C'est le lac de loin le plus profond du monde (1,7km de profondeur), et son volume important (quasiment égal à celui de la mer Baltique) en fait la plus grande réserve d'eau douce liquide à la surface de la Terre. Il est aussi, par sa surface de 31 722 km² (comparable à celle de laBelgique), le deuxième plus grand lac d'Eurasie après lamer Caspienne. Il est également le plus ancien du monde: 25 millions d'années. Son volume représente environ 20 % de toute l'eau douce de surface de la planète, soit plus que tous lesGrands Lacs d'Amérique du Nord réunis. Écrin naturel, parfois surnommé la« Perle de Sibérie », il abrite une biodiversité endémique importante. Lephoque de Sibérie, un des rares phoques d'eau douce du monde, lecoméphore et l'omoul font partie des espèces endémiques de ses eaux. La transparence de ses eaux permet une visibilité parfaite jusqu'à 40 m de profondeur.
Après l'effondrement de l'URSS, le lac estinscrit en 1996 aupatrimoine mondial de l'UNESCO. Depuis, le tourisme est devenu un secteur-clé de l'économie locale, impulsant la croissance des villages autour du lac. Protégé par la loi Baïkal de 1994, le territoire naturel du Baïkal concentre un nombre d'aires protégées, partagées entre deszapovedniks telles que laréserve naturelle de la Bargouzine, des parcs nationaux commecelui du Baïkal ou nombre de monuments naturels. Pour ses premiers habitants, les différents peuples turcs et mongols, le lac était une mer sacrée, le motBaïkal provenant du mongolBaïgal (« la nature »).
Au printemps 2009, deux anneaux de glace ont été photographiés depuis l'ISS. Sur les images satellite, des anneaux sombres étaient clairement visibles dans différentes parties du lac Baïkal. Selon les scientifiques, ces anneaux sont dus à la montée des eaux profondes et à une augmentation de la température de la couche d'eau superficielle dans la partie centrale de la structure annulaire. À la suite de ce processus, un courant anticyclonique (dans le sens des aiguilles d’une montre) se forme dans l'eau. Dans la zone où le courant atteint des vitesses maximales, les échanges d'eau verticaux augmentent, ce qui entraîne une destruction accélérée de la couverture de glace[27],[30].
Glaces du lac Baïkal :
Une glace illustrant un type de glace nommée Diamant du Baïkal.
Pendant toute l'année, le lac est traversé par de nombreux vents, qui possèdent leur propre nom. Des cellules cycloniques majeures se situent pour une dans le bassin nord, pour une dans le bassin central, et pour deux dans le bassin sud. Une cellule mineure affecte le golfe de la Bargouzine tandis qu'une cellule anticyclonique se trouve dans le golfe de Listvianka. Les vents sont plus faibles en hiver pendant la saison de gel, et sont à leur maximum au printemps[33].
L'isolement du lac ainsi et sa taille importante ont permis le développement d'une faune et flore riches. Il est peuplé de 2 491 espèces animales et 1 085 espèces végétales (dont 679diatomées), auxquelles il faut ajouter les quelques centaines d'espèces peuplant son littoral, en majorité non endémiques[35],[36].
Près de la moitié des espèces du lac sontendémiques[20], et 87 genres et 11 familles sont endémiques à ses eaux. L'endémisme de sa biodiversité est soit le résultat des périodes successives où le lac communiquait avec d'autres régions, notamment l'océan Arctique, soit de l'évolution au sein du lac même[35]. Le Baïkal estexoréique, permettant via l'Angara et l'Ienisseï de communiquer avec lamer de Kara, même si le courant fort a pu rendre difficile la colonisation par des organismes du lac[36].
Groupe de phoques du Baïkal sur l'île Ouchkany de la réserve naturelle de la Bargouzine.
Une large variété de mammifères terrestres vivent dans les habitats autour du lac, comme lecerf porte-musc de Sibérie (Moschus moschiferus), lechevreuil de Sibérie (Capreolus pygargus), l'écureuil roux (Sciurus vulgaris), l’élan (Alces alces), l’hermine (Mustela erminea), leléopard des neiges (Panthera uncia), leslemmings (Lemmus sp.), lelièvre variable (Lepus timidus), leloup eurasien (Canis lupus lupus), laloutre d'Europe (Lutra lutra), lesmarmottes (Marmota sp.), l’ours brun (Ursus arctos), lerenard roux (Vulpes vulpes), lerenne (Rangifer tarandus), lesanglier (Sus scrofa), lazibeline (Martes zibellina) et lewapiti (Cervus canadensis)[37]. Autrefois, et jusqu'au début du Moyen Âge, des populations de bisons d'Europe vivaient à proximité du lac, faisant de celui-ci la zone la plus orientale ayant été peuplée par l'espèce[38].
Seul mammifère aquatique du lac, lephoque de Sibérie, nommé nerpa par les Sibériens, vit dans les eaux du lac, ce qui fait de lui l'une des trois espèces de phoque d'eau douce du monde. Il aurait émigré de l'Arctique il y a 3 millions d'années, au milieu duPliocène, en empruntant l'Ienisseï et l'Angara, comme le montrent certaines analogies entre des parasites du phoque et ceux duphoque annelé. Une autre hypothèse veut qu'il aurait emprunté la Léna, qui puisait autrefois ses sources dans le lac. Sa population a fortement diminué à la fin duXIXe siècle à cause d'une épidémie. Mais depuis, elle s'est rétablie[39] et, selon des estimations de 2023, elle serait comprise entre 82 500 et 115 000 individus[40],[35].
Des nombreux oiseaux vivent autour du lac, 137 espèces d'oiseaux aquatiques ont été enregistrées, dont cinquante qui se reproduisent au lac[43]. Au total, plus de 440 espèces d'oiseaux terrestres ou aquatiques sont recensées dans la région du lac, dont plus de 300 peuvent être rencontrées au lac Baïkal directement. Des zones comme le delta de la Selenga ou legolfe de Tchivyrkouï figurent comme de grandes zones de passage de migration et de nidification pour de nombreuses espèces. Les oiseaux prédominants sont les mouettes et les canards, et il n'est pas rare d'en observer de grandes volées. Les deltas, baies et les terres à basses eaux hébergent de grandes quantités d'oiseaux, avec des espèces plus ou moins grandes. Les principales espèces de ces espaces sont lesoies, lescygnes, lesgrèbes, lesbécassines et leshérons cendrés[44].
Les espèces de la taïga sont diverses, avec plusieurs animaux iconiques, tels que l'aigle, vénéré par les Bouriates. Même si le nombre d'individus a diminué, la Baïkalie compte sept espèces d'aigles, la plus grande diversité de toute l'Asie du Nord. L'aigle impérial (Aquila heliaca), avec une envergure qui atteint deux mètres et qui vit jusqu'à cent ans, vit uniquement sur Olkhon et la région de Priolkhonié (le raïon d'Olkhon). En hiver, les aigles migrent vers le Sud et ne reviennent qu'au printemps. Lesgrands etpetits tétras sont eux le gibier de prédilection de la région, et l'on y observe également canards,gélinottes,hiboux,perdrix et oies[45]. La faune aviaire typique de la taïga de Sibérie orientale est représentée par lachouette épervière (Surnia ulula), letétras à bec noir (Tetrao urogalloides) et leroselin de Pallas (Carpodacus roseus). La faune arctique s'illustre par la présence dulagopède des saules (Lagopus lagopus) et dulagopède alpin (Lagopus muta)[44].
Résultats de lapêche sur glace. Les cinq plus gros sur la photo sont des Corégones, le golomianka est le poisson rosâtre en haut à gauche et le thon jaune du Baïkal est le poisson à nageoire pectorale jaunâtre en haut à droite et au centre-gauche. Les amphipodes rouges sontAcanthogammarus reicherti.
Près de 65 espèces de poissons indigènes sont présentes dans le bassin du lac, et plus de la moitié d'entre elles sont endémiques. Les famillesAbyssocottidae (chabots d'eau profonde),Comephoridae (golomyankas ou poissons-huile du Baïkal) etCottocomephoridae (chabots du Baïkal) sont entièrement limitées au bassin du lac[46]. Toutes font partie desCottoidea et mesurent généralement moins de 20 cm de long[47]. Les deux espèces de golomiankas (Comephorus baicalensis etC. dybowskii) sont dignes d'intérêt en raison de leurs caractéristiques particulières. Translucides et riches en graisse, ils vivent dans les profondeurs, entre 100 à 500 m, mais fondent lorsqu'ils sont exposés à la lumière du soleil[48]. Avec certains chabots abyssocottidés, ce sont les espèces de poissons d'eau douce vivant le plus profondément dans le monde ; elles se trouvant près du fond du lac Baïkal. Les golomiankas sont la principale source d'alimentation du phoque du Baïkal[49] et représentent la plus grande biomasse de poissons du lac[50].L'espèce locale la plus importante pour la pêche est l'omoul (Coregonus migratorius), uncorégone endémique[51]. Pêché puis fumé, il se vend sur les étals des marchés autour du lac, et il est prisé pour son goût[52],[35]. Un deuxième corégone endémique vit également dans le lac,C. baicalensis[53]. Par ailleurs, l'ombre noir du Baïkal (Thymallus baicalensis), l'ombre blanc du Baïkal (T. brevipinnis) et l'esturgeon du Baïkal (Acipenser baerii baicalensis) sont toutes d'autres espèces, endémiques au bassin du lac, prisées par la pêche[54],[55],[56].
On a trouvé plus de 250espèces decrevettes d'eau douce dans le lac Baïkal, ce qui représente le tiers de toutes les espèces de crevettes connues[57].
Crustacés amphipodes, isopodes, cladocères et ostracodes
Unamphipode « géant » deBrachyuropus reicherti (Acanthogammaridae) capturé lors d'unepêche sur glace dans le lac. Le rouge-orange est sa coloration naturelle et vivante
Le Baïkal abrite plus de 350 espèces et sous-espèces d'amphipodes endémiques au lac[58]. Exceptionnellement diversifiées en termes d'écologie et d'apparence, elles vont duMacrohectopus pélagique aux relativement grandsAbyssogammarus etGarjajewia des eaux profondes, au minuscule herbivoreMicruropus et au parasitePachyschesis (parasite d'autresamphipodes). Le « gigantisme » de certains amphipodes du Baïkal, qui a eu l'occasion d'être comparé à celui observé chez les amphipodes de l'Antarctique, est lié au niveau élevé d'oxygène dissous dans les eaux du lac[59]. Au sein de ces « géants » sont recensés plusieurs espèces d'Acanthogammarus et deBrachyuropus épineux (Acanthogammaridae) qui s'observent à la fois en eaux peu profondes et profondes[60]. Ces amphipodes visibles et communs sont essentiellement carnivores, même s'ils mangent également des détritus, et peuvent atteindre une longueur allant jusqu'à 7 cm[61],[60].
Le nombre d'isopodes ayant élu domicile dans le lac est faible ; ils appartiennent à la famille desAsellidae. Quatre espèces du genre Baicalasellus et deux espèces, Mesoasellus dybowskii et Limnoasellus poberezhnii, représentent la famille[62],[63]. Ces six espèces endémiques se trouvent sur des substrats rocheux à des profondeurs variant de 3 à 10 mètres, tels queBaicalasellus angarensis, ou à plus de cent mètres, avecMesoasellus dybowskii[64].
Environ 60 espèces connues decladocères (puces d'eau) vivent dans ses eaux, dont plusieurs sont endémiques[65].
À l'instar d'un autre lac ancien, lelac Tanganyika, le Baïkal abrite une riche diversité d'ostracodes. Environ 90 % des ostracodes du lac sont endémiques, soit environ 200 espèces endémiques[66]. Cela en fait le deuxième groupe de crustacés le plus diversifié du lac, après les amphipodes. La grande majorité des ostracodes appartiennent aux famillesCandonidae, avec plus de 100 espèces décrites, et Cytherideidae, avec environ 50 espèces observées[67]. Toutefois, des études génétiques indiquent que la véritable diversité, au moins dans cette dernière famille, a été largement sous-estimée[68]. La morphologie des ostracodes du lac Baïkal est très diversifiée[69].
Spécimen de musée de l'éponge ramifiéeLubomirskia baicalensis (les vivantes sont d'un vert plus clair).
Le lac Baïkal abrite au moins 18 espèces d'éponges, dont environ 15 espèces de la famille endémique des Lubomirskiidae, les autres appartenant à la famille non-endémique desSpongillidae[74]. La famille endémique a colonisé le lac il y a environ 3,4 millions d'années[75],[76]. Les éponges du lac représentent environ 44 % de la biomasse animalebenthique[77].Lubomirskia baicalensis,Baikalospongia bacillifera etB. intermedia sont inhabituellement grandes pour des éponges d'eau douce et peuvent atteindre 1 m, voire plus[78]. Ces trois espèces sont également les éponges les plus courantes dans le lac[79]. Alors que les espèces deBaikalospongia ont généralement des structures encroûtantes ou en forme de tapis,L. baikalensis a souvent des structures ramifiées et, dans les zones où elles sont communes, elles peuvent former des « forêts » sous-marines[80]. La plupart des éponges du lac sont généralement vertes lorsqu'elles sont vivantes en raison deschlorophytessymbiotiques (zoochlorella), mais peuvent également être brunâtres ou jaunâtres[81].
Au travers de près de 200 espèces décrites, qui comprennent plus de 160 espèces endémiques, le lieu de diversité le plus important desoligochètes aquatiques d'eau douce est le lac Baïkal. Un nombre plus restreint d'autresannélides d'eau douce est connu : 30 espèces desangsues (Hirudinea)[82] et 4 polychètes. Plusieurs centaines d'espèces de nématodes sont connues du lac, mais un grand pourcentage d'entre elles n'a pas été décrit[83].
Trois types de paysages naturels se distinguent selon l'altitude autour du lac. Les zones les plus élevées sont dominées par de latoundra alpine autour de 1 600–2 000 mètres, avec parfois quelques cèdres. Les paysages des zones moyennement élevées, entre 1 200 et 1 800 mètres, et parfois jusqu'à 800 m, sont riches en forêts de conifères sombres, riches en sapins et en cèdres. Cet écosystème, qui fait partie de lataïga, est particulièrement développé sur les rivages nord du lac. Les zones les plus basses sont généralement couvertes de steppes, comme sur l'île d'Olkhon, et parfois par des forêts de pins[26].
Plus de 800 plantes vasculaires ont été enregistrées sur les pourtours du lac. Les rivages nord sont couverts de forêts demélèzes de Dahurie (Larix gmelinii), qui se transforment progressivement en forêts mixtes riches ensapins de Corée (Abies koreana) et enpins de Corée (Pinus koraiensis). En direction du sud s'observent aussi de la taïga riche enmélèzes de Sibérie (Larix sibirica), enpins de Sibérie (Pinus sibirica), à laquelle s'ajoutent des épicéas tels que l'épicéa de Sibérie (Picea obovata) et deschosenias (Chosenia macrolepis). Le sous-étage abrite duchèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), dugroseillier à grappes (Ribes rubrum) et dusorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia). Les rives méridionales, comme dans la réserve naturelle du Baïkal, présentent dans les zones basses des forêts depeupliers, de saules, avec destourbières àsphaignes. Les vallées fluviales abritent desamaruviers (Prunus padus), des aulnes noirs (Alnus glutinosa) et des sorbiers des oiseleurs. Les versants nord des montagnes sont dominés par dessapins de Sibérie (Abies sibirica), avec la présence d'épicéas de Sibérie, de pins de Corée et de pins de Sibérie[85].
La cuvette du lac Baïkal est d'originetectonique[5] ; ce lac d'effondrement est ensubsidence. Le socle ancien sur lequel le lac repose, en contact d'une part avec la plateforme sibérienne, d'autre part avec les monts de l'Asie centrale, présente un réseau defailles de direction générale NNE-SSO. Ces failles ont été actives dès le tertiaire, ce qui fait du lac Baïkal le plus ancien lac existant (vingt-cinq millions d'années[86], pendant lePaléogène)[2]. La formation du relief du rift Baïkal se divise en trois étapes. Le rift se serait ouvert en raison de la collision de l'Inde avec l'Eurasie, à des plusieurs milliers de kilomètres[4].
Une première étape pré-rift commence de l'Archéen au Crétacé, où une activité sismique importante se produisit. Lors de deuxième étape, de la fin duCrétacé à l'Éocène (de 70 à 35 millions d'années), une surface d'aplanissement s'est produite. Les premiersépanchementsbasaltiques datent notamment de cette période. La formation en tant que telle a eu lieu de l'Oligocène à aujourd'hui, dernière étape qui se divise en deux sous-étapes. Une première sous-étape, de l'Oligocène auPliocène inférieur, nommée étape éo-orogénique, se déroula de 35 à 3,5 millions années, avec des mouvements tectoniques peu violents et une subsidence lente du fond du fossé. Selon les sédiments retrouvés, si la majorité du lac était alors peu profond, certains sédiments découverts dans les années 1990 montrent que des dépôts dans une eau profonde de plusieurs centaines de mètres étaient déjà présents. La seconde sous-étape, l'étape orogénique, se produit depuis 3,5 millions d'années (Pliocène moyen) et continue aujourd'hui. Dès lePliocène, de violents séismes se sont produits, et le fossé tectonique a pris sa forme telle que connue actuellement[87].
Ces failles depuis le quaternaire jusqu'à nos jours (plus de trente séismes suffisamment puissants pour être ressentis par les populations ont été enregistrés auXXe siècle), ont provoqué des mouvements tectoniques qui ont conduit à un enfoncement du fond du lac[14], sur lequel s'est accumulée une grande épaisseur de sédiments, et un léger sur-élèvement des bordures montagneuses à plusieurs reprises (ce qui est visible au nord-est du lac, où des terrasses lacustres anciennes, témoins du niveau de l'eau dans le passé, s'élèvent jusqu'à 300 m d'altitude)[20]. Ainsi, ce lac derift peut être comparé aulac Tanganyika dans lavallée du Grand Rift. De par sa situation, le lac est souvent secoué par d'importants séismes, de plus de 7 points sur l'échelle de Richter. Avec les mouvements géologiques, le lac s'agrandit d'environ 2 cm par an[88].
Le réseau de failles tectoniques délimite trois bassins plus ou moins effondrés le long du lac[20],[13]. Les zones nord et centrale sont séparées par une chaîne subaquatique, et la délimitation des zones centrale et sud se situe au niveau de l'embouchure de laSelenga[5]. Le bassin nord est le moins profond (inférieur à environ 900 m)[5]. Sa zone la plus profonde se situe entre les caps Elokhine et Pokoïniki à 890 m sous le niveau de l'eau[20],[13]. Le bassin central est le plus creux, avec une profondeur majoritairement supérieure à 1 000 m[5]. Il est le plus profond des trois, la zone située à l'est de l'île d'Olkhon (entre les caps Ijimeï et Khara-Khouchoune) atteignant une profondeur de 1 642 m[20],[13]. Le bassin sud est légèrement moins profond que le précédent, sa profondeur maximale étant de 1 432 m dans une zone située entre les zones d'affluence des rivières Pereïemnaïa et Michikha.
Desvolcans de boue sont présents dans les profondeurs du lac, comme ceux découverts à l'été 2024 sur la rive nord-ouest du lac, dans la baie de Malaïa Kossa et dans la baie de Goriatchinsk. Ils se trouvent sur la faille de Severobaïkalsk, une faille sismique traversant le lac. Ces deux volcans de boue récemment découverts pourraient annoncer une activité sismique imminente dans la région.
La thèse la plus acceptée sur l'origine des noms du lac explique que pendant longtemps, quand les populations arrivaient pour la première fois sur les rives du Baïkal, elles pensaient que la terre était finie. C'est pourquoi les noms du lac depuis les populations s'étant installés auVe siècle signifient « mer » ou « océan ». LesEvenks, un des plus anciens peuples de Sibérie, utilisent le terme « Lamu », qui signifie« mer », pour le désigner. L'ancien nom chinois, « Beihai », signifie quant à lui la « mer septentrionale » ou la « mer du Nord ». Les Mongols, peuple qui a donné presque tous les toponymes de Mongolie et du sud de la Sibérie, appelaient autrefois le lac « Tengis-dalai », ce qui veut dire la « mer intérieure »[89]. Chez les Iakoutes, les mots bai et kyol/kel signifient respectivement riche et lac, ce qui voudrait dire le lac Baïkal[90].
La première mention du terme « Baigal » comme nom du lac apparaît dans la chronique mongole de la première moitié duXVIIe siècleShara tudzhi. Le nom découle du mot mongolBaïgal (« la nature »)[91]. Dans la chroniqueAltan Tobchi, écrite par Güüsh Luvsandanzan, il est appelé « Baigal-muren ». Le mot « Baigal » est arrivé dans la languebouriate, et il a été transformé en « Baïkal » lorsqu'il a été adopté par les Russes[89]. Chez les Bouriates, le lac est appelé Baigaaal-dalai, ce qui veut dire « eau aussi grande que la mer »[90].
Les plus anciens établissements des hommes préhistoriques se trouvent dans la région du lac Baïkal, datant d'environ 40 000 AP, tels que les sites de Malta et Bouret. Sur les rives du lac, néanmoins, aucune implantation n'a été excavée, mais seulement des découvertes isolées. L'être humain serait apparu dans la région au plus tard auMésolithique, tels en démontrent les sites autour de baie de Kourli sur la rive septentrionale, fouillés lors de la construction du BAM[92].
Une étude publiée en 2020 portant sur des génomes nouvellement séquencés de chasseurs-cueilleurs préhistoriques dans la région du lac Baïkal révèle des liens avec les premiers Américains. L'étude éclaire l'histoire de la population de la région, montrant des liens profonds avec les premiers peuples des Amériques, remontant aussi loin que la période duPaléolithique supérieur. Des études antérieures avaient indiqué un lien entre les populations sibérienne et américaine, mais un individu datant de 14 000 ans analysé dans cette étude est le plus âgé à porter l'ascendance mixte présente chez lesAmérindiens[93],[94]. Cet individu du sud de la Sibérie, avec un jeune mésolithique du nord-est de la Sibérie, partage le même mélange génétique d'ascendance nord-eurasienne (ANE) et asiatique du nord-est (NEA) que l'on trouve chez les Amérindiens[93].
AuNéolithique, l'être humain vivait autour du lac, comme en témoignent les nombreuses implantations sur toutes les rives, deNijneangarsk au nord au cap Chamanka au sud (àListvianka)[92]. Les plus importants lieux de populations du Néolithique étaient dans les zones de chasse et de pêche les plus importantes autour du lac, comme Olkhon, le golfe de Tchivyrkouïski, les vallées de la Bargouzine et de l'Irkout et près des embouchures des rivières se jetant dans le lac, en particulier la Selenga et son delta[90].
L'arrivée de populations importantes au Néolithique est liée aux changements environnementaux, à une époque où les grands animaux comme le mammouth et lerhinocéros laineux disparaissent. L'être humain a été contraint de trouver d'autres sources de nourriture tout en créant de nouveaux outils. Notamment, la pêche s'est intensifié autour du lac, l'homme de la région maîtrisant entièrement l'activité. Des appâts en pierre, des hameçons en bois et en os et des arêtes et des écailles de poisson ont été trouvés dans les sites de l'époque[92]. Les populations ont été confrontées pendant le Néolithique à de nombreuses catastrophes naturelles dont la géologie témoigne, telles que les éruptions volcaniques, glissements de terrain et séismes[90].
Au milieu duXVIIe siècle, le lac Baïkal est témoin de lacolonisation russe en cours sur la Sibérie. Ainsi en 1643, un groupe deCosaquesrusses dirigé parKourbat Ivanov atteignit le lac dans la région de l'île d'Olkhon, sur la côte occidentale. Dès lors, d'autres groupes de Cosaques visitèrent régulièrement le lac et sa région, collectant leiassak auprès des populations locales. Plusieurs colonies apparurent, avec l'ostrog deNijneangarsk, alors nommé ostrog de la Haute-Angara (Verkhneangarski) en 1647, lors du deuxième voyage russe vers le lac par Vassili Kolesnikov, et celui deBargouzine en 1648 entre autres. Les données recueillies par Ivanov et Kolesnikov, avec leurs plans et cartes, enrichissent les savoirs géographiques de l'époque[101]. Avec l'annexion de la région, les colons chrétiens russes se sont installés dans la région, et se sont lancés dans l'agriculture là où cela était possible. De nouvelles techniques de pêche ont été utilisées, dans le but de créer une pêche commerciale, en contraste avec celle de subsistance menée par les Bouriates. L'arrivée des Russes permit le début de la navigation sur le Baïkal. Le début de la colonisation a été marqué par latraite des fourrures, et notamment avec la chasse incontrôlée de lazibeline. Cela poussa le gouvernement tsariste à interdire la chasse de la zibeline dans la région du lac en 1684[102]. Quelques descriptions mentionnent le lac, la plus fidèle était celle deNicolae Milescu Spathari, qui, menant l'ambassade Spathari en Chine, passa par le lac en 1675[88].
Dans la seconde moitié duXVIIIe siècle, laroute de Sibérie a été construite, qui terminait près de la source de l'Angara. De là, les bateaux permettaient la traversée du lac en été et les chevaux en hiver. En 1744, une amirauté est établie à Irkoutsk pour organiser la navigation sur le lac[98].
L'annexion favorisa les premières études du lac et expéditions scientifiques. La région et le lac sont explorés par le naturaliste allemandPallas, parti de la ville deSelenguinsk en. Il indique notamment entre le lac des Oies et le lac Baïkal la présence remarquable dans le paysage de nombreux buissons épineux bas se couvrant de fleurs jaune soufre au printemps, espèce« qui n'étoit point encore connue des botanistes », qu'il nomme robinier féroce (Robinia ferox, (Pallas, Tome H.)[103]. Il décrit une longue période de brouillard dense qui couvre le lac durant plus d'une semaine en plein juillet, dont on lui dit qu'il s'agit d'un phénomène fréquent[103], et rapporte aussi de fortes pluies d'été et d'automne qui ont suivi un printemps extraordinairement sec, ainsi que des« ouragans vraiment curieux » car soudains quand le vent vient des montagnes. Les lacs de cette région peuvent être venteux (vents d'ouest dominant pour le Baïkal) et développer de fortes vagues. On traversait alors le Baïkal sur une unique galiote impériale faisant office de paquebot, dénommée Boris & Gleb (l'autre galiote ayant été dépecée après s'être échouée en 1770 près de l'embouchure du Selenga)[103].
Les marchands utilisaient aussi des dostcheniks(ou dostchtseniki), embarcations en forme de nacelles ne supportant que le vent arrière à la voile et sinon menées à la rame. Palas décrit le lac comme d'une« profondeur très considérable » avec un seul haut-fond, et en partie« tellement profond, qu'il est arrivé souvent qu'en y employant plusieurs sondes, on n'a jamais pu en atteindre le fond ». Le naturaliste note« un nombre incroyable de peaux d'Aselles, ou cloportes aquatiquesOniscus trachurus, Pallas excoriées (exuvies), qui surnageoient tout le long du rivage »[103]. Il signale aussi le Polypode odoriférant (Polypodium fragrans) très apprécié des populations locales qui en font notamment un usage médicinal contre lesrhumatismes et lescorbut[103]. Pallas collecte et décrit l'éponge du Baïkal (Spongia baicalensis Pallasii) très abondante dans la Bolschaja Guba et près deLístweniíchnoi. SelonJohann Gottlieb Georgi (autre savant explorateur du Baïkal)« on l'employe uniquement à frotter des ustensiles de cuivre, & particulièrement les cadres des images des Saints, qui en reçoivent un poli aussì brillant, que si l'on les eu passé sous la meule »[103].
Georgi signale notamment outre les chiens de mer (phoques) d'importantes colonies de mouettes et de martinets nicheurs et d'hirondelles de cheminée, la présence decormorans (« en nombre prodigieux » selon Georgi) et dehérons, et des sources et une source chaude que les habitants fréquentaient autrefois. Selon Géorgi ils étaient écorchés sur place, dépouillés de leur lard dont on tirait de l'huile (et de leur peau pour les jeunes phoques, peau dont la fourrure était appréciée des commerçants chinois) ; le reste du phoque tué était laissé aux corbeaux ou aux Bouriates autochtones (Bouriates)[103]. Jusqu'à 2000 jeunes phoques étaient tués en quelques mois, rien que pour leur fourrure. Georgi signale que le Castor était autrefois présent sur les bords d'un grand nombre de rivières de la région, mais que« l'on n'en trouve plus aujourd'hui que dans les environs du Baunt ». L'écureuil petit-gris était abondamment présent et chassé (plus d'un millier de fourrures par chasseur et par an dans certains cas) et l'écureuil volant était présent mais plus rare[103].
AuXVIIIe siècle le lac était encore très poissonneux et la pêche au filet (dechanvre) était autorisée pour sa subsistance pour les populations locales « idolâtres » et louée (baux de quatre ans) par les monastères par zone, au plus offrant. De petits groupes de pêcheurs se rassemblaient en « compagnies » qui pouvaient pêcher jusqu'à 8 tonnes d'esturgeon sibérien (Acipenser baeriiesturgeon) dans l'année, alors que d'autres n'en trouvaient pas. Lebrochet et l'omul (ou omoul) étaient aussi très appréciés. Le poisson était salé puis vendu ou il était (par millions chaque année selon Georgi) enfoui dans la neige pour être vendu toute l'année à Irkoutsk. Des nasses et claies étaient utilisées sur les cours d'eau abouchant dans le lac. La chasse auphoque de Sibérie (Pusa sibirica, autrefois improprement identifié commephoque commun (Phoca vitulina) était également attribuée par adjudication, aux compagnies de pêcheurs puis à des chasseurs qui le traquaient sur la glace, cachés derrière un panneau de tissu blanc de mars à fin avril à l'arquebuse ou à lajaveline[103].
En 1775, la première cartographie complète du lac est réalisée[102].
Le tracé de l'oléoduc Sibérie orientale, à océan Pacifique devait initialement passer à moins d'un kilomètre du lac, le pipeline contournant le lac par la rive nord sur son trajet deTaïchet àDaqing. Néanmoins, les pressions sans précédent du public et des écologistes ont pousséVladimir Poutine à s'impliquer directement. En mars 2006 avait eu lieu une manifestation de 5 000 personnes à Irkoutsk protestant contre le projet de construction de l'oléoduc[108]. Le lac se situant dans une zone sismique active, une fuite aurait pu causer un désastre écologique.Transneft, la société construisant le pipeline, a changé en 2006 le tracé pour le faire passer en Iakoutie à 40 km au nord du Baïkal[109],[110].
Un projet visait en 2007 à l'extension de lacité atomique d'Angarsk, située dans la zone d'influence atmosphérique du lac Baïkal. Une manifestation en juillet 2007, au cours de laquelle un homme avait été tué, avait protesté contre l'expansion de la cité[108],[111].
Actuellement, environ 100 000 personnes vivent dans les 85 localités adjacentes au lac, dont 28 directement côtières[112]. Lesvilles les plus grandes sontSeverobaïkalsk (24 340 habitants en 2024),Slioudianka (18 058 habitants en2021),Baïkalsk (13 199 habitants en 2021),Babouchkine (4 225 habitants en 2024) tandis que lescommunes urbaines les plus peuplées sont Oust-Bargouzine (6 080 habitants en 2024), Nijnéangarsk (3 724 habitants en 2024),Koultouk (3 408 habitants en 2021), auquel s'ajoute le village de Vydrino (4374)[113],[114].Severobaïkalsk etNijneangarsk sont deux villes sont spécialisées dans l'exploitation minière, le secteur de la pêche, des transports, notamment ferroviaire, et dans le tourisme[115],[113],[116].
Mais la plupart des localités le bordant se trouvent sur le littoral méridional du lac, entre lacommune urbaine deListivianka et le delta de la Selenga.Slioudianka est la plus grande ville du rivage sud, connue pour sa mine de marbre, tandis queBaïkalsk est l'un des plus grands centres touristiques de la région avec une station de ski[115],[113],[117].
Le tourisme baïkalien n’était que relativement faible au cours de l’Empire russe et de la période soviétique, et les touristes internationaux étaient presque inexistants. Mais la fréquentation touristique changea drastiquement à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique. Les progrès dans les transports et l’ouverture des frontières russes ont attiré un nombre toujours plus important de touristes internationaux. Les touristes chinois sont désormais les premiers à venir dans la région, notamment sa classe moyenne, avec 2,6 millions de citoyens chinois en 2019. Avec la pandémie de Covid-19, le tourisme domestique s’accentua fortement, avec le nombre de visiteurs russes qui a doublé à partir de la pandémie. Ainsi alors que le lac n’attirait pendant les années 2010 que quelques centaines de milliers de touristes, il est désormais visité par 3 à 4 millions de touristes chaque année[118].
Aujourd'hui, les espèces commerciales sont le brochet, le carassin, le corégone, le gardon, la lotte, l'ombre, l'omoul, la perche, la vandoise, ainsi que les trois espèces acclimatées, à savoir la brème, le poisson-chat de l'Amour et la carpe. Les principales aires de pêches du lac sont laPetite mer, où le zoopolancton est très important et où un quart de tous les stokcs d'omoul du lac sont situés, ainsi que l'aire de la partie méridionale du lac. Alors que la première fut pendant longtemps la zone traditionnelle de pêche du lac, la seconde n'a été développée qu'après la Seconde Guerre mondiale[120].
L'usine de papier et de cellulose Baikalsk sur les rives du lac Baïkal.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'industrialisation des environs du lac s’accélère, notamment grâce aux lignes de trainTranssibérien etMagistrale Baïkal-Amour. Des usines de papier et de cellulose sont construites près deBaïkalsk (1966) et deSelenguinsk. La pêche sur le lac s'industrialise. Et les villes situées sur les rives du lac, notamment Baïkalsk, croissent en taille et en nombre d'habitants. Les eaux usées de la ville et de l'industrie sont déversées dans le lac Baïkal sans être traitées. Ces deux éléments contribuent fortement à la pollution de l'environnement local, c'est-à-dire de l'eau du lac, des sols et de l'air[121].
Le lac Baïkal a longtemps été menacé depollution industrielle par une usine depâte à papier, àBaïkalsk, qui fournissait, à l'époque de laguerre froide, la cellulose pour les pneus d'avion de l'armée soviétique. L'usine a été fermée en[122] en raison de la non-rentabilité de l'usine[123]. Cependant, elle reprit ses activités le 4 janvier 2010 sans que les problèmes depollution n'aient été résolus[124],[125]. L'usine de papier et de cellulose près de Baïkalsk a reçu en 2003 un crédit de laBanque mondiale d'un montant de22,4 millions de dollars US, selonGreenpeace, afin de cofinancer la modernisation de l'usine, estimée à l'époque à33,5 millions de dollars US. La mise en œuvre du plan de transformation étant restée insuffisante, la Banque mondiale a retiré le crédit en 2005[126]. En 2009, legouverneur de l'oblast d'Irkoutsk a promis de fermer l'usine[127]. Cette décision a cependant été annulée par le Premier ministre Poutine[128], ce qui a entraîné des protestations d'experts en environnement[129]. Ces changements étaient basés sur la constatation faite par le Premier ministre Poutine après une vérification visuelle de l'état du lac Baïkal à partir d'un sous-marin miniature, où il déclara:« J'ai pu voir de mes propres yeux – et les scientifiques peuvent le confirmer – que le Baïkal est en bon état et qu'il n'y a pratiquement pas de pollution »[130],[131].
Le lac constitue, de par sa forme allongée, une excellente voie navigable dans cette région montagneuse et difficile d'accès, mais prise par les glaces près de la moitié de l'année[20]. En hiver, après l'embâcle (prise en glace) qui a lieu en octobre-novembre, tous lesbateaux de pêche, d'exploration scientifique ou detourisme sont paralysés par le froid dans les ports établis sur le Baïkal. Le trafic reprend avec ladébâcle, en mai-juin. En outre, la navigation sur cette mer intérieure est rendue dangereuse par des vents parfois violents qui soufflent en rafales.
La glace est assez épaisse pour permettre de rouler sur la glace en hiver.
De novembre à mai, les voitures et camions peuvent circuler sur le lac gelé. Cette possibilité compense le manque de route car il y a peu d'infrastructures routières le long des plus de 2 000 kilomètres de rives[133]. Une route sur la glace est préparée par des spécialistes chaque année et ouvre lorsque les conditions de glace le permettent. Longue de12 km, elle va du village de Kourkout sur le continent à la baie d'Irkoutsk sur l'île d'Olkhon[134]. C'est la seule route sur la glace légale du lac Baïkal. L'épaisseur de la glace sur la route est d'environ 60 cm, la capacité maximale autorisée de 10 t. Une épaisseur de 75 cm de glace est suffisante pour qu'un camion de 15 t puisse passer[135]. La période la plus sûre pour emprunter ces routes est de début février à fin mars où l'épaisseur de la glace est d'un mètre ou plus[135].
En 2006, un projet depipeline transsibérien devait initialement passer à moins d'un kilomètre du lac avant qu'une alternative de route hors du bassin-versant du Baïkal ne soit décidée parVladimir Poutine, sous la pression des écologistes[109].
Plusieurs organisations conduisent des projets de recherche sur la nature au lac Baïkal. La plupart d'entre elles sont gouvernementales ou associées à des organisations gouvernementales. Le Centre de recherche sur le lac Baïkal est une organisation de recherche indépendante qui mène des projets environnementaux, éducatifs et de recherche au lac Baïkal[136].
Le télescope sous-marin à neutrinos profonds du Baïkal est unobservatoire de neutrinos, qui effectue des recherches sous la surface du lac Baïkal depuis son achèvement en 1998 à 1 200 m de profondeur[137]. Modernisé en 2005 puis en 2015, il étudie lesneutrinos traversant la Terre. Le télescope appartient à l'institut commun de recherche nucléaire, un institut de l'académie des sciences de Russie[138]. Il existe aussi l'Institut limnologique du département sibérien de l'Académie russe, qui fait partie du Centre scientifique d'Irkoutsk, et qui gère un musée de la flore et de la faune du lac Baïkal àListvianka. Ce sont les scientifiques de cet institut qui ont trouvé une explication au phénomène descercles de glace, observables notamment sur le lac en hiver[139].
Une expédition organisée par le scientifique et homme politique russeArthur Tchilingarov a tenté, à partir du, d'établir un record mondial de plongée en eau douce dans le Baïkal[140]. Mais les deuxsubmersibles de l'expédition,Mir-1 et Mir-2, ne sont descendus dans un premier temps qu'à 1 580 m et 1 592 m[141].
Depuis 2004 se tient chaque année au début du printemps le Baikal Ice Marathon[142]. Destinées à promouvoir la préservation des eaux pures du Baïkal, cette course sur le lac gelé est considérées comme l'une des plus difficiles au monde et rassemble près de 200 participants chaque année. Le parcours se situe à la pointe sud du lac entre Tankhoï et Listvianka. En 2016, le record est de 3 heures 55 minutes et 51 secondes pour le marathon (42,2 km). La course se décline également en semi-marathon (21 km)[143].
Le lac, dont les eaux sont d'une grande pureté, accueille unefaune et uneflore très riche[8]. Ces « Galápagos de la Russie » sont ainsi inscrits par l'UNESCO en1996 aupatrimoine mondial pour sa richesse écologique, qui comprend l'une des faunes d'eau douce les plus riches et originales de la planète, et qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l'évolution[20].
Sous l'Empire russe voit la fondation de laréserve naturelle de la Bargouzine en 1916, plus ancienne réserve de Russie[144]. Cependant, les premières protections juridiques du lac remontent à un décret de mai 1960 contrôlant la pêche et protégeant les forêts côtières du lac. En juin 1971, leConseil des ministres de l'URSS prohiba leradelage sur les affluents du lac. Il imposa en même temps la construction de stations d'épuration des eaux usées dans le bassin hydrologique. Trois ans plus tard, la Société russe pour la protection de la Nature créa la Commission d'étude et de sensibilisation du public aux questions relatives à la protection de la nature du lac Baïkal, qui permit d'établir des aires protégées nommées monuments naturels. En avril 1987, une résolution duComité central du Parti communiste de l'Union soviétique établit le zonage de protection de tout le bassin-versant[145].
Le lac Baïkal et sa région naturelle ne constituent pas en soit uneaire protégée selon la législation russe, mais une grande partie de ce territoire l'est au travers des nombreuses aires protégées de différents niveaux. La protection du Baïkal et de sa région découle d'une loi spécifique, la loi fédérale du« sur la protection du lac Baïkal », nommée loi Baïkal par les Sibériens, qui établit un régime juridique pour le Baïkal. Elle précise la priorité de conservation les systèmes écologiques naturels et autres du lac, en y encourageant la création d'aires protégées[146]. La loi fédérale du« sur la sécurité des ouvrages hydrauliques » règlement, y compris sur le territoire naturel du Baïkal, l'installation d'ouvrages hydrauliques et pour limiter les potentiels effets négatifs[147].
En 2000, un décret confirma le zonage écologique des aires protégées de la région du lac, et deux ans plus tard, un décret améliora la protection du phoque du Baïkal et de l'omoul, des espèces endémiques[145].
Le territoire naturel du Baïkal, tel que créé par la loi Baïkal, est divisé en trois zones, s'étendant sur 386 000 km2, soit une superficie supérieure à toutes les zapovedniks et parcs nationaux de Russie confondue[146]. Depuis la loi fédérale du« sur la protection de l'environnement », un régime spécial sur les activités économiques et autres activités humaines a été établir pour ne pas entraîner de perturbations sur le système écologique du Baïkal. L'État fédéral est par ailleurs contraint d'évaluer l'impact sur l'environnement des activités humaines. Le lac Baïkal est divisé en trois types de zones selon la loi, avec la zone écologique centrale comprenant le lac et ses îles, les zones aquatiques adjacentes et les aires protégées adjacentes au lac ; la zone tampon qui comprend l'aire de drainage du lac ; et la zone d'influence atmosphérique du lac Baïkal, où les activités économiques peuvent impacter négativement le lac. Au sein de la zone écologique centrale se trouvent 159 localités, dont 77 dans l'oblast d'Irkoutsk et 82 en Bouriatie[148].
Même si le lac n'est pas une aire protégée, sa division y ressemble. Dans la zone centrale, différentes activités économiques sont prohibées, telles que l'extraction d'hydrocarbures ou de minerai et la prospection de ceux-ci, la récolte du bois, etc. La pollution chimique est interdite dans la zone centrale et limitée dans le reste du territoire. La création de nouvelles installations économiques ou la reconstruction de celles-ci sont interdites sans conclusion positive de l'évaluation environnementale d'État avec la documentation adéquate[147],[146].
La protection du lac Baïkal relève de la responsabilité de la Commission pour la protection du lac Baïkal du gouvernement fédéral, qui concerte les gouvernements de l'oblast d'Irkoutsk, de la Bouriatie et du kraï de Transbaïkalie avec legouvernement fédéral. Leministère des Ressources naturelles et de l'Environnement de la fédération de Russie est chargé de superviser la protection de la zone UNESCO, et l'office du procureur fédéral est chargé de la protection du point de vue de la loi[149].
Le territoire naturel du lac Baïkal comprend en 2018 23 aires protégées, dont 12 aires directement adjacentes au lac Baïkal, ainsi que plus de 400 monuments naturels[146].
Vue satellite des nombreux feux de forêts autour du bassin central le.
Desfeux de forêts se produisent dans la taïga autour du lac, avec des traces de 56 incendies dans les forêts entre 1669 et 2003. L'intervalle moyen entre deux incendies varie de 11 à 20 ans, mais cet intervalle a augmenté avec le réchauffement climatique. AuXVIIIe siècle, 19,25 ans en moyenne séparaient deux incendies, contre 11,75 ans auXXe siècle[157]. Les feux de forêts en Sibérie orientale, y compris en Baïkalie, ont tendance à être de plus en plus nombreux et de brûler de plus en plus d'hectares[158]. Les incendies sont causés par les brûlages agricoles et les orages, et ces incendies, en plus de provoquer des pollutions par la fumée, changent la géochimie des sols et diminuent la qualité de l'eau. Pour la seule année 2015, 38 incendies ont touché le seulparc national du Baïkal, touchant plus de34 000ha[159].
Chaque année se développe dans certaines zones localisées du lac laspirogyre, notamment dans la zone de Koultouk-Slioudianka et sur la côte occidentale. Cette algue se développe dans les eaux à forte teneur ennitrates et enphospates, composés chimiques rentrant dans le lac par les rejets d'eaux usées[160]. Les zones d'eutrophisation, où la pollution de l'eau est la plus importante, s'observent généralement dans la zone côtière près des principales villes, telles que Listivianka, Baïkalsk, Severobaïklask et Slioudianka, ainsi que dans les baies. Cela s'explique par les fonctionnements insatisfaisants des stations d'épuration, de l'activité touristique en augmentation, du trafic maritime en augmentation, et des activités industrielles, agricoles et de transports sur le pourtour du lac. Avec le réchauffement climatique, la qualité physico-chimique de l'eau s'est également détériorée dans le sud du lac de manière générale et dans sazone pélagique[31]. De plus, laSelenga, le principal affluent du lac, est polluée dans son bassin en Mongolie par les activités agricoles, industrielles et minières[161].
Ces dernières décennies, des pollutions microbiologiques et hydro-chimiques ont été enregistrés, notamment aux embouchures des plus grands affluents et près des grandes localités. La présence de l'entérocoque et d'Escherichia coli ont ainsi été observées dans ces zones du lac. Plus récemment, la pollution plastique est devenue un problème d'ampleur avec la concentration demicroplastiques[162]. Les espèces d'algues envahissantes prospèrent dans le lac à partir de centaines de tonnes de déchets liquides, notamment de carburant et d'excréments, régulièrement déversés dans le lac par les sites touristiques, et jusqu'à 25 000 tonnes de déchets liquides sont délestées illégalement chaque année par les navires locaux[163].
Le lac Baïkal revêt d'un attachement très particulier pour les Russes, représentant la beauté naturelle de ce qu'il considère leur mère patrie. C'est ici qu'au milieu des années 1960 est né le mouvement environnemental russe, qui perdure aujourd'hui dans la région. Des manifestations avaient ainsi eu lieu entre autres en 2006 contre un oléoduc longeant la rive nord du lac, contraignant Vladimir Poutine à demander de retracer le parcours du pipeline[108].
En 2019, des manifestations se sont produites contre un projet d'usine chinoise à Koultouk pour mettre de l'eau du Baïkal en bouteilles. Non seulement néfaste pour l'environnement en pompant l'eau, l'usine aurait dû être construite sur le marais de Talpvskoïe. Plus d'un million de personnes ont signé une pétition pour en arrêter la construction en 2019, et le tribunal a ensuite annulé le permis et ordonné la démolition de l'usine. Cet évènement illustre l'inquiétude des Sibériens sur l'exportation des ressources du lac, la population préférant que les bénéfices de la vente d'eau permettent la préservation du lac et le soutien à la population locale, au lieu d'en faire bénéficier des entreprises étrangères[164].
La Roche de Chaman du cap Bourkhan àOlkhon, un site sacré des Bouriates menacé par le surtourisme.
L’affluence d’autant de touristes est une opportunité économique, amenant des revenus nécessaires aux régions encore sous-développées autour du lac. Mais les conséquences sont mitigées pour les communautés bouriates, qui voient désormais leurs sites cultures comme la roche de Chaman victimes du surtourisme, et qui doivent pour certaines familles quitter la zone en raison de l’augmentation du prix du foncier de la région. Cependant, le tourisme permet aussi de faire connaître leur culture et de sensibiliser leur histoire aux touristes étrangers, permettant une meilleure représentation de la communauté[118].
Construction d'un hôtel à Baïkalskaïa Gavan dans leraïon Baïkalien.
Le tourisme entraîne le développement du secteur de la construction, mais aussi de nombreuses violations à la loi. Depuis les années 2000, des fonctionnaires du raïon d'Olkhon auraient vendu, privatisé ou loué illégalement des terres jusqu'alors partie du parc national du Baïkal. Cela a pu se produire en raison de la délimitation imprécise des frontières du parc, du manque de financement de gouvernement fédéral et de l'inaction des autorités régulatrices. En général, la région d'Olkhon et de la Petite Mer sont les principales victimes de ces violations. En 2018, l'office du procureur environnemental du Baïkal a été mis en place afin de lutter contre les malversations commises, et les premières décisions furent la confiscation de parcelles et la démolition des bâtiments construits illégalement[164].
Un problème similaire se produit à Listvianka, un des principaux centres touristiques de la région. Des hôtels illégaux ont été érigés dans de nombreux lieux grâce à la corruption et le manque de vigilance des autorités, en évitant toute régulation environnementale. Ici aussi, le prix du marché immobilier a drastiquement augmenté, faisant fuir la population locale. En 2020, le procureur régional de l'oblast d'Irkoutsk a lancé une vaste opération contre la construction illégale, fermant de grands hôtels enregistrés comme des maisons privées pour contourner la loi. Mais les destructions de bâtiments construits illégalement restent eux faibles[165].
Khoujir est l'une des principales destinations touristiques du lac, avec un étalement urbain prononcé.
Même si Vladimir Poutine a déclaré en 2017 que la préservation du lac était une priorité du gouvernement russe, le gouvernement fédéral semble prioriser le tourisme sur la préservation du lac. La banque détenue par le gouvernementSberbank, plus grande banque russe, a ainsi annoncé un plan d'investissement dans la construction d'hôtels autour du lac pour attirer trois millions de touristes supplémentaires entre 2021 et 2024. Toutefois, la situation au sein même des communautés ne recueille pas qu'un avis. Une part non-négligeable de la population, qui inclut les propriétaires d'entreprises, ne veut pas de régulations supplémentaires qui mettraient en danger leurs activités et ainsi leurs revenus dans des territoires pauvres. Ainsi en 2019, de nombreux habitants deKhoujir, chef-lieu d'Olkhon, ont manifesté pour que le village ne soit pas inclus dans le territoire du parc national du Baïkal, ce qui entraînerait des régulations bien plus strictes en termes de construction[165].
Train touristiquecircumbaïkalien près du village de Port Baïkal.
Parmi les sites culturels entourant le lac figure lemusée du Baïkal de l'Institut limnologique d'Irkoutsk, musée situé à Listvianka. Seul musée de Russie portée sur un lac, il présente des expositions sur l'origine, l'écosytème et la recherche du lac. Plus de 16 000 objets se trouvent dans ses fonds, auxquels s'ajoutent les onze aquariums du musée présentant la faune locale[166]. Lechemin de fer Circum-Baïkal, entreKoultouk etPort Baïkal, ne fait aujourd'hui plus partie de la ligne transsibérienne à la suite d'un contournement mis en service à cause de la création du barrage d'Irkoutsk. La section de la ligne est ainsi devenue une réserve architecturale et paysagère, par ses nombreux ouvrages d'art desservant de petits villages à flanc de falaises. Ce bien culturel est devenu ainsi une attraction touristique pour les nombreux visiteurs[167].
Cathédrale de la Transfiguration-du-Sauveur, érigée en 1774, est un exemple debaroque sibérien.
Au cours de la colonisation, les Russes érigèrent un certain nombre de monuments culturels, tels que des édifices religieux. Des 85 localités bordant le lac, ses rives recensent 14 églises ainsi qu'un monastère. Le plus important édifice religieux de ses rives est sans doute le monastère de la Transiguration-du-Sauveur de Possolkoïe (raïon de Kabansk), un des plus vieux sites religieux de Transbaïkalie, fondé en 1682. Sa cathédrale de 1774 est un exemple flagrant debaroque sibérien, qui fut restauré entre 2002 et 2008[168]. Toutefois, la plupart des églises autour du lac Baïkal sont bien plus récentes, souvent même des années 2000 après la chute de l'URSS, et sont construites en bois. Une des plus vieilles églises est celle de Saint-Nicolas-le-Thaumaturge de Listvianka, construite en 1848 par un riche marchand de la région[169]. Les autres églises autour du lac sont situées à Bolchié Koty, Bolchoïe Goloustnoïe, à la baie de Kourma, sur l'île d'Olkhon, à Severobaïkalsk, àOust-Bargouzine, àBabouchkine, àBaïkalsk, àSlioudianka, à Koultouk, à Staraïa Angassolka et àPort Baïkal[170].
La cuisine traditionnelle baïkalienne, à l'origine bouriate et adoptée par les colons russes, se base sur les nombreuses ressources halieutiques du lac, que ce soit lecorégone, l'esturgeon, l'omble ou l'omoul. Si l'omoul fait partie de très nombreuses recettes à lui tout seul, la soupe du poisson local utilise les différents poissons présents. La recette traditionnelle qui utilise l'omoul est l'omoul sur tiges, où le poisson est cuit à la chaleur des braises, enfilé sur des tiges de bois. D'autres plats typiques sont lastroganina, composée de longues et fines tranches depoisson cru, et la raskolka, du poisson cru congelé. La cuisine baïkalienne peut ensuite se diviser entre celle bouriate, comme le buuz composé de différentes viandes hachées, et la cuisine russe transbaïkalienne, avec ses boulettes de viande ou de poissons[171].
La toponymie reflète les populations autochtones de la région. Ainsi les toponymes evenks se retrouvent sur les côtes nord du lac Baïkal, où ils vivent encore en grand nombre[172].
Représentations d'Evenks dansLa Sibérie d'après les voyageurs les plus récents de 1868.
Des 4 millions d'habitants qui peuplent la région du lac, les Russes forment la grande majorité de la population, le reste se partageant entre Bouriates et Evenks. LesEvenks, peuple toungouse et l'un des plus anciens de Sibérie orientale, sont les premiers connus de la région, remontant à la culture de Glazkov de l'âge du Bronze. Vivant de manière nomade ou semi-nomade, ils sont réputés comme étant d'excellents chasseurs, et leur génétique reflète le lien avec la culture de Glazkov. La tradition des Evenks interdit de capturer les poissons enpériode de frai afin d'éviter la surpêche, ainsi que le rejet de déchets dans les lacs et autres plans d'eau[172]. Les Mongols se sont installés dans la région auxXe et XIe siècles, et en se mêlant au peuple turc des Kourikanes, qui peuplaient jusque-là les rives du lac, ils donnèrent naissance aux Bouriates. Les Bouriates se répartissent en plusieurs groupes, avec les Occidentaux peuplantOlkhon, l'Oust-Orda et les rives de l'Irkout et les Orientaux en Bouriatie. Chaque groupe de Bouriates se divisent eux-mêmes en plusieurs groupes avec leurs propres traditions, culturels, dialectes et pratiques religieuses[173].
Piliers rituelschamaniques connus sous le nom deserges avec des rubans colorés, avant le lever du soleil sur le cap sacré Bourkhan,île d'Olkhon.
L'origine du Baïkal a été développée dans plusieurs traditions culturelles, notamment dans celles des Bouriates. Dans l'Épopée du roi Gesar, poème épique répandu en Bouriatie, le monde n'était à ses débuts qu'une grande étendue d'eau avec une Déesse qui aurait créé la Terre. Dans l'épopée, le héros, Gesar, aurait été lavé par l'eau de neuf sources pendant trois jours. Ainsi, les Bouriates vénèrent toutes les sources d'eau et les respectent. Le lac Baïkal est l'une des sources d'eau les plus respectées par les Bouriates[174].
Chez les Bouriates, le lac Baïkal est au centre d'autres légendes et de récits historiques. Selon le Bar-gabator, chronique bouriate, le père fondateur des Bouriates, Oïrats et Mongols aurait été enterré sur l'île d'Olkhon, la plus grande île du lac. Les Bouriates considèrent ainsi comme leur patrie ancestrale et glorifient Olkhon comme en étant au centre de cette patrie[174]. Au Néolithique, d'importantes catastrophes naturelles ont touché la région du lac (éruptions volcaniques, glissements de terrain, coulées de boue, séismes, etc.), et les récits de ces évènements ont passé de génération en génération, créant le fondement du chamanisme bouriate[90].
Le lac Baïkal prend place dans les cultures régionales, et donne naissance à ce qui est appelée le « culte du lac Baïkal ». Ce système de croyances et de pratique a créé des rites chez les Bouriates pour vénérer Lusaad, le seigneur de l'eau, avec l'aide de chamans et de lamas. L'Épopée du roi Gesar raconte d'ailleurs les traditions que portent les populations pour maintenir des relations harmonieuses avec l'eau dont ils dépendent. Ainsi, Geser ne veut pas vaincre Lobsogoldoï, une autre divinité de l'eau, afin d'éviter une sécheresse dévastatrice en l'offensant[90].
Le lac serait selon les Bouriates peuplé par de nombreux esprits et créatures mauvaises ou bonnes, tels que Lusaad-Khan, un dragon, ou Uhan-Ezhin, le diable des eaux. Certains esprits de ces croyances font référence aux caractéristiques du lac. Tuya-Khatun, reine des rayons du soleil et Gerel-Noyon, le roi de la lumière du jour, symbolisent la brillance de la surface de l'eau. Dolion-Khatun, la reine des vagues, évoque les tempêtes qui se produisent sur le lac. Un poisson effrayant, Abarga Zagahan (ce qui veut dire poisson-roi), est considéré comme l'ancêtre et latsarine de tous les poissons du lac. Des sacrifices étaient autrefois faits à ce poisson[172].
Dans la littérature, l'un des premiers Russes à le décrire fut l'archiprêtre Avvakoum, auteur de son autobiographie publiée en 1672[176], où il en parle. Son texte comporte de nombreuses inexactitudes et exagérations, mais il relate les premiers toponymes de la région et décrit la nature du lac[101]. Dans la littérature française, il est représenté par le livre deSylvain TessonDans les forêts de Sibérie, un carnet d'ermitage de l'auteur, qui a vécu six mois de février à juillet 2010 dans une cabane sur la côte nord-ouest lac[177].
↑N GSheveleva, I MMirabdullayev et S YNeronova, « Cladocera species (Crustacea, Branchiopoda) in the littoral zone of Lake Baikal: some representatives of Daphniidae families »,IOP Conference Series: Earth and Environmental Science,vol. 962,no 1,,p. 012034(DOI10.1088/1755-1315/962/1/012034,lire en ligne, consulté le).
↑Maurice Zimmermann, « Achèvement du chemin de fer d'Orenbourg à Tachkent et du Circumbaïkal »,Annales de géographie,(www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1905_num_14_73_6510).