Article 1 Omnes homines liberi æquique dignitate atque iuribus nascuntur. Ratione conscientiaque præditi sunt et alii erga alios cum fraternitate se gerere debent.
Durant la suite du Moyen Âge, les langues locales s'affirment sur le plan littéraire et intérieur, et tandis qu'il donne naissance à de nombreuses langues vernaculaires dérivées (leslangues romanes) et que des langues non romanes (comme l'anglais ou l'allemand) lui empruntent du vocabulaire, le latin reste influent aux plans diplomatique, juridique, scientifique et philosophique.
Le latin est réformé vers800, puis auXIe siècle, sur le modèle du latin classique, afin d'éviter une dérive vers leslangues vernaculaires qui en étaient issues.
Pendant le Moyen Âge, on désigne par le motlitteratus une personne qui maîtrise le latin. L'illiteratus est celui qui l'ignore, ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas « lettré »[4].
À laRenaissance, la fonction scientifique et philosophique de la langue latine commence à décliner, tout comme sa fonction diplomatique (Ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539). Cela n'empêchera pasÉrasme de publier une quantité de textes en un latin redevenu classique et très riche ; de même,René Descartes (1596 – 1650) écrit volontiers en latin… surtout lorsqu'il est pressé (même s'il publie sonDiscours de la méthode d'abord en français pour des raisons particulières ; les ouvrages de son époque sont souvent imprimés en latin pour être diffusés dans toute l'Europe). Dans la partie germanique de l'Europe (où ledroit romain reste en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire), le latin restera plus longtemps la langue des publications importantes ou scientifiques, tandis que du côté français, d'énormes efforts sont accomplis (surtout avecLouis XIV) pour le remplacer par un français châtié et remanié. Le latin reste toutefois lalangueliturgique et officielle ducatholicisme (textesdoctrinaux oudisciplinaires,droit, etc.).
Il reste de plus dans l’Église catholique romaine diversmouvements traditionalistes, comme les fraternités sacerdotalesSaint-Pierre ouSaint-Pie-X, qui célèbrent la messe suivant lerite tridentin, en latin, forme ordinaire dans l'Église romaine avant la réforme liturgique de 1969 adossée auconcileVaticanII. Celui-ci, dans la constitution sur la liturgieSacrosanctum Concilium, demande une participation active des fidèles dans la liturgie et, pour ce faire, introduit une série de modifications, dont un usage plus important des langues vernaculaires (SC 36), même si celles-ci ne sont pas originellement censées se substituer totalement au latin. Le papeBenoîtXVI rétablit l'usage complémentaire du rite tridentin sans limitations en 2007, par lemotu proprioSummorum Pontificum. Sous la forme ordinaire,la messe devrait aussi être dite en latin[réf. nécessaire], quoique ce soit rarement le cas dans les faits.
Le nombre de locuteurs courants est estimé à 2 000[1] ; selon le latinisteReginald Foster, le nombre de locuteurs courants en 2013 se limite à cent personnes[7].
Les Romains sont les créateurs de l'alphabet latin qui comportait, à l'époque classique, les lettres suivantes :
A
B
C
D
E
F
G
H
I
L
M
N
O
P
Q(V)
R
S
T
V
X
a
b
c
d
e
f
g
h
i
l
m
n
o
p
q(u)
r
s
t
u
x
Les lettresk,y etz sont rares :k n'existait pas dans l'alphabet latin (on ne peut guère signaler que les noms communs « Kalenda » et « Kalumniator » et les noms propres « Kaeso » et « Karthago » (Carthage)), mais était initialement utilisé unc devanta,o et les consonnes ;y etz ont été ajoutées pour transcrire les mots grecs à partir de l'époque classique.Quintilien se plaint que cet enrichissement de l'alphabet permette de mieux transcrire les mots grecs que les mots latins[note 3].
On ne connaît pas avec une précision totale la prononciation du latin classique, malgré les nombreux témoignages laissés par les auteurs latins et les moyens mis en œuvre par laméthode comparatiste (cf. remarque de Quintilien ci-dessus).
L'une des modifications les plus importantes depuis l'indo-européen commun est lerhotacisme (passage de [s] à [r] dans certaines conditions ; principalement entre voyelles). La prononciation d'une langue n'étant pas figée, tant que le latin a été parlé, sesphonèmes ont évolué. Les évolutions les plus flagrantes ont été :
au (diphtongue) : [au̯] ; cette diphtongue, hormis dans certaines prononciations dialectales, s'est conservée tout au long du latin ; en Gaule du Nord, par exemple, elle ne se monophtongue en [ɔ] qu'à partir de la deuxième moitié duVe siècle ;
c : [k] (toujours dur) ; dans les inscriptions archaïques (et, à l'époque classique, dans les prénomsGaius etGnaeus),c pouvait servir à noter [g] ;
h : initialement/h/ (comme enanglais ou enallemand) puis très rapidement simple légèreaspiration, dès les premiers textes littéraires et jusqu'à la fin de l'époque républicaine, époque où il s'amuït dans la langue populaire. Il se maintient toutefois à l'école et dans la langue cultivée jusqu'à la fin de l'Empire romain d'Occident.
i : note à la fois la voyelle [i],longue ou brève, et la semi-consonne [j] ([jj] entre deux voyelles) ; dans les éditions scolaires, quandi vaut [j], il est souvent écritj, distinction que les Romains ne pratiquaient pas (pour cause : la lettrej n'est apparue que bien après) : ils écrivaient ‹ I › en toute position ;
m : [m] ; amuï de bonne heure en fin de mot : si bien querosam se prononçait commerosa. Toutefois, cet amuïssement ne touche pas les monosyllabes :rem etquem ont donné respectivementrien en français etquien en espagnol.
s : toujours [s] ; le latin ne connaissait pas le son [z], remplacé par [r] (rhotacisme) ;
th : [tʰ] (aspiré ; emprunté au grec ancien) ;
u : note à la fois la voyelle [u]longue ou brève, et la semi-consonne [w] ; la distinction entreu etv en minuscules est relativement récente et ne s'emploie plus que dans les éditions scolaires. Les Romains écrivaientV en toute position. Dans toute l'aire gallo-romane,ū (u long) évoluera par la suite en [y] ;
x : [ks]; non pas unphonème, mais une convention orthographique pour une séquence de deux consonnes [k]+[s] – ex. :exire [ek.ˈsiː.re] ;
y : [y] ; emprunté au grec ancien, se prononce [y] suivant le modèle grec ; toutefois, plus tard, en bas latin, il s'articule soit [u], soit [i], selon les cas ;
z : [d͡z] (emprunté au grec ancien) ; consonne double ne se trouvant que dans quelques mots grecs ;
Une autre prononciation du latin est celle du « latin ecclésiastique », ou « latin d'église », qui est assez proche du bas-latin, voire de l'italien, avec quelques exceptions. Cette prononciation, qui n'est fondée sur aucune base philologique sérieuse, est celle définie parÉrasme dans son ouvrageDialogus de recta latini graecique sermonis pronuntiatione écrit en 1528.
On compte dans le système nominal autant les noms que les adjectifs, qui suivent des flexions proches, sinon similaires. La flexion nominale comporte :
deuxnombres : singulier et pluriel, avec des survivances de duel (dans les formes des adjectifs numérauxduo, duae, duo etambo, ambae, ambo) ;
troisdegrés de l'adjectif : positif, comparatif (de supériorité, ainsi qu'à valeur intensive ou excessive) et superlatif (à valeur à la fois relative et absolue), marqués par des suffixes. Il y a des exceptions pour certains adjectifs courants, comme « bonus, a, um », « bon » qui donne « melior, ior, ius » au comparatif et « optimus, a, um » au superlatif (cf. meilleur, meilleure, mieux)
La conjugaison du verbe latin repose tout entière sur l'opposition de deux thèmes, celui du présent (infectum) et celui du parfait (perfectum)[9].Le système verbal latin s'organise en fait à partir de trois radicaux[10] :
La classification scolaire en 4 ou 5 conjugaisons, basée sur la voyelle finale du thème, n'est valable que pour la série de l'infectum, construite sur le radical du présent. À la série duperfectum, construite sur les radicaux du parfait et dusupin, cette distinction est inappropriée[11],[12].
Il existe également quelques verbes irréguliers au thème du présent – d'anciens verbes athématiques pour la plupart[13] –, qui ne sont pas classés dans ces groupes, par exemple :
esse, sum, es, est, sumus, estis, sunt (être) et ses composés (posse,abesse, etc.)
ferre, fero, fers, fert, ferimus, fertis, ferunt (porter) et ses composés (conferre,auferre, etc.), dont la conjugaison est identique à celle delego (3e conjugaison), à l'exception de quelques formesathématiques (fers au lieu de*ferĭs,ferre au lieu de*ferĕre, etc.).
Les phrases principales latines se composent comme en français de :
Un sujet au nominatif (plus des épithètes éventuels)
Un verbe conjugué
Un/des complément(s)
Exemples :
Caesar consul fuit = César fut consul.
Puer stultus fructum edit = L'enfant stupide mange un fruit.
Remarque :
Le verbe conjugué est souvent placé en fin de proposition principale (voir ex. plus haut).
Le sujet est souvent sous-entendu dans la conjugaison du verbe : on trouvera« edo/edis/edit/edimus/editis/edunt fructum = Je/tu/il/nous/vous/ils mange(s)/(eons)/(ez)/(ent) un fruit ».
Les phrases secondaires latines sont :
Les propositions infinitives. Elles contiennent :
Un verbe conjugué à l'indicatif (verbe de la phrase principale se construisant avec une proposition infinitive).
Un sujet à l'accusatif.
Un verbe à l'infinitif (base de la proposition infinitive).
Exemple :dicoeum (pronom-déterminant à l'accusatif)puerum esse =Je dis qu'il est un enfant.
Remarque : la conjonction de subordination se place en français entre le verbe principal et le sujet de la proposition infinitive.
L'infinitif utilisé dans les propositions varie selon le sens et la concordance des temps (voir infinitifs latins).
Les propositions subordonnées relatives.
Elles se forment comme en français, avec le pronom relatif qui, quae, quod, qui s'accorde avec le nom dont la relative est le complément.
Ex. :Caesar, qui consul fuit, pulcher erat = César, qui fut consul, était beau.
Cepit res quae Caesari erant = Il a pris des choses qui étaient à César.
Le comparatif de supériorité se forme à partir du radical d'un adjectif (ex. clarus ⇒ clar) + ior, ior, ius. Le comparatif de clarus est donc clarior, ior, ius.
Le comparatif de supériorité.
Le comparatif peut servir à comparer des choses :
ex. : Pierre est plus grand que Paul = Petrus maior est quam Paulus.
Le comparatif de supériorité utilisé seul se traduit parassez/trop/un peu (dans un sens ironique.)
ex. : cette chose est assez grande = Haec res maior est.
Le comparatif d'égalité.
ex. : Pierre est aussi célèbre que Paul = Petrus tam clarus est quam Paulus.
Le comparatif d'infériorité.
ex. : Pierre est moins célèbre que Paul = Petrus minus clarus est quam Paulus.
à l'étrusque, pour des mots commekalendae, « calendes » (d'oùcalendrier), ouuerna, « esclave né à la maison » (d'oùvernaculaire) du lexique courant et religieux.
Un mot latin peut avoir directement engendré un mot français ; c'est le cas pourala /aile,amare /aimer,barba /barbe,carpa /carpe, etc.
Dans d'autres cas, la situation n'est pas si simple et le mot a évolué d'une manière moins linéaire :aqua, « eau », donneeau mais après une autreévolution phonétique, le même étymonaqua a donné ledoubletève, encore présent dans le doublet populaireévier deaquarium.Fagus, « hêtre », se voit évincé par un mot germanique etcrus, « jambe », ne se retrouve qu'indirectement danscrural.
↑Nuntii Latini, conspectus rerum internationalium hebdomadalis, est programma Radiophoniae Finnicae Generalis (YLE) in terrarum orbe unicum.Nuntii Latini
↑Aut grammatici saltem omnes in hanc descendent rerum tenuitatem, desintne aliquae nobis necessariae litterae, non cum Graeca scribimus (tum enim ab isdem duas mutuamur), sed proprie in Latinis: ut in his "servus" et "vulgus" Aeolicum digammon desideratur, et medius est quidamu eti litterae sonus (non enim sic "optimum" dicimus ut "opimum"), et in "here" nequee plane nequei auditur ; an rursus aliae redundent, praeter illam adspirationis, quae si necessaria est, etiam contrariam sibi poscit, etk, quae et ipsa quorundam nominum nota est, etq, cuius similis effectu specieque, nisi quod paulum a nostris obliquatur,coppa apud Graecos nunc tantum in numero manet, et nostrarum ultima, qua tam carere potuimus quampsi non quaerimus?
Quintilien,De l'Institution Oratoire, livre I, IV, 7-9