| Réalisation | Laurent Baffie |
|---|---|
| Scénario | Laurent Baffie Alain Chabat Dominique Farrugia Chantal Lauby Jennifer Ayache[réf. nécessaire] |
| Musique | Ramon Pipin |
| Acteurs principaux | Laurent Baffie Daniel Russo |
| Sociétés de production | Laurent Baffie Productions |
| Pays de production | |
| Genre | Comédie |
| Durée | 94 minutes |
| Sortie | 2003 |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Les Clefs de bagnole est unfilm français réalisé parLaurent Baffie, sorti le.
Il est difficile de réaliser un bon film.Laurent Baffie l'a compris et emmèneDaniel Russo dans une aventureubuesque et décalée, à la recherche desclefs de bagnole qu'il a perdues. En réalité, ses clefs sont dans sa poche gauche, mais tout cela n'est qu'une allégorie de la vie, de l'amitié et de l'aventure. Une aventure dans laquelle Baffie joue son propre rôle, à la fois d'acteur, de réalisateur, de scénariste, de producteur et de personnage.
La distribution du film fait appel à de très nombreuses personnalités de la télévision, du cinéma et de la scène française.
Au début du film, Baffie demande à de grandsproducteurs du cinéma français de financer son film. Dans l'ordre apparaissent :
Ensuite, plusieurs comédiens sont filmés en train de refuser de jouer dans le film. Ces comédiens sont (dans l'ordre d'apparition) :

Rendu célèbre par ses interventions à la télévision chezThierry Ardisson, ses émissions de radio, sescaméras cachées, sesmicro-trottoirs irrévérencieux, et ses sketches écrits pourJean-Marie Bigard, l'humoristeLaurent Baffie commence à se rapprocher du cinéma dans lesannées 1990, sur le conseil d'un nouvel ami, l'acteurDaniel Russo[2]. Il apparaît alors dans quelques films et courts-métrages, sans se considérer comme un très bon comédien[2]. Il s'intéresse néanmoins à la réalisation, déclarant avoir« toujours voulu écrire une pièce, faire unone-man-show et réaliser un film »[2].Il démarche des financiers pour concevoir un premier court-métrage intituléEspèce de gros con, parodie du programmeHistoires naturelles racontant une chasse aux cons dansParis (Russo explique qu'« Il a appelé son film comme cela pour aller voir les producteurs et leur dire : “Est-ce que tu veux produire mon film,Espèce de gros con ?” »)[2]. Ce premier court-métrage, produit parClaude Lelouch[3], déçoit Baffie mais lui permet de constituer autour de lui une équipe d'artistes et techniciens comme le chef-opérateur Philippe Vène ou le compositeurRamon Pipin[2]. Son second court-métrage,Hot Dog (1999), mettant en scène des chiens, est une bien meilleure expérience, satisfaisant pour Baffie, qui lui vaut une certaine reconnaissance critique[2]. À partir de 2001, il remporte un grand succès au théâtre avec sa pièceSexe, Magouilles et Culture générale[2]. Il fonde sa société Laurent Baffie Productions pour produireHot Dog etSexe, Magouilles et Culture générale[2].
Laurent Baffie construit son premier long-métrageLes Clefs de Bagnole pendant sept ans, tentant vainement de le proposer à plusieurs producteurs, notamment à chaquefestival de Cannes[2]. Le projet est risqué, et les mises en garde envers Baffie sont fréquentes, d'autant que son comparseJean-Marie Bigard vient d'essuyer un échec critique et commercial en dirigeantL'Âme-soeur (1999)[2]. Pour son premier film, Baffie désire rendre hommage au septième art :« C'est un film que j'ai voulu en forme de cri d'amour au cinéma que j'aime et, en écrivant le scénario, j'avais deux références :Annie Hall deWoody Allen etLast Action Hero deJohn McTiernan, qui pratiquent tous deux lamise en abyme. On ajoute à cela un peu deMonty Python,Y a-t-il un pilote dans l'avion ? etAudiard. Mon film est criblé de clins d'œil au cinéma, et c'était ça que je voulais faire : un film sur le cinéma, à travers l'alibi du mec qui cherche ses clés »[1]. Aucun producteur n'accepte finalement de financer le film, obligeant Baffie à le faire lui-même[2],[1]. Sur le budget de 23 millions de francs requis,Canal+ apporte quatre millions, le distributeur du futurDVD avance deux millions, Baffie investit un à deux millions issus des recettes deSexe, Magouilles et Culture générale et s'endette pour obtenir le reste[2].
La plupart des acteurs apparaissent dans le film sans être payés, y compris l'acteur français le plus sollicité de l'époque :Gérard Depardieu dans son petit rôle de fromager[1].
Laurent Baffie élabore un film coûteux :« le tournage en cinémascope sur pellicule, les jours de tournage dans le Sud, les hélicos, les camions, les séquences animées… Le film me coûtait 80 000 euros par jour »[1],[4].

Ramon Pipin compose la bande originale desClefs de bagnole, après avoir mis en musique les courts-métrages et les deux premières pièces de Laurent Baffie[2]. Le réalisateur insiste pour avoir un thème à quatre notes, s'adaptant aux différentes scènes[2]. Pipin en parle comme d'« une obsession, celle d'avoir un thème à quatre notes, bien précis. Il voulait le mettre à toutes les sauces »[2]. Baffie, mélomane, abuse volontairement de ce thème principal et en demande des variantes de tous styles, plus d'une vingtaine au total[2]. Le compositeur se souvient :« J'ai fait une versionslow, une version sonnerie de téléphone… plein de trucs. Ainsi qu'une parodie d'Ennio Morricone, pour les scènes dans le sud »[2]. Dans le même esprit de dépenses que le reste du projet, Baffie se permet d'engagerMaxime Le Forestier pour créer une chanson originale,La Clef des routes, que le chanteur-guitariste interprète avec ses musiciens lors de la scène du feu de camp[2].
Les Clefs de bagnole divise les critiques[1],[5]. Pour Philippe Rouyer dePositif,« Laurent Baffie a voulu s'essayer au cinéma. Et il s'en tire plutôt bien (…) il a réussi à transposer son comique irrévérencieux, plein d'autodérision et de mauvais goût, du petit au grand écran »[5],[6]. Nicolas Schaller dePremière proclame :« Personne n'en rêvait, Baffie l'a fait : le plus réussi des films nuls. La plus belle distribution de l'histoire du cinéma français, les meilleurs animaux-acteurs jamais vus sur un écran au service de l'intrigue la plus volontairement conne qu'on puisse imaginer. Le problème, c'est que c'est vraiment très drôle »[5],[6].Isabelle Regnier dansLe Monde juge que« la réussite du film tient au rôle que s'est assigné Laurent Baffie : le sien, personnage public, acteur, réalisateur et scénariste de son propre film en train de se faire. Sur ce terrain, il trouve quelques bonnes idées. Malheureusement, les mêmes causes produisent également les (gros) défauts du film. Parfaitement adapté à l'idée même de la télévision, le cynisme de Laurent Baffie (…) s'avère plus stérile sur grand écran »[5],[6].
« Laurent Baffie a donc tourné un film en train de se faire. Sur les difficultés de rendre vrai l'imaginaire. Avec une feinte naïveté, il semble découvrir les joies et la magie du cinéma, et on le contemple, pas dupe mais complice, en train de faire joujou avec sa caméra et son histoire qui n'existe pas. Il y a quelques chutes de rythme et deux ou trois grossièretés, sans lesquelles Baffie n'oserait probablement pas se regarder dans la glace le matin. Mais on remarque son goût pour le gag absurde et pour le non-sens insolent (Alain Chabat, irrésistible vendeur de chiens). On aurait simplement aimé encore plus d'audace, de folie plus ou moins douce. »
— Pierre Murat,Télérama[5],[4].
Gilles Renault deLibération estime que« L'effet d'empilage surprend et amuse. Cinq minutes. Le temps de saisir l'« astuce » narrative qui consiste à passer en revue tous les cas de figure d'un tournage calamiteux (…) Subséquemment, la parodie, faute de souffle et d'idée régénératrice, finit par se mordre la queue »[5].Les Inrockuptibles se lamente que« le film joue sur une perche usée à souhait par le genre parodique : l'alternance entre le respect d'un scénario minimaliste (…) et un faux making-of complaisant. L'amuseur répète tout au long du film qu'il s'agit d'un « navet ». On confirme »[5],[6]. DansLe Nouvel Obs, Bernard Achour dénonce :« Peu importe qu'on en révèle la fin, puisque l'acteur-auteur-réalisateur le fait lui-même au bout de quelques minutes. C'est dire s'il s'en tape, de son histoire. Comme du reste, d'ailleurs (…) puisque dans un film, c'est bien connu, tout est possible. Y compris de carboniser toute notion de plaisir avec un cynisme, une complaisance et un second degré insoutenable »[5].François Bégaudeau desCahiers du cinéma fustige« le grand Laurent-la-casse-à-froid abandonne son flegme et — certes pas autant que le laborieux Daniel Russo — s'agite par compensation dans la vacuité du deuxième degré (…) D'où vient que parmi ce creux fouillis et les dizaines deguests venusfaireunpetitcoucou, on doive au seul Chabat une vraie trouée de rire ? »[5].
Leslogan publicitaire pour le lancement est, par provocation,« N'y allez pas, c'est une merde ! »[7]. Le film attire 101 764 spectacteurs la première semaine, puis 51 212 la deuxième[8].Les Clefs de bagnole sort en salles en[2]. Baffie aurait préféré sortir le film en été, plutôt qu'en fin d'année où arrivent plusieurs gros films américains,Le Monde de Nemo,Kill Bill : Volume 1 etLe Seigneur des anneaux : Le Retour du roi[2].Les Clefs de bagnole cumule 176 957 entrées, dont 55 385 àParis[9]. Le film ne rencontre pas le succès escompté et place Laurent Baffie, également producteur, dans une situation financière critique[1],[7].Lors d'une interview en 2003, Laurent Baffie déclare sur un ton ironique :« si vous n'avez pas aimé mon film, c'est que je vous avais prévenu ! »[réf. souhaitée] Baffie met sept ans pour rembourser ses dettes[1]. Il explique qu'« à 300 000 entrées, je ne perdais pas d'argent, mais on n'en a fait que 180 000 et ça a fait un gros trou dans la caisse »[1]. En 2016, il raconte :« J'ai évidemment très mal vécu cet échec, mais en même temps je m'étais mis en situation mentale de poète maudit en me disant que je préfère faire un film bien et qu'on redécouvrira dans 20 ans, plutôt qu'une merde qui fait deux millions d'entrées mais dont j'aurai honte toute ma vie. Je l'ai revu hier soir avec les gens, et c'était ma plus belle projection du film en quinze ans, tout le monde était bienveillant. Il y a des scènes ratées, mais à l'arrivée je considère qu'il y a un tiers de mauvais, un tiers de moyen et un tiers de formidable. Je ne regretterai jamais d'avoir faitLes Clés de bagnole, j'en suis très fier »[1].
Augmentant lamise en abyme du film,Les Clefs de bagnole est riche de références au cinéma. Lors d'un micro-trottoir, le personnage de monsieur Preskovitch duPère Noël est une ordure (1982), incarné parBruno Moynot, intervient pour proposer son fameux « dobitchu ». Des établissements portent le nomLes Quatre Cents Coups,La Guerre des boutons,Un singe en hiver etDupont Lajoie, en référence auxfilms culte réalisés respectivement parFrançois Truffaut,Yves Robert,Henri Verneuil etYves Boisset[10]. Le bar central du film se nommeL'Écailler du cinéma, en référence à la revue cinématographique lesCahiers du cinéma[2]. Dans ce bar on peut également voir accroché au mur, un clap avec inscrit à la craie le filmLa Cuisine au beurre.
Le film cite énormément le nombre23, nombre fétiche deLaurent Baffie.
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