Le à Hukvaldy, Amálie Janáček donne le jour à Leoš, neuvième enfant d'une famille qui en vit naître treize. Son père Jiří, instituteur du village, l'envoie à onze ans dans l'abbaye Saint-Thomas de Brno, où il étudie la musique sous la direction dePavel Křížkovský. Il est remarqué grâce à ses prestations dans le chœur du monastère. Ses études le mènent alors pour deux ans à l'école d'orgue Skuherský àPrague, puis aux conservatoires deLeipzig, où il reçoit notamment l'enseignement deCarl Reinecke. En 1873, il prend la direction du chœur Svatopluk pour lequel il compose ses premières œuvres[1].
Il rencontre en1874Antonín Dvořák àPrague. C'est le début d'une longue amitié. Antonín Dvořák critiquera à titre amical ses premières compositions et influencera durablement Leoš Janáček par sa manière de composer en épousant les intonations de la langue parlée.
1914
En 1881, année de son mariage avec Zdenka Schulzová, il retourne àBrno pour se consacrer à l'enseignement de la musique. Il y fonde une école d'orgue qu'il dirigea jusqu'en1920 ; cette école va d'ailleurs devenir plus tard leConservatoire de Brno. Il aura deux enfants : le premier meurt en bas âge en 1890, la seconde, Olga, à l'âge de 20 ans (15.08.1882 - 26.02.1903). La mort de cette dernière est contemporaine de l'achèvement de son opéraJenůfa et lui inspire ses plus belles pages, marquant ainsi une rupture stylistique ; ce qui permet de ranger le compositeur aux côtés des découvreurs de la musique duXXe siècle telsKodaly,Bartók,Szymanowski ouEnesco, et mêmeStravinsky, bien loin des romantiques ou post-romantiques comme son ami Dvořák. Sa réputation reste jusque-là cantonnée à sa province, mais la création en 1916 d'une version remaniée de son opéraJenůfa lui ouvre les portes de la capitale et une certaine reconnaissance. Il tombe alors amoureux d'une femme mariée,Kamila Stösslová(en), amour platonique car Kamila, qui a 38 ans de moins que le compositeur, est totalement indifférente. Déçu et obsédé par sa passion, il fera un portrait à charge de Kamila dansL'Affaire Makropoulos sous les traits de l'héroïneEmilia Marty soulignant sa froideur et sa dureté[1].
Portrait de Leoš Janáček
Comme beaucoup de musiciens d'Europe centrale, il va recueillir un certain nombre demusiques folkloriques de sa province (Moravie) pour s'en inspirer. Il se laisse influencer également par des sourcesslaves, notamment dans les thématiques de certains de ses opéras (dontKatya Kabanova) ou pour saMesse glagolitique. Lalittérature russe exerce aussi une profonde source d'inspiration : son poème symphoniqueTaras Bulba s'inspire de la nouvelle de Nicolas Gogol, et son opéraDe la Maison des Morts est inspiré de l'ouvrage de Dostoïevski. Quant à son premier quatuor à cordes (1923), il porte le sous-titre deSonate à Kreutzer en référence à la nouvelle homonyme de Tolstoï, elle-même écrite en référence à la sonate numéro neuf de Beethoven.
Il meurt le, des suites d'une pneumonie contractée lors d'une promenade en forêt près deHukvaldy. Selon sa volonté, le final deLa Petite Renarde rusée sera joué à ses funérailles.
Ce n'est qu'à 61 ans, à l'occasion de la reprise à Prague de l'opéraJenufa que Janáček atteint une reconnaissance internationale. Sa musique est singulière, portée par une écriture étrange et reconnaissable entre mille. Sa complexité rythmique et son orchestration éclatée ont pu passer pour de la gaucherie. Le chef d'orchestreCharles Mackerras est à l'origine de la redécouverte du compositeur dans les années 1950 en revenant à la verdeur et la causticité des partitions originales et en propageant ses opéras dans la langue du compositeur.
Trois danses moraves (composées deEj, danaj! et de2 danses moraves)
Sonate « 1er octobre 1905 », écrite en hommage à la mort d'un jeune ouvrier lors d'une manifestation. Le compositeur en a détruit la partition mais son premier interprète en a conservé les deux premiers mouvements qui ont été republiés en1924 avec l'accord du musicien.
Guy Erismann,Janacek ou la passion de la vérité, Paris, Seuil, coll. « Biographie », 1980, rééd. 2007.
Paul-Gilbert Langevin,Musiciens d'Europe, figures du renouveau ethnoromantique, essai en forme de prélude, variation et fugue, Paris,La Revue Musicale, Éditions Richard Masse, 1986.
Joseph Colomb,Janacek en France, de l'indifférence à la reconnaissance : la réception française de la musique de Leos Janacek, Lyon, éditions de l'île bleue, 2014.