| Larbi Ben M'hidi | ||
Mohamed Larbi Ben M'hidi. | ||
| Surnom | Jean Moulin algérien, El Hakim | |
|---|---|---|
| Naissance | Ain M'lila,Aurès (Algérie) | |
| Décès | (à 34 ans) maquis dans uneferme à 20 km au sud d'Alger | |
| Origine | ||
| Allégeance | FLN | |
| Arme | Armée de libération nationale | |
| Grade | Chef de l'ALN | |
| Années de service | 1945 –1957 | |
| Commandement | Wilaya V Zone autonome d'Alger | |
| Conflits | Guerre d'Algérie | |
| Faits d'armes | Batailles dans l'Oranie[réf. nécessaire] Bataille d’Alger | |
| Distinctions | honneursmilitaires Cimetière desMartyrs | |
| Hommages | 1er novembre | |
| Autres fonctions | Membre fondateur duFLN(1954)Membre fondateur de laZone autonome d'Alger(1956)Membre duCCE(1956) | |
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Mohamed Larbi Ben M'hidi (en Berberechaoui[1] : Muḥend Lɛrbi U Mhidi, ⵎⵓⵃⴻⵏⴷ ⵍⵄⴻⵔⴱⵉ ⵓ ⵎⵀⵉⴷⵉ et enarabe : محمد العربي بن مهيدي) surnomméEl Hakim (le sage), ou le « Jean Moulin algérien »[2], né dans lesAurès en 1923 àAïn M'lila dans ledépartement de Constantine (actuellewilaya d’Oum El Bouaghi), et mort assassiné en 1957 àAlger, est unmilitantnationalistealgérien, membre duParti du peuple algérien, puis duMouvement pour le triomphe des libertés démocratiques[3], l'un des fondateurs duFront de libération nationale en 1954, puis combattant pendant laguerre d'Algérie (1954-1962).
Arrêté en, il estexécuté sans jugement par l'armée française durant labataille d’Alger[4],[5]. La responsabilité des militaires français dans son assassinat est reconnue officiellement le par le président de la RépubliqueEmmanuel Macron[6]. Il est considéré comme un héros de la guerre en Algérie[3] et son nom est attribué à plusieurs lieux et édifices institutionnels.

Cadet d'une famille rurale aisée[7] de trois filles et deux garçons, il naît audouar El Kouahi[8] àAïn M'lila (40 km au sud de Constantine) ; région où les Ben M'hidi formaient un grandarch[1],[9]. Après une année à l'école primaire française, il part pourBatna où il obtient soncertificat d’études primaires[10], puis commence des études secondaires àBiskra. En 1939, il s'engage dans les rangs desScouts musulmans algériens ; au bout de quelques mois, il devient chef de groupescout.[réf. souhaitée]

Ben M'hidi travaille comme comptable au service du Génie civil deBiskra pendant quelques mois, puis s'installe àConstantine et devient un militant très actif duParti du peuple algérien (PPA)[7].
Il est arrêté après lesmassacres du 8 mai 1945[7]. Le PPA étant devenu clandestin après 1945[3], il adhère auMouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et devient cadre de l'Organisation Spéciale (OS)[3]. Lors du démantèlement de cette structure en 1950, il est de nouveau recherché[3] et condamné par défaut à dix ans de prison[7] pour « menées subversives et activité illégale »[8].
En, Ben M'hidi est l'un des neuf fondateurs duComité révolutionnaire d'unité et d'action[3] (CRUA) qui le transforment celui-ci enFLN et décident de la date du1er Novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance algérienne lors de la réunion du dans une modeste villa duClos Salembier appartenant à Lyès Deriche. On lui confie la direction de l'Oranie (wilaya V à partir de 1956) qui est sa première responsabilité ; il l'organise efficacement malgré les difficultés[8].
En 1956, laissant le commandement de la wilaya V à son lieutenantAbdelhafid Boussouf, il devient membre duConseil national de la révolution algérienne (CNRA) ; il est proche des idées d'Abane Ramdane et deKrim Belkacem.
Nommé à la tête de laZone autonome d'Alger (ZAA), il participe à l'organisation des premiers attentats dans la capitale (notamment ceux du, dont l'Attentat du Milk-Bar). En janvier, le gouverneur généralRobert Lacoste lance la bataille d'Alger, confiant aux parachutistes du généralJacques Massu, les pouvoirs de police dans la zone Alger-Sahel.
Larbi Ben M'hidi est arrêté le par des parachutistes du3ème Régiment de Parachutistes coloniaux (la direction de la ZAA passe alors à son adjointYacef Saâdi, responsable militaire) ; refusant de parler, il est pendu par un groupe de soldats français aux ordres du futur généralPaul Aussaresses, dans la nuit du 3 au[11],[12],[6]. En 2017, dans une interview au journalEl Watan, sa sœur Drifa Ben M’hidi estime certain que son frère a été dénoncé par ses compagnons d'armes[13].
Dans lefilm documentaire d'Yves Boisset surLa Bataille d'Alger réalisé en 2006, le colonelJacques Allaire, à l'époque lieutenant, qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi en 1957, déclare à son sujet : « Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’Hidi. Ben M’Hidi était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais: « Vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la bataille d’Alger est perdue », et j’extrapolais un peu : « La guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant ! ». Il dit : « Ne croyez pas ça ! » Et il me rappelait les chants de la résistance (Le chant des Partisans) un autre prendra ma place. Voila ce qu’il m’a dit, mais ceci d'une manière sereine pas ostentatoire. C'est un homme qui est calme, serein, je ne peux même pas dire qu'il était inquiet, il avait déjà compris que la page était tournée pour lui parce que:... Que faire de Ben M'Hidi ? ... Que faire de Ben M'Hidi ? Nous, nous avons d'abord longuement parlé avec le colonel Bigeard et j'ai dit que Ben M'Hidi est un poisson trop gros pour nous, il faut le rendre, il faut le donner et le reste ce n'est plus notre problème, c'est à l’échelon supérieur de décider de ce que l'on pourra faire de Ben M'Hidi.
« Ben M’Hidi. Ça m’a fait de la peine de le perdre, parce que je savais qu’on ne le reverrait plus. Je subodorais. » « Je l’ai remis à l’État-major, et à une équipe qui est venue le chercher, et c’était la nuit, et bien que le règlement s’y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu’il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage. Et Ben M’Hidi était pour moi un grand monsieur et d’ailleurs son prénom, dans la résistance, c’était Hakim, qui veut dire : le preux. » « Après, il a été remis à la justice, dans un camp d’internement, et j’ai appris à travers la presse, les journaux, et tous les livres d’histoire que j’ai parcourus qu’il s’était suicidé dans sa cellule le 4 mars… » »[14]

En 2001, dans son livreServices spéciaux, Algérie 1955-1957 (éditions Perrin), le généralPaul Aussaresses reconnaît avoir procédé à l'exécution sommaire, parpendaison maquillée ensuicide, de Larbi Ben M'Hidi, dans la nuit du 3 au, les faits étant commis avec l'assentiment tacite, selon lui, de sa hiérarchie militaire et d'un juge qui aurait lu le rapport sur le prétendu suicide avant que celui-ci ait eu lieu[4].
Le, dans un entretien au quotidienLe Monde[5], Aussaresses retrace les dernières heures de Larbi Ben M'hidi, amené d'Alger dans laMitidja, dans la ferme désaffectée d'un colon. Six hommes dont Aussaresses préparent l'exécution en passant une corde à travers un conduit de chauffage. L'un des hommes joue le rôle du supplicié pour vérifier que tout est au point. Il est monté sur untabouret, a passé sa tête dans le nœud et regarde les autres, provoquant un fou rire général. Un parachutiste veut bander les yeux de Ben M'hidi. Celui-ci refuse. Le soldat répond qu'il exécute un ordre. Ben M'hidi réplique qu'il est colonel de l'ALN et qu'il sait ce que sont les ordres. Sa demande sera refusée ; il sera pendu les yeux bandés et se taira jusqu'à la fin. Pour le pendre, lesbourreaux vont s'y prendre à deux fois. La première fois, la corde casse.
Le, soixante-dix ans jour pour jour après le début de la guerre d’Algérie (1954-1962), le président de la république françaiseEmmanuel Macron reconnaît dans un communiqué[15], la responsabilité de la France dans son assassinat[16].
Héros national enAlgérie[3], il est enterré dans le « carré des martyrs » ducimetière d'El Alia, à Alger[17]. En son honneur,Marsa Ben M'Hidi, une commune de lawilaya de Tlemcen, porte son nom. Il en est de même de l'ex-village Morris, maintenant sous-préfecture dans lawilaya d'El Tarf, qui porte le nomBen Mehidi.

À l'instar de larue Larbi-Ben-M'Hidi, une importante artère d'Alger (ancienne rue d'Isly), chaque ville d'Algérie a une rue portant son nom[8], ainsi que différents établissements scolaires à travers le pays, l'université d'Oum El Bouaghi, et des plages de la ville deSkikda (anciennement plages Jeanne-d'Arc).
Sa vie a été adaptée au cinéma par Bachir Derrais dans le filmLarbi Ben M’hidi, sorti le[18].
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