Leshumanités classiques (aussi appeléeslettres classiques ouétudes classiques) sont un ensemble de disciplines universitaires et scolaires ayant pour objet leslittératures grecque etlatine.
Le terme« humanités » vient de l'expression latinestudia humanitatis, qui signifie littéralement « étude de l'humanité ». L'expression désigne les lettresantiques.Humanitas désigne l'« humanité » enlatin.
Le sens du mot évolue et est retravaillé tout au long de laRenaissance. Leslitterae humaniores désignent les enseignements profanes, par opposition auxlitterae divinae et sacrae[1]. Lesstudia humanitatis désignent les études de grammaire et rhétorique, histoire, poésie et philosophie morale. Au sein de cet enseignement, l'histoire possède une place exceptionnelle, où elle est, comme disaitCicéron,Lumière de la vérité etmaîtraisse de vie[2]. On a appelé « humanistes » les personnes cultivées, souvent savantes, qui avaient une bonne connaissance des textes antiques et de leur philosophie.Érasme,Thomas More,Guillaume Budé, etc., font partie de ces humanistes.
Le mot « humanisme » met toutefois du temps pour apparaître dans lalangue française. Selon l'historienJean Delumeau, le mot apparaît peu avant la seconde moitié duXVIIIe siècle. Enallemand, le motHumanismus est employé avant que le français ne l'adopte. Le terme « humanités classiques » était utilisé sansépithète pour caractériser un ensemble de savoirs transmis à l'école durant l'Ancien Régime. Ainsi, pourMarie-Madeleine Compère etAndré Chervel, « les humanités classiques se définissent d’abord et surtout par une « éducation », une éducationesthétique, rhétorique, mais également morale et civique »[3].
Le terme « humanisme » est très employé à partir duXVIIIe siècle, essentiellement pour décrire lecourant humaniste de la Renaissance. Le terme a aussi un sens plus philosophique, l'humanisme étant une conception de l'Homme et de sa place dans le cosmos.
Aujourd'hui, l'adjectif permet de le différencier de ce que les anglais appellenthumanities, traduit en français parhumanités, et qui désigne plus largement un ensemble de disciplines articulées autour des lettres classiques et modernes, de lalittérature et de laphilosophie[4]. Les humanités classiques sont l'équivalent des termes anglaisclassics ouclassical studies.
L'étude des humanités a vocation à bâtir uneculture générale érudite et à permettre l'articulation de savoirs antiques et modernes[5]. L'étude des humanités dispose aussi d'une composante linguistique, telle que l'étude des langues anciennes permet d'accéder à la vérité des textes anciens, mais aussi à l'apprentissage de langues nouvelles[6].
L'étude d'auteurs païens a souvent été critiquée. Les tentatives de promotion des écrits desPères de l'Église ont eu un succès médiocre, mais les textes soumis à l'étude étaient sélectionnés pour leur compatibilité avec la morale chrétienne[7].
Il n'y a pas de réelle discontinuité entre l'enseignement desarts libéraux dans les écoles de l'Antiquité, et celui des Humanités avant leXIXe siècle[7].
À partir du milieu duVIIIe siècle legallo-roman émerge à partir dulatin vulgaire; devenant une langue définitivement autonome de la langue latine employée par les lettrés[8].
AuXVIIe siècle, le latin est encore lalangue véhiculaire de l'élite européenne. Il perd progressivement de son attrait au profit du français; son usage se restreint aux milieux cléricaux et académiques[10]. La maîtrise du latin restait indispensable pour le futur étudiant. En effet, à l'Université, le professeur dictait son cours en latin et les candidats devaient rédiger leur thèse dans cette langue. Cette situation n'était pas sans poser de problème car malgré les années de préparation, la maîtrise de la langue latine restait médiocre. L'écrivainGasparo Gozzi note ainsi que dans l'université de sa ville (Padoue) il n'y a que 30 étudiants sur 300 qui « comprennent moyennement la langue latine »[11].
En fonction de leur âge et des différents pays, les élèves peuvent ainsi opter à différents stades du cursus scolaire pour des humanités classiques ou spécialisées dans des spécialités aussi diverses que lesmathématiques, les sciences exactes, les sciences humaines, les langues modernes, les techniques, les arts ou les sports (ou la combinaison de plusieurs disciplines).
La réussite des six ou sept années d'humanités donne généralement accès à l'enseignement supérieur, universitaire ou non.
Bon nombre d'établissements publics ou privés (libres confessionnels ou non-confessionnels) dispensent l'enseignement secondaire. Les établissements d'enseignement général purement intellectuels sont généralement distincts des établissements à vocation technique marquant généralement une scission entre une tradition bourgeoise et une tradition ouvrière. De nombreux pouvoirs organisateurs organisent unenseignement conforme à leurs besoins, objectifs et traditions, dont les communautés religieuses ou l'armée.
EnFrance, l'enseignement des quatre premières années (sixième, cinquième, quatrième, troisième) est prodigué dans uncollège, celui des trois dernières années dans unlycée (seconde, première, terminale).
EnBelgique jusqu'à l'instauration de la mixité en 1974, dans l'enseignement public officiel relevant directement de l'État, les filles fréquentaient les lycées et les garçons les athénées. Dans l'enseignement libre catholique, l'instauration de la mixité fut progressive, les filles fréquentaient alors les instituts et les garçons les collèges. Dans lesannées 1990, la plupart des établissements publics ont été renommés sans distinctionathénées. Depuis la fédéralisation de l'État belge et lacommunautarisation de certaines compétences, l'enseignement public officiel relève maintenant des communautés linguistiques du pays (Communauté française devenue en 2011Fédération Wallonie Bruxelles,Communauté flamande etCommunauté germanophone).
↑Daniel Arasse,« La fin du Moyen Âge et la première Renaissance : peinture et sculpture », dans Philippe Morel [dir.],L'art italien. [Volume 1], Du IVe siècle à la Renaissance, Citadelles & Mazenod,(ISBN2-85088-070-1 et978-2-85088070-4,SUDOC00436824X),p. 170.
↑Marie-Madeleine Compère et André Chervel, « Les humanités dans l’histoire de l’enseignement français »,Histoire de l'éducation,no 74,(ISBN2-7342-0559-9,lire en ligne)