Situé à une altitude moyenne de 1 788 m[1] ou 1 800 m[2],[3], le lac ne s'est pas formé dans uncratère ou le long d'unefaille comme nombre de ses frères des hauts plateaux ou de lavallée du Rift, mais dans unedépression constituée de deux types delaves :Aden Lava series etTrappean Lava series[4].
Celle-ci s'est progressivement affaissée lorsque des chaînes de montagnes importantes se sont soulevées à ses côtés : la chaîne du Semien au nord (la plus haute d'Éthiopie avec le mont Ras Dashen : 4 620 m), les monts Guna (4 231 m) à l'est, et les montagnes de Choke (4 154 m) au sud, cœur de l'ancienne province duGodjam. Voilà pourquoi la profondeur du lac est relativement faible, avec seulement 9 m en moyenne, ce qui lui confère une certaine fragilité quant aux variations climatiques et à l'utilisation de l'eau par l'homme.
Terre chrétienne, la région duChoa a très tôt accueilli desmoines[3] qui, en temps de péril, se sont réfugiés sur le lac comme lors des raids desjihads musulmans duGragñ, auXVIe siècle.
Les restes d'anciens souverains éthiopiens et des objets précieux ecclésiastiques sont gardés aujourd'hui encore sur les îles isolées du monde extérieur[3],[13] :
Le lac Tana reste, à la fin duXXe siècle le pivot central du territoire de la nouvelle région-ÉtatAmhara, instaurée par le nouveau gouvernement fédéral en1991. Le contrôle du lac relève d'abord du niveau fédéral, tandis que les tâches et responsabilités du niveau régional quant à la gestion du lac Tana et de ses ressources naturelles, restent à définir.
Cette baisse des eaux a entraîné par répercussions une perte massive des peuplements de papyrus (Cyperus Papyrus), qui est un des rouages de l'économie locale, sensible au niveau du lac. Laplante sert entre autres à la confection d'embarcations traditionnelles - lestankwas - spécialité du peuple Nagadés, les habitants des îles. Ces pirogues sont fabriquées à l'identique depuis plusieurs milliers d'années. Une plante invasive, lajacinthe d'eau, originaire d'Amérique du Sud, prolifère depuis 2011 sur les rives du lac, couvrant en moyenne de 20 000 à30 000 hectares[14].
Les activités de navigation ont aussi été gênées, et la circulation duTananesh, le plus importantferry de la « lac Tana Transport Company » a été perturbée par des écueils nouvellement émergés.
Aujourd'hui les autorités éthiopiennes comprennent la nécessité de porter une attention vigilante auxécosystèmes, pour la préservation, mais aussi la compréhension d'un tel site naturel. Malheureusement, les projets de protection et de classement ne coïncident pas toujours avec les impératifs urgents de développement et de réduction de la pauvreté, et le gouvernement donne la priorité aux projets d'exploitation massive des eaux, notamment afin d'intensifier les productions agricoles ethydroélectriques.
Situé à 540 km d'Addis-Abeba, le lac est riche de 67 espèces de poissons, dont 70 % sont endémiques[15]. L'activité des pêcheurs permet de fournir la capitale en poisson frais, tandis que d'autres lacs de la vallée du Rift, tel lelac Chamo, ont déjà épuisé leurs ressources piscicoles[réf. souhaitée].
↑Frédéric Lasserre et Luc Descroix,Eaux et territoires. tensions, coopérations et géopolitique de l'eau,(lire en ligne), « Figure 10.1. Le bassin du Nil (carte) »,p. 279
Claire Bosc-Tiessé,Les Îles de la mémoire. Fabrique des images et écriture de l'histoire dans les églises du lac Tana, Éthiopie,XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne,.
Maxime Lachal,Les Tankwa du lac Tana en Éthiopie, une histoire d’amour et de papyrus qui touché à sa fin : le processus de disparition du savoir-faire des ‘tankwa’ et ses répercussions sur l’espace du lac Tana, université de Rennes-II Haute-Bretagne,, 227 p.
Maxime Lachal,Les Conflits d’usage de l’espace à Baher Dar (Éthiopie) : géographie sociale et développement durable, université Rennes-II Haute Bretagne,, 142 p.