Les limites de la paroisse d'Orléans, l'une des soixante-quatreparoisses subdivisant l'État de Louisiane, correspondent à celles de la ville. Sa vie culturelle riche, ancienne et vibrante lui vaut le surnom deBig Easy. Berceau dujazz, La Nouvelle-Orléans est marquée par l'héritage colonial français, que l'on retrouve aussi bien dans latoponymie que dans l'architecture ou les traditions locales.
Le site retenu est celui d'unméandre du Mississippi, d'où la forme en croissant de la ville qui lui donne le surnom deCrescent City, la ville en forme de croissant. Des fortifications devaient l'entourer dès le début, mais elles ne furent jamais réalisées. Ce n'est qu'en 1760 qu'une palissade en bois fut construite en urgence.
Les plans de La Nouvelle-Orléans furent dessinés parAdrien de Pauger et Le Blond de la Tour sur le modèle traditionnel des villes nouvelles, c'est-à-dire un damier symétrique, dont la taille maximale devait être de88 hectares divisés en 66 îlots[11], avec une place où se trouvaient l’église (la futurecathédrale Saint-Louis), la maison du gouverneur et des casernes. Sur les quais furent aménagés des magasins, un hôpital et le couvent desUrsulines. C'est notammentAdrien de Pauger qui dessina les plans du Vieux Carré avec ses rues à angle droit. La construction s'avéra très difficile à cause du climat, mais aussi des forêts denses qui occupaient le site : l'ouragan de 1722 causa d'énormes dommages[12]. Le manque de main-d'œuvre, les épidémies et les moustiques ralentirent également les travaux. Le creusement du chenal démarra en 1723.
Le fait que la Louisiane fût dépourvue de structures sociales, politiques et religieuses rigides donnait à tous le sentiment d'une liberté accrue. Selon les registres paroissiaux de l'époque, la moitié des catholiques de La Nouvelle-Orléans ne faisait pas leurs pâques et n'entrait que rarement dans l'église Saint-Louis. La fréquentation des Amérindiens aux mœurs plus libres, notamment en matière sexuelle, a dû contribuer à l'évolution des mentalités.[réf. nécessaire] Mais surtout le manque de femmes était un problème majeur. Le royaume de France procéda à l'envoi de contingents de femmes pour la Nouvelle-France et notamment pour la Louisiane française. DesFilles de la Cassette furent envoyées dès la fin duXVIIe siècle.Les cas de bigamie n'étaient pas rares et beaucoup de colons français prenaient de jeunes Amérindiennes et surtout des jeunes femmes noires comme maîtresses, qu'ils installaient dans leur propriété grâce au système du plaçage, le Code noir empêchant tout mariage interracial. Bref, la ville de La Nouvelle-Orléans abritait une communauté cosmopolite, multiraciale et même, par certains aspects, interlope.[réf. nécessaire]
La toute première digue le long du Mississippi est réalisée en 1727.
La Nouvelle-Orléans en 1728.Proposition de planification de La Nouvelle-Orléans en 1763.LeVieux Carré, ou quartier français.Lacathédrale Saint-Louis vue de Jackson square (anciennement Place D'armes).
La même année, à l'instigation du gouverneur Perier[17], arrivèrent lesFilles de la Cassette, pourvues d'un trousseau fourni sur les deniers de la cassette royale.
Perier « établi une police bien réglée, il déclare la guerre auvice, il expulse ceux qui mènent une vie scandaleuse, on inflige des châtiments corporels auxfilles qui mènent une mauvaise vie, les procès sont terminés en trois ou quatre jours, onpend, on brise sur laroue pour le moindre vol, le Conseil est suprême. Il n'y a pas d'appel, on fait venir des affaires de l'Illinois à quatre cents lieues de distance : cela n'empêche pas qu'il y ait des magistrats dans ces endroits, mais on fait appel ici »[18].Marie-Madeleine Hachard en parle en ces termes : Les femmes célibataires sont contraintes de déclarer leur grossesse, souspeine de mort[16].
En 1731, Perier décide d'exterminer lesNatchez qui avaient commis le massacre defort Rosalie en 1729 en représailles de l'expulsion de leurs terres ancestrales.
En 1733, lorsqueJean-Baptiste Le Moyne de Bienville redevint gouverneur de la Louisiane, La Nouvelle-Orléans avait déjà la réputation d'une ville libre et joyeuse, avec ses fêtes, ses bonnes tables et ses danses. Durant toute cette période, le français demeura la langue officielle de la colonie : c'était la seule langue des Blancs, mais les Noirs parlaient lecréole (à base de français) et les autochtones, leurs propres langues.
La Nouvelle-Orléans devint la capitale économique de la Louisiane. Elle exportait des peaux venues de l'intérieur ainsi que des produits des plantations (indigo, tabac…).
La Luisiana : Cedida al Rei N.S. Por S.M. Christianisima con la Nueva Orleans é Isla en que se halla esta Ciudad / Construida sobre el Mapa de Mr. D'Anville por D. Thomas Lopez en Madrid Año de 1762
De même, peu d'hispanophones vinrent s'installer dans la capitale louisianaise. Certains des premiers colons français ne furent jamais satisfaits du régime espagnol et firent de multiples pétitions pour retourner sous celui de laFrance. Le, un groupe decolons créoles tenta de chasser les Espagnols de la ville à la suite de l'établissement de l'exclusif. La reprise en main se fit par une troupe envoyée en. Les meneurs furent arrêtés et neuf d'entre eux furent condamnés à mort[19]. Un conseil municipal fut instauré pour satisfaire les revendications locales.Un incendie détruisit 856 immeubles de La Nouvelle-Orléans le etun autre 212 en.
En conséquence, un règlement d'urbanisme imposa labrique en remplacement du bois pour les maisons à étage, et lestuiles pour les couvertures.
La population de la ville se limite à 4 985 habitants en 1785, avec un total de 32 000 habitants pour toute laLouisiane, alors espagnole et englobant la partie occidentale de la Floride, en particulier le secteur deBiloxi[20]. En 1785, le comte d'Aranda, pour peupler la Louisiane face aux Anglo-Saxons, suggère au roiCharlesIII d'Espagne d'obtenir du roiLouisXVI de pouvoir y établir les derniersAcadiens qui restaient non assimilés en France. Les transactions avecCharles Gravier de Vergennes aboutissent en : les frais de transport sont payés par l'Espagne, la France règle ses arriérés de pensions aux Acadiens. Sept navires sont armés et partent deNantes en 1785 vers La Nouvelle-Orléans. En raison des décès au cours du voyage, des naissances et des clandestins,on peut[Qui ?] avancer le chiffres de 1 596 Acadiens qui sont transportés ainsi, sur leBon Papa et leSaint-Rémy armés par Jean Peltier Dudoyer, laBergère armée par Joseph Monesron Dupin, laCaroline, commandée parNicolas Baudin, leBeaumont, l'Amitié et laVille d'Arcangel.
En 1791, le nouveau gouverneur de la Louisiane,Francisco Luis Hector de Carondelet, impulsa une politique culturelle tout en développant l'amélioration et le confort des Louisianais, comme l'installation de l'éclairage des rues. Un théâtre fut construit rue Saint-Pierre, lethéâtre de la Rue Saint-Pierre, qui était un bâtiment construit en bois du pays situé dans le centre-ville de La Nouvelle-Orléans, situé dans le quartier duVieux carré français. Le directeur du théâtre était un réfugié de Saint-Domingue,Jean Baptiste Le Sueur Fontaine. Il fit jouer des comédiens français tel queJeanne-Marie Marsan.
En 1795, l'Espagne autorisa lesÉtats-Unis à utiliser le port. La ville revint sous le contrôle français en 1800, mais en 1803Napoléon Bonaparte vendit la Louisiane (qui comprenait un territoire beaucoup plus vaste comprenant lepays des Illinois, laNouvelle-France etla Louisiane française) auxÉtats-Unis pour 80 millions de francs. À cette époque, la ville comptait environ huit mille habitants. La même année, le premier maire de la ville,Étienne de Boré, nommé par le gouverneurWilliam C. C. Claiborne, institua uneforce de police, sous la direction de Pierre Achille Rivery, à la tête de vingt-cinq hommes.
La population souffrit d'épidémies defièvre jaune,malaria etvariole, éradiquées après 1905. 22 épidémies de grande ampleur de fièvre jaune, qui ont fait plus de 150 000 victimes au total en ville et autant dans la région, sont recensées entre l'achat de la Louisiane et la guerre de Sécession[21].
Le Vieux carré (quartier français) de La Nouvelle-Orléans, Louisiane.
La Louisiane devient l'un des États des États-Unis en 1803. La Nouvelle-Orléans, en 1805, comptait au total 8 475 habitants. Elle reçoit de 1806 jusqu'en un total de 9 059réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, parmi lesquels 2 731 Blancs, 3 102 Noirs libres et 3 326 esclaves, ce qui fait plus que doubler sa population. En 1810, la ville compte 24 552 habitants, dont seulement 3 200 anglophones[22].
La population de la ville fait plus que doubler avec l’arrivée deCréoles français qui quittèrent Saint-Domingue à la fin de la colonie en 1802 et 1803 puis, en une seconde vague en 1809, par ceux qui furent expulsés par les Espagnols de l'île de Cuba où beaucoup s'étaient réfugiés autour de Santiago ; certains vont cultiver le coton dans les quatre États du sud des États-Unis qui représenteront 80 % de la culture du coton en 1860 (Louisiane, Alabama, Mississippi et Géorgie). Pendant laguerre anglo-américaine de 1812, lesBritanniques envoyèrent une force pour essayer de conquérir la ville, mais ils furent vaincus par les troupes commandées parAndrew Jackson à quelques kilomètres en aval, àChalmette, le (bataille de La Nouvelle-Orléans).
La population de la ville doubla dans les années 1830. Vers 1840, elle atteint même 100 000 habitants, ce qui en fit la quatrième ville desÉtats-Unis. Selon Brasseaux, près de cinquante mille Français ont pénétré dans les États-Unis par La Nouvelle-Orléans entre 1820 et 1860, tandis que l'autre port, Baton Rouge, assurait le transport des esclaves venus de lacôte est. Il fallait désormais le ménager : en 1808, la traite avait été interdite.
Vente de domaines, de tableaux et d'esclaves dans la Rotonde à La Nouvelle-Orléans, vers 1842[24].
La Nouvelle-Orléans est la capitale de l’État deLouisiane jusqu’en 1849, puis de 1865 à 1880 (à cette date,Baton Rouge prend le relais). Son port eut un rôle majeur dans lavente des esclaves, alors qu'elle avait la plus grande communauté d'origine servile.
L'histoire deDelphine Lalaurie est probablement la plus connue des faits divers macabres duVieux Carré français. Madame Lalaurie, mondaine respectée, accueillait nombre de grands événements dans son opulent domicile, 1140, rue Royale. Son train de vie somptueux était servi par un grand nombre d'esclaves. Cependant, le mauvais traitement des esclaves étant illégal, la société commença à éviter LaLaurie après qu'un voisin eut surpris cette femme élégante en train de chasser une fille d'esclave avec un fouet. La fille sauta du toit dans un effort désespéré pour fuir LaLaurie et se tua. Le voisin avertit les autorités. Ce fut la fin de la carrière sociale de Lalaurie, rejetée par la bonne société.
Lors de laguerre de Sécession, La Nouvelle-Orléans fut prise par l’Union, sans combat le[25]. En leur qualité de garde urbaine, les milices des citoyens européens et principalement français empêchent la destruction de la ville voulue par des émeutiers[26].
Juste après la guerre, unmassacre se produisit : desdémocrates blancs, y compris des policiers et des pompiers, attaquent desrépublicains, la plupart étant desNoirs, rassemblés devant leMechanics Institute de la ville[27], où devait se tenir une session de la convention républicaine afin de réviser la constitution de laLouisiane. En effet, les républicains étaient irrités par une constitution qui légalisait lesBlack Codes et refusait de donner le droit de vote aux Noirs. Les démocrates louisianais considéraient cette révision de la constitution comme illégale et redoutaient que le vote des Noirs puisse donner une majorité aux républicains lors des élections de l'État de la Louisiane. En réaction, des Blancs démocrates radicaux décident d'en découdre et déclenchent l'émeute pour empêcher la tenue de la convention. Il y aura au total entre 150 et 200, voire plus, de victimes afro-américaines, dont entre 35 et 44 morts et plus d'une centaine de blessés[28],[29]. En outre, trois républicains blancs et un manifestant blanc sont tués[30],[31].
En, onze Italiens sontlynchés par la foule en raison de leur prétendue participation au meurtre du chef de la police localeDavid Hennessy(en). L'incident eut de graves répercussions sur le plan national et international. Leroyaume d'Italie suspendit ses relations diplomatiques avec les États-Unis, allant jusqu’à susciter des rumeurs de guerre. Les relations diplomatiques sont restées dans l'impasse pendant plus d'un an et des rumeurs de déclaration de guerre à l'Amérique ont circulé à la suite des meurtres. Dans le cadre d'un effort plus large pour apaiser les tensions avec l'Italie et les immigrés italiens, le présidentBenjamin Harrison a déclaré la première célébration nationale duJour de Christophe Colomb en1892, commémorant le 400e anniversaire du débarquement de l'explorateur italien dans leNouveau Monde[33].
Canal Street.La Nouvelle-Orléans (au centre, vue de satellite) suit un méandre du fleuveMississippi (au sud), d'où son surnomThe Crescent City (la ville croissant). Lelac Pontchartrain est au nord.Photo aérienne du centre-ville (à droite du fleuve). Le cercle blanc est leSuperdome.
Dans lesannées 1920, dans un effort de modernisation de l’aspect de la ville, beaucoup de rambardes des balcons de la rue du Canal, la rue commerçante, furent retirées. Dans lesannées 1960, lesstreetcars furent remplacées par des autobus. Ces décisions furent ensuite considérées comme des erreurs et désormais la rue est revenue à son aspect initial, ce qui plaît aux touristes en quête de dépaysement.
À la suite du passage de l'ouraganKatrina le, sa population a été, en grande partie, évacuée vers des villes de Louisiane, duTexas et d'autres États de la fédération américaine. Actuellement, la ville est progressivement reconstruite, mais une partie des habitants évacués ne sont jamais revenus[34], La Nouvelle-Orléans a de fait définitivement perdu 30 % de sa population[35].
Les et, la ville est de nouveau évacuée, à la suite de l'annonce de l'approche de l'ouraganGustav, qui contourne finalement la ville le lendemain.
Après la fondation de la ville en 1718, la colonisation de la Louisiane ne fait pas recette, et le royaume la peuple en y mêlant forçats, « filles de la cassette » dotées par laRégence et « femmes de mauvaise vie »[40], dont l'Amiénoise Marie-Anne Lescau[41] qui inspirera lointainement le personnage deManon Lescaut. Bien queJohn Law ait fait envoyer en Louisiane 7 000 personnes (dont 1 500 de force) entre 1717 et 1720, La Nouvelle-Orléans elle-même n'aurait encore compté que :
203 habitants en 1723 ;
893 habitants en 1726, dont 626 blancs et 267 esclaves ;
1 750 habitants (sans les militaires) en 1735, dont 799 blancs, 925 esclaves noirs et 26 esclaves autochtones[40].
Beaucoup de soldats en fin d'engagements s'installaient dans la colonie, d'autant que nombre d'entre eux avaient pris une épouse ou une maîtresse autochtone. Ils furent ainsi 1 500 entre 1731 et 1756, dont 1 000 pour La Nouvelle-Orléans[40].
À partir de 1755, de nombreux Acadiens (4 000 ?), chassés d'Acadie par leGrand dérangement, s'installent en Louisiane, surtout enAcadiane, mais aussi à La Nouvelle-Orléans, conduisant à un accroissement de sa population. Cadiens oucajuns, ils seront pour beaucoup dans la perpétuation de lalangue et de la culture française en Louisiane.
En 1860, lors de laguerre de Sécession, La Nouvelle-Orléans est la sixième ville par importance des États-Unis. Avec 169 000 habitants, elle était la seule ville duSud de plus de 100 000 habitants[44].
Distribution des groupes ethniques en 2010. Chaque point représente 25 personnes :Blancs non hispaniques,Noirs,Asiatiques,Latinos etautres (jaune).
En 2017, La Nouvelle-Orléans est une des villes les moins riches des États-Unis[47]. Elle compte l'une des plus importantes populations noires du pays (60 % des habitants de la ville).
Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 27,0 % de la population vit sous leseuil de pauvreté (15,5 % au niveau national)[48]. Ce taux masque des inégalités importantes, puisqu'il est de 35,0 % pour les Afro-Américains et de 12,2 % pour les Blancs non hispaniques[48]. De plus 41,0 % des personnes de moins de 18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que 24,5 % des 18-64 ans et 16,2 % des plus de 65 ans vivent en dessous de ce taux[48].
Quand le taux national de la criminalité a diminué, celui des homicides a augmenté de manière significative à La Nouvelle-Orléans. Ainsi, une personne résidant à La Nouvelle-Orléans a dix fois plus de risque de se faire assassiner que l'Américain moyen. Le taux d'homicides y est supérieur à ceux d'autres villes plus grandes commeNew York,Los Angeles ouChicago[49].
Comme de nombreuses autres villes des États-Unis, La Nouvelle-Orléans est confrontée à la faillite de son système de retraites. Les retraites de ses ex-fonctionnaires ne sont désormais pas toujours payées[50].
Carte des municipalités et zones linguistiques de La Nouvelle-Orléans en 1863.Panneau routier bilingue à l'entrée de la Louisiane.
Lors de lavente de la Louisiane parNapoléonIer auxÉtats-Unis en 1803, le territoire louisianais est essentiellement peuplé de colons d'origine française, composés de Franco-Louisianais, d'Acadiens, deCanadiens français, deCréoles de Louisiane et d'esclaves. Devenu l'État de Louisiane, le port de La Nouvelle-Orléans va recevoir un flot important et continu d'immigrants jusqu'à laguerre de Sécession. Les premiers à s'installer entre 1804 et 1810 furent plusieurs milliers de Français en provenance de lacolonie de Saint-Domingue fuyant avec leurs esclaves larévolution haïtienne. Puis arrivèrent ensuite quatre flux continus d'immigrants venus du reste des États-Unis, de France, d'Irlande, d'Italie et d'Allemagne.
Lors de son voyage en Amérique,Alexis de Tocqueville séjourne à La Nouvelle-Orléans en 1832 et rencontre leprocureur général de la Louisiane,Étienne Mazureau, qui lui fournit de nombreuses données sociologiques, démographiques et linguistiques sur la Louisiane et notamment La Nouvelle-Orléans. Laville portuaire est alors divisée en trois municipalités ; deux sont francophones et une anglophone[52].
La seconde municipalité est située en amont du fleuve Mississippi. Elle est contiguë à la première et accueille les immigrants américains anglophones venus du reste des États-Unis. Majoritairement protestante, la municipalité va recevoir de nombreux Irlandais catholiques notamment avec la mise en place d'offices religieux catholiques en langue anglaise.
La troisième municipalité est située en aval du fleuve Mississippi. Elle est contiguë à la première municipalité. Elle est composée duFaubourg Marigny. Elle est peuplée à l'origine de francophones créoles, mulâtres et métis franco-africains. Elle fut le lieu historique duplaçage, système hérité de la période française, mais en désuétude, qui consistait à placer des femmes esclaves noires pour les maîtres blancs commeconcubines. Les enfants métissés issus de ces centaines de couples devinrent des hommes de couleur libres. La troisième municipalité accueillit, par la suite, plusieurs milliers d'immigrants venus de France au cours duXIXe siècle.
Les Créoles, métis, mulâtres et esclaves noirs restèrent fidèles à la langue française en raison notamment des idéaux révolutionnaires d'égalité et de liberté de laRévolution française. Après les ravages et les bouleversements de la guerre de Sécession en raison de la défaite des Confédérés, le paysage linguistique de la Louisiane a changé. Les francophones ne sont plus majoritaires et s'intègrent à la société américaine. Même si on continue à parler français chez soi, la majorité des écoles n'offrent plus que l'anglais comme langue d'instruction. Quant aux Créoles, mulâtres, métis et anciens esclaves francophones, ils ne peuvent constituer des écoles francophones en raison de leur pauvreté. La langue française va alors régresser jusqu'à laPremière Guerre mondiale et sera même bannie officiellement en 1921.
Il faudra attendre 1968 pour voir renaître officiellement la langue française en Louisiane. LeConseil pour le développement du français en Louisiane (Codofil), dirigé parJames Domengeaux, va se battre pour imposer la langue française comme une langue officielle de l'État de Louisiane. Le français n'a jamais totalement disparu, notamment de La Nouvelle-Orléans. Les anciens le parlent encore et leurs petits-enfants se mettent à s'intéresser à leur origine autrefois française. Un renouveau de l'apprentissage du français apparaît. L'Organisation internationale de la francophonie participe à cet engouement en envoyant des centaines d'enseignants français, belges, canadiens, suisses, maghrébins et même vietnamiens former à la fois les élèves et leurs futurs enseignants.
Sur le million d'habitants de l'agglomération en 1970, seuls 10 % (soit 100 000 personnes) avaient le français comme langue maternelle. Parmi eux, une minorité (40 000 personnes environ) était issue de vieilles familles créoles citadines du Vieux carré ; moins encore (10 500) de la communauté francophone noire (dont était originaire Sidney Bechet), et le reste (50 000 personnes) étaient desCadiens ayant quitté leursbayous ou la prairie de Lafayette. Toutes ces catégories-là ont été touchées par l'acculturation anglophone intensive introduite par la scolarisation généralisée dans l'entre-deux-guerres. Elle concerne notamment le demi-million de francophones recensés en 1970 (incluant encore quelques autochtones :Koasati,Houma etChitimachas) sur le million de Franco-louisianais ou « Français de Louisiane », selon l'expression américaine couranteLouisiana French.
AuXXe siècle, sous l'administration autoritaire du gouverneurHuey Long, l'État de Louisiane a développé ses installations portuaires et l'industrie liée à l'activité pétrolière, donnant ainsi l'occasion à de nombreux habitants d'intégrer la classe ouvrière ou la classe moyenne. Lechantier naval Avondale est le principal site industriel de Louisiane en termes d'emplois.
Mais ensuite, le développement de l'économie productive ou des secteurs comme l'énergie ou le commerce, offrant des salaires élevés, ont été abandonnés au profit des arts, de la culture et surtout dutourisme.
Le tourisme est ainsi devenu l'activité principale de base de La Nouvelle-Orléans. C'est cependant une activité aux salaires peu élevés, souvent de 50 % en dessous de la moyenne nationale permettant à près de la moitié des employés, principalement noirs, de maintenir leur famille au-dessus duseuil de pauvreté. Avec la culture, c'est un secteur d'activité qui a surtout profité aux propriétaires de restaurants, d'hôtels, ou encore agents et promoteurs immobiliers.
Deux navires de croisière de la société Carnival à quai à La Nouvelle-Orléans, réquisitionnés après le passage deKatrina.
Le port de La Nouvelle-Orléans est le cinquième port des États-Unis en volume de marchandise, en valeur de marchandises transportées, le port de La Nouvelle-Orléans se situe à la douzième position. Il dispose également de la plus grande longueur de quai avec 3,1 kilomètres de long et peut accueillir 13 navires en même temps.
Cette installation portuaire traite un volume équivalent à 84 millions de tonnes de fret par an. Leport de la Louisiane du Sud situé entre La Nouvelle-Orléans etBaton Rouge, traite quant à lui, 199 millions de tonnes de fret. Les deux étant combinés forment le plus grand port au monde, en gros tonnage et le quatrième par volume annuel traité.
La Nouvelle-Orléans est l'un des principaux ports dans le monde pour le transbordement d'acier, de caoutchouc et de café. Il accueille plus de 6 000 bateaux par an et 700 000 passagers en transit pour les Caraïbes, le Mexique et les Bahamas.
Les exportations du port de La Nouvelle-Orléans se concentrent principalement sur les productions du Sud des États-Unis : les céréales et les produits pétroliers.
La ville est au cœur de la culture desCaraïbes y compris le culte duvaudou. Beaucoup de visiteurs adoptent le slogancadien« Laissez les bons temps rouler », notamment en flânant dans leVieux carré français qui est entouré par le fleuve et les rues du Rempart, Canal et Esplanade. Une des spécialités locales à déguster auCafé du Monde (près duMarché français) : lecafé au lait avec des beignets. LeNatchez, unbateau à roues à aubes, fait quotidiennement un tour sur le fleuveMississippi.
Désormais deux lignes detramway, la ligne rouge parallèlement à Canal Street à travers leVieux carré français et la verte le long de la rue Saint-Charles, desservent les citoyens de La Nouvelle-Orléans. Une promenade nostalgique à jamais immortalisée dans la fameuse pièce deTennessee WilliamsUn tramway nommé Désir.
À cause de la hauteur de lanappe phréatique, les cimetières utilisent descryptes. Depuis longtemps, des cérémonies funèbres sont accompagnées par des musiciens dejazz (jazz funeral). Aucune visite à La Nouvelle-Orléans n'est complète sans une excursion dans les musées extérieurs les plus anciens de la ville, ses cimetières historiques (cimetière Saint-Louis). Souvent appelés les « Cités des morts », ces cimetières sont remarquables pour leurs tombeaux uniques et en surface. Lesdits tombeaux sont des monuments des dix-huitième, dix-neuvième et du début du vingtième siècle, et sont, comme les cimetières eux-mêmes, une partie remarquable de l'héritage français si particulier de cette ville.
Avec la création en 1792, dans le Vieux carré français, duThéâtre de la Rue Saint-Pierre, et de la première représentation documentée d'un opéra en 1796 avec l'opéra-comiqueSilvain, La Nouvelle-Orléans devient« le Paris de l'Amérique » en termes culturels[53]. Marquant d'abord une préférence pour les ouvrages français et italiens, la ville devient un des lieux majeurs de la création lyrique dans les colonies[54] et la première à se doter d'unecompagnie d'opéra permanente entre 1859 et 1919[53]. LeThéâtre d’Orléans construit entre 1806 et 1815 devient une des scènes lyriques les plus importantes de la ville, qui produit presque 150 opéras durant ses cinq premières années de fonction[53]. La création en 1859 de la French Opera House accentue encore l'importance musicale de la ville, raffinant et enrichissant la représentation d'opéras[53].
La Nouvelle-Orléans s'enorgueillit d'être la ville qui a la meilleure cuisine des États-Unis et la meilleure musique du monde. En effet, c'est la ville d'où vient lejazz et leblues, et on y mangecadien ou créole ;
L'agglomération compte environ 120 clubs de jazz en 2006[55].
Un réseau de transport assez dense géré par la RTA (Regional Transit Authority) couvre l’agglomération néo-orléanaise. Vingt-huit lignes de bus sillonnent La Nouvelle-Orléans (notamment les quartiers d'Algier, Garden District, Mid-City, New Orleans East et le Quartier français) ainsi que la partie est de la commune indépendante deMetairie (à l'ouest de la ville) et la ville deGretna (située sur la rive sud du Mississippi).
Trois lignes detramway (streetcar) parcourent les quartiers de Mid-City, Garden District, et leVieux carré français (French Quarter)[58].
La ville est desservie par l'aéroport international Louis Armstrong de La Nouvelle-Orléans, situé àKenner à vingt minutes du centre-ville de la Nouvelle-Orléans. L'aéroport a un seul terminal principal avec quatre satellites, ce qui rend la circulation très facile. Des navettes offrent un service de transport en commun entre l'aéroport et les quartiers de Central Business District où se trouvent les hôtels.
La Nouvelle-Orléans est la ville qui organise le plus defestivals dans le monde : chaque année, près de 500 manifestations[61] diverses ont lieu dans différents quartiers.
Le plus célèbrecarnaval est celui deMardi gras, avec des parades et des décors flottants, qui rassemble près de 700 000 personnes en[61].
Le Festival de Jazz (appelé en anglaisNew Orleans Jazz & Heritage Festival ou encore « Jazz Fest »), organisé depuis 1969, a rassemblé plus de 400 000 personnes[61] en avril-.
↑Stève Sainlaude,La France et la Confédération sudiste (1861-1865) : La question de la reconnaissance diplomatique pendant la guerre de Sécession, éditions L'Harmattan, 2011.
Tugdual de Langlais,L'armateur préféré de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes à l'Isle de France, Éd. Coiffard, 2015, 340 p.(ISBN9782919339280).p. 193-214.
Tugdual de Langlais,Marie-Étienne Peltier, Capitaine corsaire de la République, Éd. Coiffard, 2017, 240 p.(ISBN9782919339471).p. 51-61.