| Titre original | Il viaggio di G. Mastorna |
|---|---|
| Réalisation | Federico Fellini |
| Scénario | Federico Fellini |
| Acteurs principaux | Marcello Mastroianni ouUgo Tognazzi |
| Pays de production | |
| Genre | Film dramatique,Film fantastique |
Pour plus de détails, voirFiche technique etDistribution.
Le voyage de G. Mastorna (titre original :Il viaggio di G. Mastorna) est un projet de film deFederico Fellini. Il n'en subsiste que quelques essais avecMarcello Mastroianni, une poignée d'images, et un synopsis écrit parDino Buzzati etBrunello Rondi.Vincenzo Mollica (it) l'a décrit comme« Le film non réalisé le plus célèbre de l'histoire du cinéma »[1].
Giuseppe Mastorna est unvioloncelliste de renommée internationale. Après un accident d'avion censé n'avoir laissé aucun survivant, il se retrouve dans une ville mystérieuse et commence un troublant voyage dans l'au-delà[2].
L'inspiration duVoyage de G. Mastorna remonte à 1939, lorsqueFederico Fellini lisait le court roman deDino Buzzati,Lo strano viaggio di Domenico Molo[N 1]. Ce roman raconte l'odyssée dans l'au-delà de Domenico, un adolescent de douze ans mort qui se retrouve aux grilles du paradis pour y être jugé et condamné[3].
L'impulsion pour réaliser le film vient de la mort du psychanalyste de Fellini,Ernst Bernhard, en. Fellini contacte Buzzati qui accepte et, avecBrunello Rondi, ils écrivent le scénario du film[3]. Le nom « Mastorna » a tout simplement été pioché dans l'annuaire téléphonique de Milan[4]. En 1966, le producteurDino De Laurentiis installe plusieurs décors monumentaux àDinocittà[N 2] pour y tourner les premières scènes.
Cependant, les hésitations du réalisateur, qui sombre dans la dépression, lui font envoyer en une lettre recommandée à De Laurentiis où il déclare abandonner.Franco Zeffirelli raconte même queGustavo Adolfo Rol, célèbre voyantturinois et ami de Fellini, lui avait catégoriquement déconseillé de tourner ce film, qui aurait pu être le dernier de sa vie, car « il met en mouvement des énergies dangereuses »[5].
De Laurentiis prend très mal ce renoncement et porte l'affaire devant les tribunaux. Il se réconcilie avec Fellini, et les préparatifs reprennent, avecUgo Tognazzi prévu pour le rôle principal. Mais en, Fellini est brusquement terrassé par uneréaction de Shwartzman. Une fois rétabli, il trouve un accord avec De Laurentiis : en échange du film non tourné, il réalisera trois autres films pour le producteur[3].
L'histoire mouvementée du film ne s'arrête pas là : à l'été 1967,Alberto Grimaldi se présente pour racheter les droits à De Laurentiis. Fellini louvoie encore pour ne pas le réaliser. Il va peu à peu le racheter pour en devenir le seul propriétaire en 1971, parle parfois de relancer le projet, pour finir par l'abandonner définitivement[3].
Dans une interview publiée le dans le journalL'Unità[4], Fellini explique que ce projet inabouti a irrigué beaucoup de ses travaux ultérieurs.
En1969, Fellini réalise le documentaireBloc-notes d'un cinéaste, où il évoqueLe Voyage de G. Mastorna et leSatyricon. On peut y voir les décors duVoyage[6].
En1992, Fellini etMilo Manara (qui avaient déjà collaboré auVoyage à Tulum) adaptent le scénario en bande dessinée :Il viaggio di G. Mastorna detto Fernet (« Le voyage de G. Mastorna, dit Fernet ») parait dans la revueIl Grifo. Dans son interview de[4], Fellini indique les principales différences entre la bande dessinée et le film : la structure du récit change et le personnage principal, représenté sous les traits dePaolo Villaggio, n'est plus violoniste, mais clown (ce qui explique l'allongement du titre : « Fernet » fait allusion àun alcool, car Fellini dit que« tous les clowns, notamment ceux français, avaient un surnom dérivé d'une liqueur »)[4]. En1996,Casterman en publie une version française intituléeLe Voyage de G. Mastorna[7].
En 2011, le scénario du film et la bande dessinée font l'objet d'un documentaire baptiséDerailments[8],[9].
En 2013, les Éditions Sonatine publient une traduction du scénario :Le Voyage de G. Mastorna[10].
En2018, une adaptation de cette histoire est joué par la troupe de la Comédie-Française authéâtre du Vieux-Colombier. La mise en scène est signéeMarie Rémond.