Il est fondé en tant que journal littéraire etsatirique en1826, ce qui fait de lui l'un des plus anciens périodiques de lapresse française encore publié.
Depuis laLibération, sa ligne éditoriale est issue des trois grandes familles de ladroite (gaulliste,libérale etconservatrice) selon lespectre politique habituellement utilisé. Principalement lu par des sympathisants de droite ou decentre droit, il est en 2023 le deuxième titre de la presse nationale française, avec une diffusion payée de 354 665 exemplaires.
À partir du, la devise était« Les gens qui ne veulent rien faire de rien, n'avancent rien, et ne sont bons à rien », extraite également duMariage de Figaro.
D'avril 1854 au 16 novembre 1866, la devise inscrite au dessus du titre était : « Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse de rire de tout… de peur d'être obligé d'en pleurer… », extraite cette fois duBarbier de Séville. Elle est reprise à l'identique mais sous le titre à partir du 25 janvier 1902 jusqu'au 24 novembre 1942, signée « Beaumarchais ».
En 1826, une devise, discrète, était inscrite en bas et à droite du titre :« La vérité, quand même... ».
Le Figaro, d'après son directeur, se considère comme un journal dedroite et decentre droit[4]. Le journal est le point de jonction de plusieurs grands courants d'idées ancrés àdroite ou aucentre droit. Il s'agit principalement dulibéralisme classique ou l'éclectisme libéral[5] jumelé avec unconservatisme social. Il est aussi souvent classé comme gardien de l’éclectisme culturel de la droite française par ses oppositions à laCommune de Paris, aucommunisme, ou par ses sympathiesgaullistes[6], ou encore par son attachement au systèmerépublicain. L'un des slogans de sa campagne publicitaire de 2005 était « en matière d'économie nous sommes pour le libre-échange. En matière d'idées aussi ».
En, un texte de la Société des journalistes duFigaro dénonce la ligne éditoriale de son journal, qu'elle considère comme étant un soutien important aux différents gouvernements de droite qui se sont succédé dans les années 2000[7],[8],[9].
En, son directeur général,Alexis Brézet, définit ainsi l’esprit du quotidien qu’il dirige :« libéral mais pas dogmatique, conservateur mais pas passéiste, européen mais pas eurobéat, attaché à défendre la culture française mais ouvert sur le monde » tout en se réclamant d’une« indépendance d'esprit »[10].
Aîné de la presse française avec laRevue des Deux Mondes,Le Figaro fait partie des plus vieux journaux du monde. Il naît en 1826 sous la forme d’un petit hebdomadairesatirique, devientquotidien en 1866 sous l’impulsion d’Hippolyte de Villemessant, et connaît son âge d'or à laBelle Époque ; des chroniques littéraires aux petites annonces, la bourgeoisie française et l'aristocratie étrangère se reconnaissent dansLe Figaro comme les milieux populaires se retrouvent dans les colonnes des « quatre grands » de l’époque (République du Croissant). En 1944,Le Figaro est ramené vers lelibéralisme modéré de la droite classique par la reprise en main dePierre Brisson qui fait duFigaro un journal triomphant de laLibération. La prospérité de la « maison Figaro » accompagne celle desTrente Glorieuses :le Figaro reste le journal qui a choyé de « grandes plumes ».
PremierFigaro : un journal satirique atypique (1826-1854)
Le, sous laRestauration, paraîtLe Figaro, un hebdomadaire satirique àParis, sous l'impulsion d'un chansonnier,Maurice Alhoy, ainsi que d'un écrivain et homme politique,Étienne Arago. Le « journal satirique, spirituel et batailleur » est baptisé du nom d'un personnage de Beaumarchais pour faire un pied-de-nez à la censure monarchique. Il se présente sous un format de quatre pages petit-folio et est publié avec de nombreuses interruptions.
Auguste Le Poitevin de L'Égreville[11] devient directeur de publication en ; il lui donne du 22 au le nomLe Nouveau Figaro, avant de reprendre le nomLe Figaro[12]. Il vend le journal en 1827 pour la somme de 30 000 francs àVictor Bohain. Parmi ses premiers rédacteurs, on trouveFélix Davin,Léon Gozlan,Michel Masson,Auguste Jal,Jules Janin,Alphonse Karr,Nestor Roqueplan,George Sand,Jules Sandeau. Le journal littéraire aux discours satiriques manie le rire et l’allusion politique afin de « faire la barbe » auxroyalistes : ainsi la devise « La vérité, quand même !… », toujours mentionnée en bas à droite dans les premiers numéros est particulièrement provocante car elle détourne celle des ultras du début de la Restauration, « Vive le roi quand même ». De fait,Le Figaro est un journal royaliste mais qui se pose en adversaire des ultra-royalistes qui appuientCharles X[13].
En 1832, les éléments républicains du vieux titre étant neutralisés et écartés,Le Figaro est racheté par lesmonarchistes pour contrer un front satirique mené parLa Caricature. Il perd son inventivité satirique à cette occasion[17]. Fin 1833, jusqu'en 1854, l'« ancienFigaro » essuie neuf échecs lors des différentes tentatives de relance.
Émile Gaboriau, auteur d'un ouvrage sur les premiers « Figaro » en 1861, rappelle les raisons de ses succès ou de ses échecs[18] :
« Malheureusement pour le petit journal, les causes de sa vogue sont aussi celles de sa décadence. Un jour il ne donne plus juste la note de l'opinion, de ce moment il est perdu. Lui, si fort pour démolir, il est impuissant à édifier. L'essaie-t-il, il devient grotesque, ridicule même. Il brille dans l'opposition ; mais qu'il passe au pouvoir, il s'éteint et meurt »
Peut-être l'épilogue est-il pour cette publication de devenir un journal respecté et de restaurer sa position d'électron sur l'échiquier politique.
Résurrection du journal :Le Figaro de Villemessant (1854-1879)
Le, sous l'impulsion d'Hippolyte de Villemessant et de son directeur,Zacharias Dollingen (1808-1878),Le Figaro est repris[b]. Demeurant un hebdomadaire, titré à ses débutsFigaro, journal non politique, il est surtout parisien et littéraire. Partageant d'abord la rédaction en chef avecBenoît Jouvin, Hippolyte de Villemessant, qui se sépare de Dollingen le 2 juillet suivant[19], sait d'emblée s'entourer de rédacteurs talentueux (Charles Baudelaire,frères Goncourt) et innove : il crée des rubriques permanentes, dans lesquelles les lecteurs se retrouvent, et insère desbrèves, une rubrique nécrologique et un courrier des lecteurs. Il est aussi l'instigateur de la rubrique « Échos », qui fait le succès du journal, avec force calembours, anecdotes, indiscrétions et potins, qui donnent aux lecteurs l'impression d'appartenir à un public de privilégiés mis dans la confidence. Le succès duFigaro est tel qu'Hippolyte de Villemessant décide de doubler la fréquence de parution de son hebdomadaire dominical le. Le journal devient bihebdomadaire et paraît alors le jeudi et le dimanche[20].
Dès la parution desFleurs du Mal en 1857,Gustave Bourdin réagit avec virulence dans les colonnes duFigaro du : « Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; — c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect… ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur ; encore si c’était pour les guérir, mais elles sont incurables[21]. » Cette appréciation totalement négative devient le jugement dominant de l'époque et l'article est à l'origine des ennuis judiciaires de Baudelaire, de la censure et de la condamnation desFleurs du mal[22].
Des chroniques littéraires aux petites annonces, la bourgeoisie française se reconnaît dansLe Figaro comme les milieux populaires se retrouvent dans les colonnes des « quatre grands » de l’époque.Le Figaro se positionne aussi comme l’un des principaux journaux du monde parisien[23]. AinsiAlphonse Daudet a écrit dans ses célèbresMémoires, en 1891, quele Figaro avait « comme clients, le Tout-Paris, c’est-à-dire cet infiniment petit morceau de Paris qui mène son train entre le Gymnase et l’Opéra, Notre-Dame-de-Lorette et la Bourse, et s’imagine exister seul : des coulissiers, des comédiens, des journalistes ; sans compter la légion agitée, affairée, des bons boulevardiers qui ne font rien »[24]. Il est « un journal conçu par le boulevard pour le boulevard »[25].
Durant l'année 1863, un concurrent quotidien apparaît :Le Petit Journal. En réaction, Hippolyte de Villemessant créeL'Événement, quotidien lui aussi, refusant d'engagerLe Figaro dans la bataille.Le Petit Journal sort vainqueur de cette confrontation etL'Événement disparaît peu de temps après, à la suite d'un article sur le droit des pauvres, qui aurait déplu au gouvernement deNapoléon III.
Le,Le Figaro devient unquotidien[26]. Il connaît aussitôt du succès grâce à des contenus variés et de qualité. À cette époque,Le Figaro est l'un des premiers journaux à publier des grands reportages réalisés sur place, en France ou à l'étranger, par ses propres journalistes, commeAdrien Marx ouGaston Vassy. En effet, en imposant une complicité malicieuse entre journaliste et lecteur, et une critique en matière de vie culturelle, de la littérature (poésie, roman naturaliste, théâtre), de la chronique mondaine à la vie musicale (il organise même des concerts de musique et au début des années 1920 ;Stravinsky compose pourLe Figaro), le journal assume un véritable magistère, pas seulement critique, mais également créateur. Son style alerte et animé se démarque aussi du style terne de la presse de l'époque. Le tirage atteint alors les 56 000 exemplaires, dont 15 000 abonnés.Le Figaro politique paraît en 1867. Il participe aux grandes affaires politiques duXIXe siècle, dans lequelHenri Rochefort laisse libre cours à son talent de satiriste. L'apparition d'un tel journal s'explique par la libéralisation de l'Empire. Cependant, Henri Rochefort frise la censure. Hippolyte de Villemessant crée alors un journal pour lui :La Lanterne.
Lors de laCommune de Paris, le journal prend position contre celle-ci. Il est le premier journal supprimé par la Commune, mais reprend ses publications lorsque celle-ci est finalement vaincue. Il avait appelé à la répression du mouvement : « Il reste à M.Thiers une tâche importante : celle de purger Paris. Jamais occasion pareille ne se présentera. […] Allons, honnêtes gens, un coup de main pour en finir avec la vermine démocratique et sociale, nous devons traquer comme des bêtes fauves ceux qui se cachent »[27].Le Figaro se crée ainsi un public d'aristocrates et de bourgeois. Il s'affirme comme « conservateur-monarchique » dans son édition du, après une suspension de quinze jours due à un éditorial antiparlementaire et pro-Mac Mahon rédigé parSaint-Genest. Des photographes de grandes renommée commeNadar, Braun, ouTruchelut collaborent aux illustrations[28], à une période où la photographie devient un argument concurrentiel.
Hippolyte de Villemessant se fait vieux et songe à l'avenir duFigaro ; il passe le relais à une direction collégiale composée deFrancis Magnard, rédacteur en chef (célèbre pour la verve de son petit éditorial, le « Magnard », qui témoigne de l'émergence du journalisme professionnel),Fernand de Rodays, administrateur, etAntonin Périvier, directeur littéraire[29].
Le,Le Figaro paraît encadré de noir : Hippolyte de Villemessant est mort la veille àMonte-Carlo. De nombreuses personnes se rendent à ses funérailles. Des auteurs comme Alphonse Daudet ouGustave Flaubert laissent un témoignage de la perte alors ressentie par le monde littéraire et politique.
Le Figaro et la Belle Époque : un journal entre deux France (1879-1914)
LaBelle Époque est l'âge d'or de la presse en France. Après laloi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, le journal bénéficie du développement technique des machines de presse et de l'alphabétisation de la population française. Les écrivains deviennent des journalistes courtisés. Cette période marque également l’introduction des suppléments, en commençant en 1882 par le supplément littéraire. En même temps,Le Figaro organise des soirées littéraires. Cette initiative dure plus d’un quart de siècle et réunit les premiers jeudis de chaque mois un cercle étroit de privilégiés qui prennent connaissance des nouveautés de la littérature. Parallèlement,Le Figaro s’investit vivement dans l’affaire de Panama. Le succès duFigaro se confirme et ses tirages dépassent 80 000 exemplaires entre 1879 et 1895, ce qui en fait un titre majeur de la presse de la période. En 1883, est lancé un supplément,Le Figaro illustré, qui devient mensuel en 1890, et disparaît en 1911[30].
Le directeur du titre, Fernand de Rodays, est persuadé de l'innocence de Dreyfus et laisse publier nombre d'articles en faveur du capitaine Dreyfus. Le est publié le dossier de Scheurer-Kestner qui présente le capitaine comme une victime d’une erreur judiciaire. C'est aussi dansLe Figaro queMathieu Dreyfus, le frère d'Alfred Dreyfus, désigneFerdinand Walsin Esterhazy comme le vrai coupable. Le, les deux pistes se rejoignent, à l'occasion d'une rencontre entre Scheurer-Kestner et Mathieu Dreyfus. Ce dernier obtient enfin la confirmation du fait qu'Esterhazy est bien l'auteur du bordereau. Le, sur ces bases, Mathieu Dreyfus porte plainte auprès du ministère de la Guerre contre Walsin Esterhazy[31].
Le mouvement dit dreyfusard, animé parBernard Lazare, Mathieu Dreyfus,Joseph Reinach et Auguste Scheurer-Kestner, est né au sein de la rédaction duFigaro. Émile Zola, informé mi- par Scheurer-Kestner du dossier[32], est convaincu de l'innocence de Dreyfus et s'engage officiellement. Dans les colonnes duFigaro,Émile Zola écrit trois articles avant la parution du célèbre « J'accuse…! » dans les colonnes deL'Aurore. Un des dessins les plus célèbres de l'affaire est le raccourci queCaran d'Ache fit, le, dans les colonnes duFigaro, d'une querelle familiale concernant l'affaire Dreyfus pour illustrer la profonde division de la société française à ce sujet au tournant desXIXe et XXe siècles. Par ailleurs,Anatole France et Zola sont les principaux journalistes aux rubriques de critique littéraire et artistique de cette époque pour le titre.
Gaston Calmette est nommé directeur du journal en 1902. Il réorganise très viteLe Figaro : il rachète le contrat d’impression et les machines de l’imprimerie, modernise l’immeuble, amortit les dettes et réussit à faire remonter les tirages[33] par le retour à l’ancien programme du journal « non politique » visant surtout des milieux aristocratiques, « de la bourgeoisie la plus riche, du grand commerce, de la haute industrie, de l’armée, de la société étrangère la plus élégante »[34].
Caricature d'Édouard VII en visite à Paris, leFigaro à la main.
En 1904,Le Figaro relaye les « fiches[35] » des services militaires (voiraffaire des fiches). Cette opération de fichage politique et religieux dans l'armée française visait les officiers, généralement issus de familles catholiques, qui ont été souvent écartés des postes importants de l'armée quelquefois au profit de carriéristes médiocres issus des loges ou de la clientèle des partis de gauche.
À partir de 1908,Marcel Proust écrit un certain nombre d'articles dansLe Figaro (Pastiches et mélanges) et il reprend même certains de ses articles dansÀ la recherche du temps perdu. D'un autre côté, plusieurs articles de politique étrangère et sportives publiés en une duFigaro parPierre de Coubertin entre et (puis réunis en 1909 chez Plon-Nourrit sous le titrePages d’histoire contemporaine), participent à convertir les Français aux sports collectifs, selon leDaily Telegraph, leTimes et leNew York Herald Tribune[36].
Entre les lignes de front : les Années folles etLe Figaro en guerre (1914-1942)
Pour plaire à son lectorat mondain, le directeur du journal,Gaston Calmette, va jusqu’à publier les vices privés des personnalités politiques. Il lance une campagne de presse contre le ministre des FinancesJoseph Caillaux, l'accusant entre autres d'avoir cumulé ses fonctions politiques avec la présidence du conseil d'administration d'une banque étrangère, tout en le menaçant de publier ses lettres privées. Gaston Calmette est assassiné le parHenriette Caillaux, la femme du ministre incriminé[37].
Cette période coïncide avec la censure, réhabilitée dans plusieurs pays durant laPremière Guerre mondiale, au nom de l'intérêt national. En France, elle prend la forme d’une loi du, votée dans l'urgence, interdisant tout article apte à révéler des informations à l'ennemi ou à décourager les Français (notamment en révélant la réalité des conditions de vie au sein des tranchées). La Grande Guerre prive temporairementLe Figaro de son identité mondaine et littéraire. La direction suivante d’Alfred Capus et deRobert de Flers n'apporte pratiquement pas de changements et en 1920, à la suite d’un conflit interne, ils quittentLe Figaro. Louis Latzarus en prend la rédaction en chef pour la courte période qui suit.
Durant l'entre-deux-guerres, le journal renoue avec un certain esprit mondain[38], surtout dans ses chroniques[39], où la conversation s'adresse à un public encore très féminin ; seul en a subsisté de nos jours leCarnet mondain[40].
En 1922, le journal, étant devenu société par actions, le parfumeurFrançois Coty rachète la majorité des parts, il modernise et relance le journal (20 000 exemplaires en 1921 ; 50 000 en 1928)[41], puis le renommeFigaro[42]. Il installe le nouveau siège aurond-point des Champs-Élysées, dans l'ancien hôtel particulier du banquierHenri Bamberger, et l'équipe d'un matériel d'imprimerie moderne[42].
François Coty absorbe, à la mort d'Arthur Meyer,Le Gaulois et délaisse le journal en 1928 pourL'Ami du peuple.Figaro redevientLe Figaro en 1929, date à laquelle les premiersmots croisés apparaissent. Durant les années Coty, la politique, les informations financières et économiques qui existaient déjà, prennent de l’importance dans la maquette du journal. La rubrique sportive est développée, la place accordée aux jeux, à la radio, avec une chronique TSF, au cinéma et aux annonces s'étend, la multiplication des suppléments thématiques et l’ouverture sur les autres pays connaitront plus tard un franc succès[43]. En 1931, Coty finance, à hauteur de trois millions, la caisse des retraites de la presse française[44]. Cependant, thuriféraire duDuce, xénophobe et anti-communiste, Coty fait mener dans son journal des campagnes contre les impôts, la franc-maçonnerie et le communisme international : ce ton populiste, antiparlementaire et proche de l'extrême droite éloigne le journal de sa ligne modérée[45]. De à,Maurice Feuillet fonde et dirige un nouveau supplément hebdomadaire,Le Figaro artistique, consacré à l'art.
En 1925, Coty nomme l'éditorialiste politiqueLucien Romier rédacteur en chef, il le reste jusqu'en 1927 lorsqu'il quitte le journal à la suite d'un conflit avec son propriétaire. La veuve de François Coty,Mme Cotnareanu, en devient la nouvelle propriétaire à la mort de son mari en.Lucien Romier revient alors à la direction du journal tandis quePierre Brisson y prend progressivement des responsabilités importantes et devient directeur littéraire[46]. Le journal, un temps compromis, retrouve une brillante équipe de rédacteurs à partir de 1935. AinsiFrançois Mauriac,Georges Duhamel,Jean Giraudoux,Tristan Bernard etAndré Maurois vont en devenir membres[47]. Cependant, leFigaro ne retrouve pas une ligne politique modérée.Lucien Romier conservant au journal un ton antiparlementaire, très hostile au Front populaire et épousant les positions du maréchal Pétain, dont il est ministre à Vichy. Ainsi le, à la une du journal, les prises de position éditoriales sont sans ambiguïté. Allant des franquistes qualifiés de « héros » tandis qu'ils reprennent la ville de Tolède pendant la guerre d'Espagne, jusqu'à l'homme politiquePhilippe Henriot, élu de la Fédération républicaine qui devient un des importants soutiens du régime de Vichy, « chaudement félicité » pour sa réélection. Avec le temps, le journal se replie sur lelibéralisme et les journalistes « munichois sans enthousiasme »[47], s'opposent au nazisme à la fin des années 1930.
Les textes rédactionnels sont souvent accompagnés de pages entières d'illustrations et les premières photographies font en outre leur apparition dansLe Figaro, qui les utilise alors abondamment. Grâce aux efforts de la nouvelle équipe, les tirages remontent : ils atteignent 50 000 exemplaires en et 80 000 en 1939[48]. Le quotidien couvre par de grands reportages les conflits de l'époque, comme laguerre d'Éthiopie, laseconde guerre sino-japonaise ou laguerre d'Espagne.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le journal subit à nouveau lacensure. Sous la plume de Maurice Noël apparaît pour la première fois l’expression de la« drôle de guerre »[49]. Devant la progression allemande en,Le Figaro, comme le gouvernement, se replie àBordeaux puis àClermont-Ferrand[c].Le Figaro est publié après coup à Lyon, enzone libre, grâce au versement de 4 469 504,50 F par legouvernement de Vichy à François Mauriac[51], jusqu'à l'Occupation allemande de 1942. À la suite des éditoriaux dePierre Brisson, la censure de Vichy, notamment de la part du ministère de l'Information, se fait plus pressante.
Pierre Brisson décide dans ces conditions d’arrêter le journal le, le lendemain de sa suspension[52], et publie un éditorial dont la parution est empêchée sauf pour les abonnés :
« Les consignes impératives qui viennent de nous parvenir ne nous permettent plus de poursuivre notre tâche sans offenser nos sentiments les plus intimes et sans trahir la confiance du public. Il s'agit de mentir ou de se démettre. Notre choix est fait. Je remercie les lecteurs de leur attachement, de leur compréhension, de l'estime qu'ils marquent à ce journal fait par des hommes de cœur dans des situations difficiles. Je leur donne l'assurance qu'ils retrouveront au premier jourLe Figaro, fidèle à ses devoirs et conforme à ses vœux. »
Le Figaro libéré et triomphant après la Libération (1944-1975)
Raymond Aron, qui a fourni plus de 2 300 articles.
À la LibérationLe Figaro reparaît, avec l'appui deLouis Aragon[53], à Paris avec un éditorial deFrançois Mauriac surCharles de Gaulle, le. Il est confronté aux débats sur les modalités de l’épuration. Il devient ainsi le journal duMRP face aux communistes et aux socialistes.
Aidé par Maurice Noël, Pierre Brisson relance en un hebdomadaire littéraire. Publié en dehors du quotidien,Le Littéraire (qui devientLe Figaro littéraire en 1947) est créé en réponse à la mainmise duParti communiste français sur de nombreux journaux culturels et pour défendre la théorie de l'art pour l'art face à l’engagement idéologique et politique des intellectuels[54]. L’hebdomadaire a alors défendu des écrivains critiques du communisme ou transfuges dubloc de l'Est (Arthur Koestler,Victor Kravtchenko).Le Littéraire ouLe Figaro littéraire a réuni différents écrivains ou intellectuels, tels quePaul Claudel,Léon-Paul Fargue,Colette,Julien Green, Rousset, Rougemont, etc. Il se présente comme défenseur des valeurs culturelles de la droite française.
Pierre Brisson ramèneLe Figaro vers lelibéralisme modéré de la droite classique. Le journal incarne la défense de ladémocratie parlementaire, de la réconciliation avec l'Allemagne, en vue de l'unité européenne, mais aussi de l'alliance atlantique[55]. Ces convictions font queRaymond Aron rejoint Brisson en 1947 et écrit dans son journal près de 2 300 articles.
Le Figaro double ses ventes entre 1945 et 1950[43], sur fond de couverture équilibrée duprocès Kravtchenko[43].
Après la guerre, Yvonne Cotnaréanu, veuve deFrançois Coty, effectue son retour en France et souhaite récupérer le contrôle du journal, mais se heurte au directeurPierre Brisson[43]. Ce dernier demande au gouvernement de son ami de l'époque, le MRPGeorges Bidault[56], une mesure législative taillée sur mesure : l'article 2 de la loi du, diteLex brissonis[57] qui précise en substance que demeurent sans effet tous les actes qui porteraient atteinte aux droits de ceux qui détiennent une autorisation de faire paraître un journal et en assurent la direction et la rédaction[58].
Dans un premier temps, malgré cette nouvelle loi, la veuve Coty réalise les transferts d'actions qui lui permettent de faire élire le 20 juin 1947 un nouveau conseil d'administration duFigaro. Mais la procédure est immédiatement contestée par Pierre Brisson, ce qui déclenche deux procès, intentés par chacune des parties. Le tribunal de commerce de Paris tranche en faveur de Brisson. Il déclare, en août 1948, nulle l'élection du nouveau conseil d'administration, estimant que la loi de février 1947 obligeait à maintenir lestatu quo dans les journaux reparus depuis la libération[59].
Fort de ce succès en Justice,Pierre Brisson menace de faire voter une autre loi qui pourrait avoir pour conséquence l'expropriation d'Yvonne Cotnaréanu. Cette dernière fait alors appel à de nouveaux actionnaires. Elle consent à un accord comprenant trois clauses principales[56] :
elle renonce à tout droit de regard sur la gestion et la rédaction[56];
elle cède 50 % de ses parts au groupe Prouvost-Béghin[56] pour seulement 150 millions de francs et lui consent un droit de préemption étendu à la succession[56] ;
Yvonne Cotnaréanu accepte ainsi de céder la moitié de ses parts[61],[43] à une nouvelle association entre lafamille Béghin etJean Prouvost. L'accord est trouvé à l'hiver 1949-1950 mais signé seulement en mai 1950[43] par les nouveaux actionnaires.Pierre Brisson écrit ensuite au publicitaireMarcel Bleustein-Blanchet le 24 juin 1950 pour regretter de ne pas avoir formalisé par écrit ces accords dès janvier, et tenter de les rectifier sur la gestion de la publicité[63],[64]. Envisageant de faire appel du jugement de 1948, Jean Prouvost s'est en effet battu pour améliorer l'accord en sa faveur avant de signer, refusant que la régie publicitaire soit confiée àMarcel Bleustein-Blanchet[63], comme l'accord avecPierre Brisson le stipulait pourtant[63],[64], et comme un télégramme des Cotnaréanu l'entérinait[63],[64].
Malgré sa loyauté àJean Prouvost,Pierre Brisson se méfie, estimant qu'il« ne se contentera pas de regarder le journal comme une poupée dans la vitrine » et que« tôt ou tard, il voudra prendre la poupée sur ses genoux »[63]. Soucieux d'éviter une« presse au service d'intérêts capitalistes », incarnée avant-guerre parFrançois Coty,« unique propriétaire duFigaro, comme Boussac par la suite avecL'Aurore »,Pierre Brisson mise sur la pluralité d'actionnaires, jouant« habilement avec ou contre » eux selon les moments[65], mais aussi d'annonceurs. Huit ans après, la publicité assure 70 % des recettes duFigaro, loin devantFrance-Soir (39,5 %) etLe Monde (38,3 %)[66].
Assez rapidement, face à la fermeté dePierre Brisson,Jean Prouvost vit très mal de n'avoir aucun pouvoir auFigaro[63], d'autant qu'il a pris soin de séparer ses deux métiers, l'industrie et la presse, selon Hervé Mille, directeur général honoraire deParis-Soir,Paris-Match etMarie-Claire[63]. Il envisage de faire appel des décisions de justice de 1948[67], mais y renonce, jugeant ses chances trop faibles[67]. Pour remettre en cause les accords de 1950, à durée déterminée[67], il attend finalement le décès dePierre Brisson, qui ne survient qu'en 1964, suivi par la vente des parts d'Yvonne Cotréanu àJean Prouvost.
L'année 1950 voit aussi le lancement des « concours de plage duFigaro », qui seront organisés pendant un quart de siècle dans de nombreusesstations balnéaires, les photos des différents châteaux de sable vainqueurs étant ensuite départagées chaque saison par un classement national, généreusement doté de cadeaux. La première édition réunit plus de 10 000 enfants de six à quinze ans sur les plages de France et d'Afrique du Nord et un total de 200 000 participants. Le directeur local du concours est neuf fois sur dix un professeur de sport et chaque année un thème nouveau est imposé[68], parmi lesquels un concours de créativité dans des panneaux décoratifs utilisant le motFigaro via des slogans[68],[69].
François Mauriac écrit dansLe Figaro des articles contre laguerre d'Indochine, accusant le pouvoir démocrate-chrétien de ne provoquer que « ruines », « décomposition » et « décombres », notamment dans sa politique coloniale[74], mais apportant des pistes d'explications plus complexes que les thématiques du PCF, qui présente la guerre comme« menée pour les intérêts des Américains et de Michelin »[75] et œuvre àune grève des dockers s'y opposant.Thierry Maulnier exprime au contraire à l'automne 1950 dans les colonnes duFigaro sa sympathie appuyée pour l'armée française, malgré la douloureuse défaite militaire deLạng Sơn.
Pour en avoir le cœur net sur le Maroc,Pierre Brisson envoie deux grands reporters, chevronnés et réputés pour leur modération, effectuer une « grande enquête » de plusieurs mois, ce qui suscite l'espoir des milieux colonialistes[80], mais cet espoir est déçu : Jean-Marie Garraud et François Mennelet publient leur enquête du 12 au 23 mars 1953, sous la forme d'un« démenti des thèses officielles »[81], en évoquant non pas des affaires « tribales »[82] mais« un conflit moderne, ouvert et omniprésent »[82], une« mentalité profondément raciste et inconsciemment raciste » des colons français[81]. Ils donnent surtout la parole à diverses personnalités selon lesquelles,« si on ne changeait pas de politique, tout était perdu »[81] en plus de reprendre les avertissements deMonseigneur Lefèvre en mars 1952[81]. Jean-Marie Garraud devient l'éditorialiste écouté, y compris à gauche, duFigaro sur les questions coloniales[83].
Malgré ce soutien[81], les articles de François Mauriac lui valent des lettres d'insultes[84],[85] et des désabonnements, comme celui de l'épouse dumaréchal Juin, annonçant qu'elle préfèreL'Aurore[81], amenant Mauriac à rejoindreL'Express, fondé en mai 1953 par des proches dePierre Mendès France sur une ligne résolument anticolonialiste[85].
Malgré ce départ,Pierre Brisson maintient le ton critique sur les conflits dans les colonies. Lors dudiscours de Carthage, prononcé le par le président du conseilPierre Mendès France, reconnaissant l'autonomie interne à laTunisie[86], la presse de droite se divise dans ses commentaires, entreL'Aurore, qui dit : « Pas d'accord », etLe Figaro qui veut bien y voir une évolution intéressante mais sous certaines conditions[87],[88].
La croissance duFigaro s'est poursuivie tout au long desannées 1950[71], le tirage moyen passant de 233 000 en 1945 à 397 000 exemplaires en 1949 puis 487 400 en 1959[71], grâce à un doublement de la pagination[71], la publication de pages entières de petites annonces[71] et quatre éditions quotidiennes, s'étalant de 16 heures à 4 heures du matin[71].
Résultat de cette expansion desannées 1950, l’augmentation des effectifs les portent à 795 personnes en 1960, dont 185 rédacteurs mensualisés[71], contre 517 personnes en 1950 et 24 collaborateurs en 1944[71].
Après la mort dePierre Brisson, le 31 décembre 1964,Raymond Aron décide de jouer un rôle nouveau au sein du journal carJean Prouvost veut diriger la rédaction[90]. Dans les années qui suivent ce décès, l’autorité de l’éditorialiste sur la rédaction ne fait que se confirmer[90].
Il prend tout d'abord l’initiative d’un texte intitulé « Pétition des collaborateurs de Pierre Brisson », dont le ton et l'idée constituent la ligne de conduite des journalistes duFigaro vis-à-vis du propriétaire du titre pendant les années de lutte de la rédaction contre les abus éventuels des différents propriétaires[90].
Peu avantMai 68, lors des événements de larésidence universitaire de Nanterre, Claude Gambiez et Jean Papillon suivent pourLe Figaro les questions de la vie étudiante et la réforme de l’université, soulignant l’agitation qu’elles provoquent[90]. En février 1968, Claude Gambiez écrit que les parents des étudiants eux-mêmes sont favorables à un assouplissement des règles[90], même si son acolyte Jean Papillon estime deux semaines plus tard que« Peyrefitte gère admirablement le début de crise provoqué par le boycott par l’UNEF et la MNEF des réunions du Centre national des œuvres universitaires, qui discute des réformes possibles de ce règlement »[90].
Dès le 13 mai, l'éditorialisteAndré François-Poncet considère que la colère étudiante est justifiée, tandis que le journaliste Jean Papillon dit son admiration pourDaniel Cohn-Bendit et ajoute : « Si leMouvement du 22 Mars a pu prendre naissance en milieu estudiantin, c’est en partie parce que les organisations syndicales étaient en perte de vitesse »[90].
Le fleuron de l'empire Hersant : un journal dans la tourmente (1975-2004)
En 1975, le journal est racheté parRobert Hersant, directeur d'un groupe de publications périodiques qui avait commencé son ascension dix ans plus tôt en fusionnant deux journaux régionaux deBrive-la-Gaillarde, et avait dès ce moment été remarqué par le magazinePresse-Actualité comme un éventuel « nouvelAxel Springer ».
Le journal est acheté pour la somme de 7,3 millions de francs, qu’il a payée en plusieurs fractions, dont la dernière n'a été réglée qu'en[91].
Robert Hersant est alors le directeur politique du journal et impose pour les positions-clefs ses proches et amis : son fils Jacques Hersant devient le codirecteur de la publication, son autre fils Michel Hersant est membre du conseil de surveillance, dont le président est André Audinot, proche collaborateur de Robert Hersant. N’étant pas « un homme à transiger sur l’exercice du pouvoir »[92], Robert Hersant se sépare d’un groupe des journalistes. Parmi eux, le vice-président du directoire Jean Griot, le président de laSociété des rédacteursDenis Perier Daville, un membre du conseil de surveillance Maurice Tillier, plusieurs rédacteurs en chef, chefs des services, chefs de rubrique, rédacteurs. De même,Jean d'Ormesson quitte son poste du directeur général, mais accepte une chronique régulière dans le nouveau supplément,Le Figaro Magazine.
Le supplément du week-endLe Figaro Magazine, lancé en 1978 parLouis Pauwels, est violemment attaqué par la gauche (Le Canard enchaîné l'appelleLe gai FroMage nazi, anagramme très polémique), en raison selon eux de la présence de nombreuses plumes proches de l'extrême droite intellectuelle[93], bien que l’influence de laNouvelle Droite sur la ligne du magazine ne soit pas démontrée[94].
Robert Hersant rachète dans ce début des années 1980 ce qui subsiste du groupeBoussac : le quotidienL'Aurore. Le nom de ce journal, puissant dans les années 1950-1970, figure toujours associé à celui duFigaro. En 1985,L'Aurore est en effet complètement intégré dansLe Figaro. Ce titre survit un temps dans celui de l'édition sans supplément du samediLe Figaro - L'Aurore.Ce second titre disparaît pour cette édition, au moins depuis 2012[réf. nécessaire].
À l’approche des élections de 1986,Le Figaro appelle à l’élection deJacques Chirac, puis pendant la cohabitation et les deux campagnes présidentielles suivantes, tirant la conclusion des critiques de la partie la pluslibérale etcentriste et la plus jeune de son public,Le Figaro souhaite se rapprocher d’une formule plus proche de celle d’un« Washington Post à la française » ou celle de l'époque dePierre Brisson, ce qui implique une ouverture politique plus large[pas clair][95]. Le pluralisme est le bienvenu au sein de la rédaction. La place allouée aux vues libérales devient peu à peu supérieure à celle réservée aux idéesconservatrices.
Si l’équipe de Max Clos continue toujours la ligne politique d’un quotidien libéral, soutenue surtout parFranz-Olivier Giesbert qui« fait la chasse aux idées à l’emporte-pièces »[96], son but est de créer un journal« avec des bonnes idées de tous les jours »[96], informatif et au sein duquel les faits seront séparés des opinions. Giesbert veut contourner de cette façon l’impasse qui sépare aujourd’hui le journaliste de l’information. Celui qui se rend sur les lieux pour y faire lui-même les enquêtes nécessaires. Pour Giesbert,« le journalisme consiste à sortir des informations… et non pas à attendre que ladépêche de l’agence tombe, pour préparer son petit commentaire »[96].
Le,Le Figaro publie pour la première fois sa pageune en couleurs à l'occasion de la victoire française en finale lors de laCoupe du monde de football de 1998.
Le, Jean de Belot succède àFranz-Olivier Giesbert à la direction de la rédaction[97]. Avec les Grands Débats, le journal entame une des phases d'ouverture idéologique et fait venir dans ses colonnes des signatures nouvelles. La diffusion progresse alors même que le journal est offert gratuitement sur le net. Le groupe lance le supplément Hors Série et créée l'édition du lundi duFigaro Économie.
Le Figaro et l'arrivée du groupe Dassault (depuis 2004)
En, legroupe Dassault (GIMD) est autorisé à prendre le contrôle de laSocpresse, maison mère duFigaro[98]. En octobre, l'inquiétude des syndicats sur l'indépendance du journal est vive[99], allant jusqu'au départ volontaire de 268 journalistes du groupe Socpresse (soit 10 % de l'effectif total)[100] ; alors queSerge Dassault remanie la direction du journal, en licenciant Jean de Belot avec lequel il a eu une série de conflits sur la couverture de l'actualité politique. Yves de Chaisemertin quitte également le groupe le même jour.Le Figaro est désormais dirigé parNicolas Beytout etFrancis Morel[101]. Les chiffres de diffusion du journal quotidien vont rapidement se ressentir de l'arrivée de Serge Dassault comme le montrent les tableaux apparaissant plus bas.
Le,Le Figaro change de format pour la première fois depuis plus de trente ans. Le titre apparaît désormais dans un cartouche bleu[102],[103]. En outre, au cahier économie créé en 1985 vient s'ajouter un cahier loisirs intituléEt vous. Cette nouvelle formule est officiellement censée permettre à l'entreprise de proposer à la vente davantage d'espaces publicitaires enune et en quatrième de couverture. En dépit de ces investissements, les plus importants dans l'histoire du journal, la diffusion payée continue de reculer.
Nicolas Beytout quitte la direction du Figaro et rejoint le pôle médias deLVMH[104]. Certains journalistes y voient la raison des tensions qui ont opposé la rédaction à son directeur depuis son arrivée. Le grand reporterPatrick de Saint-Exupéry, parle de« blocages permanents » de la part deNicolas Beytout.
Étienne Mougeotte devient alors directeur des rédactions du groupe Figaro en. En, un plan d'économies de 12 millions d'euros est annoncé. Le quotidien doit supprimer entre 10 et 13 % de ses effectifs. Le déficit du journal s'élève officiellement à 10,5 millions d'euros pour l'année 2007[105].
Le Figaro augmente le prix de son journal le, passant de 1,20 euro à 1,30 euro[106]. Il augmente une nouvelle fois fin et passe ainsi à 1,40 euro[107]. Selon le directeur général du journal et le président du syndicat de la Presse quotidienne nationale, Francis Morel, le prix de vente duFigaro, qui n'avait pas évolué depuis, augmente en raison des augmentations qu'imposent les producteurs de matières premières aux journaux[108].
Le Figaro lance une nouvelle formule () avec une nouvelle maquette (systématisation de la couleur notamment) et un nouveau format (format berlinois). Cette nouvelle formule est produite dans une nouvelle imprimerie à Tremblay-en-France[109].
À partir du, l'édition du vendredi est accompagnée d'un cahier de 8 pages qui propose une sélection d'articles duNew York Times[110].
Le Figaro s'installe sur les tablettes tels l'iPad ou la Samsung Galaxy Tab. L'application « Le Figaro » permet ainsi de suivre toute l'actualité en continu et de profiter de tous les contenus du journal (moyennant un abonnement) et de son site Internet.
En,Alexis Brézet devient directeur de la rédaction du journal en remplacement d'Étienne Mougeotte[111]. Depuis, la diffusion payée duFigaro est repartie à la hausse.
En,Le Figaro propose une offre de rachat au GroupeCCM Benchmark, qui possède les sitesComment ça marche,Le Journal du Net,L’Internaute etCopains d'avant.« Cette acquisition nous permet de changer de dimension et de nous battre directement contre Facebook ou Orange en France », se féliciteMarc Feuillée, directeur général duFigaro, qui revendique, avec CCM Benchmark, la place de« leader français des médias numériques »[112].
Le, Le Figaro annonce lancer une rubrique en anglais,« Le Figaro in English »[113],[114].
L'indépendance éditoriale en question : période Chirac - Sarkozy
L'indépendance éditoriale duFigaro est un sujet polémique depuis sa prise de contrôle par Serge Dassault en. Les critiques se focalisent sur quelques déclarations de ce dernier : Mon groupe doit« posséder un journal ou un hebdomadaire pour y exprimer son opinion. »[115] ; un journal« permet de faire passer un certain nombre d’idées saines. »[116] ;« par exemple, les idées de gauche sont des idées pas saines. »[117]. Fin, le directeur de la rédaction, Jean de Belot[118],[119], est démis. À la suite, la Société des rédacteurs du journal vote à 93 % une motion réaffirmant l'indépendance éditoriale de la rédaction[120].
Dès, un article relatant la rencontre entre le président algérienAbdelaziz Bouteflika et leprésident françaisJacques Chirac est en partie censuré : la partie faisant allusion à une éventuelle commande deRafale, pourtant déjà rapportée dans l'édition de la veille duMonde, est supprimée sur demande directe de Serge Dassault. Cet événement prenant place peu après la publication d'un article critiquant l'Eurofighter, concurrent direct du Rafale de Dassault Aviation, des questionnements émergent au sein de la rédaction[121]. En, un entretien avecAndrew Wang dont le journal avait l'exclusivité, dans le cadre de l'affaire des frégates de Taïwan, est écarté sur demande de Serge Dassault ; ce qui déclenche des troubles pendant quelques mois au sein de la rédaction[122].
En, leSyndicat national des journalistes (SNJ) publie un communiqué dans lequel il s'inquiète de l'absence d'indépendance au sein de la rédaction, et dénonce l'alignement du journal sur la politique duGouvernement et deNicolas Sarkozy, ainsi que sur les intérêts des entreprises de Serge Dassault en France et à l'étranger[123].
En 2009,Le Figaro est cité dans l'affaire des sondages de l'Élysée. Il apparaît en effet que le journal aurait publié des sondages payés par le budget de la présidence de la République, sous Nicolas Sarkozy[124]. En réponse, la société des rédacteurs du titre demande au directeur de la rédaction, Étienne Mougeotte, de « mettre immédiatement un terme à ce type de « coproduction » qui nuit gravement à la crédibilité des titres du groupe »[125].
En, l'hebdomadaire satiriqueLe Canard enchaîné publie et diffuse sur son site les enregistrements pirates dePatrick Buisson, conseiller deNicolas Sarkozy lorsqu'il était président de la République française[126]. On peut notamment y entendre, lors d'une réunion aupalais de l'Élysée avant un discours important, Nicolas Sarkozy demander si« on peut faire plaisir àMougeotte [alors directeur duFigaro] en lui envoyant le texte ». On peut ensuite entendre Patrick Buisson appeler Étienne Mougeotte et lui lire la quasi-intégralité de l'allocution de Nicolas Sarkozy. Il conseille aussi fortement au patron duFigaro de« faire passer dans le titre l'idée de la nécessité de s'adapter aux circonstances nouvelles », ajoutant« c'est ça l'idée ». Le lendemain,Le Figaro titrait en une :« Un gouvernement fortement remanié : la stratégie de Sarkozy face aux défis du monde arabe »[127].
Le même hebdomadaire publie en des extraits d'une conversation entre l'homme d'affaires proche de Nicolas SarkozyAlexandre Djouhri et le conseiller pour les activités médias du groupe Dassault,Rudi Roussillon, ayant eu lieu en. À propos de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, Alexandre Djouhri, lui-même impliqué dans cette affaire, suggère à Rudi Roussillon de « faire faire un édito sur ce sujet » dansLe Figaro et lui propose le nom deYves Thréard. Rudi Roussillon accepte la proposition[128].
Le, pendant le débat télévisé organisé parFrance 2 dans le cadre de l'élection présidentielle française de 2017, le candidatNicolas Dupont-Aignan a dénoncé « la censure » dont il serait victime auFigaro. Il a notamment dévoilé un échange de SMS avec le propriétaire du journal. Serge Dassault : « Le boycott de mon journal n'est que la conséquence de ton attitude contre Fillon et ce n'est pas restant dans ton coin que tu y arriveras mais en étant dans une équipe gouvernementale. Il vaut mieux manger une soupe que du pain rassis. » Nicolas Dupont-Aignan : « Je suis scandalisé que tu assumes ce boycott. » Serge Dassault : « Cela n'arrivera plus quand tu cesseras de combattre Fillon. » Nicolas Dupont-Aignan : « C'est de la censure. » Serge Dassault : « Si tu changes d'avis, il n'y aura plus de censure je te le promets »[129].
Après l'élection d'Emmanuel Macron,Marianne pointe du doigt l'accueil « bienveillant » que le journal réserve au nouveau président, qui accorde au seulFigaro son premier entretien exclusif à la presse écrite française[139]. Ce soutien affiché ne serait pas sans susciter des réactions hostiles d'une partie de son lectorat, une autre partie désignée comme aisée et libérale, elle, n'étant pas hostile à ce rapprochement[139].
Emmanuel Macron critiqueLe Figaro, propriété de l'industrielSerge Dassault, pour sa complaisance à l'égard de l'industrie militaire française[140] ; le site Arrêt sur images s'interroge pour sa part sur une éventuelle complaisance du journal à l'égard du Qatar, client de cette même industrie[141].
Après le scandale lié à laLigue du LOL,Guillaume Roquette, directeur de la rédaction duFigaro Magazine demande àLibération, le surTwitter, de« laver son linge sale en famille » sans« mouiller » les autres médias après une de leur part. À la suite de cette remarque,Checknews, le service deLibération spécialisé dans lavérification des faits révèle, le, queLe Figaro ne serait pas épargné par le sexisme et les violences sexuelles, se basant sur des témoignages anonymes de journalistes dénonçant« une rédaction machiste », le fait qu'« à chaque fois qu’une femme est nommée à un poste de responsabilité, ça fait jaser », un« sexisme à l’ancienne ». Le département journalisme d’une université française dissuaderait les étudiantes à faire un stage dans un des services duFigaro à cause des« remarques sur le physique et les propositions déplacées du chef du service en question ». En réponse, le directeur des rédactionsAlexis Brézet communique qu'aucune plainte n'a été reçue par la direction et qu'aucun fait n'a été porté à sa connaissance par les institutions représentatives du personnel. L'élu Patrick Bele duSNJ admet que« Le Figaro n’est pas une entreprise hors sol. On n’a jamais été épargné par ce phénomène ». Pour un autre élu,« on ne va pas s’arrêter au tweet de Roquette pour dire il n’y a pas de ça chez nous ». Entre-temps le, le journal a nommé une référente en charge d’accompagner les salariés en matière de harcèlement sexuel et agissements sexistes, comme la loi l'exige depuis le[142].
Avec la candidature d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle française de 2022,Le Figaro est accusé, y compris en interne[143], d'avoir servi de marchepied politique et médiatique à un idéologue de la haine[144] et de la désinformation[145],[146],[147]. Sur LCI,Jean-Michel Aphatie remarque qu'après leur condamnation pour antisémitisme, les militants d'extrême droiteAlain Soral etDieudonné ont tous deux été bannis des médias, alors que les condamnations pour incitation à la haine raciale d'Éric Zemmour n'ont au contraire eu pour effet que d'élargir son espace d'expression, écrit comme télévisuel. Le directeur adjoint duFigaro Yves Thréard défend son confrère par ces mots :« On ne peut pas les comparer.[...] Zemmour ne s'en prend pas aux Arabes parce qu'ils sont arabes, [mais] parce qu'il dit : "Ce sont des voleurs" »[148].
En 2022, le magazineLe Figaro Histoire publie un entretien avec l'essayiste espagnol d'extrême droitePío Moa, dans lequel celui-ci se livre, selonMediapart, « à une réhabilitation sans nuance ni contradiction du dictateur espagnolFrancisco Franco »[149],[150],[151]. Après la publication d'une vidéo qui est beaucoup commentée sur les réseaux sociaux, l’article suscite de nombreuses réactions d'historiens spécialisés sur l'histoire espagnole, pour son révisionnisme historique concernant le déclenchement de laguerre civile en Espagne en 1936, à qui Moa attribue l’entière responsabilité aux « gauches »[149],[152].Mediapart cite notamment l'historienne Charlotte Vorms, qui parle de « falsification »[149], etArrêt sur images affirme queLe Figaro réhabilite les thèsesfranquistes[153]. Plusieurs responsables politiques de gauche réagissent également[149].
Les journalistes duFigaro et duFigaro Magazine sont représentés par laSociété des Journalistes du Figaro[154]. Cette organisation s'est formée en 1985[155] ; elle s'exprime parfois dans le journal[156] mais principalement sur Internet[154].
La Société des Journalistes du Figaro détient 3 actions du capital social de la Société du Figaro et siège au Conseil de Surveillance[157].
Contrairement à d'autres journaux francais commeLe Monde[158]ou Libération[159], le directeur de la rédaction n'est pas élu par les journalistes de la rédaction, mais uniquement choisi par l'actionnaire[160].
Après le renvoi du généralPierre de Villiers, qui demandait une hausse du budget militaire,Le Figaro publie en juillet 2017 certains articles qui critiquent le président de la République[161],[162]. En retour,Emmanuel Macron critiqueLe Figaro, en jugeant : « Personne ne relève que des journaux financés par les contrats de défense ont mené une campagne de plusieurs semaines pour protéger ces derniers »[140]. Emmanuel Macron considère qu'il y a « une consanguinité » entre la presse et les industriels de la défense[140].
Un article sur leQatar avait déjà été supprimé en juillet 2020 du site Internet duFigaro, sans aucune explication de la rédaction[163]. LeQatar est un client majeur de Dassault[163].
En 2022, leGroupe Figaro réalise un chiffre d'affaires de 570 millions d'euros et un résultat opérationnel de 31 millions d'euros[165]. Toutes les entreprises duGroupe Figaro sont bénéficiaires mais le résultat du journalLe Figaro est inconnu, car le groupe ne communique pas de résultats détaillés[166].
En 2023,Le Figaro et son site Internet affichent 400 000 abonnés, dont 270 000 abonnés uniquement au numérique[165].
En 2021, le groupe aéronautique Dassault injecte 50 millions d'euros dans la Société éditrice du Figaro[167].
Les résultats financiers du Groupe Figaro.
Le journal perçoit des subventions publiques importantes directes ou indirectes de l'État. Ainsi,Le Figaro a perçu 3,85 millions d’euros d'aide du fonds d'aide à la modernisation de la presse de 2003 à 2010[168].
En 2018 et en 2022,Le Figaro fait partie des trois journaux français les plus subventionnés[169],[170].
Les journalistes duFigaro figurent parmi les plus représentés parmi les lauréats duprix Albert-Londres, récompense la plus prestigieuse du journalisme français, avec 17 lauréats depuis 1932[172].
Le journal est accompagné de deux supplément quotidiens :Le Figaro Économie, depuis 1984, imprimé surpapier saumon, etLe Figaro et vous, depuis 2005, consacré à la culture et à l'art de vivre.
F, l'art de vivre du Figaro (préalablementAlmaviva)[174] est un supplément duFigaro publié six fois par an (septembre, octobre, novembre, mars, avril, mai) depuis.
Figaro plus, est un supplément thématique (sport ou autre) publié irrégulièrement ;
Le Figaro demain[175], est un supplément publié irrégulièrement ;
Paris Chic est un cahier d'une trentaine de pages qui propose une sélection d'articles du cahier “Et vous”, consacré à l'art de vivre et du Figaroscope, destiné aux Chinois aisés en visite à Paris.
Le groupe Figaro relance le titreJours de France, spécialisé sur l'actualité des célébrités et les familles royales européennes, il apparait d’abord sous forme de site internet en 2011, puis en magazine papier, édité chaque trimestres depuis le[176].
Chaque semaine, un tome des « essentiels » de l'Encyclopædia Universalis, a été vendu en supplément le mardi, le premier tome étant gratuit. Cetteencyclopédie contenait 6 000 articles, 17 000notices et 200 000 liens.
L'adresse du journal en ligne estlefigaro.fr depuis 1999.
En,lefigaro.fr s'est doté de fonctionnalités réservées aux abonnés[177]. L’accès aux articles en archive est également payant. En, le quotidien lance un magazine du vin en ligne. En est lancéFigaroVox, une plate-forme de débats d'idées[178],[179].
Le Figaro est en 2008 le premier site d'information sur Internet selon les données d'audience d'Internet publiées parNielsenMédiamétrie/NetRatings[180]. Le, le site se voit attribuer une seconde fois le titre de « meilleur média sur mobile » lors des Trophées Internet Mobile 2011[181]. En, il est toujours classé comme étant le premier site de presse française en ligne[182]. En novembre de la même année, il bat le record des 11 millions de visiteurs uniques sur un site Internet d'information français[183].
Le, est lancé Figaro Premium, une offre payante (9,90 par mois au départ, 15 euros à terme ; accessible gratuitement pour les abonnés du journal). Elle donne accès à tous les articles duFigaro et de ses magazines dérivés dans une version de lecture plus confortable et avec peu de publicité et ce dès 22 heures la veille au soir de la parution en papier. À ce stade, les activités numériques représentent 25 % du chiffre d'affaires du groupe et 22 % des revenus publicitaires. Diverses plates-formes sont en parallèle créées : le Scan Politique, le Scan Sport, le Scan TV, le Figaro Immobilier, le Figaro Jardin et récemment, le Scan Éco[184].
L'évolution du nombre d'abonnés numériques est rapide. En 2017,Le Figaro en compte 80 000, chiffre auquel il faut alors rajouter 70 000 abonnés à la fois au papier et au numérique[185]. En 2019, il figure parmi les 50 sites les plus visités en France[186] et compte 130 000 abonnés numériques[187]. La barre des 200 000 abonnés au site web est franchie en novembre 2020[188].
Une étude réalisée début 2020 par une société de sécurité informatique indique que les données personnelles d'abonnés au site du journal ont été exposées sur un serveur non protégé[189]. En juillet 2021, laCommission nationale de l'informatique et des libertés condamneLe Figaro à une amende de 50 000 euros pour avoir installé descookies tiers à l'insu des utilisateurs et en violation duRGPD[190].
FigaroVox est une rubrique en ligne dufigaro.fr créée en 2014 parAlexis Brézet, ancien journaliste àValeurs actuelles (de 1987 à 2000)[191], « tenant d'une ligne très à droite »[192], sur le conseil dePatrick Buisson[193]. Figarovox est le prolongement surInternet des pages « débats et opinions » du quotidien papier[194] ; figurant sur la page d'accueil du site web du Figaro, les articles du FigaroVox accentuent le caractère politique de ce quotidien[191]. Les journalistes qui contribuent à FigaroVox se situent au carrefour de la droite, du catholicisme pratiquant, et des « nouveaux réactionnaires »[195]. FigaroVox est dirigé parVincent Trémolet de Villers, qui a coécrit un livre surLa Manif pour tous (Et la France se réveilla. Enquête sur la révolution des valeurs)[191]. Il est animé par Alexandre Devecchio, ancien journaliste du siteAtlantico[191]. Il compte parmi ses collaborateursMaxime Tandonnet, ancien conseiller pour l'immigration de Nicolas Sarkozy, ouGilles-William Goldnadel, avocat dePatrick Buisson[191].
Les thèmes de prédilection de FigaroVox sont « le déclin de l’école républicaine, l'immigration mal maîtrisée, l'islam comme première menace contre l’identité nationale »[192].
Le FigaroVox est considéré par le sociologuePhilippe Corcuff comme une rubrique « ultraconservatrice »[196], et par le sociologueJean-Louis Schlegel de la revueEsprit comme un lieu d'expression de « la droite de la droite » au même titre queCauseur ouValeurs actuelles[197]. La politologue Eszter Petronella estime que FigaroVox permet auFigaro d'« équilibrer » les positions plus modérées du quotidien papier en donnant la parole à un « journalismeidentitaire et militant », et de répondre ainsi aux besoins de tous les lecteurs[198]. Nolwenn Le Blevennec deRue89 le décrit comme une« plateforme de la droite dure duFigaro »[192]. La spécialiste de sciences de l'information Aurélie Olivesi souligne la proximité du « site polémique » FigaroVox et du magazineCauseur, certains journalistes ayant travaillé pour l'un et l'autre de ces médias[199]. SelonCauseur, la rubrique ouvre ses portes à des auteurs aussi bien de gauche que de droite[194]. D'après Nolwenn Le Blevennec, cependant, le FigaroVox est hanté par une « obsession identitaire », affiche une ligne éditoriale ultra-conservatrice etsouverainiste, et demeure une plate-forme où« on peut lire leFront National dans le texte, ou lierislam etDaech ». Les personnalités de gauche, commeGaël Brustier,Jean-Luc Mélenchon,Thomas Guénolé[194], y sont invitées « parfois »[192] ou plus régulièrement commeLaurent Bouvet[200].Éric Zemmour etAlain Finkielkraut y sont très appréciés[192]. SelonL'Express, parmi les auteurs invités se trouvent des libéraux et des souverainistes de gauche, mais en plus grand nombre des tenants de la « réaction conservatrice ». Ces intellectuels et polémistes utilisent l'espace d'expression offert pour y critiquer lamondialisation[201].
En, Le Figaro rachète le site d'information et de contenu sportifsport24.com qui gérait déjà depuis 2004 la rubrique sport duFigaro.fr ; c'est la première fois que le Figaro fit une acquisition de ce type[203]. En,Le Figaro achète le site culturelevene.fr, qui trouve rapidement des synergies avecLe Figaroscope[204], puis en c'est au tour de la billetterie spectacles Ticketac.com d’être acheté par le groupe[205]. En 2008, le groupe reprend la sociétéMétéo Consult, qui comprendLa Chaîne Météo[206] et en, il acquiert La Banque Audiovisuelle, la société éditrice devodeo.tv, via sa filiale The Skreenhouse Factory, dédiée à la télé et à la vidéo sur Internet. Le, il rachèteParticulier et Finances Éditions, comprenantLe Particulier,Le Particulier pratique,Le Particulier Immobilier etLa Lettre des Placements, ainsi qu'une trentaine de guides pratiques et le site leparticulier.fr[206]. En, il reprend Adenclassifieds, après uneOPA amicale ; la filiale devientFigaro Classifieds[207], elle regroupe notammentCadremploi,Keljob.com,kelformation,kelstage,kelsalaire.net,CVmail,Explorimmo,CadresOnline,OpenMedia,Seminus,Microcode,achat-terrain.com[208]. Les sitesachat-terrain.com etconstructeurs-maisons.com, créés en 2005, sont rachetés en[209].Campus-Channel, une plateforme vidéo pour étudiants lancée en 2011, est acquise par le Figaro Classifieds en[210]. En 2015[211], CCM Benchmark Group est racheté à 100 %, avec dans l'escarcelle des sites internet commeL'Internaute,Journal du Net, Le Journal des femmes, Droit-finances.net… L'acquisition de ces sites leader permet au Figaro de passer de la quinzième place dans le Web hors-mobile à la quatrième place, avec 24 millions de visiteurs uniques, derrière Google (41 millions), Microsoft (35 millions), et Facebook (26 millions)[212].
Media Figaro (ex-Publiprint, ex-Figaro médias) (régie publicitaire),
Le Figaro commandite la course à la voile, laSolitaire du Figaro depuis sa création en 1970.
Le journal et leCentre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) présentent leurs « Études politiques ».Le Figaro remplaceLe Monde comme partenaire de l'émissionLe Grand Jury ().
En, François Fossier soulignait les liens duFigaro avec l'Académie française :« Éditorialistes, critiques de théâtre, critiques musicaux, directeurs de rédaction ou aujourd'hui des deux magazines,Figaro Magazine etFigaro Madame, y ont fait et font encore leurs classes avant d'entrer, qui à l'Académie française, qui à l'Académie des Beaux-Arts. Le phénomène dépasse la simple conformité de vues entre leFigaro et l'Institut, et constitue pratiquement une tradition, au point qu'un éditorialiste récemment recalé par l'Académie a pu crier au scandale et au déni de justice. Si l'on ajoute à cela le fait que jusqu'à une date récente, de nombreuses parts du journal de trouvaient dans des portefeuilles d'académiciens, il devient évident que la collaboration entre lequai de Conti et leFigaro n'est pas uniquement de l'ordre d'une communauté d'intérêts intellectuels, mais tient plutôt du bastion bicéphale tenu en main par un groupe social dont les éléments font une sorte de va-et-vient entre les deux institutions auxquelles ils appartiennent conjointement et simultanément. Dire que les élections à l'Académie se font auFigaro est pratiquement unelapalissade, dans la mesure où l'Académieest auFigaro[214]. »
En mai 2016, un proche deSerge Dassault, président duFigaro, est impliqué dans une tentative d'assassinat, possiblement politique[215]. Les juges entendent Serge Dassault comme témoin assisté[216]. Mediapart s'étonne que cette information ne figure pas dansLe Figaro[217].
Début mai 2020,Le Figaro est accusé par la société de sécurité informatiqueSafety Detective d'avoir exposé sur un serveur sans aucune sécurité les données personnelles de milliers de lecteurs[218]. Ces données impliquent des noms, des mots de passe, des courriels ou encore des adresses postales et IP pour un total de huit téraoctets de données librement accessibles car protégées par aucun code d'accès[219]. Aucune donnée bancaire n'était en revanche présente sur ce serveur et,a priori, aucune opération malveillante n'a été réalisée à partir de ces données, selon la direction du journal[220].Le Figaro explique que cette fuite est due à la migration d'un serveur lors d'une opération de maintenance et, qu'une fois identifiée, elle a été très vite colmatée[221].
En mai 2023, le siteLa Lettre A dévoile queLe Figaro a accordé des réductions significatives à la campagne présidentielle du candidatÉric Zemmour[222].
En juin 2023,Le Figaro publie un article de Paul Sugy qui dévoile latransidentité de personnes travaillant pour laHaute Autorité de santé (HAS), sans leur consentement[223],[224] et au mépris d'uneclause de confidentialité portant sur la composition de ce groupe de travail[223]. D'après l'analyse de Rozenn Le Carboulec pour le médiaArrêt sur images, cet article au ton« complotiste », soutenant que des militants trans auraient« infiltré » la HAS, entraîne en retour un dépôt de plainte de la part de la HAS[224] ; l'existence de cette plainte est ensuite confirmée par l'Agence France-Presse[223].
D'aprèsLibération en 2023,Le Figaro s'illustre par une couverture médiatique intensive du « wokisme », queLibération qualifie de concept idéologique dénonçant le militantismeprogressiste. Le journal publie de nombreux articles d'opinion et des critiques de livres sur le sujet, et viserait ainsi selonLibération à fidéliser un lectorat sensible à ces thématiques. PourLibération, la plateformeFigaro Vox etLe Figaro Magazine sont particulièrement actifs dans une bataille culturelle anti-progressiste, menée par une nouvelle génération de journalistes qui considèrent le journalisme comme un combat idéologique[225].
Le médiaArrêt sur image reproche auFigaro des articles relativisant le réchauffement climatique ou insinuant le doute sur le consensus scientifique en vigueur[226].
Éditorial perçu comme favorable au Rassemblement national
Le lendemain du premier tour desélections législatives anticipées,Alexis Brézet, directeur des rédactions duFigaro, publie un éditorial[227] perçu comme un appel au vote pour le Rassemblement national[160], après avoir déjà suscité des controverses avec un billet similaire surEurope 1[228].« Entre Bardella et Mélenchon, qui, en conscience, voudra mettre un signe d’égalité ? Le programme du RN est certes, à bien des égards, inquiétant, mais en face : antisémitisme, islamo-gauchisme, haine de classe, hystérie fiscale. Placé, quoi qu’il en dise, sous la domination de La France insoumise [LFI], le Nouveau Front populaire est, de fait, le vecteur d’une idéologie qui consommerait le déshonneur et la ruine du pays[227]. »
Le 13 juin, Alexis Brézet avait appelé à l'« union des droites » avec le RN[229], avant de revenir sur sa position[230].
Dans un collectif, des journalistes duFigaro demandent une explication concernant ce qui leur a semblé être« un soutien au RN sans précédent dans l’histoire du journal »[231].
Le lectorat est majoritairementfrancilien (55 %) tandis que le taux de lecteurs à l’étranger ne dépasse pas les 7 %. Ces caractéristiques influencent le style de communication et pousse la rédaction à parler plus souvent des événements franciliens.
La classe moyenne, les cadres supérieurs et les petits patrons représentent l'essentiel du lectorat du Figaro. Tenant compte de l’appartenance de ce lectorat, le journal accorde plus de place aux nouveaux changements sociaux et culturels à travers les suppléments thématiques (Fig-Eco, Figaroscope, Madame Figaro, Figaro littéraire, etc.)
Historiquement, le titre annonce un tirage en 1866 de 56 000 exemplaires, contre un tirage maximum de 10 000 exemplaires en 1854, en tant qu’hebdomadaire. En 1928, les ventes au numéro plafonnent à 50 000, pour tomber à 15 000 en 1930, avant de se redresser à 90 000 en 1939. Le tirage atteint 400 000 exemplaires en 1948 puis passe à 500 000 en 1965. En 1981, le tirage annoncé est de 310 000, puis, en 1986-1992, le titre repasse les 400 000 lecteurs, avant de se stabiliser autour de 380 000 dans les années 1990[232].
La diffusion gratuite (universités, cabinets médicaux, compagnies aériennes, entreprises, etc.) est de 5 004 exemplaires en 2013. Pour comparer avec la diffusion des autres quotidiens nationaux français, voir l'article consacré à lapresse en France.
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↑Cette reprise suscitera, trente ans plus tard, cette raillerie d’Octave Mirbeau qui écrira, dansLes Grimaces, le :« Il avait fait deux fois faillite. Cela peut arriver aux plus honnêtes. Il n’avait plus à choisir qu’entre le suicide et la police correctionnelle. Il en était à cette minute de suprême angoisse où l’homme, qui se sent perdu, risque tout, même un crime. Il risqua plus qu’un crime, il risquaLe Figaro ».
↑Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral, Fernand Terrou [dir.],Histoire générale de la presse française, Paris, PUF, tome 2, 1969,p. 98.
↑Charles Ledré,La Presse à l’assaut de la monarchie : 1815-1848, Paris, Armand Colin, Kiosque, 1960.
↑Fabrice Erre, « Les discours politiques de la presse satirique. Étude des réactions à l’« attentat horrible » du 19 novembre 1832 »,Revue d’histoire duXIXe siècle,no 29, 2004,p. 31-51.
↑Patrick Clastres,Paul Dietschy, Serge Laget,La France et l’olympisme, Paris, ADPF-Ministère des Affaires étrangères, juin 2004.
↑Jean-Yves Le Naour,Meurtre au Figaro - Le procès Caillaux, Larrousse, L'Histoire comme un roman, 2007. Voir aussi « Meurtre au Figaro : Joseph Caillaux pouvait-il empêcher la guerre de 1914 ? » deJean-Yves Le Naour,jeanyveslenaour.com.
↑Et ses rubrique nécrologique : cf. Arina Makarova, « Dits et non-dits des nécrologies de la presse », In:Le Temps des médias,no 1, automne 2003,p. 108-118.
↑Alice Bernard, « Le Figaro : miroir d’une époque, instrument d’une société », Actes du Colloque Le Figaro, histoire d’un journal, Centre d’histoire de sciences Po, à paraître en 2008.
↑abcde etf"Le Figaro littéraire, de la revue politique et littéraire au news magazine", parClaire Blandin, dans la revueMatériaux pour l'histoire de notre temps en 2004[1]
↑"M. PIERRE BRISSON conserve la direction du Figaro dont M. Prouvost partage désormais la propriété avec Mme Cotnareanu" dansLe Monde du 17 mai 1950[5]
↑abcdef etgCinquante ans de presse parisienne : Ou La nuit du Strand, par Hervé Mille, aux Editions de la Table ronde en 1992.
↑ab etc"Les ondes de la liberté: Sur mon antenne, 1934-1984" par Marcel Bleustein-Blanchet J.C. Lattès, 1984[6]
↑a etb1950 : « Le Figaro sur les plages crée le bonheur à tout âge » par Mariame Codur, dansLe Figaro 21 juillet 2016.
↑« Le Figaro sur les plages crée le bonheur à tout âge », « Le Figaro ne rase pas mais captive ! », « Le Figaro coûte peu d'argent et sa lecture est d'or», «Le Figaro nous attire comme sirène d'antan ».
↑Le Figaro, numéro spécial des concours de plage 1962.
↑abcdefghijkl etm« Le Figaro littéraire, de la revue politique et littéraire au news magazine », parClaire Blandin, dans la revueMatériaux pour l'histoire de notre temps en 2004[9].
↑"Juin - Le maréchal africain" par Guillaume Denglos, en 2019, dans la Collection Portraits - Librairie Decitre[10]
↑a etb« La conversion libérale de Jacques Lemaigre Dubreuïl au Maroc (1950-1955) », par Clotilde De Gastines, dansOutre-mers, Revue d'histoire, 2009[13].
↑abc etd« Nous voulions un journal pour dire ce que nous pensions », interview deFrançoise Giroud, par Denis Jeambar et Roland Mihaïl dansL'Express le 3 juin 1999,[15].
↑Taguieff, Pierre-André : Sur la Nouvelle Droite. Jalons d’une analyse critique, Paris, Descartes & Cie, 1994.
↑François Quinton,Le Figaro Magazine entre droite et « Nouvelle Droite » (octobre 1978-juillet 1979), mémoire dirigé par Gilles Richard, Rennes, IEP, 2005, 135 p.
↑ RAISON DU CLEUZIOU Yann, « Un ralliement inversé ? Le discours néo-républicain de droite depuis la Manif pour tous »,Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, 2016/1 (n° 34), p. 125-148. DOI : 10.3917/mnc.034.0125. URL :https://www.cairn.info/revue-mil-neuf-cent-2016-1-page-125.htm
↑AurélieOlivesi et ZoéKergomard, « ”Just as Orwell said”: The Emergence of a ”Dystopian Framing” in French Conservative Media in the 2010s »,SFRA Review,vol. 50,no 4,,p. 119–127(lire en ligne, consulté le)
↑Dans un article intitulé «Comment l’extrême droite a infiltré les médias»,Le Monde évoque le glissement du conservateur Alexandre Devecchio, «rédacteur en chef adjoint des pages débats du Figaro» (FigaroVox) dans le camp des réactionnaires,« Comment l’extrême droite a infiltré les médias »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
↑« Au « Figaro », un éditorial d’Alexis Brézet sur Europe 1 réveille la crainte d’une droitisation de la ligne éditoriale »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
Le Figaro. Deux siècles d'histoire, par Claire Blandin, Armand Colin, 2007.
Le roman du Figaro : 1826-2006, par Bertrand de Saint-Vincent, Plon-Le Figaro,(ISBN978-2259205832) (le texte de ce livre a été publié dansle Figaro du au).
L'associationAcrimed (acronyme d'« Action critique Médias ») consacre de nombreux articles à la critique des médias depuis les années 2000 notamment concernant le Figaro