La Revue Boulonnaise appelée aussiAl Revue patoisante ed Boulonne (la revue patoisante de Boulogne[-sur-Mer]) est une revue humoristiquepatoisante présentée tous les deux ans, en septembre et octobre, authéâtre Monsigny dans la commune deBoulogne-sur-Mer située dans lePas-de-Calais en régionHauts-de-France.
En 2019, le spectacle accueille 7 200 spectateurs.
On trouve la trace de spectaclespatoisants à Boulogne-sur-Mer en 1827 mais, la première revue daterait de 1874 et s'intitulaitBoulogne en terre et en mer en 1874 et 2874, suivie, en 1877, deLa Grande duchesse de Boulognestein, paroles d'Ernest Deseille sur des musiques de Jacques Offenbach.
La Revue Boulonnaise connaît son essor dans les années 1920 et 1930. À cette période, la revue ne s'adresse qu'aux « locaux » et le patois utilisé est un patois pratiqué par les marins boulonnais et les personnages interprétés sont connus des spectateurs mais, les années passant, ce patois de moins en moins parlé et abandonné au profit d'un patois compris par un plus grand nombre et qui trouve ses racines dans lepicard.
Depuis130 ans (1893), jusqu'à deux à quatre revues par an sont jouées et, depuis les années 1960, est jouée une revue tous les deux ans authéâtre Monsigny[2].
Même si la majorité des revues boulonnaises sont, depuis l'origine, jouées authéâtre Monsigny, d'autres salles les ont présentées :
le « Coliséum », rue Ernest-Hamy (anciennement rue du Temple. D'abord une chapelle anglaise ((British Episcopal Church)) dès 1828, puis, dans les années 1890, il devient le Salon Sainte-Beuve, une salle de spectacle, puis en 1921, un cinéma le « Coliséum » qui accueille des boxeurs, des artistes, des conférenciers et une douzaine de revues locales. Le « Coliséum » est détruit en 1993[3] ;
l'« Eden-Salon », rue Bréquerecque, présente en 1929 la revueY va bin l'batiauw de Paulem. La salle est disparue depuis la Seconde Guerre mondiale[4] ;
l’« espace de la Faïencerie ». Pendant les travaux derénovation du théâtre Monsigny, le spectacle, en 2021, est délocalisé à l’espace de la Faïencerie et il retrouve le théâtre pour son nouveau spectacle à partir du[5] ;
le « Kursaal ». Cette salle de spectacle s'est d'abord appelée le « Splendid Cinema » puis le « Kursaal » tenu par Henri et Maurice Coucheman, repris ensuite par Honoré Bourbier et son fils Henri, propriétaires de cinémas auTouquet-Paris-Plage. le « Kursaal » accueille des combats de boxe, de catch, des concerts, des conférences, des radiocrochets, des revues locales ainsi que de nombreuses vedettes de variétés commeCharles Aznavour,Joséphine Baker,Maurice Chevalier,Johnny Hallyday,Édith Piaf… le « Kursaal » est détruit en 1985[6].
C'est dans la revue en trois actesQué parade, de Thierry et Feuillade, jouée en 1927, que la fable de La FontaineLe Corbeau et le Renard devientl'Cornaille et l'Renard[1] :
Maître Cornaille din l'mâture installaïe Tenoit din ses loupes un pichon d'écorage. Maître Renard qui l'avoit arniflaïe Li dit, d'in sin drôl'ed'langage : Parlez me, viu monst'ed'corbiau Comm'os'êtes dégagaïe, comm'os' m'semblez bellot. Sin mintir, si os criez à moule Aussi bin qu'eun' viell'droule, Os pourriez canter à l'grande Opéra. In intindant tout ça, l'cornaille en restoit là Et pour li dire eun'bell' canchon, Il ouvr'tout grande es'gueule et laisse caire sin pichon. L'renard il prind din ses dints, in li disant : N'acoutez-pont les compliments, min fiu. L'cornaille, défoutu, jura qu'on n'l'arpéqu'roit pu. Moralitaïe : enn't'occup'pon d'ces mouques Et garde et'chique din t'bouque !
Ernest Deseille (1835-1889), né à Boulogne-sur-Mer et mort àPont-de-Briques, boulanger, il est receveur comptable du casino de Boulogne-sur-Mer, directeur de la halle aux poissons puis archiviste de la ville[4].
Roger Destrée (1909-1971), né à Boulogne-sur-Mer et inhumé à Boulogne-sur-Mer, chef de service à la mairie de Boulogne-sur-Mer[1].
Georges Docquois (1863-1925), né à Boulogne-sur-Mer et mort àOrgeval, romancier, dramaturge, revuiste scénariste et poète, une rue de Boulogne-sur-Mer porte son nom[4],[9].
Raymond Docquois (1896-1978), né à Boulogne-sur-Mer et mort àMontgeron, est le neveu de Georges Docquois[4], une rue de Saint-Étienne-au-Mont porte son nom[10].
Alfred Dubout (d) (1854-1936), né àCalais et mort à Boulogne-sur-Mer, banquier, poète, auteur de pièces de théâtre et revuiste[4].
Maurice Feuillade (1878-1963), né et mort à Boulogne-sur-Mer, écrivain, journaliste, poète, essayiste et revuiste, il est le grand-père deBrigitte Fossey[4].
Pierre Hars dit Duffort (1888-1954), né à Boulogne-sur-Mer, mort àLa Capelle-lès-Boulogne et inhumé au cimetière du Nord, est un fonctionnaire de l'État. Il entre, après ses études, aux contributions indirectes puis à la mairie le et nommé secrétaire général de la mairie en 1923. En parallèle, il s'adonne à la composition de musique et à la poésie. Durant la Seconde Guerre mondiale, pas du tout enclin à collaborer avec l'occupant allemand, il est incarcéré àMarcq-en-Barœul puis libéré avec interdiction de revenir à Boulogne-sur-Mer. Il rejoint larésistance intérieure française (RIF) et, pour ses actions de résistance est de nouveau incarcéré durant l'année 1942 à laprison de la Santé. Il est sous-lieutenant à la fin de la guerre. Nommé sous-préfet de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer de fin 1944 au, il œuvre au redressement de la ville, des environs et à la reconstruction du port. Il devient directeur de lachambres de commerce et d'industrie (CCI). Il est récompensé par plusieurs distinctions :officier d'académie,officier de l’instruction publique,croix de guerre 1914-1918,médaille interalliée,croix de guerre 1939-1945,médaille de la Résistance polonaise…[4].
Jean Jarrett (1922-1996), auteur et interprète, né àArras d’une mère boulonnaise et d’un père anglais, et mort àBoulogne-sur-Mer à l'âge de74 ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il joue dessaynètes auTouquet-Paris-Plage où il croisera Marvas. Il se produit dans des opérettes auMoulin-Rouge, au cirque, au cinéma, comme meneur de revue dans la tournéeTichadel et comme vedette de spectacle à bord du paquebotFrance. En 1981, commence, avec Ch'Guss, l'aventure de la revue boulonnaise. La ville de Boulogne-sur-Mer lui rend hommage en donnant son nom à une rue[11],[12],[13],[14],[4],[15].
Robert Jordens (1928-2015) ditCh'Guss(pcd) ou Ch’Guss deQuestrecques, auteur et interprète, né àDesvres et mort à Boulogne-sur-Mer, à l'âge de86 ans. Issu d'une famille d'artistes du spectacle, comme son grand-père, d'origine belge, son père, et son oncleRoger Duchesne, il commence sa carrière par des imitations deBourvil puis reconnaissable avec son béret, ses chaussettes rouges et son costume trop court qu'il ne quittera plus, il commence une carrière solo avec des sketches en patois disponibles surdisque 45 tours. Il intègreLa Revue Boulonnaise en 1950 comme acteur puis comme auteur de 1981 jusqu'à sa dernière revueArtir' te d'là en 2003. Avec son ami Jean Jarrett pour la musique, il produit les chansons des revues. Il fait son dernier spectacle en solo le dans le bassin minier. Il mènera, en parallèle, son métier de chef de la publicité àLa Voix du Nord. Une statue le représentant, réalisée par les ateliers parisiens Lorenzi, est érigée en sur la place Gustave-Charpentier, proche duthéâtre Monsigny[16],[17],[13],[18],[19],[20],[21].
Dominique Pourre, auteur[5]. Né dans le quartier de Tintelleries à Boulogne-sur-Mer, il entre à la Revue Boulonnaise comme figurant à18 ans, après avoir co-écrit avec Ch'Guss, il en devient l’auteur à51 ans et tire sa révérence en 2025[23].
Charles Quettier (1848-1925), né et mort à Boulogne-sur-Mer, est journaliste àLa Colonne puis àLa France du Nord et en deviendra son rédacteur en chef, il est aussi conférencier, critique théâtral et auteur dramatique. C'est l'ami des frères boulonnais et acteursCoquelin aîné etCoquelin cadet. En 1892, il est élu au conseil municipal de Boulogne-sur-Mer et le reste pendant vingt ans, sans interruption. Il est nommé chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur en 1921[4],[24].
René Splingard (1911-1993), né à Boulogne-sur-Mer et mort àClamart. Il a cinq ans lorsque son père meurt pendant la Première Guerre mondiale, il est élevé par sa mère et sa grand-mère ouvreuse au théâtre Monsigny, ses premiers contacts avec le théâtre et les revues. Il monte des revues entre 1935 et 1939. Il est employé à la SNCF sur Boulogne-sur-Mer puis sur Paris, et après guerre, il est employé à laSociété des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), pendant cette période parisienne, il fait partie d'une troupe de théâtre amateur. Dans les années 1970, il revient à Boulogne-sur-Mer passer sa retraite et, dans les derniers moments de sa vie, part à Clamart rejoindre sa famille[4].
Marcel Vasseur dit Marvas (1911-1997), né àÉtaples et mort àSaint-Martin-Boulogne, à l'âge de85 ans, est un auteur et interprète. Il est le père dePhilippe Vasseur, personnalité politique. Ses parents habitent leTouquet-Paris-Plage dès les années 1920, son père y est employé au casino[25], Marcel Vasseur y fréquente l'école communale et c'est dans cette ville qu'il commence sa carrière sur les planches, en pleine Seconde Guerre mondiale, avec des spectacles pour les prisonniers de guerre, il y croisera Jean Jarrett, puis rejoindra la revue boulonnaise. Il écrit25 revues et une reprise en40 années et prend sa retraite en 1979. La ville de Boulogne-sur-Mer lui rend hommage en donnant son nom à l’escalier monumental de la résidence des Terrasses de la falaise[26],[13],[19],[27].
Jeannine Rigaux, né àSaint-Denis en 1927. Elle endosse à seize reprises le costume deZabelle et joue de 1958 à 1980. Elle donne ses traits en 2003 à lagéanteZabelle[2].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Daniel Tintillier (d) et René Splingard,T'in rappelles-tu ? Les revues boulonnaises avant 1940 : Chansons, anecdotes et photos des principaux interprètes, Boulogne-sur-Mer, Les AUTEURS,, n.p..
↑ab etcDaniel Tintillier (d) et René Splingard,T'in rappelles-tu ? Les revues boulonnaises avant 1940 : Chansons, anecdotes et photos des principaux interprètes, Boulogne-sur-Mer, Les AUTEURS,, n.p.
↑Daniel Tintillier, « La salle du Kursaal, l’Olympia de Boulogne-sur-Mer »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).
↑Nicole Osstyn, « Boulogne : l’Arvue patoisante bientôt de retour avec « Arrête ed’braire » ! »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).
↑a etbJulien Delfort, « La revue boulonnaise se termine et avec elle, la longue carrière de Jean-Pierre Coppin »,La Voix du Nord,(lire en ligne, consulté le).