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LesGaulois, de tradition orale, n'utilisaient pas unalphabet propre mais ont emprunté celui desGrecs, desÉtrusques ou desLatins auxquels ils ajoutaient des lettres, comme letau gallicum, pour transcrire les sons absents de ces langues. La rareté des attestations écrites serait due à une particularité religieuse[7] : outre le fait que la « parole écrite est morte »,Jules César note dans sesCommentaires sur la Guerre des Gaules que les vers appris auprès desdruides ne doivent pas être écrits[8].
Selon les régions, les Gaulois parlaient vraisemblablement plusieurs dialectes d'une seulelangue celtique bien que l'idée du gaulois régional ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle[9]. Lesrégiolectes ont certainement côtoyé des populations de langues préceltiques hétérogènes, du moins dans certaines régions, notamment dans le sud, qui occupaient des zones importantes et dont il ne reste de traces que dans de rares inscriptions et dans l'onomastique (pour le « ligure », par exemple, les noms en-asc/osc :Manosque, etc.). Il paraît impossible de connaître l'influence de ces substrats sur la régionalisation et l'évolution du gaulois (à ce sujet, on pourra consulter l'article sur latoponymie française).
Alors que la langue gauloise présente une grande homogénéité dans les inscriptions de l'Angleterre jusqu'à l'Italie du Nord[10], quelques traits régionaux sont décelables :
les formules de dédicace du type δεδε βρατουδεκαντεν (dede bratoudekanten) « a offert par reconnaissance, en paiement de la dîme » sont spécifiques à laGaule narbonnaise[10].
dans l'est de la Gaule, /-kʷ-/ semble s'être conservé entre voyelles dans certains noms au lieu de se transformer en/-p-/ :Sequana « Seine »,equos (mois ducalendrier de Coligny)[10]...
enGaule belgique, /-nm-/ n'est pas devenu /-nw-/ comme c'est le cas au centre et au Sud de la Gaule, ainsi que dans leslangues brittoniques :anman-be « avec le nom » chez lesSénons à côté d'anuana « noms » dans leLarzac,enuein « noms » envieux gallois. De plus, le nomMenapii « Ménapiens » n'y a pas connu l'assimilation des voyelles en*Manapii, courante dans le sud de la Gaule, en territoire brittonique et enIrlande[9].
Le gaulois fait partie du groupeceltique continental appartenant à la familleindo-européenne et dont toutes les langues sont aujourd'hui éteintes, même si quelques mots subsistent dans certaines langues d'Europe et surtout dans la toponymie (noms de villes en-euil,-jouls, etc.). Toutefois, le gaulois semblait posséder plusieurs étymons pour désigner ou qualifier un même sujet ; quelques exemples :alauda etcoredallus signifiaient « alouette »,bo,bou ouoxso pouvait désigner « un bœuf » ou « une vache »,volco etsingi pouvait être « le faucon »,baidos,eburo etturcos « le sanglier »,dallo (cf. bretondall) etexsops mot à mot « sans yeux » pouvait signifier « aveugle »,suadus,minio oumeno etblando représentaient le mot « doux », le mot « ami » était rendu parama,amma,ammi ouamino etcaru,caro oucaranto, pour bouche on retrouvebocca,gobbo,genu (breton : genoù, latinidem, utilisé pour désigner « genou » par la suite), etmanto oumanti (signifiant aussi « mâchoire » ou « mandibule »), et ainsi de suite.
À une époque, certains ont tenté, à la suite deFrançois Falc'hun, d'expliquer les particularités du dialecte vannetais dubreton par l'influence d'un substrat gaulois. Aujourd'hui, la plupart des linguistes ont rejeté cette hypothèse et expliquent,a contrario, certaines de ces particularités dialectales par l'existence d'un substrat gallo-romain plus important dans la région deVannes.
D'autres chercheurs contemporains, comme le professeur Hervé Le Bihan, qui dirige le département de breton et celtique à l'Université Rennes-II, ont montré qu’il y a communauté linguistique entre le gaulois et les langues brittoniques. Le gaulois n’avait pas totalement disparu en Bretagne armoricaine, surtout dans l’ouest du territoire, zone isolée, alors que l’est était en voie de romanisation. Cette communauté linguistique entre le gaulois, langue antique dont des éléments résiduels sont indéniables dans le breton, et le breton, langue brittonique venue de l’île de Bretagne, est dénommée désormais groupe gallo-brittonique. Cependant, il n’y a pas véritablement de continuum entre le breton et le gaulois, et il y a bien là un hiatus chronologique. Au moment où naît l’un, l’autre est pratiquement éteint[11].
L'une des langues les plus proches du gaulois était legalate, dont il ne reste que peu de traces. Une remarque desaint Jérôme vers 387 dans un commentaire sur l'Épître aux Galates desaint Paul évoque le fait que lesTrévires parlaient presque la même langue que lesGalates[12]. Leur langue, morte également, est classée dans le même groupeceltique continental que le gaulois, lelépontique et leceltibère, ces derniers connus par quelques inscriptions[10].
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Alors que le latin est la langue de l'élite romaine ou romanisée, et la langue littéraire, juridique et administrative de laGaule, le gaulois, de tradition orale puisqu’il ne s’écrivait pas ou peu, continue d'avoir une fonction de langue d’échange jusqu'auIIIe siècle dans les centres urbains qui ont connu un essor rapide sous lesRomains et encore postérieurement comme langue quotidienne dans les milieux ruraux, notamment ceux éloignés des grands centres de romanisation que sont les villes et la Méditerranée. Les Gaulois continuaient à adorer leurs dieux avec la bénédiction des Romains mais il ne reste presque rien de leur langue, de leur histoire et de leur théologie, sauf par les récits des Grecs ou des Latins et un peu du VoconceTrogue Pompée[13].
On ignore jusqu’à quel point la langue gauloise a pu influencer lefrançais. Son apport lexical se réduirait à une centaine de mots courants[14], dont une partie proviendrait d’emprunts du latin au gaulois. Il se manifeste surtout par des mots attachés au terroir (tels quechar/charrue, arpent, auvent, bâche, balai, béret, borne, alouette, bruyère, bouleau, chêne, if, druide, chemin, suie, caillou, galet, marne, mégot, soc, etc.), aux produits qui intéressaient peu le commerce romain (tels queruche[15], mouton, crème, raie, tanche, vandoise, tonneau[16], jarret, etc.) ou auxtoponymes[17].
Les voyelles gauloises sont les suivantes : /a/, /e/, /i/, /o/ et /u/ ; lesquelles ont également une forme longue : /aː/, /eː/, /iː/, /oː/ et /uː/. Lagraphie ne distingue pas les voyelles longues des brèves, sauf pour /iː/ qui est parfois noté « ει » ou « ί » dans des inscriptions en alphabet grec, en alternance avecι (i)[18].
Il existe également des diphtongues : « au », « ou », « eu », dont la prononciation est interprétée comme étant : /au̯/, /ou̯/ et /eu̯/[18]. Cette dernière, considérée comme archaïque, est devenue /ou̯/ en gaulois classique.
De même, la diphtongue /ai̯/ du gaulois archaïque est devenue /iː/ en gaulois classique. On ne la trouve que dansdésinences, par exemple ledatif singulier en « -αι » (-ai), devenu « -i » dans les inscriptions en alphabet latin.
Les diphtongues /ei̯/ et /oi̯/ sont apparues tardivement. Par exemple, sous l'effet de la disparition de consonnes intervocaliques (-v-, -g-),boii « les Boïens » proviendrait ainsi de*Bogii.
Les consonnes gauloises sont les suivantes. Du fait des contraintes liées à l'alphabet italique, les consonnes occlusives sourdes et sonores ne sont pas distinguées dans les inscriptions gauloises l'utilisant[19].
les consonnes occlusives et nasales, ainsi que /l/ et /r/, peuvent êtregéminées. Ce redoublement n'est pas toujours noté, par exemple lesuffixediminutif-illos est parfois écrit-ilos[20].
le /x/ apparait devant /s/ et /t/. C'est l'altération d'un ancien « *k », « *g » ou « *p » dans cette position. Le /ʃ/ est d'ordinaire noté « χ » en alphabet gallo-grec et « x » en alphabet gallo-latin[21]. On a ainsi par exemple :Uercingetorix (« Vercingétorix ») sur des pièces de monnaie gauloise,sextan (« sept ») issu de l'indo-européen*septṃ. Toutefois, dans les inscriptions en alphabet latin, « x » peut noter /xs/ et « xt » noter /xt/. Le son /g/ se transforme parfois en /x/ après /r/. Le « c » latin porte à confusion car il peut s'agir d'un « g » peu lisible. On trouve le nom de l'argent écritarganto-,arcanto-,*arxant-.
le /t͡s/ ou /s⁀t/ évolue vers /s/. En alphabet gallo-grec, on le noteθ. Dans l'alphabet gallo-latin, il a été adapté sous la forme « đ » et enGaule belgique également l'usage de « ꞩ » et « ꞩꞩ »[9],[21].
le /w/ initial devant /l/ a pu prendre une prononciation sourde : */ɸ/, voire */f/. C'est ce que laisse supposerflatucia comme variante deulatucia[22].
L'alphabet gallo-étrusque dugaulois cisalpin manque de précision pour noter la prononciation notamment en ne distinguant pas les consonnes occlusives sourdes et sonores (/t/ de /d/ et /k/ de /g/). L'alphabet gallo-grec, dont on trouve des traces datant duIIe au Ier siècle av. J.-C.[23] diffusé à partir de Marseille, a adapté l'alphabet grec, qui sera supplanté par une adaptation de l'alphabet latin[10].
Le thème en-o est le mieux attesté et correspond à la seconde déclinaison du latin et du grec. Comme les langues romanes modernes, les langues celtiques modernes n'ont plus de neutre, d'où la difficulté de définir legenre de bon nombre de termes gaulois.
Ce thème se décline ainsi (exemples :uiros « homme » (masc.) etnemeton « sanctuaire » (neutre))[25],[26] :
ancien : G-208, G-70, etc. tardif : L-51, L-9, etc.
uirobo
L-15, etc.
nemetui (ancien) nemetu (tardif)
ancien : G-208, G-70, etc. tardif : L-51, L-9, etc.
nemetobo
L-15, etc.
instrumental / sociatif
uiru
L-51, G-154, etc.
uirus
G-153, L-14, etc.
nemetu
L-51, G-154, etc.
nemetus
G-153, L-14, etc.
locatif
uire
L-79
[?]
[?]
nemete
L-79
[?]
[?]
↑abc etdLes attestations sont indiquées par les numéros d'enregistrement des inscriptions dans les recueils. Ces renvois ne sont pas exhaustifs.
Le génitif en-i paraît être une innovation commune aux langues indo-européennes occidentales (latin, celte), mais c'est aussi le génitif le plus commun en arménien.
Le thème en-a correspond à la première déclinaison latine et grecque. Il se double de thèmes en-i/-ia que l'on retrouve en sanskrit. En gaulois tardif, les deux thèmes tendent à fusionner. Ces thèmes se déclinent ainsi (touta « peuple »)[25],[26] :
Déclinaison des noms de thème en-a, exemple :touta « peuple »
Inscription RIG G-172. ϲεγομαροϲ ουιλλονεοϲ τοουτιουϲ ναμαυϲατιϲ ειωρου βηλη ϲαμι ϲοϲιν νεμητον Segomaros Ouïlloneos tooutious namaüsatis eïōrou Bēlē sami sosin nemēton Segomaros, fils de Uillo, toutious (chef de tribu) deNamausos, dédie ce sanctuaire àBelisama.Tablette de l'Hospitalet-du-Larzac conservée au musée deMillau (Aveyron).
La conjugaison des verbes gaulois est encore mal connue. Le gaulois aurait possédé, comme le grec ancien, cinq modes (indicatif, subjonctif,optatif, impératif et infinitif, ce dernier sous la forme d'un nom verbal) et au moins trois temps (présent, futur etprétérit).
Le présent de l'indicatif est connu à au moins deux personnes : la première personne et la troisième personne du singulier.
Première personne du singulier
La première personne thématique du singulier se formerait en-u et elle est attestée dans plusieurs inscriptions, dont « delgu », « regu » ou « iegumi »[4],[27]. Le pronom suffixé-mi est également attesté[4],[27].
La première personne du singulier des verbes athématiques se ferait en-mi, comme pour l'auxiliaireêtre qui estimi ou *petami[28].
Troisième personne du singulier
La troisième personne du singulier se formerait en-t. Elle est attestée dans le motadgariet[4],[27].
Forme relative
La forme relative en-onti- marque la troisième personne du pluriel. Ainsidugiiontiio signifie « qui façonnent »[29],[30].
Le futur se formerait à partir du suffixe du futur-si- suivi de la désinence-u. Celle-ci est parfois rendue-ou, ce que J.-P. Savignac considère comme étant une forme dialectale[41]. Le futur serait issu d'un désidératif en *-sie ou *-sio-[42].
Une forme d'optatif probable,déponente, avec un suffixe-si- et-or.
Ainsi, les motsuelor (ce dernier se traduit par un verbe actif, « je veux ») etdedor (ce dernier étant traduit par un passif) en serait des exemples. Il pourrait s'agit du passif ou de l’actif de verbes déponents[4],[27].
Il serait possible que le gaulois ait eu une forme infinitive en-an, similaire augermanique. Toutefois, l'infinitif germanique provient du suffixeindo-européen de noms d'action *-ono-[55] alors que les infinitifs du breton moderne en-añ (-a /-an) dérivent du suffixevieux breton-am, parallèlement augallois-af et aucornique-a[56]. Leceltibère possédait un infinitif en-unei[57].
Un nom verbal a été trouvé sur les inscriptions deChâteaubleau : ueionna, ueiommi[9].
La syntaxe du gaulois est encore quasiment inconnue. On a reconnu quelques conjonctions de coordinations, peut-être quelques pronoms relatifs, anaphoriques et démonstratifs.
L'ordre des mots dans la phrase paraît être de préférencesujet-verbe-compléments[10],[58]. L'ordre verbe-sujet se rencontre moins souvent : c'est le cas de phrases avec le verbeieuru (« a offert »), dans lesquelles les mots audatif et à l'accusatif se placent librement avant ou après[58].
Lorsque le verbe est omis, le nom d'un dieu au datif se situe à la deuxième place entre le sujet et le complément d'objet, alors que sa place est libre dans le cas d'une phrase où le verbe est exprimé. Quand le sujet est un pronom, il estenclictique, c'est-à-dire suffixé au verbe.[réf. nécessaire]
Les propositions subordonnées suivent la proposition principale et auraient une particule non-déclinée-io. Elle est attachée au premier verbe de la proposition subordonnée.
gobedbi
dugiionti-io
ucuetin
in alisiia
NP.Dat/Inst.Pl.
V.3rd.Pl.- Pcl.
NP.Acc.Sg.
PP
avec les forgerons qui honorent Ucuetis en Alise
La particule-io est aussi utilisée dans les propositions relatives pour construire l'équivalent d'une phrase en « que ».
Des objets familiers ont servi à écrire des messages brefs, parfois clairement traduisibles[10].
Ainsi, l'inscription de Banassac s'écrit ainsi :
« neddamon delgu linda »
— Inscription trouvée àBanassac gravée sur une coupe
« Des suivants je contiens la boisson. »
L'inscription peut se lire ainsi :
neddamon, reconstruitneððamon Il s'agit du superlatif au génitif pluriel deneddamos, signifiant « le prochain, le suivant » (avec suffixe-amo-). Il est à comparer auvieil irlandaisnessam, augalloisnesaf, aubretonnesañ, à partir d'un comparatif, voir le bretonnes « proche ».
Plusieurs inscriptions ont été retrouvées qui attestent l'existence de l'écriture chez lesGaulois. Elles sont en majorité rédigées à l'aide de l'alphabet grec ou, après la conquête, de l'alphabet latin, et se retrouvent notamment encéramologie,numismatique, sur des objets de la vie quotidienne[61]. Les spécialistes les rassemblent depuis 1985 dans unrecueil des inscriptions gauloises.
La variété de l'alphabet nord-étrusque utilisée par les Lépontes a donné naissance à l'alphabet gallo-étrusque que l'on retrouve dans la Plaine du Pô pour noter legaulois cisalpin, notamment sur la pierre deTodi et la borne deVercelli[10].
Lapierre dite « de Martialis », découverte en 1839 à Alise-Sainte-Reine, dans un sanctuaire dévoué au dieu gauloisUcuetis est écrite en caractères latins et en langue gauloise.