LesLièvres (Lepus) sont ungenre de petitsmammifères de lafamille desLéporidés. Ce sont desanimaux sauvagesherbivores, proches deslapins. Il existe une trentaine d'espèces de lièvres dans le monde qui diffèrent entre elles par leur taille, leur coloris ou leur mode de vie. Les lièvres sont des animaux relativement solitaires vivant parfois en couple.
Les lièvres sont fins, légers et possèdent de longuespattes postérieures, très musclées, qui leur permettent de se propulser enbonds très rapides lorsque c'est nécessaire. Lelièvre d'Europe peut ainsi se déplacer à une vitesse de60km/h en moyenne et atteindre80km/h en pointe[1] et peut aussi faire des bonds de deux mètres à la verticale.
Portée de jeunes lièvres dans un nid à même le sol.
Les lièvres sont deslagomorphes et non desrongeurs. Il s'en distinguent par ladenture (les lagomorphes ont deux paires d'incisives à la mâchoire supérieure) ainsi que par l'absence debaculum.
Au sein des lagomorphes, il faut aussi différencier les lièvres « vrais » despikas, appelés aussi lièvres siffleurs ou lièvres nains. Ils sont classés dans des familles différentes. Il y a aussi des différences notables avec leslapins :
selon les espèces, le lièvre peut être solitaire ou vivre en couplemonogame ;
quarante-huitchromosomes contre quarante-quatre pour le lapin ;
l'extrémité de l'oreille du lièvre est noire ;
contrairement au lapin, le lièvre n'habite pas dans unterrier. Il se repose et élève ses petits dans un nid à même le sol appelégîte, souvent une simple dépression que l'animal approfondit[1]. Ses gîtes assurent une moins bonne protection que les terriers, notamment concernant la régulation de la température et la protection contre sesprédateurs. Mais les levrauts, « dépourvus d'odeur » à la naissance[1], ont un développement beaucoup plus précoce que les lapereaux : ils sont poilus, voient dès leur naissance et subviennent très vite à leurs besoins ;
le lièvre est unanimal sauvage. Il n'existe pas d'espèce domestique. Toutefois son élevage est largement pratiqué, essentiellement à des fins derepeuplement cynégétique[2] et, autrefois, pour safourrure ou sapeau.
La hase (femelle du lièvre) a deux ou troisportées par an et possède trois paires demamelles. La hase possède deux matrices, et ainsi, elle procrée ensuperfétation[4].
Chez lelièvre d'Europe, la période de reproduction va de janvier à novembre.
Le lièvre a beaucoup régressé dans de nombreuses régions, notamment en Europe, et il a totalement disparu d'une partie de son territoire. Il se montre plus sensible que le lapin à lafragmentation de son territoire par les routes qu'il n'aime pas traverser. S'il est grâce à cela moins sensible à l'écrasement par les véhicules, il pourrait aussi êtrerendu plus vulnérable aux maladies par la régression de sesprédateurs naturels (moins de sélection naturelle)[réf. nécessaire] et par laconsanguinité qui augmente lorsque son territoire se réduit.
Plusieurs maladies dont latularémie, l'infection par la grande douve du foieFasciola hepatica, lacoccidiose ou encore l'EBHS (European brown hare syndrome, équivalent de lamaladie hémorragique virale du lapin (RHD)), ont décimé des populations locales, dont en 2004 dans le sud de la France selon leréseau SAGIR, avec un variant du virus EBHS qui semblait inhabituellement virulent[6].
Comme pour d'autres lagomorphes, les courbes démographiques sont généralement cycliques, l'animal étant plus sensible aux maladies en cas de surpopulation et quand le nombre de prédateurs diminue.
Pour faciliter les comptages en stressant moins l'animal, des méthodes d'évaluation de l'abondance du nombre de lièvre d’Amérique (Lepus americanus) par comptage des crottes ont été testées[8].
Les lièvres font partie de la culture cynégétique populaire et constituent traditionnellement ungibier dechasse recherché, lebeagle étant le chien le plus adapté pour cette pratique.
Les Romains, qui appréciaient particulièrement le lièvre dans leur gastronomie, l'élevaient, ainsi que lelapin de garenne, dans un parc à lièvres, appeléleporarium.
La consommation de viande de lièvre, qui est une viande rouge, est toutefois interdite à la religion juive, ainsi que le précise l'Ancien Testament :
« 7. Toutefois, parmi les ruminants et parmi les animaux à sabot fourchu et fendu, vous ne pourrez manger ceux-ci : le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent mais n'ont pas le sabot fourchu ; vous les tiendrez pour impurs. 8. Ni le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui ne rumine pas : vous le tiendrez pour impur. Vous ne mangerez pas de leur chair et ne toucherez pas à leurs cadavres. »
Tétradrachme en argent de Sicile représentant un lièvre bondissant.
Dans le livreVIII de sonHistoire naturelle,Pline l'Ancien considère le lapin comme une variété du lièvre. Ayant noté la capacité à lasuperfétation de celui-ci, il relève son caractère « très fécond ». Confondus dans le symbolisme, lièvre et lapin représentent ainsi fréquemment la fertilité et sont associés àAphrodite.
lièvre mangeant des fruits, basilique d'Asquilée
Impur pour les hébreux, il devient un symbole ambigu chez les chrétiens des premiers siècles. Il est à la fois une victime, à l'apparence fragile, féconde, une incarnation de la joie de ceux qui s'extirperont de la terre (les ressuscités) mais aussi une créature lubrique du monde souterrain. Poursaint Ambroise, c'est le premier aspect qui ressort, lelièvre variable lui évoquant laRésurrection dans la mesure où son pelage change de couleur entre la saison froide et le retour de la saison chaude, au printemps. Dans la sculpture romane, soit après que le papeZacharie ait déconseillé la consommation de sa viande, il relèvera fréquemment du second et sa capture représentera alors le paganisme (ou l'hérésie) vaincu.
Le lièvre est un personnage récurrent des contes africains et afro-américains. Il est connu sous différents noms comme « Boton le lièvre » (Côte d'Ivoire), ou « Leuk le lièvre » (Sénégal) ou encore « Frère Lapin » chez lesAfro-Américains. Ce personnage a des ennemis comme lahyène à laquelle il joue un certain nombre de mauvais tours.
Le mot lièvre vient dulatinlĕpus, ou plus exactement de l'accusatiflĕpŏrem, donc de*lĕpŏre en latin vulgaire.
La femelle du lièvre s'appelle la « hase[9]» (mot emprunté à l'allemand)
Le petit du lièvre s'appelle le « levraut » ou « lièvreteau[10]» auCanada
Le mâle reproducteur s'appelle « bouquin » ou « bouquet » au Canada[10].
Le cri du lièvre est le « vagissement » ou « couinement[10]» au Canada.
La période de reproduction porte le nom de « bouquinage ». Le lièvre qui s'accouple, se dit « le lièvre bouquine »[11].
En français, il est parfois désigné par lesnoms vernaculaires de « capucin », « rouquin », « oreillard », « bossu »…
Régionalement, dans le sud de la France, on l'appelle aussila lèbre enoccitan (il n'est donc pas rare d'entendre les personnes originaires de cette région de dire « une lièvre » de base quel que soit le sexe de l'animal en question),la lebe à l'ouest (gascon),liôre en forézien,erbi enbasque. Enbretongad (fém.) et enalsaciende Hàs.
Barry Flanagan est un sculpteur qui a toujours accordé une place centrale à la figure du lièvre dans ses œuvres[12]. On a, à tort, souvent prétendu qu'il représentait des lapins mais c'est bien de lièvres qu'il s'agit « Que le lièvre ait, culturellement, une place spéciale dans notre imagination, je le pense », déclarait l'artiste à laBBC en 1982[13].
Joseph Beuys réalise en 1965 une performance intitulé « Comment apprendre l'histoire de l'art à un lièvre mort »[14].
Sigmar Polke a également engagé un travail avec des lièvres sur papier ou tissu, dans le cadre de ses installations.
↑Guillaume Godbout, Mario Poirier et René Lafond,Méthode de caractérisation du cycle d’abondance du lièvre à l’aide du dénombrement de crottins, à des fins de gestion des animaux à fourrure, Québec, Direction du développement de la faune et Direction de l’aménagement de la faune de l’Abitibi-Témiscamingue,, 50 p.(ISBN2-550-38445-8 et978-2-550-38445-8,lire en ligne[PDF]).
↑Meyer C., ed. sc., 2009,Dictionnaire des Sciences Animales (consulter en ligne), Montpellier, France, Cirad.
↑ab etcNom en français d’aprèsTermium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
↑Le lièvre, suraaff.org, Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau
↑Fabre d'Églantine,Rapport fait à la Convention nationale, dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, au nom de la Commission chargée de la confection du Calendrier, De l'imprimerie Nationale,, 31 p.(lire en ligne),p. 23