Lesclefs duparadis détenues par l'apôtre Pierre, patron de l'église et de la ville, figurent en croix et rouges sur l'écu de la ville. Le drapeau et blason flottant municipal est rouge traversé horizontalement d'une bandeau blanc, avec un cercle à senestre figurant les clefs de l'écu. La ville bastionnée — les remparts ayant aujourd'hui disparu — est promue universitaire après sadéfense en 1574 face à l'armée espagnole. Cette victoire militaire reste largement célébrée par le3 oktoberfeest. Leyde, qui voit naîtreRembrandt en 1606, est aujourd'hui une ville de services modernes rassemblant plus de 80 % d'actifs. Alliée à ses rivales urbaines,Amsterdam,Haarlem etRotterdam, elle constitue le milieu historique permettant la naissance et laConstitution des Pays-Bas auXVIe siècle. En partie distancée par ces dernières au cours duXXe siècle et située dans la zone centrale de laRandstad, elle appartient toujours au cœur économique de la nation néerlandaise.
Leyde proviendrait deLugdunum Batavorum qui désigne une petite cité gauloise duIer siècle sur le Vieux Rhin. Les Elzevier reprendront le toponyme romain sur la page de titre de leurs éditions duXVIe siècle auXVIIe siècle. Quelques historiens[Lesquels ?] érudits du siècle des Lumières pensent que le site initial suit une certaine continuité[réf. nécessaire]. Ils assimilent ainsi leLeithen des archivistes à un nom latin. Mais les ressources de lapaléographie, de l'archéologie et de la phonétique ont progressivement contredit cette hypothèse.
La localisation exacte du site répertorié par les cartes romaines n'est pas précise. Pourtant, avant de devenir une cité éphémère par le fruit d'intenses échanges commerciaux née du limes militaire, leLugdunum Batavorum primitif semble être un campement romain à la frontière de l'Empire. La présence d'un camp de grande importance est prouvée, principalement par la découverte au début des années 1990 ducanal de Corbulon, tranchée de 28 kilomètres de long et de 15 mètres de large creusée auIer siècle pour relier le Vieux Rhin (Leyde) à l'estuaire du fleuveMeuse (parNaaldwijk), le site correspondant à l'antiqueLugdunum des Bataves est sur la ville actuelle deKatwijk-aan-Zee.
Leithen, avant de prétendre au statut de ville serait un hameau gallo-romain situé entre la Breestraat (actuelle rue principale, qui est historiquement une digue de protection) et le canal de Rapenburg. Là se situe donc le cœur le plus ancien de la ville avec la construction de l'église Saint Pierre. Le fait que la Breestraat soit une digue est encore visible car l'hôtel de ville est bâti sur le point le plus haut de la ville ; le fortde Burcht est artificiellement surélevé.
Il semble que les petites cités bataves, en particulierLugdunum Batavorum, connaissent un fort déclin au début du haut Moyen Âge. L'essor économique auIXe siècle promeut un simple village en ville d'abord modeste, puis florissante à l'embouchure du grand fleuve avant le millénaire chrétien.Leythen en 1050,Leithen vers 1150 est une ville prospère répertoriée comme possession de l'évêché d'Utrecht. Après 1400, le toponymeLeyden puisLeiden s'impose définitivement alors queLeithis est une variante préservée en latin médiéval.Leiden francisé très tôt enLeyde est devenu le nom néerlandais, qui peut s'écrireLeijden en hollandais. L'étymonleithen ouleiden, qui signifie encore en néerlandais et en allemand « conduire, emmener, porter… » est à l'origine de Leithen.
Le territoire de Leyde est situé entre leVieux Rhin, du moins le tracé de son cours antique et médiéval et les petites rivières, nommées leVliet, leMark, le Doet et le Zyl. La ville actuelle, qu'une extension historique fait déborder de ses remparts, est toujours traversée par le vieux fleuve et des canaux. Elle se situe à 39 kilomètres au sud-ouest d'Amsterdam et reste à 10 kilomètres de la mer par leVieux Rhin.
Lagare de Leyde-Central est un nœud important du réseau de transports local, régional et des grandes lignes ferroviaires. En 2014, elle est la cinquième gare la plus fréquentée des Pays-Bas.
Les transgressions marines et les modifications du cours des fleuves sont les causes des évolutions des sites humains et des migrations de populations, plus déterminantes que le rôle des hommes dans cette région de Hollande méridionale. Le passé heurté laisse ainsi place à un débat sur la localisation primitive des premiers habitats denses.
Les plus anciennes preuves de la ville médiévale près d'un bras du Vieux Rhin, encore principale embouchure auXIIe siècle sont les remparts et les fortifications latérales. À un emplacement particulièrement stratégique, le fort nomméBurcht élevé sur un tertre artificiel auXIe siècle défend la ville. Cette citadelle a d'abord été construite en bois vers 830 au moment où la ville semble embryonnaire et ne prend son aspect actuel en pierre qu'au cours duXIIe siècle. À la même époque une seconde église est construite juste à côté. Il n'est pas exclu que la ville d'alors comporte une population romane d'origine urbaine, comme l'atteste l'ancien français parlé de façon populaire, à côté du latin des clercs, dans maintes cités fortifiées d'Allemagne.
À la fin duXIIIe siècle, la ville, célèbre pour son église gothique Saint-Pierre et sonchâteau des comtes(nl) sur laplace de la justice(nl) (Gravensteen aan het Gerecht) à l'entrée de sa grande rue (Breestraat), ses marchés aux porcs et aux bestiaux (bovins), décline brusquement.
La seconde renaissance de la ville médiévale — sans doute dépourvue d'un important trafic marchand — commence en 1347 quand lestisserands d'Ypres apportent une intense activité drapière. L'implantation successive de générations d'ouvriers flamands en quête de liberté relance les fabrications textiles, en l'occurrence les draps de lin et de laine. En dépit de la forte décroissance démographique de l'Europe occidentale lors des décennies qui suivent, la ville hollandaise maintient sa vaillance économique. La ville prospère, réputée pour sa toile camelot, est accaparée parJean de Bavière en 1420. Maître de l'État bourguignon,Philippe le Bon prend les terres de sa cousine Jacqueline de Bavière.
Durant laRéforme protestante, la présence detisserands fait pencher la ville dans le camp protestant, à défaut de celui de l'anabaptisme. La cité rejoint le camp des insurgés du nord, fondateurs desPays-Bas. Les sièges à répétition ne brisent pas la résistance des habitants, rassemblés sous l'union des anciens partis rivaux qui les commandent par la noblesse locale, celle desVan den Bergh, Goes van Abbmade, Van der Marck et Van Alphen. Assiégée par une troupe espagnole de 6 000 hommes, Leyde et son bourgmestre Van der Werff résistent à plusieurs assauts pendant quatre mois en 1574 durant lesiège de Leyde.
Guillaume le Taciturne longtemps hésitant, suit ses conseillers qui l'incitent à user de l'arme hydraulique. Il fait ouvrir les digues et ennoyer le pays. Le désordre qui s'ensuit fait patauger les troupes espagnoles et permet surtout à ses bateaux ravitailleurs d'approcher et mettre un terme au siège le, date qui donne naissance au3 oktoberfeest de la ville. Lestathouder est impressionné par la détermination des défenseurs et leur offre uneuniversité en 1575.
Après une reprise démographique qu'atteste la construction de l'hôtel de ville dès 1579, Leyde, se fortifie en 1611. Sa quatrième enceinte, connue depuis 1249, correspond très exactement au centre-ville actuel. À cette époque, cependant, de nombreuses rues n'existent pas car la ville développe un important réseau de canaux ce qui lui vaut le nom de « Venise néerlandaise ». En témoigne le quai du Galgewater qui était le chantier de construction municipale. Les maisons préfabriquées qui en sortent sont menées vers les nouveaux quartiers en érection par les canaux. De même les écluses ou moulins vers les aménagements hydrauliques.
Le centre comporte, outre l'hôtel de ville et l'église gothique Saint-Pierre, une douane, un arsenal et un hospice d'invalides ainsi que des tribunaux. L'institution universitaire, au départ modeste, est à l'origine d'une grande ville universitaire à l'âge classique. Y professent les maîtresClusius (botaniste à l'origine du jardin botanique), Douza le lettré humaniste,Scaliger le philosophe,Lipsius l'humaniste,Saumaise etHeinsius lesphilologues, mais aussi les théologiensGomar,Episcopius,Arminius et plus tard le médecin clinicien, botaniste, pharmacien et chimisteBoërhaave, le physicienVan Musschenbroek et le philologueRuhnkenius. Y étudientGrotius,Descartes,Fielding etGoldsmith. Y publient les auteurs soucieux d'une grande diffusion, les chercheurs en quête de qualité et de précision scientifiques, les penseurs fuyant les persécutions ou craignant la censure. Spinoza vit la partie la plus significative de sa vie dans la banlieue de Leyde, à Rijnsburg, où se trouve actuellement le musée Spinoza[3].
La Leyde universitaire qui attire un flot de protestants de diverses sectes ou affiliations souvent puritaines est une rivale de l'université voisine de Louvain. En 1613, deux maîtres en théologie leydois, Jacobus Arminius et Francescus Gomarus, se brouillent sur la question augustinienne de laprédestination, portant le trouble religieux à toute la Hollande. À la suite d'Arminius, les remontrants convaincus de l'action terrestre efficace sur un plan divin de l'homme sont majoritaires au conseil municipal de Leyde. Il essaie de préserver le calme dans leur cité. Le gouverneur Maurits, s'appuyant sur le camp des contre-remontrants, séduit par la thèse gomarienne, prend le pouvoir par la force en 1618. La famille remontrante ou arminienne du peintreRembrandt, habitant Weddesteg, y perd ses fonctions publiques, forçant par l'effet de vengeance son fils à l'exil versAmsterdam. AvecGerrit Dou,Frans van Mieris ouJan Steen habitant le Langebrug (ou long pont), Leyde reste néanmoins un centre pictural raffiné.
La liberté personnelle est garantie par la justice hollandaise. Les publications et la presse sont favorisées par une liberté intellectuelle qui fait défaut dans les autres pays soumis à une censure régalienne ou ecclésiastique. LesNouvelles de Leyde peuvent librement parler de tout. Les livres imprimés ainsi que la presse sont rédigés en langue française afin de se répandre facilement dans toute l'Europe. Des éditeurs, populaires ou érudits, savants ou artistes, animent ce foyer intellectuel, en particulier la familleElzevier venue de Louvain, porteuse d’art typographique.
La ville de libraires est également renommée auXVIIe siècle — elle le sera encore plus aux siècles suivants après avoir cédé une seconde place économique hollandaise due à son activité drapière — pour ses sociétés savantes et leurs bibliothèques et collections scientifiques et d'antiquités, son observatoire astronomique fondé en 1623, ses musées, sa production de bulbes, l'élevage de bétail, la qualité du beurre et des fromages sur le marché aux fromages.
En 1655, malgré des mesures de confinement par quartiers, la peste décime la ville.
Leyde au siècle des Lumières, sous la Révolution et l'Empire
Le Koornbrug, au centre de la ville.Le Rapenburg, Leyde, 3 jours après l'explosion d'un navire de poudre le 12 janvier 1807 de Carel Lodewijk Hansen (1765-1840).
La ville s'affirme en centre mondial de l'imprimerie. L'architecture du Rapenburg témoigne de cette époque.
La ville est occupée par les armées françaises en1793. Annexée avec l'ensemble des Pays-Bas hollandais et autrichiens, Leyde est l'éphémère chef-lieu d'arrondissement desBouches-de-la-Meuse. En1807, l'explosion accidentelle d'un bateau chargé de poudre rase le quartier proche du port.
En 1860, la ville, située dans la plaine, dispose d'une gare sur la voie de chemin de fer vers Amsterdam et compte 38 000 habitants. La fabrique de draps et d'étoffes de laine, la filature de laine, les indiennes alors en déclin, se maintiennent néanmoins à côté des forges, des tanneries et des distilleries de genièvre. L'industrie du livre et les activités d'édition conservent leur ampleur ainsi que les activités horticoles, agricoles, fruitières et fromagères traditionnelles[4].
Témoignage du bouillonnement éditorial, Leyde est la ville de naissance de la revueDe Stijl animé par le théoricien Théo van Doesburg et le peintrePiet Mondrian. En 1920, la population compte 58 000 habitants.
La ville est depuis trois siècles remarquable par ses musées. Le musée municipal où s'exposele Jugement dernier deLucas de Leyde est complété par cinq entités spécialisées en ethnographie, antiquités, histoire des sciences et beaux-arts.
Chaque année, le, lesFêtes du 3 octobre commémorent la fin du siège espagnol de la ville en1574. C'est une journée de fête locale durant laquelle la circulation est interdite.
Le dialecte de Leyde (Leids en nl.) est encore parlé dans la ville et dans ses environs. Il appartient au groupe linguistique du hollandais méridional.
Le dialecte urbain de Leyde montre assez tôt une remarquable diversité, aussi bien dans les sons que dans les choix lexicaux. En fait, il résulte de la rencontre par fusion ou assimilation, opposition en doublon ou divergence irréductible avec effacement d'au moins deux dialectes sources différents à l'origine, un idiome hollandais et un idiome flamand-occidental[6]. Ce dernier idiome a disparu depuis longtemps, mais il est encore attesté auXIXe siècle, période de basses eaux religieuses pendant laquelle un groupe assez important de gens à statut social élevé abandonne le dialecte pour cultiver souvent un plurilinguisme de prestige.
Le dialecte de Leyde était souvent comparé, par les observateurs qui n'étaient pas habitants de Leyde, avec le dialecte deRotterdam, avec qui il partage bien plus de ressemblances qu'avec celui deLa Haye, d'Amsterdam ou d'Utrecht.
↑Ce phénomène est observé dans la genèse du néerlandais à l'âge classique, les parlers des locuteurs flamands et surtout les écrits des auteurs émigrés du comté de Flandre ayant contribué à la richesse linguistique de la langue véhiculaire nationale.