La Martyre est située dans l'extrême sud du plateau duLéon, à la limite de laCornouaille, entreLanderneau et lesmonts d'Arrée. Le bourg est décentré dans le nord-est dufinage communal et placé à son endroit le plus élevé, à 191 mètres d'altitude. Les altitudes sont également assez élevées dans l'extrême sud-ouest du finage, là où se trouve le centre de loisirs de Lann-Rohou et le golf de Brest-Iroise, atteignant 179 mètres d'altitude. Le reste du territoire communal forme un plan incliné vers le nord-ouest, où l'altitude descend jusqu'à 62 mètres dans la vallée du ruisseau du Morbic, petit affluent de larive droite de l'Élorn, qui conflue avec ce dernier àLa Roche-Maurice. Laligne de partage des eaux entre les bassins de l'Élorn et de la Mignonne traversant la partie sud du finage communal, l'altitude s'abaisse progressivement aussi dans l'extrême sud jusqu'à 50 mètres, à la confluence de la rivière du Cann (le long de laquelle se trouvaient plusieurs moulins : le moulin de Poulbroc'h, le moulin du Cann, le moulin du Launay, ce dernier en Tréflévénez), avec la rivière de la Boissière.
Henri Pérennès a décrit ainsi la Martyre en 1932 : « Le territoire de La Martyre, d’une superficie de1 702 hectares, fait partie d’un plateau qui, partant du pied des montagnes d'Arrée, s’étend jusqu’à l’extrémité de la presqu'île dePlougastel. Sur cette étendue, on voit beaucoup de terres incultes, ne rapportant qu’ajoncs et bruyères. La paroisse compte un village de moins que la commune, celui du Krann, dépendant de l'église de La Roche. Elle est limitée au nord par La Roche, à l'ouest par Pencran, au sud par Tréflévénez et Le Tréhou ; à l'est par Ploudiry. Sur cette dernière limite se trouve le bourg, distant d’un kilomètre seulement du bourg voisin. Assis à l’extrémité d’un promontoire, au-dessus de la vallée de l'Élorn, à 187 mètres d’altitude, son clocher et le bouquet d’arbres qui l’entourent s’aperçoivent d’assez loin. Les plus grands villages de la paroisse sont : la Haie, Trégouchen, Kervern, Kerglouaran, Kerlavarec, Koat-Sessou, Poulbroc'h, Kann, Kergoffou, Spernot, Lilyvon, Boudougenvès »[1].
Si La Martyre fut par le passé un carrefour de voies romaines, puis de routes médiévales (ce qui explique probablement le succès de sa foire), le bourg est désormais à l'écart des grandes voies de communication, desservi par la seule route départementale 35. Toutefois la route départementale 764, anciennementRoute nationale 164, dont l'ancien tracé allait d'Ancenis àLanderneau, et actuelle route entre Landerneau etCarhaix, traverse le sud-ouest du territoire communal.
Par contre le poste électrique de La Martyre, situé à l'ouest du finage communal, reçoit l'électricité par deux lignes, l'une de 400 000 volts, l'autre de 225 000 volts, depuis lacentrale thermique de Cordemais et lescentrales nucléaires de lavallée de la Loire, pour la redistribuer dans la moitié nord du Finistère. Une liaison souterraine de 225 000 volts est prévue pour relier la futurecentrale à cycle combiné gaz de Landivisiau au poste électrique de La Martyre, si ce projet aboutit.
En 2010, le climat de la commune est de typeclimat océanique franc, selon une étude duCNRS s'appuyant sur une série de données couvrant lapériode 1971-2000[2]. En 2020,Météo-France publie une typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[3]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies[4].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (81 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (80,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (47,9 %), zones agricoles hétérogènes (23,8 %), prairies (9,2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (8,9 %), forêts (5,2 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (3,1 %), zones urbanisées (1,7 %)[13]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de la localité est attesté sous la formeEcclesia Beatae Mariae de Merzer en 1363,Ar Merzer Salaun auXVe siècle[14],[15].
Du latinmartyrium, « sanctuaire dédié à un martyr » et du nom propre Salaün, forme bretonne de Salomon. Ce nom fait référence à l'assassinat du roi de BretagneSalomon en 874[15],[16].
La Martyre : le reliquaire desaint Salomon (dessin).
La paroisse est une anciennetrève de la paroisse dePloudiry. L'église tréviale était à l'origine sous l'invocation de Notre-Dame (ecclesiae Beatae Mariae du Merzer en1363, Notre-Dame-du-Merzer en1428)[14].
Le village doit peut-être ses noms breton et français à un événement qui y est survenu le : l'assassinat du roiSalomon de Bretagne qui avait trouvé refuge dans l'église (« Salomon se réfugia dans l'église d'un monastère où il fut pris et traité avec une sauvagerie inouïe. On lui arracha les yeux avec tant de violence qu'il en mourut dans la nuit »[17]). C'est en effet l'église qui fut appelée « La Martyre » (Ar Merzher) en souvenir de cet événement pour avoir été profanée (Salaün étant le nom breton pour « Salomon »)[18]. Elle donna ce nom à tout le village. Quant au roi, il fut canonisé en910 pour son martyre et pour ses vertus (saint Salomon figure au Martyrologe de l'Église catholique sur le site du Vatican[19]). Toutefois ce récit reste contesté, d'autres traditions place le lieu de l'assassinat àPlélauff (Côtes-d'Armor)[20], ou au village du Merzer, àLangoëlan (Morbihan) où une chapelle était consacrée à St Salomon.
Une commune au nom identique (Le Merzer) existe dans lesCôtes-d'Armor où l'église paroissiale Notre-Dame-des-Sept-Douleurs est aussi dédiée àsaint Salomon.
D'autres explications existent pour l'origine du nom de la paroisse : selon un témoignage des fabriciens de la paroisse datant de1683, le nom rappellerait le souvenir de massacres commis par lesVikings lors desinvasions normandes et dont le souvenir aurait été perpétué par un oratoire consacré à laVierge et dénomméAr Merzer[21].
Deuxenceintes fortifiées datant probablement de l'Âge du fer ont été identifiées, l'une à Lilyvon (disparue), l'autre, circulaire, à Kerlavarec, à l'ouest du finage communal.
Uncamp romain a existé juste au nord du bourg actuel de La Martyre. Selon Jourdan de La Passardière lavoie romaine allant de Kastel-Paol (Saint-Pol-de-Léon) àYs passait par La Martyre[23]. Deux postes fortifiés protégeant cette voie ont été retrouvés, l'un à Lilyvon, l'autre à Kerlavarec, qui aurait par la suite servi de résidence auroi Salomon[24]. Cette voie croisait à La Martyre une autre voie romaine allant deVorgium àVorganium, en passant parCommana etLa Roche-Maurice, connue à La Martyre actuellement sous l'appellation de "chemin romain" (actuelle route départementale 35).
En1363,Hervé VIII de Léon, seigneur de Léon, résidant en son château deLa Roche-Maurice, meurt sans enfants (sa sœur Jeanne, épouse deJean Ier de Rohan hérite de la seigneurie) et lègue par testament 50 livres de rentes à l'église de La Martyre à la condition que l'on célébrât deux messes par semaine pour lui et ses prédécesseurs.
La foire de La Martyre existait bien avant1476. Cette année-là, le, Jehan, duc de Rohan « se démunit en faveur de l'église N.D. de La Martyre des droits d'applacements [emplacements] et étaux [étals] qu'il levait de tout tems sur les marchands qui venaient débiter vins et breuvages et étalaient marchandises aux foires et assemblées qui se tenaient au bourg ». Cette exemption de taxes sur les boissons servies lors de la foire fut réduite à dix barriques de vin en 1671 ; en 1707, ce droit fut affermé moyennant 108livres pour 20 barriques, « avec obligation de fournir le meilleur vin qu'il aura pour la célébration des messes journellement et de fournir tous les dimanches pour deuxsols depain blanc pour être béni »[25].
Le prieuré d'Irziri et la chapelle voisine dédiée à saint Evertin (peut-êtresaint Avertin ?), depuis longtemps disparue, appartenait au recteur dePloudiry, qui en étaitprieur commendataire.
La Martyre fut un centre important de l'activité toilière duPays de Léon. Guillaume Abgrall, paysan-marchand de toile du village de Roholloc en La Martyre, unjulod, né en 1702 et décédé en 1733 laisse un héritage d'une valeur de7 657 livres selon son inventaire après décès dont1 130 livres de « toiles » et3 500 livres de filblanc ouécru. Trente-cinqkanndi ont été recensés à ce jour à La Martyre, c'est la commune qui en comptabilise le plus après Ploudiry où quarante sont dénombrés[27].
Mais La Martyre doit surtout sa prospérité à ses foires : la "Foire franche", dénommée ainsi car aucune taxe n'y était prélevée, se tenait le, jour de laSainte Madeleine ; son origine, lointaine, est inconnue. En1560,Charles IX accorde deux nouvelles foires à La Martyre, la première le jour de laSaint Marc, la seconde le lendemain de la fête duSaint Sacrement, mais aucune de ces deux foires n'atteindra la renommée de la "Foire franche". Ces foires sont confirmées parHenri IV en 1607. AuXVIIe siècle, elle est la foire la plus importante duLéon ; des marchands viennent y acheter des chevaux, y vendre des étoffes, de la joaillerie, etc. depuis laNormandie, laTouraine, etc. ; un témoin affirme qu'on y vend plus de chevaux « qu'aux quatre coins deCarhaix et dePontivy ». En 1618, Jean Bellec,maître-orfèvre àMorlaix, affirme même qu'on y rencontre de nombreux marchands d'Angleterre, d'Irlande, deFlandre et d'ailleurs, « qu'on y trafique de toutes sortes de marchandises, spécialement de soieries, draps, merceries, chevaux et bestiaux de touts sortes »[28].
L'église de La Martyre tira un grand profit de ces foires, grâce aux nombreuses offrandes faites par les participants (le montant des offrandes reçues par l'église se montait en moyenne annuelle à 947livres entre 1641 et 1643, dont 614 reçues pendant la foire et à1 428 livres entre 1675 et 1677)[30], mais les paroissiens en profitaient par les boutiques, galeries et caves louées aux marchands. Les profits étaient tels que la foire était fortement convoitée : par exemple vers 1610 et à nouveau en 1665Landerneau tenta, en vain, de s'approprier la foire de La Martyre. Laduchesse de Rohan appuya , notamment en, cette demande, prétextant que La Martyre était un lieu bien incommode et qu'il n'y avait pas de logements en nombre suffisant pour les marchands et leurs marchandises, lesquelles étaient exposées au pillage des voleurs et qu'elle était obligée de veiller à la sécurité des foires, ce qui était fort malaisé, les juges de Landerneau ne pouvant délaisser leurs charges dans cette ville[31].
Leconseil de fabrique s'opposa vigoureusement à ces demandes, faisant même appel au roiLouis XIV par une requête datant du, arguant que le déplacement des foires aurait entraîné selon eux « la ruine d'une des plus belles églises de la province, qui perdra plus de2 000 livres de rentes. C'est l'abolition de l'une des plus anciennes foires et des plus fréquentées du royaume », que dans l'église « il s'y fit quantité de miracles qui appelèrent une si grande affluence de peuples (...) » et que lesducs de Rohan eux-mêmes avaient jadis légitimé la foire et ses privilèges. Ils ajoutaient que « le lieu de La Martyre est tout à fait commode pour tenir la foire, qu'il y a des galeries très commodes pour les marchands et les marchandises (...), d'autant qu'il y a plusieurs hôtelleries dans le bourg capables de recevoir tous les marchands forains qui viennent y débiter »[28].
La sécurité de la foire était traditionnellement assurée par une garde commandée par lemarquis de Brézal. Un procès dit "du guet de la foire" opposa les membres du corps politique de la Martyre, qui tentèrent d'assurer eux-mêmes la sécurité de la foire, au marquis de Brézal entre 1718 et 1723, ce dernier obtint par un arrêt du le maintien de ses droits[28].
La construction en 1713 d'une nouvellechaire à prêcher fut l'occasion d'une dispute entre le curé, J. Pouliquen, « qui la trouvait trop ordinaire et voulait une autre plus artistique », et ses paroissiens. En 1738 encore le curé refusait d'utiliser la dite chaire et obtint de l'Évêque de Léon,Jean Louis de La Bourdonnaye, qu'une nouvelle chaire à prêcher soit construite en 1740. Une autre dispute entre le même curé et lesmarguilliers de la paroisse éclata à propos des reliques[32] que le curé gardait sous clefs dans une armoire, ce qui empêchait qu'elle soit exposées et vénérées lors des processions. Les marguilliers, dans une supplique adressée à l'évêque de Léon écrivent à propos de l'attitude du curé : « On craint que pour la foire de juillet, il ne fasse le même refus. Ainsi la fréquentation de l'église de La Martyre, où la dévotion attirait un grand nombre de peuples, se diminuera, les frais et les prières que les tréviens ont fait pour se procurer les dites reliques deviendraient inutiles... Vous plaise en conséquence, Monseigneur, que le jeudi de la foire et le second dimanche de mai, chaque année, les reliques soient portées autour du bourg par deux laïques pieux et vêtus selon l'usage pratiqué dans tout le diocèse »[33].
L'église de La Martyre était alors riche : « Les revenus en sont considérables et rapportent près de2 000 livres en biens fonds, sans parler de près de 800 livres que l'on tire des boutiques et autres logements pendant la foire, et les offrandes qui y tombent pendant le cours de l'année » écrit le Joseph du Parc Le Roy, procureur fiscal de la juridiction de la principauté de Léon, qui dénonce quelques abus commis alors par les marguilliers dans l'administration de ces biens, et ordonne que les comptes soient désormais faits en sa présence et celle du curé. Les marguilliers renâclèrent et ne se soumirent à cette décision qu'en 1738, exigeant toutefois le paiement d'une barrique de vin chaque année par lafabrique « pour suppléer aux frais de toutes les affaires qui se font tous les ans »[33].AuXVIIIe siècle, la foire était toujours prospère, on y organisait même des loteries. En1772, Besnard, un ingénieur desPonts et Chaussées, écrit que « cette loterie est d'une grande richesse, tous les jours, il en sort des montres et des boîtes en or »[34]. Vers la fin duXVIIIe siècle, l'église de La Martyre louait 700 à 800 livres chaque année les droits d'étalage lors de la foire, qui durait alors une semaine, entre le2e et le3e dimanche de juillet[35].
Deuxconfréries avaient leur siège dans l'église de La Martyre : la confrérie des Trépassés, desservie par l'autel de Saint-Michel, et la confrérie du Saint Nom de Jésus[24].
Par ailleurs, les habitants de La Martyre obtinrent en 1742 de la Cour royale de Lesneven le maintien de leurs privilèges et exemptions accordés par les ducs de Rohan, en particulier celui de faire moudre librement leur blé, et de ne pas être obligés de le faire au moulin de Trompérénez, propriété de dame de Kerdaniel de Carné[25].
Latrève de La Martyre fut supprimée le et son territoire partagé entre Ploudiry et Tréflévénez. L'église fut fermée et son mobilier en partie enlevé, y compris les orgues, au profit de l'église de Ploudiry, en dépit des protestations des paroissiens. Le reste du mobilier, devenubien national, fut vendu. Le curé de La Martyre à cette époque, Ouroal, prêta serment de fidélité à laConstitution civile du clergé et devintcuré constitutionnel dePlouvorn. J. M Bézard, son vicaire, refusa de prêter serment, devenantprêtre réfractaire, se cacha àPlourin-Ploudalmézeau ; il revint faire des baptêmes en 1795, signant « curé de La Martyre »[37].
Dès 1801, La Martyre fut à nouveau pourvue d'un prêtre, mais n'en eut pas à nouveau entre 1809 et 1813, ainsi qu'entre 1819 et 1822. La partie non vendue du mobilier de l'église fut restituée par l'arrêté du 7 thermidor an XI et une autre partie fut rachetée par L'Estang du Rusquec, un noble habitantTréflévénez, qui fut trésorier de la fabrique de La Martyre entre 1834 et 1852. L'église, qui était en mauvais état, fut restaurée en 1828-1829[38].
AuXIXe siècle, la foire de La Martyre était encore la plus importante de tout l'Ouest de la France et, à partir du, jour de l'inauguration du premier hippodrome du département du Finistère, des courses célèbres de chevaux y furent organisées[39]. Un texte de1852 évoque l'importance de la foire de La Martyre : « La plus belle foire du département, et l'une des plus belles de France, la foire de La Martyre, se tient le second lundi de juillet (...). Ce qui lui vaut la réputation méritée dont elle jouit, c'est la grande quantité et la qualité des chevaux de trait léger qu'on y rencontre. Elle présente des chevaux de toute espèce, conduits de tout le département, mais en général peu de chevaux de selle. (...) Autrefois, on y exposait 7 à 8 000 chevaux ; aujourd'hui, ce chiffre, singulièrement réduit, ne s'élève plus qu'à 4 ou 5 000, mais cette réduction ne saurait être attribuée à une décadence ; elle est due aux achats journaliers que les marchands étrangers font dans les différentes communes (...). »[40].
Pol Potier de Courcy écrit en 1843 dans le journalL'Océan que « le cachet propre et distinctif de cette foire (...), c'est d'avoir été le rendez-vous de toute la noblesse du pays, attirée là par ses plaisirs, ses affaires et parfois la politique ». Par exemple lemarquis de Tinténiac, alors propriétaire duchâteau de Brézal y venait en grand équipage : « Dès le matin, un fourgon, attelé de quatre magnifiques chevaux, transportait le service de bouche de Brézal à La Martyre. Des tables étaient dressées sous des tentes, dans un petit bois attenant au cimetière, et tous les gentilshommes, réunis par l'attrait de cette joyeuse fête, venaient y prendre place »[41].
La foire de La Martyre en 1906 (carte postale François Tourmen).
Les courses de chevaux, par lesquelles la foire commençait, contribuèrent à la renommée de La Martyre pendant la seconde moitié duXIXe siècle et la première moitié duXXe siècle, puis elles périclitèrent, disparaissant en 1972[39].Pol Potier de Courcy a écrit en 1843 : « Les femmes les plus distinguées du pays ajoutent par leur présence à l’agrément de cette réunion ; et le prix des dames, offert par les mains de l’une d’elles, au cavalier vainqueur de la lice, comme aussi l’harmonie d’une musique guerrière, rappellent la reine de la beauté couronnant, au bruit des fanfares, le paladin des anciens tournois, et font remonter la pensée au temps héroïque de la chevalerie »[24].
Delannoy,recteur de La Martyre, écrit le dans le journalL'Océan : « À la foire de La Martyre, on accourait en foule de toutes parts et de fort loin pour chercher et acheter ce qu'on trouvait à peine ailleurs : orfèvrerie, argenterie, vaisselle plate, vases sacrés, ornements et autres objets d'église, bijoux, tissus, draperies et dentelles. Le tout était étalé avec art pour la concupiscence des yeux, sous des auvents ou appentis à demeure longeant des maisons métamorphosées elles-mêmes en autant de riches magasins (...). Naguère encore en 1860, le bourg conservait un remarquable vestige de ces auvents ou appentis, où s'étalaient les marchands étalagistes ». À partir de 1860 environ, la foire déclina et, vers la fin duXIXe siècle, elle ne dura plus qu'une seule journée, limitée essentiellement à la vente des chevaux[24].
Émile Souvestre décrit ainsi la foire aux chevaux de La Martyre vers 1836 : « Les plus beaux chevaux du pays se trouvaient réunis au nombre d'environ dix mille. L'immense champ de foire ne représentait qu'une mer mouvante de têtes d'hommes et d'animaux, d'où s'élevaient des jurements, des cris, des hennissements, dont le mélange formait une inextricable rumeur que l'on entendait de loin comme le bruissement des vagues »[42].
« Ces jours derniers, le petit bourg de La Martyre présentait une animation extraordinaire. Deux conseillers municipaux mariaient leurs filles en même temps. Ces unions réunissaient sept cents invités qui ont festiné pendant trois jours. On n'avait jamais vu tant de mangeurs à La Martyre[43]. »
« Cette différence est attribuée à diverses causes : 1° à l'acheminement toujours croissant des jeunes gens vers la ville, où ils sont attirés par l'appât d'une vie considérée comme plus douce et plus facile qu'à la campagne, alors qu'elle est plus dispendieuse à tous points de vue et n'offre jamais que des regrets au bout d'un certain laps de temps ; 2° à l'épidémie dedysenterie qui a sévi vigoureusement dans la commune en 1899, et au départ spontané de quelques nombreuses familles de fonctionnaires appelés dans d'autres localités pour les besoins du service[44]. »
Le programme des courses de chevaux du 3 août 1924 (Ouest-Éclair du 11 juillet 1924).
Des courses hippiques continuent à être organisées chaque année ; un train supplémentaire entre Brest et Landerneau fut même programmé certaines années, tant l'affluence était grande, ce fut le cas par exemple en 1904[46]; par contre, pour l'année 1924, le journalOuest-Éclair du écrit : « Les courses de chevaux de La Martyre ont été favorisées par un très beau temps. L'affluence cependant ne fut pas considérable ». Le journal fournit ensuite le résultat des épreuves[47].
« Dimanche prochain 16 juin, auront lieu, sur le magnifique hippodrome de La Martyre, les grandes courses annuelles. Cette année particulièrement, elles promettent d'être intéressantes tant du point de vue du nombre que de la qualité des concurrents. Un service d'autos fonctionnera de Landerneau au champ de courses[48]. »
LeCeltic Interconnector, une liaison électrique principalement sous-marine longue de 576 km entre l'Irlande et la France, doit être mis en service en 2026 ou 2027 ; son tracé breton, en souterrain et long d'une quarantaine de kilomètres, partira deCléder pour aboutir à La Martyre où une station de conversion, implantée au lieu-dit « Iscoat », permettra de transformer lecourant continu encourant alternatif (ou vice-versa) ; il permettra le transfert de 700mégawatts, dans un sens ou dans l'autre[50].
Cet enclos s'ouvre par uneporte triomphalegothique flamboyant duXVIe siècle, surmonté d'un chemin de ronde, avec un passage donnant accès à la maison du guet (XIVe siècle).
L'église Saint-Salomon a été restaurée après trente ans de travaux qui ont pris fin en 2010 avec le remplacement des trois vitraux de l'abside et la pose du maître-autel. « La charpente, la toiture, le porche déformé par le temps a reçu une injection de béton qui l'a stabilisé, la porte triomphale et le calvaire situé en son sommet, le retable, les vitraux et le mobilier religieux », énumère Pierre Quélennec, le maire[63]. À l'intérieur de l'église, on découvre unchancel, des vitraux duXVIe à côté de vitraux contemporains, un baptistère...
Leporche sud, en pierre dekersanton, présente plusieurs scènes de la vie duChrist et est dédié à laVierge sur sontympan et ses voussures, présentant notamment uneNativité à la Vierge couchée, autrefois allaitante, qui était peinte de couleur vive, mais mutilée par un prêtre pudibond. Lesapôtres sont présents comme piliers de l'église accueillant le fidèle et ouvrant la route vers Notre-Dame-de-Bonne-Encontre[64].
L'ossuaire de1619 rappelle sa fonction par la présence d'un homme qui brandit un crâne et un os et la citation en breton : « La mort, le jugement, l'enfer glacé, quand l'homme y songe, il doit trembler : fol est, si par mégarde son esprit ne voit qu'il faut mourir. »[65]. À son angle se trouve une cariatide à demi nue.
L’enceinte de terre de Kerlavarec, datant du milieu du Moyen Âge, a été inscrite par arrêté du[67]. De forme ovoïde (38 × 30 mètres environ), elle est délimitée par des levées de terre et des fossés larges des 4 mètres. Une ouverture au sud correspond à un comblement du fossé[68].
AuMoyen Âge, une prestigieuse foire internationale se tenait à La Martyre. Principal bien échangé : la toile. LesXVe etXVIe siècles virent la plus grande activité. La légende veut que le père deShakespeare en personne soit venu à ces foires, qui n'ont plus lieu de nos jours.
↑a etbHenri Pérennès,Notice sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon, 1932
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Andrée Le Gall-Sanquer, Jean-Luc Richard, Marie-Louise Richard, "L'or bleu (An aour glaz) : le lin au pays de Landerneau-Daoulas",Association Dourdon, Cloître Imprimeurs, 2005, [(ISBN2-9505493-1-4)]