Glottolog recense27 langues ou dialectes berbères (langues mortes incluses)[10].
Le berbère possède son propre système d'écriture, letifinagh — un alphabettouareg[11] issu dulibyque, l'alphabet usité par les berbères jusqu'à l'Antiquité tardive en Afrique du Nord —, dont une variante est officiellement utilisée au Maroc, lenéo-tifinagh.
Il n'y a pas de chiffres officiels concernant le nombre de berbérophones, mais on estime qu'il existe entre 40 et 60 millions de locuteurs des langues berbères dans le monde, principalement au Maghreb.
Durant la seconde moitié duXXe siècle, le nombre de locuteurs berbères se situe entre 30 et 60 % selon les sources. Cette chute s’explique entre autres par la politique linguistique coloniale, suivie de la politique d'arabisation[16].
Lenafusi, parlé au nord-ouest de laLibye, autrefois considéré comme faisant partie du groupe zénète, en est exclu par les études récentes, qui le rattachent au groupe deslangues berbères de l'Est[19].
un premier sous-groupe incluant leghadamesi et letawjilit, caractérisés par la préservation du *β proto-berbère en tant que β[23] (devenuh ou disparu ailleurs) ;
un second sous-groupe incluant lenafusi, lesiwi et lesparlers berbères du Fezzan, partageant un certain nombre d'innovations avec les langues berbères du Nord, tel la perte du *β proto-berbère[23] et l’évolution du *ă en ə[24].
Lezenaga (parlé par lesZenagas enMauritanie et auSénégal) et letetserret (parlé auNiger par les Kel Aghlal et lesAït Awari(en)) constituent, malgré la distance qui les sépare, un groupe distinct de parlers berbères. Les deux langues, avec quelques milliers de locuteurs pour chacune, sont considérées comme menacées.
Leguanche, langue éteinte auXVIIe siècle et autrefois parlée auxîles Canaries par lesGuanches contient un grand nombre d'éléments berbères et y est souvent apparentée. Cette langue demeure toutefois peu documentée.
LeMaroc est le principal[25],[8],[26] État berbérophone. L'article 5 de laConstitution de 2011 a introduit l'« amazighe » comme« langue officielle de l'État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception »[27]. Dans l'introduction de l'ouvrageBerbères aujourd'hui[26], les berbérophones marocain sont estimés par Salem Chaker à au moins 40% de la population. D'autres sources rapportent le chiffre de 16%[28],[29]. Ces deux derniers chiffres ne reposent sur aucune étude ou recensement concrets. En revanche l'administration, se basant sur le recensement général de 2014 effectué par leHaut-Commissariat au plan, indique plutôt un taux de 25,8%[30] ce qui s'apparente a une baisse du nombre de berbérophones depuis 2004 où il était estimé à 27,5%[30]. En 2024 le recensement a de nouveau été effectué et donne cette fois le chiffre de 24,8%[31],[32] indiquant une quasi stagnation par rapport à 2024. Il est à noter toutefois que ces chiffres font l'objet de nombreuses contestations et critiques par des associations amazighes notamment dans la méthodologie employée[30],[33],[34] visant selon elles à minimiser l'importance du nombre de locuteurs. A ce propos la note relative au recensement de 2024[35] indique : « les personnes recensées sont interrogées spécifiquement sur les langues qu’elles utilisent dans leur vie quotidienne. Cela signifie que même les personnes capables de parler Amazighe mais qui déclarent ne pas l’utiliser au quotidien ne sont pas comptabilisées dans cette proportion. » ce qui laisse planer un doute sur le nombre réel de locuteurs de la langue.
L'amazighe est introduite dans les programmes publics et dans les émissions de télévision en vue de faciliter son apprentissage. Certaines bibliothèques, comme celle de la Fondation du roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les études islamiques et les sciences humaines à Casablanca, possèdent un fond berbère.
Trois principales variétés du berbère sont parlées au Maroc :
lechleuh, par près de 8 million de locuteurs, principalement dans leHaut Atlas Occidental, l'Anti-Atlas, leSouss et le Nord du Sahara[36], ainsi que dans les grandes villes comme Casablanca, Marrakech et Rabat parmi les immigrés : c'est la variante berbère qui prédomine[37] ; le chleuh a différents sous-dialectes, comme leberbère du Souss (tassoussit, soussiya) et leberbère du Haut Atlas occidental ;
letamazight (ou tamazight du Maroc central ; anciennementbraber), par 3,3 millions de personnes, principalement dans leHaut Atlas Oriental, le Sud-est du Maroc et leMoyen Atlas[38] ;
lerifain outarifit, par près de 1,5 million de personnes, principalement dans leRif[39].
On trouve également d'autres dialectes, parlés par un nombre restreint de locuteurs comme lesanhadji des Srayr (environ 40 000 locuteurs), leghomari (environ 10 000 locuteurs dans leRif) et leberbère de Figuig (environ 30 000 locuteurs).
D'autres parlers distincts existent au Maroc mais sont généralement rattachés à des ensembles plus larges. Lesparlers zénètes du Moyen Atlas oriental, sont généralement rattachés au tamazight avec lequel ils sont mutuellement intelligibles. Leparler des Béni-Snassen etcelui de la province de Jerada sont quant à eux généralement rattachés au rifain, avec lequel ils sont mutuellement intelligibles.
Lejudéo-berbère, rattaché autachelhit ou tamazight et parlé autrefois par certaines communautés juives, est pratiquement éteint. Il serait néanmoins encore parlé par près de 2 000 personnes enIsraël.
LeHaut commissariat à l'amazighité, premier institut officiel au Maghreb destiné à l'étude des langues berbères est créé en 1995. L'Algérie est le premier pays à donner un statut constitutionnel à la langue berbère ; letamazight est reconnu « langue nationale » dans la constitution de 2002[45]. Du fait de la pratique dutamazight, de sa valeur culturelle dans la société algérienne et du consensus politique autour de la question, la volonté de réforme de la constitution algérienne depuis 2015 constitue une perspective pour son officialisation[46].Tamazight est finalement promulangue nationale et officielle lors de larévision constitutionnelle algérienne de 2016 (cf. son article 4)[47].
Les langues du nord de l'Algérie réparties sur leTell incluent :
Lekabyle (taqbaylit) avec 5 à6 millions de locuteurs. Le kabyle est le deuxième parler berbère le plus utilisé après lechleuh en Afrique du nord. Il est parlé dans les wilayas deBéjaïa, deTizi-Ouzou et partiellement dans les wilayas deBouira, deBoumerdès etd'Alger (wilaya comptant le plus grand nombre de personnes d'origine kabyle: plus de deux millions). Il existe également un certain nombre de personnes d'origine kabyles et de communes kabyles relevant du nord des wilayas de Jijel,Sétif etBordj Bou Arreridj et Médéa . Enfin, il faut prendre en compte un nombre important de Kabyles habitant d'autres grandes villes algériennes comme Alger, Blida, Médéa ou Oran ainsi que parmi la diaspora algérienne en France et au Canada .
Les langues du nord-Sahara et du Sahara incluent :
Lemozabite, est parlé auMzab, dans le sud : entre 150 000 et 200 000 locuteurs[8].
Letouareg (c'est-à-dire les variantestamasheq,tamahaq,tamajaq) est parlé dans le sud de l'Algérie, (parlé aussi dans le sud-ouest de laLibye, auMali, auNiger et au nord duBurkina Faso) le pays compte des effectifs touaregs plus modestes qui ne dépassent pas quelques dizaines de milliers de personnes. L’ensemble des populations touarègues avoisine donc le million d'individus[51].
Lechelha du Sud oranais et de Figuig s'étale sur plusieurs oasis et ksours des deux côtés des frontières algérienne et marocaine entreMécheria etFiguig. Il est parlé par les habitants sédentaires de ces espaces qui vivent de l'agriculture saharienne et du commerce des dattes.
Letagargrent est parlé dans la région deOuargla et deN'Goussa ainsi que Touggourt et sa région Righa.
Plusieurs parlers à travers l'Algérie, restes d'une berbérophonie autrefois plus importante, ont été répertoriés et pour certains étudiés par des ethnologues au début duXIXe siècle, cependant ils furent notés comme étanten voie de disparition et il est aujourd'hui très difficile de savoir s'ils sont définitivement éteints ;
Les mouvements berbères en Tunisie connaissent une montée importante après le et larévolution tunisienne, plusieurs associations berbérophones se constituant, et des marches qui demandent la reconnaissance de la langue et des droits culturels ayant lieu[54].
Letouareg, plus précisément les variantestamasheq (outamashaq) au Mali ettamajaq auNiger[55]. Les Touaregs représentent environ 10 % de chacune des populationsmalienne etnigérienne.
Les berbérophones représentent près de 10 % de la population libyenne, ils sont concentrés dans le nord-ouest du pays, dans les montagnes duNefoussa et dans la ville côtière deZouara[56]. Le berbère est également parlé àAwjila etSokna. Letamasheq est également parlé dans la région deGhat par environ 17 000 personnes (Johnstone 1993).
Auxîles Canaries se parlait jadis leguanche, aujourd'hui disparu. Une partie de la population actuelle de ces îlesespagnoles se revendique berbère mais ne parle de nos jours aucundialecte de cette langue[57]. Cette revendication berbère est notamment portée par le Congrès national canarien (CNC), parti indépendantiste canarien, branche politique du mouvement de libération des îles Canaries, leMPAIAC[58].
LesSiwis parlent le seul dialecte berbère égyptien, lesiwi, présent dans les oasis deSiwa et deQara. Ces deuxoasis du nord-ouest de l'Égypte représentent le plus oriental des groupes berbères[59].
Les langues et les dialectes berbères ont eu une tradition écrite, par intervalles, pendant environ 2 500 ans, bien que la tradition ait été fréquemment perturbée par des changements culturels et des invasions. Ils ont d'abord été écrits dans l'abjad libyco-berbère, qui est encore utilisé aujourd'hui par les Touaregs sous la formetifinagh. L'inscription la plus ancienne date duIIIe siècle av. J.-C. Plus tard, entre environ 1000 et 1500 apr. J.-C., ils ont été écrits avec le script arabe, et depuis lexxe siècle, ils ont été écrits avec l'alphabet berbère latin, particulièrement parmi les communautés kabyles d'Algérie. L'alphabet berbère latin était également utilisé par la plupart des linguistes européens et berbères auxXIXe et XXe siècles[60].
Une forme modernisée de l'alphabet tifinagh, appelée néo-tifinagh, a été adoptée au Maroc en 2003 pour l'écriture berbère. Les Algériens utilisent principalement l'alphabet berbère latin dans l'éducation berbère aux écoles publiques, tandis que le tifinagh est surtout utilisé pour le symbolisme artistique. Le Mali et le Niger reconnaissent un alphabet latin berbère touareg adapté au système phonologique touareg. Cependant, le tifinagh traditionnel est toujours utilisé dans ces pays.
Entrée àKidal, ville touareg duMali, au centre du massif de l'Adrar des Ifoghas. Sur le côté gauche du rocher, Kidal est écrit en caractèretifinagh : « KDL ».
Le berbère est noté, depuis le milieu du premier millénaire avant l'ère chrétienne, au moyen de l'alphabettifinagh ou libyco-berbère. Il comporte desvoyelles et desconsonnes, dont il existe plusieurs variantes[61].
Cependant, des propositions de tifinagh standard ont vu le jour à partir de la fin duXXe siècle.L'Académie berbère, travailla sur une version, révisée ensuite par le professeurSalem Chaker de l'Inalco. L'Ircam officialisa une version de l'alphabet tifinagh en2003.
La principale difficulté de la mise en place d'un alphabet standard réside dans la localisation progressive des langues berbères, qui a engendré une différenciation de certainsphonèmes et lettres[62].
L'alphabet berbère latin est basé sur l'alphabet latin. Développée par le linguiste berbèreMouloud Mammeri dans les années 1960, cet alphabet comporte 23 lettres latines standards et 10lettres supplémentaires.
Les militants berbères privilégient massivement l'utilisation de l'alphabet latin afin d'assurer un développement et une prolifération rapides de la langue berbère dans les écoles, dans les institutions publiques et surInternet.
Certains peuples berbères ont utilisé l'arabe au cours de l'histoire, et dans le manuel scolaire algérien il y a en plus du latin, une description arabe pour les débutants.
Dans la table ci-dessous figurent sur fond gris des lettres arabes les moins connues et peu ou pas utilisées ; sur fond rose les 3 lettres latines supplémentaires destinées aux transcriptions d'emprunts et dont l'ancienne transcription arabe a peu été utilisée, ou a substitué par une autre lettre arabe de base, voire non transcrite ; et sur fond jaune les 10 lettres latines berbères standards, mais hors de l'alphabet latin de base, plus fréquemment substituées (par exemple transcrites par la lettre latine de base sans signe diacritique, ou par une autre lettre latine diacritée reprise par exemple de l'alphabet maltais mieux pris en charge, ou composées dans un digramme approchant, voire remplacées par des symboles ou lettres grecques ou d'autres signes, notamment dans les échanges personnels sur Internet et sur téléphones mobiles):
Lettres arabes
Lettres latines
isolées
jointives
nom
standards
substituts fréquents
ا
ااا
ʾalif
A
a
ب
ببب
bāʾ
B
b
ش
ششش
shīn
C
c
ڜ
ڜڜڜ
shīn petit v renversé en chef
Č
č
د
ددد
dāl
D
d
ظ
ظظظ
ẓāʾ oudzāʾ
Ḍ
ḍ
ض
ضضض
ḍād
آ
آآآ
ʾalif maddah en chef
E
e
ف
ففف
fāʾ
F
f
ڨ
ڨڨڨ
gāʾ
G
g
گ
گگگ
gāf oukāf ouvert trait en chef
ڭ
ڭڭڭ
nga oukāf trois points en chef
چ
چچچ
tchimʾ outche
Ğ
ğ
غ
غغغ
ghaïn ouġayn
Ɣ
ɣ
Γ(grecque) ou Ġ
γ(grecque) ou ġ
ع
ععع
ʾaïn
Ɛ
ɛ
ε(grecque) ou '(apostrophe)
ه
ههه
héʻ
H
h
ح
ححح
ḥāʾ
Ḥ
ḥ
إ
إإإ
ʾalif hamza souscrite
I
i
ئ
ئئئ
yāʾ hamza en chef
ج
ججج
djîm
J
j
ڪ
ڪڪڪ
kāf écrasé
K
k
ل
للل
lām
L
l
م
ممم
mīm
M
m
ن
ننن
nūn
N
n
ۇ
ۇۇۇ
wāw ḍamma en chef
O
o
پ
پپپ
pāʾ oupe
P
p
ق
ققق
qāf
Q
q
ر
ررر
rāʾ
R
r
ڒ
ڒڒڒ
rāʾ petit v en chef
Ṛ
ṛ
س
سسس
sīn
S
s
ص
صصص
çād ouṣād
Ṣ
ṣ
ت
تتت
thāʾ ouṯeʾ
T
t
ط
ططط
tāʾ
Ṭ
ṭ
ؤ
ؤؤؤ
wāw hamza en chef
U
u
ڥ
ڥڥڥ
fāʾ trois points souscrits
V
v
و
ووو
wāw
W
w
خ
خخخ
khāʾ
X
x
ي
ييي
yāʾ
Y
y
ز
ززز
zaïn
Z
z
ژ
ژژژ
jāʾ ouzhāʾ
Ẓ
ẓ
En 1883, le linguisteRené Basset, de l'école supérieure des lettres d'Alger, publie dans son manuel de la langue kabyle, un alphabet berbère en caractères arabes, qui, selon l'instituteur Auguste Veller peut aider à un développement plus rapide du berbère, dont voici les lettres :
Le son du θ manque dans plusieurs dialectes : en mozabite et en touareg. Lorsque le ث tha est précédé d'un ن noun, il se prononce ت ta. Les tribus de O. Soummam lui donnent le même son après un ش chin, un س sin, ou un ت ta. Précédé d'un ذ dhal, il s'assimile cette lettre et se renforce en ق q et en tsa dans l'Ouest de la Kabylie. De même, il s'assimile le ض dhad qui le précède et se renforce en ت ta. — Deux ث tha qui se suivent sans voyelle intermédiaire se contractent en ت tta. Un double tha suivi d'un sin devient souvent tsa.
Rarement employé chez leskabyles qui le confondent avec le ض, leschleuhs le remplacent en un ڞ. Il est aussi utilisé pour différencier les sons [zˤ] et [z] quand ceux-ci ont la même orthographe, sinon, il s'écrit en ز.
Dans plusieurs dialecteskabyles, deux و (وو) se prononce [p], et [bʷ] et [g] chez les Ouled Abdeldjebar (Aït Waghlis, Ait Ymel, Ouled Tazmalt, Barbacha...).
À l'issue de la « grève du cartable » (1994-1995)[63] ayant paralysé le secteur éducatif enKabylie, le gouvernement algérien s'est finalement décidé à introduire de façon très timide l'enseignement du tamazight dans 16wilayas en 1995 pour environ 35 000 élèves[64]. Quinze ans plus tard, en 2010, leHaut commissariat à l'amazighité (HCA) note que plus 240 000 élèves apprennent le tamazight en Algérie[65] mais cet enseignement ne concerne plus qu'une dizaine de wilayas. La politique de généralisation de l'enseignement de la langue amazighe reprend sous le mandat de la ministre de l'Education Mme Nouria Benghabrit (2014-2019)[66] pour atteindre 20 wilayas en 2016[67]. Le nombre d'apprenants est passé à 468 291 élèves en 2022 (dont 161 384 élèves pour la seule wilaya de Tizi Ouzou)[68] et plus de 500 000 élèves lors de l'année scolaire 2023/2024[69]dans 48 wilayas du pays[70].
Le tamazight est enseigné en Algérie à partir de la quatrième année ducycle primaire. Il a été introduit aux épreuves du baccalauréat et dubrevet d'enseignement moyen (BEM). Son enseignement se généralise progressivement, en particulier dans les wilayas deTizi Ouzou,Béjaïa etBouira. Des manuels scolaires de tamazight ont été rédigés et sont disponibles en graphie latine, arabe et tifinagh.
Autre signe positif, l'amélioration de la qualité des enseignants grâce à l'introduction de cursus de langue amazighe dans les universités de Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira[71]. Aujourd'hui, la majorité des enseignants sont des universitaires diplômés. Lors de l'année scolaire 2022/2023, on dénombrait 3 744 enseignants de langue amazighe en Algérie dont 1 148 enseignants au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou[72]. En 2011, on recensait 1 114 enseignants de tamazight dont800 licenciés universitaires. En 1995, il n'y avait que 200 enseignants.
Contrairement à la langue arabe ou aux langues étrangères (français et anglais), l'enseignement de la langue amazighe n'est pas obligatoire. L'article 34 de la Loi d'orientation de l'Education nationale de 2008 soumet son enseignement à l'existence d'une demande sociale, considéré comme un "verrou" pour la généralisation de son enseignement par Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA[73]. Régulièrement, la presse algérienne fait état de polémiques à la suite du refus de directeurs d'ouvrir des classes de tamazight[74] ou de parents exigeant que leurs enfants soient dispensés de cet enseignement[75].
Quelques chiffres récents:
Nombre de candidats au Baccalauréat concernés par l'épreuve de tamazight
En 2012, environ 28 400 collégiens (soit 3,66 % du nombre total) ont passé l'épreuve de tamazight auBrevet d'enseignement moyen (BEM)[80] contre 1 280 élèves en 2007[81]. À noter que nul ne peut composer en tamazight au BEM s'il ne l'a pas étudié durant chacune des quatre années du collège[82].
Pour l'année scolaire 2009/2010[83] : 193 226 élèves et 1 148 enseignants en langue amazighe (Wilaya de Tizi Ouzou : 93 947 élèves et558 enseignants, Wilaya de Béjaïa : 47 162 apprenants et313 enseignants, Wilaya de Bouira : 26 599 apprenants)
Wilaya de Tizi Ouzou: 11 777 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2013 sur les 15 946 candidats[84] /Wilaya de Sétif :697 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2013 sur les 21 841 candidats[85] / Wilaya de Bouira : 3 316 élèves passent l'épreuve de Tamazight au BEM 2011 sur les 11 492 inscrits / Wilaya de Béjaia : 4 172 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2012 sur les 18 859 inscrits[86] (en 2011, ils étaient 1 588 élèves à passer l'épreuve de tamazight sur les 14 288 candidats[87]) / Wilaya deBoumerdès :363 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2011 sur les 10 149 inscrits[88]. Ce nombre progresse à975 élèves pour le BEM de 2012[89] /Wilaya de Batna: 2 200 candidats au BEM ont passé l'épreuve de tamazight en 2013[90].
Enseignement universitaire: la filière des langues et cultures amazighes de l'université de Bouira a vu l'inscription de 114 bacheliers au titre de l'année 2013/2014[91]. Au niveau de l'université de Béjaia, ce sont 302 bacheliers qui ont choisi d'étudier la langue amazighe pour l'année 2012/2013. Notons que l'ensemble des étudiants de ce département de langue amazighe était évalué à 1 998 étudiants pour l'année 2011-2012[92]. Quant à l'université de Tizi Ouzou, elle a accueilli439 nouveaux inscrits en première année de langue amazighe pour l'année 2011-2012[93].
En Algérie, chaque région enseigne sa propre version du tamazight (c'est-à-dire, la version chaouie dans les Aurès, la version kabyle en Kabylie…). L'alphabet latin est largement plébiscité pour l'enseignement du tamazight mais il existe quelques exceptions comme à Tamanrasset où le tifinagh est parfois utilisé.
Introduit en 2003 dans317 écoles du pays[94], le tamazight est en 2012, enseigné dans environ 4 000 écoles par 14 000 professeurs[95].
L'apprentissage de la langue amazighe se limite au cycle d'enseignement primaire[96]. Il se fait à l'aide de l'alphabet tifinagh, ce qui ne fait pas consensus[97],[98].
L'enseignement du tamazight est quasiment absent des écoles privées du pays[99]. Le 15 mai 2024, les représentants des écoles privées ont été convoqués par le Ministre de l'Education afin de discuter de mesures à mettre en œuvre pour l'enseignement de la langue amazighe dans le secteur privé[100].
En 2012, la ville deMidelt a été la première à généraliser l'enseignement du tamazight dans ses écoles[101],[102].
Le Maroc est le pays qui compte le plus grand nombre de berbères. Les berbérophones représentent 40 à 45% de la population selon l'INALCO (institut national des langues et civilisations orientales)[9],[10].
Le 1er juin 2023, M. Chakib Benmoussa, ministre de l'Éducation nationale, a annoncé l'adoption d'une feuille de route gouvernementale visant à généraliser l'enseignement de la langue amazighe dans le cycle primaire à l'horizon 2030. A terme, 4 millions d'écoliers et 12 000 établissements seront concernés par cette mesure[103]. En 2023, seuls 330 000 élèves bénéficient de cours d'enseignement en langue berbère au Maroc[104]. Pour l'année scolaire 2023/2024, 31% des écoles primaires enseignent la langue amazighe. Le ministre de l’Éducation a mentionné l’attribution de 600 postes lors de la session de formation de décembre 2023, portant à 2 460 le nombre d’enseignants spécialisés en langue amazighe pour l’année scolaire 2024/2025[105].
Dans l'enseignement supérieur, depuis 2007, des licences en "Études amazighes" sont dispensées au niveau de trois universités (Ibn Zohr à Agadir, Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès-Saiss et Mohammed 1er à Oujda)[106]. En 2023, le ministre de l'Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, a indiqué qu'un parcours national modèle sera créé pour la licence en éducation, spécialisée dans l'enseignement primaire de la langue amazighe à l'ENS de Rabat ainsi qu'à l’École supérieure d'éducation et de formation d'Oujda[107].
Interdit sous le régime deMouammar Kadhafi, l'enseignement du tamazight est aujourd'hui au centre des revendications des populations berbérophones du pays[108],[109]. ÀTripoli, une école propose des cours gratuits de langue amazighe[110]. L'enseignement de la langue berbère, utilisant l'alphabet tifinagh[111], a commencé dès 2012 dans plusieurs établissements scolaires des régions amazighophones du nord-est du pays[112],[113]. En 2022, une première promotion d'étudiants diplômés en licence de tamazight est sortie de la faculté des Lettres de l'université de Zouara[114].
Il est possible de retrouver l'enseignement du tamazight dans certains pays ou régions comprenant une forte communauté immigrée berbérophone à l'instar de laFrance, desPays-Bas, de laBelgique, de l'Espagne ou duCanada[115].
En 2012, leHaut commissariat à l'amazighité a exprimé la nécessité de développer les ressources humaines et matérielles de Chaîne 2 pour sa mise à niveau avec la radio arabophoneChaîne 1[117].
Le, une chaine de télévision publique en tamazight (A4, Algérie 4 ouTV4 Tamazight) a vu le jour en Algérie. La chaîneBerbère Télévision émet également vers l'Algérie.
Tamazight TV : lancée en 2010, est une chaine de télévision publique qui diffuse environ 70 % de ses programmes en langue berbère[120].
Radio Amazigh: station de radio publique et généraliste. En règle générale, les programmes du matin sont enrifain (tarifit), ceux de l'après-midi entamazight du Maroc central et ceux de la soirée enchleuh (tachlhit).
↑ab etcMaarten Kossmann,« Essai sur la phonologie du proto-berbère », Rüdiger Köppe (1999),p. 61
↑Karl-G. Prasse,« The Reconstruction of Proto-Berber Short Vowels », dans:Hamito-Semitica - Proceedings of the Ist Colloquium on Hamito-Semitic Linguistics, London, 1970, Mouton (1975),pp. 215-231