Situé à plus de 200 m au-dessous duniveau de la mer, il est traversé par le fleuveJourdain. Riche enpoissons, il est réputé pour sestempêtes violentes à cause des différences de température avec les hauteurs environnantes.
En hébreu, le nom du lac est « mer de Kinneret » (ים כנרת). Il apparaît sous la formeKinerot dans les scripts d'Ugarit dans l'épopée deDanel et Aqhat, auXIVe siècle avant notre ère.
«…avec le Jourdain pour limite, jusqu’à l’extrémité de la mer de Kinneret, au bord oriental du Jourdain. »
Une explication du nomKinneret provient d’une allusion à sa forme,kinnor (כנור) signifiant « lyre », d’oùkinneret « en forme de lyre ». Selon leTalmud, le nom du lac lui vient du fait que « ses fruits sont doux comme le son de la lyre » (Talmud de Babylone,Meguila 6a). D’après leTalmud de Jérusalem (Méguila 1:1), le nomKinneret proviendrait des arbreskinnar qui poussaient autour du lac, terme interprété parMarcus Jastrow comme désignant lejujubier dePalestine (Ziziphus spina-christi) et par Moses Margolies comme désignant desroseaux, ce qui donnerait autoponyme le sens de « lieu des roseaux ». Le consensus scientifique est que l'origine du nom est dérivée de l'importante ville de Kinneret de l'âge du bronze etdu fer, fouillée à Tell el-'Oreimeh[3].
Tous les écrivains de laTorah et duNouveau Testament utilisent le terme « mer » (hébreu יָםyam, grec θάλασσα) pour désigner cette grande étendue d'eau douce, à l'exception deLuc, qui l'appelle « lac de Gennesaret » (Luc 5:1), dugrec λίμνη Γεννησαρέτ (limnē Gennēsaret), la « forme grecque de Chinnereth »[4]. Le Talmud babylonien ainsi queFlavius Josèphe mentionnent la « Mer de Ginosar » - un autre nomdérivé deKinneret - d'après la petite plaine fertile deGinosar qui se trouve sur son côté ouest[5]. Ce nom a été transmis dans les langues européennes sous la formeGénésareth.
Il est appelé « lac de Tibériade » dans laMishna, leTalmud et laTosefta à cause de sa proximité avec la ville deTibériade. Sa désignation comme « lac de Guinossar » se rencontre aussi.
Les versionsgrecque etlatine (Mare Galilaeae) desÉvangiles, utilisent le nom de « mer de Galilée ». C’est également le cas enanglais aujourd'hui (Sea of Galilee).
DesOmeyyades à lapériode mamelouke, le lac est connu en arabe sous le nom deBahr al-Minya, la « mer de Minya », d'après le complexeqasr omeyyade dont les ruines sont encore visibles àKhirbat al-Minya[6].
À l'époque contemporaine, il est appelé (translit.) « Kinneret » ou « mer de Kinneret » en hébreu. La langue arabe (بحيرة طبريا,buhayrat tabariya) et lefrançais utilisent le nom de « lac de Tibériade ».
Le lac de Tibériade est considéré comme le lac d'eau douce le plus bas de la Terre et le deuxième lac le plus bas du monde (après lamer Morte et ladépression de l'Afar)[7].
Dans sa forme actuelle, il était précédé par le(en)lac Lisan qui s'étendait du nord de la mer de Galilée à(en)Hatzeva au sud, à plus de 200 km du point le plus méridional actuel du lac. Celac Lisan a été précédé par lelac Ovadia, un lac d'eau douce beaucoup plus petit. Le lac Kinneret s'est formé sous sa forme actuelle il y a moins de 20 000 ans, à la suite de l'affaissement tectonique et du rétrécissement du lac Lisan[8].
L'altitude du lac de Tibériade fluctue entre 215 et 209 mètres sous le niveau de la mer (selon les précipitations et la variation des saisons). Il mesure environ 53 km de circonférence, environ 21 km de long et 13 km de large. Sa superficie est de 166,7 km2 à son maximum et sa profondeur maximale est d'environ 43 mètres[15].
Le lac est alimenté en partie par des sources souterraines mais sa source principale est leJourdain qui le traverse du nord au sud avec le dérivant contrôlé par le barrage deDegania.
Le lac reçoit de l'eau principalement du fleuveJourdain qui s'y déverse au nord et en ressort au sud.
Il constitue aujourd'hui une ressource hydraulique importante pourIsraël. En 2016, le lac fournit environ 10 % des besoins en eau potable d'Israël et environ 50 millions demètres cubes d'eau par an à laJordanie. Il est prévu que les Jordaniens construisent une nouvelleusine de dessalement permettant l'achat par Israël d'environ 30 millions de mètres cubes d'eau par an avec en contrepartie, la fourniture à la Jordanie d'une quantité équivalente d'eau provenant du lac de Tibériade et du nord du pays[16].
Jauge stylisé reprenant la forme du lac de Tibériade, mesurant en permanence numériquement le niveau de l'eau.
Des travaux decanalisations permettent l'approvisionnement des villes d'Israël eneau douce et l'irrigation à des fins agricoles, essentiellement dans ledésert du Néguev. Le développement dudessalement de l'eau de mer en Israël qui diminue lespompages dans les eaux du lac de Tibériade n'empêche pas le lac d'atteindre un de ses niveaux les plus bas à l'automne 2017 en raison de lasécheresse du précédent hiver[17]. La situation s'aggrave à l'automne 2018[18]. Afin de lutter contre la baisse de niveau du lac, le gouvernement israélien approuve le un plan pour l'alimenter eneau dessalée. Il prévoit que d'ici 2022, 100 millions de mètres cubes d'eau y soient déversés annuellement. Le projet prévoit la construction de deuxusines de dessalement, une enGalilée occidentale, l'autre àNahal Sorek, pour une capacité totale de 300 millions de mètres cubes par an[19].À la suite depluies abondantes en 2019 et 2020, le niveau remonte et atteint les 209,275 mètres sous leniveau de la mer le, un niveau qui n'avait jamais été atteint depuis juillet 2004[20],[21]. À la fin de l'été 2022, le niveau du lac reste relativement haut, ne se situant qu’à un mètre en dessous de sa pleine capacité, selon les mesures prises par les experts le 13 septembre 2022[22]. En novembre 2025, le niveau du lac est de 213,33 mètres au-dessous du niveau de la mer et à 33 centimètres au-dessus de la limite basse, en-deçà de laquelle le pompage risque d’endommager l’écosystèmeaquiatique[23].
Évolution récente du niveau du lac de Tibériade, avec une remontée particulière en 2019-2020.
En décembre 2022 est inaugurée la première tranche d'un système de pompage et detraitement de l'eau permettant l'alimentation eneau de mer dessalée du lac de Tibériade qui devrait permettre d'éviter de trop fortes baisses du niveau du lac[24]. Ce système devrait devenir pleinement opérationnel en novembre 2025 lors d'une nouvelle période de sécheresse qui interdit le pompage des eaux du lac pour l'agriculture[25].
En novembre 2025, l’eau traitée issue du système national de dessalement s’écoule dans la rivière saisonnièreTsalmon, par la source d’Ein Ravid. L'eau du Tzalmon se déverse ensuite lentement à raison de 1 000 mètres cubes par heure (débit qui peut être augmenté) dans le lac de Tibériade menacé par la sécheresse, afin de relever le niveau du lac d’environ 0,5 centimètre par mois[23].
Détail de la carte de laTerre Sainte deNicholas Visscher, où l'on distingue « Cinneret » à côté de « Tiberias », combinant la géographie réelle et biblique, et incluse dans la Bible néerlandaise d'Abraham van den Broeck (1657).
Il existe de nombreuxsites archéologiques et historiques autour du lac de Tibériade, notammentHattin, site de labataille de Hattin (1187) lors de laquelle le sultanSaladin battit 1 200 chevaliers croisés. Sous les eaux du lac, au sud-ouest, se trouve une énorme structure conique de blocs debasalte non taillés, découverte par des archéologues en 2013. Encore énigmatique, elle pèserait environ 60 000 tonnes[26]. LaBible mentionne de telles œuvres humaines sous le termearaméenYegar-Sahadouthâ (« monceau-témoignage ») ; une autre hypothèse voudrait qu'il s'agisse d'une nurserie à poissons.
Antique embarcation romaine extraite des eaux de la mer de Galilée lors d'une opération spéciale à Ginosar.
AuXIXe siècle, Moshe Reisher (1840-1880) parle de la mer de Galilée dans son livreLes Portes de Jérusalem (שערי ירושלים) publié en 1866[28],[29] :
« Elle mesure douze heures de long et six de large. De magnifiques montagnes l'entourent. Ses eaux sont pures et bonnes, nous en buvons beaucoup et il semblerait qu'on y vienne pour des sacrifices. On y trouve aussi de nombreux gros poissons de diverses espèces et de très bonne qualité, dont certains sont vendus àSafed et dans les environs. »
Timbre de Degania montrant la mer de Kinneret, par leJewish National Fund (1916)
Au cours desannées 1880, les terres d'al-Manshiyya Samakh et de Khirbat Umm Juni, en bordure du lac de Tibériade, sont achetées parBaha' Allah, fondateur de la secte religieusebaha'ie)[30]. En 1908, DrArthur Ruppin, directeur de l'Institut Palestine, acheta, pour le compte duKeren Kayemeth Leisraël (KKL), environ 3 000dunams de terres incultes à Umm Juni, sur la rive sud du lac Kinneret[31]. L'année suivante, un premier groupesioniste socialiste, composé de sept jeunes deRomny, s'installe sur une partie de ces terres, suivi par d'autres groupes qui fondent le kibboutzDegania qui, dès 1911, obtient une « récolte raisonnable » grâce à l'abondance de l'eau du lac permettant le développement d'un système d'irrigation gravitaire[32].
La délimitation définitive des frontières entre laPalestine mandataire de 1922 et lemandat français de Syrie en 1923, en vertu de l'accord Paulet–Newcombe octroya aux Britanniques la juridiction sur l'ensemble des eaux du lac. Seule la rive nord-est fut cédée à laSyrie, soit une frontière sise à 10 mètres du rivage du lac de Tibériade, àmarée haute[33],[34]. Le lac de Tibériade marquait ainsi la frontière orientale de la Palestine d'alors, tout en étant intégralement inclus dans ses frontières. Cependant, un accord franco-britannique autorisait notamment les Français à prélever de l'eau du lac de Tibériade pour l'approvisionnement des colonies syriennes et prévoyait que les droits existants sur l'utilisation des eaux du Jourdain par les habitants de la Syrie soient maintenus[35].
Lors duplan de partage de la Palestine en 1947, les territoires mandataires se trouvant dans ce secteur furent intégralement placés sous l'autorité d'Israël. Alors que les Syriens exigeaient le maintien et le respect de l'accord franco-britannique les autorisant à pomper l'eau du lac de Tibériade, Israël était disposé à n'autoriser qu'un pompage limité pour les besoins des colonies syriennes situées sur les rives du lac, à condition que sa pleine souveraineté sur le lac soit reconnue[36].
En mai 1948, la Syrie envahit le nouvel État d'Israël, et capture le territoire le long du lac de Tibériade[37]. Dans lesaccords de Rhodes de 1949 entre Israël et les pays arabes l'entourant, établissant les lignes d'armistice provisoires, le tracé de la frontière obligatoire fut adopté, de sorte que la mer de Galilée fut juridiquement incluse dans son intégralité au sein des frontières de l'État d'Israël[38]. Dans les faits, la Syrie prit le contrôle de la partie nord-est du lac et occupa une bande de 250 mètres de large, au pied du plateau du Golan .
En avril 1949, le président syrienHosni al-Zaim proposa la signature d'un traité de paix avec Israël et l'installation de trois cent mille réfugiés palestiniens en Syrie en échange de la cession par Israël de la moitié du lac de Tibériade mais le président israélienDavid Ben Gourion rejeta cette proposition[39].
Dans lesannées 1950, Israël formula un plan pour relier le lac de Tibériade au reste de l'infrastructure de l'eau du paysvia l'Aqueduc national d'Israël, afin de répondre à la demande en eau du pays en croissance. Le transporteur fut achevé en 1964. Le plan israélien, auquel la Ligue arabe s'opposa tout en approuvant son propreplan de dérivation des rivières du Jourdain, suscita des confrontations politiques et parfois même armées sur le bassin du Jourdain.
Depuis l'occupation israélienne duplateau du Golan en 1967, la rive orientale du lac est entièrement sous contrôle israélien, annexée de manière unilatérale par l'État hébreu en 1981. Cette annexion n'étant pas reconnue par lacommunauté internationale, cette dernière en demande la restitution à la Syrie qui en fait un sujet au cœur d'un éventuel processus de paix entre les deux pays.
Lors des négociations avec la Syrie en 2000, cette dernière revendiqua son droit d'accès au rivage du lac de Tibériade mais Israël rejeta cette revendication, arguant que selon les frontières de l'armistice de 1949-1967, le territoire syrien s'arrête à 10 mètres du rivage[34],[40].
Tandis qu'Israël se réclame desfrontières de 1923, la Syrie voudrait un retour aux positions du, incluant donc une partie de la rive orientale du lac dans son territoire[41],[42].
au tombeau de son disciple,Rabbi Meïr Baal Hanes, à l'entrée de la ville près des sources chaudes de Tibériade dont subsistent les restes de lasynagogue de Hammath ;
à l'anciencimetière de Tibériade qui contient les tombes de nombreuxrabbins ;
Le lac donne son nom aukibboutzKvoutzat Kinneret situé à proximité. Dans le cimetière de Kinneret, qui surplombe le lac, sont enterrés plusieurs idéologues socialistes et pionnierssionistes de la seconde et de la troisièmealiyah. Dans ce cimetière, sont enterrées les artistesRachel Bluwstein, connue sous le nom deRachelhameshoreret (la poétesse Rachel) etNaomi Shemer, autrice-compositrice israélienne.
Beaucoup de chanteurs israéliens ont consacré des chansons au lac de Tibériade.
Le lac de Tibériade a une grande importance pour leschrétiens. Au bord de ses rives, dont les collines boisées et les petites plaines fertiles abritaient de nombreux villages de pêcheurs et d'agriculteurs, ont lieu de nombreux épisodes de la vie deJésus, rapportés dans lesÉvangiles : ainsi, la première rencontre de Jésus avec sesdisciples et futursapôtres Simon (Pierre),André,Jacques etJean (Mc, 15, 16 etMc, 15, 19), latempête apaisée (Lc 8, 12, 25), lapêche miraculeuse (Lc 5, 4-6), lamarche sur les eaux (Mt 14, 22-33), ou la dernière apparition de Jésus aux disciples alors qu'il estressuscité (Jn 21, verset 1).
Bethsaïde, ancienne cité, sur la rive nord du lac, près de Capharnaüm ;
Capharnaüm, ancienne cité, sur la rive nord du lac, de l'hébreukfar (village) etNahum (compassion, consolation). Ville où est venu prêcher Jésus et où il guérit l'esclave ducenturion. Vestiges d'unesynagogue monumentale et d'uneéglise octogonale duIIIe siècle ouIVe siècle[43]. Maison desaint Pierre ;
Koursi, le lieu dumiracle de la guérison par le Christ d'un ou deux hommespossédés par des démons ;
Yardenit, à l'extrême sud du lac, là où les eaux reconstituent leJourdain. Aujourd'hui, des pèlerins s'y rendent pour se fairebaptiser en pensant qu'il s'agit d'un des deux endroits oùJean le Baptiste baptisait, ce qui n'est pas l'avis des historiens[44].
Selon unhadîth[45], son assèchement est l'un des signes mineurs de lafin des temps, qui signe l'émergence dufaux-messie, ledajjal. Surtout, cet événement indique l’arrivée deGog et de Magog, responsables de l’assèchement de ce lac.
↑AharonHorowitz et א'הורוביץ, « הסטראטיגראפיה של הפלייסטוקן בעמק-הירדן / the Pleistocene Stratigraphy of the Jordan Valley », Eretz-Israel: Archaeological, Historical and Geographical Studies / ארץ-ישראל: מחקרים בידיעת הארץ ועתיקותיה,vol. יג,,p. 14*–22*(ISSN0071-108X,lire en ligne, consulté le)
↑Chibli Mallat, « Les frontières syro-israéliennes en droit international »,Conférences du Cedroma, Bruxelles, Bruylant, 69-83,,p. 1-10(lire en ligne)