Logo des Éditions de minuit, conçu parVercors. | ||
| Repères historiques | ||
|---|---|---|
| Création | 1941 | |
| Dates clés | : création de la société : intégration augroupe Madrigall | |
| Fondée par | Jean Bruller etPierre de Lescure | |
| Fiche d’identité | ||
| Forme juridique | SA à conseil d'administration | |
| Statut | éditeur élément d'un groupe d'édition | |
| Siège social | 7,rue Bernard-Palissy 6e arrondissement deParis[1] (France) | |
| Dirigée par | Thomas Simonnet (2022) | |
| Spécialités | roman,essai | |
| Langues de publication | français | |
| Effectif | 9 (en 2018) | |
| Site web | leseditionsdeminuit.fr | |
| Préfixe ISBN | 978-2-7073 | |
| Données financières | ||
| Chiffre d'affaires | 15 361 300 € arrêté au 30 juin 2020[1] | |
| Résultat net | 737 900 € au 30 juin 2018 | |
| modifier | ||
Les Éditions de minuit sont unemaison d'éditionfrançaise, fondée parJean Bruller etPierre de Lescure en1941 dans la clandestinité, pendant l'occupation allemande de la France. En, elle publie son premier ouvrage,Le Silence de la mer, deVercors (pseudonyme de Jean Bruller).
Qualifiée par Matthieu Vernet, de l'équipe fabula.org, de « maison d'édition prestigieuse qui incarne une vision de grande qualité de la littérature », elle est également connue pour ses publications « hostiles à la littérature bourgeoise et réconfortante », comme en témoigne son soutien au mouvement littéraire duNouveau Roman dont elle publia les auteurs[2].
En, les Éditions de minuit intègrent legroupe Madrigall (éditions Gallimard).
Si le mot « minuit » laisse imaginer les manuscrits imprimés clandestinement durant la nuit, l'histoire est différente.Les deux premiers ouvrages sont imprimés par Claude Oudeville, qui travaille seul durant la journée[réf. souhaitée]. Il met ainsi deux mois à imprimer les 350 exemplaires duSilence de la mer paru le[3]. Les ouvrages suivants sont imprimés les dimanches, dans l'atelier déserté d’Ernest Aulard.
Jean Bruller, dansLa Bataille du silence, explicite l'inspiration littéraire du nom des éditions :
« Éditions souterraines, Éditions des Catacombes […], Éditions de la Liberté, Éditions du Refus… Mais un jour, rue Bonaparte, je jouais avec les mots : l’ombre, la nuit, minuit — sur ce dernier me reviennent soudain un titre deDuhamel, un autre deMac Orlan… LaConfession de minuit…La Tradition de minuit… Bon sang, mais voilà ce qu’il nous faut :Les Éditions de Minuit ! J’en suis si enchanté que je file aussitôt chez Lescure qui n’en est pas moins heureux que moi. (…) Si je parvenais à mettre sur pied, malgré les difficultés, l’organisme nécessaire à la publication de mon récit (impression, brochage, diffusion), on pourrait ensuite l’utiliser pour une série d’autres ouvrages ! Une maison d’édition clandestine […] n’était-ce pas ce qu’il fallait, en fin de compte, pour assouvir les écrivains en mal de parution ? »
Fondées par le dessinateurJean Bruller et l'écrivainPierre de Lescure en 1941 à Paris[3], les Éditions ont fonctionné clandestinement jusqu'à laLibération, publiant vingt-cinq ouvrages d'écrivains de laRésistance, contournant ainsi lacensure et lapropagande deVichy (notammentLa Nouvelle Revue française). Plus neutres politiquement quePensée Libre (démantelée par les Allemands), les Éditions étaient ouvertes aux auteursrésistants, gaullistes etcommunistes.
Le, le nom de la maison d'édition est déposé au registre du commerce prenant dès lors une existence légale[3]. Quelques semaines plus tard cette même année, les Éditions de minuit reçoivent leprix Femina en tant qu'éditeur, fait unique dans l'histoire de ce prix littéraire[3].

Après la guerre, la maison d'édition dirigée par Vercors est en proie à des difficultés financières.Jérôme Lindon, entré comme chef de fabrication en 1946, la rachète en 1948 et va la diriger jusqu'à sa mort en2001[3]. À partir de 1951, les Éditions de minuit s'installent au 7,rue Bernard-Palissy dans le6e arrondissement de Paris[4], siège inchangé depuis. À partir de 1955 et l'entrée d'Alain Robbe-Grillet dans le giron des auteurs (suivie de celles deNathalie Sarraute etClaude Simon), s'ouvre pour une vingtaine d'années la période duNouveau Roman dont les Éditions de minuit sont le promoteur[3].
La revue mensuelleCritique, fondée en 1946 parGeorges Bataille, est reprise après sa mort parJean Piel, et ensuite dirigée parPhilippe Roger. En 1972, Jérôme Lindon crée la revueMinuit et en confie la direction àTony Duvert. À la fin de la décennie,Mathieu Lindon prend la suite de Duvert. La revue disparaît en 1982.
À la mort de Jérôme Lindon (), sa fille Irène Lindon prend la direction de la maison d'édition durant une vingtaine d'années[3].
Le, les Éditions de minuit sont rachetées par legroupe Madrigall, maison mère deséditions Gallimard, selon la volonté d'Irène Lindon, sans héritier, qui déclare, pour expliquer cette décision :« L’âge venant, il fallait que je pense à l’avenir de la maison, de ses collaborateurs et de ses auteurs[5]. » L'adossement surprise au groupe Madrigall[5], annoncé par un communiqué commun[6], est effectif au et met fin à l'indépendance des Éditions de minuit qui étaient considérées comme la dernière grande maison d'édition française (de par son catalogue et son prestige) avec Gallimard[6],[7]. La même année, Thomas Simonnet – anciennement directeur deL'Arbalète – succède à Irène Lindon à la tête de la maison d'édition[8].
Les Éditions de minuit ont notamment publié :
Pendant laguerre d'Algérie, elles publient, en 1958,La Question d'Henri Alleg etLa Gangrène deBachir Boumaza, qui sont immédiatementcensurés, tout comme, un peu plus tard,Le Déserteur de Maurienne (pseudonyme deJean-Louis Hurst), en 1960,Les Égorgeurs deBenoist Rey, publié en 1961.
En littérature, elles publient les auteurs duNouveau Roman :

Plus récemment, elles ont publié :Patrick Deville,Christian Gailly,Jean Echenoz,Eugène Savitzkaya,Christian Oster,François Bon,Jean-Philippe Toussaint,Jean Pierre Ceton,Jacques Serena,Marie NDiaye,Éric Chevillard,Éric Laurrent,Laurent Mauvignier,Tanguy Viel,Benoît Peeters,Marie-Françoise Plissart,Anne Godard,Caroline Lamarche,Bertrand de La Peine,Vincent Almendros,Julia Deck,Monique Wittig, etc.
À partir de 1951 est publiée la série desÉvocations, consacrée à l'aspect historique des rues et monuments de plusieurs villes de France (Paris avecJacques Hillairet etGeorges Poisson, Marseille et Aix-en-Provence avecAndré Bouyala d'Arnaud, Avignon avecJoseph Girard, etc.).
En 1966,Pierre Bourdieu crée au sein des Éditions de minuit la collection « Le sens commun », chargée de faire découvrir des auteurs méconnus sur le sol français, tels qu'Erving Goffman.
À partir de 1993, la collection « Paradoxe », consacrée principalement à la critique littéraire et à la philosophie, accueille les essais d'auteurs tels quePierre Bayard,William Marx ouPeter Szendy, ainsi que deGeorges Didi-Huberman etClément Rosset.
Deux auteurs des Éditions de minuit ont reçu leprix Nobel de littérature[3] :Samuel Beckett etClaude Simon. Un auteur a reçu leprix Nobel de la paix :Elie Wiesel.
Quatre livres, parus aux Éditions de minuit, ont reçu leprix Goncourt[3] :L'Amant deMarguerite Duras en1984 ;Les Champs d'honneur deJean Rouaud en1990 ;Je m'en vais deJean Echenoz en1999 etLa Maison vide deLaurent Mauvignier en2025.
Les Éditions de Minuit | ||||||
|---|---|---|---|---|---|---|
| Précédé par | Suivi par | |||||
|
|
| ||||