Lech Kaczyński et son frère jumeau,Jarosław, sont issus d'une famille patriote bourgeoise. Leur père,Rajmond Kaczyński(pl) (1922–2005), ingénieur, a participé à l'insurrection de Varsovie en tant que lieutenant de l'Armée de l'intérieur. Leur mère, Jadwiga Jasiewicz (1926–2013), a été infirmière lors de l'insurrection puis enseignante de littérature polonaise.
Dans leur enfance, les jumeaux jouent dans un film populaire polonais de 1962,Histoire de deux enfants qui volèrent la Lune (O dwóch takich, co ukradli księżyc), basé sur un livre pour enfants deKornel Makuszyński. Interprétant le rôle de sympathiques garnements, ils gagnent tous deux une notoriété qui se révèlera utile dans leur carrière politique ultérieure[1].
Dans sa jeunesse, Lech poursuit des études de droit et devient diplômé endroit de la faculté de droit et d'administration de l'université de Varsovie en 1971, dans la même promotion que son frèreJarosław et, notamment, Marek Safjan, prochainement juge au Tribunal constitutionnel.
Enseignant-chercheur, dès 1971, auprès de la chaire de droit du travail de l'université de Gdańsk, il défend une thèse en droit du travail en 1980. En 1990, il obtient son habilitation à diriger des recherches. Il occupera le poste d'enseignant-chercheur à l'université de Gdańsk jusqu'en 1997, obtenant au passage le titre de professeur à partir de 1996.
Libéré, Lech Kaczyński devient, alors queSolidarność est légalisé en 1989, un des conseillers actifs deLech Wałęsa et du « Comité de citoyens solidarité » (Komitet Obywatelski Solidarność). Il participe ainsi aux pourparlers de la table ronde, qui aboutissent sur des accords entre le gouvernement et les chefs de l'opposition.
Il épouse l'économisteMaria Mackiewicz en 1978, avec laquelle il a une fille, Marta, née en 1980[2].
En juin1989, il est élu membre du Sénat et vice-président du syndicatSolidarność. Après la chute du régime communiste, les ambitieux jumeaux ont souvent agi en coulisses pour favoriser les alliances entre les différentes formations de droite. Ils fondent leur propre parti d'inspiration chrétienne-démocrate, Porozumienie Centrum, en, qui, aux élections parlementaires de 1991, obtint 44 députés.
Il est le conseiller principal de Lech Wałęsa lorsque ce dernier est élu président de la république de Pologne en décembre1990. Lors de la première élection présidentielle démocratique d'après-guerre, en1990, le soutien des frères Kaczyński à Lech Wałęsa est crucial dans la victoire de l'ancienne figure de proue de Solidarité. Wałęsa nomme Kaczyński ministre de la sécurité nationale. Après avoir occupé de hautes fonctions auprès de Wałęsa, les jumeaux Kaczyński se brouillent avec le président polonais en raison de leur opposition à la « thérapie de choc » administrée à l'économie polonaise et, surtout, du conflit concernant le gouvernement deJan Olszewski.
À la suite des élections parlementaires de 1993, les deux frères et leur parti se retrouvent dans l'opposition extra-parlementaire, ne réussissant pas à franchir la barre des 5 % exigés pour pouvoir siéger.
Lech Kaczyński est le président de la Chambre suprême de contrôle (Najwyższa Izba Kontroli (NIK), Cour des Comptes polonaise) de février1992 à mai1995, et plus tard ministre de la Justice dans le gouvernement deJerzy Buzek (juin2000- juillet2001). En2001 il fonde le parti conservateurDroit et justice (PiS), et en2002 il est élu maire deVarsovie, capitale de laPologne. En tant que maire, entre autres actions politiques, il fait construire le musée del'Insurrection de Varsovie et interdit le déroulement d'une manifestation organisée par les associations homosexuelles[3].
Le, il déclare officiellement sa candidature à l'élection présidentielle qui doit se dérouler au mois de décembre. Lors de sa campagne, il se rapproche tant des populistes de la droite religieuse et antieuropéenne que du partiAutodéfense, de gauche. Lech Kaczyński est élu président de la République le, avec 54,04 % des voix, face à son rival,Donald Tusk (Plate-forme civique).
Après l'élection présidentielle, son frère jumeau,Jarosław Kaczyński refuse de devenirprésident du Conseil des ministres, poste finalement confié àKazimierz Marcinkiewicz. Celui-ci démissionne en, après quoi le PiS appelle à la nomination de Jarosław Kaczyński à la tête du gouvernement, proposition finalement acceptée par le président de la République. LaPologne est alors le seul pays où deux frères occupèrent simultanément les postes dechef d'État et de chef du gouvernement. Le duo qu'ils forment devient une figure marquante au sein de l'Union européenne, dont la Pologne est membre depuis l'élargissement de2004.
La « révolution morale », prônée par les deux frères, les conduit à faire campagne pour rendre publics les noms des personnes ayant collaboré avec le pouvoir communiste. Mais c'est surtout le projet de loi delustration de2007, qui vise à purger l'administration publique des anciens collaborateurs des services secrets communistes, qui a suscité une réprobation très forte, enPologne comme à l'étranger.
En2007, après la victoire deslibéraux auxlégislatives,Jarosław Kaczyński quitte la tête du gouvernement. Il est remplacé par le chef de l'opposition,Donald Tusk, qui entreprend de restaurer les relations avec l'Allemagne et laRussie, mises à mal par le gouvernement de son prédécesseur. Au poste, surtout honorifique, de président, Lech Kaczyński reste critique vis-à-vis de la politique libérale dunouveau gouvernement et met fréquemment sonveto à ses propositions de loi, notamment celle qui prévoyait en2008 d'appliquer une logique économique au fonctionnement deshôpitaux, ce qu'il considérait comme l'équivalent d'une privatisation. Il s'oppose une nouvelle fois en2009 à uneloi de réforme des médias publics et dénonce en le choix dugouvernement de prolonger les négociations sur le tarif dugaz naturel avec lafédération de Russie.
Au moment de sa mort, si Lech Kaczyński n'avait pas fait part de son intention de briguer un second mandat lors de l'élection présidentielle de 2010, les médias attendaient l’annonce de sa candidature pour le[4]. Dans les études d’opinion, le chef de l’État ne faisait pas figure de favori, sa cote de popularité étant en forte baisse depuis son accession à la présidence[5].
En, Lech Kaczyński annonce à la radio son intention de lancer un débat européen dont l'objectif est de modifier laConvention européenne des droits de l'homme de manière à autoriser la peine de mort. Cette intervention a suscité des réponses fermes des institutions européennes. LaCommission européenne a ainsi souligné « une incompatibilité absolue entre l'UE et la peine de mort ». Le président de l'Assemblée parlementaire duConseil de l'Europe (APCE),René van der Linden, a, de son côté fait valoir dans une lettre au chef de l'État polonais que le rétablissement de la peine de mort serait un acte « sérieusement rétrograde » et « totalement incompatible avec l'appartenance » au Conseil de l'Europe[8].
Lech Kaczynski, son épouse et une délégation officielle comprenant de nombreuses hautes autorités polonaises civiles, militaires et religieuses trouvent la mort le àSmolensk, dans l'ouest de lafédération de Russie, alors qu'ils se rendaient aux cérémonies commémoratives du70e anniversaire dumassacre de Katyń. L'avion présidentiel qui les transportait, unTupolev 154, heurta la cime d'arbres, manqua son atterrissage et s'écrasa à quelques centaines de mètres de la piste. Aucun des 96 passagers et membres d'équipage à bord n'a survécu[9],[10].
Le rapport définitif du Comité intergouvernemental d'aviation russe, présenté en 2011 à Moscou, indique que Lech Kaczyński et d'autres hauts responsables polonais avaient fait pression sur l'équipage de l'avion, ce qui avait poussé les deux pilotes, peu expérimentés, à atterrir « dans des conditions inappropriées »[12]. De son côté, la commission polonaise d'enquête reconnaît que les principales causes de l'accident se trouvent du côté polonais, tout en dénonçant des erreurs des contrôleurs russes et des équipements défaillants à l'aéroport de Smolensk[12]. Un groupe de travail conduit parAntoni Macierewicz, un proche collaborateur de Lech Kaczyński, affirme qu'il s'agit d'un attentat fomenté parDonald Tusk etVladimir Poutine ; un sondage réalisé en indique que 33 % des Polonais « n'excluent pas » cette thèse de l'attentat[12].
Le 14 décembre 2022, la Diète, chambre basse du Parlement polonais, reconnaissant en même temps la Russie comme un État parrain du terrorisme, adopte un amendement relatif à l’accident dans lequel est mort Lech Kaczynski[13].
↑ab etcL'Obs, « Crash de Smolensk: les théories de complot vont bon train en Pologne »,L'Obs,(lire en ligne, consulté le).
↑« Guerre en Ukraine en direct : les forces antiaériennes ont neutralisé la totalité des drones qui visaient Kiev mercredi »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).