Ces trois mots apparaissent ensemble, parmi de nombreuses autres formules, pendant laRévolution française, la première fois dans unDiscours sur l'organisation desgardes nationales deMaximilien Robespierre, imprimé et diffusé mi-décembre 1790, mais jamais prononcé, et diffusé en province. Il faisait le projet que « Liberté Égalité Fraternité » soit la devise nationale, et qu'elle soit inscrite sur les uniformes de lagarde nationale, avec en plus inscrit « Le peuple français »[3],[4]. Le 21 juin 1793, pendant laTerreur, lacommune de Paris impose d'inscrire « La République une et indivisible - Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » sur le mur de lamaison commune et sur tous les édifices publics de la ville.
Cette devise est adoptée officiellement enFrance une première fois le par laDeuxième République, et surtout après 1879 par laTroisième République, inscrite aux frontons des édifices publics à l'occasion de la célébration du.
Définir la France par une triple formule est une tradition bien antérieure à la Révolution, celle deJoachim du Bellay était restée longtemps proverbiale :
« France, mère des arts, des armes et des lois[5]. »
L'historienneMona Ozouf fait part de ses doutes sur l'ancienneté de cette triade, devenue à la fin duXIXe siècle la devise officielle de la République :
« Sans doute a-t-on pu retracer l'histoire pré-révolutionnaire de la formule, et faire remarquer que les trois mots magiques de nos frontons étaient déjà parmi ceux qu'affectionnaient, auXVIIIe siècle, les sociétés de pensée. Mais ils figuraient au milieu de beaucoup d'autres,Amitié,Charité,Sincérité,Union. Lesfrancs-maçons usaient surtout d’Égalité, un peu moins volontiers deFraternité, montraient plus de tiédeur encore àLiberté, et une franche indifférence à l'arrangement :Liberté-Égalité-Fraternité, alors même que les enchantaient par ailleurs les cadences ternaires (Salut, Force, Union, par exemple). Les longues collectes entreprises dans le lexique desLumières se sont révélées également décevantes. On voit sans doute souvent briller les trois mots dans le tamis des orpailleurs du lexique, mais ce sont des paillettes isolées, qui ne s'agrègent que fort rarement en triade organisée (…)[6]. »
Toujours selon Mona Ozouf,« la naissance de la devise manque d'éclat et de netteté (…) ». L'historien de la révolutionAulard suggère que la fabrication de la devise s'est échelonnée en trois mouvements, chacun d'eux correspondant à une époque distincte du processus révolutionnaire. Voici d'abord la Liberté, concept le plus populaire des premiers jours de la Révolution. Puis le ouvre la carrière de l'Égalité avec le mouvement desSans culottes. Et il faut attendre la fin de la périodemontagnarde pour voir donner sa chance à la Fraternité. Le rythme ternaire de la devise est donc un rythme de succession temporelle.
Enseigne alsacienne de la période révolutionnaire, 1792. Freiheit Gleichheit Brüderlichk(eit) od(er) Tod (Liberté Égalité Fraternité ou la Mort) Tod den Tyrannen (Mort aux Tyrans) Heil den Völkern (Vivent les Peuples).
Camille Desmoulins associe les trois termes dans cet ordre en 1790, dans son journalLes révolutions de France et de Brabant, à propos de laFête de la Fédération du :« Après le serment surtout, ce fut un spectacle touchant de voir les soldats citoyens se précipiter dans les bras l'un de l'autre en se promettant, liberté, égalité, fraternité »[8].
Le premier député à avoir théorisé cette triade estMaximilien de Robespierre[8],[9] dans sonDiscours sur l'organisation desgardes nationales, imprimé mi- et diffusé largement dans toute la France par les Sociétés populaires[10], même s'il ne fut jamais prononcé, ni le, ni les 27 et, jours où l'Assemblée constituante discuta desgardes nationales. Son projet de décret prévoyait leur tenue :
« ArticleXVI. Elles porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, et au-dessous : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux, qui porteront les trois couleurs de la nation[11]. »
On retrouve cette devise dans la bouche de l'AnglaisLord Stanhope et deMomoro[12]. Ce dernier la reprend auClub des cordeliers le[11]. Elle est mise en avant le lors de la « fête de la liberté » donnée pour soutenir les 138Suisses de Châteauvieux, tous condamnés à mort pour rébellions à cause du retard de paiement des soldes.
LeGrand Orient de France a créé fin 1792 une loge militaire portant le titre distinctif « Liberté, Égalité, Fraternité » sise à l’orient de la légion franche étrangère. Cette loge a été installée le par la Respectable Loge « L’Amitié et Fraternité » (Orient deDunkerque)[13].
C'est laCommune de Paris, pendant laTerreur qui imposera officiellement en premier cette triade assortie d'une menace de mort lorsque son maire,Jean-Nicolas Pache, ordonnera le de faire peindre la formule :« La République une et indivisible -Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » sur la façade de lamaison commune, sur tous les édifices publics de la ville et aussi sur desmonuments aux morts[14]. Mais lors de la Fête de la loi, célébrée le, en l'honneur deSimoneau, maire d'Étampes, la devise mise en avant était une autre triade :Liberté, Égalité, Propriété[15].
La devise est progressivement abandonnée avec la fin de la Révolution, leDirectoire de l'anV à l'anVII préconisant notamment le « serment de haine envers lesmonarchistes et lesanarchistes », en lieu et place du « serment de fraternité »[16].
Une légende attribue àJean-Baptiste Belley, premier députénoir français, l'idée d'ajouter le mot fraternité à la deviseLiberté, Égalité[17]. Elle interprète le fait que le dans le numéro 347 duPère Duchesnes consacré à l'abolition de l'esclavage des Noirs, votée le et à sa commémoration au Temple de la Raison le 18 sous les auspices dePierre-Gaspard Chaumette,Jacques Hébert, qui assimile les trois nouveaux députés de Saint-Domingue aux troisrois mages, termine son article en formulant la devise "Liberté, Egalité, Fraternité"[18].
La devise disparaît sous l'Empire et laRestauration avant de resurgir avec larévolution de 1830 et le retour du parti républicain. Elle sera par la suite régulièrement revendiquée par différents révolutionnaires, en particulier lesocialistePierre Leroux, qui participe largement à sa reconnaissance comme principe de la République, mais aussiAlexandre Ledru-Rollin,Lamennais ouPhilippe Buchez ; elle est également agréée par les participants au premier banquet communiste deBelleville, autour deThéodore Dézamy et deJean-Jacques Pillot, en 1840, à condition que la fraternité contribue à étayer l'instauration de la « communauté »[19].
Avec larévolution de 1848, laIIe République l’adopte comme devise officielle le, grâce àLouis Blanc. Elle est« empreinte d’une dimension religieuse : les prêtres célèbrent le Christ-Fraternité et bénissent lesarbres de la liberté qui sont alors plantés. Lorsqu’est rédigée laConstitution de novembre 1848, la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » est définie par son article IV comme le « principe » de la République, auquel il associe une « base » de quatre autres droits : la République « a pour principe la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété et l'Ordre public » »[20].
Parallèlement, leGrand Orient de France en fait sa devise officielle dans la rédaction de sa Constitution en 1849 et l'introduit même dans son rituel en 1887[21].
Ce n'est que le,sous laIIIe République[22] que la triadeLiberté, Égalité, Fraternité est placée sur lesfrontons de toutes les institutions publiques, elle est adoptée comme devise officielle, associée au 14 juillet comme fête officielle, audrapeau tricolore comme emblème officiel et àla Marseillaise comme hymne officiel de la République[23] malgré « quelques résistances, y compris chez les partisans de la République : la solidarité est parfois préférée à l’égalité qui implique un nivellement social et la connotation chrétienne de la fraternité ne fait pas l’unanimité »[20].
Lerégime de Vichy la remplace par la deviseTravail, Famille, Patrie, dont les deux premiers termes sont les fondements de laConstitution républicaine de novembre 1848, et qu’on retrouve sur les pièces de monnaie de l’époque, en circulation jusqu'en 1960, date du passage aunouveau franc. Au sein de laFrance libre, la devise est évitée pendant près d'un an comme « politique », pour des motifs d'opportunité[24], avant d'être revendiquée, à partir de l'automne 1941[25].
En 1946, la triadeLiberté, Égalité, Fraternité est reprise comme devise officielle de la République, dans le titre Ier de laConstitution de la IVe République où elle est à nouveau associée audrapeau tricolore comme emblème officiel et àla Marseillaise comme hymne officiel de la République.
Le, leConseil constitutionnel a considéré que le troisième terme de la devise de la République — lafraternité — est un principe à valeur constitutionnelle, à l’occasion de l’examen d’unequestion prioritaire de constitutionnalité posée par des avocats deCédric Herrou, de trois autres plaignants et d'associations de défense desdroits de l’homme et d'aide auxmigrants. Il suit en cela l’article premier de laDéclaration universelle des droits de l'homme (1948) qui fait de la fraternité une obligation :« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
L'article 4 de la constitutionhaïtienne de 1987 dispose :« La devise nationale est : Liberté – Égalité – Fraternité »[28].
Richard Stallman, militant dulogiciel libre, s'y réfère pour expliquer les principes de ce mouvement[29],[30] :« Je puis expliquer la base philosophique du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. Liberté, parce que les utilisateurs sont libres. Égalité, parce qu'ils disposent tous des mêmes libertés. Fraternité, parce que nous encourageons chacun à coopérer dans la communauté »[29].
L'anneauAdams deNeptune, détecté sur Terre en même temps que sa structure en arcs lors d'occultations d'étoiles en 1984 parAndré Brahic,Bruno Sicardy etWilliam Hubbard, est justement constitué de cinq arcs baptisés « Liberté », « Égalité 1 », « Égalité 2 », « Fraternité » et « Courage », les premiers en référence à la devise de laRépublique française. Ils ont été nommés ainsi notamment du fait de la participation d'André Brahic à cette découverte.
Dans l'article suivant, elle pose que« Article 2. - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. » et que ces droits sont au nombre de quatre :« laliberté, la propriété, la sûreté, et ledroit de résistance à l’oppression. », ce dernier étant le moyen de recouvrer la liberté.
Dans son article quatre, elle donne sa définition de la liberté qui n'est plus, ni« des libertés », c'est-à-dire les droits collectifs d'une communauté de métier, d'une ville ou d'une nation, ni lelibre-arbitre, c'est-à-dire la possibilité de choisir entre le bien et le mal, mais une sorte d'omnipotence individuelle :« Article 4. - Laliberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. », puis elle indique que seule la loi, et donc l'Assemblée législative, peuvent donner des limites à la liberté:« Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »
Et dans l'article suivant, elle restreint le pouvoir qu'a la loi de restreindre la liberté :« Article 5. - La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas. »
Ainsi, l'égalité n'est pas celle des personnes, de leurs talents, de leur pouvoir, de leur fortune, mais celle de leurs droits selon les lois. Lelégislateur a ledevoir d'assurer à tous lescitoyens des droits égaux, il ne doit pas faire de distinctions entre eux, à moins qu'il y ait une« utilité commune ». Venant de la bourgeoisie ascendante qui a fait la Révolution, la« distinction sociale » qui est refusée ici est celle de l'hérédité de la condition noble, mais pas celle de la fortune, de la culture et des relations sociales.
LeConseil constitutionnel a néanmoins assoupli ce principe « en admettant des modulations lorsque celles-ci reposent sur des critères objectifs et rationnels au regard de l'objectif recherché par le législateur et que cet objectif n'est lui-même ni contraire à laConstitution, ni entaché d'une erreur manifeste d'appréciation »[33].
Mona Ozouf fait remarquer que la fraternité fut le plus délicat et le dernier à intégrer ce triptyque ; en effet, elle appartient à la sphère desobligations morales plutôt qu'à celle du droit, des relations plutôt que du statut, de l’harmonie plutôt que du contrat, et de la communauté plutôt que de l’individu[6]. Il en existe d'ailleurs plusieurs interprétations : la première[6], étant la « fraternité de rébellion », incarnée, lors duserment du Jeu de paume, en, par l’union des députés qui décidèrent de braver l’ordre de dispersion du roiLouisXVI :« Nous faisons serment solennel de ne jamais nous séparer, et de nous rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides »[34]. EtMirabeau de lancer aux gardes du roi la fameuse phrase :« Nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes »[35].
Une autre forme de fraternité était celle qui lie les frères, membres de laFranc-maçonnerie, très influente avant laRévolution française et ensuite dans les milieux républicains. Elle reprenait l'appellation égalitaire des membres desordres religieux ou desconfréries, et rompait avec le caractère hiérarchique de l'affiliation à la figure maternelle de l'Église et paternelle de laRoyauté.
SelonPaul Thibaud, philosophe et ancien directeur de la revueEsprit[36],« Autant la liberté et l'égalité peuvent être perçues comme des droits, autant la fraternité est une obligation de chacun vis-à-vis d'autrui. C'est donc un mot d'ordre moral ». Pourcertains[Qui ?], la fraternité républicaine s'approche du concept decapital social deRobert Putnam, une forme d'entraide entre citoyens visant un monde meilleur[37].
Pendant laRévolution française,« la fraternité avait pleine vocation à embrasser tous ceux qui, français mais aussi étrangers, luttaient pour l’avènement ou le maintien de la liberté et de l’égalité »[38].
À partir de 1848, la fraternité devient un principe à part entière pour former la trilogie républicaine dans la nouvelle constitution.
Ainsi, laDéclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793, rédigée pendant laTerreur, dispose :« Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » De même, ladéclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 modifia la définition de la liberté par :« La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait » (éthique de réciprocité).Vivre libre ou mourir fut une grande devise républicaine.
Selon la déclaration des droits de l'homme de 1795,« L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. L'égalité n'admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs ».
Selon certains penseurs, l'exigence juridique de l'égalité peut aussi avoir une dimension sociale. Rousseau définissait l'égalité, consubstantielle à la liberté, comme le fait que« nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre ». SelonRobespierre, elle résulte de l'amour de la patrie et de la République, qui ne tolère pas l'extrême disproportion des richesses.Elle demande donc, pour le fondateur de la République, que l'héritage soit aboli[réf. nécessaire], que chacun ait un travail et que l'impôt soit progressif :en somme, l'égalité dessans-culottes n'est pas celle desbrissotins[pas clair].
L'Église catholique a été longtemps très réticente à accepter les acquis de la Révolution française. Cependant, le papeJean-Paul II a souligné lors de sonhomélie auBourget pendant son premier voyage enFrance, en 1980[39] :
« Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables ! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. »
↑Florence Gauthier,« Fraternité », dansLes Droits de l'Homme et la conquête des libertés. Des Lumières aux révolutions de 1848. Actes du colloque de Grenoble-Vizille (1986),Presses Universitaires de Grenoble,,p. 88. Cité dansJean-Claude Caron,« La fraternité face à la question sociale dans la France des années 1830 », dans Frédéric Brahami et Odile Reynette,La Fraternité, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté,(lire en ligne),p. 135-157.
↑Marcel David,Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique,p. 235.
↑Hervé Pinoteau,Le chaos français et ses signes, étude sur la symbolique de l'État français depuis La Révolution de 1789, Paris, Sainte-Radegonde, 1998.
↑Jean-Clément Martin,Infographie de la Révolution française, Paris, Passés composés,,p. 115
↑Marcel David,Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique,p. 238.
↑Gérard Bouchet et Chantal Forestal,La laïcité par les textes, documents fondamentaux et matériaux d'enseignement,Éditions L'Harmattan,,p. 47.
↑ Aimé Césaire,Toussaint-Louverture, la révolution française et le problème colonial, Paris, Présence Africaine, 1981 (1961) p. 220-223 ; Jean-Daniel Piquet,L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002 p. 378
↑Marcel David,Le peuple, les droits de l'homme et la république démocratique,p. 239-240.
↑Jean-Louis Crémieux-Brilhac,La France Libre. De l'appel du 18 Juin à la Libération, Paris, Gallimard, 1996,p. 195-197. Le colonelde Larminat obtient son remplacement par « Honneur et patrie » dans l'émission deMaurice Schumann à laBBC en juillet 1940. En revanche, malgré diverses interventions d'officiers, notamment Larminat et Fontaine, le quotidienFrance et la revueLa France Libre conservent leur sous-titre. Dans un télégramme du, legénéral de Gaulle explique : « Si nous proclamions simplement que nous nous battons pour la démocratie, nous obtiendrions peut-être des éloges du côté américain, mais nous perdrions beaucoup sur le tableau français qui est le principal. La masse française confond pour le moment le mot démocratie avec le régime parlementaire tel qu'il fonctionnait chez nous avant cette guerre. Nos propres partisans, quelle que soit leur origine politique et surtout nos combattants, en sont convaincus dans l'immense majorité. Ce régime est condamné par les faits et dans l'opinion publique.D'autre part, nous sommes les ennemis acharnés du systèmehitléro-fasciste. La preuve en est que nous le combattons partout et d'abord en France et que pour le briser et le chasser, nous ne reculons même pas devant la guerre civile. »
Marcel David,Le Peuple, les droits de l'homme et la république démocratique, Paris, l'Harmattan, 2002, 275 p.(ISBN2-74754274-2)
Mona Ozouf, « Liberté, Égalité, Fraternité » dans :Pierre Nora (dir.),Les Lieux de Mémoire, tome III « La France », volume 3 « De l'archive à l'emblème », Paris, Gallimard, 1992, pp 582-629.