| Réalisation | Serge Bourguignon |
|---|---|
| Scénario | Serge Bourguignon Antoine Tudal, d'après le roman deBernard Eschasseriaux |
| Acteurs principaux | Hardy Krüger Patricia Gozzi Nicole Courcel |
| Pays de production | |
| Genre | Drame |
| Durée | 111 minutes |
| Sortie | 1962 |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Cybèle ou les Dimanches de Ville-d'Avray, souvent abrégé enLes Dimanches de Ville-d'Avray, est unfilm dramatiquefrançais réalisé parSerge Bourguignon, sorti en1962.
Ce film obtient un immense succès au Japon et aux États-Unis[1] où il reçoit l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en1963.
Pierre, un ancien pilote de guerre, est devenu amnésique à la suite d'un accident d'avion enIndochine et ne parvient pas à se réintégrer au monde. Madeleine, l'infirmière qui l'a recueilli, lui consacre toute sa vie et son amour de femme seule. Un jour, en l'accompagnant à lagare de Ville-d'Avray (actuelsHauts-de-Seine), Pierre rencontre Françoise, dix ans, qui a perdu sa mère et que son père ramène dans une pension de religieuses. Alors que Pierre veut rapporter au pensionnat une sacoche oubliée par son père, les religieuses le prennent alors pour ce dernier et pensent qu'il vient chercher la fillette pour la journée.
Il part donc avec elle et les deux se prennent d'amitié. Madeleine étant de service à l'hôpital toutes les fins de semaine, Pierre va ainsi, sans en parler à personne, emmener Françoise en promenade auxétangs de Corot, situés sur la commune, tous les dimanches après-midi. Une tendre et pure complicité s'établit entre eux. Mais cette relation dont Madeleine ignore tout fait bientôt scandale dans la ville.

Le film est très librement inspiré d'un roman du même nom deBernard Eschasseriaux publié en 1959 aux éditions Grasset, puis dans la collectionLe Livre de poche en1971[6].
Lors de la réalisation de ce film, Serge Bourguignon pense avoir été influencé, sans doute inconsciemment, par plusieurs films japonais dontComme une fleur des champs deKeisuke Kinoshita etLes Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa, ainsi que par le théâtreKabuki, lapeinture chinoise et celle deGiotto[7].
Afin de bien situer l'action dans le temps, Serge Bourguignon fait entendre sur leposte à transistors d'un peintre amateur établi sur la berge desétangs de Corot le son de l'émission deGeorges LourierLa Cote du Disquaire (générique extrait desDanses antiques d'Ottorino Respighi), qui était alors diffusée en modulation de fréquence tous les dimanches en début d'après-midi surFrance IV Haute-Fidélité (devenuFrance Musique) entre 1959 et 1963 par laRTF[8].
Le succès du film lors de sa présentation à laMostra de Venise aurait été tel que le public, debout, l'ovationna pendant plusieurs minutes[9]. Un distributeur américain le programme alors au Fine Arts Theater, un cinéma d'art et essai de New York, sous le titre anglaisSundays and Cybele. Il est qualifié de« “chef-d'œuvre”, entreLes Quatre Cents Coups de Truffaut et les films deRenoir », par le critique duNew York Times et le film va connaitre le succès public aux États-Unis[10]. De nombreuses célébrités américaines ont été émerveillées par le film de Serge Bourguignon, à tel point que trois cinéastes de renom l'ont parrainé pour la35e cérémonie des Oscars. Il s'agit deWilliam Wyler,John Huston etBilly Wilder[11].
Mais en France, aucun distributeur ne voulut initialement donner sa chance au film[12].« Ça va être difficile. C'est un film trop sentimental pour les intellectuels et trop intello pour le grand public », explique-t-on au réalisateur[10]. Finalement, à la suite du succès américain, le film est présenté à Paris le, en présence de plusieurs personnalités dontAgnès Varda,Alain Robbe-Grillet,Maurice Druon,Joseph Kessel etHenry Torrès[13]. Malgré le mépris de la critique française, le film rencontre le succès, avec 1,8 million d'entrées[10].
À la suite de la sortie du film en France, un échange houleux eut lieu entreBernard Eschasseriaux etSerge Bourguignon dansLe Figaro littéraire, le romancier accusant le cinéaste d'avoir « trahi » son ouvrage[14],[15],[16].
Après le succès du film aux États-Unis,Serge Bourguignon, alors âgé d'une trentaine d'années, se voit proposer un contrat de sept ans par la20th Century Fox, mais il refuse[10]. Il tournera néanmoins en Californie en 1965The Reward (La Récompense), un film à gros budget avecMax von Sydow, mais le film sera un échec[10].
Serge Bourguignon déclinera plusieurs propositions américaines pour unremake du film, mais a indiqué en 2015 être maintenant ouvert à l'idée[10].
Patricia Gozzi, qui joue Françoise / Cybèle — elle est alors âgée de 12 ans —, ne tournera ensuite que deux autres films — La Fleur de l'âge de John Guillermin en 1965 etLe Grabuge d'Édouard Luntz en 1973 — avant de mettre fin à sa carrière.
Le film est ressorti dans des salles françaises en en version restaurée et le enDVD etBlu-ray, simultanément en France (édité par Wild Side) et aux États-Unis (édité par Criterion)[10].
Nombreuses vues deVille-d'Avray, une banlieue bourgeoise de l'ouest de Paris, alors située dans l'ancien département deSeine-et-Oise, aujourd'hui dans celui desHauts-de-Seine dont : .
« Tout seul dans sa loge, Bourguignon répondait par de timides mercis de la voix et du geste, aux cinq minutes d'acclamation. Nous venions d'effacer une injustice..." »
« Personne, malgré le succès remporté au Festival de Venise, ne voulait donner une chance au film. Deux jours après la première à New-York et le bruit que le film y fit, cinq salles parisiennes voulaient le sortir, qui l'avaient auparavant refusé. »
| Réalisateur |
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