Les Latins sont un groupe linguistique au sud duTibre, sans écriture avant leVIIIe siècle av. J.-C. Ils partageaient des cultes communs, comme un culte àJupiter latin sur lemont Albain. Les Latins vivent dans des communautés villageoises, des sociétés surtout pastorales, car les terres sont inondables.
Les Latins sont une populationindo-européenne appartenant au groupe linguistiquelatino-falisque. Au début du IIe millénaire, il est probable que leurs ancêtres ont été en contact avec ceux desGermains. Les linguistes ont relevé entre le latin (l'italique) et legermanique commun reconstruit un certain nombre de particularités communes, qui sont pour la plupart des innovations[1],[2]. Ainsi, pour le linguisteAntoine Meillet, les concordances observées dans le vocabulaire de civilisation de l'italique et d'autres langues du nord-ouest de l'Europe (germanique, celtique...) indiquent que « les colons auxquels sont dues les langues italiques sont passés par l'Europe centrale et venaient du Nord »[3]. De même, plusieurs auteurs ont suggéré que laculture campaniforme d'Europe centrale et occidentale était une candidate pour une branche européenne ancestrale des dialectes indo-européens, appelée « indo-européenne du nord-ouest », ancêtre des branches celtique, italique, germanique et balto-slave[4].
L'apparition des peuples latino-falisques dans la péninsule italienne est la conséquence de bouleversements dans les Balkans à l'âge du bronze et l'âge du fer alors que des populations ont traversé l'Adriatique pour s'y établir, laculture de Cetina(en) en témoignant. L'archéologie semble ainsi démontrer qu'un déplacement de population qui a abouti vers -1200 (appelésiècles obscurs selon les chroniques) autour de lamer Égée à partir de laculture de Vatin(en) puis celle de Belegis (territoire desScordisques) dont la progression représentée par lescultures de Brnjica(en) et de Paracin[5]aurait aussi eu un impact vers l'ouest qui aurait donné naissance à une autre culture, laculture de Glasinac dans laquelle des liens identifiables se retrouvent spécifiquement en Toscane et au Latium[6]. Dans cette optique, les fondateurs de la cité d'Ardée, l'une des premières cités de laligue latine pourraient découler d'un rameau desArdiéens ou Vardéens, alors l'un des plus puissants peuples habitant les environs de la rivière Cetina en Illyrie, dans ce qui est aujourd'hui essentiellement le sud de laCroatie ainsi que l'Herzégovine et une partie du littoral duMonténégro[réf. nécessaire]. D'autres exemples de ce type ont été relevés, tels que la cité deRudiae enMessapie à rapprocher de l'un des peuples méridionaux d'Illyrie ouIllyrii proprie dicti(en) (« Illyriens proprement dit »), les Rudini. Dans l'Énéide deVirgile, le roi desRutules estDaunus l'éponyme desDauniens, un peuple originaire d'Illyrie (ouDalmatie) qui s'est établi dans le nord de l'Apulie (Pouilles) mais aussi selon différentes sources dans le Latium. D'autre part,Pline l'Ancien nous fait connaître la liste des trente peuples albains (populi albenses), dont l'un est nommé Latinienses, également appeléPrisci Latini « Premiers Latins ». Ainsi, les Latins apparaissent être une composition de deux peuples, celui d'autochtones alliés à de nouveaux arrivants. Le nom « Latin » s'étant étendu de ce fait à tous les peuples occupant le territoire qui deviendra le Latium.
Le nom des Latins vient du motlatus : « étendu », « plat », « plaine » car leur terroir se trouve au débouché maritime de la vallée duTibre. « Latin » s'explique aussi par le celtiquelato signifiant « ardeur », « fureur » et parlãtis « héros » (voirLatobices). LesOmbriens qui précédaient lesÉtrusques et des peuples du Latium étaient par ailleurs considérés par certains auteurs antiques tels queCaton l'Ancien,Tite-Live etPlutarque de même origine que lesCeltes. Présents dans la péninsule italienne depuis leIIe millénaire av. J.-C. dans ce qui deviendra leLatium, les peuples constituant les Latins comme les autres tribus apparentées (Rutules,Falisques,Capénates...) assimilent les populationsligures etombriennes et s'émancipent au début duIer millénaire av. J.-C. avec laculture latiale[9]. L'évolution sémantique de certaines formes latines semble indiquer que les Latins ont vécu dans les cités lacustres sur pilotis (palafitte) deTerramare, culture archéologique de l'Âge du bronze moyen (1700 - 1150 av. J.-C.) de la vallée duPô :pagus « village » apparenté àpalus « pieu »,pons « pont » initialement « passage »,portus « port » initialement « gué »,vadere « passer à gué » d'où « aller »[10]...
Une étude génétique publiée en 2019 montre que quatre Latins sur les cinq échantillonnés présentent des lignéesR1b-L23 dérivées de laculture de Yamna, dont trois sous-clades R1b-U152 et un hg. R1b-Z2103 (résultats en accord avec la variabilité génétique trouvée parmi les populations de laculture campaniforme d'Europe centrale), tandis qu'un autre individu d'Ardea montre un haplogroupeT1a-L208 qui pourrait éventuellement être expliqué par les fortes influences étrusques signalées parmi lesRutules à Ardea[11].
AuVIIe siècle av. J.-C., une sorte de confédération à la fois religieuse et politique réunit environ trente cités et tribus latines : laligue latine. Elle a pour but d'organiser une défense mutuelle contre les agressions extérieures. La Ligue est dissoute parRome en338 av. J.-C.
Il n'existe à l'heure actuelle aucune preuve archéologique que l'ancien Latium ait abrité des établissements permanents à l'âge du bronze. De très petites quantités de tessons de poterie de laculture apenninique ont été découvertes dans le Latium, appartenant probablement à des pasteurs transitoires engagés dans la transhumance. Il apparaît donc que les Latins ont occupé leLatium vetus au plus tôt vers 1000av. J.-C.
Initialement, les migrants latins installés dans le Latium étaient probablement concentrés dans les collines basses qui vont de lachaîne des Apennins centrale à la plaine côtière (dont une grande partie était alors marécageuse et paludéenne, et donc inhabitable). Lesmonts Albains, un plateau situé à environ 20 km au sud-est de Rome, abritent un certain nombre de volcans éteints et 5 lacs, dont les plus grands sont lelac de Nemi et lelac d'Albano). Ces collines constituaient une base défendable et bien arrosée. Les collines sur le site de Rome, certainement lePalatin et peut-être leCapitole et leQuirinal, ont hébergé très tôt des colonies de peuplement permanentes.
Les Latins semblent s'être culturellement différenciés des tribus environnantes italiquesosco-ombriennes à partir de 1000av. J.-C. À partir de cette époque, les Latins présentent les traits de laculture villanovienne de l'âge du fer que l'on trouve enÉtrurie et dans la vallée du Pô. En revanche, les tribus osco-ombriennes ne présentent pas de caractéristiques villanoviennes. Les Latins partageaient donc globalement la même culture matérielle que les Étrusques. La variante villanovienne trouvée dans le Latium est surnommée laculture latiale. La caractéristique la plus distinctive de la culture latiale sont des urnes cinéraires en forme detuguria miniatures (« cabanes »).
Dans la phase I de la culture latiale (environ 1000–900 av. J.-C.), ces urnes-cabanes n'apparaissent que dans certaines sépultures, mais elles deviennent la norme dans les sépultures de crémation de phase II (900-770 av. J.-C.). Elles représentent les huttes à une seule pièce des paysans contemporains, qui ont été fabriqués à partir de matériaux simples et facilement disponibles: des murs en osier et des toits de paille soutenus par des poteaux en bois. Les huttes sont restées la principale forme de logement dans le Latium jusqu'à environ 650 ansav. J.-C. L’exemple le plus célèbre était lacasa Romuli (maison de Romulus) située sur le flanc sud de la colline du Palatin, qui aurait été construite par le légendaire fondateur de Rome de ses propres mains et qui aurait survécu jusqu'à l’époque de l'empereurAuguste.
Jusqu'auIXe siècle av. J.-C., il s'agit d'une population au niveau technologique assez rudimentaire, menant une viepastorale et vivant dans des villages dehuttes. Ce sont les influencesétrusque etgrecque qui feront évoluer la culture latine vers des formes plus élaborées, avec une écriture, des villes, et une économie d'échanges diversifiée.
La tribu parlait la langue latine (en particulier lelatin archaïque), membre de la branche occidentale deslangues italiques, elle-même branche de la famille des langues indo-européennes (IE) en Europe.
Initialement les Latins sont surtout des éleveurs dont le patrimoine familial se mesure par lebétail : leschèvres, mais surtout lesbœufs, lesmoutons, et lescochons. Le sacrificesuouetaurilia prouve le rôle primordial du bétail dans la mentalité romaine qui désigne par ailleurs les biens de valeur du terme depecunia (« avoir en bétail, fortune qui résulte du bétail »), dérivé depecus (« le troupeau, le bétail »), terme et acception qui ont survécu jusque dans le français moderne dans des mots comme « pécuniaire » et « pécule ». Notons quepecus vient de l'indo-européen *peku- (« richesse mobilière personnelle ») et que la monnaie archaïque romaine, encore utilisée à la fin duIVe siècle av. J.-C., porte l'image d'un bœuf et non d'une louve (légende deRomulus et Rémus sur lafondation de Rome) comme l'on s'y attendrait.