce mouvement est de s'être développé en s'appuyant sur un réseau croissant et organisé dethink tanks, avec comme point de départ la création de laFoundation for Economic Education parLeonard Read, àNew York, en 1946.
Ensuite, selon les historiens Jenny Andersson et Niklas Olsen (2023),« dans les décennies suivantes, le libertarianisme s'est transformé en un mouvement clandestin de périodiques, d'organisations et de personnalités hautes en couleur, qui avaient peu d'influence apparente sur la société en tant que tels, mais se considéraient comme une minorité assiégée agissant comme une avant-garde des idées capitalistes radicales »[1]. Le mouvement s'est ensuite répandu dans le monde, en Europe et en Australie principalement via une constellation dethink-tanks coordonnés par le réseau Atlas (Atlas Network), créé en 1981 par le BritanniqueAntony Fisher, financièrement soutenu par des milliardaires américain comme les frères Koch et soutenu par laHeritage Foundation, l'Institute for Economic Affairs du Royaume-Uni et l'Institut Koch selon Gamble (2013)[46]. Le réseau Atlas revendique aujourd'hui 589 think tanks ou institutions partenaires dans 103 pays, et il fait partie des lobbies présents à Bruxelles, soutenant par exemple le Forum européen de la Liberté. Il promeut l'« alliance entre le libertarianisme économique (anti-régulation, anti-climat, anti-fiscalité) et l'ultraconservatisme sociétal (anti-avortement, anti-minorités, anti-migrants) ». Via l'ECIPE et d'autres think tanks, il influence le débat public et les politiques européennes, promouvant le libre-échange et s'opposant aux réglementations, en liens étroits avec diverses multinationales (selon l'Observatoire des multinationales)[47]. En 2023, le réseau Atlas Network revendiquait589think tanks et partenaires, dans 103 pays, avec un budget de28 millions de dollars[45].
Dans les années 1980, un schisme idéologique majeur a émergé entre leCato Institute et l'économiste Murray Rothbard, l'une des figures centrales du libertarianisme américain, accompagné deLew Rockwell etRon Paul. Opposé aux compromis stratégiques du Cato Institute et desfrères Koch, Rothbard critiquait leur approche jugée trop modérée et décida de se rapprocher d'une vision plus radicale du libertarianisme. Ce conflit donna naissance à la création de l'Institut Mises en 1982, à Auburn en Alabama, en hommage à l'économiste autrichien Ludwig von Mises[48].
L'Institut Mises, contrairement au Cato Institute, a adopté une ligne plus puriste, promouvant le libertarianisme radical, l'école autrichienne d'économie et une opposition stricte à l'intervention de l'État. Cette rivalité a permis au milieu libertarien de se diversifier et de toucher différents segments de la société[49],[50].« Mises Global » désigne l'essor et la prolifération des « Instituts Mises » dans de nombreux pays et régions depuis la première décennie du XXIe siècle[51],[52].
Parallèlement à l'essor de ces organisations plusanarcho-capitalistes que sont le « Mises Global », le courant libertarien a également vu émerger, surtout à partir des années 2000, un think tank se disant d'une approche plus égalitaire socialement et se disantanarchiste de marché[53] et voir mêmeagoristes[54], classés sous l'étiquette du « left-libertarianism » s'appelant leCenter for a Stateless Society (C4SS)[55],[56],[57], qui a été fondé en 2006, et inspiré par l'héritageanarchiste,mutualiste etindividualiste américain, le C4SS promovoit un marché libre etanticapitaliste[58],[59],[60],[61], mais pas uniquement dépourvu d'interventions économiques de l'État, mais aussi des privilèges corporatistes et des monopoles considéré comme contraires à l'égalitarisme et créés par les governements. Un autre groupe, comme l'Alliance of the Libertarian Left, adoptent une orientation semblable, qui combine les principes libertariens (respect des libertés individuelles, rejet de la coercition étatique) à une sensibilité de justice sociale, d'égalité économique, de défense des minorités, une critique radicale des hiérarchies et des pouvoirs[62],[63],[64],[65].
En France, l'un desthink tanks affiliés à l'Atlas Network devenus influents est l'Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), dédié selon l'observatoire des multinationales à une« droitisation des esprits »[47], particulièrement visible dans les médias français[66].
AuQuébec, le think tank affilié à l'Atlas Network est l'Institut économique de Montréal (IEDM), fondée en 1987 parPierre Lemieux, ce think tank fait la promotion du libéralisme économique et du libertarienne dans les politiques publiques. L'IEDM milite auprès de la population et des gouvernements pour une réduction du rôle de l'État, pour une déréglementation des marchés et pour une plus grande liberté individuelle[67],[68],[69],[70],[71],[72],[73].
Selon le libertarien norvégien Nordbakken, le « principe libertarien » a pu connaitre un « décollage » international, grâce notamment à un« soutien financier étonnant »[74],[1].
DansFor a New Liberty, Murray Rothbard défend en 1973 l'idée d'une société fondée sur la liberté individuelle, l'absence de l'État et la coopération volontaire, en critiquant les mécanismes coercitifs du gouvernement[75].
En 1974, le libertarianisme acquiert une certaine reconnaissance dans le monde universitaire, notamment après la publication deAnarchie, État et utopie, deRobert Nozick qui critiquait laThéorie de la justice deJohn Rawls[76].
Au début duXXe siècle, leparti libéral britannique, au pouvoir, pratique des politiques de plus en plusétatistes. L'évolution se poursuivit dans lesannées 1920, au cours desquelles l'économisteJohn Maynard Keynes redéfinit un nouveau libéralisme. Dans les années 1950, à la suite de larépression politique opérée par lemaccarthysme, les socialistes américains, dans la tradition de lasocial-démocratie, se sont massivement affirmés « liberals », reprenant la traditionkeynésienne[77].
David Nolan, fondateur duparti libertarien américain, encore minoritaire mais qui aurait 652 261 membres[réf. nécessaire], a crééun diagramme pour démontrer sa doctrine, diagramme largementcritiqué par les non-libertariens[réf. nécessaire] car ne montrant, selon eux, que les thèmes que défendent les libertariens (libéralisme économique et libertés individuelles au sens libéral), sans prendre en compte les idées défendues par les autres courants politiques.
Leparti libertarien américain est encore minoritaire mais en progression. Selon la commission électorale fédérale (FEC) le parti libertarien a obtenu 1,18% des voix, via 1 865 535 votes d'électeurs en 2020 (contre 1 275 971 en 2012)[78],[79].
Le libertarianisme de droite soutient l'idée que tout peuple, mais aussi toute personne a le droit de s'armer (y compris avec desarmes d'assaut)[80] et d'utiliser ses armes à feux (et autres) pour l'autodéfense, notamment pour ceux qui sont physiquement plus faibles[81].
Dans une interview accordée au magazineReason en 1975, le gouverneur de CalifornieRonald Reagan a fait appel aux libertariens lorsqu'il a déclaré : « croire que le cœur et l'âme mêmes du conservatisme sont le libertarianisme »[82]. Le républicain libertarienRon Paul a ainsi soutenu la Campagne présidentielle de Reagan en 1980, étant même l'un des premiers élus du pays à soutenir sa campagne[83] et a activement fait campagne pour Reagan en 1976 et 1980[84]. Cependant, Paul a rapidement été déçu par la politique de l'administration Reagan après l'élection de Reagan en 1980 et s'est rappelé plus tard avoir été le seul républicain à voter contre les propositions budgétaires de Reagan en 1981[85],[86]. Dans les années 1980, des libertaires tels que Paul et Rothbard[87],[88] ont critiqué le président Reagan,Reaganomics et les politiques de l'administration Reagan pour, entre autres raisons, avoir transformé l'important déficit commercial des États-Unis en dette et car les États-Unis étaient devenue une nation débitrice pour la première fois depuis la Première Guerre mondiale sous l'administration Reagan[89],[90]. Rothbard a soutenu que la présidence de Reagan a été « un désastre pour le libertarisme aux États-Unis »[91] et Paul a décrit Reagan lui-même comme « un échec dramatique »[84].
Aujourd'hui des milliardaires commeElon Musk, PDG deTesla etSpaceX[92] ouJeff Bezos, fondateur et PDG d'Amazon[93] sont proches des thèses du libertarianisme idéologiquement.
Le mouvement et l'idéologie du libertarianisme de droite s'est notamment installé dans les pays nordiques (en Suède, au Danemark, en Norvège [et dernièrement en Finlande][94] à partir des années 1980), selon« en réaction à héritage de l'état-providence, de la social-démocratie et du social-libéralisme, d'une manière qui souligne sa nature de contre-idéologie et de protestation »[1]. En particulier, en Norvège, l'idéologie libertaire est devenu influente, à partir de la création àBergen, par un groupe de jeunes étudiants de l'Ecole norvégienne d'économie et d'administration des affaires d'un groupe ditBergen Libertarian Society, par la revueIdeer om Frihet (« Idées sur la liberté » dont le 1er éditorial citant Friedman, Hayek, Ludwig von Mises, Murray Rothbard et Israël Kirzner, Nordbakken disait :« (…) il ne suffit pas que nous, individuellement, soyons convaincus que les principes libertariens sont corrects. L'idée doit être diffusée (…). ». Selon Sigmund Knag, l'un des initiateurs de la revue : « personne n'a le droit de me faire faire faire quelque chose que je n'ai pas choisi » ou « ce qui est à moi est à moi ». Plus tard, c'est le parti (Fremskrittspartiet (parti du progrès) qui émerge, militant contre la fiscalité et les dépenses publiques, mais aussi contre l'« immigration non occidentale », alors que (y compris dans ce parti), d'autres libertariens prônaient, eux, une large ouverture des frontières[95]. Ces derniers ont été expulsés du parti en 1994, et le libertarianisme est resté un élément clé de l'idéologie nationale-conservatrice du parti[95].
EnFrance, il existe depuis 1991 une association du nom d'ADEL (Association des étudiants libéraux, puis Association des libertariens), qui représente la tendance anarcho-capitaliste[96][source insuffisante].
Le a été constitué le premier mouvement politique français à vocation électorale se réclamant officiellement des thèses libertariennes : le Mouvement des libertariens. Il participe à sa première élection lors de l'élection législative partielle du dans la3e circonscription de Lot-et-Garonne où Stéphane Geyres (président du mouvement à cette époque) rassembla56 voix, soit 0,17 % des suffrages exprimés[97]. Ce mouvement est relancé en 2017 sous le nom « Parti libertarien »[98] ; en 2024, il revendique un millier d'adhérents[99] et présente un autre candidat, Nicolas Lemesle, auxélections législatives de 2024 dans les Hauts-de-Seine[100].
D'autres personnalités sont qualifiées de libertarien comme l'homme politiqueAlain Madelin[101] ouGaspard Koenig, auteur, fondateur du groupe de réflexion Génération Libre, est parfois qualifié par la presse de libertarien[102],[103], mais lui-même exprime ses différends avec les libertariens français, que ce soit sur le revenu universel[104], ou la place de l'État, Koenig étant pour son maintien[105].
Les différentes branches du libertarianisme reposent sur un socle commun de principes, bien que leur interprétation et leur mise en pratique puissent varier. Cette philosophie politique met au cœur de sa réflexion la primauté de la liberté individuelle, considérée comme un droit fondamental, et prône une organisation sociale fondée sur la responsabilité personnelle, le respect des droits de propriété et l'absence de coercition étatique. Malgré certaines divergences internes, ces courants libertariens partagent un ensemble de convictions essentielles, dont voici les principales[75],[107]:
Principe | Description |
---|---|
Liberté comme valeur fondamentale | Le libertarianisme considère laliberté comme une valeur essentielle dans lesrapports sociaux, les échanges économiques et lesystème politique. Issu dulibéralisme, il prône laliberté individuelle comme undroit naturel, fondé sur le respect desdroits de propriété et l’existence d’unmarché libre[107]. La liberté, selon cette philosophie, ne se limite pas à l’absence de contraintes externes, mais implique aussi le respect volontaire des autres et la reconnaissance de la souveraineté de l’individu sur lui-même. |
Axiome de non-agression | Le libertarianisme repose sur l’axiome de non-agression (ou principe de non-agression), qui interdit toutecoercition ouviolence initiée contre un individu ou sapropriété. Ce principe, fondamental dans l’éthique libertarienne, signifie que toute interaction entre individus doit être basée sur leconsentement[75]. Ainsi, les transactions économiques, les contrats sociaux et lesrelations interpersonnelles doivent être volontaires et non imposés par une autorité extérieure. L'État, en tant qu’entité monopolistique de lacoercition, est souvent perçu comme une violation de cet axiome. |
Propriété et économie de marché | Dans la vision libertarienne, lesdroits de propriété sont inséparables de laliberté individuelle. Chaque individu est considéré comme propriétaire de son corps, de son travail et des ressources qu’il acquiert légitimement[75] . Lemarché libre est vu comme le moyen le plus efficace et éthique d’allocation des ressources, où les interactions sont régies par le droit contractuel et lacoopération volontaire plutôt que par des régulations coercitives.Ce principe exclut toute forme de redistribution forcée ou d’interventionnisme étatique dans l’économie, car ces actions sont considérées comme des atteintes auxdroits naturels des individus. |
Opposition à l’étatisme | Le libertarianisme s’oppose à l’étatisme, vu comme unsystème politique fondé sur lacoercition, la taxation forcée et laréglementation imposée. Les libertariens estiment que l’État limite la liberté des individus en imposant des lois et des taxes non consenties[75]. Ils privilégient des alternatives basées sur lacoopération libre et volontaire, où les services traditionnellement assumés par l’État (justice, sécurité, éducation) pourraient être fournis par des entreprises privées, des associations ou des structures communautaires. |
Le libertarisme échappe à un positionnement politique classique de par ses thèses qui le situent à la fois àgauche au plan sociétal et deslibertés individuelles :liberté d'expression,liberté de circulation,liberté sexuelle, légalisation des stupéfiants[108]… Et àdroite au plan deslibertés économiques : respect de lapropriété privée,libre-échange, diminution drastique de lafiscalité voire l'abolition de ce dernière… Des théoriciens comme Robert Nozick, Milton Friedman et Murray Rothbard font partie des principaux auteurs nourrissant cette philosophie politique.
Tout bien est susceptible d'être prêté ou transmis par acquisition conventionnelle (vente,échange,troc oudonation), pour cause de décès (testament) ou parprescription acquisitive. L'extra-commercialité, lares communis, la collectivité et les restrictions dans l'intérêt public (telles la servitude publique, l'expropriation pour cause d'utilité publique, la nationalisation) ne sont pas reconnues. L'occupation originaire désigne toutbien sans maître, touteres nullius outerra nullius (y compris d'une ressource naturelle), qui n'a pas encore de propriétaire ou dont le propriétaire a fait déréliction, peuvent faire l'objet d'une acquisition originaire par simple prise de possession. Par conséquent, des biens-fonds dans l'usage commun par nature (régions impropres à la culture, eaux publiques) sont susceptibles d'occupation. La réparation, en cas de violation du droit de propriété, restitution du bien ou dédommagement (dommages-intérêts).
L’économie hétérodoxe désigne un ensemble de courants de pensée économiques qui s’opposent ou se distinguent des approches dominantes de l’économie orthodoxe, principalement lathéorie néoclassique etkeynésienne. Elle regroupe des écoles de pensée variées qui partagent une critique des modèles économiques standard et proposent des approches alternatives fondées sur des méthodologies pluridisciplinaires[109],[110].
L’économie hétérodoxe remet en question des concepts tels que l’homo economicusrationnel, l’équilibre général et l’uniformité des comportements économiques. Elle intègre des facteurs institutionnels, sociaux, historiques et environnementaux pour expliquer les dynamiques économiques[111].
L'école autrichienne d'économie trouve ses racines dans les écrits desscolastiques tardifs de l'Université de Salamanque au XVe siècle, considérés de nos jours par plusieurs auteurs contemporains comme étant des « proto-autrichiens », ils ont été très inspirés parThomas d'Aquin,Aristote, l'aristotélisme et lethomisme, ils ont identifié des lois économiques universelles, telles que l'offre et la demande, l'inflation et la valeur subjective[112],[113],[114],[115].
Le premier traité général d’économie, écrit avant mêmeLa richesse des nations (1776) de Smith. qui se nommeEssai sur la nature du commerce en général (1730), fut écrit parRichard Cantillon, un penseur irlandais émigré en France. Précurseur de l'école autrichienne et considéré de nos jours comme un proto-autrichien, Cantillon voyait le marché comme un processus entrepreneurial et expliquait la formation des prix par des expériences de pensée. Sa théorie monétaire, proche de celle des Autrichiens, affirmait que la monnaie entre dans l’économie de manière progressive, perturbant les prix au fil de son expansion. Cantillon a aussi inspiré lesPhysiocrates, parmi lesquels lemarquis de Mirabeau en possédait un manuscrit dès 1740. Cependant, c'estTurgot qui l'a probablement le plus exploité et développé à l'époque[113],[116],[117],[118],[119].
Carl Menger, fondateur de l'école autrichienne moderne, a réintroduit ces idées en 1871 dans son ouvragePrinciples of Economics, développant la théorie de l'utilité marginale et l'origine monétaire du marché libre[120],[113],[49].
Ses successeurs,Eugen Böhm-Bawerk etLudwig von Mises, ont approfondi l'analyse du capital, de l'intérêt et des cycles économiques. Mises, dansThe Theory of Money and Credit (1912), a montré que la monnaie suit les lois de l'offre et de la demande et a introduit le théorème de régression monétaire. Plus tard, Friedrich Hayek a développé la critique de l'interventionnisme étatique et défendu l'ordre spontanné du marché[121],[122],[123],[124],[125],[126],[127].
Un des ouvrages les plus emblématiques de l'école autrichienne estL'Action humaine deLudwig von Mises, publié en 1949. Ce livre pose les bases de lapraxéologie, une science de l'action humaine qui explique l'économie comme un ensemble d'interactions volontaires entre individus rationnels. Mises y défend une vision radicalement individualiste de l'économie, où chaque agent agit en fonction de ses propres motivations et connaissances subjectives. Il y critique notamment l'interventionnisme étatique et lespolitiques monétaires expansionnistes, affirmant que celles-ci déforment le système des prix et engendrent des cycles économiques artificiels[128],[129],[130],[131].
L'école autrichienne rejette l'intervention étatique dans l'économie, préférant un marché autorégulé par les prix. Elle critique les politiques monétaires expansionnistes, vues comme la cause des cycles économiques. Son influence se retrouve chez des penseurs modernes commeMurray Rothbard, qui a développé une approche libertarienne du marché[128],[132].
L'économie orthodoxe regroupe les courantsclassique etnéoclassique, qui constituent la base de l’analyse économique dominante. L’économie classique, développée parAdam Smith,David Ricardo etJohn Stuart Mill, repose sur la loi des débouchés, la théorie de la valeur travail et l’autorégulation des marchés. À la fin du XIXᵉ siècle, l’économie néoclassique, portée parWilliam Stanley Jevons etLéon Walras, remplace la valeur travail par la valeur subjective et formalise l’analyse économique avec des concepts comme l’utilité marginale, l’équilibre général et la rationalité des agents[133],[134],[135].
L’école classique est uneécole de pensée économique majeure. Elle regroupe deséconomistes duXVIIIe siècle et duXIXe siècle. Ce courant débute en 1776 avecLa richesse des nations d'Adam Smith dans le contexte de la révolution industrielle, cette école de pensée à pour but d'analyser le fonctionnement de l'économie et les lois universelles de cette dernière[136],[137],[138].
L'école de pensée libérale en économie défend la liberté économique et la primauté du marché sur l'intervention étatique. Elle trouve ses racines dans les travaux de nombreux penseurs européens, notamment en France et au Royaume-Uni, qui ont contribué à développer une théorie du libre-marché et du droit de propriété, y compris dans le libertarianisme[139],[140].
Au Royaume-Uni, en Écosse plus précisement, l'école libérale en économie est portée par des penseurs majeurs tels queAdam Smith,David Ricardo,David Hume,John Stuart Mill, et d'autres. Ces auteurs ont eu et continue d'avoir une grande influence sur le libertarianisme. Adam Smith, dansLa Richesse des nations (1776), crée les bases du libéralisme économique en développant la théorie de la main invisible, la théorie de la valeur du travail et de la division de ce dernier. David Ricardo approfondit ces concepts en introduisant la théorie des avantages comparatifs, qui justifie le libre-échange international[141],[142],[143],[144],[145].
La traditionlibérale française en économie[146], inspiration pour plusieurs libertariens, dont ses fondateurs sontDestutt de Tracy etJean-Baptiste Say[147], est illustrée aussi, en partie, par les travaux deFrédéric Bastiat etGustave de Molinari qui ont défendu une vision du marché fondée sur la liberté individuelle et la dénonciation de l'interventionnisme étatique. Bastiat, notamment dans ses écrits où il critique les conséquences cachées des politiques publiques et met en avant le rôle de la responsabilité individuelle dans l'organisation économique. De Molinari, dans ses livres, il pousse la logique du libéralisme à sa pure conclusion jusqu'à la défense d'un marché complètement privé (nommé de nos joursanarcho-capitalisme), y compris pour la production de la sécurité, de la protection et de la justice[148],[149],[150],[151],[152],[153],[154],[155],[156],[157].
L’économie néoclassique est un courant dominant en science économique qui analyse les comportements économiques à travers la maximisation de l’utilité et du profit, ainsi que l’équilibre des marchés. Elle repose sur la théorie del’offre et de la demande et l’usage demodèles mathématiques pour expliquer les interactions économiques. Développée à la fin duXIXᵉ siècle parWilliam Jevons etLéon Walras, elle est approfondie parAlfred Marshall etPaul Samuelson, qui la formalisent davantage[158],[159].
L'école de pensée monétariste, principalement associée àMilton Friedman, figure du libertarianisme et dunéolibéralisme, met en avant le rôle central de la monnaie dans l'économie et soutient que les variations de la masse monétaire influencent directement le niveau des prix et, à court terme, l'activité économique. S'opposant auxthéories keynésiennes et à une intervention gouvernementale excessive, les monétaristes considèrent que les politiques budgétaires expansionnistes engendrent une inflation durable sans bénéfice réel sur la croissance ou l'emploi. Ils préconisent une politique monétaire stable et prévisible, fondée sur une règle de croissance régulière de la masse monétaire, afin de minimiser les fluctuations économiques. Les économistes monétariste ont notamment critiqués lacourbe de Phillips et introduit le concept de taux de chômage naturel, affirmant que toute tentative de réduction du chômage par une augmentation de la masse monétaire ne ferait qu'aggraver l'inflation à long terme. Ces idées ont influencé les politiques économiques des années 1970 et 1980, notamment sousRichard Nixon,Ronald Reagan,Margaret Thatcher etAugusto Pinochet, avec un accent mis sur la lutte contre l'inflation et la limitation du rôle de l'État. Toutefois, la pertinence des principes monétaristes a été remise en question après la crise de 2008, certains économistes soulignant que la stabilité monétaire ne suffit pas à prévenir les crises financières et que d'autres outils d'intervention peuvent être nécessaires pour assurer une croissance équilibrée[161],[162],[163],[164],[165],[166],[167],[168].
Pour les libertariens, l'État détient la fonction régalienne de justice et de protection des individus contre les crimes et délits. UnÉtat minimal doit avoir pour fonction d'assurer la sécurité de ses ressortissants. C'est la théorie défendue parNozick etRand[169]. Le libertarianisme repose sur l'idée que chaque être humain possède deslibertés et droits fondamentaux. Le libertarianisme veut limiter les obligations sociales imposées par lepolitique au profit du libre choix de chaque individu. Lalibre circulation de soi, d'aller et venir est autorisée au même titre que lalibre disposition de soi, tant que cela est consenti. Toute personne est pleinement propriétaire d'elle-même. L'avortement, l'euthanasie, laprostitution, laprocréation médicalement assistée et lagestation pour autrui est autorisée tant que cela est clairement consenti.
La liberté de circulation et le cosmopolitisme (et donc d'ouverture des frontières) sont deux des nombreux « concepts » de l'idéologie libertarienne ; ce sont selon Anderson[1] et Michael Freeden[170],[171], cependant des concept plutôt périphérique de l'idéologie libertarienne ; ils permettent de lui donner du sens, mais« il est logique qu'il puisse ainsi être sacrifié afin de résoudre des contradictions intrinsèques (Cooper) ou de s'adapter au dogme mis à jour concernant l'universalisme (Slobodian) »[172].
Le libertarianisme repose sur l'émancipation qui s'oppose à l'assujettissement, d'où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chaque individu de jouir d'un maximum de liberté. Pour les libertariens, la dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » est artificielle ; elle permet de définir plus précisément ce qu'est la liberté appliquée à des domaines différents[173]. Au sens large, le libertarianisme prône une société fondée sur laliberté d'expression desindividus dans le respect dudroit et de lajustice, dupluralisme et dulibre-échange des idées. La satisfaction et l'expression libre de l'intérêt de chacun permettent une société qui valorise les meilleures adaptations. Elle doit joindre, d'une part, dans le domaine économique, l'initiative privée, la libreconcurrence et son corollaire l'économie de marché, et d'autre part, dans le domaine politique, des pouvoirs institutionnels minimalistes et descontre-pouvoirsdémocratiques égaux. Elle valorise ainsi lemérite comme fondement de la hiérarchie. Tout cela s'articule avec unÉtat de droit où sont respectées lesminorités jusqu'à la plus petite, l'État n'étant que le garant de cette liberté et de ce respect et devant rendre des comptes de son action. Ainsi, cela implique le respect dupluralisme et une adaptation aux évolutions sociétales[174].
Enfin, quelques penseurs libertariens reconnaissent à l'État de nombreuses fonctions telles que laprotection de l'environnement, la construction desréseaux de communication,l'enseignement. En effet, ils considèrent que la fourniture de ces biens et services collectifs ne pourrait pas être créée qualitativement sur le marché sans la puissance publique. Dans cette famille, assez proche dulibéralisme classique, on trouve notammentHayek,Buchanan etMilton Friedman[169].
Selon Rowland Atkinson et Liam O'Farrell, la pensée libertarienne a aussi suscité des formes urbaines et architecturales émergentes particulières (qu'ils désignent par le terme « libertecture »), supposées mettre en avant les principes de liberté individuelle et marchande sans entrave, mais paradoxalement parfois enfermantes : ce sont des bâtiments, quartiers et infrastructures qui, selon ces auteurs,« réfractent et amplifient les idées qui divisent dans les espaces sociaux et la pensée des résidents et des citoyens. Alors que l'urbanisme néolibéral était considéré comme sapant les villes socialement justes, les idées libertariennes amplifiées par les nouveaux environnements bâtis peuvent présager des conditions urbaines plus atomisées, inégales et insoutenables, empêchant potentiellement l'identification d'alternatives plus justes et de formes démocratiques », associés à des modes de gouvernance urbaine de plus en plus privés notamment développés aux États-Unis avec les gated communities sources d'une nouvelle ségrégation sociale par exemple en Californie du sud[175] (l'avocat et chercheur en sciences politiques Evan McKenzie, en 2011, crée le concept deprivatopia)[176]. Sept formes urbaines sont décrites : lesvilles privées, quartiers ouRésidence fermée, certains « espaces portails » (ex. : aéroports/héliports privés ou autres bâtiment/infrastructure facilitant le transport rapide entre certains lieux), les enclaves fiscales (où l'on échappe à l'impôt), les enclaves pionnières (incluant des colonies flottantes[177] ou spatiales, envisagées comme des sociétés autonomes sans contrôle étatique), les espaces infinis (incluant des architectures numériques virtuelles, allant des comptes bancairesoffshore aux éléments émergents dumétaverse) et les « nécrotectures » (villes mortes,« quartiers zombies »ou espaces résidentiels sous-utilisés ou vides, souvent issus de laspéculation foncière ou d'autres investissements spéculatifs).
Il existe au sein de la mouvance libertarienne plusieurs tendances. Tous s'accordent sur le principe fondamental de souveraineté individuelle et de refus plus ou moins poussé de l'État régalien et de ses réglementations.
Leminarchisme est une doctrine politique et économique issue du libertarianisme et dulibéralisme classique, qui prône une intervention minimale de l’État dans la société et l’économie. Défendu par des penseurs tels queRobert Nozick etLudwig von Mises, cette variante du libéralisme veut réduire l'État à ses fonctions régaliennes fondamentales, principalement destinées à protéger les libertés individuelles. Ces fonctions comprennent notamment la protection des citoyens contre les agressions internes, assurée par la police, la garantie du respect des contrats et de l'ordre juridique, assurée par un système judiciaire impartial, ainsi que la défense du territoire national face aux menaces extérieures, assurée par une armée restreinte à la stricte défense du pays. Toute autre forme d’intervention étatique dans les domaines économiques, sociaux ou culturels est perçue par les minarchistes comme une violation directe des libertés individuelles et une entrave injustifiée à l'autorégulation spontanée du libre marché.
Ainsi, le minarchisme repose sur l'idée que la liberté individuelle maximale constitue la condition essentielle à l’épanouissement personnel et à la prospérité économique. Les adeptes de cette doctrine considèrent que les individus, laissés libres de coopérer volontairement selon leurs intérêts respectifs, sont mieux à même de résoudre efficacement les problèmes auxquels ils font face, sans l’intervention coercitive ou paternaliste d'un État centralisé. Le marché, vu comme un mécanisme naturel et auto-régulateur, est ainsi privilégié comme la meilleure réponse à la majorité des défis économiques et sociaux, limitant la place de l'État à un simple garant des conditions nécessaires au bon fonctionnement des interactions individuelles et économiques. En cela, le minarchisme se distingue nettement de l’anarcho-capitalisme, qui rejette toute forme d'État, même minimal, et considère que le marché peut assumer intégralement l’ensemble des fonctions traditionnellement attribuées à l'État. Le terme « minarchisme » a été créé par l'agoristeSamuel Edward Konkin III dans le but de rire d'un point de vu péjoratif du positionnement politique des minarchistes[178],[179],[180],[181],[182].
Legéolibertarianisme, issu de la philosophiegeorgiste[183] d'Henry George, prône l'instauration d'un impôt unique basé exclusivement sur la valeur de la terre. Selon cette doctrine, la rente foncière constitue une richesse générée non par l'effort individuel du propriétaire, mais par la communauté dans son ensemble, via les infrastructures publiques, la localisation géographique avantageuse ou encore le dynamisme économique local. De ce fait, les géolibertariens considèrent que cette rente doit être captée au profit de la collectivité pour financer des services publics essentiels tels que l'éducation, la santé, les infrastructures et la sécurité.
Cette approche vise à concilier justice économique et libertés individuelles en réduisant, voire éliminant, les formes traditionnelles de taxation jugées arbitraires, inefficaces ou nuisibles à l'activité productive et à l'initiative privée. En redistribuant les revenus fonciers sous forme d'un revenu universel aux individus non-propriétaires, le géolibertarianisme entend compenser les injustices économiques induites par la concentration de la propriété foncière sans remettre en question le droit à la propriété privée des biens issus de l'effort personnel, favorisant ainsi une société plus juste et incitant à l'innovation individuelle[184],[185],[186].
Bien que la liberté de choix individuel prime théoriquement sur tout, et que les individus seraient toujours les meilleurs juges de ce qui est dans leur intérêt, certains libertariens estiment toutefois que l'éducation obligatoire peut être nécessaire, voire bénéfique. Cette obligation éducative, placée sous l'autorité des parents ou d'autres institutions, serait ainsi vue comme un moyen d'assurer que chaque individu dispose des connaissances essentielles pour exercer pleinement et librement ses choix futurs. De plus, ces libertariens reconnaissent également qu'il existe des situations où des institutions privées ou publiques peuvent légitimement influencer les choix des individus, familles ou groupes, afin de favoriser leur propre bien-être, en orientant subtilement leurs décisions vers des options jugées préférables ou plus éclairées[187].
Ce positionnement rapproche ainsi certains libertariens d'une forme depaternalisme, tel que conceptualisé par Cass Sunstein (juriste) et Richard Thaler (économiste behavioriste). Selon ces auteurs, ce paternalisme « doux » ou « libertarien » a pour objectif explicite d'éviter les effets indésirables résultant de choix individuels insuffisamment éclairés, qui pourraient être aléatoires, arbitraires ou même nuisibles. Ce paternalisme, affirment-ils, doit être« susceptible de promouvoir le bien-être des gens, convenablement défini », tout en affirmant préserver leur autonomie décisionnelle. L'individu demeure donc, en dernière instance, libre de faire son propre choix, même lorsque son environnement décisionnel est structuré de manière à orienter naturellement ses préférences vers des décisions bénéfiques[187],[188].
Lelibertarisme de gauche est une philosophie politique visant à concilier la liberté individuelle avec une répartition équitable desressources naturelles[189]. À l'inverse du libertarisme traditionnel, qui défend une conception absolue et exclusive de la propriété privée, le libertarisme de gauche considère les ressources naturelles comme un patrimoine commun devant être distribué de manière juste et équitable. Cette vision rejette donc l'accaparement des ressources par une minorité privilégiée, favorisant au contraire une gestion démocratique et collective des richesses naturelles afin de garantir à tous un accès égalitaire à ces ressources essentielles.
Par ailleurs, le libertarisme de gauche adopte une posture radicalement pacifiste, rejetant explicitement la guerre, lemilitarisme et lenationalisme. Il perçoit ces phénomènes comme des instruments oppressifs, générateurs de domination et de privation des libertés individuelles. Prônant la non-agression, cette philosophie politique met en avant la coopération et la solidarité entre individus, recherchant activement des modalités de coexistence harmonieuses fondées sur le partage équitable et l'entraide. Ainsi, elle ambitionne de réduire significativement les inégalités économiques et les déséquilibres de pouvoir, tout en préservant les libertés fondamentales et en favorisant l'intérêt collectif et la justice sociale[190].
Le libertarianisme nationaliste constitue une tendance particulière au sein du libertarianisme de droite qui allie une forte défense des libertés individuelles à un nationalisme clairement affirmé, ainsi qu'à la préservation de l'identité ethnique nationale dominante et des valeurs culturelles et traditionnelles[191]. Ce courant considère que la souveraineté nationale, incarnée par un État minimal (minarchiste), et une forte cohésion culturelle sont essentielles au maintien de la liberté individuelle. Les adeptes du libertarianisme nationaliste soutiennent notamment la sécession territoriale comme moyen de garantir l'émancipation des groupes ethniques majoritaires. Ils expriment également une forte opposition au mondialisme et à l'immigration de masse, perçus comme des vecteurs d'expansion de l'État et de contraintes liberticides. Selon les analyses deJeff Deist etRyan McMaken, le multiculturalisme imposé constituerait ainsi un danger majeur, servant souvent de prétexte à une intervention étatique croissante sous couvert de diversité et d'intégration[192],[193].
Ce mouvement est représenté politiquement par des organisations telles que le Libertarian Party of New Hampshire aux États-Unis, connu pour ses positions très controversées sur l’immigration et son opposition à ce qu'il perçoit comme une diversité imposée[194]. Un autre exemple notable est celui du parti israélienZehout, fondé parMoshe Feiglin, qui combine explicitement un programme libertarien économique à un nationalisme sioniste radical[195]. Cependant, le Libertarian Party of New Hampshire a été particulièrement critiqué en raison de ses déclarations radicales et de ses stratégies provocatrices sur la liberté d'expression, certaines interventions ayant été jugées racistes ou antisémite[196]. Ainsi, bien que le libertarianisme nationaliste gagne en visibilité, il demeure sujet à controverse au sein du libertarianisme global, certains y voyant une contradiction fondamentale avec les principes universels de défense des droits individuels et une négation du multiculturalisme au profit d'une homogénéité culturelle et nationale rigide[197],[198],[199],[195],[196],[200],[201],[202],[203],[204],[205],[206],[207],[208],[209],[210],[211].
L’anarcho-capitalisme, dontGustave de Molinari (considéré comme le premier anarcho-capitaliste) ainsi queMurray Rothbard etDavid Friedman sont des figures emblématiques, remet en question l’existence même de l’État. Ce courant de pensée, profondément influencé par le libéralisme et l'anarchisme, considère que toute forme d’autorité étatique est non seulement inutile, mais également nuisible. Selon les anarcho-capitalistes, l’État, par ses interventions coercitives, représente une menace permanente pour les libertés individuelles et constitue le principal obstacle au progrès social, économique et moral. Dès lors, ils plaident pour une société fondée exclusivement sur le libre-échange, la concurrence ouverte et le volontarisme entre les individus, affirmant que seule une organisation de la société sans État peut véritablement garantir une harmonie durable et une prospérité authentique.
Au cœur de cette philosophie réside un attachement inconditionnel aux droits naturels fondamentaux. Parmi ces droits essentiels figurent le droit absolu de chacun à disposer librement de son corps, ce que les anarcho-capitalistes appellent la « propriété de soi-même », ainsi que de ses biens personnels. En outre, l’anarcho-capitalisme affirme une vision radicale de la propriété privée, considérée comme inviolable, sacrée et inaliénable, protégée contre toute forme d’agression extérieure ou d’ingérence autoritaire[212],[213],[214],[215],[216],[217],[218],[219]. Pour les défenseurs de ce courant, une telle organisation, fondée sur la reconnaissance absolue de la propriété privée, offrirait non seulement une meilleure garantie de paix sociale, mais aussi les conditions optimales pour l’épanouissement individuel et communautaire.
L’anarchisme de marché est une philosophie politique et économique anarchiste qui prône un marché véritablement libre et complètement dérèglementé, fondé exclusivement sur des échanges volontaires, mutuellement bénéfiques et éthiques entre individus. Cette approche s’oppose catégoriquement au capitalisme, dénonçant particulièrement l’intervention étatique sous toutes ses formes, telles que l'étatisme, ainsi que les monopoles privés ou publics, notamment ceux issus ducorporatisme ou descorporations. L'anarchisme de marché rejette également les privilèges économiques et sociaux imposés artificiellement par une autorité centrale ou par des formes de propriété privée non inclusives et coercitives, qui tendent à fausser la libre concurrence et à créer des déséquilibres au sein des relations commerciales et sociales.
Inspiré par des penseurs tels queBenjamin Tucker,Lysander Spooner,Josiah Warren,Roderick Long etKevin Carson, l’anarchisme de marché propose une organisation économique où aucun acteur ne profite de conditions préférentielles ou d'avantages injustement garantis par une structure dominante, notamment l'État. Bien qu'il soit parfois rapproché de l’« anarcho-capitalisme », il se positionne généralement plus à gauche, en mettant particulièrement l'accent sur l'égalité effective des conditions d’échange, l’autonomie individuelle et l’importance fondamentale de la coopération, du partage et de l'entraide entre tous les individus[58],[62],[54],[53],[220],[221],[222],[223],[224],[225].
L'agorisme, défini parSamuel Edward Konkin III, est une philosophie libertarienne qui encourage l'« action directe » sur le marché, en développant des échanges volontaires hors de la sphère étatique. Cette approche valorise particulièrement la contre-économie, c'est-à-dire l'ensemble des activités pacifiques mais non conformes ou illégales, réalisées sur le marchégris ounoir. Ces marchés clandestins deviennent ainsi des moyens concrets de résister au pouvoir politique, de limiter progressivement l'influence et la portée de l'État ainsi que des institutions coercitives.
En favorisant l'expansion des échanges informels et incontrôlés par les gouvernements, l'agorisme vise à transformer graduellement la société vers un ordre entièrement basé sur des relations libres et mutuellement bénéfiques. Dans ce paradigme, les individus s'appuient de plus en plus sur des méthodes d'achat et de vente inaccessibles aux gouvernements, empêchant ainsi ces derniers de prélever des taxes nécessaires à leur fonctionnement. À terme, cette dynamique de marchés souterrains conduirait à un affaiblissement tel de l'État qu'elle mènerait à son abolition complète[226],[227]. L'agorisme ainsi que les idées développées par Konkin sont généralement rattachés à l'aile gauche au sein de la pensée rothbardienne[228],[229],[230],[231],[232].
Levolontarisme est une philosophie politique qui repose sur le principe du consentement volontaire comme fondement essentiel des interactions humaines. Il rejette fermement toute forme decoercition, qu'elle soit issue de l'État ou provenant dusecteur privé, et affirme que toutes les relations sociales, économiques et politiques doivent impérativement être fondées sur l'accord mutuel et volontaire des individus concernés. Ce courant philosophique, inspiré de l'anarcho-capitalisme, défend avec force la souveraineté individuelle, lelibre-échange et lapropriété privée. Il prône ainsi l'abolition de l'État en tant qu'institution coercitive mais accepte aussi l'instauration d'un État non coercitif et entièrement volontaire pour remplacer les institutions coercitives qui existent actuellement.
Le volontarisme s'oppose vigoureusement à toute domination par la force d'un homme sur un autre, et par conséquent à toute forme de fiscalité imposée qui prive l'homme de son droit de propriété. La domination par les lois de marché, qu'il appelle la force indirecte, est par inacceptable. Seule une fiscalité volontaire est admissible. Le vote à la majorité qu'il perçoit comme une émanation socialiste porte le risque fondamental d'instaurer un État providence[233]. Parmi les principaux penseurs ayant largement influencé cette idéologie, figure notammentAuberon Herbert, considéré comme une référence incontournable du volontarisme[233],[234],[235],[236],[237].
Lepaléo-libertarianisme est un courant politique qui combine une approche anarcho-capitaliste tant sur le plan économique que politique, tout en adoptant une vision socialement conservatrice. Ce courant critique fortement les tendances progressistes et modernistes présentes au sein du libertarianisme classique. Il prône une économie de marché totalement libre et défend un rejet absolu de l'État et de son intervention dans la société. Le paléo-libertarianisme partage ainsi de nombreux points communs avec lelibertarianisme conservateur et lepaléo-conservatisme, et est parfois qualifié de« libertarianisme de droite »[239].
Aux États-Unis, certains libertariens-conservateurs préfèrent s'engager politiquement au sein duParti républicain plutôt que duParti libertarien, notamment en raison de leurs positions sur les questions sociales et culturelles. Parmi les principaux représentants de ce courant, on peut citerHans-Hermann Hoppe, dont la pensée a donné lieu à la variante dite « hoppéenne »,Lew Rockwell, initiateur du rockwellisme, ainsi queMurray Rothbard dans la période tardive de son œuvre. Ces auteurs incarnent une orientation conservatrice du libertarianisme, mettant en avant les valeurs traditionnelles et une vision radicalement anti-étatique[240],[241],[242].
Lelibertarianisme chrétien (en) se distingue parfois duchristianisme libertarien (en) par sa manière de concilier l’autorité religieuse et la souveraineté de l’individu. Certains auteurs soutiennent que le libertarianisme chrétien met davantage l’accent sur l’interprétation littérale des Écritures pour défendre la propriété privée et la liberté économique, tandis que le « christianisme libertarien » insiste plus sur le message social du christianisme[243],[244],[245],[246],[247].
Lelibertarianisme islamique (en) s’apparente à une application des principes libertariens dans un contexte musulman. Certains auteurs, comme Mustafa Akyol, avancent que l’islam n’est pas incompatible avec la liberté de marché et la responsabilité individuelle, et qu’il existerait une longue tradition de réflexion sur la liberté dans la pensée islamique[248],[249].
Leféminisme libertarien est illustré par des figures commeWendy McElroy[250],[251],[252],[253],[254] etSuzanne La Follette[255]. Il prône l’autonomie individuelle et la liberté de choix comme fondements de l’égalité hommes-femmes, considérant que les droits de propriété et la liberté d’échange peuvent servir l’émancipation des femmes[256],[257],[258],[259].
Lelibertarisme vert (en) postule qu’un libre marché, encadré par la responsabilité individuelle et la propriété privée, peut aboutir à des résultats bénéfiques pour l’environnement. Les partisans de ce courant s’appuient notamment sur la théorie du « free-market environmentalism », selon laquelle le jeu des incitations économiques dans un régime de droits de propriété clairement définis favoriserait la préservation des ressources naturelles[260].
Il y a eu au cours de l'histoire quelques projets de mise en pratique des principes libertariens pour organiser une cité.
Par exemple, le « Free State Project », lancé en 2001 par l'universitaire Jason Sorens. Ce projet encourage les libertariens à s'installer en grand nombre dans l'État duNew Hampshire, aux États-Unis. L'objectif est de former une masse critique de résidents partageant les mêmes valeurs, afin d'influencer les politiques locales dans un sens plus conforme aux idéaux libertariens, notamment en matière de fiscalité, de réglementation, de justice, de libertés individuelles et de déclarer, dans un futur proche, sonindépendance dans le but de devenir un pays souverain. Les participants s'appuient sur le contexte politique décentralisé du New Hampshire pour tenter de construire, au fil du temps, une société plus libre et moins interventionniste[261],[262],[263].
Nous pouvons aussi nommer des projets comme « La République de Minerve » voulant créer une micro-nation anti-interventionniste dans l'océan pacifique au sein desîles Tonga[264] et le « Liberland » établie sur une bande de terre non revendiquée d'environ 7 km² située entre laCroatie et laSerbie, sur la rive occidentale duDanube. Fondée le 13 avril 2015 par le TchèqueVít Jedlička[265],[266],[267],[268].
Glenn Beck a créé le projet « Independence » visant à réaliser une ville autonome fonctionnant selon les principes libertariens[264]. Au même moment, le projet « The Citadel » voit le jour et vise à construire une citadelle libertarienne dans les montagnes de l'Idaho[264].
Créé à l'initiative dePatri Friedman, petit-fils de l'économiste américainMilton Friedman, l'institutSeasteading ambitionne de créer des îles artificielles dans les eaux internationales pour y vivre selon les principes libertariens. L'institut est notamment financé parPeter Thiel, fondateur dePayPal[269].
Certains penseurs libertariens ou chercheurs s'intéressant aux sociétés sans État citent parfois l'Irlande médiévale (système de la loi brehone) comme un exemple historique de structure décentralisée et en grande partie fondée sur des règles coutumières plutôt que sur un pouvoir centralisé. Dans l'Irlande pré-normande, les conflits étaient régulés par des juges itinérants (les « brehons »), tandis que l'autorité se divisait entre de nombreux clans et royaumes locaux, ce qui offre, selon certains auteurs, des similarités avec des principes libertariens (responsabilisation individuelle, accords privés, recours limités à un pouvoir central)[270],[271],[272].
De même, la période de la communauté libre (930-1262) en Islande médiévale est souvent mise en avant par certains économistes et historiens libertariens. Durant cette époque, l'Islande possédait unAlthing (assemblée législative et judiciaire) qui prenait des décisions collectives, mais sans véritable autorité exécutive centralisée ; l'application des lois et le règlement des différends reposaient largement sur les individus et les chefs de clan. Cette forme de gouvernance est parfois présentée comme un exemple précoce de « société de droit privé », malgré ses limites et les conflits qui ont pu survenir[273].
Certains auteurs libertariens ou anarcho-capitalistes citent souvent laSomalie de l'après-1991 comme un exemple de société ayant fonctionné avec un État central très affaibli, voire quasiment inexistant. Après l'effondrement du gouvernement central somalien, les structures locales, notamment claniques, ont pris une importance accrue. La loi xeer, un système de droit coutumier géré par les anciens, aurait partiellement encadré les échanges et les conflits. Selon ces auteurs, la Somalie illustre la possibilité d'une relative organisation sans autorité étatique forte, allant même jusqu'à dire que la Somalie s'en sort mieux sans État qu'avec un tel système. Toutefois, cette interprétation est controversée : de nombreux spécialistes soulignent que les luttes entre factions armées, l'absence de stabilité politique et la faiblesse de l'infrastructure économique ont grandement entravé la sécurité et le développement du pays[274],[275],[276],[277].
Le libertarianisme a une existencepolitique dans plusieurs pays, en particulier ceux de tradition anglo-saxonne, où ses idées ont trouvé un terreau favorable. L’influence du libertarianisme varie selon les contextes politiques et culturels, son impact étant souvent plus marqué dans les débats économiques que dans les choix électoraux et est souvent représentés par des groupes de réflexion et des partis prônant la libre entreprise et la réduction des taxes :
Pays | Parti(s) libertarien(s) | Année de création | Source |
---|---|---|---|
![]() | Parti libertarien,Parti républicain (faction) | 1971 | [278] |
![]() | Parti libertarien du Canada | 1973 | [279] |
![]() | Libertarianz,ACT New Zealand | 1994 | [280] |
![]() | Libertarian Party of the UK | 2007 | [281] |
![]() | Union de la politique réelle (UPR) | 1990 | [282] |
![]() | Movimiento Libertario | 1994 | [283] |
![]() | Parti libertarien des Pays-Bas (nl) | 1993 | [284] |
![]() | Parti libéral classique | 2004 | [285] |
![]() | Parti libertarien de Genève | 2014 | [286] |
![]() | Parti libertarien d'Australie | — | [287] |
![]() | Partei der Vernunft | 2009 | [288] |
![]() | Parti libertarien de Russie | 2008 | [289] |
![]() | Parti libertarien | 2019 | [290] |
PourPhilippe Van Parijs, l'argumentation libertarienne poussée à ses limites conduit à adopter une position « réal-libertarienne »,interventionniste (voir aussiGerald Cohen, du courant dumarxisme analytique et qui défend une position libertarienne de gauche), qui remplace la liberté formelle des auteurs libertariens classiques par le principe d'une liberté réelle maximale pour tous. Une des critiques fréquentes accuse le libertarianisme d'être une liberté faussée en particulier par l'argent, ce qui conduit lesminarchistes à défendre le concept d'uneallocation universelle et à autoriser les interférences de l'État dans des cas exceptionnels (par exemple lorsque des actes rationnellement motivés au niveau individuel conduisent à des irrationalités collectives, limitant la liberté réelle de chacun : l'État pourrait ainsi interdire, par exemple, aux agriculteurs d'utiliser des engrais dont le rejet dans la mer, par la prolifération d'algues, restreindrait la liberté des pêcheurs)[291].
Néanmoins, au sein même du mouvement libertarien américain, des voix se sont élevées pour dénoncer l'influence jugée excessive des frères Koch. Ainsi, Lew Rockwell, ancien collaborateur de Murray Rothbard, s'est montré critique à l'égard de cette déviation des principes libertariens au profit d'intérêts privés, disant même que les Kochs ont tentés de détruire l'Institut Mises en incitant à le boycotter, plus tard, à la suite du schisme entre Rothbard et le Cato Institute[292]. Rockwell, citant le livreRadicals For Capitalism par Brian Doherty[293], a dénoncé la tentative de Charles Koch d'avoir voulu supprimer le nom de Rothbard de la sphère publique[294]. De son côté, Samuel Edward Konkin III a popularisé le terme « Kochtopus » pour illustrer le réseau tentaculaire d'institutions financées par les Koch, accusé d'étouffer la pluralité et la radicalité originelles du mouvement[228]. Au-delà des cercles libertariens, la journaliste Jane Mayer présente l'influence de la famille Koch en politique à travers les années, comme leur corporatisme, leur implication et leur présence dans l'exploitation pétroliaire durant les années 30 et 40 en Union Soviètique et en Allemagne nazi, ainsi que d'autres exemples d'oligarchie dénaturant les idéaux de liberté individuelle[295],[296].
DansLe Capitalisme de l’apocalypse (2025), l’historienQuinn Slobodian analyse l’émergence d’un « libertarianisme transnational » dont l’objectif serait de créer des enclaves économiques ou juridictionnelles échappant aux contraintes légales et politiques des États-nations. Selon Slobodian, cette quête d’une liberté économique sans limites s’appuie sur l’idée que la compétitivité et l’innovation seraient freinées par la réglementation et la démocratie représentative. Il souligne cependant que, pour atteindre cet « idéal », les libertariens s’allient fréquemment à des acteurs économiques majeurs (entreprises multinationales, hedge funds, etc.) dont la puissance financière garantit la création de « zones franches » et de « micro-États »[297].
Les libertariens rejettent cette critique en s'appuyant sur les importants fonds privés desassociations caritatives qui financent des œuvres de bienfaisance comme l'éducation et la santé des démunis partout dans le monde, avec comme exemples courants leFonds mondial pour la nature, laFondation Rockefeller ou lafondation Bill-et-Melinda-Gates. Les libertariens estiment que le bénévolat privé est réduit d'autant plus qu'augmente laredistribution publique, et réciproquement[298]. Pour le linguisteNoam Chomsky, « la version américaine du “libertarisme” est une aberration – personne ne la prend vraiment au sérieux. Tout le monde sait qu'une société qui fonctionnerait selon les principes libertariens américains s'autodétruirait en quelques secondes. La seule raison pour laquelle certains font mine de la prendre au sérieux, c'est qu'ils peuvent s'en servir comme d'une arme. […] C'est une aberration exclusivement américaine qui n'a rien de très sérieux »[299].
En 2025,France Info révèle que l'Élysée a mandaté des sociétés privées pour surveiller des influenceurs libertariens en France car l'Élysée craint que cette idéologie ne se répande dans des cercles plus étendus d'intellectuels[300].
.« [F]or the very nature of the libertarian attitude—its rejection of dogma, its deliberate avoidance of rigidly systematic theory, and, above all, its stress on extreme freedom of choice and on the primacy of the individual judgement [sic]. »
« Depuis le 10 décembre, l'Argentine a pour président Javier Milei. Après sa victoire, il a déclaré être « le premier président libertarien de l'histoire. »
« The word 'libertarian' has long been associated with anarchism, and has been used repeatedly throughout this work. The term originally denoted a person who upheld the doctrine of the freedom of the will; in this sense, Godwin was not a 'libertarian', but a 'necessitarian'. It came however to be applied to anyone who approved of liberty in general. In anarchist circles, it was first used by Joseph Déjacque as the title of his anarchist journalLe Libertaire, Journal du Mouvement Social published in New York in 1858. At the end of the last century, the anarchist Sebastien Faure took up the word, to stress the difference between anarchists and authoritarian socialists. »
« One gratifying aspect of our rise to some prominence is that, for the first time in my memory, we, 'our side,' had captured a crucial word from the enemy. 'Libertarians' had long been simply a polite word for left-wing anarchists, that is for anti-private property anarchists, either of the communist or syndicalist variety. But now we had taken it over. »
« For a century, anarchists have used the word 'libertarian' as a synonym for 'anarchist', both as a noun and an adjective. The celebrated anarchist journalLe Libertaire was founded in 1896. However, much more recently the word has been appropriated by various American free-market philosophers. »
« One gratifying aspect of our rise to some prominence is that, for the first time in my memory, we, ‘our side,' had captured a crucial word from the enemy . . . ‘Libertarians’ . . . had long been simply a polite word for left-wing anarchists, that is for anti-private property anarchists, either of the communist or syndicalist variety. But now we had taken it over… »
« We have permitted cynical political reactionaries and the spokesmen of large corporations to pre-empt these basic libertarian American ideals. We have permitted them not only to become the specious voice of these ideals such that individualism has been used to justify egotism; the pursuit of happiness to justify greed, and even our emphasis on local and regional autonomy has been used to justify parochialism, insularism, and exclusivity – often against ethnic minorities and so-called deviant individuals. We have even permitted these reactionaries to stake out a claim to the word libertarian, a word, in fact, that was literally devised in the 1890s in France by Elisée Reclus as a substitute for the word anarchist, which the government had rendered an illegal expression for identifying one's views. The propertarians, in effect – acolytes of Ayn Rand, the earth mother of greed, egotism, and the virtues of property – have appropriated expressions and traditions that should have been expressed by radicals but were willfully neglected because of the lure of European and Asian traditions of socialism, socialisms that are now entering into decline in the very countries in which they originated. »
« The term libertarian as used in the US means something quite different from what it meant historically and still means in the rest of the world. Historically, the libertarian movement has been the anti-statist wing of the socialist movement. In the US, which is a society much more dominated by business, the term has a different meaning. It means eliminating or reducing state controls, mainly controls over private tyrannies. Libertarians in the US don't say let's get rid of corporations. It is a sort of ultra-rightism. »
« Dans le contexte, le libertarianisme peut être considéré soit comme le nom contemporain du libéralisme classique, adopté pour éviter toute confusion dans les pays où le libéralisme est largement compris comme désignant la promotion de pouvoirs gouvernementaux expansifs, soit comme une version plus radicale du libéralisme classique. »
« "The problem with the term 'libertarian' is that it is now also used by the Right. […] In its moderate form, right libertarianism embraces laissez-faire liberals like Robert Nozick who call for a minimal State, and in its extreme form, anarcho-capitalists like Murray Rothbard and David Friedman who entirely repudiate the role of the State and look to the market as a means of ensuring social order". »
« The problem with the term 'libertarian' is that it is now also used by the Right. […] In its moderate form, right libertarianism embraces laissez-faire liberals like Robert Nozick who call for a minimal State, and in its extreme form, anarcho-capitalists like Murray Rothbard and David Friedman who entirely repudiate the role of the State and look to the market as a means of ensuring social order. »
« It is important to distinguish between anarchism and certain strands of right-wing libertarianism which at times go by the same name (for example, Murray Rothbard's anarcho-capitalism). There is a complex debate within this tradition between those like Robert Nozick, who advocate a 'minimal state', and those like Rothbard who want to do away with the state altogether and allow all transactions to be governed by the market alone. From an anarchist perspective, however, both positions—the minimal state (minarchist) and the no-state ('anarchist') positions—neglect the problem of economic domination; in other words, they neglect the hierarchies, oppressions, and forms of exploitation that would inevitably arise in laissez-faire 'free' market. […] Anarchism, therefore, has no truck with this right-wing libertarianism, not only because it neglects economic inequality and domination, but also because in practice (and theory) it is highly inconsistent and contradictory. The individual freedom invoked by right-wing libertarians is only narrow economic freedom within the constraints of a capitalist market, which, as anarchists show, is no freedom at all. »
« In fact, the great libertarian Spencer himself is a fascinating illustration of just such a change in classical liberalism (and his case is paralleled in America by William Graham Sumner). In a sense, Herbert Spencer embodies within himself much of the decline of liberalism in the nineteenth century. For Spencer began as a magnificently radical liberal, as virtually a pure libertarian. But, as the virus of sociology and social Darwinism took over in his soul, Spencer abandoned libertarianism as a dynamic, radical historical movement, although without abandoning it in pure theory. While looking forward to an eventual victory of pure liberty, of “contract” as against “status,” of industry as against militarism, Spencer began to see that victory as inevitable, but only after millennia of gradual evolution. Hence, Spencer abandoned liberalism as a fighting, radical creed and confined his liberalism in practice to a weary, conservative, rearguard action against the growing collectivism and statism of his day. »
« For the record, I shall repeat what I have said many times before: I do not join or endorse any political group or movement. More specifically, I disapprove of, disagree with and have no connection with, the latest aberration of some conservatives, the so-called “hippies of the right,” who attempt to snare the younger or more careless ones of my readers by claiming simultaneously to be followers of my philosophy and advocates of anarchism. Anyone offering such a combination confesses his inability to understand either. Anarchism is the most irrational, anti-intellectual notion ever spun by the concrete-bound, context-dropping, whim-worshiping fringe of the collectivist movement, where it properly belongs. »
« Later [left-libertarianism] became a term for the left or Konkinite wing of the free-market libertarian movement, and has since come to cover a range of pro-market but anti-capitalist positions, mostly individualist anarchist, including agorism and mutualism, often with an implication of sympathies (such as for radical feminism or the labor movement) not usually shared by anarcho-capitalists. »
« Fusionism was originally a creation of the fertile mind of top National Review theoretician and editor Frank S. Meyer. It was a call for a unified conservative movement based on a fusing of the previously disparate and seemingly antithetical libertarian and traditionalist wings of the conservative movement. Frank, an old and valued friend and mentor of mine, was basically a libertarian—or, a far better term, what we would now call a paleo-libertarian. He believed in reason and tradition, believed in individual liberty and the free market, hated the public school system with a purple passion, detested hippie irrationality, believed in an objective ethic, and championed decentralization and states' rights (including those of the Old South) against federal tyranny. »
Sur les autres projets Wikimedia :