Également appelé lePetit Tibet[2],[3] (anciennementPetit Thibet)[4],[5],[6],[7],[8],Tibet indien ouTibet occidental[9], le Ladakh est en effet une région de culture tibétique, dont la population a pour religions principales lebouddhisme pour 40 % et l'islam pour 46 % en 2009[10]. Il se rattache aussi à la région plus globale duCachemire, un ancien royaume himalayen au cœur de conflits territoriaux entre Pakistan, Inde et Chine.
Route empierrée à travers la haute montagne avec des drapeaux colorés sur ses côtés.
Le Ladakh est la région de l'Inde à l'altitude moyenne la plus élevée, une grande partie de son territoire dépassant les 3 000 m. Il est dominé au nord par les montagnes duKarakoram, au sud par l'Himalaya et à l'ouest par lePir Panjal. La partie orientale du Ladakh s'ouvrant sur leplateau tibétain (notamment leChangtang).
Les montagnes du Ladakh se sont formées il y a environ 45 millions d'années lors de la collision de laplaque indienne et de laplaque eurasienne. L'altitude du Ladakh s'accroît vers le Nord-Est de son territoire, culminant au sommet duKun à 7 077 m d'altitude.
Le désert de Moon.
Le Ladakh historique se composait de plusieurs régions distinctes, la plupart aujourd'hui sous administration indienne :
la vallée supérieure du fleuveIndus, une région plutôt peuplée,
les vallées éloignées du tehsil deZanskar, au sud, et de la rivièreNubra, au nord, auxquelles on accède par une des routes carrossables les plus hautes du monde (col de Kardung, 5 359 m),
la région contestée d'Aksai Chin, sous administration chinoise, inhabitée,
le Purig, la vallée du tehsil deKargil et de Suru à l'ouest, à population majoritairementchiite, où se trouve Kargil, la seconde ville du Ladakh par sa population.
La région deSkardu, de population entièrement musulmane, sous administrationpakistanaise, est parfois rattachée à la géographie ladakhie. Cependant, Skardu constitue aussi une région distincte du Ladakh, appelée le « Baltistan ». Dans le cadre des revendications territoriales indiennes sur leCachemire (Conflit du Cachemire), cette région, ainsi que celles deGilgit et deHunza, sont rattachées administrativement (de jure) au Ladakh depuis 2019.
Après avoir appartenu à l'État duJammu-et-Cachemire, le Ladakh constitue un territoire de l'Union depuis 2019. Il est divisé en deuxtehsil de Leh et de Kargil qui englobe le Zanskar.
Ladakh est la translittération en persan dutibétain « La-dvags », qui est prononcé « Ladak » dans plusieurs districts tibétains[11]. Il était appelé autrefois Ladak[5] ou pays de Ladak[4] (« pays des hauts cols »[12] ou « pays des hautes passes »)
Au début duXIXe siècle, lesDogras du Jammu voisin, sous la suzeraineté de l'empire sikh duPenjab s'intéressent au Ladakh. Après plusieurs invasions, le généralZorawar Singh(en) parvient à soumettre les Ladakhis et continue sa conquête vers le Tibet, où il se fera tuer. Letraité de paix tibéto-ladakhi de 1842 est signé à la résidence deGulab Singh. Le Tibet et le Ladakh confirment leurs frontières respectives et renouvellent leur engagement d'amitié. Tout comme pour le conflit de 1681-1683, cette guerre a un caractère plus économique que religieux ou territorial ; en effet, le but étant de contrôler le commerce de la laine. Letraité de paix tibéto-ladakhi de 1842 est confirmé en 1852 par un nouvel accord commercial[15].
Carte de l'Empire chinois en 1836 parAdrien-Hubert Brué au sein duquel se trouve le « Petit Thibet » comprenant « Ladak »
Le Ladakh, intégré dans l'empire sikh en tant que fief des Dogras, sera conservé par ceux-ci après l'effondrement duKhalsa Raj en 1849 (lesguerres anglo-sikhes) et l'annexion du Pendjab par les Britanniques. Parvenu à recouvrer une indépendance vis-à-vis de ses suzerains en 1846, le domaine Dogra devenant la principauté duJammu-et-Cachemire, unÉtat princier (vassalisé) dans l'Inde britannique. Le Ladakh en étant une province ouwazarat, dont l'administration englobaient également le Baltistan voisin. Il était divisé en troistehsil : Leh, Kargil etSkardu[16].
Le statut administratif du Ladakh a longtemps préoccupé les partis politiques locaux[17]. Ceux-ci dénonçaient un déséquilibre en leur défaveur dans le partage des ressources avec leJammu-et-Cachemire actuel, un territoire bien plus dominant politiquement et économiquement. S'ajoutent aussi des considérations culturelle et religieuse chez une partie des politiciens et citoyens favorables à un Ladakh détaché du Jammu-et-Cachemire[17]. Ces considérations pouvant aller d'une volonté d'affirmation identitaire, à des craintes « d'assimilation » (dont d'islamisation) avec le Cachemire.
Le, le gouvernement indien révoque le statut d'autonomie duJammu-et-Cachemire[18], puis fait adopter par leParlement une loi qui sépare le Ladakh du Jammu-et-Cachemire qui deviennent desterritoires de l'Union le suivant[19]. Une résolution initialement bien accueillie dans la région.
Depuis, une crise politique certaine s'est formée entre l'administration, une partie de la population et de la classe politique locale, ces dernières manifestent pour l'octroi du statut d'État fédéré au Ladakh, qui accorderait une plus large autonomie et participation citoyenne dans la gouvernance de la région[20]. Le statut de Territoire de l'Union mettant celle-ci sous contrôle direct dugouvernement central indien, accusé par une partie de l'opinion publique de dévoyer ses compétences au profit de certainslobbies industriels et financiers[21].
Il conviendrait de nommer les habitants du Ladakh lesLadakhpa (ལ་དྭགས་པ།), mais l'usage occidental s'est arrêté sur le termeLadakhi. Le Ladakh est une région partagée entrebouddhisme tibétain et islamchiite duodécimain, avec des minoritésnoorbakshia(en) et sunnite (de l'écolehanafite), ainsi que des influencesbön etpaïenne. Les bouddhistes constituent 40 % de la population et les musulmans (surtout chiites) 46 %[10], bien que le bouddhisme exerce un impact considérable dans la culture et l'histoire de la région. On y trouve, en effet, un nombre élevé de monastères bouddhistes commeSpituk, Tikse,Hemis, Alchi, Stongdey et Lamayuru,gompa ayant la signification de monastère. Leshindous forment environ 12 % de la population, les 2 % restants sont surtout constitués desikhs et dechrétiens.
Photo ancienne du monastère d'Hemis.
La plupart des habitants de la région parlent leladakhi, une langue proche dutibétain. On note cependant des différences nettes concernant la grammaire et la prononciation. De ce point de vue, leladakhi est parfois considéré comme une langue tibétique proche dutibétain ancien. Il est assez facile, pour une personne parlant le tibétain, d'apprendre le ladakhi. L'inverse est moins évident. L'enseignement et les affaires étant conduit en anglais et en hindi (hindoustani), il est ainsi notable que la plupart des ladakhis maîtrisent au moins l'une de ces langues. Bien qu'avec la régionalisation récente du Ladakh hors du Cachemire, des voix appellent à une institutionnalisation des langues régionales, une démarche soulevant des désaccords entre partisans dutibétain standard ouclassique (considéré par ceux-ci comme le standard littéraire du ladakhi, appelé parfoisbothi) et partisans des langues régionales (purigi etbalti,shina,brokskat, etc.)[22].
Avec l'essor du tourisme et des activités de services liés, ou bien des projets infrastructurels de grandes envergures (routes, etc.), il peut être remarqué l'installation d'une population hétéroclite de travailleurs et entrepreneurs dans la région, venus du Cachemire voisin, des États de laplaine indo-gangétique et duNépal. Une part importante de ces individus sont des employés saisonniers, qui s'établissent au Ladakh lors de la saison estivale, touristique.
La crise duCachemire ayant rendu cette région, autrefois très prisée des touristes, extrêmement peu sûre, hormis la ville deSrinagar, legouvernement indien favorise un transfert d'activités touristiques vers le Ladakh oriental, bouddhiste, et ses possibilités de trekking, la région n'étant quasiment pas affectée par les événements de la partie occidentale de l'État. Le tourisme est ainsi en train de devenir la première source de revenus de cette région dont l'économie était, autrefois, essentiellement basée sur une agriculture de subsistance.
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Selon l'anthropologueRavina Aggarwal, spécialiste du Ladakh, alors que les auteurs étrangers mettent le Ladakh dans le même panier que le Tibet et se représentent sa culture comme essentiellement tibétaine, les Ladakhis eux-mêmes ne se considèrent pas comme tibétains sur le plan politique ou idéologique[9].
↑Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette,Inde du Nord 2014 Petit Futé (avec cartes, photos + avis des lecteurs), Paris, Nouvelles éd. de l'Université,, 672 p.(ISBN978-2-7469-5223-2,lire en ligne),p. 586.
« La province de Ngari comprend le Thibet occidental, petit Thibet ou pays de Ladak. »
↑a etb« Notes sur le Thibet »,Bulletin de la Société de géographie, Société de géographie,t. 11,,p. 256(lire en ligne)« Voici d'abord la grande route anglaise qui de Simla, remontant le Sulteje, conduit à la frontière occidentale du Thibet, province de Ngari, riche en pâturage et en mines d'or, et au Ladak ou Petit Thibet. »
↑Anton Friedrich Büsching,Géographie de Busching. Tartarie, Chine, Japon, Inde, Isles, Lausanne, Société typographique, 1776-1782(BNF30179696,lire en ligne)
« Les jésuites lui ont donné le nom de Grand-Thibet : M.Bogle dit que les habitans lui donnent le nom de Docpg ; il a au couchant le petit Thibet & l'Indoustan, au nord le royaume de Lassa ou le grand Thibet, au midi le royaume de Bengale. »
↑« Petit Thibet » a été utilisé également pour dénommer leBaltistan, cf.Pierre Larousse,Larousse universel en 2 volumes,t. 1, Paris, Larousse,(BNF30743417,lire en ligne),p. 194« Baltistan ouPetit Thibet, région montagneuse de l'Asie anglaise, au N.-O. de l'Hindoustan. »
Anne Delaballe, « Les nourritures du partage et de la discorde : étude des relations sociales entre bouddhistes et musulmans du Ladakh au travers de l'analyse des échanges alimentaires », École des hautes études en sciences sociales, Paris, 2006, 374 p. (thèse de doctorat d'ethnologie et anthropologie sociale)
Pascale Dollfus,Lieu de neige et de genévriers : organisation sociale et religieuse des communautés bouddhistes du Ladakh, éd. du CNRS, Paris, 2005, 282 p.(ISBN2-271-06369-8)
Pascale Dollfus, « La maison des villageois bouddhistes du Ladakh central », in D. Blamont, G. Toffin,Architecture, milieu et société en Himalaya (Etudes himalayennes n° 1), éd. du CNRS, 1987, pp. 207-228
Patrick Kaplanian,Le Ladakh et l'Himalaya de l'Ouest, Éd. de l'Adret, Paris, 2003, 400 p.(ISBN2-907629-66-2)
Valérie Labbal,Travail de la terre, travail de la pierre. Des modes de mise en valeur des milieux arides par les sociétés himalayennes : L'exemple du Ladakh, Université de Provence, 2001, 440 p. (thèse de doctorat d'anthropologie)
Helena Norberg-Hodge,Quand le développement crée la pauvreté : l'exemple du Ladakh, Fayard, Paris, 2002, 280 p.(ISBN2-213-61141-6)
Laurent Pordié,La médecine des frontières : influences, humeurs et identités chez les Amchi du Ladakh, Himalaya indien, Université Paul Cézanne (Aix-Marseille), 2008, 407 p. (thèse de doctorat d'Anthropologie)
Christiane Roussin,Huit jours suffiront-ils ? : à la découverte du Ladakh, Himalayan dialect, 2009, 183 p.(ISBN2-9519486-4-6)
Claude Gouron,20 jours au ladakh : voyage photographique au cœur de l'Himalaya indien, Montagne sans frontières, 2009, 152 p.(ISBN978-2-9536416-1-5)
Salomé Deboos,Être musulman au Zanskar, Himalaya indien, Éditions universitaires européennes, 2010, 244 p.(ISBN978-613-1-52976-4)