En 1946, l'île abandonne son statut colonial pour devenir undépartement français, sans pour autant accéder à l'égalité sociale et salariale avec les départements françaismétropolitains, elle prend le code départemental 974[6]. L'île appartient à lazone euro, mais ne fait pas partie de l'espace Schengen. Son tissu productif reste structurellement fragile. On y relève untaux de chômage élevé (entre 17 % et 19 % depuis 2020)[7],[8], dont 39 % chez les jeunes[9],[10]. Le premiersecteur économique de l'île au début duXXIe siècle est letourisme. Leproduit intérieur brut (PIB) est estimé en 2021 à 19,2 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 22 400 euros par an[11],[12].
Le relief exacerbé de l'île transparaît malgré l'altitude de cette photo satellite.
La Réunion est uneîle volcanique née il y a quelque trois millions d'années[20] avec l'émergence duvolcan bouclier dupiton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 mètres, le sommet le plus élevé desMascareignes et de l'océan Indien[21]. L'est de l'île est constitué par lepiton de la Fournaise, un autre volcan bouclier bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu'un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par uneérosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par cette érosion (Salazie,Mafate etCilaos), et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant desravines, estimées à au moins 600[22], généralement profondes et dont lestorrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de laplaine des Palmistes et de laplaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral duSud sauvage est cependant plus abrupt.
Entre la frange littorale etLes Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos Fouqué, lacaldeira du piton de la Fournaise.
Pluviométrie annuelle moyenne à La Réunion illustrant la forte dissymétrie est/ouest.
La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part desprécipitations entre lacôte-au-vent à l'est et lacôte-sous-le-vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
unesaison des pluies allant des mois de janvier à mars, au cours de laquelle tombe la majorité des précipitations de l'année ;
unesaison sèche s'étalant de mai à novembre. Néanmoins sur la partie est et les contreforts du volcan, les pluies peuvent être importantes même en saison sèche ;
les mois d'avril et de décembre sont des mois de transition, parfois très pluvieux mais pouvant également être parfois très secs.
Les températures se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement10 °C) bien que sensible :
Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont« non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets duchangement climatique, la Réunion a été choisie (avecGrande Canarie en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné[27], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement :« les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision »[27].
La Réunion est située dans le bassin de formation descyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les200km/h et apportent desprécipitations diluviennes. LeCentre météorologique régional spécialisé (CMRS) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien.15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
Liste des cyclones mémorables depuis la départementalisation à La Réunion[28],[29],[30]
Considéré comme le cyclone « du siècle », il causa la mort de 165 personnes. Les cultures furent dévastées. Près de 3 milliards de francs CFA de dégâts.
Cyclone atypique,Hyacinthe s'est approché à 3 reprises de l'île. Il causa 25 décès. Les pluies continues durant 15 jours ont fait tomber plusieurs records mondiaux encore en vigueur aujourd'hui.
Aucune victime mais des dégâts matériels considérables. La Réunion a échappé de peu aux conditions les plus paroxysmiques (le mur de l’œil passant à 27 km duPort). On estime que la vitesse des vents aurait été > de50km/h en cas d'impact direct du mur de l'œil.
2 décès, 91 blessés, effondrement dupont de la rivière Saint-Étienne, 100 millions d'euros de dégâts. À l'image de Hyacinthe 27 ans plus tôt, Gamède s'approche 2 fois de l'île. Elle restera sous l'influence du météore durant 5 jours au cours desquels deux records mondiaux de pluviométrie seront battus.
La Réunion possède unefaune et uneflore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenuesinvasives. Contrairement à laGuyane, on n'y trouve aucun grandmammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreusesespèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par lapériurbanisation[31], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
Net-Biome[32] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par laCommission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de labiodiversité tropicale et subtropicale dans les sept régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l'Union européenne. Il s'appuiera notamment sur :
On recense à La Réunion un nombre d'espèces endémiques élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l'arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel desMascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantesépiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme lesOrchidaceæ[35], lesBromeliaceæ, lesCactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[36].
La biodiversité est fortement fragilisée par le changement climatique. En 2023, 41 % des espèces végétales de La Réunion sont classées comme menacées par l'Office français de la biodiversité, contre 30 % en 2010. Les espèces exotiques envahissantes, tel l'ajonc d'Europe, sont le principal facteur à l'origine du recul des espèces végétales endémiques, dont 41 ont disparu[37].
La faune[38] se concentre autour desoiseaux, desinsectes ou desreptiles, qui comptent de nombreusesespèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grandmammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d'espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image duTuit-tuit, duPétrel de Barau ou encore duPapangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image duPaille-en-queue[39] ou del’Endormi[40]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, leTi Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[41].
La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi une riche biodiversitépélagique. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[42].
La réserve naturelle de Saint-PhilippeMare-Longue est l'une des dernièresforêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel desMascareignes[43]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[20]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[44]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme derécifs frangeants[20],[44].
Malgré la faible surface desrécifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel desMascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[46]. Les récifs coralliens, aussi bien au niveau desplatiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces decorail branchu à croissance rapide du genreAcropora (famille desAcroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de nombreuses espèces tropicales.
Les recherches scientifiques récentes font état de plus de 190 espèces de coraux[46], plus de 1 300 espèces demollusques[47], plus de 500 espèces decrustacés[48], plus de 130 espèces d'échinodermes[46] et plus de 1 000 espèces de poissons[49].
Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[50].
Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[49], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits[51]. Les causes de cet état de fait sont lapollution, lasurpêche et lebraconnage ainsi que lapression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[49].
Lors de laRévolution française, le territoire est renommé « île de la Réunion » sans doute en hommage à la réunion des révolutionnaires parisiens et marseillais.
L'esclaveEdmond Albius découvre le procédé de fécondation de la vanille.
20 décembre 1848
L'abolition de l'esclavage est proclamée. 62 000 esclaves sont libérés. Accélération de l'engagisme : les planteurs font désormais appel à la main d'œuvre indienne.
1865
Crise de la canne à sucre, concurrencée par la betterave à sucre.
Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[55]. Plus tard, auXe siècleapr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[4].
Un navigateurportugais,Diogo Dias, y aurait débarqué en. Un autre navigateur portugais,Pedro de Mascarenhas y débarque le[56] ou 1513[57], jour de laSainte-Apolline, alors qu’il est sur la route deGoa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom deSanta Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice etRodrigues sont appeléesarchipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées lesMascareignes.
LesFrançais y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptiséeîle Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés deMadagascar sont abandonnés à La Réunion.
C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron :L’Aigle blanc,La Vierge, leBon port,Le Saint-Paul etLe Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. LaLoire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta lequai de la Fosse àNantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de lacôte de Malabar et dugolfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale auCap-Vert le Jeudi saint, le. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile.« Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueurUrbain Souchu de Rennefort.
Françoise Châtelain est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation ducafé. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie.Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’huiîle Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendantPierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment legirofle et lanoix de muscade dont le commerce fut florissant auXVIIIe et début duXIXe siècle.
L'abolition de l'esclavage votée par laConvention nationale le se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République,Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage, qui n’avait jamais été aboli dans la pratique, par la loi du.
Le, l’île prend le nom d'île Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture ducafé décline rapidement et est remplacée par la culture de lacanne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France deSaint-Domingue (actuelle Haïti), et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur lapollinisation manuelle desfleurs de lavanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture dugéranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
De 1838 à 1841, le contre-amiralAnne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalités liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir leConseil colonial de trois projets d’émancipation.
Le, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée parSarda Garriga (le 20 décembre est unjour férié à La Réunion).Louis Henri Hubert-Delisle devient son premier gouverneur créole le et reste à ce poste jusqu’au. L’Europe a de plus en plus recours à labetterave pour satisfaire ses besoins ensucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement ducanal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l’île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
La participation de La Réunion à laPremière Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 555 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateurRoland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de« faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[60]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la pandémie de grippe de 1918, qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe a été ramenée par lesPoilus réunionnais avec le navireMadonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin duXIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans le chef-lieuSaint-Denis pour unepopulation de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur[61],[62]. Des cimetières seront construits pour accueillir le surplus de décès, comme lecimetière de la Jamaïque à Saint-Denis.
Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers les plus aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours[Quand ?].
LaSeconde Guerre mondiale[63] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le, un débarquement desForces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle augouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de laFrance libre[64].
À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais le gouvernement français est amenée à consentir des efforts pour maintenir sa position géostratégique alors queMadagascar réclame son indépendance. Au début des années 1950, lepaludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de laFrance continentale. La création de services publics, l'ouverture d'écoles et l'augmentation du nombre de fonctionnaires, génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection controversé deMichel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique. Son mandat sera marqué par une politiqueconservatrice,assimilationniste et letransfert forcé de plus de deux mille jeunes mineurs de leur île de La Réunion vers la France hexagonale dans les années 1960 et 1970.
Dans lesannées 1980, La Réunion s'occidentalise. L'université de La Réunion est créée en 1982. Elle se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Au début des années 90, les hypermarchés et supermarchés font leur apparition aux quatre coins de l'île et remplacent peu à peu les « boutiks chinois » et les « bazars zarabs ». Le, le salaire minimum réunionnais est aligné sur le salaire français métropolitain. Jusqu'alors, celui-ci était inférieur de près de 22 % par rapport à celui du continent. Le tourisme commence à se développer. À la suite de ladisparition du chemin de fer en 1976, le réseau routier s'est développé et modernisé, mais la croissance du parc automobile a été encore plus rapide, exacerbée par la faiblesse des transports en commun. L’habitat s’améliore, et la création de logements est dopée par des avantages fiscaux spécifiques à la construction dans lesDOM cependant 45 000 familles restent dans l'attente d'un logement social selon la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion[65]. L’économie change mais la culture de la canne à sucre maintient son rang de première production agricole. Elle représente 54 % de la surface agricole de l'île. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. L'hôtellerie restauration est la première activité de l’île et représente 35 % des emplois.
À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[66],[67].
L'État est représenté à La Réunion par unpréfet. Le territoire est divisé en 7 circonscriptions législatives représentées à l'Assemblée nationale par desdéputés.
Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance.
La Réunion est déjà à l'époque de laRoute des Indes une position française située entreLe Cap et lescomptoirs d'Inde, bien qu'éloignée duCanal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, legouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[68]. L'ouverture duCanal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée àMadagascar, bientôt colonisée[69].
Si pendant longtemps les partis politiques réunionnais ressemblaient à des filiales ou des homologues de ceux de la France hexagonale, avec le déclin duParti communiste réunionnais, de nouveaux partis locaux se sont créés. Bien que souvent affiliés à des partis nationaux, ils prennent leurs distances. On observe le même phénomène dans les organisations syndicales, avec des syndicats locaux qui s'appuient sur les exigences nationales tout en s'ancrant dans les réalités locales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les inégalités qui subsistent avec les Français de l'Hexagone.
Après l’abolition de l'esclavage, en, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de lacôte de Coromandel, au sud-est du sous-continent, et non de lacôte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine … En outre, la fin duXIXe siècle voit arriver de la province deGuangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans sonHistoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues deMadagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
Le, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation defête caf' (« fête des cafres »).
En 2021, l'illettrisme touchait encore 23 % des Réunionnais. La langue de l'administration et de l'enseignement est lefrançais, mais environ 90 % de la population réunionnaise[réf. nécessaire] parle lecréole réunionnais[73]. Comme son nom le suggère, il s'agit d'uncréole, c'est-à-dire une langue née de la rencontre linguistique entre une langue dominante (en l'espèce, lefrançais) et leslangues vernaculaires parlées par des populations dominées. Le créole réunionnais présente des similitudes avec les langues nationales de Maurice (créole mauricien) et des Seychelles (créole seychellois), bien que celles-ci aient été influencées par l'anglais.
La plupart des Réunionnais sont bilingues en français et en créole, mais une partie de la population ne parle que le français[74].
Selon l'auteur Annegret Bollée[75], on suppose que« le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
Depuis 2001, le créole peut ainsi être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[76].
Parallèlement, de nombreuxmédecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[80] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[81].
La Réunion possède sa propre académie.Pierre-François Mourier a été nommée recteur de l’académie de La Réunion et chancelier des universités, par le Président de la République (par décret pris en conseil des ministres), le[82].
Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia àSaint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 523 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 113 580 élèves dans le premier degré, 87 collèges dont neuf privés pour 62 000 élèves, 48 lycées, dont 13 Lycées d’enseignement Général et Technologique (12 publics et 1 privé sous contrat), 15 Lycées Professionnels (13 publics et 2 privés sous contrat) et 20 Lycées Polyvalents (18 publics et 2 privés sous contrat) pour près de 33 000 élèves.
Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 90,2 % de taux de réussite en 2024.
Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 19 200 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment deSaint-Denis et duTampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[84].
L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[85] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
Activités de plein air
Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
Mais il faudrait aussi mentionner la course à piedDiagonale des Fous - Trail de Bourbon[87], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est leGrand Raid, le vélo tout-terrain, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
Deux titres composent la presse quotidienne régionale :Le Quotidien de La Réunion etTémoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiquesFR3 en 1975, puisRFO en 1982, est aujourd'hui représenté par deux chaînes deTNT :Réunion La1re (chaîne publique),Antenne Réunion (chaîne privée). Des bouquets satellites sont proposés parParabole Réunion etCanal+ Réunion et par les opérateurs internets.
Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialisteFrançois Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plusieurs radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité. On remarque cependant une situation de monopole dans le secteur de l'audiovisuel : l'acteur incontournableCirano Group étant détenteur de la seule chaîne de télévision privée ainsi que des stations de radio RTL Réunion, Chérie FM Réunion, NRJ Réunion, RFM, EXO FM…
Radio Free Dom est la radio incontournable de l'île, basée sur l'échange entre les animateurs et les auditeurs. Sa programmation repose principalement sur les interventions en direct de ses auditeurs, de 5 h à 0 h (et au-delà en cas d'événements), en plus des journaux d'information.En 1991, après la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Free Dom,Camille Sudre), à la suite d'une action duCSA auprès du préfet, des émeutes réclamant l'égalité sociale et salariale avec la France hexagonale éclatèrent, causant la mort de 7 personnes. À l'époque, c'était le seul média et moyen d'expression libre où la langue créole pouvait être parlée, diffusant des films d'arts martiaux, dumaloya et même des films pornographiques.[non pertinent].
Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France hexagonale. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de France continentale. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[88].
Lapêche est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par laZEE dont bénéficie l'île.
Les revenus dutourisme constituent la première ressource économique de La Réunion[citation nécessaire], devant ceux tirés de la production et de la transformation de lacanne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais commeQuartier Français,Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de lapêche dans lesTerres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les « boutiques chinois » encore en activité se trouvent dans les villages à mi-hauteur comme au centre-ville de Saint-Denis ils ont un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son importantchômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
La Réunion connait un forttaux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[91]. 18,9 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2024, soit une hausse de 0,4 points depuis 2023, indique l'Insee[92].
La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur lelittoral font duréseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative duconseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : laroute des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
La Réunion compte début 2024 près de 430 000 véhicules particuliers[93], soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l'équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de laFrance métropolitaine (48,5 % des Réunionnais possèdent une voiture contre 58,3 % des métropolitains)[94]. En 2009 ouvre laRoute des Tamarins[95], déviant laN 1 entreSaint-Paul etL'Étang-Salé sur un nouveau tracé de typevoie rapide sur les premières pentes desHauts et permettant de réserver l'ancien tracé littoral (renuméroté N 1A) à une desserte locale de la côte. Une première portion de 8,7 km d'unenouvelle route du Littoral, sur viaduc, est ouverte en 2023 entreSaint-Denis etGrande-Chaloupe permettant de sécuriser le trafic face auxhoules et auxéboulements fréquents sur l'ancienne route. Un dernier tronçon de 2,5 km, prolongeant la route jusqu'àLa Possession, verra sa construction début 2026 pour une mise en service estimée en 2030.
Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et auxULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que leTrou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d'Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes,Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains,Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encoreJoseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l'écriture moderne duRoman de Tristan et Yseult, l’amiralLucien Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale,François Gédéon Bailly de Monthion (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon.
Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT « z'histoires longtemps », 1992, Didier MURAT « l'îsle Bourbon sur la route des Indes orientales », 2016…
D'un point de vue de la structure, la maison créole est ditesymétrique[98]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. Lavarangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre auxorchidées, desanthuriums et différents types defougères[99].
LaVilla Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[100].
Toujours accompagnés deriz, les plats les plus communs sont lescaris, version locale du curry indien, lerougail et lescivets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme lecurcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[101], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec dugingembre ; le zeste d'uncombava est généralement très apprécié. Lechop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[102] sont également très courants.
D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutionsvégétariennes. L'une d'entre elles est legratin de chouchou préparé à partir de lachayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[103] (de la famille deshérissons).
Tous les, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent lafête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l'esclavage par laDeuxième République (France), en1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique australe). Il est dérivé du motafrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[104].
Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, leséga, est une variante créole du quadrille, l'autre, lemaloya, à l'image dublues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
Leséga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec leséga mauricien et leséga rodriguais.
Lemaloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
Les troupes demaloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes demaloya et auxkabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme lemaloggae, lemaloya électrique et d'autres.
Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé,Baster,Ousanousava,Ziskakan,Pat'Jaune,Danyèl Waro, Tisours, Kaliko Muzik Band, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya :Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté lemaloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
En 2008, l'artisteBrice Guilbert réalise un clip intituléLa Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphePascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation àSaint-Denis de La Réunion et àHyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville deSaint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
Sur l’île il y a leconservatoire à rayonnement régional de La Réunion qui compte quatre pôles pédagogiques qui fût créé en 1987 sous l'impulsion du présidentPierre Lagourgue, qui était président de région à cette date. Aujourd'hui même si les danses traditionnelles ne sont pas oubliées dans les conservatoires (qui enseignent la danse la musique et le théâtre) les danses enseignées sont la danse classique, la danse contemporaine et la danseBharata natyam. Ces élèves ont régulièrement la chance de danser avec des chorégraphes Réunionnais tel que Didier Boutiana cie « konpani Soul city »[107], Soraya Thomas cie « Morphose »[108] ou encore Éric Languet cie « danse en l'R »[109]. Ces différentes compagnies locales permettent de faire danser les réunionnais de manière professionnelle.
La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées demétropole et desÉtats-Unis. Ainsi la culturehip-hop se développe, mais également leraggadancehall, KM David ouKaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées parMP3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
Joseph Bédier, philologue romaniste français ; il passe son enfance à La Réunion ;
Leconte de Lisle, poète français, né le 22 octobre 1818 àSaint-Paul sur l'île Bourbon. Il quitte La Réunion à quatre ans pour revenir y vivre à deux reprises. Il est élu à l'Académie française en 1886.
Michel Debré (1912-1996), homme politique français, premier Premier ministre de laCinquième République, dont il contribua à rédiger la constitution. Il est envoyé de Paris pour être député de La Réunion (1963-1988), ce qui ne l'empêchera pas d'être, en même temps, maire d'Amboise. Il expédie desenfants réunionnais dans la Creuse entre 1963 et 1982,« pour leur donner une éducation civilisée » ; certains ont porté plainte en 2003 ;
Raymond Barre (1924-2007), économiste et homme politique français, Premier ministre de 1976 à 1981, ancien maire deLyon. Il naît à Saint-Denis, où la famille Barre est installée depuis 1843 et où l'on peut encore voirsa maison natale,rue de Paris. Il s'est présenté à laprésidentielle en 1988 ;
Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga, né Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga et ditSarda Garriga (1808-1877). Il arrive à La Réunion, le 13 octobre 1848. L’Assemblée des propriétaires du Nord de l'île lui demande de reporter l’application du décret à la fin de la campagne sucrière. Sarda-Garriga refuse et promulgue le décret d'abolition le 18 octobre. Le 22 octobre, les membres de l’Assemblée se séparent sans manifester de résistance. Le 24 octobre, Sarda-Garriga reçoit une délégation d’esclaves et rend obligatoire pour tout affranchi la possession d’un contrat de travail ;
Juliette Dodu, résistante de la guerre franco-prussienne de 1870 ;
Alfred Tiphaine (1836-1914), né à Saint-Pierre (La Réunion), homme politique, agriculteur, il est maire deMonnaie, conseiller général du canton de Vouvray et président du conseil général en 1893. Il est député d'Indre-et-Loire de 1891 à 1906, inscrit au groupe de la Gauche radicale ;
Pierre-Henry Maccioni(en) (né le 14 mai 1948 à Saint-Denis) est un fonctionnaire français. Il est le fils de Jean Maccioni, sous-préfet ; il a été élève du lycée Saint-Joseph de Tivoli à Bordeaux et diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux (IEP Bordeaux).
Jacques Vergès (1925-2013), avocat franco-algérien, né d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne au Siam (actuelle Thaïlande). Il grandit sur l'île entre l'âge de 3 et 17 ans, et fréquente la même classe que Raymond Barre ;
Mémona Hintermann-Afféjee (1952-), journaliste et grand reporter pour la chaîne de télévision française France 3, née au Tampon (à La Réunion) ;
Sébastien Folin, animateur de télévision et de radio, né à Madagascar et originaire de La Réunion ;
Jean-Bernard Rousseau (en religion frère Scubilion) (1797-1867), est né à Annay-la-Côte dans l'Yonne, et mort à Sainte-Marie dans l'île de La Réunion. Jean-Bernard Rousseau est un frère des Écoles chrétiennes. Il a été béatifié le 2 mai 1989, à La Réunion, lors du passage du pape Jean-Paul II ;
Roland Garros (1880-1918), aviateur français né à La Réunion, où sa famille, originaire de Toulouse et Lorient, était installée de longue date.
Religion :
Gilbert Aubry (né en 1942), poète et évêque français ;
Pascal Chane-Teng (1971-), est un évêque catholique français. Après avoir été vicaire général du diocèse de Saint-Denis de La Réunion, il a été nommé évêque du même diocèse le 19 juillet 2023, pour succéder à Gilbert Aubry, ayant démissionné pour limite d'âge.
La Réunion ne possède pas de blason ni drapeau officiels.
Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneurMerwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée àPetite-Île. Merwart, membre de laSociété des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
le chiffre romain« MMM » évoque l’altitude des plus hauts sommets ;
le navire leSaint-Alexis est celui qui assura la première prise de possession de l’île ;
Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[111] : il représente le volcan dupiton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[112].
↑Il s'agit de la population de référence au, établie dans les limites territoriales du département au et authentifiée par le décret n° 2024-1276 du. La population estimée au est quant à elle de 896 175 habitants.
↑Jean Baptiste Duvergier,Collection complète des lois […], éd. A. Guyot et Scribe, Paris, 1834, « Décret du 19 mars 1793 »,p. 205[lire en ligne surbooks.google.fr].
↑Nouveau recueil général de traités, conventions et autres transactions remarquables – Année 1848, éd. Librairie de Dieterich, 1854, « Arrêté du gouvernement provisoire portant changement du nom de l'île Bourbon, Paris, 7 mars »,p. 76[lire en ligne].
↑abcd eteEmmanuel Tessier,Dynamique des peuplements ichtyologiques associés aux récifs artificiels à l’île de la Réunion (ouest de l’océan Indien) – Implication dans la gestion des pêcheries côtières., Saint Denis, Thèse de doctorat sous la direction de Pascale Chabanet et Catherine Aliaume,, 254 p.(lire en ligne).
↑Mesure GPS effectuée en par l'Ordre des géomètres experts de La Réunion
↑abc etdPatrickDurville,Colonisation ichtyologique des platiers de La Réunion et biologie des post-larves de poissons coralliens, Saint Denis, Thèse de doctorat sous la direction de Chantal Conand et René Galzin,(lire en ligne).
↑Étude comparative des récifs coralliens de l’archipel des Mascareignes,station marine d'Endoume et Centre d’Océanographie, Marseille, et Centre Universitaire de La Réunion, Saint Denis de La Réunion, in : Guézé P. (dir.)Biologie marine et exploitation des ressources de l'Océan Indien occidental, Paris :ORSTOM, 1976, (47),p. 153-177.
↑Yves Gomy, 2018, Nouvelle liste chorologique des Coléoptères de l'archipel des Mascareignes (Actualisation 2018) -- Contribution à l'étude des Coléoptères de La Réunion et des archipels de l'océan Indien occidental. Supplément au Bulletin de liaison d'ACOREP-France, « Le Coléoptériste » Tome III: 53-90.
↑Céline Tabou,L’adaptation une nécessité pour l’humanité, compte rendu d'une conférence sur les besoins d'adaptation de la réunion aurisque climatique,.
↑StuartMcCook,Global rust belt : Hemileia vastatrix and the ecological integration of world coffee production since 1850, Journal of Global History,(lire en ligne)..
↑Donnée calculée avec la source précédente (Immatriculation et parc des véhicules à La Réunion - Bilan 2024) et l'estimation de la population 2024 de l'INSEE[2].
« Notes sur La Réunion. Industrie sucrière, commerce, agriculture, immigration », dansRevue maritime et coloniale, avril 1861,p. 350-362[lire en ligne]
M. Jauzelon et J.-E. Monnier,De la Réunion à l'Allemagne 1939–1945 : le périple d'une ambulancière et d'un résistant, Éd. Surya, 2009, 120 p.(ISBN978-2-9531989-8-0)
M. G. Imhaus,Île de la Réunion : Notice sur les principales productions naturelles et fabriquées de cette Île, Forgotten Books,, 130 p.(ISBN978-0-366-03595-3)