Né entre 1445 et 1450 dans la petite ville deCittà della Pieve enOmbrie, non loin de Pérouse, il est le fils de Cristoforo Vannucci qui est, contrairement à ce qu'écritVasari, l'un des plus riches notables de la ville. Son père le fait entrer en apprentissage chez un peintre de modeste renommée qui l'initie aux techniques de la fresque et du dessin[1].
Le Pérugin se forme en étudiant les œuvres dePiero della Francesca et deVerrocchio, dont il est probablement l'élève àFlorence à la fin des années 1460 et au début des années 1470[2], en compagnie deLéonard de Vinci[3]. Il y découvre la manière flamande du paysage et le portrait naturaliste[4].En 1472, il quitte son statut d'apprenti et reçoit ses premières commandes des religieuses du couvent San Martino, des camaldules pour lesquelles il réalise unSaint Jérôme.Il travailla principalement enOmbrie, àFlorence et àRome, mais également àLucques,Bologne,Venise,Crémone,Ferrare etMilan.
Parmi ses œuvres de jeunesse on distingue lesScènes de la vie de saint Bernard (1473),L'Adoration des Mages (1476) et différentesVierges dispersées dans de nombreux musées d'Europe qui ont longtemps été attribuées à Verrocchio. Dans toutes ces œuvres se dégage un mélange des influences de ses deux maîtres. UnPortrait d'un jeune homme daté de 1475 a jusqu'en 2004 été attribué àFrancesco Botticini.
Il travaille à Rome à partir de 1478. Entre 1480 et 1482, il contribue aux fresques de lachapelle Sixtine avec d'autres grands maîtres de l'époque. Le Pérugin y peint trois scènes, dont deux en collaboration avecPinturicchio (le Baptême du Christ etMoïse voyageant en Égypte). S'affranchissant peu à peu de l'exemple dePiero della Francesca, il privilégie dans ses compositions la clarté, l'équilibre et le classicisme des formes.
Dans les œuvres du Pérugin, comme dans celles du Pinturicchio, ou du jeuneRaphaël qui aurait été son élève, le paysage n'est pas considéré comme un simple élément décoratif à l'arrière-plan du tableau. Un dialogue doit s'établir entre le paysage et les figures du premier plan, visant à inscrire celles-ci dans un vaste espace, selon des rapports harmonieux. Cette interprétation a pour effet de permettre au peintre de trouver dans son tableau un équilibre parfait entre l'évocation du réel et la construction mentale.
En 1485, Pietro Vanucci est nommé citoyen d'honneur dePérouse, ce qui lui vaut son surnom de « Pérugin ».
Lorsque sa réputation est établie, son activité devient débordante. Il ouvre deux ateliers – l'un à Pérouse, l'autre à Florence – pour faire face aux nombreuses commandes qui lui sont confiées. À ce moment son œuvre atteint la plus grande maturité, avec de larges compositions intégrées dans de vastes espaces ouverts. Ses productions se multiplient, mais perdent parfois en qualité, lorsqu’il n’a plus le temps d’en assurer en partie la réalisation. Il demeure, malgré tout, le meilleur peintre de l'Italie de son temps comme le noteAgostino Chigi, en 1500 :« Perugino [...] è il meglio mastro d’Italia ».
Entre fin 1495 et 1496, sur commande desdécemvirs dePérouse, il réalise pour la chapelle du Palazzo pubblico, un retable (actuellement dissocié, une partie étant conservée à Pérouse, l'autre auVatican, représentant laVierge avec sur ses genoux l'Enfant-Jésus, entourés de saint Laurent, saint Ludovic de Toulouse, puis saint Herculan et saint Constant, protecteurs de la ville.
Entre 1500 et 1504 il réalise leMariage de la Vierge et laRésurrection. C’est de ces années que date son amitié avec le jeune peintreRaphaël, qui vint auprès de lui se former à la technique picturale.
En 1502, le Pérugin reçoit une commande d'unretable pour le chapitre des Augustins dePérouse, mais la réalisation en fut retardée jusqu’en 1512 et l’œuvre devait rester inachevée à la mort de l’artiste. Le retable a été démembré en 1683. Un fragment représentantSaint Jean l'Évangéliste et saint Augustin se trouve aumusée des Augustins deToulouse. Les autres fragments sont dispersés entre Pérouse, le Louvre, l’Alabama, Lyon et Grenoble.
Dans les dernières années de sa vie, il travaille intensément pour les principales églises d’Ombrie et de Toscane.Isabelle d'Este lui commande en 1503Le Combat de l'Amour et de la Chasteté (Lotta tra Amore e Castità), pour sonstudiolo du palais ducal de Mantoue (aujourd'hui aumusée du Louvre). En 1508, le papeJules II lui confie la décoration de la voûte de la chambre de l'Incendie du Borgo (Stanza dell'Incendio del Borgo) auVatican. À partir de cette date, il travaille à Pérouse et dans ses environs, avec un appauvrissement du style et une répétition de ses compositions. Il y continue à former ses élèves aux méthodes qui lui assurèrent pendant plus de trente ans la reconnaissance de ses contemporains.
La dernière production du Pérugin est surtout liée aux fresques à thème religieux qu'il a réalisées dans les petites localités de l'Ombrie : LaPietà (Spello),L'Adoration des bergers (Trevi), dont la Vierge a été reproduite dans laVierge trônant (Spello) et laVierge à l'Enfant de l'oratoire de l'Annunziata à Fontignano, près de Pérouse, où il a réalisé ses dernières œuvres.
Le Pérugin meurt en 1523 àFontignano (frazione dePérouse)[5] de la peste tandis qu'il travaillait à ses réalisations. Il est d'abord enseveli juste en dehors de la localité[6]. Sa dépouille est conservée dans l'oratoire de l'Annunziata à Fontignano.
Formé en Ombrie, loin de l'effervescence florentine, il crée de grandes formes simples, avec quelques figures aux gestes retenus et à l'expression un peu rêveuse, soigneusement liées dans un calme ordonné[2].
Vierge à l'Enfant et les saint Laurent, Ludovic de Toulouse, Herculanus et Constant (dit « Retable des Decemviri »), (1495-1496), peinture grasse à tempera sur bois de 193 × 165 cm
Institut Courtauld :Vierge à l'Enfant ouMadonna Gambier Parry (1470/1473).
Liverpool
La Naissance de la Vierge[17], autrefois appeléeLa Naissance de saint Jean-Baptiste, serait un panneau de la prédelle duRetable de la Vierge avec saint Jean et saint Donat, commandé à Verrocchio vers 1474-1486 pour ledôme de Pistoia, conservé à laWalker Art Gallery de Liverpool[18].
↑Lechevalier de Jaucourt, dans le paragraphe qu'il consacre au Pérugin dans l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert écrit à ce propos :« Le Pérugin, après avoir étudié le dessin, se rendit à Florence où il prit des leçons avec Léonard de Vinci, d'André Verrochio, qui florissait alors dans cette ville. »
↑abcd eteChristophe Castandet, « Le divin Pérugin »,Connaissance des Arts,no 613,,p. 37-41.
↑Grégoire Alessandrini, « Guide des Expositions »,Muséart,no 78,,p. 52.
↑a etbReconstitution numérique inQuattrocento, Italie 1530-1523, Peintures et sculptures du musée des Beaux-Arts de Lyon, catalogue d’exposition, Lyon, musée des Beaux-Arts, 1987-88.
Quattrocento, Italie 1530-1523, Peintures et sculptures du musée des beaux-arts de Lyon, catalogue d’exposition, Lyon, musée des beaux-arts, 1987-1988 (reconstitution du polyptyque Sant'Agostino).